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5 octobre 2012 5 05 /10 /octobre /2012 06:07

 Le Clay Allen... !


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Le Colonel Clay ! Voila un client sérieux ! Toutes les polices d’Europe sont à la recherche du Colonel Clay. Il est recherché à Londres, Paris, Berlin. Ainsi s’exclame le détective Marvillier auquel Sir Charles Vandrift a eu recours. Le Clay mobile comme auraient pu le surnommer ses victimes, possède la faculté d’emprunter des identités différentes et de changer d’apparence comme de costumes.

Ce voleur patenté, souvent accompagné d’une jeune femme ravissante, a élu comme victime favorite Sir Charles Vandrift, riche homme d’affaires sud-africain, qui possède des mines de diamants, des immeubles et dont les ressources financières sont immenses. Seymour Wentworth, le beau-frère de Sir Charles, lui sert de secrétaire ainsi que de confident. Et souvent les deux hommes sont la proie de cet insaisissable arnaqueur alors même qu’ils sont prévenus, expérience obligeant, et qu’ils vont être roulés dans la farine.

Tout commence sur la Riviera française, alors qu’ils sont abordés par un individu qui démontre ses talents comme voyant mexicain extralucide. Sir Charles et Seymour s’apercevront un peu tard qu’ils sont les victimes d’une supercherie qui se solde par quelques milliers de livres empochés par l’escroc. Pour le commissaire qui reçoit la plainte, il ne peut s’agir que du Colonel Clay, bien connu des services de police comme on dit, mais qui perpètre ses forfaits sans être inquiété. Décidés à partir en villégiature en Suisse Sir Charles et sa femme Amelia, Seymour et la sienne s’installent dans un hôtel luxueux de Lucerne. Ils remarquent un individu aux gros sourcils qui se prétend le représentant exclusif du gouvernement brésilien pour la vente de concessions en Haute-Amazonie. Echaudés par l’affaire précédente, les deux victimes potentielles se méfient, se demandant s’il ne s’agirait pas du Colonel Clay sous un nouveau déguisement. D’ailleurs un affable clergyman, accompagné de sa charmante épouse, leur souffle que les sourcils de l’homme pourraient bien être faux.

Il n’en faut pas plus pour attiser leurs soupçons. Le clergyman, qui dîne en leur compagnie, arbore des boutons de manchettes ornés de diamants. Sir Charles tente de lui faire croire qu’il s’agit de strass, mais le clergyman affirme que ceux-ci sont dans la famille depuis longtemps. Enfin il cède aux exigences de Sir Charles et les lui vend une coquette somme. Sir Charles pensait faire une bonne affaire mais c’est lui qui sera berné. N’en ayant jamais assez, Sir Charles décide d’acheter un château au Tyrol, et sur les indications de la camériste de sa femme, Césarine, il s’entiche d’une demeure et… bien évidemment le Colonel Clay n’est pas loin et Sir Charles se fera berner une fois de plus. Sir Charles devient de plus en plus méfiant : « Soupçonner tout le monde ne suffit pas ; on doit aussi renoncer à ses préjugés. Si l’on veut affronter une canaille de ce calibre, on doit se défaire des idées toutes faites. Jamais de conclusions hâtives, jamais ! Nous devons nous méfier de tous et ne plus croire en rien. Telle est la voie de la réussite ; et c’est celle que je compte suivre désormais ».

Malgré ces bonnes résolutions, les déboires de Sir Charles et de Seymour, qui a une petite malversation à se reprocher, ne s’arrêtent pas là jusqu’au jour où la morale est sauve. Mais il ne faut pas croire que tout est blanc d’un côté et noir de l’autre, car Sir Charles se révèle un financier retors, et ce qu’il reproche au Colonel Clay pourrait très bien lui être reproché à lui-même. « Une canaille ordinaire est parfois préférable aux plus rapaces des boursicoteurs ». Et l’épilogue est assez réjouissant, et gentiment amoral.

Je sais je suis contradictoire dans mon analyse en affirmant que la morale est sauve puis que l’épilogue est amoral, et pourtant c’est possible, vous vous en rendrez compte à la lecture de ce roman charmant, désuet, reposant, bon enfant. Il est bon parfois de lire, ou relire, des romans qui sont à l’origine d’une nouvelle forme littéraire. Ancêtre de Raflles, créé en 1898 par E. W. Hornung, et bien entendu de notre Arsène Lupin national qui lui ne fut créé qu’en 1905, le Colonel Clay, dont les aventures furent publiées en 1897, a ouvert la voie à de nombreux romanciers qui mettront en scène par la suite des émules de ces gentlemen cambrioleurs particulièrement appréciés des lecteurs. Certains s’exclameront, à n’en point douter, que certaines des aventures et filouteries ici narrées, ils en ont déjà lus des milliers, quoique ce serait exagérer, mais justement il faut rendre à Grant Allen ce qui lui appartient. Le lecteur ne doit pas oublier qu’il fut un précurseur et que de ce fait ce qu’il a écrit, décrit, imaginé, était nouveau pour l’époque.


Grant ALLEN : Les exploits du Colonel Clay. Editions Rivière Blanche, collection Baskerville n°2. 232 pages. 17€. Traduction de Jean-Daniel Brèque.

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