Dans les coulisses du pouvoir...
Rien n'est plus jouissif pour un non initié que de se promener dans les arcanes du monde de la politique française et de débusquer tous les petits secrets qui alimentent les couloirs des hôtels particuliers transformés en maisons closes gouvernementales.
Les deux romans que nous propose Calmann-Lévy dans la collection Les Lieux du Crime en sont la représentation écrite parfaite. Si Meurtre à Matignon possède une intrigue un peu mince, les personnages décrits ont une saveur qui n'offusquera personne, sauf peut-être les intéressés. L'humour parfois ravageur et caustique de ce roman compense les faiblesses de l'enquête qui se termine en un pied de nez dont malheureusement l'actualité ne sera plus de mise. Jacques Toubon, le Ministre de la Culture, et Jacques Attali, le conseiller du Président, sont présentés comme les bouffons, les Jacques de cette aimable historiette. Au cours d'une réception organisée par le Premier Ministre, Jacques Chirac et Philippe Seguin disparaissent. Tout laisse à supposer qu'il s'agit d'un enlèvement et un mouchoir taché de sang retrouvé près d'une statue invite à toutes les suppositions même les plus pessimistes. Joxe, avec toute l'austérité qui le caractérise, mène l'enquête.
Meurtre au PS est plus grave dans le propos, et si là encore l'épilogue tient dans une pirouette, l'intrigue proprement dite s'apparente plus au roman policier. Laurent Fabius est sérieusement blessé par deux hommes alors qu'il sort de l'Ecole Normale où il s'est rendu en visite. Les langues vont bon train et au PS les factions sont divisées. Michel Rocard est-il à l'origine de cette tentative de meurtre afin de mieux asseoir sa prépondérance aux instances nationales, ou Fabius lui-même comme certains aiment à le laisser croire, est-il à l'origine de cet attentat ? La droite assiste à ces échanges de propos parfois venimeux en spectateur qui se voudrait impartial.
Là encore nous avons droit à une galerie de portraits à la limite de la caricature, et Michel Charasse n'est pas loin de se servir de ses bretelles comme d'une fronde, fronde qui couve parmi les quadras. Un véritable commissaire dirige l'enquête et il marche sur des œufs, devant éviter l'omelette et les œufs brouillés, même si la sauce est parfumée au Cresson. Deux divertissements qui n'engendrent pas la morosité, au contraire de la politique.
Edouard DEVARENNE : Meurtre à Matignon et Michel SOLFERINO : Meurtre au PS. Collection Les Lieux du crime. Editions Calmann-Lévy. Parution 1993. Ces deux ouvrages sont disponibles en version numérique pour 5,99€ chacun.
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