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26 mai 2015 2 26 /05 /mai /2015 10:58

Ah bin, chat alors !

Jérémy BOUQUIN : A mort le chat !

Le lecteur entre dans ce bouquin, pardon, dans ce livre comme on saute à pieds joints dans une mare de boue. Cela éclabousse de partout, ça laisse des traces dans les neurones, et on se dit que pour une fois le héros n'est vraiment pas quelqu'un de sympathique, quelqu'un avec qui on aimerait passer ne serait-ce qu'un après-midi.

D'ailleurs, dès le premier Chat pitre, le ton est donné. Aujourd'hui j'ai tué mon chat. Pas par accident, non, volontairement. Tout ça parce que son chat a eu le malheur de parler. De l'invectiver, de l'insulter, lui, son maître. De le traiter de tous les noms, au nom de quoi, je vous le demande. Non, vous ne pouvez pas savoir... Bref, Jarring, c'est le nom du massacreur de chat, a écrasé, balancé contre les murs, écrabouillé la tête de son félidé, tout ça à cause de quelques paroles malheureuses. Comme s'il n'y avait pas assez de son père pour lui parler, son père est décédé depuis des années je précise, qui se rappelle à son bon souvenir.

Jarring est perpétuellement sous tension. Il banque pour 3000 euros par semaine, c'est lui qui l'affirme, en ecstasy, cannabis, résine, herbe, et autres médicaments dopant le tout ingéré avec de nombreux verres d'alcool afin de mieux dissoudre ce qu'il ingurgite. Ce qui veut dire qu'il n'est pas toujours frais et stable dans ses baskets. Cela ne l'empêche pas de travailler comme lobbyiste, c'est à dire en bon français qu'il est une personne qui organise un groupe de pression auprès d'autorités politiques afin de défendre des intérêts économiques, professionnels.

Je ne crois en rien pourtant je vends de tout ! Mais pas à n'importe quel prix !

L'entretien avec son nouveau client s'établit au restaurant. L'homme veut vendre des produits compliqués, des OGM, seulement l'Europe renâcle entraînant à sa suite le refus des gouvernements et des fonctionnaires. Il représente de nombreuses entreprises agroalimentaires. Pourtant, c'est lui qui l'affirme, il faut motiver les Français à le consommer. Un travail comme un autre même si les carottes râpées dans l'assiette de Jarrings, il est végétarien, ont du mal à rejoindre son estomac. Néanmoins il accepte la mission après mûre réflexion, contre un chèque à six chiffres, il aura des frais, et il se retourne auprès de Catherine, sa fidèle amie amante, toujours disponible à l'aider. Auparavant il se rend chez son psy, comme toutes les semaines, il se procure une arme de poing, et achète un chaton. Son appartement est si vide.

Catherine est une belle plante nourrie aux OGM, c'est à dire qu'elle est botoxée, siliconée, ravalée, entièrement de la tête aux pieds, surtout aux endroits stratégiques. Mais ça lui va bien. Elle possède un carnet d'adresses indispensables, effectue ses recherches et trouve le client idéal, celui qui devrait porter haut les couleurs des OGM à l'Assemblée Nationale et convaincre ses petits copains de l'hémicycle.

Un député-maire d'une petite commune du Sud, favorable aux OGM, peut-être ancien communiste et dont les parents sont écolos. L'homme idéal pour porter la bonne parole.

 

Et c'est comme ça que notre "Héros", va à la rencontre de celui qui pourrait assumer cette mission. Les ennuis commencent lorsqu'il veut louer une voiture, lui qui n'a pas de permis. Et son chaton, qu'il emmène, se méfie de lui. Il doit savoir qu'au bout d'un certain temps son maître, son esclavagiste, va se débarrasser de lui. Il en perd ses poils le matou.

 

Drogué, alcoolique, cynique, violent Jarring est un être malsain, mais très demandé, les hommes politiques étant tout le temps sur la brèche, à cause d'une maîtresse, de trafics d'influence, de perte de vitesse, les petits ennuis inhérents de la vie courante de nos édiles.

Je suis un cuisinier de la vie sociale, je bricole, concocte, je jette de l'huile sur le feu. Je conditionne mes concitoyens.

En nous imposant ce triste personnage, Jérémy Bouquin nous montre l'autre facette de la vie politique et des magouilles qui se trament dans notre dos, grâce à des individus peu recommandables.

Je suis ressorti de cette histoire, qui ne manque pas d'humour, l'esprit mitigé car rien dans ce personnage n'attire la sympathie, au contraire. Dès les premières pages on est révulsé par la violence avec laquelle il se déchaîne envers son pauvre félidé qui ne lui a rien fait, sauf lui parler, mais tout ce passe dans son esprit perturbé. Et mettre en scène un drogué alcoolique, limite schizophrène, destructeur de chats, lui faire endosser le beau rôle, car les clients se pressent afin de requérir ses services, être riche tout en ayant l'esprit en vrac la plupart du temps, cela n'est guère moral.

Et pourtant Jérémy Bouquin parvient à nous scotcher à cette intrigue, et malgré le dégoût ressenti, on ne peut lâcher ce livre. On veut savoir jusqu'où cela va aller dans la démesure. Et heureusement l'épilogue redresse la situation.

 

Jérémy BOUQUIN : A mort le chat ! Editions Lajouanie. Parution le 17 avril 2015. 272 pages. 18,00€.

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commentaires

P
Salut Paul, Comme je l'ai dit chez Paul, j'avais adoré sa nouvelle chez Ska (No limit) et je ne raterai pas celui là ! Amitiés
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O
Bonjour Pierre<br /> Je n'ai pas encore lu No limit, mais j'ai apprécié Sex phone, une nouvelle tout en subtilité et à l'épilogue à chute.<br /> Bonne lecture et à bientôt<br /> Amitiés
C
Salut Paul<br /> Un livre sacrément percutant, oui. Quand la tonalité (même glauque) est aussi personnelle, c'est toujours assez excitant.<br /> Amitiés.
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O
Bonjour Claude<br /> Personnellement ce genre de roman ne m'excite pas du tout, le héros étant franchement antipathique. De même que je n'avais pas aimé Trash Circus de Joseph Incardona, la série Alias, un modèle négatif du Poulpe.<br /> Amitiés

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