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9 septembre 2019 1 09 /09 /septembre /2019 04:28

Un polygraphe protéiforme !

Max-André DAZERGUES : L’homme de sa vie.

Les langues tricotent plus vite que les aiguilles assemblent les chapeaux dans l’atelier de la modiste renommée Maryjo.

D’habitude les petites mains s’échangent confessions et rires tout en travaillant, mais ce jour-là, Georgette Merlieux est triste. Elle vient de recevoir un pneu (ah, le bon vieux temps où l’on pouvait recevoir du courrier une heure après son envoi !) émanant de son ami Robert. Le jeune homme, qui pourtant semblait épris de la jeune fille de vingt ans lui signifie qu’il doit partir en voyage et qu’elle doit oublier les quinze jours de rêve qu’ils ont vécu ensemble.

Ses collègues sont tout autant attristées qu’elle. Elles voyaient tous les soirs Robert venir chercher Georgette avec sa voiture verte si reconnaissable. Elle l’avait connu alors qu’il se promenait à bord de son véhicule et qu’il l’avait abordée dans le Bois de Boulogne, revenant de livrer un chapeau. A cette époque, ce Bois n’avait pas la réputation qu’il possède aujourd’hui, mais était un lieu de promenade fort prisé. Et il l’avait raccompagnée jusque chez Maryjo rue de Rivoli. Puis ils avaient bu ensemble un apéritif à la terrasse d’un café et il l’avait conduite chez ses parents, à Georgette, à Courbevoie.

C’est comme ça que se font des rencontres mais hélas celle-ci n’aura pas de suite. Robert Charmeuses, eh oui c’est son nom, qui se prétendait représentant, vient de la plaquer. Sans préavis. Mais cela ne se passera pas comme ça se dit-elle, se confiant à ses camarades d’atelier. Et d’ailleurs, puisque le lendemain c’est samedi et qu’elle ne travaille pas, elle se rendra chez lui à Neuilly. En effet elle avait vu son nom et son adresse sur sa plaque de l’auto en soulevant le médaillon de Saint-Christophe.

Le lendemain donc, elle se rend à Neuilly, mais un domestique lui affirme que Robert n’est pas là. Bientôt cette nouvelle est confirmée par une jeune femme blonde, peu amène. Georgette voit passer une silhouette et elle qu’il s’agit de Robert qui se défile. Elle l’appelle mais en vain. Peu après comme elle déambule dans le quartier des Ternes, elle aperçoit la voiture verte de Robert. Le moteur est allumé et elle s’engouffre dedans en essayant de ne pas se faire remarquer. Le véhicule est stationné près d’une bijouterie qui vient d’ouvrir et est fort illuminée. Un couple en sort et elle reconnait la jeune femme blonde. Mais elle ne peut distinguer les traits de son compagnon qui s’installe au volant. La jeune femme blonde la voyant lui pose sur le nez un mouchoir imbibé de chloroforme.

Bonne nuit Georgette qui se réveille dans la cave d’une maison isolée en pleine forêt. Le lundi matin, ses compagnes d’atelier sont fort étonnées de constater son absence.

 

Un bon petit roman policier et d’amour écrit par un romancier soucieux de plaire à ses lecteurs en leur proposant des histoires simples et attrayantes. Le suspense est fort bien mené et entretenu tout au long du récit.

Naturellement, ce court roman est ancré dans son époque, et de nos jours certaines scènes, certains détails seraient gommés. Mais il est à remarquer que la publicité effectuée par le magasin, un stratagème toujours d’actualité, sera nuisible et favorisera justement le hold-up effectué par le couple. Ou plutôt la manipulation digne d’un prestidigitateur en s’emparant des bijoux que ce couple est venu soi-disant acquérir.

De nos jours, un romancier pourrait fort bien adapter ce roman, l’allonger d’une bonne centaine de pages en y incluant scènes de violence, de sexe, d’objets technologique mais pas trop, avec en prime quelques cadavres et vulgarités, et cela ferait le bonheur de ceux qui cherchent des sensations fortes.

Mais Max-André Dazergues ne mangeait pas de ce pain frelaté et c’est pour cela, justement, que certains trouveraient cette histoire manquant de vécu et de profondeur. Chacun ses goûts, je respecte les miens en relisant Max-André Dazergues !

 

Enfant du peuple, Georgette Merlieux en possédait les qualités innées, parmi lesquelles dominait une foncière honnêteté.

Max-André DAZERGUES : L’homme de sa vie. Illustrations de Roger Roux. Collection Crinoline N°17. Editions du Puits-Pelu. Parution 1946. 96 pages.

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