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30 décembre 2018 7 30 /12 /décembre /2018 05:26

Si vous allez à San Francisco
Vous verrez des gens doux et gentils
Le long des rues de San Francisco
Parler de fleurs devenir vos amis…

Muriel MOURGUE : Mary Magee a disparu.

De nombreux groupes musicaux ont éclos dans les années 1960, souvent éphémères mais qui pourtant ont marqué leur époque et certains adolescents.

Ainsi Freeskin, composé de quatre membres, deux femmes et deux hommes, mais porté par la charismatique chanteuse Mary Magee, à la voix envoûtante et aux textes qui allaient droit au coeur. Un groupe qui n’a enregistré que deux disques et n’aura eu que deux ans d’existence.

Lara Walters, qui avait déniché la première galette dans la musicothèque de ses parents, des fous (en tout bien tout honneur) de musique, avait été subjuguée et n’avait plus eu de cesse de rechercher le second enregistrement ainsi que des coupures de presse concernant Freeskin. Un rêve réalisé grâce à un disquaire, ce qui l’a peut-être amenée à ouvrir un magasin de disques dans sa bonne ville de Nancy en compagnie d’une amie. Mais pas n’importe quelles galettes. Des vinyles rétro !

Le déclic se produit lorsque Lara découvre dans une puce londonienne un ouvrage relatif à cette époque californienne signé Vivienne Larivière, intitulé Patchouli Song, dont quelques pages sont consacrées à son idole. C’est peu. Aussi Lara décide d’écrire la biographie de Mary Magee et pour cela elle programme un voyage à San Francisco afin de rencontrer ceux qui ont connu la chanteuse.

Cinquante ans auparavant. Fin décembre 1967, Mary Magee s’est évaporée. Sa voiture a été retrouvée près de la plage, les clés dans le vide-poche. Pas de petit mot pour expliquer cette disparition soudaine. Départ précipité, mûrement réfléchi ? Enlèvement ? Accident ? Suicide ? La police a enquêté, sans résultat et au bout de quelques jours a conclu à un suicide ou une noyade. La maison de disques a embauché un détective privé, Dick Plino, mais il est décédé quelques semaines plus tard d’un accident de la circulation.

Lara veut connaître le fin mot de l’histoire et elle entreprend de rencontrer les membres de ce groupe et ceux qui gravitaient autour. Enfin, ce qu’il en reste. Et ce qu’elle arrive à recueillir se révèle être des informations parfois, et même souvent, divergentes, voire contradictoires. Fred Sarnik, l’impresario du groupe à l’époque, Karla, la bassiste et chanteuse elle aussi, Jackson, le guitariste, Melanko, l’homme à tout faire, Vivienne l’amie et auteur du roman Patchouli Song n’étaient pas forcément en bons termes, mais tous affirment que Mary était leur amie. Sauf Jeff le batteur qui est parti au bout du monde. Mais une amitié battue en brèche par les autres membres. Qui croire ?

Jessy, la fille de Plino le détective, lui offre même des pages extraites du carnet dans lequel son père avait consigné les éléments de son enquête avortée. De San Francisco à Monterey en passant par Los Angeles, Lara remonte la piste d’une chanteuse charismatique, une étoile dont la lueur est depuis longtemps éteinte ou presque, sauf pour certains.

Mais à la même époque sévissait un tueur surnommé au foulard rouge, s’en prenant à des jeunes femmes. Or Jeff, le batteur du groupe avait été accusé du meurtre d’une groupie du groupe, et principalement de Mary, car il était réputé pour suborner de nombreuses jeunes filles et les violenter. Le tueur au foulard rouge n’avait plus fait parler de lui depuis ce temps, mais il semble que l’histoire se renouvelle.

 

Lara réalise une sorte de pèlerinage sur les traces de son idole mais le lecteur effectue le même parcours musical et nostalgique. Tous ceux qui ont vécu cette période se souviendront des quelques personnalités marquantes ou des groupes qui sont évoqués, Janis Joplin, Jim Morrison ou Grateful Dead par exemple. Et d’autres noms émergent dans l’esprit du lecteur qui était un fan de cette musique dédiée à l’amour de son prochain. Peace and love. Canned Eat, The Byrds, Sonny & Cher, Jefferson Airplanes, The Mamas & the Papas, The Beach Boys et combien d’autres qui ont marqué leur génération ou se sont dissolus dans un anonymat complet au bout d’un, deux, ou trois disques. Dont Scott McKenzie et son unique succès San Francisco, repris en français par Johnny Halliday.

Mais ce roman ne se contente pas d’être une bouffée de fraîcheur et une brassée de fleurs, il ne faut pas oublier non plus qu’il s’agit de l’histoire dramatique d’une jeune chanteuse à qui l’avenir devait sourire.

Et Muriel Mourgue nous délivre un récit en deux parties distinctes, la première étant narrée par Lara Walters, la seconde étant rédigée à la troisième personne. Avec, en guise de conclusion, deux épilogues.

Un roman abouti, qui nous plonge dans un passé dont on se remémore certains épisodes engendrant la nostalgie et qui insensiblement nous fait croire que c’était mieux avant. Musicalement parlant, naturellement.

 

Le fiel coulait de sa bouche peinte en rouge carmin. Aussi suavement que miel.

 

Nous formons une sorte de tribu de survivants. Ici c’est notre quartier général. J’y viens faire un saut chaque jour. Nous sommes la tribu des dinosaures psychédéliques.

 

Muriel MOURGUE : Mary Magee a disparu. Collection Rouge. Ex Æquo éditions. Parution le 11 décembre 2018. 168 pages. 15,00€. Version numérique 3,99€.

ISBN : 978-2378734862

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