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1 octobre 2015 4 01 /10 /octobre /2015 07:34
Charles WILLIAMS : Aux urnes, les ploucs !

Aucune corrélation avec une prochaine campagne électorale !

Charles WILLIAMS : Aux urnes, les ploucs !

Les hommes du shérif du comté de Blossom sont à l'affût. Ce qui n'empêche pas l'oncle Sagamore de déguster sa production locale détenue dans un pot à confiture. Une provocation délibérée et il enterre immédiatement son bocal sous un tas de bois.

Dans douze jours, de nouvelles élections vont avoir lieu afin de choisir un nouveau shérif. Ou reconduire l'ancien, puisqu'il est seul pour l'instant à se (re)présenter. Personne n'envie sa place et pourtant les habitants du comté ne tarissent pas de critiques négatives sur sa façon d'administrer et de gérer les problèmes de production illicite d'alcool.

Les adjoints du shérif déterre le bocal mais lorsqu'ils apprennent qu'il contient de la nitroglycérine, ils repartent la queue entre les jambes, ce qui morphologiquement n'est pas faux mais qui traduit une peur rétrospective à l'idée de s'envoyer en l'air dans avoir pu prendre du plaisir. cela amuse l'oncle Sagamore et Pop, le père du jeune Billy. A part eux, à la ferme Noonan réside également l'oncle Finley, mais il ne compte pas, trop occupé qu'il est par son idée fixe de construction d'arche.

Oncle Sagamore, Pop et son fils Billy partent pour la ville, et ils se ravitaillent en cours de route à une pompe à essence. Tandis que les hommes procèdent à des besoins naturels, Billy entend le garagiste déclarer à un de ses amis qu'il va vendre des pneus rechapés sans difficulté à ceux qu'il prend pour des ploucs. Billy en informe son oncle et commence alors un curieux échange de billets contre pièces d'argent, ce que l'on appelle couramment le vol au rendez-moi. L'oncle Sagamore repart plus riche qu'il était en arrivant, avec en prime les pneus.

Le shérif tient absolument à prendre sur le fait Sagamore et compagnie alors que l'oncle se prépare à une nouvelle séance de distillation. Mais comme il ne peut le faire clandestinement, il va réaliser cette opération en plein air, devant un attroupement de villageois curieux et attendant du shérif qu'enfin il mette fin à ces pratiques.

Sacs de maïs et sacs de sucre sont entassés dans la cour et la bouillotte est installée dans une petite cabane. Théoriquement il va produire de l'alimentation pour cochons, ainsi que de la térébenthine grâce à de la résine prélevée sur les pins environnants. La poudre de maïs et le sucre sont mis à macérer dans des cuves, mais cela ne tourne pas comme le souhaitent Sagamore et Pop. La fermentation provoque des bulles et les cuves sont vidées à terre, le sol engloutissant le liquide. Le shérif et ses adjoints sont présents et ne peuvent que constater que le résultat produit ne peut servir de pièces à conviction.

Le garagiste se lance lui aussi dans la course électorale, contre le shérif actuel, et déclare que s'il est élu, il mettra l'oncle Sagamore en prison. Un programme ambitieux qui est calqué sur celui du shérif. Qui gagnera ?

La question est posée, mais l'oncle Sagamore s'érige en arbitre, et cela nous donne quelques scènes du plus haut effet comique, surtout lorsque madame Horne et ses nièces, qui ne sont pas ses nièces vous l'aurez compris mais des jeunes femmes de petite vertu, sont invitées à participer à ce simulacre de campagne électorale.

 

Narrée par Billy, un gamin de huit ans, cette histoire complètement loufoque reprend les personnages de Fantasia chez les ploucs, dans de nouvelles aventures délirantes.

Bien sûr Billy, vu son jeune âge, ne comprend pas toujours ce que font les adultes, et plus particulièrement son oncle Sagamore. Mais il lui fait confiance de même qu'à Pop, son père. Seul l'oncle Finley est à part, mais incidemment il se trouve au bon endroit au bon moment pour compléter certaines scènes de panique élaborées par les deux hommes, à l'encontre du shérif, de Curly la garagiste vindicatif et sûr de lui, ou les badauds qui affluent de plus en plus à la ferme Noonan.

Mais sous des dehors naïfs, l'oncle Sagamore, et dans sa foulée Pop, est nettement plus retors, matois et roublard que sa dégaine pourrait le faire croire. Il marche pieds nus, ce qui n'est pas rédhibitoire, et agit comme s'il était simplet. Or c'est tout le contraire et il possède une intelligence à faire pâlir d'envie bien des ministres.

Mais sous des dehors de comique façon Branquignols, Charles Williams édicte des propos, sans en avoir l'air, à l'encontre des ligues de vertus, le pouvoir et la façon de procéder des candidats pour gagner des électeurs, l'hypocrisie et le fanatisme religieux. Un roman publié en 1960 et qui n'a rien perdu de son charme, de son humour mais surtout des enseignements que l'on veut bien y trouver, d'autant que de nos jours, ce sont toutes ces dérives qui sont portées parfois à leur paroxysme. Il y a du Rabelais revisité par Voltaire en Charles Williams.

Réédition Carré Noir N°396. Parution juillet 1981.

Réédition Carré Noir N°396. Parution juillet 1981.

Réédition collection Folio Policier N°208. Parution mars 2001. 256 pages. 7,00€.

Réédition collection Folio Policier N°208. Parution mars 2001. 256 pages. 7,00€.

Charles WILLIAMS : Aux urnes, les ploucs ! (Uncle Sagamore and his girls - . Traduction de C. Wourgaft). Série Noire N°602. Parution novembre 1960. 256 pages.

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30 septembre 2015 3 30 /09 /septembre /2015 07:32
Julius A. LION : Histoires de femmes

Femme des années 80,

Mais femme jusqu'au bout des seins,

Ayant réussi l'amalgame

De l'autorité et du charme.

Julius A. LION : Histoires de femmes

Recueil de deux longues nouvelles, ou deux courts romans, Histoires de femmes nous éclaire un peu plus sur la personnalité et la trajectoire de Boule, le policier qui aime les femmes et, juste retour des choses, est aimé des femmes.

Dans L'inspecteur et la sorcière, Boule était jeune, pétant de santé et fort comme un bœuf. Enfin, je veux dire comme un taureau. A ces propriétés physiques, sont alliées des qualités plus internes, telles que la débrouillardise, l'astuce et l'intelligence. Et il lui faudra un caractère trempé à toutes épreuves pour se sortir intact de cette histoire de revenants, au propre comme au figuré, qui prend ses racines pendant la guerre de 40 et voit son apogée et sa conclusion à Bourges, haut lieu de la Résistance.

Une histoire dans laquelle la voyance et la sorcellerie se le disputent au cartésianisme le plus terre à terre. Une histoire policière parfois grave mais tempérée par une approche fantastique et un humour souvent ravageur.

Dans La Lettre et l'esprit, seconde aventure de Boule de ce recueil, notre inspecteur vient d'être nommé commissaire et doit effectuer un stage dans la France profonde, plus précisément à Fontenay-le-Comte, le pays des Chouans et des mogettes. Une sinécure apparemment trompeuse avec toutefois une petite affaire à se mettre sous les dents. Trois fois rien, une histoire de lettres anonymes dont les destinataires se pêchent dans la société huppée de Fontenay. Bizarres ces lettres anonymes qui ne contiennent que des feuilles de papier vierges de toute écriture.

Boule se lance dans ce mystère, aidé par l'inspecteur Anne-Marie Poupeau, dite Poupette, et Delphine, la secrétaire qui pense que le meilleur moyen de se rafraîchir les idées c'est de se mettre la tête en bas, les pieds en l'air. Une figure de gymnastique éminemment sympathique lorsque les jupes de la demoiselle cachent les joues rougissantes d'icelle et que rien ne protège l'intimité et la féminité de son arrière-train et de son mont-de-Vénus. Participe également à l'enquête l'adjudant Le Meur de la gendarmerie de Fontenay.

Une enquête qui se révélera plus compliquée qu'il y paraissait de prime abord. Je dirais même mieux, cette affaire est un rien bordélique. Mais évitons de noyer le poisson.

 

Dans chacun de ses livres, Julius A. Lion nous a habitué à quelques scènes du plus haut effet comique. Il ne faillit pas à la tradition et je vous invite à quelques parties de pêche, genre pêche au gros, scène hautes en couleurs et irrésistibles. Jacques Tati revisité par les Charlots.

Julius A. Lion, on ne s'en lasse pas, au contraire on en redemande.

Julius A. LION : Histoires de femmes. Série Noire N°2269. Parution mai 1991. 288 pages. 6,65€.

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28 septembre 2015 1 28 /09 /septembre /2015 08:00
Jon A. JACKSON : Grootka.

Lorsque des épaves automobiles servent de

cercueil...

Jon A. JACKSON : Grootka.

Flic à la retraite, Grootka accompagne un de ses anciens collègues affecté à l'enlèvement des épaves automobiles.

Dans le coffre d'une voiture il découvre un cadavre et prévient l'inspecteur Mulheisen. Il s'agit de Meldrim, un indicateur surnommé Books qui a longtemps travaillé pour Grootka. Une vieille affaire, non élucidée, le dossier Gallagher, remonte à la surface.

Une jeune fille, trente ans auparavant, a été assassinée et son meurtrier jamais arrêté. C'est la thèse officielle. Mais Grootka avoue à Mulheisen qu'il avait découvert l'identité de l'assassin en compagnie de Books et qu'il pourrait s'agir d'une vengeance. En effet Grootka pensait avoir tué le violeur meurtrier en compagnie de Books, mais il se pourrait que le criminel, un môme du nom de Galerd, ait échappé au policier.

Wettling, le bras droit de Disbro, le directeur d'une banque de Détroit, s'aperçoit que son patron falsifie certains comptes afin d'empocher l'argent. Afin de prévenir l'intervention d'une des clientes, Helga Jorgensen, amie de Disbro, il la tue maquillant son crime en agression sexuelle. C'est un spécialiste de la micro informatique ayant composé un programme dont la code d'accès est Galerd.

Un article de journal annonçant que Mulheisen est chargé de l'affaire attise la colère de Wettling. Un clochard apprend au policier que Books possédait plusieurs endroits où loger. Il visite l'une des maisons et retrouve Grootka sur place. Des traces de sang et de balles leur font supposer que Books y a été assassiné avant d'être déposé dans le coffre de la voiture.

Par une prostituée Mul apprend qu'un homme recherchait Books. Elle l'a branché sur une de ses copines, Honey, et fournit un semblant de signalement. Elle a donné les mêmes renseignements à Grootka. Selon le médecin légiste, Books était moins âgé qu'il n'y paraissait et est mort d'une cirrhose du foie. Les balles destinées à le tuer ont été tirées quelques heures après. Mul accompagne Dagny, la fille adoptive d'Helga, à la banque où elle doit rencontrer Disbro. Ils apprennent que le compte bancaire de la défunte est réduit à peau de chagrin. Wettling assiste à l'entretien.

Mul entreprend des recherches sur le passé de Disbro et George Wettling. Wettling, un caractériel, persuade son patron d'utiliser ses relations afin que l'enquête soit retirée à Mulheisen. Grootka après avoir passé la nuit avec Honey, est assailli par un homme alors qu'il sort de l'immeuble. Il le poursuit mais perd sa trace, rapidement essoufflé et le cœur près d'exploser. Il reconnait en son agresseur Galerd. Honey avoue qu'elle l'a balancé à un nommé George dont elle possède le numéro de téléphone.

 

Entre les nombreuses considérations sur la vie privée de Mulheisen qui fricote avec la substitut du procureur, ses démêlés avec son supérieur, les souvenirs de Grootka et la bataille dite Conspiration de Pontiac mettant aux prises Britanniques et Indiens sur l'emplacement aujourd'hui de Détroit, l'histoire se tisse agréablement mais sans surprise. Le personnage de Wettling est toutefois un peu trop caricaturé pour être crédible.

 

Jon A. JACKSON : Grootka. (Grootka - 1993. Traduction de Mona de Pracontal). Série Noire N°2408. Parution janvier 1996. 352 pages. 9,60€.

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27 septembre 2015 7 27 /09 /septembre /2015 11:26
Julius A. LION : Les truands du temple.

Pris la main dans le tronc !

Julius A. LION : Les truands du temple.

Les vacances à Lourdes de l'inspecteur Boulle sont perturbées par une série d'actes de vandalisme.

Des magasins d'objets religieux, appartenant l'un à Lefranc, d'origine juive, l'autre à un catholique du nom de Le Garrec, sont pillés, dévastés. Deux routards, installés dans la ville depuis un an, sont retrouvés morts une balle dans la tête. Lefranc et sa famille sont également abattus et un tube plastique empli de cocaïne est retrouvé parmi ses affaires. La fille de Mme Cazes a la désagréable surprise de trouver dans une malle envoyée par sa mère et qui devait contenir ses affaires un cadavre. Lequel n'est autre que François Heidman, un trafiquant de drogue notoire fiché dans de nombreux pays dont les Etats-Unis, mort d'une crise cardiaque.

Soupçonnée, Mme Cazes s'avère une forte femme, adhérente d'une association de joyeux farceurs, les Patatrucs, et tient tête à la juge d'instruction, Sylvaine Sollier, surnommée SOS. Incarcérée, elle simule une tentative de suicide et est emmenée à l'hosto où Boule exerce une surveillance, au cas où.

Bien lui en prend car une femme, déguisée en nonne, essaye de la trucider. Grâce aux empreintes digitales, l'identité de la fausse bonne sœur est établie. Il s'agit d'une terroriste du nom de Faustine, militante du groupe Aurore 17. Brahim Fadil, le logeur des deux routards, après s'être évaporé dans la nature, réapparaît plein aux as. Il est suivi ainsi que son ami Tony Brasencroix, un autre clodo, par Boule aidé de Sélina, secrétaire du commissaire local, et de ses adjointes préférées, Justine, Antonine et Amélie.

C'est ainsi qu'ils repèrent d'autres membres du groupe Aurore 17. Un Allemand du nom de Dieter Schinke et Manfredini, un Italien, bien connus pour leur passé de terroristes. Mme Cazes doit réceptionner des gamins en provenance d'Amérique du Sud et Boule l'accompagne sur le terrain d'aviation. C'est ainsi qu'il apprend que Le Garrec importe de la cire végétale pour la fabrication de ses bougies, produit dont était imprégné les routards trucidés.

Le déplacement de Boule n'était pas fortuit, c'est ce que lui confirme son supérieur hiérarchique, Pougeroux. Mais cela embête pas mal de monde, à commencer par un édile haut placé.

 

Encore une histoire de drogue, mais si bien agencée et tellement bourrée d'humour que l'intérêt ne réside non plus dans le fond mais dans la forme. Les scènes cocasses et les dialogues à l'emporte-pièce produisent toujours un effet de jubilation, même à la relecture. Boulle s'avère un impénitent coureur de jupons et son trio de charme ne lui suffit plus. Il prodigue ses bienfaits à la juge et à Sélina, ce qui permet aux deux femmes de retrouver un équilibre psychique qu'elles avaient perdu suite à des ennuis professionnels ou familiaux . Pourtant physiquement il n'a rien d'un Don Juan, et ressemblerait plus à Maigret qu'à San Antonio. Moralement ce serait plutôt le contraire.

 

Curiosités : Lourdes, ville pieuse, ne devrait pas avoir les faveurs des truands, sauf ceux qui profitent de la crédulité des catholiques.

Pourtant elle sert de toile de fond à quelques romans dont celui-ci et à L'OPA de quatre sous de Michel Lebrun, un roman à redécouvrir.

Boulle est activement aidé par un capitaine de gendarmerie, ce qui prouve que la guerre des polices n'est issue que de l'imagination des auteurs de romans policiers.

 

On lui a expliqué qu'on vise mieux en fermant un œil. Alors elle ferme les deux pour doubler les chances.

Julius A. LION : Les truands du temple. Série Noire N°2094. Parution mai 1987. 288 pages. 6,05€.

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26 septembre 2015 6 26 /09 /septembre /2015 10:15
Pierre-Alain MESPLEDE : Les trottoirs de Belgrano.

Il n'est jamais trottoir pour bien faire...

Pierre-Alain MESPLEDE : Les trottoirs de Belgrano.

Quoi que puissent-en penser ses détracteurs, mais en existe-t-il vraiment, le tango n'est pas une danse morte. Les aficionados se donnent rendez-vous dans des salles où ils peuvent sacrifier à satiété à leur loisir favori et écouter de vieilles rengaines dont Carlos Gardel fut le chantre. Le tango qui est pour les Argentins ce que le blues est pour les Noirs des Etats-Unis.

Maurice le narrateur aime à se retremper de temps à autre dans cette ambiance même si ses dons chorégraphiques en la matière demeurent à l'état larvaire. Son quartier général, c'est Les trottoirs de Belgrano, cabaret où se produisent chanteurs, musiciens et danseurs.

Et lorsque Hermina est retrouvée morte sur le trottoir ce n'est pas à cause d'un accident provoqué par une figure mal négociée, mais bien par une balle fichée dans son sein gauche. Une publicité gratuite mais tapageuse dont se serait bien passé Hector, le patron de la boîte de nuit et ami de Maurice. Faut croire que les coups durs, ces deux là les collectionnent. Ils découvrent Virulano, le partenaire d'Hermina, la gorge tranchée dans son appartement. Comme il travaille au ministère de l'Intérieur, et plus spécialement au service des cartes de séjour, Maurice peut accompagner le commissaire Lancret dans son enquête, ce dont il ne se prive pas. Il devance même parfois le policier dans la rencontre de témoins supposés avoir quelque chose à dire. Les cadavres s'accumulent, et une sombre histoire de drogue se profile à l'horizon.

 

Encore une histoire de came, penserez-vous. Non. En fait, l'héroïne n'est pas celle qu'on pense. La drogue ne sert que de prétexte à l'auteur pour nous faire découvrir et partager une ambiance, une passion. Nous entrons dans un univers particulier. Pas d'exotisme mais une atmosphère.

Pour qui connaît Pierre-Alain Mesplède, l'homme prolixe a laissé place à un auteur aux phrases courtes, incisives. Comme si deux entités, l'orateur et l'écrivain habitaient la même enveloppe. Et comme dirait l'Argentin, je reprendrais bien un petit Volver. Le lecteur comprendra, à moins que sous l'emprise du whisky il ne tangue haut.

Ce roman a été adapté au Cinéma par Jean-Pierre Mocky en 2005, scénario de Mocky et André Ruellan (Kurt Steiner au Fleuve Noir), musique de Vladimir Cosma, avec dans les rôles principaux : Michel Serrault, Charles Berling, Micheline Presle, Dominique Zardi, sous le titre inspiré (et peu inspiré) des années 50 : Grabuge.

Pierre-Alain MESPLEDE : Les trottoirs de Belgrano. Série Noire N°2393. Parution septembre 1995. 224 pages.

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25 septembre 2015 5 25 /09 /septembre /2015 07:49
A.C. WEISBECKER : Cosmix Banditos

Lorsque la Mécanique Quantique s'invite dans le roman noir...

A.C. WEISBECKER : Cosmix Banditos

Pour inaugurer le nouveau look de la Série Noire, on peut dire que Patrick Raynal, qui débarquait comme le nouveau directeur de la collection, avait fait fort.

Voilà un roman qui a dû en déconcerter plus d'un, moi le premier.

Les adjectifs me manquent pour qualifier ce roman imprévu, hilarant, burlesque, situé entre le cours de physique et le dessin animé à la Tex Avery.

 

Le narrateur, recherché par toutes les polices d'Amérique du Nord et du Sud pour trafic d'armes et de narcotiques, pense que tout est lié au processus Sub Atomique et à la Mécanique Quantique. D'ailleurs il ne jure que par la Théorie des Particules Sub Atomiques et s'érige en professeur lorsqu'il trouve un interlocuteur sur son chemin.

Pour compagnons, il possède un chien nommé High Pocket, aux éternuements chroniques, et un serpent semi-apprivoisé qui aime se lover autour du canon brûlant d'un fusil.

De temps en temps il reçoit dans sa cabane perdue en pleine nature un bandito colombien du nom de José. Un jour José subtilise dans un aéroport les papiers d'identité de touristes américains. Dans la pochette de Tina, il découvre un diaphragme. Il envoie alors des lettres signées M. Quark, à ces malheureux Américains détroussés, leur demandant de répondre sous forme d'annonces dans un journal.

Commence alors la folle équipée en compagnie de José mais également de Jim et Robert dont la présence n'est pas clairement définie, sauf à l'épilogue. La téquila coule à flot, le campagne aussi, et les bouts de joint ne leur permettent pas toujours de joindre les deux bouts.

 

Un roman étrange dont l'histoire se chevauche dans le temps et à la trame tarabiscotée. Les notules en bas de pages sont nombreuses et l'auteur qui se cache derrière un pseudonyme que personne pour l'instant a décrypté, toutefois certaines précisions sont dévoilées dans un article que vous pouvez découvrir ici, se réfère aussi bien à Gary Joukow qu'à Albert Einstein.

Un roman à ne pas lire toutefois après un bon repas, une certaine somnolence de la part du lecteur risquant de lui empêcher d'en apprécier toutes les subtilités.

Réédition Folio Policier N°77. Parution mai 1999. 304 pages. 8,00€.

Réédition Folio Policier N°77. Parution mai 1999. 304 pages. 8,00€.

A.C. WEISBECKER : Cosmix Banditos (Cosmix Banditos - 1986. Traduction de Richard Matas). Série Noire N°2288. Parution janvier 1992. 256 pages.

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24 septembre 2015 4 24 /09 /septembre /2015 08:01
Jacques SYREIGEOL : Une mort dans le Djebel.

Une parmi tant d'autres !

Jacques SYREIGEOL : Une mort dans le Djebel.

Tous les auteurs vous le diront : accoucher d'un second roman, en attendant que ce roman se transforme en deuxième, ne s'effectue pas toujours dans la sérénité.

Surtout si le premier a reçu un accueil favorable de la part des critiques et du public. L'auteur a peur de décevoir, même s'il écrit pour le plaisir et non pour de futiles considérations mercantiles, et croit avoir épuisé son potentiel d'imagination.

A moins de tomber dans la mégalomanie, il ne peut puiser continuellement dans des souvenirs autobiographiques ou faits-divers vécus par des proches.

Digression un peu longue qui ne s'applique pas forcément au roman que je vous propose mais utile à énoncer de temps à autre. Si vous ne vous souvenez pas de tout le bien que j'avais pu écrire, avec une réserve toutefois, de Vendetta en Vendée, vous pouvez retrouver cette chronique en cliquant sur ce titre.

Voici donc le second roman de Jacques Syreigeol, et je vous sens tous tendus, posant cette question primordiale : Alors, comment-il ?

Cessons le suspense, en un mot : bravo !

Ayant rencontré Jacques Syreigeol a plusieurs reprises avant la parution du livre, je connaissais grosso modo la trame de cette intrigue de même que son troisième qui s'intitule Miracle en Vendée, chroniqué bientôt. Mais je ne me rendais pas compte combien ce roman était chargé de force, d'émotion, de tout ce qui fait la qualité d'une œuvre appelée à consacrer un écrivain. Eternel problème de la discrimination littéraire, Série Noire ou Série Blanche ? Littérature Populaire ou Littérature Elitiste ? En oubliant un peu vite que c'est Louis Hachette qui créa la Bibliothèque des Chemins de Fer (d'où le nom de littérature de gare) et que Zola en fut le principal auteur et principal bénéficiaire. Mais je m'égare (je ne pouvais pas ne la placer celle-là !) et vous pouvez retrouver mon article sur l'origine du roman de gare ici. 

Résumer le roman de Jacques Syreigeol ne relève pas forcément du défi, mais en dévoiler la structure, les ressorts lui font perdre incontestablement le plaisir de la découverte. Cependant, je vais essayer de vous planter le décor succinctement :

Un homme blessé à la tête, sort peu à peu de l'inconscience. Il se réveille amnésique et il lui faut tout apprendre, tout réapprendre, jusqu'à son nom. Il sort de l'hôpital avec en poche son nom, un peu d'argent et quelques souvenirs qui peu à peu se réveillent en lui. Il rentre dans son village, mais entre lui et la réalité oscillent quelques fantômes. Un démarquage s'opère en lui.

La mort rôde en ce mois de février 1962. Le conflit entre Algériens et coloniaux, entre FLN et OAS est à son paroxysme. Un décalage constant entre réalité et réminiscences l'étreint. Le voile se soulève, mais d'autres sont derrière, en succession labyrinthique.

L'épilogue nous réserve de bien belles surprises, cependant, un conseil : sachez que l'emploi de citations en début de ce livre n'est jamais gratuit, aussi méditez celles qui sont placées en exergue de cette œuvre, surtout la première.

Une mort dans la Djebel n'est pas une histoire de plus sur la guerre d'Algérie. C'est une histoire dans l'histoire dans l'histoire et peut-être le plus beau roman noir de cette fin d'année 1990. Et ce n'est pas pour rien qu'il a obtenu le Prix Mystère de la Critique 1991.

 

Jacques SYREIGEOL : Une mort dans le Djebel. Série Noire N°2242. Parution octobre 1990. 192 pages. 6,65€.

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23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 12:11
Karen KIJEWSKI : Ta langue au chat ?

N'y voyez aucune connotation érotique !

Karen KIJEWSKI : Ta langue au chat ?

Kat s'en rappellera du jour où par amitié elle a accepté de rendre service à Charity qui tient dans un journal la rubrique conseils d'une psychologue.

Charity sollicite donc son amie Kat, détective privée, afin de vérifier les dires de son mari Sam Collins avec qui elle est en instance de divorce. Celui-ci aurait dilapidé au jeu à Las Vegas deux cent mille dollars prélevés sur la cagnotte familiale.

Pour Charity il s'agit de tout autre chose, de l'argent mis à gauche par exemple.

Kat vérifie les communications téléphoniques de Sam, relève quelques numéros correspondants à la cité du jeu, et décide d'enquêter sur place. A sa descente d'avion, un hasard lui fait rencontrer Deck, un ancien camarade d'école qu'elle n'a pas revu depuis au moins quinze ans. Il l'invite à une exposition d'objets destinés à une vente aux enchères.

Kat découvre dans les toilettes le cadavre d'une femme encore jeune mais égorgée. Une enquête qui débute vraiment sous de mauvais auspices. Kat fouine auprès de promoteurs immobiliers, de la New Capital Venture, et de conseillers municipaux, mais apparemment cela n'a pas l'heur de plaire à tout le monde puisqu'un soir elle est agressée.

Elle se défend tant bien que mal et fait la connaissance d'un policier, seul au monde comme elle. En compagnie de Joe Rider, un journaliste, de Betty, sa femme, et de Hank, le flic, Kat s'incruste à Las Vegas, mettant ses pieds, ses yeux et ses oreilles là où il ne faut pas.

Ce qui lui vaut un séjour à l'hôpital, un chauffard ayant tenté de l'écraser. Quant à Sam Collins, il effectue un vol plané lors de la visite d'un immeuble en construction. Et six étages, en chute libre, sans parachute ni filet, ce n'est pas bon pour l'organisme. Un accident mortel qui conforte Kat dans son idée que cette histoire à base de magouilles financières et immobilières est plus que pourrie.

 

Avec ce premier roman de Karen Kijewski traduit en France, nous faisons la connaissance d'un détective privé féminin, une espèce à la mode.

Pas bégueule, ne détestant pas boire une bière ou un alcool de temps en temps, ne faisant pas étalage de sa féminité, sans complexe, Kat est sympathique même si sa recette de crêpes n'est pas orthodoxe.

On aurait pu s'attendre, l'action se déroulant à Las Vegas, à être entraîné dans l'enfer du jeu. Que nenni, on évite les habituels clichés et les casinos ne sont évoqué ici que pour le blanchiment d'argent.

En réalité, ce sont les milieux immobiliers qui sont dans la ligne de mire de Karen Kijewski, un auteur que l'on retrouvera avec plaisir. A noter des têtes de chapitres pour le moins originaux.

Karen KIJEWSKI : Ta langue au chat ? (Katwalk - 1989. Traduction de Jacqueline Lenclud). Série Noire N°2248. Parution novembre 1990. 288 pages.

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22 septembre 2015 2 22 /09 /septembre /2015 08:00
François JOLY : L'homme au mégot.

Il fait un tabac !

François JOLY : L'homme au mégot.

A quelques semaines d'intervalle, des voyous récemment sortis de prison sont assassinés en différents points du territoire français.

D'abord à Lyon, un homme qui fut condamné pour le viol d'une adolescente. Puis à Marseille un souteneur sadique. Dans le Jura, où des frères célibataires se défoulaient en pillant et violant.

Des exécutions sans lien apparent, du moins pour la police et pour les journalistes, car pour Curveillé qui découvre par hasard la relation d'un des faits-divers, il s'agit bel et bien du même personnage qui s'adonne à cette chasse d'un genre nouveau.

Manie ou signature ? Le tueur a écrasé dans l'une des douilles un mégot de cigarette. Et cette façon de procéder pour le moins bizarre renvoie Curveillé vingt-six ans en arrière, en pleine guerre d'Algérie.

Celui qui assassine et signe ainsi ses crimes ne peut être que l'un de ses anciens camarades, l'un de ses anciens compagnons d'arme.

En compagnie de Morizio, homme de main de Saryan le marchand d'armes, Curveillé se lance sur les traces de cet ami perdu de vue. Pas pour le livrer à la police, non, mais pour le comprendre, le raisonner, l'exhorter à cesser ce petit jeu.

Et puis il y a toujours un moment où l'action, juste ou non, se retourne contre son auteur et Curveillé arrivera à point nommé. Dans la douleur.

 

Curveillé, le lecteur fidèle de la Série Noire a fait sa connaissance dans Be-Bop à Lola, roman paru sous le numéro 2180. Un premier roman qui m'avait laissé sur une bonne impression. Impression favorable que ne dément point L'homme au mégot.

Curveillé n'est pas un surhomme, il a simplement traversé de dures épreuves et il essaie de s'en sortir. Et lorsqu'il s'agit d'un camarade, même perdu de vue depuis longtemps, il se sent investi d'une mission. Ce qui dénote de sa part un manque d'égoïsme.

En toile de fond la guerre d'Algérie, cette guerre peu glorieuse et qui entache l'honneur de la France et de ses militaires.

Et puis le Jazz imprègne ce récit, un jazz éclectique, dépendant de l'humeur du moment.

Un roman qui ne peut laisser indifférent, et François Joly, avec Jacques Syreigeol dans un registre différent mais complémentaire, parle de la guerre d'Algérie avec sobriété, justesse et réalisme. Depuis quelques temps (fin des années 1980), relater des faits de guerre, l'attitude des uns et des autres, voire les dénoncer, n'est plus un tabou, et les petits Français à l'instar des Américains qui exorcisent le drame vietnamien, osent écrire sur ce sujet sensible.

 

François JOLY : L'homme au mégot. Série Noire N°2247. Parution novembre 1990. 224 pages.

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21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 07:43
John DOUGLAS : Arrêtez le folklore

Les traditions se perdent...

John DOUGLAS : Arrêtez le folklore

A vingt et un ans, Bill Edmonson ne connait pratiquement rien de la vie ni de la politique interne des Etats-Unis, ni même des principaux hommes qui dirigent le pays.

Ce qui ne l'empêche pas de vouloir devenir détective privé.

Grant, son partenaire, lui inculque les principaux principes d'une profession dangereuse et de la nécessité d'une bonne utilisation d'une couverture afin de pouvoir passer inaperçu lors d'une enquête.

C'est ainsi qu'en cette année 1922 le voilà promu folkloriste, à la recherche de vieux chants, de vieilles ballades, alors qu'il se sent tout feu tout flammes et ne souhaite qu'une chose, foncer dans le tas afin de régler au moins la mission dont ils sont chargés.

Mais dans ce petit village de Virginie où tout est nouveau pour lui, Bill est déboussolé. D'abord de cette enquête, il n'en connait que vaguement les grandes lignes. Ensuite, lorsque son compagnon disparait, il se retrouve bien seul à affronter un potentat local, le shérif et ses adjoints, véritables sbires du dit potentat et un envoyé du Syndicat qui essaie d'organiser une grève parmi les travailleurs mécontents.

Ce n'est pas parce qu'il est débutant que Bill va se laisser marcher sur les pieds et s'il ne possède pas la maturité et l'expérience nécessaires pour mener à bien et dans les règles de l'art la mission qui lui est confiée, il a au moins une qualité : la ténacité.

Et comme les jeunes roquets accrochés aux jambes du pantalon, il ne lâche sa proie que pour mieux mordre.

 

Dans une ambiance rétro et historique, John Douglas met en scène un nouveau détective privé fort sympathique auquel je souhaite de nombreuses aventures, pour le plus grand plaisir des lecteurs.

John DOUGLAS : Arrêtez le folklore (Blind Spring Rambler - 1988. Traduction de Simone Hilling). Série Noire N°2193. Parution août 1989. 256 pages. 7,10€.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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