Bon anniversaire à Eva David, née un 26 juin.
Jeune femme bien sous touts rapports, quoiqu'elle en soit à son septième mari, Alexandra Delys surnommée Cavale à juste titre par Geoffroy son troisième époux, découvre dans le studio qu'elle habite en colocation, quelle aberration, avec celui-ci, le cadavre de Malika.
Malika, elle connait. C'est la maîtresse de son ex et ce fut la femme de leur jardinier Ahmed. Oui, mais voilà, au lieu de prévenir la police Cavale s'affole et demande conseil à Tao, son cinquième mari, et restaurateur de son état. Il est vrai qu'il est délicat d'expliquer à numéro 7 que l'on revoit de temps en temps numéro 3, même en ami, en tout bien tout honneur. En réalité, la raison primordiale et secrète pour laquelle elle ne veut pas prévenir la police réside en ce que Cavale aime, inconsciemment, le danger.
Tu as peur mais ça te plait, comme le fait remarquer finement Tao psychologue à ses heures et imprégné de la légendaire sagesse asiatique. Alors Cavale, femme de décision et impulsive, demande à son amie Gloria de lui prêter un passe-partout, héritage d'un père serrurier, et une robe du soir.
Première chose à faire, visiter la chambre de Malika au casino où celle-ci travaillait et possédait une chambre. Ensuite Cavale organisera son enquête en fonction de ses découvertes.
Ce trio de choc dans lequel chacun se sent plus ou moins impliqué, par amitié ou par vengeance, va devancer l'inspecteur divisionnaire Luc Colin. En quarante-huit heures l'affaire sera réglée, non sans embûches, pour Cavale et ses acolytes, débouchant sur un trafic de drogue et un scandale politico-lubrique de proxénétisme pédophile.
Eva David signe son entrée à la Série Noire avec un roman haut en couleurs, épique, et dont l'humour, toujours présent, ne s'impose pas au détriment de l'action.
L'épilogue en cascade confine au jubilatoire et nul doute que cette conclusion en la ville de Nice, lieu de l'action, chère à Patrick Raynal qui était alors directeur de la collection, l'écriture fouillée et la trame dont le suspense est en constante progression, ont joué en faveur de cette intronisation pour une fois justifiée.
Cavale, cette héroïne fantasque, qui masque sa peur par des initiatives impulsive d'aventurière chevronnée et par des répartie cinglantes, impertinentes, du genre de celles que nous aimerions parfois tenir face à un interlocuteur ayant la force et le droit pour lui, mais qu'une certaine timidité, réserve ou respect, nous empêche de proférer, Cavale pourrait bien connaître de nouvelles aventures dans de prochains épisodes. Enfin, ce n'est qu'un souhait...
Eva DAVID : Cavale. Série Noire N°2308. Parution novembre 1992. 240 pages. 6,05€. Disponible sur le site de la Série Noire.