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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 13:46

 

Cet entretien a été réalisé en janvier 1986, dans le cadre d’une émission sur le roman policier, émission diffusée sur les antennes d’une radio associative, entretien réalisé sur cassette audio. J’ai donc essayé de reproduire fidèlement les réponses de Jean Mazarin, avec les petits défauts inhérents à ce genre d’exercice, comme si cette interview s’était déroulée en direct.

 mazarinbis

 


A l’occasion de la sortie du dixième volume de la série consacrée à Frankie Pat Puntacavallo, mon détective préféré, j’aimerai faire un peu mieux connaissance avec vous. Pourriez-vous vous présenter ?

Se présenter, se présenter… C’est toujours délicat de se présenter soi-même parce qu’on peut dire on est grand, beau, intelligent, le meilleur… On peut aussi dire, c’est ce que je vais faire, on est moyen, de sexe masculin, que j’ai en gros la cinquantaine, que je suis marié, que j’ai deux enfants, que je vis dans une proche banlieue parisienne, que j’ai comme particularité d’écrire. C'est-à-dire d’écrire, tout le monde écrit bien sûr, mais de ne faire que ça, c'est-à-dire être un professionnel de l’écriture. Chaque matin, au lieu d’être au bureau, à l’usine, je ne sais pas où… Mon travail consiste à écrire. Voilà en gros ce que je peux dire.

 

Vous avez débuté dans la vie littéraire d’une façon peu banale. Pouvez-vous nous expliquer comment ?

Votre question me fait un peu rire parce qu’elle apporte plusieurs réponses. La première, je pourrais dire que j’ai débuté dans la vie littéraire en écrivant. Ce qui peut paraître quelque chose d’absolument normal mais qui ne l’est pas parce que tous les écrivains ne débutent pas en écrivant. On peut débuter et souvent c’est meilleur en faisant tout autre chose que d’écrire. Enfin, bon… Je vois où vous voulez en venir. C’est-à-dire j’avais déjà écrit lorsque j’étais plus jeune quelques petites nouvelles, de science-fiction généralement, plus que des nouvelles policières, et c’est en… Cela ne nous rajeunit pas tout ça… C’était au début de la crise, enfin ce que l’on appelait la crise, que j’ai eu disons l’occasion de passer d’une écriture d’amateur comme tout le monde doit écrire un petit peu des nouvelles, un petit roman, à une écriture professionnelle, et que j’ai décidé de ne faire que ça. Et l’occasion m’a été donnée par l’ANPE. Je venais d’être licencié de ma boîte, à l’époque on touchait quatre-vingt-dix pour cent de son salaire pendant un an et je me suis dit je vais en profiter. Comme j’ai un an devant moi sans problème matériel si j’en profitais de sauter le pas, c’est-à-dire de passer de petites nouvelles à un roman, puis de le faire tous les jours, et un autre, et un autre et un autre. C’est-à-dire de ne faire que ça puisque c’était ce que j’avais envie de faire. Donc en quelque sorte c’est le chômage qui m’a permis de réaliser le rêve de ma vie. Et j’espère qu’il en est de même pour d’autres chômeurs.

 

Vous écrivez aussi bien des romans d’espionnage, de science-fiction que des romans policiers. Ce soir nous en resterons au domaine du roman policier. Dans le roman policier vous maniez aussi bien l’humour, dans la série de Frankie Pat Puntacavallo que le roman noir comme dans Gangrène, paru sous le pseudo d’Emmanuel Errer. Dans lequel de ces genres vous sentez-vous le plus à l’aise ?

mazarin1-copie-1.jpgEn effet, comme vous venez de le signaler, je fais aussi des romans de science-fiction qui sont généralement des romans policiers travestis dans un futur assez proche, et des romans d’espionnage ou dit d’espionnage, mais je n’en ai pas fait beaucoup. J’aime bien, j’aime beaucoup, j’appellerais ça plutôt de la politique fiction. J’aime beaucoup mais enfin ce n’est pas ma tasse de thé. J’en fais un de temps en temps, disons un tous les deux ans… Enfin, on en reste au roman policier et comme vous venez de le dire, je fais en effet des romans policiers amusants, légers, tout au moins j’espère qu’ils sont amusants, seuls les lecteurs pourraient vous le dire. Moi, ça m’amuse, ça ne veut pas dire que le lecteur s’amuse en les lisant. Et des romans en effet très noirs, vous venez de citer Gangrène, qui est publié sous un autre pseudonyme, celui d’Emmanuel Errer à la Série Noire. Je ne crois pas que je suis plus à l’aise dans un genre que dans l’autre. Je crois que c’est quasiment une nécessité, enfin tout au moins pour moi, car je crois qu’il y a des auteurs qui ne font qu’un seul genre. Moi, j’en connais qui ne font que des romans noirs, très noirs ou très très très noirs. D’ailleurs la plupart ne font que des romans noirs, ou des romans policiers noirs. C’est le roman comique qu’on ne fait pas beaucoup. Moi, c’est plus fort que moi, faut que j’en fasse un, d’abord pour me détendre… Après avoir fait un roman noir, un roman où l’on se marre. Et puis je crois qu’il faut rire un peu. Si l’on est toujours dans le noir, où là là, on se flingue. Et puis finalement, peut-être qu’en faisant rire, dans un truc qui parait plutôt futile, on peut peut-être dire plus de choses que dans le romans noir, un roman sérieux, un roman accrocheur… un roman comique, on peut en envoyer plus de temps en temps. Et comme j’aime bien ça, je me sens assez bien aussi, dans le roman comique. Il faut une alternance, c'est-à-dire que je ne pourrais pas faire que des Puntacavello puisqu’il s’agit de lui en tant que roman comique, ni des romans comme Gangrène. D’abord les Puntacavallo, j’en fais, je ne dirai pas de moins en moins, par exemple l’année dernière j’en ai fait qu’un. Je pense qu’un ou deux par an, c’est bien parce que ça m’éclaircit un peu et des romans noir, ou noirs noirs, un ou deux aussi.

 

Vous avez débuté à la Série Noire puis vous avez migré au Fleuve Noir. Pourquoi ?

C’est exact. Le premier roman que j’ai publié, c’était en 73 ou en 74, c’était à la Série Noire, ça s’appelait Descente en torche. Alors vous me demandez pourquoi j’ai migré au Fleuve Noir... D’abord il n’y a qu’une partie de moi qui a migré au Fleuve Noir, d’ailleurs on parlait tout à l’heure de Gangrène, Gangrène est paru l’année dernière à la Série Noire. Ce qui fait que je continue à donner des manuscrits à la Série Noire, moins qu’au Fleuve Noir, d’abord parce que la Série Noire ne fait que du policier tandis qu’au Fleuve Noir, comme on le disait tout à l’heure, il y a plusieurs séries. Disons qu’il y a un éventail et l’on peut s’exprimer dans un éventail de genres plus vaste qu’à la Série Noire. Ensuite parce que, comme je le disais tout à fait au début de notre entretien, je suis un professionnel. Un professionnel qui ne fait que de l’écriture de romans. C’est-à-dire que je ne suis pas un journaliste qui fait ça en plus… Je ne fais pas de scénarios à la télé, ni au cinéma, je fais du roman. Du roman populaire, des polars, etc. Or la Série Noire ne peut pas me prendre toute ma production, vu qu’ils n’en publient que quatre par mois, onze mois par an, et que sur les quatre il y a au moins deux anglo-saxons, si ce n’est trois, et puis il y a quand même les confrères. Tout le monde doit pouvoir se faire publier, donc, et à la limite, s’il y a d’autres éditeurs de romans policiers… je pense que j’essaierai de publier chez d’autres éditeurs, mais actuellement il faut voir ce qui est, il y a la Série Noire et le Fleuve Noir. Bon, il y a Le Masque, mais là je ne me sentirai pas du tout à l’aise et ensuite il y a d’autres séries, mais enfin on ne peut pas faire des publications très vite, très régulières dans ces autres séries, parce que c’est du coup à coup ou alors elles apparaissent en janvier et disparaissent au mois de mai, pour réapparaitre six mois après. Ils sont bien, ils sont bien, j’aimerai bien… Ce serait presque pour moi un luxe de publier un livre dans ces séries à éclipse… Il me faut, en temps que pro, il me faut un appui solide or les deux seuls appuis solides qui existent actuellement sur le marché c’est la Série Noire et le Fleuve Noir.

 

Pensez-vous qu’un auteur de romans policiers doit utiliser ses livres pour faire passer ses idées politiques ou autres, ou se contenter de relater des faits en restant neutre ?

Oui en effet… C’est ce qu’on pourrait appeler la question piège ou la question, excusez-moi de le dire, la question bateau parce que tous les journalistes posent ce genre de questions, euh… Et alors là, pour y répondre, est-ce qu’on fait passer ses idées politiques ou ses autres idées… Moi, voilà, je crois que lorsqu’on écrit, on doit faire passer ce que l’on ressent. Mais alors, ce qu’il faut différencier, ce sont ceux qui le font passer, parce qu’ils veulent le faire passer, et ceux qui le font passer inconsciemment. Moi je pense que je fais partie de la seconde moitié, de la seconde catégorie. Il est certain que malgré moi je dois écrire des choses parce que je les ressens, parce que devant tel problème, telle situation, je suis comme ça. Mais disons que n’importe quel roman policier, n’importe quel roman noir, c’est avant tout une intrigue, c’est une action, c’est une histoire. Il faut que le lecteur s’emmerde pas parce que s’il faut faire un abécédaire politique, le lecteur n’en a rien à foutre, il y en a tellement à la télé, dans les journaux, partout. Alors acheter un polar en plus pour voir ça, voir les malheurs dans les journaux, dans un hlm, bon en effet ça peut être un très bon thème, mais il faut quand même une histoire. Parce que s’il n’y pas une histoire le type va s’emmerder en lisant le bouquin. Par contre en effet on peut faire passer des idées. Et je pense que dans les miens y en a mais je crois que c’est inconscient.

 

Comment travaillez-vous, c’est-à-dire avez-vous un emploi du temps bien précis ?

Comment je travaille ? Un emploi du temps précis c’est peut-être beaucoup dire. Mais disons que je m’efforce dans la mesure du possible de me mettre tous les matins devant la machine à écrire, ou devant le manuscrit que je corrige, que je m’efforce d’être à la même heure, c’est-à-dire disons vers neuf heures, hop je dis je commence à bosser. A bosser, ça ne veut pas dire que je bosse tous les jours, parce que y a des jours où on a envie, d’autres jours on a moins envie, mais je m’efforce, sauf si je suis à l’extérieur, si je ne suis pas là ou en vacances, mais je m’efforce disons la plupart des jours, disons neuf jours sur dix, le matin je me mets devant ma table et je me dis allez on commence à bosser.

 

Etablissez-vous un plan bien défini ou bien écrivez-vous au gré de l’inspiration, au fil des pages ?

Un plan défini peut-être pas parce que… J’ai essayé, j’ai essayé de faire des plans mais alors ce qu’il se passe, c’est que une fois que j’ai fait le plan, d’abord ça prend beaucoup de temps et ensuite quand j’écris, c'est-à-dire quand je fais le remplissage, ou alors ça ne m’intéresse plus, ou je change en cours d’histoire et je ne suis pas mon plan. Et je me dis finalement, ce n’est pas la peine de faire un plan. Ce que je fais c’est que généralement, je connais donc la fin, je sais comment ça va finir… Disons que le déclic est soit je me dis cette histoire est bien, j’aimerai qu’elle finisse comme ça… Disons j’ai une idée, j’ai des personnages, d’une atmosphère, ou d’une époque dans laquelle je voudrais que ça se passe, ou du lieu, mais sans truc extrêmement précis… Ce n’est pas une bonne méthode de travail parce que souvent, dans ce genre de récit il faut quand même que ce soit logique… Que quand on arrive à la fin on se dit tiens, j’arrive à la fin mais ce que j’avais écrit avant ne corresponds plus avec la fin alors il faut reprendre ce que j’ai fait avant, pour l’arranger, pour que ça concorde. Alors c’est pas logique mais je ne pourrais pas travailler autrement.

 

Recherchez-vous les faits divers dans les journaux pour vos intrigues ?

Non ! Les faits-divers ne m’intéressent pas, je ne les lis même pas dans les journaux. Tous les matins je lis deux ou trois quotidiens, mais ça m’intéresse pas… Vraiment, bon peut-être que ce que j’écris ce sont des faits divers, mais des faits-divers imaginés, ou alors, bon, il faut vraiment que ce soit une belle affaire, quoi, un truc dans lequel il y a pas eu de solutions… Là où il y a solution, ça ne présente aucun intérêt.

 

Etes-mazarin3.jpgvous plus sensible aux critiques spécialisées depuis l’obtention du Grand Prix de Littérature Policière en 1983 pour Collabo-song paru en Spécial Police ?

Non, ça n’a pas changé du tout ma vie d’écrivain, comme vous me le demandez… Alors est-ce que je suis sensible aux critiques, je ne pense pas, non… Mais j’aime bien les critiques, quoi que vous savez dans le genre polar on ne peut pas dire qu’on soit assailli par les critiques vu que la plupart des quotidiens… de temps en temps, une fois par semaine, une fois par mois, il y de petites nodules bien réservées polars, ou dans ce que l’on appelle les news… Bon y a un petit truc… Je ne parle pas de la télé où il vaut mieux avoir le sida que d’écrire un polar… Alors il est certain que… enfin c’est-à-dire que la critique, tout au moins dans ce genre de littérature, il faut la voir de deux façons. Un, si on veut la voir d’un aspect matériel, c’est-à-dire que quand vous avez une très bonne critique vous n’en vendrez pas un en plus, et si vous avez une très mauvaise critique vous n’en vendrez pas un en moins. C’est totalement différent, il n’y a pas de relation de cause à effet. La critique est morte au point de vue matériel. Par contre je pense que pour l’auteur, enfin c’est toujours pour moi, j’aime bien lire sur un journal, ou sur une coupure de presse que m’envoient les éditeurs ensuite, que je ne suis pas mauvais, que ce que j’écris n’est pas complètement idiot, c’est pas mal, ça fait plaisir et c’est comme ça que je continue à en faire. Disons que la bonne critique, la critique toute simple, car généralement dans le genre polar, il n’y a pas, il y a très peu de mauvaise critique, ou alors c’est parce qu’il y a un gars qui en veut particulièrement à un autre, et comme il a l’occasion de le dire, de l’écrire, ou de le clamer sur une radio, il le dit. Mais sinon, comme il y a très peu de critiques, les seuls critiquables peuvent être bonnes, oui c’est un roman vraiment pas mal, et ça, ça fait quand même du bien de voir que ça encourage. Et comme on n’a aucune relation avec le lecteur, de temps en temps il y a une lettre, ou un truc comme ça, mais c’est très rare, on écrit quasiment dans le vide. J’imagine aussi les gens qui à la télé parlent, ils ne voient pas ce qu’il y a en face, ils ne voient pas la réaction du lecteur ; alors la réaction du lecteur on ne peut l’avoir que par les critiques et quand on trouve une bonne critique on est content. Moi, je suis très content.

 

Nous allons abordez des personnages sympathiques, anticonformistes comme Lucien Poirel, le plus jeune commissaire de France qui démissionnera sur un coup de colère ou alors Max Bichon, journaliste décontracté. Pourquoi les avoir abandonnés et envisagez-vous de leur faire revivre de nouvelles aventures ?

Là vous me parlez de personnages en effet lointains, enfin pour moi. Poirel, je crois que j’ai fait huit ou neuf aventures de ce commissaire, c’est d’ailleurs mes premiers polars en Fleuve Noir, que j’ai abandonné. Je l’ai abandonné, pourquoi… Oui il y a quand même une raison, c’est qu’à la télé,mazarin2 il y avait à l’époque et maintenant il revient, ils repassent des trucs, ça s’appelle commissaire Moulin, et j’ai trouvé qu’il y avait... que c’était un peu la même chose. C’est-à-dire que mon personnage ressemblait au commissaire Moulin, ou le commissaire Moulin ressemblait à Poirel, enfin ça n’a aucune importance. Il me semblait, enfin quand je le voyais sur l’écran, il me semblait que c’était le mien, et c’est un peu pour ça que je l’ai arrêté. Et puis il y a une seconde raison, c’est parce que c’était un homme, un flic, qui était obligé de se plier à certaines règles de la police, et je l’ai laissé démissionner sur un coup de tête comme vous le dites, un coup de tête, c’était au huitième ou au neuvième épisode, parce que le personnage me semblait usé, qu’il ne pouvait pas aller plus loin, par contre Max Bichon, journaliste décontracté, ce n’est pas évident que je ne le reprenne pas un jour, ce n’est pas évident… Au contraire Poirel, je pense que j’en referai plus, parce que c’était une certaine ambiance, un certain type de personnage qu’il ne peut plus y avoir maintenant, par contre Bichon oui, d’ailleurs Bichon est apparu dans un roman de Puntacacallo qui s’appelai Un doigt de culture, il y a Bichon dedans, qui fait de la figuration intelligente… Oui Bichon, je le reprendrai, je peux même dire presque certainement, je ne sais pas quand mais je suis certain que je ferais encore des romans avec Max Bichon.

 

Parlant de Max Bichon, vous lui faites dire dans Halte aux crabes : Sorti de quelques polars et d’un ou deux essais de Marguerite Duras, on ne peut pas dire que je me vautre dans la littérature. Cette citation est-elle valable pour vous ?

Décidément Max Bichon vous a marqué ! En effet il dit bien dans Halte aux crabes, sorti de quelques polars… Alors est-ce que je fais la même chose, la citation est-elle valable pour moi, en gros j’avoue que je ne lis pas Marguerite Duras alors il reste les quelques polars, et est-ce que je lis beaucoup de polars… J’en commence beaucoup, oui, mais j’en fini peu. Euh… Pourquoi, parce qu’il y en a qui ne me plaisent pas, y en a que j’aime bien mais c’est pas disons un genre littéraire que j’affectionne quoi… Que j’affectionne, c’est ridicule de dire ça pour quelqu’un qui vit du polar. Je n’aime pas tellement lire du polar parce d’abord j’ai toujours peur de trouver quelqu’un qui a trouvé la même idée que moi avant et qu’il l’a mieux fait, ce qui arrive, oui… Et ensuite parce que j’ai pas le temps de lire, ensuite parce que finalement, j’ai pas ce que l’on peut appeler une culture littéraire. Paradoxe pour quelqu’un qui écrit, j’ai plutôt une culture visuelle, une culture de cinéma. Finalement ma culture c’est le cinéma, c’est l’image et que mes références sont beaucoup plus cinématographiques que littéraires. D’ailleurs… dans Puntacavallo, lui qui est moi, parce que le héros est toujours un peu l’auteur, il veut se montrer intéressant, il ne fait pas de références littéraires parce que moi-même je serai incapable parfois, il fait référence à un film, il fait référence à une vedette de cinéma, à n’importe quoi, mais toujours une référence visuelle. Et bien voilà, il est écrit, il est dit maintenant que je n’ai pas de références littéraires, même Marguerite Duras.

 

Avez-vous des contacts avec vos confrères, qu’ils soient du Fleuve Noir ou d’autres maisons d’édition ?

Des contacts, des contacts et des relations avec des confrères, oui, oui, oui et non. Je pense que j’ai dû voir, j’ai dû parler une fois avec tous les auteurs du polar français, ça c’est certain, oui tous ceux que l’on connait, je les connais, on serait dans la rue, je dirai oui celui-là, oui on a discuté une fois que ce soit au bar d’un bistrot ou dans un cocktail mondain, soit ailleurs, ensuite c’est toujours la même chose. Vous ce doit être la même chose, avec les gens avec qui vous travaillez… Oui, on connait tout le monde mais il y en a avec lesquels des liens de sympathie se créent et il y en a qui ne vous sont pas sympathiques, on n’a pas envie de parler… Il y a en avec lesquels on a des relations, des relations hasardeuses, oui parce que c’est le hasard qui fait que l’on se connait, et puis parmi ceux-là il y en a qu’on a envie de revoir, on devient copain et tout va bien. C’est ça, finalement il y en a qui sont devenus des amis, que je revois assez souvent, et l’on parle rarement de ce que l’on fait… J’ai des amis parmi mes confrères, et j’ai des amis en dehors de mes confrères et voilà…

 mazarin.jpg

Voilà l’entretien se termine ici. La suite de la cassette sur laquelle j’avais enregistré cet entretien est un peu inaudible, et donc difficile à retranscrire. Toutefois je peux dire que nous avions parlé du festival de Reims, festival au cours duquel Jean Mazarin a eu l’occasion de rencontrer Georges-Jean Arnaud, Brice Pelman, Fajardie, Demouzon, Hervé Jaouen et il était devenu ami avec certains d’entre eux. Nous avons parlé aussi de l’avenir du polar français et il déplorait la diminution des collections policières, du nombre de titres parus, mais aussi de la prolifération de collections genre Brigade mondaine, Police des mœurs, SAS et quelques autres. De ses prochaines parutions, de ses projets. Je rappelle que cet entretien date de 1986. Donc nous avons évoqués ses romans parus ou à paraitre dans la collection Anticipation du Fleuve Noir, Poupée tueuse et Poupée sanglante qui étaient des polars, et de son virage vers la collection Gore sous le nom de Nécrorian, Charles Nécrorian. Un peu pour s’amuser, pour changer d’univers et parce qu’il professait une admiration pour les films de Dario Argento.

Comme vous avez pu le constater au cours de cet entretien bien des choses ont changé dans le domaine du polar et dans la vie littéraire de Jean Mazarin puisque celui-ci a eu l’opportunité de travailler pour la télévision, pour les Navarro, Cordier juge et flic, Malone… J’ai essayé de respecter au maximum les réponses de Jean Mazarin, les temps de silence, les répétitions, bref de retranscrire comme si c’était du direct.

 

Photo N°1 : Joseph Bialot, Jacques Mondoloni, Alain Demouzon et Jean Mazarin/Emmanuel Errer/Nécrorian.

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