Histoire sanglante glaçante mais pas galante à lire sans gant...
Après avoir infligé trente-sept aventures très saignantes à son héroïne Bloody Marie, Fabien a décidé de tourner la page. Il veut écrire son grand roman, alors il tue sur le papier Bloody Marie de façon définitive et en informe son éditeur qui, on peut le comprendre n'est guère satisfait. La série Bloody Mary est la vache à lait de Garbage River. Et Fabien s'est enrichi aux dépens des aventures trépidantes et sanglantes de Bloody Marie.
Fabien accepte toutefois de promotionner son roman, et de participer à des salons dont celui qui programmé en fin de week-end, les Journées du sang. Il va se rendre en territoire hostile, car il est évident que ses fans sauront lui démontrer qu'il a eu tort de supprimer son héroïne, en compagnie de Noémie, son attachée de presse. Et ce n'est pas parce qu'elle possède les billets du voyage que Fabien est heureux qu'elle l'accompagne, mais parce qu'elle va lui réchauffer les pieds la nuit dans son lit même si deux chambres ont été réservées.
L'emplacement prévu pour Fabien ne lui plait guère car il va être mitoyen de son pire ennemi, Lionel Soubiraud. Non seulement vantard sur ses chiffres de vente, Soubiraud a eu le tort d'exploiter une idée de Fabien alors qu'ils devisaient amicalement quelques années auparavant. Fabien lui avait raconté son prochain scénario et Soubiraud avait profité de cette aubaine. Mais Soubiraud avait saboté sa prose, et depuis Fabien lui en veut à mort, et comme les petites vengeances ne coutent pas grand chose, Fabien demande au libraire organisateur de placer son confrère à côté de la porte des WC, le seul endroit susceptible de l'accueillir dignement.
Cela fait à peine trente minutes que Fabien est confortablement installé devant sa table à dédicaces, les stylos affûtés et un rempart de livres disposés devant lui, qu'il a déjà apposé dix fois sa signature accompagnée d'un petit mot sur la page de garde des ouvrages enviés. Nombreux sont ceux qui aimeraient pouvoir vendre un livre toutes les trois minutes, mais moins nombreux seraient ceux qui apprécieraient se faire agresser par un lecteur déçu. Pour ce jeune homme à l'apparence soixante-huitard, Fabien n'avait pas le droit de tuer Bloody Marie, de s'en débarrasser comme d'une vieille chaussette usée de facteur rural. Il invective l'auteur en lui demandant d'un ton peu amène : ça vous amuserait qu'on vous fasse la même chose que ce que vous lui avez fait subir ?
Le lendemain, tandis que Fabien signe, Noémie se fait agresser, et ce n'est pas verbalement mais physiquement. Les éclaboussures de sang sur les murs prouvent le déchaînement de son meurtrier. Fabien est soupçonné, mais rapidement innocenté. Au moment de l'assassinat sanglant il possédait un alibi irréfutable à moins d'être doté du don d'ubiquité : il dédicaçait. Le commandant Consuela Sanchez est chargée de l'enquête, et à la question de savoir si Fabien se connaissait des ennemis, le romancier la lance sur la race de Soubiraud et du fou pas chantant mais colérique.
Le seul problème réside dans le fait que Noémie est passée de vie à trépas dans les mêmes conditions que Bloody Marie. Et comme si cela ne suffisait pas d'autres victimes sont à déplorer, tuées dans des conditions décrites par Fabien dans ses romans.
Gilles Bergal s'amuse comme un petit fou, chantant, dans ce court roman efficace, qui selon l'éditeur est destiné aux adultes consentants, et ajouterais-je aux végétariens récalcitrants. Outre l'intrigue habilement construite, même si au fur et à mesure que s'alignent les cadavres, on pense deviner le nom du coupable, Gilles Bergal ne s(attarde pas sur des scènes grandguignolesques. Mais il s'amuse à brocarder par exemple la posture d'un critique aigri et de certains littérateurs. Par exemple Alain Sauter, autre ennemi de Fabien :
En littérature, il y a deux moyens de se faire un nom : écrire une prose remarquable, qui marque son époque et laisse un souvenir impérissable dans la mémoire des lecteurs (pas facile) ou bien démolir les œuvres des autres avec une hargne et une méchanceté digne d'un Hannibal Lecter mordu par un chien enragé.
Gilles Bergal joue également avec la langue française, et plus particulièrement dans certaines phrases, à des allitérations ou assonances, dont je ne vous confierais qu'un exemple, un seul afin de ne pas tout dévoiler :
Mais avant que quiconque ait eu le temps de réagir, le fan fou furieux faisait demi-tour et, fendant la foule de fidèles férus de fantastique, il se faufila facilement dans la file pour fuir en direction de la fortie. Pardon, sortie.
Gilbert Gallerne, plus connu pour ses romans de suspense, et Gilbert Bergal, qui œuvre dans le fantastique, sont les Docteur Jekill et Mister Hyde, les frères siamois du roman fantastique et policier, et de temps à autre ils échangent leur personnalité pour le plus grand plaisir du lecteur qui ne demande qu'à se laisser guider sur le chemin des belles-lettres romanesques de la littérature populaire.
Toutefois, s'appeler, pour un éditeur, Trash, c'est à dire poubelle, ordures, détritus, camelote, cela frise l'inconscience ou la provocation. Ne tombez pas dans la poubelle justement et jetez un œil curieux sur la production de Trash Editions, qui accueille des auteurs comme Brice Tarvel, Philippe Ward, Romain d'Huissier ou Julian C. Hellbrock dans oublier ceux qui préfèrent signer sous pseudonyme afin de déconcerter le lecteur.
L'autre facette de Gilles Bergal :
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Gilbert GALLERNE : La Mort pour vengeance. - Les Lectures de l'Oncle Paul
La vengeance est comme une omelette norvégienne : ça se déguste froid mais flambé ! Un regard, une rencontre, une irrésistible bouffée de colère et de ressentiment, et pour Agnès Castellane...
http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2015/06/gilbert-gallerne-la-mort-pour-vengeance.html
Gilles BERGAL : Gore story. Trash éditions N°15. Parution avril 2015. 150 pages. 7,00€.