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3 mars 2018 6 03 /03 /mars /2018 09:14

Un titre sobre pour une épopée haute en horions…

Jean-Pierre CROSET : 1557. Roman historique.

Le grand Alexandre Dumas peut s’enorgueillir d’avoir engendré une nombreuse descendance d’écrivains populaires œuvrant dans le domaine du roman historique. Parmi les derniers en date, outre Jean-Christophe Portes avec les aventures du jeune chevalier Victor d’Hauterive, d’Eric Fouassier et de son couple composé de la charmante apothicaire Héloïse Sanglar et Pierre de Terrail, alias chevalier Bayard, ou encore de Frédéric Lenormand qui nous présente un Voltaire iconoclaste. Et il va falloir compter, peut-être s’il récidive, sur Jean-Pierre Croset qui nous entraîne dans une histoire concernant Saint-Quentin, sa ville natale, qui connut bien des déboires au fil des siècles et plus particulièrement en l’an 1557.

Car l’Histoire de France n’est constituée que de guerres, internes ou externes, c’est-à-dire de pays belligérants qui désirent envahir la France, ou les rois et empereurs français qui souhaitent s’annexer d’autres contrées, et souvent des faits d’armes sont occultés car trop nombreux et trop lointains.

Depuis des décennies, depuis Louis XII, puis François 1er jusqu’à Henri II, la France est en guerre contre l’Italie ou l’Espagne, et en cette année 1557, ce sont les Espagnols, sous la houlette de Philippe II, alliés avec les Flamands, qui s’apprêtent à mettre le siège devant la ville picarde, recevant le renfort des Anglais.

Car Saint-Quentin, petite ville de huit mille âmes, est un point stratégique sur la route qui mène à Paris. Une maxime dit même : qui acquiert les clés de Saint-Quentin, ouvre les portes de Paris.

 

Mais dans la Grande Histoire, se greffent toujours des épisodes mettant en valeur des personnages qui jamais n’auraient pu se révéler en dehors de l’adversité. Paysans, artisans, commerçants, manouvriers, gens de peu, petits bourgeois, ou encore religieux, tous sont unis dans la défense de la cité. Et ce ne sont pas les femmes qui rechignent à mettre la main à la pâte.

Seulement, le connétable de Montmorency, présomptueux, borné, n’acceptant pas les conseils judicieux de son entourage, va commettre des erreurs et le 10 août, perdra une bataille, et par voie de conséquences de nombreux hommes d’arme. Il sera même obligé de se livrer à l’ennemi, l’amiral de Coligny prenant sa succession à la tête des combattants français. Et fin août, sous les coups de butoirs de l’ennemi, Espagnols, Flamands, Anglais, Saint-Quentin est réduite à se livrer. Les pillages, vols, viols, meurtres sont le lot des perdants.

 

En marge de cette page d’histoire, se greffe les exploits et les amours d’Anne Dassonville, âgée d’à peine dix-huit ans, apprentie apothicaire et fille de Marie, propriétaire et tenancière de l’auberge Au pot d’étain.

Alors qu’elle n’avait que quatorze ans, Anne a perdu son père qui combattait dans les Flandres et depuis elle voue une haine tenace envers les Flamands et les Espagnols.

Montcalm, citoyen anglais et artiste peintre arrive en la bonne ville picarde et trouve logement dans l’auberge. En réalité il s’agit d’un espion, repérant les fortifications. Anne est abasourdie lorsqu’elle se rend compte que sa mère s’est laissée subjuguer par ce bel homme et elle se lance sur ses traces lorsque son oncle Charles, dont elle est l’élève, est retrouvé mort, noyé. En effet grâce à un papier retrouvé dans ses poches, elle est persuadé que le drame a été provoqué par Montcalm. Si elle réussit la mission dont elle s’est chargée, elle est prise en otage par des mercenaires et le jeune Guillaume de Rhuys, un chevalier surveillant les manœuvres de l’ennemi, parvient à la délivrer. En compagnie de deux reîtres elle revient aux abords de Saint-Quentin qui commence à être assiégée.

Guillaume est mandé auprès du roi Henri II qui veut qu’il se rende en Italie, prévenir François de Guise afin que des renforts soient dépêchés en France mais également récolter de l’argent, car les caisses royales sont quasiment vides. Les adieux sont émouvants entre Guillaume et Anne, mais la défense du pays est prioritaire. Et Anne trouve une saine occupation en organisant le ravitaillement de Saint-Quentin participant à la récolte du blé, et autres travaux agricoles. Puis elle participera à la défense de la ville, ne ménageant pas ses efforts, tout en pensant à son amoureux parti sous des cieux lointains.

 

Anne, tout comme ses consœurs de la littérature romanesque et historique, Caroline de Cecil Saint-Laurent, Angélique d’Anne et Serge Golon, Marion de Georges-Jean Arnaud, et quelques autres, va vivre, et subir, des aventures palpitantes, dangereuses, émouvantes, périlleuses, tant durant le siège de Saint-Quentin puis après la reddition de la cité, lorsqu’elle se trouvera à la cour du roi Henri II, à Paris.

Les dangers auxquels elle sera confrontée ne seront plus les mêmes, mais son intégrité physique sera souvent mise en péril. C’est le courage qui l’anime, une impulsion dictée par la vengeance, par l’amour, l’amitié ou l’affection, selon les personnes envers qui vont ses sentiments.

Les violents affrontements entre les belligérants, et tout ce qui concerne les combats, les manœuvres des armées, les combats sur les fortifications, sur les remparts, les assauts, les réactions des chefs d’armée ou de la soldatesque, artilleurs, fantassins, cavaliers, arbalétriers, sont rigoureusement décrits par l’auteur, et cela fait froid dans le dos. Les armées d’aujourd’hui n’ont rien inventé en matière de pillage, de meurtres sur des civils et de viols.

Heureusement, pour dédramatiser cette ambiance lourde, se greffent des passages plus charnels et intimes que les combats au corps à corps. C’est gentiment décrit, et cela ajoute de la saveur au récit qui aurait été sinon trop sérieux dans la gravité et le drame.

Un roman intéressant sur des épisodes souvent ignorés de l’histoire de France et qui met plus en valeur les petites gens que les chefs de guerre. Les intrigues de cour et les complots ourdis par des jalousies réelles ou imaginaires nous ramènent aux conflits de personnes de nos jours. Non, rien n’a changé, surtout pas la politique.

Un roman historique doublé d’un roman d’amour, quoi de mieux pour passer les longues soirées d’hiver, mais pas que !

 

Jean-Pierre CROSET : 1557. Roman historique. Préface de Xavier Bertrand. Editions ZINEDI. Parution mai 2016. 280 pages. 22,00€.

Existe en version numérique : 7,99€.

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12 février 2018 1 12 /02 /février /2018 13:27

Il y a une vie sous terre !

Alain PARIS : Les hérétiques du Vril. Série Le Monde de la Terre creuse.

Quatrième volet du cycle du Monde de la Terre creuse, Les Hérétiques du Vril est moins d’inspiration heroïc fantasy ou d’anticipation que les précédents volumes, mais nettement plus orienté vers le genre dit de Cape et d’épées.

Un genre qui m’a toujours fasciné. Que voulez-vous, quand on a eu une enfance bercée par les œuvres de Paul Féval, d’Alexandre Dumas, de Michel Zévaco, il en reste quelque chose.

Tout ça pour dire que l’ambiance décrite dans Les Hérétiques du Vril, une ambiance médiévale à souhait, avec complots, intrigues, sectes secrètes, traquenards, guet-apens, sorcellerie, envoûtements, m’a tenu en haleine et que j’ai dévoré ce roman d’une traite, de la première à la dernière page.

Je ne reviendrai pas sur les précédents épisodes de la saga d’Arno Von Hage, sur lesquels je reviendrai un peu plus tard, mais disons simplement que ce héros doit convoyer certains documents de la plus haute importance. Des documents qui infirment les thèses édictées par la Sainte-Vehme et ce depuis quelques huit-cents ans, depuis que l’Allemagne a gagné la Seconde guerre mondiale.

Mais le peuple gronde, se révolte, brisant les chaînes de l’asservissement. Pendant ce temps à la tête du royaume, du Reich, la favorite de l’empereur Manfred complote dans le but de fonder une dynastie.

 

Cette saga comporte dix volumes, de quoi se faire plaisir, et qui je l’espère seront réédités chez L’Ivre-Book, non pas que je sois un fanatique des versions numériques, mais afin que ces histoires ne tombent pas dans l’oubli.

 

Première édition : Collection Anticipation 1645. Editions Fleuve Noir. Parution octobre 1988. 192 pages.

Première édition : Collection Anticipation 1645. Editions Fleuve Noir. Parution octobre 1988. 192 pages.

Alain PARIS : Les hérétiques du Vril. Série Le Monde de la Terre creuse. Collection e-Anticipations. Editions L’Ivre-Book. Parution 7 février 2018. 2,99€.

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11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 10:34

Hommage à Yves Dermèze, de son véritable patronyme Paul Bérato, décédé le 11 février 1989.

Yves DERMEZE : La patrouille des glaces.

A bord du Douanenez, cargo parti du Havre et qui affronte les vagues furieuses de l’Atlantique, ils sont six jeunes adolescents dont une seule fille.

D’un côté Christian, l’aîné, dix-huit ans, puis Francis, Michel et enfin Louis, le benjamin. Mais également Helena Printon, seize ans, surnommée la Princesse, et Harold Stipple, son cousin squelettique de vingt ans, surnommé le Chevalier errant, à cause de leur attitude et du rôle de chevalier servant que joue Harold. Mais pour l’heure, la Princesse a du mal à cacher qu’elle subit les affres du mal de mer. Ce dont se moquent les quatre amis, engendrant la colère d’Harold.

Mais Harold est bien obligé de constater que les réflexions des quatre amis n’avaient rien de péjoratif et que sa cousine, également sa fiancée, possède un caractère impossible. Il est à ses petits soins et accomplit ses quatre volontés, parfois à ses dépens. Il envie les quatre amis, sachant grâce à un journal américain qu’ils ont entrepris de faire le tour du continent américain, sans un sou, et il aimerait pouvoir lui aussi parcourir le monde, sans être obligé de suivre, partout où elle se rend, la Princesse.

Le cargo transporte le cirque Lamentin, et grâce à la générosité du directeur, Christian et ses comparses peuvent voyager à bord, mais dans des conditions précaires.

La tempête fait rage, le navire se cabre, se met de travers, prêtant son flanc aux éléments déchaînés. Le gouvernail ne répond plus, le radiotélégraphiste du bord est blessé et comateux, son appareil quasiment inutilisable. Christian, qui possède des notions veut lancer un S.O.S, mais le capitaine l’en dissuade, la tempête se calme. Ce n’est que pour mieux repartir à l’assaut du navire qui est en perdition. Helena glisse par-dessus le bastingage cassé et heureusement Christian plonge et la sauve de la noyade. Seulement une nouvelle vague énorme balaie le pont entraînant avec elle les hommes d’équipage. Ne restent plus à bord que la dizaine de circassiens, Christian et ses amis et le couple en devenir d’Américains.

Le cargo dérive, aborde un iceberg et les passagers ont juste le temps de quitter le bâtiment, emportant avec eux quelques boites de conserve et des objets dont la radio. Le navire est perdu et sur la banquise les rescapés commencent à s’organiser dans la neige.

Parmi ces rescapés, Dingo le clown et ses animaux, deux caniches, un petit singe et Gracieuse, un sanglier pelé. C’est le seul des circassiens à se montrer sociable, ses compagnons regimbant devant le manque de nourriture. On ne peut s’empêcher de pense à Vitalis, le musicien ambulant de Sans-Famille, le roman d’Hector Malot, avec ses trois caniches, dont Capi, et le petit singe Joli-Cœur. Mais tout ce petit monde n’est pas sorti de l’auberge, qui d’ailleurs est inexistante sur cette immense plaque de glace battue par les vents et la neige.

 

Naturellement, la conclusion est heureuse, peut-être pas pour tout le monde, mais nos quatre amis vont pouvoir continuer leur périple.

L’action est privilégiée dans ce roman destiné aux adolescents, mais pour autant les études de caractères ne sont pas négligées. Seulement, au lieu de s’étendre sur des pages et des pages, tout est dit en quelques lignes.

La patrouille des glaces est le roman d’aventures par excellence capable de capter l’attention des jeunes lecteurs, et des plus anciens, tant les épisodes mouvementés, tragiques ou parfois comiques, se succèdent à un rythme effréné.

 

En fin de volume, un avertissement de l’éditeur précise :

Désirez-vous savoir comment nos quatre amis ont continué leur tour d’Amérique, commencé si tragiquement ? Si oui, écrivez-le à JUNIOR, 31, rue de la fonderie, Toulouse.

Une forme de participation active entre les lecteurs, l’éditeur et l’auteur.

 

Paul Bérato a signé environ une trentaine de romans dans cette collection, ou dans le magazine Coq Hardi, sous les alias de Serge Marèges, Paul Mystère, Francis Hope, André Gascogne et quelques autres. C’est dire si son imagination fertile était au service de l’éditeur qui pouvait laisser supposer qu’il possédait une écurie de romanciers de talent. Mais ont participé également à l’écriture de ces romans des auteurs renommés comme Maurice Limat, Georges Fronval, Albert Bonneau ou encore Edmond Romazière.

La patrouille des glaces a connu une prépublication dans le magazine Coq Hardy à partir du numéro 231 en 1950. Selon Paul Bérato lui-même, ce roman aurait été écrit par un nègre qui ne possédait pas de machine à écrire. Paul Bérato l’a donc tapé, en le réécrivant. Quelle est sa part réelle dans l’écriture de ce roman ? Il ne pourra plus nous le dire.

Yves DERMEZE : La patrouille des glaces. Collection Junior N°112. Editions des Remparts. Parution 1953. 96 pages.

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9 février 2018 5 09 /02 /février /2018 09:53

A cheval donné, on ne vérifie pas les dents !

Sylvie HUGUET : Glaive de jais.

S’identifier à un personnage ou s’approprier des aventures, les exalter en leur offrant une suite et des dérivés, nous l’avons tous plus ou moins fait étant primo-adolescents. Enfin, pour ceux qui lisaient, évidemment.

Anne, treize ans, et ses deux amis, Ghislaine et Lucas, se connaissent depuis leur entrée au collège, et ils se retrouvent avec un plaisir complice. Anne écrit dans un cahier des suites d’histoires, principalement celles de l’Etalon Noir, appelé Black ou Flamme selon les adaptions, une série crée par Walter Farley, et qui connu un véritable succès à la télévision avec pas moins de 78 épisodes.

Donc Flamme représente pour eux le rêve, l’inaccessible aventure. D’autant qu’aucun centre d’équitation n’existe dans leur village. N’existait, car, enfin, un centre vient d’être créé et leurs parents les inscrivent afin d’apprendre à monter à cheval. Si Ghislaine et Lucas ne s’en sortent pas trop mal, Anne, surnommée Cul-de-plomb par le moniteur, n’arrive même pas à grimper sur la selle. Elle est vexée, et ce ne sont pas ses exploits pour tenir sur le cheval qui lui a été attribué qui seront consignés dans les annales. Ses chutes, si ! Avec à la clé une entorse.

Mais Anne retient sa vengeance lorsque, apercevant un équidé au rebut, boiteux, elle décline son origine, étonnant son moniteur par ses connaissances. Elle va s’occuper de son favori tandis que ses amis effectuent des tours de manège. Mais l’Aventure, la vraie, débute lorsque ses parents lui offre pour son anniversaire un tableau. Banal en apparence, car cette représentation d’un paysage attire leurs regards, surtout celui d’Anne car ses deux amis n’y trouvent rien de particulier. Un paysage de rocs et d’eau. Mais Anne est subjuguée et ce tableau l’incite à passer à travers, comme s’il ne s’agissait que d’une fenêtre à enjamber. Ghislaine et Lucas, moins enthousiastes, la suivent.

Ils sont accueillis par des Eylfinns, de jeunes androgynes. L’un d’eux se présente, Gilmer, leur souhaite bienvenue à Roquémeraude et leur signifie qu’ils sont les Elus qu’ils attendaient. Ils sont invités à venir avec eux dans leur pays, grâce à des chevaux ailés, de nouveaux Pégase. Mais une mission attend les trois amis. Ils se rendent au pays des Gorgons, des êtres horribles qu’ils doivent combattre car ceux-ci veulent annexer leur pays et surtout délivrer Glaive de jais. C’est un cheval ailé doté de grands pouvoirs qui protègent les Eylfinns de leurs ennemis.

Les Gorgons ont à leur tête un sorcier du nom de Ugorth, lequel a réussi à féconder la Matrice des Ténèbres, donnant naissance à une araignée monstrueuse. Cet arachnide a tissé une toile géante aux mailles d’acier qui retient Glaive de Jais, l’Etalon-Roi des Eylfinns. Anne et ses deux amis doivent donc délivrer Glaive de Jais, ce magnifique cheval noir plongé en léthargie.

Les trois amis vont vivre des aventures épiques, mouvementées, dont la première est un combat contre les Gorgons, juchés sur des sortes de chauve-souris géantes. Le combat pourrait être inégal, car s’ils possèdent des épées, qu’ils manient avec adresse, les Gorgons sont munis de fusils. Des armes qui sont annihilées par Glaive de Jais, lorsqu’il est en possession de tous ses moyens. Mais ils vont être obligés de se séparer, et Anne se retrouve seule devant Ugorth.

 

Glaive de jais est une osmose entre roman féérique et roman de chevalerie avec une pointe de réminiscence des légendes mythologiques.

Les trois amis se trouvent transportés dans un monde parallèle, un thème souvent utilisé en science-fiction et en fantastique, et plus particulièrement, pour les juvéniles, dans Le Monde de Narnia, dont Prince Caspian, une lecture de jeunesse indémodable.

Mais, s’il existe des analogies, il s’agit juste de cette approche thématique, car l’univers décrit par Sylvie Huguet lui est personnel. Les chevaux ailés sont la colonne centrale du récit, un conte merveilleux pour enfants, physiquement ou mentalement, pour ceux qui veulent voyager dans leur tête en frissonnant de peur devant les avatars subis par nos trois voyageurs.

L’attrait, la tendresse, l’amour des chevaux guident Anne, et à l’heure des choix, sentiments puisés dans ses lectures romanesques et encyclopédiques. Mais à l’heure des choix, elle devra prendre ses responsabilités, ce qui n’est pas évident pour une gamine de treize ans.

Ce roman est également une parabole. Celle de la nature belle et sauvage à préserver contre la science, les technologies et éventuellement les promoteurs rapaces. Il est évident que toute ressemblance avec la ZAD de Notre-Dame-des-Landes serait fortuite, pourtant, je n’ai pu m’empêcher d’y trouver une corrélation.

 

Sylvie HUGUET : Glaive de jais. Editions Assyelle. Parution 1er décembre 2017. 134 pages. 12,00€.

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30 janvier 2018 2 30 /01 /janvier /2018 09:28

L’Hôtel-Dieu de Paris était le symbole de la Charité et de l’Hospitalité. Le symbole, c’est tout, car il n’était pas référencé au Guide Michelin !

Eric FOUASSIER : Le disparu de l’Hôtel-Dieu.

Près de douze ans ont passé depuis les aventures d’Héloïse Sanglar et de Pierre Terrail plus connu sous le nom de Chevalier Bayard à Amboise et à Reims.

Depuis dix ans elle vit à Paris, à l’Hôtel-Dieu où elle fait office d’apothicaire mais ses relations avec les Augustines qui tiennent l’établissement, et les médicastres qui sont engoncés dans leur ignorance ou leur refus des progrès de la médecine, sont tendues. Le métier d’apothicaire, comme bien d’autres fonctions sont réservées aux hommes, et seules les épouses peuvent prétendre l’exercer. Mais Héloïse est célibataire, et l’appui qu’elle a obtenu de la part de hauts personnages ne plaide pas en sa faveur dans ce monde fermé.

Elle est mère d’un petit garçon de onze ans environ, prénommé Etienne, le seul gamin qui vit dans l’établissement. Il est un peu laissé à lui-même, alors pour passer le temps il parcourt les lieux des toits aux caves. Il chasse également les rats, et il en avait même apprivoisé un, mais la loi de la nature est passée par là et il tente d’en choper un nouveau. Il s’est lié d’amitié avec le vieux Guillaume, le concierge. Mais ayant découvert dans les affaires de sa mère un papier portant le nom de Pierre Terrail, chevalier de Bayard, il est persuadé que celui-ci est son géniteur. On peut rêver !

Or donc un joue, Etienne suit Guillaume et il se retrouve dans un dédale qui mène à des caves. Guillaume, qui porte une gourde et un jambon, afin, Etienne l’apprendra le soir même lorsqu’il reviendra dans les souterrains, de ravitailler un blessé aux oreilles coupées, marque des voleurs. Le même soir Etienne revient et découvre le blessé moribond. Celui-ci lui remet un médaillon destiné au roi. Des hommes en noir, à la recherche de l’inconnu, affolent Etienne qui parvient à leur échapper par un boyau si étroit qu’il a du mal à avancer. Il arrive sur les berges de la Seine et n’a d’autre possibilité que de se jeter à la baille. Seulement il ne sait pas nager.

C’est le début des trépidantes et dangereuses pérégrinations subies par Etienne, qui sera l’esclave d’une famille de bateliers peu scrupuleux, puis rencontrera deux rufians accompagnés d’une jeune fille qui n’a pas froid aux yeux, perdant puis récupérant tour à tour le précieux médaillon et se retrouvera après moult avanies en Italie.

Pendant ce temps, Héloïse s’inquiète de l’absence de son rejeton. Elle va tout d’abord chez Guillaume, et les traces de sang qui parsèment le sol l’angoissent. Elle se rend elle aussi dans le souterrain, aperçoit des cadavres, et elle en fait part à Geoffroy, un médecin auquel elle fait confiance. Mais les cadavres ont disparu, enlevés par des hommes en noir qui les ont transportés dans une calèche. Toutefois un détail permet de connaître le propriétaire du véhicule et cela conduit les deux intrépides à une maison apparemment abandonnée. Deux hommes pourchassent Héloïse qui reconnait en l’un d’eux La Ficelle, un gamin qu’elle a connu lors de sa précédente aventure. L’adolescent a bien changé et depuis se fait appeler Nicolas du Pont. Quant au second personnage, il s’agit ni plus ni moins que de François d’Orléans, qui a accédé au trône de France quelques mois auparavant sous le nom de François Premier.

Héloïse va partir à Amboise, puis retrouver Bayard et elle est impliquée dans la bataille de Marignan, toujours à la recherche d’Etienne. Mais les retrouvailles avec Bayard sont compliquées, car elle est obligée d’avouer sa faute. Elle prodiguera néanmoins ses soins auprès des blessés à lors des affrontements en compagnie de Symphorien Champier, cousin de Bayard par sa femme.

 

Tout comme Jean-Paul Sartre affirmait dans Les Mots avoir lu avec délectation durant son enfance les livres de Paul Féval, de Michel Zevaco et autres romanciers populaires, Eric Fouassier avoue sans vergogne avoir renouer avec l’esprit d’une tradition bien française du roman de cape et d’épée qui va, toutes proportions gardées, de Dumas à Fajardie, en passant par Féval, Gautier, Achard (Amédée, je précise) ou Zévaco. J’ajouterai personnellement, par certains des événements ou épisodes vécus par quelqu’uns des personnages, des auteurs comme Xavier de Montépin, Eugène Sue et Anne Golon, sans oublier Hector Malot.

Mais Eric Fouassier apporte sa touche personnelle, renouvelant le genre, mettant en scène des personnages souvent attachants, réels ou fictifs, qui se évoluent dans une époque pré-Renaissance, alors qu’en général les romanciers cités plaçaient leurs énigmes et intrigues de la fin du XVIe siècle jusqu’à la fin du XIXe.

Le personnage d’Héloïse incarne la femme forte, indépendante, se battant dans un monde masculin mais également celui régit par des religieuses qui ne pratiquent aucun humanisme malgré leur statut. Elle est toujours obsédée par son amour de jeunesse pourtant seul son fils compte à ses yeux. Ainsi que ses malades, auxquels elle prodigue ses onguents, ses préparations, ses décoctions, ses emplâtres, réalisés à base de plantes ou de produits naturels, tout ce qu’elle a appris auprès de son père apothicaire, afin de soulager leurs maux et leur éviter des saignements pratiqués avec une certaine jouissance par des thérapeutes charlatans confis dans leur ignorance et refusant de reconnaître les progrès effectués.

Roman d’aventures, roman historique, roman de cape et d’épée, roman social, roman d’amour, Le disparu de l’Hôtel-Dieu est tout cela à la fois et bien plus encore. Les intrigues de cour, l’espionnage, les lettres cryptées, les trahisons, les erreurs, les faits d’armes et les moments douloureux, les descriptions de la vie de l’Hôtel-Dieu, la bataille de Marignan qui ne fut pas aussi glorieuse que nos livres d’histoire laissent imaginer en deux ou trois paragraphes, les personnages hauts-en-couleurs, la truanderie et l’amitié, tous ces épisodes se succèdent à un rythme effréné et font de ce livre un hommage au roman populaire, dans le bon sens du terme.

 

Eric FOUASSIER : Le disparu de l’Hôtel-Dieu. Editions Jean-Claude Lattès. Parution le 24 janvier 2018. 536 pages. 20,00€.

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26 janvier 2018 5 26 /01 /janvier /2018 08:59

Une aventure d’Héloïse Sanglar et sans reproche !

Eric FOUASSIER : Le piège de verre.

En cette fin du mois d'octobre de l'an 1503, l'assassinat d'un troisième alchimiste inquiète Anne de Bretagne en son palais de Blois.

Elle est convaincue que sa couronne est en danger, du moins celle de son mari le roi Louis XII. D'autant que d'étranges messages ont été gravés sur le front de chacun des homicidés. Sur le dernier en date figurent les lettres Let D.

Se souvenant que cinq ans auparavant, de ce qui est advenu lors du décès accidentel, du moins c'est ce qui a été officiellement déclaré, de Charles VIII, elle fait appel à Héloïse Sanglar, fille d'apothicaire et apothicaire elle-même, ayant repris l'échoppe de son père décédé dans de troublantes circonstances.

La jeune fille, âgée maintenant de vingt-trois ans, avait enquêté en compagnie de Pierre Terrail, le chevalier Bayard, démontrant un esprit intelligent, vif, et se montrant courageuse dans des moments difficiles. Elle prépare à l'aide de produits naturels des onguents, des panacées, des parfums et autres médications destinées à soulager les maux de toutes sortes. Au moment où l'envoyé de la reine lui enjoint de quitter Amboise et de se rendre immédiatement à Blois, elle met la dernière main à la confection de cierges commandée par un monastère. Elle se met immédiatement en route laissant son apothicairerie aux mains de son ouvrier-compagnon, compagnon dans le sens de compagnon du devoir, qui sait se débrouiller seul la plupart du temps.

Sur place, Héloïse fait montre de détermination et ne s'en laisse point conter par la Reine. Elle veut savoir pourquoi celle-ci est persuadée que le trône est en danger. Anne de Bretagne lui montre alors un parchemin qui avait été glissé dans son psautier et sur lequel est inscrite cette phrase pour le moins sibylline : Qu'En Ce Vitrail Le Lys Défaille.

Peu avant que Maître Barello, l'alchimiste, soit assassiné, il avait reçu la visite d'un maître verrier et de son assistant Jean surnommé l'Angelot. Héloïse recueille plus de renseignements auprès de Tiphaine, la servante, et de Guillaume, l'apprenti de l'alchimiste. Le jeune garçon a assisté à une scène étrange qui le fait frissonner encore d'horreur. L'alchimiste avait découvert une vitre rouge enchâssée dans un cadre de cuivre, avait déposé un jeune chiot près du verre puis allumé une chandelle. La lumière se reflétant dans le verre rouge avait touché l'animal qui en était mort. Incroyable.

Le maître verrier est reparti en compagnie de l'Angelot et il faut percer le secret qui entoure ce phénomène étrange et mortifère. Pour cela, le mieux est de se rendre à l'abbaye de Baume-les-Moines, dans le Jura, et le rencontrer. Anne de Bretagne adjoint à Héloïse le chevalier Henri de Comballec, baron de Conches, et son écuyer Robin. Toutefois avant de repartir pour Amboise afin de préparer ses affaires, Héloïse est agressée dans les jardins royaux par des soudards et elle ne doit, sinon la vie sauve, tout du moins une virginité intacte à Philippe de Clèves, évêque de Nevers, qui baguenaudait dans les parages.

Puis c'est le grand départ et Héloïse ne peut emmener tout son attirail d'onguents et autres médicaments, juste une petite trousse de premier secours, et là voilà juchée sur une mule alors qu'elle pensait effectuer le trajet à bord d'une litière. Faut pas rêver non plus.

En cours de route, les dangers guettent nos voyageurs, et arrivés sains et saufs, à Baume-les-Moines, c'est pour repartir munis d'un parchemin découvert dans une anfractuosité de l'édifice. Un parchemin comportant de nombreuses strophes qu'ils doivent décrypter s'ils veulent continuer leur chemin qui les conduira au maître vitrier. Bourges, Sens, Autun autant de villes étapes qui ponctuent ce jeu de piste et ce chemin de croix jalonnés de dangers de toutes sortes. Ils sont suivis par un albinos chargé de leur mettre des bâtons dans les roues, ou sous les pieds de leurs cheveux, voire de les éliminer.

Pendant ce temps, que fait Pierre Terrail, le chevalier Bayard, cet homme auquel pense si fortement Héloïse ? A la même chose, c'est-à-dire qu'il pense à la jeune femme et son souvenir est prégnant, malgré les nombreuses années au cours desquelles ils ne se sont pas vus, ayant tout juste correspondu la plupart du temps par pigeon voyageur. Bayard est actuellement près de Naples, combattant pour le compte du roi de France et affrontant les troupes espagnoles qui désirent elles aussi se partager ce morceau de province.

 

Roman historique, Le piège de verre est également un roman ludique, un thriller ésotérique, mais pas trop, et une histoire d'amour entre deux jeunes gens, voire trois car bientôt Héloïse s'aperçoit qu'Henri de Comballec ne lui est pas indifférent.

Mais c'est bien le thème historique qui prévaut, les problèmes rencontrés par Anne de Bretagne pour assoir sa notoriété, les jalousies exacerbées de celle qui a été répudiée, à cause d'une tradition qui veut que le nouveau roi épouse la veuve du précédent et surtout pour des intérêts domaniaux ou dont la descendance pourrait prétendre régner à la place de Louis XII, si celui-ci venait à décéder sans postérité.

Quant à la partie ludique, il s'agit de décrypter une énigme. Mais celle-ci est alambiquée, et il faudra user de leurs connaissances mais compter aussi sur une grande part de chance pour parvenir à décoder ce texte. Car une véritable course contre la montre se joue dans un contexte à étapes foisonnantes de rebondissements.

Roman de la manipulation, cette histoire est habilement construite et réserve son lot de surprises. Quant à l'épilogue, ouvert, il ouvre la voie à une nouvelle aventure d'Héloïse, aventure qui je l'espère sera écrite et publiée avant cinq ans, comme le laps de temps qui sépare celle-ci de la précédente.

 

Eric FOUASSIER : Le piège de verre. Roman historique. Réédition Le Masque Poche. Parution le 24 janvier 2018. 512 pages. 8,90€.

Première édition : Editions Jean-Claude LATTES. Parution le 1er février 2017. 480 pages. 20,00€.

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10 janvier 2018 3 10 /01 /janvier /2018 09:22

Os long ? Os court ? Au secours…

La grande guerre contre les os. Collection Aventures N°12.

C’est bien joli d’extrapoler et d’imaginer ce que pourrait être l’avenir lointain, mais si de temps en temps on retournait en arrière et regardait comment nos ancêtres se débrouillaient face à l’adversité.

En l’an 11966 avant J.C., c’est précis, quelque part en Europe de l’Ouest, cela l’est déjà un peu moins, trois cycles après le crash, une déflagration violente déchirant le ciel et qui est décrite dans le prologue, le décor est installé.

En compagnie de deux femmes, une jeune et une vieille, mais l’âge importe peu, Ock revient de la pêche avec dans ses filets de quoi nourrir le clan pendant quelques jours. Car pour ce qui est de la viande et des plantes, il ne faut plus trop y compter. La famine guette les divers clans qui évoluent dans la contrée. Flore et faune dépérissent à cause d’une maladie mystérieuse, et la météorologie, un réchauffement climatique, aggrave les problèmes.

Ock est le chef incontesté du clan de la Falaise de l’Ours, de par son charisme et sa musculature qui en impose. Lors du retour au campement, Ock et ses compagnes sont attaqués par des chevaux, plutôt des carcasses de chevaux. Il n’y a même plus la peau sur les os. Juste les os qui tiennent ensembles par on ne sait quel prodige. Mais leurs mâchoires sont encore actives, et Ock a beau se battre comme un forcené, il ne peut empêcher les équidés de mordre les deux femmes.

Les dégâts sont immédiatement visibles car bientôt celles-ci sont réduites à l’état de squelettes, et malgré les coups portés par Ock, les chevaux se reconstituent immédiatement après leur démantibulation, leur dislocation. Ock fuit à travers buissons et fourrés, et lorsqu’il parvient à son campement, il ne retrouve que des restes.

Alors il lui faut fuir à nouveau, encore et encore, rencontrer d’autres clans, celui d’Orick, qu’il déteste, notamment, trouver des alliances pour combattre ces manifestations mortifères.

 

Dans une ambiance un peu vaudou, les êtres humains étant transformés en des sortes de zombis agressifs, ce roman de Thomas Geha est un hommage non déguisé à Rosny aîné et à sa production romanesque composée de récits préhistoriques.

En effet outre un personnage nommé R’ossni, un lieu se nomme Xi’p’uz, ce qui est référence au roman intitulé Les Xipéhuz, roman de 1887, ce qui ne nous rajeunit pas.

Le lecteur ne sera donc pas étonné si les dialogues sont pratiquement absents, les divers protagonistes n’ayant pas de conversation, ne s’exprimant qu’en phrases courtes, hachées. Mais cela n’est en aucun cas gênant, il s’agit même d’une forme de style quasi imposé, les paroles étant superflues. Les descriptions des décors, des actions (et réactions), des sentiments aussi, suffisent et sont assez explicites pour ne pas encombrer le texte de dialogues verbeux et souvent inutiles, sauf à augmenter une pagination superfétatoire artificiellement.

Douzième et dernier volet, pour l’instant, de la collection Aventures des éditions du Carnoplaste, l’éditeur de fascicules, ce roman nous invite à un nouveau voyage mi-fantastique, mi-aventures merveilleuses, chaque histoire étant différente aussi bien dans le contexte que dans le déroulement des intrigues imaginées.

 

La grande guerre contre les os. Collection Aventures N°12. Editions Le Carnoplaste. Parution septembre 2017. 32 pages. 3,00€.

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7 janvier 2018 7 07 /01 /janvier /2018 08:49

La balade du pendu !

De retour du gibet. Collection Aventures N°11.

En cet hiver 1029 dans le Massif Central, un homme, le narrateur, aperçoit un individu qui vient de trucider une jeune femme sur un pont.

La nuit est noire et la tempête de neige sévit à grands renforts de flocons. Peut-être est-ce pour cela que le narrateur est couvert d’une capuche, à moins qu’il ne désire pas être reconnu par l’agresseur. Mais des mots échangés en Anglais les font se reconnaître. L’assassin est plus prompt que notre héros.

Il appelle à l’aide, s’entaille la main avec son épée, et hèle les habitants du village qui se précipitent. Le héros est dans de sales draps. Il court mais tel un cerf il est bientôt acculé sur un promontoire. Et comme les ennuis vont par paire, il se prend une jambe dans un piège à loups. Il faut toujours se méfier des pieds jaloux. Il ne peut rien tenter ayant perdu son épée dans sa fuite.

Lorsque les poursuivants arrivent sur place, tenant en laisse de gros molosses, ils sont inquiets. La capuche s’étant relevée, son visage est à nu et les hommes sont pris de peur. L’un d’eux prend même la croix de bois qui pend à son cou et se signe. Pour ces villageois, nul doute qu’ils sont en face d’un démon.

Après quelques tergiversations, il est décidé que la pendaison sera préférable au bûcher. Seulement, notre héros, continuons de l’appeler ainsi il le vaut bien même s’il n’a pu sauver la jeune femme, ne décède pas de la strangulation qu’aurait dû exercer la corde lorsque le tabouret a été projeté de sous ses pieds.

Persuadés qu’ils ont affaire à un cadavre, deux soudards montent quand même la garde en bas de l’estrade. Survient un homme, qu’ils appellent Maître et qui n’est autre que l’assassin. Il supprime les deux gardiens qui n’étaient pas des anges et une conversation étrange s’établit entre le pendu et l’assassin…

L’histoire se poursuit à Londres, en 1888, puis toujours à Londres en l’été 2053.

 

Patrick A. Dumas, l’auteur, dont le A du second prénom pourrait être Alexandre, nous propose une histoire fantastique à tous les sens du terme, à obédience historique, avec une pointe de science-fiction, composant une intrigue en spirale, traversant le temps par étapes, l’épilogue pouvant nous ramener au premier épisode. Une mise en abyme.

Le lecteur attentif remarquera deux hommages non déguisés à deux grands de la littérature d’évasion et de la science-fiction, Herbert-George Wells et Poul Anderson.

Cela fait du bien parfois de sortir de la monotonie et de voyager dans le temps, d’hier à demain, un peu à la recherche du temps perdu, à moins que ce soit retour vers le futur.

 

De retour du gibet. Collection Aventures N°11. Editions Le Carnoplaste. Parution septembre 2017. 32 pages. 3,00€.

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6 janvier 2018 6 06 /01 /janvier /2018 10:27

Disparue, tu as disparue

Au coin de ta rue.

Je t´ai jamais revue

Jean-Christophe PORTES : La disparue de Saint-Maur.

Il ne faut pas être pessimiste, pour autant, une disparition, c’est toujours inquiétant, surtout si aucun événement prémonitoire ne pouvait laisser envisager ce départ, cette fuite ou cette disparition.

Âgé bientôt de vingt ans, Victor Dauterive, lieutenant de gendarmerie à Paris, hérite enfin de sa première véritable mission. Son chef, le colonel Hay, lui demande d’enquêter sur la disparition mystérieuse d’Anne-Louise Ferrières, fille cadette d’Antoine Ferrières, baron de Méry-sur-Oise et autres titres, demeurant au Mesnil à La Varenne près de Saint-Maur. Ce sont des nobliaux désargentés, et Anne-Louise, à trente ans, n’est toujours pas mariée.

Après avoir rencontré Hacar, serrurier et assesseur du juge paix du canton, qui lui fournit volontiers quelques renseignements sur cette famille, Dauterive se présente chez le baron. Seulement, malgré que ce soit celui-ci qui ait mandé par missive au colonel Hay d’effectuer des recherches, le voici réticent. De même que sa femme. Ils sont en colère et demandent à Dauterive de regagner la capitale et de les laisser tranquilles. Le juge Gruchet lui signifie qu’il n’a rien à faire dans sa juridiction. Seule une petite bonne, loin des oreilles de ses patrons, lui demande de continuer ses recherches.

Seulement peu après Dauterive aperçoit la jeune fille dans la rivière et il ne peut rien faire pour la sauver. Toutefois, le jeune lieutenant continue son enquête et apprend qu’Anne-Louise a été fiancée, et que deux ou trois ans auparavant elle avait fait un séjour dans une abbaye près de Villiers-le-Bel. Mais cet édifice va être racheté par un nobliau qui a gagné son pécule, important, en étant le banquier de jeu de la Reine, et seules quelques sœurs y résident encore. Toutefois le lieutenant échappe à un tir d’arme à feu.

La jeune fille est retrouvée morte. Pour la famille et le juge, il s’agit d’un accident, éventuellement d’un suicide. Mais pour Dauterive il s’agit d’un assassinat, car il remarque que des coups ont été portés à la tête.

Dauterive se voit confier une autre mission par son mentor, le marquis de La Fayette. Ce héros des Deux-Monde a l’intention de se présenter à la mairie de Paris, mais un autre prétendant pourrait lui faire de l’ombre. Il s’agit de Pétion dit le Vertueux. Or celui-ci se rend en Angleterre et Dauterive, accompagné de Charpier, son meilleur ennemi, nouveau député et membre du Comité de Surveillance de l’Assemblée Nationale, doit essayer d’en connaître les raisons. Tandis que Charper est prié de regagner la France, Dauterive fait la connaissance de patriotes irlandais et se heurte à un agent du gouvernement anglais, qui pourrait être à la solde de William Pitt. Son séjour se marquera par des tentatives d’assassinat et d’exactions physiques. Il perdra même un ongle à un annulaire, ce qui l’handicape fortement. Pourtant il n’est pas une chochotte.

Pendant ce temps, son amie Olympe de Gouges reprend l’enquête sur la disparition d’Anne-Louise Ferrières, malgré qu’elle ne soit pas investie de l’autorité de l’Etat, tout en pensant à la pièce de théâtre qu’elle est en train de rédiger : La nécessité du divorce.

Après quelques tribulations mouvementées, Dauterive revient en France, mais c’est pour s’apercevoir que Joseph, le gamin boiteux qu’il a recueilli, n’est plus à son domicile. Pour autant, ses ennuis ne sont pas terminés et il va se retrouver mêlé à des manigances dont il se serait bien passé, son intégrité physique étant en jeu.

 

Si l’on ne peut nier une influence d’Alexandre Dumas chez Jean-Christophe Portes, d’ailleurs évolue dans La disparue de Saint-Maur un personnage féminin nommé Lady Arrabella Winter ce qui nous ramène immédiatement à Milady de Winter des Trois mousquetaires, on ne peut non plus disconvenir d’une parenté littéraire avec Jean d’Aillon ou Jean-François Parot, pour la rigueur et le respect historique de l’intrigue, et à Eugène Sue et Xavier de Montépin, pour les descriptions de la faune parisienne et banlieusarde et des déboires des gamins qui vivent seuls dans les rues, du misérabilisme de la population.

Les chevauches épiques, les manigances, les trahisons, les double-jeux, les guets-apens, les combats, les séquestrations, la misère sociale, les déguisements, la Révolution en toile de fond, font de cet ouvrage historique et social un roman dans la veine du roman populaire dans le bon sens du terme.

On suit les démêlés de Victor Dauterive avec intérêt, un intérêt accru lorsqu’il pense reconnaître parmi les agents britanniques qui le poursuivent son frère François avec lequel il a eu des démêlés dans sa jeunesse. Avec toujours le couperet près de sa tête car il n’a que vingt ans et s’il ne veut pas se conformer aux ordres de son mentor, celui-ci lui promet de le renvoyer dans sa famille, ce que Dauterive ne veut point.

Quelques scènes charmantes égaient ce roman bruissant de fureur, notamment lorsque Dauterive, qui prend des cours de dessins à l’atelier de Jacques-Louis David, peintre alors en vogue, côtoie une jeune fille qui lui fait des yeux doux. Et le côté poignant réside en cette disparition de Joseph, ce gamin miséreux venu de sa Mayenne natale, qu’il a recueilli et dont il se rend compte qu’il le rabroue plus souvent qu’à son tour.

Deux enquêtes, deux histoires qui s’entremêlent, qui se mélangent, fort bien construites et qui laissent à penser qu’une suite reprendra quelques-uns des personnages qui y évoluent mais n’ont été qu’esquissés. Et parmi les personnages qui figurent dans cette histoire, personnages réels ou fictifs, celui de La Fayette est particulièrement trouble, ces hauts faits en Amérique lui ayant apportés l’adhésion du peuple, mais certaines de ses prestations, notamment lors de la fusillade du Champs de mars le 17 juillet 1791, lui faisant perdre de son aura.

Après deux très bons premiers romans mettant en scène Dauterive, de son vrai nom Victor Brunel de Saulon, chevalier d’Hauteville, voici un excellent troisième épisode qui débute le 29 novembre 1791 et se clôt le 28 décembre de la même année. Et, une fois n’est pas coutume, j’adhère totalement à la déclaration de Gérard Collard : Un nouveau grand du polar historique est né !

 

Jean-Christophe PORTES : La disparue de Saint-Maur. Editions City. Parution le 15 novembre 2017. 528 pages. 19,00€.

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18 décembre 2017 1 18 /12 /décembre /2017 09:25

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes…

Prisonniers des serpents. Collection Aventures N°9.

Jeune enquêteur judiciaire au département des Affaires d’Etat, Bao You, issu d’une famille de l’aristocratie militaire, pourrait, tout en cheminant en compagnie de Jiu Yonggan, son garde du corps, déclamer ces vers de Racine, s’il savait ce qui l’attend au bout de son voyage. Ou encore il pourrait fredonner de manière folâtre Nuit de chine, nuit câline, nuit d’amour… d’Ernest Dumont et Jean-Louis Benech

Mais l’heure n’est pas à la fantaisie ou à étaler sa culture qui, on le sait, est comme la confiture sur une tartine, moins il y en a plus on l’étale.

Non il est parti en mission, mission qu’il a revendiquée auprès de son supérieur le magistrat Yue. Des disparitions ont été signalées dans une commanderie dans la région des Nanman, un territoire qui correspond à peu près de nos jours au sud de la province du Yunnan.

Enfin, nos voyageurs, qui se meuvent à dos d’équidés, arrivent en vue de la cité de Jinghong. Mais quelle n’est pas la colère de Bao You lorsque le préfet militaire affirme qu’aucune disparition n’a été recensée. Pourtant une lettre leur avait signalé des enlèvements. Qui croire ?

Peut-être cette gamine, qui a entendu l’envoyé spécial se poser des questions et qui a du mal à s’exprimer en chinois (en mandarin ?). Elle demande Vous envoyé… envoyé le Empire de justice ? Bao You en sursaute d’étonnement et sa surprise s’accentue lorsqu’elle quémande Allez chercher… tous… s’il vous plait. On peut être sous l’emprise de la terreur tout en restant polie.

Et Bao You accompagné de Jiu, se rend à l’endroit indiqué, dans la forêt et effectivement un petit village se dresse dans une clairière. De modestes maisons en bambou. Les habitants ont probablement été enlevés, mais les maigres vivres dont ils disposaient n’ont pas été touchés. Un large panier tressé tressaute, et Bao You en arrache vivement le couvercle.

De nombreux serpents sont lovés à l’intérieur…

 

On remarquera au fil des lectures de ces petits fascicules que chaque auteur possède ce que l’on pourrait appeler son dada, sa passion, ses points forts, ses connaissances, et il les met au service de la rédaction d’une nouvelle à tendance Aventure, Fantastique ou Policière.

Nicolas Henry est passionné par la Chine, ancestrale, et c’est tout naturellement qu’il a mis en scène un jeune enquêteur qui pourrait être le digne successeur du Juge Ti, s’il lui plait d’imaginer de nouvelles pérégrinations plus ou moins dangereuses.

Nicolas Henry est également le coauteur de l’anthologie avec Romain D’Huissier Dimension Chevalerie chinoise, un volume paru dans la collection Fusée N°31, chez Rivière Blanche en avril 2014.

 

Et pour commander Prisonniers des serpents, ayez le bon réflexe en cliquant sur le lien ci-dessous :

 

Prisonniers des serpents. Collection Aventures N°9. Editions le Carnoplaste. Parution septembre 2017. 32 pages. 3,00€.

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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