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2 juillet 2013 2 02 /07 /juillet /2013 14:20

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Stone Island est comme une perle posée délicatement sur une soierie bleutée. Une perle avec un crapaud toutefois, le volcan qui domine l’archipel. La mère des Ténèbres ainsi a été nommée cette verrue qui s’érige au-dessus de la jungle.

Fiona Taylor, jeune femme devenue avocate depuis quelques semaines, s’extasie sur cette vision qu’elle découvre du hublot de l’hydravion à bord duquel elle voyage, avec comme pilote Sam Damon, qui entre nous soi-dit est charmant. Stone Island, la plus grande île de cet archipel de la Polynésie et membre du Commonwealth. Capitale Pacific Town. Mais si Fiona est ravie par cette vision, elle appréhende toutefois la rencontre qui lui est promise.

Quelques jours auparavant, elle qui sait qu’elle n’est qu’une enfant adoptée, a reçu une lettre l’informant qu’elle est l’héritière d’un richissime colonial récemment décédé. Or elle lui en veut à ce père biologique qui l’a abandonnée, ainsi qu’à sa mère d’ailleurs. Arrivée à bon port elle repousse sa visite au domaine préférant passer la nuit dans un hôtel.

Le lendemain, c’est déterminée qu’elle se rend chez sa grand-mère, qui dirige l’immense domaine Richmond. Elle s’y rend en taxi et connait la frayeur de sa vie lorsque leur véhicule se retrouve face à face à une auto qui dévale le flanc de la montagne, se dirigeant droit vers eux. Le chauffeur du taxi n’a que le temps de ranger son taxi contre le flanc de la montagne, échappant de justesse à la collision. Elle aperçoit un gamin apeuré qui conduit tandis qu’un adulte est à l’arrière mal en point. Miss McGregor lui révèle que sa mère est morte en couches et que son père ne s’est jamais remis du décès de sa mort. Il a même tenté de se suicider avec Fiona dans ses bras peu après. Heureusement sans conséquence sur la santé physique du père et de la fille. Mais il a fallu interner le père atteint psychiquement par la perte de sa femme. C’est Miss McGregor qui a alors décidé de confier sa petite-fille à une famille adoptive américaine.

Mais Fiona n’est pas entièrement satisfaite des explications de sa grand-mère et elle repart en colère. Elle possède un caractère entier et elle a de qui tenir. En redescendant, raccompagnée par un vieux serviteur Ma’ohi, ils aperçoivent quelques policiers et la voiture au fond du ravin. Elle tente bien d’avertir l’une des policières qu’elle a assisté ou presque à l’accident, elle n’obtient comme réponse que d’effectuer une déposition au commissariat.

Jack Turner, le chef de la police de Stone Island, le commandeur, a bien du mal à gérer sa jeune sœur Joyce qui s’est accoquinée avec un petit malfrat. Elle aguiche des touristes assez âgé, les emmène dans une case et se déshabille, son copain prenant des photos compromettantes. Mais Jack la surveille et déjoue ce petit plan qui pourrait s’avérer juteux. Jack possède quelques amis d’enfance et ils se retrouvent souvent à la paillotte de Todd Tyson, afin de déguster un bon repas. Todd Tyson est fier de ses tablettes de chocolat abdominales qui restent fermes malgré la chaleur. Outre Tyson et sa serveuse Gabrielle s’attablent Sam Damon et Coupland, le lieutenant de police, adjoint et ami de Turner. Ce jour-là une surprise est promise au commandeur, surprise qui se manifeste par deux mains posées sur ses yeux. Il reconnait sans peine Jennifer, son ancienne maitresse qui l’a quitté dix ans auparavant pour un play-boy. Celui-ci s’est montré par la suite violent, et elle vient de l’abandonner en Australie.

C’est alors que Turner est appelé sur les lieux du drame. Il reconnait Manuarii Keave, le roi de la noix de coco. L’homme porte des traces de couteau et le toubib ne peut plus rien pour lui. Quant au conducteur, il s’agit de son fils aîné, âgé d’une douzaine d’années, qui essayait de rejoindre l’hôpital à bord du véhicule. Malgré quelques leçons de conduite, le gamin affolé a précipité les événements. Aussitôt Turner et Coupland se précipitent chez la femme de Keave. Apparemment le domaine est déserté. Dans une pièce ils la découvrent évanouie et le second fils, Teiki, est caché dans un placard, tenant serré dans sa main un couteau. Lorsqu’il entend l’intrusion des policiers, il lance l’arme blanche. Coupland est touché et il riposte blessant l’enfant.

Un autre meurtre est perpétré sur une jeune prostituée qui pourtant choisit ses clients. Elle est découverte dans une chambre attenante au bar où elle avait l’habitude de lever ses proies. Le barman pressé de questions ne sait rien et s’enfuit lorsque les premiers résultats d’analyses du laboratoire sont communiqués à Turne. Le propriétaire du bar déclare lui aussi ne rien savoir, mais en visionnant les vidéos qui sont placées dans les chambres, les deux policiers peuvent enfin dresser le portrait robot de l’agresseur. Portrait qui correspond à l’homme qui a tué Keave. Un Ma’ohi tatoué de partout.

Jade Lohan, une ancienne de Turner, qui s’est installée comme détective privée, est engagée par madame Keave afin de résoudre le meurtre de son mari.

Les chemins de Fiona et Turner vont se croiser à de nombreuses reprises car il semble bien que le meurtre de Keave puis d’un autre notable, celui de la prostituée n’étant vraisemblablement qu’un dommage collatéral, et la mort accidentelle, un accident peut-être provoqué, de McGregor, soient reliés. Mais quel est ce lien justement ?

Alexis Aubenque est le digne fils spirituel des grands romanciers populaires du XIXème siècle, Dumas, Sue, Ponson du Terrail, Féval et bien d’autres. Il possède l’art d’entretenir le suspense, l’intrigue s’enrichissant de nombreux rebondissements. Les fins de chapitres en général sont porteurs de révélations, mais aussitôt un nouveau chapitre débute avec un nouveau personnage, et c’est ainsi qu’on voit évoluer Fiona, Turner, Jade, et les autres dans un tourbillon échevelé.

Alexis-Aubenque.jpegStone Island est un roman populaire captivant qui ne contente pas d’une intrigue unique mais possède des ramifications. Ainsi les retrouvailles de Jennifer et Turner, les approches de Jade qui voudrait bien mais n’ose point, l’attitude de Coupland qui peu à peu se transforme en personnage vindicatif, hargneux, violent, Fiona qui se fâche après sa grand-mère puis lors d’explications semble rassérénée, pour mieux se montrer indignée, mortifiée. Sans oublier les personnages secondaires qui tiennent une place non négligeable dans l’action en constantes répercussions, pour ne pas dire éclaboussures, Sam Damon, le pilote de l’hydravion qui effectue la navette entre les îles et l’Australie, Rahiti, le vieux serviteur Ma’ohi, Tamaro, le barman en fuite ou Tu Ra’i Po, le principal protagoniste, le tueur, ou encore ceux dont l’auteur parle sans qu’ils soient présentés au lecteur, comme Le Cardinal.

Si j’ai nommé Tu Ra’i Po, ce n’est pas de ma part déflorer l’identité du principal responsable des meurtres, car dès le début le lecteur est placé dans la confidence. Ce n’est donc point son identité qui importe mais ses motivations, le pourquoi du comment de cet enchaînement. Et surtout ces innombrables rebondissements, retournements de situation, la montée en puissance du suspense, avec à chaque l’anti-monte lait placé par l’auteur, qui relance l’intrigue et l’action dans une folle sarabande.

Si j’ai évoqué Dumas, ce n’est pas pour rien, car hormis ces romans d’inspiration historique, il ne faut pas oublier des histoires au long court placées résolument à son époque et je pourrais citer entre autres Georges et surtout Le Comte de Monte-Cristo. Et l’épilogue appelle une suite qui, si elle est envisagée, sera la bienvenue et est déjà attendue.


Alexis AUBENQUE : Stone Island. Collection Toucan Noir. Editions du Toucan. 432 pages. 9,95€.

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commentaires

P
J'ai lu jusque là tous les River Falls de Aubenque que j'ai beaucoup appréciés même si je n'en ai pas parlé.Un jour, peut etre...Donc, celui là pourquoi pas mais il me semble un peu compliqué avec<br /> toutes ces histoires qui se croisent.
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O
<br /> <br /> Non, pas compliqué du tout car le nombre de personnages est assez restreint et les chapitres s'enchainet facilement tout en gardant un rythme et privilégiant le suspense. Quant aux River Falls,<br /> ils manquent à ma culture<br /> <br /> <br /> <br />
L
C'est le 4ème titre que je note de cet auteur. Comme j’écris souvent : va falloir.<br /> Amitiés<br /> Le Papou
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O
<br /> <br /> Bonjour Papou<br /> <br /> <br /> J'en ai prévu d'autres mais ces titres ont été publié début des années 90, alors va falloir chercher<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
A
Je viens de récupérer un de ses romans à ma BM. Je sens que je vais me régaler cet été.
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O
<br /> <br /> Il ne va pas te faire tout l'été quand même ? Tu auras le temps d'en lire d'autres ?<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
P
Salut Paul, si je trouve que ce n'est pas son meilleur (mais quel auteur peut se targuer d'écrire son meilleur bouquin à chaque fois ?), je pense que c'est une excellente détente estivale qui<br /> permet de passer un très bon moment ! Amitiés
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O
<br /> <br /> Bonsoir Pierre<br /> <br /> <br /> Excellent détente estivale comme tu dis. Ce n'est peut-être pas le meilleur Alexis Aubenque mais c'est celui que je préfère vu que que c'est le seul que j'ai lu. Mais ce ne sera pas le dernier<br /> assurément<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />

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