Hommage à Michel Grisolia, né le 18 août 1948.
« Il faut se montrer humble si on veut trouver sa place. Ce que serait sa place, Antoine l’ignorait, mais il était décidé à s’en faire une ».
Antoine Louvier est un être complexe, ambigu, qui réagit presque comme un marginal alors qu’il voudrait se fondre dans l’anonymat des êtres simples, sans histoires. Une vie linéaire : voilà ce à quoi il aspire mais pourtant à chaque fois, il agit, réagit en individu troublé, insatisfait, imprévisible.
De son enfance, il ne se souvient que d’une mère, obscure artiste, plus préoccupée d’elle que de ses enfants. Alors, Antoine se marie à dix-neuf ans, avec Jennifer, une Américaine, qu’il délaisse aussitôt pour parcourir les Etats-Unis. Revenu à Paris, c’est pour trouver son épouse dans les bras d’un autre homme.
Il tue cette femme qui n’a eu que le tort de vouloir vivre. Après un séjour de trois ans en prison, trois ans qui, paradoxalement, n’auront sur lui aucune emprise, Antoine revient à Nice, sa ville natale. Il est pris en charge par Philippe, un jeune homme dont il a fait connaissance dans le train qui les redescendait sur la Côte. Philippe lui procure un emploi à l’Hôtel Marbella, que dirige Madame Micheline, une femme très proche de ses employés.
En prison, Antoine n’a pas connu la souillure de la promiscuité et, à Nice, il reste calfeutré dans sa chambre en dehors de ses heures de service, ne cherchant pas à renouer avec le passé, avec sa famille. Il reste replié sur lui-même, ne se réveillant qu’au contact de Dominique, une cliente de l’hôtel qui traîne derrière elle : un passé trouble, énigmatique, un petit garçon, Christopher, et un Anglais, la cinquantaine avantageuse qui la suit, la surveille, s’instaurant comme l’ombre du défunt mari de la belle Dominique, un certain Richardson.
Pour Antoine qui ne rêve que d’anonymat et de conformisme, c’est encore une occasion de se mettre en vedette. Et cet amour-passion qui devrait les exalter, n’est que l’antichambre de la descente aux enfers. Dominique, Christopher et Antoine, un trio qui s’entend bien. Entre Christopher et Antoine, s’établit une complicité, plus forte que des relations filiales. Dominique décide même que tous trois vont quitter Nice, la France. D’ailleurs, elle a déjà les billets d’avion.
L’amour noir n’est pas un roman policier, c’est un roman noir, un hymne à l’amour dont la chute est surprenante, mais en même temps logique. Si l’on tente de se mettre dans la peau du personnage — ce qui n’est pas toujours facile à cause de son imprévisibilité — on se rend compte qu’il ne pouvait agir, réagir que de cette façon suicidaire, ambiguë et sacrificielle.
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http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/article-michel-grisolia-l-excelsior-109082986.html
Michel GRISOLIA : L'amour noir. Editions Flammarion. Parution 14 février 1990. 250 pages. 14,70€.
Réédition Le Livre de Poche. 1991.
Existe en format numérique à 4,49€.
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