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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 17:58

Pourriez-vous vous présenter, me fournir une biographie ?

Je suis un apprenti écrivain entré, comme beaucoup d’autres, comme étudiantphoto-michel.jpg à l’université… et qui pour ne jamais la quitter, est devenu professeur d’université… Les lectures et écritures académiques ont longtemps éclipsé l’écrivain qui sommeillait en moi (manque de temps, manque de disponibilité d’esprit pour aller au-delà d’un scénario ou d’une nouvelle), jusqu’au moment où le virus de l’écriture romanesque ne refasse surface… Désormais, je tente de concilier la direction d’une équipe CNRS d’une centaine de personnes et la production presque annuelle d’un roman… ce qui, croyez-moi, n’est pas toujours simple…

Vos précédents romans, édités chez PTC ou aux éditions des Falaises, sont-ils toujours disponibles et envisagez-vous une réédition en collection de poche, Pocket par exemple ?

Tous mes précédents romans, Code Lupin, Mourir sur Seine, Sang Famille, Omaha Crimes, sont encore disponibles à peu près partout à condition de chercher un peu ou fond d’une librairie ou sur le net… Les voir édités en poche serait pour moi une vraie reconnaissance, bien entendu… Cela a failli être le cas pour Omaha Crimes (chez Pocket) ou pour Code Lupin… Avis aux éditeurs…

La Normandie est le lieu privilégié dans lequel vous placez vos intrigues. Pensez-vous vous évader un jour et visiter d’autres régions ?

La réponse est claire, oui ! Même si je suis loin d’avoir épuisé les lieux normands emblématiques, secrets ou intimes, et si mon lectorat m’attend en partie sur ce terrain, j’ai déjà deux manuscrits bien avancés beaucoup plus éloignés de la Normandie. Cela dit, pour des lecteurs pas très calés en géographie, je peux faire passer mes polars de Normandie, terre de vikings, pour des polars scandinaves... Ce qui est plutôt vendeur en ce moment… Disons que je fais du régionalisme scandinave méridional.

Pourriez-vous nous parler de Code Lupin et de Mourir sur Seine ?

Code lupin est à la fois un court roman, un jeu de pistes en Seine-Maritime dans les pas codelupin1.jpgd’Arsène Lupin, une biographie de Maurice Leblanc. Le pitch est simple : postuler que Maurice Leblanc a dissimulé un code dans les aventures d’Arsène Lupin… Le couple de héros de Code Lupin dispose d’une journée pour découvrir la clé d’énigme, en visitant l’intégralité des lieux lupiniens… Je me suis amusé comme un fou à tout inventer, mais les coïncidences pourraient presque laisser croire que tout est véridique et qu’un trésor dort, pour de vrai, dans les falaises du pays de Caux… Tiré d’abord à 500 exemplaires, Code Lupin s’est vendu jusqu’à maintenant à près de 7000 exemplaires après 7 ou 8 rééditions…

mourir-sur-seine.jpgMourir sur seine est une enquête plus classique… Pendant l’armada de Rouen, le festival de vieux gréements qui rassemble 10 millions de visiteurs sur les quais de Seine, un marin, puis un deuxième, puis un troisième, sont assassinés… panique à bâbord… Une jolie journaliste et un commissaire débordé doivent démasquer le tueur dans la foule avant que les voiliers ne reprennent le large… La sage ville de Rouen, déjà toute chamboulée par le grand carnaval de l’armada, en devient folle !

Dans Omaha Crimes hier et aujourd’hui se mélangent habilement. D’où vous est venue l’idée ?

L’idée est venue du livre de Sébastien Japrisot, Un long dimanche de fiançailles. J’ai eu envie de transposer l’univers des tranchées de l’est de la France à celle des plages du débarquement en Normandie. Il y avait là une sorte d’évidence ! Ensuite, jouer sur le temps qui passe s’imposait. Ce qui m’intéressait était de faire vieillir ces adolescents, rangers américains ou filles normandes, qui se trouvèrent sur ce petit coin de Normandie le jour où l’histoire du monde bascula…  Comment vivre avec ce souvenir, ce traumatisme, cette émotion, de part et d’autre de l’Atlantique. J’avais également envie de faire vieillir les lieux, les villages reconstruits sans églises, les plages bombardées qui redeviennent au fil du temps des plages tout court… avec leurs touristes de toutes les nationalités qui viennent se faire bronzer sur ces plages, sous les vestiges de blockhaus. J’aime bien les histoires où la mémoire des lieux colle aux bottes des héros…

Omaha, ou tout autre lieu de débarquement, peut-il vous inspirer pour d’autres intrigues ?

Je ne sais pas… je n’aime pas trop revenir plusieurs fois dans les mêmes lieux, de peur omaha1.jpgde me répéter je crois. Dans mes derniers romans, je me suis immergé dans des lieux très différents, dont Veules-les-roses, le plus joli village de la cote normande, ou Giverny pour Nymphéas noirs. C’est à chaque fois l’occasion d’une immersion nouvelle. J’apprends beaucoup, mais chaque roman est l’occasion d’une autre découverte, d’une autre atmosphère à respirer, à capturer… Bref, d’un nouveau voyage… je suis plus « papillon voyageur » que « résidence secondaire » !

Dans Sang Famille, dont le titre est un hommage à Hector Malot, le décor est celui d’une petite ile anglo-normande nommée Mornesey. Imaginaire ou un mélange de Guernesey, Aurigny, Sercq… ?

Disons, pour être plus précis, un mélange de Chausey, de Serq, de l’ile de Ré et de Jersey. sangfamille.jpgChausey pour les couleurs et les marées qui modifient chaque heure les paysages. Serq parce que c’est la plus étonnante des iles anglo-normandes, avec son port de poupée, ses criques et plages inaccessibles. L’ile de Ré parce que c’est le seul endroit que je connaisse où une prison, dans la citadelle de Saint-Martin, jouxte un lieu bondé de touristes. Le contraste est saisissant entre les pistes cyclables et les barbelés ! Jersey enfin pour la révélation finale, la Folie-Mazarin, mais sur ce point, chut… Enfin, j’ajouterai un ou deux rochers de Sarek, en hommage à l’Ile aux trente cercueils de Maurice Leblanc.

2010 était l’année de l’impressionnisme. Sujet idéal que vous avez exploité dans Nymphéas Noirs. Etes-vous un passionné de peinture ? Vous avez effectué des repérages à Giverny ? Et ailleurs ?

Petit, du moins jeune, j’aimais beaucoup peintre et dessiner, mais le goût pour l’écriture a pris rapidement le dessus. Je ne suis pas forcément un passionné de peinture mais pour mon histoire, j’avais besoin de mettre en scène une fillette qui disposait d’un talent particulier, viscéral, mais que son entourage familial et amical s’évertuait à dénigrer, à ne considérer que comme une lubie… La peinture m’a semblé le talent le plus universel à décrire, mais cela aurait pu être la danse ou la comédie. Ensuite, la passion de la peinture imposait de poser mon histoire dans un village particulier, et Giverny s’est imposé ! J’ai effectivement eu recours à beaucoup de repérages sur place et dans les environs. C’est d’ailleurs un des moments les plus agréables de la préparation d’un roman : se promener dans un lieu appareil photo et carnet de notes à la main, peupler par la pensée ce lieu de personnages fictifs, utiliser le décor pour faire progresser l’aventure, traquer le détail insolite, et surtout, se dire que les fantômes auxquels vous donnez vie vont hanter longtemps les lieux, au moins dans le regard des lecteurs qui ne les verront plus ensuite tout à fait de la même façon…

Dans vos romans il me semble que vous utilisez un sujet récurrent : l’imbrication entre passé et présent. Un moyen de consolider vos intrigues ?

C’est vrai que dans tous mes romans, il est presque toujours question de destin, de vie qui bascule, de mémoire et de vengeance, de secrets enfouis qui ressurgissent… Je crois que tous les auteurs ont leurs obsessions : moi c’est la relation passé-présent-futur. Du point de vue technique, cela permet de construire des intrigues tordues, des filets d’araignées compliqués qui prennent le lecteur au piège. Cela permet aussi, je crois, d’éviter d’avoir des personnages trop monolithiques, genres tueurs en série nés monstrueux, et qui le restent jusqu'à ce qu’un flic les abatte dans un bain d’hémoglobine. Je préfère les « méchants » pour qui la frontière entre le bien et le mal dérape à cause d’un grain de sable.

Vous n’utilisez jamais un personnage récurrent. Pourquoi ?

Maline Abruzze, l’héroïne de Mourir sur Seine, a été créée pour revenir dans d’autres aventures. Mais je suis un père indigne et elle continue de dormir dans le placard…

Disons que j’ai au moins l’avantage (pour l’instant ?), de ne pas vivre de mon écriture ; du coup, me « coltiner » un personnage récurrent m’ennuie un peu. Mais surtout, j’aime que lorsqu’un lecteur découvre un de mes romans, il soit dans une position où tout peut arriver : chaque personnage peut mentir, mourir, une trappe peut s’ouvrir à chaque page ; une sorte de voyage dans l’inconnu, sans balises. A l’inverse, le personnage récurrent vous oblige à passer par des codes et limite le champ des possibles : le héros n’est pas coupable, ne peut pas mourir… Certains auteurs policiers ont créé des personnages récurrents, mais parviennent de temps en temps à s’en extraire. Pour ma part, je trouve plus fascinants et inventifs les romans d’Agatha Christie sans Poirot (10 petits nègres ou La souricière) ; même chose pour les Harlan Coben sans Bolitar.

Mais promis, je ressuscite Maline aussitôt que j’ai le temps ou que je vends assez de livre pour en vivre …

Votre prochain roman est-il en gestation, en cours d’écriture ou presqu’achevé ?

Oui, il est presque achevé… En phase d’ultime relecture, disons… Il aura un pied en Normandie et un pied autre part… histoire de sortir doucement de ma région. Puisqu’on en a parlé, j’y pousse plus encore le lien passé-présent. Tout est même basé sur ce principe. Le pitch ? Un accident d’Airbus au début des années 80. Un seul survivant parmi les deux cents passagers, un bébé de trois mois éjecté de l’avion… sauf que la liste des passagers révèle que deux bébés se trouvaient à bord de l’avion. Deux familles vont alors se battre pour découvrir l’identité de la jeune survivante… Pile ou face. L’identité que le juge va choisir sera-t-elle la bonne ? Quelles en seront les conséquences, 18 ans plus tard ?

Merci infiniment et j’incite les lecteurs, en attendant, de découvrir Nymphéas Noirs.

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