Bon anniversaire à Eric Kristy, né le 16 avril 1951
Gardien de la paix, Noblard ne possède plus la foi qui l'avait fait embrasser cette profession.
Célibataire et solitaire, il n'a guère d'amis. Tout au plus des relations de travail. Ce matin là, alors qu'il se prépare pour canaliser une manifestation de la CGT, ce qui en général ne pose aucun problème, il rembarre son collègue Marchand. Il ne sait pas que quelques heures plus tard, on le retrouvera assassiné dans une maison abandonnée près des Invalides.
La manifestation dégénère par la faute de quelques loubards et le service d'ordre est bousculé. Quelques jours plus tard, alors qu'il traîne inconsciemment dans le quartier, Noblard aperçoit le brigadier Berthier qui lui aussi rôde près du lieu du drame et s'entretient avec le concierge de l'immeuble voisin.
Noblard retrouve chez un collègue une jeune femme qui ne le laisse pas insensible, Clara.
Le commissaire Charron, de la police judiciaire, le convoque suite à la réception d'une lettre signée Vengeance-Police. Ses autres collègues eux aussi sont interrogés. Trois cadavres sont découverts dans une maison de la proche banlieue, un massacre signé Vengeance-Police. Les premières constatations sont effectuées par Charron qui a traîné Noblard avec lui.
Noblard, qui a reçu un appel téléphonique lui demandant de ne pas faire le curieux et qu'il pense émaner de Berthier, n'est pas rassuré. Il décide toutefois de continuer son enquête personnelle et rencontre Manowicz, le concierge. Tout ce qu'il peut dire, c'est qu'il a vu trois jeunes, masqués de foulard, entrer dans la maison et en ressortir. Il a noté le numéro d'immatriculation de leur véhicule.
Une jeune journaliste prénommée Sylvie et qui mène une enquête sur le groupe Vengeance-Police, requiert sa participation, jouant avec ses fibres sensuelles. Elle lui donne rendez-vous dans un café mais lorsque Noblard arrive elle est en compagnie d'un dénommé Patrick, ce qui attise la jalousie du policier. Ça se termine dans les draps et Noblard lui raconte tout ce qu'il sait, notamment ses soupçons envers Berthier.
Apprenant l'assassinat du concierge, Noblard décide de prendre quelques jours de congés. Brun, un collègue de nuit qu'il voyait tous les matins à la relève, vient le relancer chez lui. Il lui avoue être de connivence avec Berthier et avoir tué les trois loubards. Leur conversation se termine par un échange de coups de feu et Brun est atteint mortellement. Noblard s'enfuit et se réfugie chez Sylvie. Il lui narre ses dernières mésaventures et elle décide d'appeler à la rescousse son ami Patrick. Lequel débrouille légèrement l'écheveau en lui expliquant que les RG possédaient un grand nombre d'informations sur les milieux gauchistes, mais rien sur la droite et l'extrême-droite. Une lacune qui tend à se combler avec l'arrivée de la gauche au pouvoir. C'est pourquoi lui et Sylvie enquêtent sur Berthier. Noblard, que tout accuse, doit prouver la culpabilité de son brigadier. Aider à faire le ménage en quelque sorte.
Coincé comme un fétu de paille entre l'enclume et le marteau, Noblard, que l'on avait découvert dans la nouvelle "Chienlit et Co" (Collectif Contes des 9 et 1 nuits. SN 1976), est poussé par sa lâcheté à se lancer dans une enquête qui le dépasse. Il est la proie de manipulateurs qui l'ont choisi pour sa naïveté et sa faiblesse. Solitaire et tâtant volontiers de la bouteille, c'est un héros plutôt sympathique, comme des millions d'anonymes sur qui s'abattent les événements sans qu'ils cherchent à sortir de l'ombre.
Je ne voyais en général que les copains chez qui on mangeait bien. C'était un des critères qui me faisait sympathiser ou pas.
Curiosité :
Eric Kristy, qui a appris à Joseph du couple Marie et Joseph, à jouer de la guitare, a accompagné Philippe Chatel puis a collaboré avec Gotainer. Mais cet amateur de blues, de country et de bluegrass, contrairement à d'autres ne le laisse pas transparaître dans ses romans. Il s'est tourné dans l'écriture de scénarios télévisés avec son complice Christian Biégalsky.
Eric KRISTY : Pruneaux d'agents. Série Noire N°2011 Parution juillet 1985. 224 pages.