Le quartier de la Blancarde, sis à environ deux kilomètres de Marseille, est un hameau paisible, séparé de la grande ville par la ligne du chemin de fer de Toulon, et de vergers, de prairies et de jardins. Jusqu’en ce jour du 16 décembre 1891, où un crime affreux est découvert. Madame Magnan, une riche veuve octogénaire a été assassinée.
Les soupçons se portent immédiatement sur le fils adoptif, Louis Coulon, un homme dépensier, criblé de dettes de jeu. “ On ” l’aurait aperçu franchissant le mur séparant son jardin de celui de la rentière défunte. A ses dires, il rendait visite à Adèle Cayol, la petite bonne de quinze ans, qui lui prodiguait des gâteries. Elle aussi est suspectée un temps. Mais le faisceau de preuves et les divers témoignages désignent comme seul coupable Coulon.
Raoul Signoret, jeune journaliste au Petit Provençal, a suivi l’enquête dès le début, à la faveur de ses relations privilégiées, son oncle étant sous-chef de la sûreté de Marseille. Et s’il était mieux renseigné que ses confrères, c’est aussi un peu grâce à son sens de l’observation, sa faculté d’écouter et de faire parler les témoins, de son opiniâtreté et de son charisme. Pendant le procès, Coulon se défend mal, tergiverse, et la sanction est implacable : il est condamné au bagne.
Le temps passe mais Eugène Baruteau, l’oncle de Raoul, n’est guère satisfait du dénouement de cette affaire. Quant à Raoul, il a d’autres chats à fouetter, expression triviale qui veut dire qu’il a des démêlés avec les parents, du moins le père, de Cécile, celle qu’il aime et dont les sentiments sont partagés. L’affaire qui semblait enterrée connaîtra à nouveau les feux de la justice, et des médias, lorsque, par hasard, Raoul trouvera sur son chemin Adèle, dans une rue dédiée aux activités lucratives des plaisirs de la chair.
Les rebondissements, les retournements de situations, les dénégations de l’accusé principal, les nouveaux aveux d’Adèle, les différents procès, un épilogue à double facette, à double tranchant pourrait-on dire si la guillotine eut été préférée au bagne, font de ce roman une lecture plus qu’agréable. Car Jean Contrucci ne se contente pas de narrer une affaire dont il a puisé la trame dans un fait-divers réel, auquel il apporte sa vision, et sa solution, mais également il nous prouve que la société, quoiqu’on puisse croire, n’a guère évoluée. Ne serait-ce pour preuve que la dénonciation du sort des prostituées, du rôle de la justice ou encore des conditions de travail des infirmières qui sont décriées par des personnages dont les prises de position sont rétrogrades ou manquant d’humanisme.
Premier volet des aventures de Raoul Signoret mais également de ses amours avec Cécile, un heureux mélange qui ne manque pas de piquant et parfois d’humour.