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12 octobre 2014 7 12 /10 /octobre /2014 12:57

Ah les voyages scolaires aux vertus pédagogiques !

Caroline TRIAUREAU : Agatha Doyle au service de sa Majesté.

Le voyage vers Londres débute mal pour Agatha Doyle, perdue parmi les vingt-quatre autres élèves de son collège Maurice Leblanc d'Ecquetot-les-Baons, placés sous la férule de Miss Marple. Ses oreilles sont victimes d'un bouchon désagréable et persistant malgré le mâchouillement d'un chewing-gum obligeamment offert par son ami Hercule. Hercule est fort en friandises et il ne se déplace jamais sans quelques sucreries, d'ailleurs il en a fait une provision conséquente, entretenant des idées reçues sur l'art culinaire britannique. A côté d'Agatha, se tient sagement Sherlock qui triture lui aussi sa pâte à mâcher, se prenant pour un Gustave Eiffel spécialiste en constructions caoutchouteuses. Si Sherlock est le sportif de la bande spécialiste du déguisement, Hercule le gentil Bibendum prompt à aider ses amis, Agatha, longue ficelle blonde aux joues tachées de rousseur, c'est la délurée d'humeur inventive dont la principale activité scolaire est d'amuser ses comparses dans la cour de récréation.

Arrivée en gare de Saint-Pancras, elle ne trouve rien d'autre que de laisser échapper son appareil photo qui est lamentablement écrasé sous les talons de gamins encouragés vers la sortie par la terrible Miss Marple. Cahin-caha en traînant sa valise à roulettes à qui justement il en manque une de roulette, elle suit le petit groupe jusqu'à l'hôtel qui leur est dévolu. Deux par chambre, c'est le régime imposé. Sherlock et Hercule hérite du premier étage, tandis qu'Agatha est propulsée au cinquième en compagnie de Camille, son contraire, adolescente timide et calme.

Munis d'un panier-repas et d'une étiquette précisant que son porteur est Français, perdu et prière d'appeler le... les collégiens se dirigent allègrement en bus rouge à impériale (normal pour un empire britannique) vers une promenade pédagogique. Agatha est plus intéressée à reluquer par dessus la balustrade du toit les voitures qui passent près du bus et surtout leurs occupants. Son seul souhait est d'apercevoir William et Kate. Surtout William et s'il pouvait l'apercevoir elle, sûr qu'il tomberait amoureux immédiatement de la petite frenchie.

Enfin la compagnie arrive à Saint-James's Park, mais les tartines de pain au beurre de cacahouètes n'enchantent guère le palais de notre trio. Et Agatha décide de nourrir les écureuils, comme s'ils n'avaient attendu qu'elle pour manger. Et c'est en s'enfonçant tête en l'air dans un fourré qu'elle se trouve catapultée par un olibrius en lequel Hercule, très au fait des membres de la famille royale, reconnait James Cavendish, un petit-neveu de la reine. Malheureusement ce n'est pas William !

Le lendemain, visite de Westminster et une fois de plus Agatha la turbulente se fait morigéner par Miss Marple. Elle est renvoyée du groupe pour une futilité mais elle se trompe de chemin et se perd jusque dans une pièce inconnue. Et ce sont les débuts d'une nouvelle turbulence qui va déboucher sur une aventure incroyable mais vraie. Si ce n'était pas réellement arrivé, pourquoi l'auteure aurait si bien décrit ces péripéties ? Sachez toutefois que le déclenchement d'une alarme lui vrille les oreilles, que Sherlock et Hercule partis à sa recherche vont découvrir par pur hasard un tunnel, non pas sous la Manche mais reliant l'Abbaye à Buckingham, qu'un précieux document, le Traité d'Indépendance de l'Irlande dit aussi Traité de Paix, vient d'être dérobé et qu'Agatha va pouvoir enfin approcher de près William, Duc de Cambridge.

 

Si le clin d'œil à Agatha Christie et à Conan Doyle est évident un autre est adressé à une romancière qui a ravi des millions et des générations de lecteurs : En droite ligne d'un roman d'Enid Blyton, style le club des cinq sans le chien Dagobert, mais en plus impertinent, Caroline Triaureau nous emmène à Londres et sous des dehors farfelus traite d'une sujet grave aussi bien pour les Britanniques que pour les Irlandais. Et le vol d'un document pourrait raviver les braises d'un incendie qui n'a jamais été totalement circonscrit. Pour les nombreux lecteurs qui ne connaissent pas Londres comme leur poche et l'intérieur des bâtiments royaux, une carte de Londres est mise gracieusement à leur disposition ainsi qu'un plan partiel de Westminster.

La reine prit place sur le trône, accompagnée du roi George VI. Je veux bien que ce roman amusant joue parfois sur l'absurde, tout en se montrant pédagogique dans l'histoire des monuments, mais quand même. George VI, père de l'actuelle Reine Elizabeth, ne peut être présent à ses côtés puisqu'il est décédé le 6 février 1952. De plus, Agatha ne peut s'empêcher de proférer un juron trivial à double sens phonétiquement. En effet lorsque quelque chose ne va pas, qu'un incident se produit, qu'une bagatelle cloche dans son environnement, elle s'exclame : my God de merde... Je me demande bien ce que vient faire là-dedans un objet sexuel dans la bouche de cette adolescente !

 

Un roman qui a également fait l'objet d'une chronique sur Action Suspense.

 

Caroline TRIAUREAU : Agatha Doyle au service de sa Majesté. Editions Naïve. Album Jeunesse. Parution le 25 septembre 2014. 192 Pages. 12,00€.

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commentaires

C
Bonsoir cher Oncle Paul<br /> Je suis l'auteure d'&quot;Agatha Doyle&quot; dont je vous remercie de faire la chronique. Je ne peux cependant pas vous laisser la terminer sur cette allusion que je juge particulièrement déplacée. Erronée pour commencer car le phallus auquel vous semblez, dans votre esprit, faire référence est, non pas un &quot;gode&quot;, mais un godemiché. Je trouve votre assimilation avec l'anglais &quot;God&quot; très tirée par les cheveux et ne correspondant à aucune réalité, ni même allusion, textuelle. De plus je la trouve déplacée car cela tendrait à penser que cela a été fait intentionnellement de ma part. A aucun moment je n'ai pensé à un tel jeu de mot avilissant, surtout dans la bouche d'une jeune adolescente de 12 ans. J'ose espérer que vous n'aviez pas pris mesure de ce que vous sous-entendiez. Particulièrement touchée par votre remarque incorrecte, je vous prierais donc de mesurer vos mots et vos interprétations. <br /> Vous souhaitant de belles lectures<br /> Caroline
Répondre
O
Chère madame<br /> Merci de votre diatribe, mais puis-je apporter un complément d'information à vos remarques. Un godemiché se dit en langage commun et populaire un Gode. Or vous le savez sûrement en phonétique God et gode se prononcent de la même façon. Avez-vous pensé aux lectures à voix haute en écrivant ce juron trivial proféré par une gamine de 12 ans ? Avez-vous imaginé la sensibilité religieuse et les réactions offusquées de milliers de lecteurs catholiques qui lisent Dieu de merde ? Je ne suis qu'un simple lecteur, athée et ai le droit d'interpréter ce que vous écrivez, quoique cela puisse choquer votre éthique de romancière. De plus je m'étonne que l'inflexible Miss Marple laisse s'exprimer ainsi Agatha sans la morigéner. D'ailleurs comment se fait-il que cette professeure soit seule pour surveiller et encadrer 24 gamins ? Et Quid de Georges VI ? <br /> Vous voulez manier l'humour mais ne l'acceptez pas chez les autres. Cela s'appelle de l'intolérance, non ? <br /> Bien à vous
O
Bonjour Papou <br /> et de notre temps, on entendait déjà cela...<br /> Amitiés
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L
La jeunesse n'est plus ce qu'elle fut... de notre temps. <br /> Le Papou
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  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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