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12 février 2020 3 12 /02 /février /2020 05:55

Peut-être est-ce un poète ?

Max-André DAZERGUES : Le Bossu est dans la Lune.

Comme bien souvent, la mer est démontée dans les parages de l’île d’Ouessant, et nul ne sait quand elle sera remontée comme le signalait Raymond Devos.

A bord de l’Armoric, le capitaine Canaille (déformation de son véritable nom de Kharnouailles mais un surnom qui n’est pas usurpé) presse ses matelots de mettre un canot à la mer. Yves Plougarel, marin de confiance, doit conduire jusqu’à une petite crique un passager qui a payé largement la traversée depuis l’Irlande. Il s’agit du Bossu, alias Martial Lucas, un insaisissable malfaiteur.

L’esquif brave les éléments et le Bossu est débarqué sur le continent, au pied des falaises à l’Anse des Farfadets. Tandis qu’Yves Plougarel attend tranquillement que son passager revienne, le Bossu grimpe l’escarpement rocheux, presqu’abrupt, puis se dirige vers une maisonnette isolée et perdue dans la nature.

Il est attendu par le professeur Foxa, un alias en référence au docteur Ox de Jules Verne, qui doit lui remettre des plans. Le savant travaille également sur l’énergie nucléaire et la bombe atomique, mais ce sont bien des documents secrets sur une fusée interplanétaire que le Bossu achète pour le compte d’une tierce personne.

Deux hommes sur la falaise surveillent les horizons, cachés derrière des rochers. Ils remarquent le bateau stationné, puis le débarquement de la chaloupe et la montée du Bossu. Marco, l’un des deux hommes, descend le raidillon, surprend Yves Plougarel qui attend le retour du Bossu et il l’assomme. Puis il rejoint son compère Andy et les deux hommes se dirigent vers la maisonnette du docteur Foxa. Ils croisent le Bossu qui ne les voit pas et redescend vers l’Anse des Farfadets, puis ils s’introduisent chez le savant et l’embarquent à bord d’un véhicule. Ils déclarent qu’une certaine madame Hetlinger, malade, le réclame à Rennes.

 

Peu avant, à Paris au siège de la Police Judiciaire, une jeune fille prolongée, Mlle Berges, fait tout un foin. Elle désire parler à l’inspecteur Courtois, qu’elle connait bien pour l’avoir eu comme locataire quelques temps auparavant. Elle désire signaler la disparition de sa nouvelle locataire, une certaine madame Hetlinger, qui n’a pas donné de ses nouvelles depuis quatre jours. Elle applique la consigne que cette dame avait donnée. Le commissaire Guerlandes, amusé, assiste à cet entretien. Et c’est ainsi que les deux policiers se rendent à Rennes à la recherche de cette fameuse dame.

 

Roman policier et roman d’espionnage, Le Bossu est dans la lune est la septième aventure de Martial Lucas alias le Bossu narrée dans cette collection Le Verrou.

Un roman qui ne manque pas de péripéties, de rebondissements en tous genres, avec des personnages qui se croisent, ne se voient pas, s’ignorent presque, qui ne se connaissent pas, et qui agissent pour des raisons personnelles, distinctives, interférant par la bande. Un roman qui pourrait être la somme de deux histoires qui se rejoignent via le personnage du Bossu, individu bien connu des services de police et plus particulièrement du commissaire Guerlandes et de l’inspecteur Courtois.

A mon avis, ce n’est pas le meilleur de Max-André Dazergues, mais c’est toutefois un roman plaisant à lire, qui permet de passer le temps agréablement, ce qui était bien le but des publications populaires.

 

Max-André DAZERGUES : Le Bossu est dans la Lune. Collection Le Verrou N°66. Editions Ferenczi. Parution 2e trimestre 1953. 96 pages.

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2 février 2020 7 02 /02 /février /2020 05:53

Fais comme l’oiseau…

R. & R. BOREL-ROSNY : T’as vu ça d’ta fenêtre !

Pensait-elle que sa carrière allait décoller en se jetant par la fenêtre, rien n’est moins sûr.

La pauvre Gina de Sarlande, jeune chanteuse pleine d’avenir est projetée du cinquième étage et s’écrase sur le bitume. En général, on ne s’en relève pas. C’est Rosette, dite Rosie, qui en voulant baisser le store de la fenêtre de sa chambre d’hôtel sise au quatrième étage, a aperçu le corps tomber alors que deux mains poussait Gina. Du moins c’est ce qu’elle déclare à Maxie les Belles dents, son compagnon qui se prélasse sur le lit en se plaignant de la chaleur de ce mois de juin.

Les policiers, arrivés rapidement sur place, pensent d’abord à un suicide. La porte est fermée de l’intérieur, c’est le taulier, le gardien des clefs, qui leur ouvre. Nouvelle surprise, la fenêtre est fermée ! Le meurtre semble indiscutable. Mais comment à pu réaliser son forfait le meurtrier que nul n’a aperçu. Ni Rosie, entraîneuse dans un cabaret, ni Maxie qui se fait entretenir et entretenait des relations douteuses avec Gina, ni Albert Lepreux, l’hôtelier, ni Zulma sa compagne qui vaquait au rez-de-chaussée. Les complications de ce genre sont réservées à la Criminelle et l’inspecteur Tiburce est chargé de cette enquête.

Il commence ses investigations en s’entretenant avec Rosie, qui a aperçu de sa fenêtre le vol plané, ainsi que Maxie qui était vautré sur le lit. Rosie le soupçonne d’avoir eu des relations avec la défunte, mais il ne peut être coupable puisqu’il était dans sa chambre en compagnie de Rosie, qui est sure de reconnaitre les bras qui empoignaient Gina. Puis Tiburce interroge Albert Lepreux, le patron des Deux cigognes, l’hôtel où s’est déroulé le drame, et sa compagne Zulma, une forte femme. Il est notoire qu’Albert se rendait assez souvent dans la chambre de Gina pour régler certains problèmes, ce qui attise la vindicte de Zulma. Toutefois Albert résout une partie de l’énigme de ce possible meurtre en chambre close.

Il remarque le manège d’une toute jeune fille aux cheveux courts qui traîne dans les environs de l’hôtel puis à la brasserie où Tiburce déguste une choucroute en compagnie de Fredy Marlin, un ami souvent en délicatesse avec les forces de l’ordre. La gamine s’éclipse et Tiburce aimerait lui poser quelques questions aussi charge-t-il Fredy de la retrouver, ce qui n’est guère difficile à cet habitué de Saint-Germain-des-Prés.

La gamine récupérée par Fredy et amenée à la brasserie afin de ne pas l’effaroucher, confie à Tiburce qu’elle s’appelle Pierre – choix de son père poète méconnu et aux idées baroques, surnommé l’homme aux chats puisqu’il en possède neuf qu’il promène souvent en laisse – et sa sœur avait, elle, été prénommée Trujillo. Mais celle-ci avait changé de nom adoptant le nom de scène de Gina de Sarlande. Quant à leur mère, elle est partie dix ans auparavant avec un noir, abandonnant le foyer familial.

Alors Tiburce continue son enquête mais en dilettante, mais comme il est pris par ailleurs il demande à Fredy de le suppléer dans ses recherches, ce que le jeune homme fait avec plaisir et pugnacité. D’autres personnages s’immiscent dans cette intrigue, dont un jeune qui fréquentait Gina mais dont Pierre est amoureuse.

 

Le couple Robert et Raymonde Borel-Rosny propose une enquête qui s’avère simple dans l’esprit du lecteur, qui est persuadé connaître l’identité du coupable. Mais la solution à triple détente offre un épilogue inattendu et bien amené prenant à contre-pied le lecteur.

Saint-Germain-des-Prés du début des années cinquante sert de décor, époque aujourd’hui révolue mais qui génère quelque nostalgie.

Evidemment au moment de sa parution, ce roman n’avait pas ce côté historique, mais plus de soixante ans plus tard il devient un témoignage permettant de se remémorer un pan de la capitale réservé aux artistes en tout genre, même si cela n’est abordé que par la frange sans appesantir le récit. Les auteurs décrivent ce qu’ils observent, le vivant de près.

 

Les cafés grouillaient d’une populace miteuse et ne recélaient rien dans leurs salles enfumées que des tas de petites filles aux pantalons collants […] et des garçons aux pantalons identiques, tout aussi collants sur les fesses. Ce qui différenciait les garçons des filles, c’était la longueur des cheveux. Seulement, les garçons avaient les cheveux trop longs dans le cou et les filles trop courts. Presque tondus, ils mesuraient à peine un centimètre. De quoi déconsidérer à tout jamais le cher J.-P. Sartre, et aussi Gréco qui avait lancé la mode des mèches raides et sales qui descendent jusqu’à la taille.

 

R. & R. BOREL-ROSNY : T’as vu ça d’ta fenêtre ! Collection Le Verrou N°69. Editions Ferenczi. Parution juin 1953. 96 pages.

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21 janvier 2020 2 21 /01 /janvier /2020 05:51

Une fleuriste à qui l’on ne fait pas de fleurs…

Léo GESTELYS : Une enfant de Paris.

Désireux d’acheter des fleurs pour une cérémonie de fiançailles, Fernand est ébloui par Ginette, la jeune vendeuse. Elle est encore plus belle que les plantes qu’elle propose : roses, œillets, orchidées…

Il en veut tout un bouquet et lui demande une composition florale, comme si c’était pour elle. Ginette s’exécute mais bientôt sa patronne, une personne acariâtre, l’appelle du fond de la boutique. Fernand quitte l’échoppe avec son bouquet serré sur sa poitrine, à la façon d’une nourrice berçant un bébé.

Ginette doit livrer une parure de fleurs naturelles chez mademoiselle Monique de Berteval. Monique est issue d’une riche famille demeurant dans le quartier. La course ne sera pas trop longue. Et lorsqu’elle arrive chez sa cliente, Ginette peut se rendre compte qu’un véritable essaim de couturières, de femmes de chambre et petites mains sont aux pieds de Monique, la parant, l’habillant, jouant des aiguilles et des dentelles.

Ginette est priée de se rendre dans le cabinet de toilette de Mademoiselle en attendant de disposer ses œillets roses sur la robe et les affutiaux de la fiancée. C’est à ce moment qu’est annoncé monsieur Fertèze, Fernand de son prénom, précédé d’un bouquet de fleurs.

Toute étonnée, Ginette se trouve face à son client. Etonnement qui ne dure guère car elle est renvoyée dans ses foyers, où plutôt à sa boutique, n’ayant plus rien à faire dans la pièce et devenant même encombrante. Mais Fernand semble plus intéressé par cette jeune fille simple que par sa fiancée capricieuse.

Le dimanche se passe et le lundi matin, Ginette a la douloureuse surprise de se voir convoquée au commissariat. Elle est accusée d’avoir volé un bijou lors de son passage chez Monique. Fernand, prévenu, ne met guère de temps à confondre le (ou la) coupable de ce forfait, pour autant Ginette est renvoyée par sa patronne. Un affront que sa mère ne supporte pas et Ginette est obligée de se réfugier chez une amie qui vit avec un peintre à la notoriété naissante.

Mais ses malheurs ne sont pas terminés.

 

Dans un registre simple, ce roman sentimental inédit propose une enquête policière rapidement résolue et non pas par des policiers.

Pourtant Ginette porte cette honte sur son front. L’accusation portée contre elle, si elle se révèle fausse, ne lui en est pas moins néfaste. Elle est renvoyée par sa patronne, par sa mère, et malgré ses dénégations, personne ne veut la croire. Même lorsque le bijou est retrouvé.

Léo Gestelys met l’accent sur ce qui constitue le contraire de ce qui devrait être. L’accusée obligée de se défendre alors qu’aucune preuve de sa culpabilité est démontrée, pis, elle est rejetée même si son innocence est prouvée malgré tout par la suite, car il ne fait pas bon d’avoir été convoquée par la police. Comme une tache indélébile alors qu’elle est pure comme les fleurs qu’elle vend.

La morale est sauve, mais la fréquentation forcée de la police laisse souvent des traces.

Léo GESTELYS : Une enfant de Paris. Collection Le Petit Roman N°488. Editions Ferenczi. Parution le 16 octobre 1936. 32 pages.

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12 janvier 2020 7 12 /01 /janvier /2020 05:11

Attention au naufrage !

Max-André DAZERGUES : La barque d’amour.

Béatement allongés sur le sable, Yves KHerdan, marin pêcheur, et Anne-Marie, fille de pêcheur, devisent tranquillement de l’avenir. Ils sont amoureux et théoriquement, si tout va bien, ils vont se marier. Le soir, ils vont en mer à bord de l’Amphitrite, la frêle embarcation d’Yves, et ils passent le temps en déclarant leur amour et en s’embrassant.

Ils ont vingt ans, tout l’avenir est devant eux, ainsi qu’un peintre qui va changer leur destinée. En effet, Fernand Leduc, en apercevant les tourtereaux, a décidé de les coucher sur une toile. Plusieurs séances seront nécessaires, aussi leur donne-t-il rendez-vous le lendemain matin pour une nouvelle séance de pose.

Leduc raconte le soir même à Pierre Séruze, un ancien condisciple et jeune créateur de mode dont la réputation a franchi les frontières, cette rencontre. Mais comme il ne sait pas encore quel titre attribuer à sa toile, le tailleur parisien lui propose de l’accompagner. Tout de suite Séruze est ébloui par la joliesse et la fraîcheur d’Anne-Marie mais c’est lors d’une fête d’un Grand Pardon, alors qu’elle est habillée en costume local rustique, qu’il décide qu’elle doit devenir sa proie.

Il est descendu au Palacium, un établissement de luxe, et organise dans les salons du Chalet Blanc, un défilé de mode. Anne-Marie est conquise et accepte la proposition de Séruze de l’accompagner à Paris. Elle n’apprécie pas vraiment la mer et la capitale l’attire comme les phalènes le sont par la lumière.

Alors, malgré les objurgations de ses parents, et d’Yves qui est malheureux, elle accompagne Séruze à Paris et installée dans un hôtel particulier, deviendra rapidement sa maîtresse. Les semaines passent, et Séruze décide de se rendre sur la Côte d’Azur, où il possède un yacht, en compagnie d’Anne-Marie et de ses amis Maxime Fédéry, l’auteur de pièces de théâtre, et Frieda Berck, la comédienne. Et point n’est besoin d’avoir un texte pour que Frieda joue la comédie, surtout dans la vie.

Pendant ce temps, Yves, désabusé et meurtri dans son cœur, décide de s’engager dans la Marine de Guerre. Il embarque à bord du Patricia et peu après il se retrouve en rade de Toulon.

Or, alors que Séruze et compagnie visitent la Patricia, Anne-Marie retrouve par hasard Yves. Les deux jeunes gens se donnent rendez-vous le soir même mais ils ne savent pas que Frieda a entendu leur conversation.

 

Le style de Max-André Dazergues rappelle à cette époque celui d’Albert Bonneau : des points de suspension pour terminer les phrases, et de nombreuses répétitions.

Ce suprême accord du jazz en délire marquait au reste l’interruption du bal, et l’instant suprême était arrivé…

Ainsi le mot rustique est décliné au moins une dizaine de fois dans les vingt premières pages.

Une histoire d’amour certes, mais pas que, car l’auteur met l’accent sur l’attrait néfaste de la capitale auprès de petites provinciales naïves, encouragées par de riches Parisiens qui ne pensent qu’à les mettre dans leur lit.

La morale est sauve mais il faudra qu’Anne-Marie passe par de nombreuses épreuves tout autant psychiques que physiques, et Yves lui-même ne se relèvera pas sans être blessé moralement et corporellement.

Si le début de ce roman, que l’on pourrait qualifier de jeunesse, est quelque peu mièvre, ce sont la suite et l’épilogue qui valent le détour.

 

Max-André DAZERGUES : La barque d’amour. Collection Le Petit Livre N°884. Editions Ferenczi. Parution le 15 octobre 1929. 96 pages.

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5 septembre 2019 4 05 /09 /septembre /2019 04:53

Y’a-t-il un docteur dans la salle ?

R. et R. BOREL-ROSNY : Bonjour, toubib de mon cœur.

Non intéressé par le dossier que Bert lui propose, le docteur Tony Naste renvoie son visiteur sans regret. Il a d’autres projets plus intéressants, comme préparer son voyage aux Etats-Unis en emmenant Mina, sa belle secrétaire et maîtresse, ainsi que Bébéchou, son fils.

Un voyage qui ne se fera pas, car à ce moment Stéphane, son ancienne compagne et mère de Bébéchou se profile sur le seuil de la porte et lui tire dessous deux balles de revolver. Elle n’est pas habituée Stéphane à se servir d’une arme à feu. Résultat elle manque l’homme qui se moque d’elle en lui intimant : Pose ça, imbécile !

Stéphane dépitée repart comme elle est venue, descendant les quatre étages à pied. Naste se retourne et à ce moment un troisième coup de feu retentit. Cette fois Naste ne pourra se moquer. Un joli trou rouge lui fait un troisième œil.

A l’appartement au-dessus, personne n’a fait attention au bruit, sauf Eve qui s’était réfugiée pour quelques instants sur le palier du cinquième, à cause du bruit occasionné par la fête donnée par son amie Luce en son honneur. Elle distingue nettement les deux plops, puis le troisième et aperçoit une silhouette, dont elle ne distingue pas le visage.

Le lendemain matin, Mina arrive au cabinet du docteur Naste pour le découvrir avec ce point rouge entre les deux yeux. Elle n’ira pas aux Etats-Unis en compagnie de son amant, tant pis. Elle ramasse le revolver gisant à terre, le range dans le tiroir, en découvrant un second, puis elle préfère s’en aller sans prévenir la police. En sortant elle se heurte à Eve.

La bignole, qui était absente, ne l’avait pas vue entrer et maintenant elle discute avec la femme de ménage du docteur. Et les deux femmes ont tellement de choses à déblatérer sur le petit docteur comme le docteur Naste était familièrement appelé. La femme de ménage, enfin arrivée au quatrième trouve son employeur définitivement retiré des affaires.

L’enquête est confiée à l’inspecteur Tycord qui découvre de bien curieuses révélations concernant le petit toubib. D’abord, qu’il n’était pas docteur, ne possédant pas de diplômes, ensuite qu’il recevait de nombreuses femmes jeunes et jolies à son cabinet. C’était un coureur de jupons, ce n’était pas un secret, mais il pratiquait des interventions rémunératrices et s’adonnait également au chantage.

 

Ce sont les personnages féminins qui prédominent dans ce roman. D’abord Stéphane qui n’étant pas mariée avec le petit docteur s’est vu retirer la garde de Bébéchou, âgé de quatre ou six ans selon les témoignages. Ensuite Mina, Polonaise mais parlant admirablement le français, mariée durant la guerre à un Allemand fait prisonnier dans un stalag, et surnommée la fridoline. Elle a échappé à l’enfer de Ravensbrück. Eve, considérée comme une détective mais n’étant que secrétaire dans un cabinet de détectives à Londres, qui découvrira la solution, et amie de Luce qui elle aussi avait des relations avec le docteur Naste. Enfin, les deux pipelettes, la bignole et la femme de ménage, qui connaissent certains dessous des affaires pas très catholiques du mort.

Le spectre de la guerre est encore très présent dans les esprits, ce qui influe parfois sur les relations entre certaines personnes. Et les Etats-Unis sont le pays de référence de la liberté.

Il n’y avait que l’Amérique pour faire peau neuve, comme disait le petit toubib. Partout sur le vieux continent la race, la nationalité, vous collent à la peau, quand ce n’est pas des préjugés de caste ou de rang.

 

Pour autant il s’agit d’une enquête classique mais ce n’est pas le policier qui la résoudra.

 

Pour en savoir plus sur le couple Raymonde et Robert Borel-Rosny, vous pouvez sans dommage sur le lien figurant ci-dessous :

 

R. et R. BOREL-ROSNY : Bonjour, toubib de mon cœur. Collection Le Verrou N°77. Editions Ferenczi. Parution 19 octobre 1953. 96 pages.

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11 février 2019 1 11 /02 /février /2019 08:33

Des Esquimaux et des mots exquis !

Maurice de MOULINS : Les rescapés de l’Albatros.

Balloté par les intempéries, un vent violent et une tempête de neige, l’Albatros, petit avion de tourisme type Travelair, est en perdition au dessus du Groenland.

Il est parti de Fort Hudson, au Labrador, destination Bergen, et transporte à son bord cinq personnes. Frédéric Boileau, le pilote français, Warthon, l’observateur et météorologiste, Nicolas Farwell, le roi de la fourrure, Germaine, sa fille, et Jeremiah, son serviteur noir.

Ce n’est pas parce que Nicolas Farwell demande à Jeremiah un cocktail que l’avion est givré, mais bien à cause des éléments météorologiques perturbateurs. L’appareil ne répond plus, la radio est aphone, et la terre s’approche dangereusement. Enfin le petit appareil s’écrase mollement dans la neige.

Ils sont seuls dans la nature hostile. Jeremiah croit apercevoir par un hublot une bête immense et il entend des bruits suspects. Il est affolé mais cela ne le change guère. Toutefois, Nicolas Farwell et ses compagnons décident d’aller voir ailleurs s’ils ne trouveraient pas du secours, laissant Germaine à la garde de Jeremiah qui tremble de plus en plus. Pas de froid, pas encore, mais de peur.

Germaine prend la direction opposée suivie par son père et ses compagnons, et telle le Petit Chaperon rouge, elle rencontre en cours de route, un… ours. Malgré son courage inné, Germaine se retrouve en difficulté contre l’ursidé. Heureusement, un coup de feu retentit et la voilà sauve mais blessée. L’inconnu la soigne rapidement puis s’éloigne.

Pendant ce temps Nicolas Farwell et compagnie sont revenus à l’avion et mis au courant de l’initiative malheureuse de Germaine, se lancent à sa recherche. Ils la découvrent évanouie mais vivante.

Nicolas Farwell, le roi de la fourrure, se demande bien comment ils vont pouvoir s’en sortir, et comme un malheur n’arrive jamais seul, le voilà la cible d’un groupe d’Esquimaux vindicatifs.

 

 

Maurice de MOULINS : Les rescapés de l’Albatros.

Sous cet alias de Maurice de Moulins se cachait Albert Bonneau, le créateur de Catamount, et auteur de très nombreux récits publiés en fascicules, sous divers pseudonymes.

Des romans d’aventures principalement que devaient dévorer à cette époque les adolescents friands d’action dépaysant situés dans des pays exotiques.

Au menu de ces histoires, surtout de nombreuses péripéties subies par des personnages du quotidien, placés dans des situations dramatiques et endurant de nombreux démêlés, comme il était de coutume dans ces narrations qui permettaient au lecteur de se mettre à la place des protagonistes, et de ressentir bien installé dans son lit, sur une chaise, sous un arbre, dans un endroit calme, de délicieux frissons et de vivre par procuration de fabuleuses aventures.

Beaucoup d’action, un peu de psychologie, un peu d’humour aussi, quelques personnages qui créent par leurs réparties ou leurs gestes des moments en complète opposition avec les drames en gestation, et le tour était joué. La sauce était prise et le lecteur appâté.

 

Et pour en savoir plus sur ce romancier populaire :

Maurice de MOULINS : Les rescapés de l’Albatros. Collection Voyages et Aventures N°326. Editions J. Ferenczi & fils. Parution le 31 juillet 1939. 64 pages.

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4 février 2019 1 04 /02 /février /2019 08:30

Et elle accouche d’une souris ?

Maurice LIMAT : La montagne qui saigne.

La petite ville de San Espiritu, dominée par la montagne du même nom, semble n’être qu’un village fantôme chilien.

Santiago, aventurier et gaucho argentin, est fort étonné de cette désertification humaine et lorsqu’il entre dans la posada, il n’y a qu’une tenancière et trois hommes qui discutent à voix basse dans un coin. Il réclame un pichet d’alcool et se montre violent, sûrement pour se faire remarquer des buveurs silencieux. Ce sont des chercheurs d’or, comme pratiquement tous ceux qui habitent le village. Enfin ce qu’il en reste comme l’explique l’un des trois clients venu à sa table.

Depuis quelques semaines, le torrent charrie des filets sanguinolents, des rochers exsudent une matière qui ressemble à de l’hémoglobine, des flaques d’eau sont constituées de la même matière. Des chercheurs d’or, seuls ou en petits groupes, ont entrepris de trouver la cause de ces manifestations, mais ils ne sont pas revenus. Au contraire il apparait que depuis le torrent transporte encore plus de molécules ou de traînées rougeâtres.

Santiago se promet de tenir la gageure de solutionner ces mystères et part vers la montagne, escaladant les parois, juché sur son fidèle mustang. Au cours de ses tribulations, il aperçoit un jeune cavalier qui lui tire dessus. Une provocation qui ne peut que l’énerver davantage. Lorsqu’il rattrape son agresseur, c’est pour s’apercevoir qu’il s’agit d’une jeune femme. Seulement celle-ci disparaît à ses yeux, comme si elle s’était fondue dans une anfractuosité. Il a beau chercher, il ne trouve aucun passage jusqu’au moment où il franchit le sas d’une grotte. Et ce qu’il va découvrir ressemble à une scène d’offrande à un dieu, le dieu-or peut-être.

 

Ce court et dense roman signé Maurice Limat joue sur le thème du mystère et de l’aventure, avec une approche fantastique mais sans jamais y avoir vraiment recours.

Des scènes qui s’y prêtent, des situations qui frôlent le surnaturel mais pourtant tout est rationnel. Quoi que, car la présence d’or en si grande quantité dans les parois d’une grotte immense semble surréaliste.

De même que cette bande de tueurs, dirigés par une jeune femme dont on ne connait pas la provenance, les antécédents, ajoutent du mystère au mystère environnant.

Quant à l’épilogue, il est quelque peu bâclé, Santiago repartant sur son mustang, tel Lucky Luke sur Jolly Jumper à la fin d’un épisode. Mais huit ans avant la création du célèbre cow-boy.

Une histoire simple au suspense toujours entretenu avec malice, propre à l’univers de Maurice Limat, et qui pourrait être destiné aussi bien aux adolescents, qu’aux adultes qui se délectaient de ces petits fascicules en allant ou en rentrant du boulot. Il est vrai qu’à l’époque, il n’existait pas de substitution de lectures comme aujourd’hui. Cela ne veut pas dire que certains lecteurs n’oubliaient pas de descendre à leur station de métro passionnés par ces petites histoires sans prétention.

 

Réédition : Collection Mon Roman d’Aventures N°173. Editions Ferenczi. Parution 1er trimestre 1952. 32 pages.

Réédition : Collection Mon Roman d’Aventures N°173. Editions Ferenczi. Parution 1er trimestre 1952. 32 pages.

Maurice LIMAT : La montagne qui saigne. Collection Le Petit Roman d’Aventures N°111. Editions Ferenczi. Parution le 8 mars 1938. 32 pages. Couverture de Georges Vallée.

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17 novembre 2017 5 17 /11 /novembre /2017 08:06

Hommage en retard à Marcel Priollet, alias Henri de Trémières, Claude Fleurange, René Valbreuse et René-Marcel de Nizerolles, décédé le 10 novembre 1960.

R.M. De NIZEROLLES : L’océan vagabond. Les aventuriers du ciel N°21.

Tandis que Tintin le petit Parisien et ses compagnons se trouvent captifs du monde géant de Jupiter, sans grand espoir de jamais retourner sur leur planète d’origine, sur Terre la vie continue avec quelques aléas pour leurs amis.

Notamment pour Jean de Requirec, fougueux descendant des corsaires malouins et fidèle camarade d’Yvonne, la sœur de Tintin. Cette gentille jeune fille a été enlevée et Jean se lance sur sa trace afin qu’elle puisse participer à l’aventure du Bolide N°2 destiné à partir à la recherche des Aventuriers.

Jean, habillé en boy-scout, a retrouvé la tanière de Ferdinand Lahoulette et de Jack Smith, les kidnappeurs, et il se rend dans leur gîte rue du Moulin Vert. Lahoulette étant parti, il subit les assauts de Jack Smith qui tente de l’étrangler. Mais Jean possède des ressources insoupçonnées. Par exemple de retenir son souffle, feignant d’étouffer, puis lorsque Smith se penche sur sa poitrine, de simuler sa mort en suspendant les battements de son cœur.

Persuadé que Smith le croit mort, Jean quitte la pièce quelques moments plus tard et interrogeant finement la tenancière de l’hôtel il apprend que Lahoulette était revenu en taxi chercher son compère. Si elle est incapable de donner le numéro du véhicule, elle sait toutefois que le taxi a parcouru 14 kilomètres aller-retour, et qu’il s’était arrêté place du Théâtre-Français, son client désirant effectuer une course. Des informations précieuses dont va se servir Jean de Requirec en se rendant chez son ami Gérard Lonvalet, le célèbre explorateur.

Grâce à leurs calculs, Jean situe à peu près le garage, d’où est parti le chauffeur, du côté de la rue Dautancourt. Et c’est sur un coup de chance, comme souvent, et à un chat un peu familier, qu’il repère le bâtiment, miteux. Il converse avec un jeune employé et feint de s’intéresser à un véhicule couvert de boue. En fouillant discrètement il découvre une feuille de papier griffonnée portant ces quelques lignes : Yvonne Blanchard sera embarquée à Boulogne à bord du cargo hollandais Gogh.

C’est peu et c’est beaucoup à la fois. Tandis que Gérard Lonvalet va continuer d’enquêter à Paris, Jean de Requirec et Jacques Lambert, un pilote aérien, s’envolent à bord d’un monoplan. Arrivés à Boulogne, ils se mettent en quête du Gogh qui possède quelques heures d’avance sur eux. Le bâtiment a gagné la haute mer, mais pour quelle destination ?

 

Pendant ce temps, que deviennent Tintin, le petit Parisien, et ses amis, M. Saint-Marc, Timmy-Ropp et Rhinoff ? Ils ont été accueillis avec enthousiasme dans le palais du roi du Douzième Etat, et peuvent à loisir découvrir les nombreuses inventions joviennes.

Ils avaient pu cultiver l’impression d’avoir sous les yeux le spectacle de nos cités futures, lorsque le progrès, sur Terre, aura dit son dernier mot.

Sous la houlette d’un guide jovien, que Tintin surnomme Chrysostome, ce qui veut dire Bouche d’or, ce que tout le monde sait mais que j’ai appris, ils visitent le pays et découvrent le secret de la fameuse Tâche rouge sur Jupiter, voyagent à bord d’une bulle et s’aperçoivent que sur Jupiter, des attentats peuvent aussi être perpétrés.

 

Parmi tous les récits d’expéditions interplanétaires, cette série des Voyages extraordinaires d’un petit Parisien dans la lune et les planètes est peut-être la plus susceptible d’intéresser, voire de passionner les jeunes lecteurs. Du moins c’est que pensait l’éditeur à l’époque et qui déclarait en quatrième de couverture :

Ce merveilleux récit – destiné aux jeunes… mais qui passionnera aussi les grands – constitue une lecture saine et abondante, paraissant en volume illustré.

Et il est vrai qu’on ne s’ennuie pas dans cette suite, parfois farfelue, parfois scientifique, du moins certaines thèses avancées sont plausibles, qui n’a que pour but de divertir.

L’imagination de l’auteur n’était pas centrée que sur un seul genre et Marcel Priollet s’était diversifié dans sa production romanesque, passant aussi bien du roman d’aventures à la science-fiction et au roman policier, mais surtout au roman de mœurs et d’amour, avec des titres tels que : Mère à quinze ans (6 fascicules), Trompée au seuil de la chambre nuptiale (30 fascicules), Pour une heure d’abandon (6 fascicules), tous titres évocateurs qui ne pouvaient qu’attirer l’œil des lecteurs, et lectrices, en mal de sensations émotionnelles.

Au total, plus de 350 titres ont été recensés pour le catalogue de la BNF, ce qui en fait l’un des auteurs les plus prolifiques de la littérature dite de gare mais que l’on nommera tout simplement littérature d’évasion ou littérature populaire.

La série des Aventuriers du ciel est composé dans son édition originale de 1936 comporte 108 fascicules de 16 pages chacun. La deuxième édition ne comporte que 26 fascicules de 32 pages.

 

Première édition Les Aventuriers du ciel n°47. FERENCZI (Joseph Ferenczi et fils éditeurs), Parution juillet 1936. 16 pages. Illustration de Raymond HOUY.

Première édition Les Aventuriers du ciel n°47. FERENCZI (Joseph Ferenczi et fils éditeurs), Parution juillet 1936. 16 pages. Illustration de Raymond HOUY.

R.M. De NIZEROLLES : L’océan vagabond. Les aventuriers du ciel N°21. Editions Ferenczi. Parution janvier 1951. 32 pages.

Voyages extraordinaires d'un petit Parisien dans la Lune et les planètes - 2ème édition.

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12 juin 2017 1 12 /06 /juin /2017 08:37

Hommage à Max-André Dazergues, infatigable et prolifique polygraphe, né le 12 juin 1903.

Max-André DAZERGUES : L'aérolithe sous-marin.

Une boule de feu, échappée des eaux tourmentées du lac Tanganyika, puis retombe, tel est le phénomène auquel assiste Makoleko, un guerrier Massaï.

Pour le Massaï, et pour toute autre personne sensée, l'eau aurait dû éteindre le feu. Et en retombant, aucune fumée, aucune trace de vapeur ne se dégage, aucun bruit ne se produit, et cette manifestation, ou manque de manifestation thermique, intrigue les habitants de la région et notamment les membres d'une expédition en voyage d'études à la recherche de gisements de pétrole et d'or. Une explication est avancée, celle d'une éruption volcanique sous-lacustre.

Cette supposition entérinée, Sir Henri Lanster, savant d'origine britannique, et son assistant et collaborateur d'origine belge Grégoire Van Fulten, ne font guère de cas de ce qu'a pu colporter comme élucubrations le guerrier Massaï. Ces autochtones sont plus connus pour leurs intentions belliqueuses et leur mauvais voisinage que pour leurs commentaires ou leurs superstitions.

La petite troupe composée des deux savants et de leurs quatre porteurs, des Bantous venus de Congo belge comme Van Fulten, continue son périple, logeant le lac Tanganyika. Il commence à se faire tard, et la nuit est quasiment tombée, lorsque Katoli, l'un des Bantous, entend un bruit suspect. Quelqu'un rôde selon lui. Le Bantou a l'ouïe fine, et il explore le voisinage.

Il ne voit personne, mais découvre dans un fourré une boulette d'argile recouverte de peinture rouge. Pour lui, cela ne fait aucun doute les Massaïs sont proches. Il ne pensait pas si bien dire. Alors qu'ils traversant un marécage, ils sont agressés par des sauriens vauriens.

En réalité, ces hommes-caïmans méchants sont des Massaïs commandés par Makoleko, entretenant la légende des hommes-crocodiles. Ils tuent les Bantous, à l'exception de Katoli et des deux hommes blancs. Entre Katoli et Makoleko existe un vieux contentieux tribal. Les survivants sont emmenés dans une île au milieu du lac, île qui possède la particularité d'être rouge.

 

La collection Mon Roman d'Aventures, qui a démarré en 1942 pour s'éteindre en 1957, offrait des plages, et des pages, de lectures agréables pour lecteurs pressés, orientée vers la Science-fiction principalement mais pas que. Elle était destinée à un large public, autant pour des adolescents que pour des adultes qui désiraient se détendre dans le métro, par exemple, après une journée de travail, et plus généralement dans les moyens de transport.

L'aérolithe sous-marin puise son intrigue dans un événement qui frise le fantastique et se clôt avec une explication scientifique simple. Mais le propos n'est pas tellement dans cette explication, car c'est surtout le côté exotique, en plein cœur de l'Afrique Noire, qui importe. Le point central réside sur l'antagonisme entre tribus rivales, entre ethnies rivales, une rivalité qui peut être séculaire ou remonter tout simplement à quelques années en arrière.

 

Max-André DAZERGUES : L'aérolithe sous-marin. Collection Mon Roman d'Aventures N°303. Editions Ferenczi. Parution 3e trimestre 1954. 32 pages.

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29 mars 2016 2 29 /03 /mars /2016 09:44

Lorsqu'Adrien Sobra ne s'appelait pas encore Marc Agapit.

Ange ARBOS : La tour du silence.

Ce sont les gens qui disent... rétorque le narrateur à son ami et voisin Julien Delambre qui affirme qu'il vient d'émettre une hypothèse idiote. Et les gens ont vite fait d'échafauder des conjectures non vérifiées.

Il paraitrait qu'un cadavre a été retrouvé dans le parc du pépiniériste, leur voisin, et que ledit pépiniériste aurait tué l'amant de sa femme.

Delambre, afin que son voisin ne s'échappe pas et aille raconter n'importe quoi, l'enferme dans son salon puis entreprend de narrer la genèse de cette découverte macabre. Mais auparavant il lui pose quelques questions concernant cette découverte, notamment si le bahut dans lequel le squelette a été retrouvé était un magnifique meuble sculpté. Si une épée en bois peint reposait à côté du mort et si la tête de celui-ci était ceinte d'une couronne en bois peint également.

Suite aux affirmations de son voisin, il raconte cette histoire édifiante :

Lors d'une réception costumée, alors qu'un diseur accapare l'attention des invités, le majordome informe le maître des lieux qu'il est mandé au téléphone pour une affaire importante. Puis peu après, le majordome revient dans la pièce prévenant le secrétaire du comte que celui-ci l'attendait dans son bureau un quart d'heure plus tard. Le temps imparti étant écoulé, le secrétaire s'éclipse puis revient et parle à voix basse à la comtesse qui sort de la pièce puis réapparait en poussant des cris et s'évanouit.

Dans le bureau situé à l'autre bout du château les invités ne peuvent que constater l'absence du comte, mais relèvent néanmoins quelques indices prouvant qu'un attentat aurait été commis à l'encontre du noble. Des traces de sang, une statuette brisée, des douilles d'arme à feu.

Immédiatement averti le juge d'instruction pose les questions rituelles à la comtesse, une jeune femme d'une vingtaine d'années et mariée depuis peu. Et bien évidemment il s'agit de savoir si le comte possédait des ennemis. Et c'est à partir de ce moment que l'affaire se corse, même si elle se déroule en région parisienne.

Peu avant, Eloi, un vieux serviteur du comte, et sa fille Véronique, avaient été congédiés. Eloi, veuf de bonne heure, avait donné à Véronique une instruction raffinée et celle-ci âgée de dix-huit ans était entrée au service de la nouvelle comtesse comme lectrice. Les deux jeunes femmes n'étaient séparées que de quatre ans, mais, coïncidence troublante, elles se ressemblaient comme deux sœurs. Et Véronique entretint cette ressemblance en prenant la démarche, la coiffure, la voix même de sa maîtresse. Maîtresse qui fut bafouée semble-t-il car Véronique aurait effectué des avances éhontées au comte, d'où son renvoi et celui de son père.

Or Eloi et sa fille Véronique sont partis en Normandie, dans un petit village où le vieil homme possède une demeure. Les enquêteurs interrogent évidemment les voisins, les fonctionnaires dont le chef de gare, et selon tout ce beau monde, Eloi et Véronique ne se seraient pas absentés de leur villa, ou tout au moins du village.

Mais le doute s'installe. La comtesse est-elle celle qu'elle prétend être, ou Véronique aurait-elle pris sa place ? Commence un chassé-croisé qui embrouille les enquêteurs, une sombre histoire de substitution de personnes, et il est difficile de démêler le vrai du faux du faux du vrai. D'autant que selon les circonstances, la comtesse avoue être Véronique, puis se rétracte, revenant sur ses déclarations.

 

Ange Arbos, dont ce roman figure parmi ses premiers écrits, propose un jeu de miroir, proche d'une affaire de gémellité sans en être une puisqu'il s'agit de sosies. Mais le lecteur sait d'avance que les deux femmes se ressemblent, qu'elles peuvent se substituer l'une à l'autre. Ange Arbos ne sort pas un protagoniste de son chapeau en fin d'intrigue mais la présence de ces deux femmes est toujours constante. A moins que l'une d'elle joue deux rôles.

Dans un registre résolument policier classique, le futur Marc Agapit imprègne toutefois son histoire d'une once de fantastique, avec subtilité, la mise en scène du départ y influent pour beaucoup, de même que l'approche du récit par Delambre.

Le narrateur aperçoit quelques photos dont une de groupe représentant des personnages costumées et une autre le portrait de Jeanne la Folle. Or s'il s'agit de la comtesse et des membres participant à la soirée organisée par le comte, ceci n'est pas anodin. Car le comte était déguisé en Philippe le Beau et la comtesse en Jeanne la Folle, deux personnages historiques. Jeanne la Folle ainsi dénommée suite à la douleur ressentie à la mort de son mari.

Sans oublier les quelques allées et venues du domestique de Delambre lors de la narration de cette affaire, qui jette un doute sur les motivations du conteur vis-à-vis de ce voisin-narrateur pressé d'arriver à une conclusion qui au départ est erronée, puisque puisant dans des rumeurs.

Le sens de la narration est déjà présent, mais trouvera son développement par la suite lorsque Ange Arbos alias Marc Agapit se tournera résolument vers le fantastique et l'angoisse pour ses romans édités au Fleuve Noir, et qui restent des ouvrages de référence recherchés par les amateurs et les collectionneurs.

 

Ange ARBOS : La tour du silence. Collection Police N°155. Editions Ferenczi & fils. Parution 4 avril 1936. 64 pages.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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