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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 16:19

Evitez de vous faire prendre en photo, même par un ami !

 

morgenstern.jpg


Ancien trader devenu libraire spécialisé en bandes dessinées dans une petite ville du New-Jersais, Jeremy Corbin évite de donner son opinion sur des romans ou des auteurs. Mais quand il est sollicité il ne sait pas mentir même si ce qu’il avance n’est pas du goût du client. Comme ce jour-là avec Greg, un fidèle de la boutique.

Jacky Walls, sa femme, ancien agent de la CIA, est devenue adjoint au shérif de la ville. Et tous deux vivent tranquillement avec Ann, leur bébé, depuis leurs précédentes et trépidantes aventures (voir Le Projet Bleiberg).

Alors que Jacky s’installe à son bureau pour taper ses rapports, elle reçoit un appel téléphonique la prévenant que des hostilités vont commencer et qu’elle doit sortir au plus vite. Au même moment des individus tirent sur les hommes présents dans le bureau et elle parvient à s’échapper en s’élançant par une fenêtre où, à moitié sonnée, elle est récupérée par un inconnu.

Concomitamment, tandis que Jeremy s’active dans la cuisine préparant le repas du soir auquel est invité Greg, celui-ci arrive et pointe une arme à feu. Ce n’est pas parce que Jeremy l’a chambré plus tôt dans la journée, mais à cause d’un danger imminent. Effectivement là encore des hommes armés s’introduisent dans la maison mais leur mission est annihilée. Ils ne peuvent s’emparer ni du bébé ni de Jeremy et de Greg, tous trois cachés dans la cave. Un sauveur providentiel est présent en la personne d’Eytan Morgensten, dit Morg.

Eytan Morgenstern, agent du Mossad, a consacré sa vie à traquer les criminels nazis ainsi qu’une organisation occulte, le Consortium dont le chef est surnommé Cyfer. Ex-agent du Mossad devrais-je écrire, car il a donné peu de temps auparavant sa démission ainsi que ses deux compagnons, Eli Karman, son compagnon de route depuis près de soixante ans, et Avi Lafner, beaucoup plus jeune et médecin auprès du Mossad. Car Morg a confondu mission officielle et intérêts privés. Et cela ne plait guère à sa hiérarchie. Mais officieusement, il a toujours le soutien de son directeur Simon Attali. Ayant appris par une taupe du Consortium, que ses amis Jeremy et Jacky étaient en danger, car l’Organisation le recherche, il a accouru immédiatement et les a protégés. La petite Ann est placée en lieu sûr, confiée à la garde de Greg et Morg peut compter sur des renforts de choc, les deux jeunes mariés n’ayant pas perdu leurs réflexes. Car la bataille continue et bientôt fait rage.

Quelques semaines plus tôt, à Washington, au Pentagone, des officiers militaires US et des représentants d’une société qui développent un programme militaire dont les Marines sont le fer de lance, sont intéressés par des photos sur lesquels apparait Morg, le géant chauve. Deux photos prises à trente ans environ de distance dont la dernière par Jacky, et qui intriguent fortement les participants à cette réunion. Morg n’a pas vieilli ! Et sa prise pourrait s’avérer fort intéressante au sujet des recherches militaires entreprises.

En 2003, au cours d’affrontements en Irak, des militaires américains procèdent à une récupération de Marines tombés dans une embuscade. Enfin pas tous, certains restent sur le carreau, d’autres vont être utilisés à des fins… militaires, une opération top secret.

Remontons le passé jusqu’en 1942 et 1943 au camp du Stutthof en Pologne. Le jeune Eytan Morg sert de cobaye, mais les résultats engendrés ne satisfont pas Reinhard Heydrich, l’instigateur des recherches. Eytan ne réagit pas comme prévu, d’autant qu’il échappe à ses tortionnaires. Encore enfant, il a déjà une carrure d’adulte, et possède quelques dons ou capacités quasi surhumaines, à cause ou grâce des expériences pratiquées les médecins de Stutthof. Il est recueilli par des résistants polonais réfugiés dans la forêt, devenant un auxiliaire précieux contre les armées nazies, et surtout celles dirigées par le colonel Dietz, chargé de le récupérer et surtout de l’éliminer.

 

Ce roman foisonnant est construit un peu comme un puzzle, une période, un endroit, puis une autre ailleurs, comme si le lecteur piochait d’abord les coins de l’image à reconstituer, puis plaçait les différentes pièces afin de constituer le noyau dur pour enfin voir le travail avancer à pas de géant et devenir plus éloquent au fur et à mesure que l’ouvrage avance. Mais l’auteur n’a pas découpé son intrigue au hasard. Tout s’emboite parfaitement, et la vue d’ensemble est d’une beauté fascinante.

 

Certes des esprits chagrins pourront dénoncer une certaine invraisemblance, dans des faits d’armes, des situations poussées à l’extrême, dans des programmes de recherches médicales. Mais il faut bien savoir que nous, simples pékins, ne sommes pas au courant de toutes les manigances imaginées par les états-majors militaires. L’on sait que dans certains camps, comme celui du Stutthof, des expériences scientifiques ont été menées par des savants fous… Et que l’une de leurs réalisations fut la fabrication de savon à base de corps humains. Mais l’on peut s’interroger aussi sur certaines déclarations émanant du service des armées, américaines ou autres, concernant des attaques de groupes isolés sur une poignée de soldats, et si tous en sont morts. Les progrès scientifiques et technologiques développés par des entreprises privées travaillant pour le compte du ministère des armées, quels que soient les pays, sont ensuite intégrés dans le civil, en général, et permettent à de nombreuses personnes d’en bénéficier.

Les temps morts n’existent pas et certaines scènes dans lesquelles Morg peut déployer sa force, sa vivacité, son esprit d’entreprise, sa faculté de récupération, ses coups de colère également, ne manquent pas de couleurs et de relief. Car Jeremy et surtout Jacky, l’ancienne combattante de la CIA n’en font parfois qu’à leur tête, lui désobéissant en pensant bien faire. Et ça il n’apprécie pas, reconnaissant toutefois que cela partait d’un bon principe. Celui de l’amitié.

La trilogie d’Eytan Morgenstern, après Le projet Bleiberg et le projet Shiro, tous édités chez Critic, se clôt avec ce dernier volet, et c’est dommage. On s’était habitué à ce personnage qui semblait indestructible mais possédait ses lacunes, ses carences, ses failles. Attention, je n’ai pas dit qu’il était mort, mais l’auteur lui accorde une retraite bien méritée, et peut-être est-ce bien ainsi. Autant abandonner un personnage avant que le lecteur se lasse. Mais, je le répète, c’est dommage. Sa figure continuera à nous hanter.


Voir égalment le catalogue des éditions Critic.


David S. KHARA : Le projet Morgenstern. Collection Thriller. Editions Critic. 378 pages. 20€.

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commentaires

V
Bonjour Oncle Paul,<br /> <br /> J'ai vu ces livres en librairie, mais peu lu de critiques à leur sujet.Aussi en lisant la tienne, je me dis qu'à l'occasion j'en lirai bien un !
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O
<br /> <br /> Bonjour Vonnette<br /> <br /> <br /> Le projet Bleiberg a eu lors de sa sortie bon nombre d'éloges, dont celui de Gérard Collart (j'aime pas trop mais quand il défend les livres, on ne va pas non plus lui tirer dessus !). Sais-tu<br /> que les éditions Critic et la librairie du même nom sont basées à Rennes !<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />

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