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27 septembre 2013 5 27 /09 /septembre /2013 09:03

En voyant les policiers, les SDF n'avaient qu'un seul mot d'ordre : Tous aux abris !

 

bone.jpg

Dans les quartiers pauvres de New-York, Manhattan, Le Bronx, Bowery, sévit un tueur qui systématiquement s'attaque aux sans-abris, aux déshérités. Il les décapite, ne laissant sur les lieux de son crime que le corps. Le tueur disparait avec la tête de ses victimes, macabre trophée.

La plupart de ceux qui trouvent refuge sous des cartons, sous des porches d'immeubles, sur des bancs publics, dans des abris-bus, sont réduits à l'état de loques humaines à cause de la drogue, de l'alcoolisme, du chômage, de la maladie, de l'adversité.

Parmi eux, Bone, un sans-abri un peu spécial. Miséreux mais propre, il déambule dans les rues depuis un an, un os fossilisé à la main. Amnésique, il a même perdu l'usage de la parole. Jusqu'au jour où, miraculeusement ou à la suite d'un choc, après quarante-huit heures passées accroupi dans la boue, sous la pluie de Central Park, il recouvre la possibilité de parler.

Recueilli par Ann Winchell et Barry Prindle qui travaillent pour la Human Resources Adminsitration, une association caritative, il est soupçonné par la police, en particulier par le lieutenant Perry Lightning, d'avoir assassiné vingt-huit clochards. Il portait au cou une médaille appartenant à la dernière victime et ses mains, les manches de sa veste étaient poisseuses de sang.

Ali Hakim, un psychiatre d'origine pakistanaise, tente bien de l'interroger, mais Bone ne se souvient de rien. Il se sent dans la peau d'un inconnu. Seuls quelques brèves flashs fugitifs lui traversent l'esprit, mais il ne parvient pas à les associer à quelque chose de concret. Qui est-il ? Il n'en sait rien. Coupable, il veut bien se rendre à la justice, mais tout d'abord il veut en avoir la preuve matérielle. Il faut démontrer sa participation aux meurtres ou découvrir qui est à l'origine de ces massacres. Surtout il veut savoir qui il est et comment il est parvenu à cet état de déchéance.

Une bande de jeunes voyous commandée par un albinos nommé Lobo le traquent. Bone replonge dans l'enfer de la rue. Hébergé dans un centre pour sans-abri, une espèce de refuge camp de concentration, il est en butte aux exactions des gardiens. Il erre dans les rues à la recherche de son passé, de son identité, du moindre indice qui lui permettra de subir un choc capable de le faire renouer avec ses antécédents. S'il trouve des amis disposé dans cette quête, il trouve également sur son chemin des personnages qui s'acharnent à le voir plonger un peu plus dans l'horreur. Comme s'il était particulièrement visé, comme s'il détenait un secret préjudiciable à une tierce personne.

Le thème du personnage amnésique qui doit se défendre bec et ongles contre des accusations de meurtres, qui doit prouver son innocence, ce thème a été souvent exploité dans le roman noir, dans le roman policier. Pourtant George C. Chesbro avec Bone renouvelle le genre, le transcende presque, y apportant la touche de sensibilité, l'humanisme nécessaire à faire comprendre le désarroi d'un homme atteint d'amnésie et perdu dans une ville hostile.

George C. Chesbro va plus loin en entraînant son lecteur dans le dédale des quartiers mal famés de New-York, mais également dans, ce qui est à ma connaissance une première, les souterrains de la métropole, les galeries, les catacombes. Une ville dans la ville, creusée parfois depuis des centaines d'années et inconnue du grand public. Un monde souterrain d'où devrait jaillir paradoxalement la lumière.

Mais Bone c'est également un cri de désespoir, un réquisitoire. Ainsi un personnage s'exprime en ces mots violents : Vous êtes libre ici, mais ça signifie également que vous êtes libre de dégringoler, d'avoir faim, d'être malade, de perdre votre toit. Bien sûr on ne vous laissera pas mourir. Mais dans ce pays, quand vous perdez, vous perdez pour de bon. On vous donne juste de quoi survivre, et en échange on vous vole votre amour-propre. Cette société ne vous laisse pas mourir, elle vous en donne envie. L'Amérique est un endroit terrible, vraiment terrible, si vous glissez du barreau de l'échelle, ou si vous n'avez jamais réussi à trouver l'échelle.

Réflexion désabusée qui malheureusement ne s'applique pas aux seul Etats-Unis.


George C. CHESBRO : Bone (traduction Jean Esch). Première édition Rivage/Thriller 1991. Réédition Collection Rivages/Noir N° 164. Editions Rivages. 464 pages. 9,65€. Réimpression Juillet 2013.

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commentaires

S
Excellent polar à mon avis également. Lu (et apprécié!) il y a fort longtemps, il m'avait fait découvrir la série Mongo (dont il ne fait pas partie) puisque j'avais voulu continuer un peu avec cet auteur. Mongo, excellent aussi, mais pas exactement dans le même esprit.
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S
Oups! Erreur de case . Désolée<br /> Pour notre plus grand plaisir ;-)<br /> était en réponse à l'Oncle Paul
O
Le seul que j'ai lu de Chesbro, mais je ne désespère pas découvrir un autre pan de son œuvre... Mais pour l'instant je me consacre à la lecture de romans plus anciens...
L
Il me semble avoir déjà lu un roman qui se passe dans les souterrains de New York, ça ne m'a pas marqué sauf ce souvenir. Ce n'était certainement pas un chef d’œuvre.<br /> Le Papou
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S
Pour notre plus grand plaisir ;-)
O
<br /> <br /> Moi aussi Papou, mais je ne m'en souviens plus non plus. Mais c'était après avoir lu Bone. Peut-être un Lawrence Sanders ou Andrew Wachss<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
P
Salut Paul, je crois qu'ils ont été publiés dans le désordre. J'ai suivi l'ordre de publication chez Rivages qui comportait une évolution logique des personnages. J'ai commencé par Une affaire de<br /> sorcier, Les bêtes du Walhalla, Les cantiques de l'archange, l'odeur froide de la pierre sacrée, puis le second cavalier de l'apocalypse. Quoi? ça en fait 5 ? quand on aime on ne compte pas ! je<br /> les ai tous lus, alors ! Amitiés
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O
<br /> <br /> Bonjour Pierre<br /> <br /> <br /> Afin de savoir dans quel ordre les lire il faut regarder les dates de copyright c'est à dire de parution en langue d'origine. Mais parfois l'auteur, voyant le succès du personnage n'hésite pas à<br /> écrire des romans mettant son personnage dans des situations qui  précédent la parution du premier roman.<br /> <br /> <br /> Je vais si à la lecture de Mongo je ris. In the summertime...<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
P
Salut Paul, si je me rappelle bien, j'avais déjà lu ta chronique, excellente, sur cet excellent bouquin. Et j'adore aussi les aventures de Mongo le Magnifique, surtout les 4 premiers tomes, car<br /> après ça devient moins bien. Chesbro est un auteur qui nous a quitté trop tôt ! Amitiés
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O
<br /> <br /> Bonjour Pierre<br /> <br /> <br /> Non, c'est la première fois que je la publie, j'ai vérifié.  Peut-être un ouvrage similaire, il en parait tellement ! Et c'est le seul Chesbro que j'ai lu. Donc je prends note des 4 premiers<br /> tomes de Mongo, mais ont-ils été publiés dans l'ordre de parution initial ?<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
A
Une collection un peu trop noire pour moi.
Répondre
O
<br /> <br /> J'estime en effet à 80% la noirceur. Mais quelques auteurs jouent plutôt sur l'humour comme Stuart Kaminsky.<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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