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9 juin 2012 6 09 /06 /juin /2012 07:56

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Un p’tit train s’en va dans la campagne, un p’tit train s’en va de bon matin…

Cette célèbre chanson, interprétée notamment par André Claveau, reprise par les Rita Mitsouko avec de nouvelles paroles, aurait pu figurer en préface de cet ouvrage qui nous propose de voyager dans le temps et retrouver quelques personnages ou des événements qui ont défrayé la chronique judiciaire, policière et politique.

Aujourd’hui il n’est pas une semaine sans que des voyageurs se plaignent de la SNCF (sur neuf cinq fainéants d’après Coluche, mais je lui laisse la paternité et la véracité de cette affirmation !) et connaissent des désagréments. Des retards à répétition dus à des ruptures de caténaires, à un manque d’entretien, à des suicides, à des véhicules bloqués sur les voies pour diverses raisons, à des passages à niveaux dangereux, à un manque de personnel, à des grèves revendicatives ou en protestation d’agressions perpétrés envers les agents du réseau ferré, à la suppression de lignes, des gares fermées car non rentables. Liste non exhaustive bien évidemment.

Patrick Eris nous propose donc un voyage dans le temps à bord de tortillards, d’express ou de trains prestigieux, en restant toujours sur le rail de la narration avec une gare de départ, une d’arrivée et dix-huit stations. Mais je ne vous imposerai pas tous les arrêts et vais brûler quelques gares sans vergogne.

Le protocole élyséen s’inquiète, observe avec circonspection ces attitudes déplacées d’un président qui semble excité dans ses propos et démesuré dans ses gestes. Il ne s’agit pas de qui vous pensez mais d’un président de la troisième république, qui ne le fut que sept mois, devenu célèbre non pas pour des décisions, bonnes au mauvaises, au cours du laps de temps où il aura été à la tête de l’état, mais pour avoir été retrouvé en pleine nuit cheminant en pyjama sur les rails non loin de Montargis. Paul Deschanel, puisque c’est de lui dont il s’agit, est tombé par inadvertance sur la voie. C’était un homme fantasque à la jeunesse difficile et qui se conduisit en personnage farfelu. S’il s’agit ici d’un accident, d’une étourderie, qui pourrait prêter à sourire, d’autres hommes politiques ou proches du pouvoir ont connu un sort funeste dans les trains ou sur le ballast. Ainsi Marc-Antoine Barrême, préfet de l’Eure, retrouvé sur les voies le 13 janvier 1886, près de Maisons-Laffitte. La thèse de l’accident est rapidement écartée car le haut fonctionnaire a reçu une balle dans la tête. Le vol semble exclu à première vue puisque le cadavre possède encore son porte-monnaie, sa montre et divers objets précieux. Mais il apparaît bien vite qu’il aurait dû être en possession d’une sacoche contenant une forte somme d’argent destinée à régler des factures départementales. Aucune frasque ne peut lui être reprochée, sa femme n’entretient pas de liaisons, donc il faut se résoudre à porter les soupçons ailleurs. Peut-être sur d’autres personnages de l’état, un sous-préfet jaloux, le gendre de Jules Grévy, alors président de la République, ou tout simplement un individu malhonnête ayant appris par hasard l’existence de la sacoche.

Alors qu’il n’est encore que Maire de Paris et président du RPR, Jaques Chirac voyage à bord du Capitole, l’un des fleurons du rail, afin de regagner sa chère Corrèze. Le 29 mars 1982, à une vingtaine de kilomètres au nord de Limoges, une violente explosion secoue les rails. Un acte revendiqué trois heures après au nom des amis de Carlos.

Autre histoire qui défraya la chronique, celle du Bordeaux-Vintimille, de triste mémoire et qui fut produite et interprétée au cinéma par Roger Hanin sous le titre de Train d’enfer. De futurs légionnaires qui perpétrèrent un meurtre sous l’influence de l’alcool et du racisme.

Avec les guerres, la SNCF connaîtra bien des avatars et des heures sombres. Ainsi le 1er septembre 1944, alors que les Américains ont débarqué depuis près de trois mois sur les plages de la Normandie, que Paris a été libéré, un train « accueille » les prisonniers de la maison centrale de Loos, qui est surchargée de prisonniers, principalement des résistants. Ce sera le dernier convoi quittant la France avec à bord, des voyageurs malgré eux, entassés dans des wagons ayant servis à des transports de marchandises, charbon ou chaux, direction la Belgique puis l’Allemagne. Il sera surnommé le train de la Malchance.

Autre convoi qui subira un sort funeste, le train 612 qui doit relier la gare de Bassano en Vénétie italienne et la France. Le 12 décembre 1917, le train transportant des permissionnaires passe sous le tunnel du Mont Cenis et s’arrête à Modane. Les pioupious s’égaient dans les cafés environnant la gare et après force libations s’apprêtent à remonter dans les voitures. Seulement le mécanicien du train, un militaire, refuse de repartir. Les freins sont défectueux et risquent de lâcher à tout moment lors de la longue et périlleuse descente qui se profile. Mais un soldat, c’est avant tout un soldat, et il doit obéir aux ordres provenant de ses supérieurs, même si cela va à l’encontre du bon sens. Heureusement l’histoire retiendra aussi les bons souvenirs, ainsi le fameux wagon dans lequel fut signé l’armistice le 11 novembre 1918.

Le 8 mai 1842, la compagnie ferroviaire enregistrera sa première catastrophe sur la ligne Paris Saint-Germain-en-Laye. Parmi les victimes, Dumont d’Urville, le célèbre navigateur ! Ce train n’arrivera jamais à destination à cause d’un enchainement de circonstances malheureuse. La locomotive affectée pour le voyage tombe en panne dès sa sortie de l’atelier. Aussitôt une loco de rechange est prévue, mais elle a déjà effectuée un grand nombre de rotations, et les cheminots n’ont guère confiance en elle. De plus des pièces devaient être changées mais elles sont retenues en douane, la compagnie étant dans l’impossibilité de payer les frais, et pire, suite à une injonction du préfet de police qui voulait empêcher les voyageurs de descendre des wagons et se balader sur les voies, la solution trouvée fut de boucler de l’extérieur les portières !

Bien d’autres incidents sont narrés, et les attaques de la diligence, pardon, du cheval de fer à vapeur, ne manquèrent pas. Les bandits du rail furent légion, les hold-up aussi, mais je vous laisse les découvrir dans cet excellent ouvrage qui devrait vous faire passer le temps, si vous prenez le train pour rejoindre votre villégiature estivale ou tout simplement votre demeure familiale le soir après une longue et harassante journée de labeur.

On déplorera tout juste quelques coquilles dans des datations. Par exemple L’énigme de la Porte de Charenton, une affaire qui s’apparente à un meurtre en chambre close, se déroule en 1937. Un homme revendique l’assassinat d’une jeune femme mais il est signalé qu’il est né en 1925. Un peu jeune non ? Dans Le 612 ne répond plus, une stèle dédiée aux victimes est érigée en décembre 1996, soit près de quatre-vingts ans après le drame qui eut lieu en 1917. Quatre-vingts et non cinquante comme il est écrit, en chiffres je le précise, d’où peut-être la confusion lors de l’impression.

A noter que chaque histoire est précédée d’une illustration, extraite de sources diverses et notamment Le Petit Journal Illustré.

Vous pouvez retrouver mon entretien avec Patrick Eris ici

Patrick ERIS : Histoires vraies sur les rails. Collection Et soudain… Le Papillon Rouge éditeur. 288 pages. 20,50€.

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commentaires

Z
Belle chronique
Répondre
O
<br /> <br /> Merci Zazy et à bientôt<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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