Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 janvier 2018 6 27 /01 /janvier /2018 10:26

Roman psychologique mais pas que…

Didier FOHR : Le pacte.

Le regard d’un enfant toisant attentivement Antoine Massas, avec des interrogations plein les yeux, perturbe le policier. C’est un homme désabusé, en pleine déprime, vivant en célibataire. Peut-être est-il en phase avec sa ville de Belfort en pleine dépression économique.

Les aventures féminines ne manquent pas, notamment la nouvelle venue, Héloïse, une amie de sa voisine Annabelle, qui justement l’est, belle. Mais ces jeunes femmes cultivent elles aussi une déprime, et à deux, ce n’est pas forcément la panacée pour guérir. Ils boivent de nombreux verres pour oublier qu’ils sont seuls à la recherche d’un petit quelque chose qui pourrait les sauver du marasme mental dans lequel ils s’enfoncent inexorablement. Il consulte un psychologue, mais il n’avance pas, et discute parfois avec un ami journaliste et dans ce cas il est plus loquace.

La découverte d’une femme sexagénaire découpée en morceaux, une opération effectuée après strangulation, heureusement pour elle, va peut-être le sortir de l’ornière dans lequel il s’enfonce. Et puis il y a son vieux copain Christophe qui après des années de silence vient de lui envoyer un mail de retrouvailles.

Le train-train habituel d’enquêteur pour Antoine qui fait équipe avec Aline, accorte policière, mère de deux enfants et en délicatesse avec son mari. Evidemment des liens se forgent entre les deux collègues, mais pas le temps de penser à autre chose qu’au boulot.

D’abord se demander pourquoi Mélanie, c’est la victime, se serait fait voler son ordinateur, ensuite rechercher ses deux garçons, l’un habitant dans le Sud de la France, l’autre étant SDF à Paris.

Mais c’est lors d’une soirée dans un bar que son enquête va prendre un tournant vers il lequel s’engouffre allègrement mais qui apparemment ne débouche nulle part. Quoi que. En effet, un homme vêtu en touriste avec chemise hawaïenne, lui glisse dans les oreilles de rechercher le Retable de Grünewald connu aussi sous le nom de Retable d’Issenheim. Malheureusement, l’homme est victime d’un accident en sortant du bar et il se retrouve à l’hôpital.

Il semble délirer toutefois il déclare avoir découvert des corps humains, des bras et des jambes, dans la décharge où il est grutier. Et voilà Massas avec d’autres cadavres sur les bras dont il va falloir découvrir l’identité. Mais une visite à Colmar où est entreposé le retable, va lui permettre d’avancer. En effet cinquante ans auparavant, le conservateur du musée est décédée lors d’une chute, sa tête heurtant violemment l’objet. Un accident provoqué par une sixaine de jeunes adolescentes de dix-sept ans, qui s’étaient amusées avec lui. Méfiez-vous des jeunes filles en fleur !

Et ne voilà-t-il pas que lorsque Massas retrouve son ami de vieille date, il découvre que celui-ci possède une sœur, Zélie, dont le parcours est également chaotique.

Ce qui amène Massas à déclarer à Christophe :

Loin de moi de faire de la psychanalyse de vide-greniers, mais tant que tu veilleras d’aussi près sur ta sœur, y aura-t-il une autre place pour une femme ?

Massas réagit un peu comme un toubib qui tête un mégot et fait la leçon aux fumeurs, les exhortant à s’arrêter sous peine de caveau funéraire à commander de suite.

 

Roman policier, oui, mais roman psychologique d’abord, avec tous ces personnages englués dans la déprime et qui ont du mal à se gérer et à gérer leur existence. D’autant que rien ne peut les sortir de ce marasme.

Ainsi Massas, qui côtoie très souvent des familles en perdition, des mères devant assumer seules ou presque la garde de leurs enfants face à des maris violents. Et justement, ces enfants qui regardent Massas comme s’il était une incongruité sur leur chemin.

Massas s’autoanalyse et il n’a pas besoin de psychologue pour lui mettre la tête dans le sac :

Dès qu’un petit rien de positif pointait dans cette sorte d’existence qui était la mienne, je parvenais à faire surgir l’exact pendant en négatif, histoire de neutraliser la moindre tentative de bonheur.

Ce pourrait être une enquête banale dirigée par des dépressifs, seulement s’intègre dans cette histoire un élément venu du fond des âges ou presque. Une maladie médiévale appelée le Mal des ardents, ou feu de Saint-Antoine. Mais quel est le rapport entre cette maladie, la mort des mamies et le retable d’Issenheim exposé dans le musée d’Unterlinden de Colmar ?

 

A lire également de Didier Fohr :

 

Didier FOHR : Le pacte. Roman policier mais pas que… Editions Lajouanie. Parution le 8 décembre 2017. 304 pages. 19,00€.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
  • Contact

Recherche

Sites et bons coins remarquables