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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 13:46

voyeur.JPG 

Alors qu’il se restaure au Grandma’s Saloon en présence de Serena, sa nouvelle compagne, et de Maggie, sa collègue à la police criminelle, l’inspecteur Jonathan Stride, Jonny pour les intimes, croit voir entrer dans l’établissement sa femme Cindy. Proche de la cinquantaine, blonde, petite, bronzée, elle ressemble à s’y méprendre à Cindy, mais ce ne peut être elle. Cindy est décédée depuis cinq ans d’un cancer. La nouvelle venue se présente ; Tish Verdure, écrivaine spécialisée dans les guides de voyage. Mais ce n’est pas pour rédiger un nouvel opuscule sur Duluth, Minnesota, qu’elle est revenue dans la petite ville mais pour écrire un livre sur un meurtre. Celui de Laura, assassinée trente ans auparavant. Tout le passé de Jonny remonte à la surface comme un retour de flamme. Laura, dix-huit ans tuée à coups de batte de base-ball, et surtout sœur aînée de Cindy. C’était le 4 juillet 1977, jour de l’Indépendance Day. Les feux d’artifice crépitaient, l’ambiance était à la joie, et pour Jonny et Cindy c’était le soir rêvé pour franchir la barrière du sexe.

Les soupçons se sont portés sur quelques-unes des dernières personnes à l’avoir vue vivante. En premier Peter Stanhorpe, un condisciple des jeunes gens qui se vantait d’obtenir les faveurs de toutes les jeunes filles qui passaient à ses côtés. D’ailleurs la batte de base-ball retrouvée auprès du cadavre lui appartenait. Il affirmait qu’il avait impressionné Laura et que celle-ci avait cédé à ses charmes. D’autant que son père était un édile influent de la cité. Aujourd’hui il gère un cabinet d’avocats et Serena, qui est détective, doit travailler pour lui. Autre suspect, Dadou, un géant Noir, un vagabond qui a disparu peu après, empruntant un train de marchandises. Finn le benêt est lui aussi soupçonné, le frère de Rikke la jeune institutrice célibataire. Tout cela Jonny l’a vécu, et lorsqu’il est entré dans la police il s’est renseigné auprès du capitaine Ray. Mais les pièces à convictions avaient disparu, soi-disant par négligence. Le retour de Tish ravive tous ces souvenirs, d’autant qu’elle prétend posséder des éléments nouveaux susceptibles d’amener à la découverte du coupable. L’une des premières révélations qui font mal à Jonny, est cette affirmation qu’elle correspondait avec Cindy avant le décès de celle-ci. S’il savait que Tish était amie avec Laura mais qu’elle était partie un mois avant le meurtre, Jonny ignorait la relation entre son ex-femme et la revenante.

Mais il faut penser aux affaires courantes, et pas uniquement au passé. Un voyeur sévit dans la région et de nombreuses plaintes ont été enregistrées. Notamment celle de Clark Biggs, qui a la garde de sa fille le week-end, sa femme l’ayant en semaine depuis leur séparation. Mary est une jolie jeune fille de seize ans, mais un incident dans sa jeunesse l’a fortement perturbée. Depuis elle a grandi physiquement mais pas mentalement. Elle se comporte comme une gamine de cinq ans. Elle est terrorisée car elle a aperçu quelqu’un la reluquant par la fenêtre, mais elle ne peut en dire plus. Le drame arrive lorsque, échappant à la surveillance de sa mère dans un parc à cause d’un hurluberlu qui se prend pour un cascadeur sur vélo, elle disparait. Elle est retrouvée morte dans les eaux stagnantes du lac.

Jouant les aller et retour entre hier et aujourd’hui, mêlant habilement deux intrigues qui sont sans rapport en apparence mais qui se rejoignent inexorablement Brian Freeman nous livre un roman haletant. Plus de cinq cents pages sans temps mort ou presque, sans petites contradictions ou presque – des erreurs de traduction ou de fausses pistes délibérément placées par l’auteur ? - mais avec un final à double détente éblouissant et presque apocalyptique. Le lecteur est inconsciemment happé dès le début de l’histoire et cherche à son insu quelle peut être la solution, croyant la découvrir puis se rendant compte que l’auteur le mène par le bout du nez. L’épilogue n’est pas décevant, bien au contraire, alors que certains romans prometteurs justement ne tiennent pas leurs promesses.

 

Citations :

Tu sais comment ça se passe dans ces patelins, dit Maggie. Les gens ne tirent pas leurs rideaux et laissent leurs fenêtres ouvertes. Pour un voyeur, c’est comme d’être un matou devant un bocal de poissons rouges. Plein de bonnes choses à regarder.

 

C’est une journaliste, donc potentiellement dangereuse et incontrôlable.

 

-      Je n’écoute pas les chanteuses qui ont de plus gros seins que moi.

-      -ça doit être vachement silencieux chez toi, alors.

 

Je ne voudrais pas vous vexer, monsieur Schmidt, mais vous n’êtes pas maraîcher, que je sache. Alors, si vous arrêtiez de nous débiter des salades ?

 

 

Brian FREEMAN : Le voyeur. (Première édition : Collection Sang d’encre. Editions des Presses de la Cité 2011). Editions Pocket, thriller. 544 pages. 8,10€.

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commentaires

A
J'aime beaucoup l'extrait que tu cites. Rien que pour ça (et aussi pour ton avis positif) je note. J'espère qu'il croisera ma route.
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O
<br /> <br /> Bonjour Alex<br /> <br /> <br /> Des petites phrases récoltées ici et là au long de ma lecture et qui je l'espère donnent le ton. Des citations qui sorties de leur contexte ne sont pas à interpréter dans un sens comme dans<br /> l'autre. Elles se suffisent à elles-mêmes<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
C
Salut Oncle Paul. Merci pour cette mise en appetit ! J'ai deja lu un livre de cet auteur et j'avais bien aimé, alors je devrai me laisser tenter... !!!
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O
<br /> <br /> Bonjour<br /> <br /> <br /> C'est le premier Freeman que je lisais et je n'ai pas été déçu.<br /> <br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> <br /> <br />
L
Encore un de noté.<br /> Amicalement<br /> <br /> le Papou
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O
<br /> <br /> L'avantages des rééditions est que l'on peut se procurer des romans un peu moins chers et donc en lire plus.<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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