Il suffit de leur rogner les ailes...
Entre le 30 mars, jour de la Saint Amédée, et le 12 avril, celui de la Saint Jules, un couple, ou plutôt une équipe d'inspecteurs va traquer le sadique qui s'en prend aux enfant de la banlieue parisienne.
Et ce n'est pas parce que ces gamins sont d'origine maghrébine qu'il faut prendre cette affaire à la légère.
C'est Jean-Marie Sauveur, un Antillais, qui est chargé de l'affaire avec pour adjoint Van den Vliet. Sauveur entend mener son enquête à sa façon, en s'intégrant dans le paysage, en abandonnant son costume de policier, en essayant de capter l'attention, l'amitié des jeunes de la Cité des Cahouettes et des responsables du Foyer des jeunes, en se conduisant en sous-marin, selon sa propre expression.
Quant aux jeunes beurs, ils décident de régler eux-mêmes leurs problèmes, de se faire justice sans l'aide des forces de l'ordre, engeance qu'ils n'apprécient guère.
Les tags fleurissent sur les murs, le bitume, et même les voitures.
Ce milieu de tagueurs, Alain Bellet le connait bien pour l'avoir fréquenter et écrit des reportages sur cette confrérie de peintres modernes mais éphémères.
Avec Frédéric Larsen, il nous propose un roman sur la banlieue et ses difficultés, un de plus allais-je écrire. Cependant ce sujet mettant sous les projecteurs la jeunesse, l'intégration raciale et la désespérance, le mal de vivre des adolescents, leurs coups de cœur et leur sens de l'entraide, de la fraternité, est traité de telle façon que le roman ne tombe jamais dans l'outrance, le misérabilisme, la crédo du racisme ou de l'antiracisme racoleurs.
Un saut périlleux, de haute voltige parfois, mais les deux compères savent retomber sur leurs pieds. Le moindre faux pas peut être fatal dans ce genre où les auteurs sont rapidement catalogués, même entre eux, et se tirent à boulets rouges pour une idéologie dans laquelle tolérance et intolérance se confondent, quelques soient les couleurs politiques affichées.
D'autant que la médiatisation de certains événements ne refroidit pas toujours les esprits.
Alain Bellet et Frédéric Larsen prennent parti, mais pas n'importe lequel : la reconnaissance de l'être humain en tant que tel, quelle que soit son origine, raciale ou sociale.
Alain BELLET & Frédéric LARSEN : Les anges meurent aussi. Série Noire N°2273. Parution juin 1991. 192 pages. 6,05€.