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12 octobre 2015 1 12 /10 /octobre /2015 10:14
Jean-Claude IZZO : Chourmo.

C'est vraiment la galère !

Jean-Claude IZZO : Chourmo.

Depuis qu’il a démissionné, Fabio Montale, flic marseillais d’origine italienne, vit seul dans un cabanon, passant ses journées chez Fonfon, son ami bistrotier ou à pêcher en mer.

Sa cousine Gélou, qu’il n’a pas revue depuis des années et dont il était amoureux adolescent, lui demande de retrouver son fils Guitou qui a fugué en compagnie de Naïma, jeune fille d’origine maghrébine. Fabio se rend dans le quartier de l’adolescente. Serge, un ami éducateur du temps où il était encore policier, se fait descendre sous ses yeux.

Ses rapports avec Pertin, le commissaire du quartier, un ancien collègue, sont toujours aussi tendus. Il ne récolte guère de renseignements auprès de la mère et de Mourad le jeune frère de Naïma, à part l’intégrisme qui anime Rédouane, le frère aîné. Quand à Naïma elle vit depuis quelque temps chez son grand-père.

Il découvre, dans le taudis où Serge logeait, des quotidiens algériens, des publications du Groupe Islamique Armé, et une lettre signée Pavie, une paumée que l’ex éducateur essayait de sortir de la drogue. Montale est suivi par deux hommes dont Balducci, un truand varois.

Les cadavres d’un historien algérien, Hocine Draoui, et d’un jeune homme inconnu sont découverts chez Fabre, un architecte dont le fils Mathias était un ami de Guitou. Fabio pense qu’il s’agit du fugueur. Il rencontre la mère de Mathias, une Vietnamienne dont Fabre a reconnu l’enfant. La femme semble taire des informations mais Fabio promet de ne pas dévoiler à Loubet, le flic chargé de l’enquête, l’identité de Guitou trop rapidement. Puis il se rend chez le grand-père de Naïma. La jeune fille a disparu et le vieil homme a été agressé. Pavie aussi est introuvable.

Fabio retourne chez la mère de Naïma et trouve dans les affaires de Rédouane des tracts et une arme. Chez Serge, il découvre un cahier dans lequel l’éducateur a consigné les agissements du FIS dont fait partie Rédouane. Près de chez Serge, vit un casseur d’automobile. Pavie est morte et l’homme est en train d’incinérer son cadavre lorsque des inconnus lancent des bombes incendiaires.

 

S’il n’y avait que l’histoire, intéressante en soi, certes, et bien traitée, ce roman de Jean-Claude Izzo s’inscrirait dans la moyenne des bons romans de l’année.

Seulement Izzo apporte sa touche, son lyrisme, et son humanisme. Chourmo, qui en provençal veut dire galère, du français chiourme, est un cri d’amour et de colère. Cri d’amour pour Marseille, sa ville. Cri de colère envers toutes les aberrations du racisme, qu’elles proviennent d’un côté ou l’autre de la barrière.

Comme il le fait dire à l’un de ses personnages : Nous avons cette faculté-là, d’avoir la mémoire courte, quand ça nous arrange….

Les gens oublient un peu vite les morts, ceux qui se sont battus pour une patrie qui n’était pas la leur. Ils les rejettent par égoïsme, à cause d’une façon de vivre différente de la leur. La guerre des boutons élargie à une race.

Réédition février 2002. 320 pages.

Réédition février 2002. 320 pages.

Réédition Folio Policier N°195. Parution février 2001. 368 pages. 8,00€.

Réédition Folio Policier N°195. Parution février 2001. 368 pages. 8,00€.

Jean-Claude IZZO : Chourmo. Série Noire N°2422. Première édition 1996.

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11 octobre 2015 7 11 /10 /octobre /2015 13:25
Jean-Bernard POUY : La clé des mensonges.

Ouvre la porte à la vérité ?

Jean-Bernard POUY : La clé des mensonges.

Deux gendarmes qui escortent dans un train une jeune fille afin de la présenter devant un juge d’instruction, cela paraît banal en soi.

Un des deux gendarmes, près de la retraite et atteint d’envies répétées et urinaires, encore plus banal, n’est-ce pas ?

Mais que certains types à l’allure trop honnête pour l’être vraiment, semblent les épier, attendant un moment propice pour effectuer une action quelconque à l'encontre de la jeune femme, alors là, cela devient sérieux et pour le moins bizarre.

Mais quelle forme d’action tout d’abord ? Pour la délivrer des griffes des représentants de l’ordre ou au contraire pour l’abattre afin quelle ne puisse pas révéler un secret concernant une affaire politique ?

Zapala, ne se pose pas tant de questions, ou s’il se les pose, c’est inconsciemment et dans le feu de la bagarre. Dans le feu, est bien l’expression appropriée car son collègue tombe touché par les balles ennemies. Le gendarme restant et la jeune fille sautent du train, échappant à leurs poursuivants. Commence alors une aventure bizarre, dans laquelle le gendarme jette aux orties trente et quelques années de carrière, une retraite bien méritée, et ce pour un motif dont il serait bien incapable de préciser le pourquoi du comment. Prennent également une place prépondérante dans cette histoire une clef et un transit intestinal qui peut rapporter gros.

Lors de la parution de cet ouvrage en Série noire, il y a un peu moins de trente ans, j’avais estimé que Jean Bernard Pouy faisait partie de cette jeune génération d’auteurs au talent de conteur indéniable et qui savait se renouveler jusque dans ses références littéraires tout en utilisant un humour à froid.

Après n’avoir juré que par Wittgenstein, il citait alors un autre obscur philosophe autrichien du nom d’Arthur Keelt, né de son imagination mais pris au sérieux par des censeurs patentés qui pensent tout connaître et qui gobent la première mouche venue comme la truite d’élevage.

Comme si tout cela n’était qu’une immense boutade lancée par un auteur qui ne se prend pas au sérieux, et encore moins les critiques littéraires, ceux qui comme au cinéma, tressent les lauriers (rares) ou jettent l’opprobre (le plus souvent) sur une œuvre pour le simple plaisir de se croire les maîtres de la pensée de tout un chacun, de démolir pour assouvir leur satisfaction personnelle et cacher une certaine médiocrité.

Réimprimé en janvier 1997. 192 pages.

Réimprimé en janvier 1997. 192 pages.

Réédition Folio Policier N°543. Parution mars 2009. 192 pages. 5,80€.

Réédition Folio Policier N°543. Parution mars 2009. 192 pages. 5,80€.

Jean-Bernard POUY : La clé des mensonges. Série Noire N°2161. Parution décembre 1989.

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10 octobre 2015 6 10 /10 /octobre /2015 12:20
JOYAUD Béatrice : Plaisir en bouche.

Ceci n'est pas un cours d'éducation sexuelle !

JOYAUD Béatrice : Plaisir en bouche.

Abandonné, recueilli par un policier et placé dans un orphelinat, Balthazar Chacun prend son envol à quinze ans en s’enfuyant de l’établissement.

Il rencontre dans un bar Helga, une gamine de son âge, et l’emmène dans sa chambrette. En reconnaissance de la nuit passée, elle le présente à son oncle Robert qui tient un petit restaurant. Il gravit tous les échelons de la restauration et bientôt s’impose comme un maître queux incontestable.

Il s’inscrit dans une école gastronomique, qui compte une centaine d’élèves dont une seule fille, et en sort haut la main major de sa promotion. Au cours de ses années d’études il s’est lié avec trois autres compères, Lepan, Berthelin et Perduré. Quelques incidents émaillent ses années d’études. Il se confronte à des tenants de la défense du terroir, tandis qu’il prône la valorisation de la recherche, du goût et des couleurs. Parmi ces défenseurs du terroir figure la seule fille du groupe.

Au décès de l’oncle Robert, Balthazar reprend l’affaire avec Helga. Rapidement ils rachètent un restaurant plus sélect, l’Arthus et le cuisinier peut se consacrer à de nouvelles recettes. Rapidement il obtient ses trois étoiles. Tout marche pour le mieux jusqu’au jour où il reçoit une lettre anonyme le prévenant qu’il s’est englué dans la facilité. Conséquence il perd une étoile. Mais il s’acharne malgré les lettres anonymes qui lui donnent conseils ou le réprimandent. Le succès de l’Arthus ne lui suffit pas. Il crée Le Palais des Nuits, grâce à un fond d’investissement, et s’investit dans de nouvelles préparations, plus scientifiques. Il veut se surpasser, étonner. Il va même jusqu’à élaborer des recettes à base de résidus d’origine humaine ou animale, de pierre et même de drogues ou de poison.

 

Sous l’étiquette de roman noir, Plaisir en bouche dénonce certaines dérives gastronomiques, en grossissant d’une manière pour le moins exagérée l’inventivité qui devient le moteur obsessionnel de quelques chefs de cuisine.

L’action se passe dans les années 2040 et quelques, mais on ne peut présager des résultats. D’ailleurs sous les traits de Balthazar j’ai aussitôt plaqué le visage d’un cuisinier savoyard coiffé d’un chapeau à larges bords qui est le chantre de la cuisine dite du terroir mais à base d’éprouvettes, instigateur de la cuisine dite moléculaire.

Si le roman se montre fade dans les premiers chapitres, peu à peu la saveur se rehausse grâce à quelques épices savamment dosées et ajoutées au gré du déroulement de l’intrigue jusqu’à un final qui se révèle savoureux.

Réédition Folio Policier N°503. Parution février 2008. 240 pages. 7,00€.

Réédition Folio Policier N°503. Parution février 2008. 240 pages. 7,00€.

JOYAUD Béatrice : Plaisir en bouche. La Noire. Parution novembre 2001. 176 pages. 14,75€.

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9 octobre 2015 5 09 /10 /octobre /2015 09:12
Fredric BROWN : Ça ne se refuse pas

Ça dépend de ce que l'on vous propose !

Fredric BROWN : Ça ne se refuse pas

La ville a peur !

En deux mois, deux femmes ont été violées puis étranglées chez elles, et depuis la ville vit dans la peur d'une récidive. Des consignes ont été données, chaque porte doit être munie d'une chaîne de sécurité et les femmes qui sont seules chez elles ne doivent pas laisser entrer un inconnu sans s'assurer qu'elles ne craignent rien. Il est dix-sept heure et le Monstre a tenté de répéter son forfait. En vain.

Ray Fleck est en colère. Il doit près de cinq cents dollars à Joe Amico, un preneur de paris (un bookmaker en français courant). Seulement il n'a que vingt-huit dollars sur lui, et sa femme refuse de lui avancer une partie de son assurance-vie.

Ray est représentant en alcool et s'il ne roule pas sur l'or, il gagne confortablement sa vie, grâce aux commissions qu'il empoche. Ruth, son épouse depuis six ans, une jolie femme précisé-je en passant, est serveuse le soir, de dix-sept heure jusqu'à près de minuit, dans un restaurant grec, Chez Mikos. Mikos est secrètement amoureux de Ruth mais est un homme loyal. Seulement Ray est un parieur invétéré et il ne peut s'empêcher de continuer malgré tout de miser sur les chevaux. Il gagne, il perd, la chance n'est pas toujours au rendez-vous.

Il décide de participer à une partie de poker le soir même mais pour cela il lui faut un minimum de cent dollars. Et il espère bien gagner afin de rembourser, tout au moins en partie, Amico.

Il pense qu'en empruntant dix dollars, voire plus, par-ci par-là il va pouvoir faire fructifier ses vingt-huit dollars, seulement ce n'est pas ce qui se produit. Il ponctionne son vendeur de journaux habituel, Benny le Dingue, qui affirme que c'est lui le Monstre, de dix dollars, lui promettant de miser la somme sur un cheval gagnant. Benny confiant et crédule lui avance la somme, mais au fur et à mesure qu'il entame sa tournée, Ray va récolter quelques dollars qui aussitôt ressortiront plus vite qu'ils sont entrés dans son escarcelle.

Il se rend chez sa maîtresse, Dolly Mason, mais il n'est pas le seul à partager son lit. Ce n'est pas grave, du moment qu'elle accepte de le recevoir le soir même, et qu'elle lui prête cent dollars, à la rigueur cinquante, il n'est pas trop regardant. Elle affirme ne rien posséder alors tandis qu'elle procède à ses ablutions, il s'empare des bijoux qui résident dans un petit coffret. Malheureusement deux impondérables s'élèvent devant lui. D'abord les bijoux ne sont que de la pacotille, de plus l'amant de cœur de Dolly est un détective privé.

Pendant ce temps, le Monstre parcourt les rues de la ville à la recherche d'une prochaine victime. Ray va se trouver dans un bar face à ce récidiviste et imagine que si le tueur s'en prenait à sa femme, ses ennuis financiers seraient résolus. Pour cela il lui faut un alibi solide.

 

L'action de ce roman est condensée en à peine huit heures puisque le début de l'intrigue démarre à dix-sept heure et trouve son épilogue à deux heure quarante-cinq le lendemain matin. Mais entre temps que de péripéties, que de retournement de situation dans le portefeuille de Ray, que d'avatars en tout genre, de périodes d'espoir et de découragement, d'abattement, de dépenses d'énergie.

Si Ray se dresse comme le personnage central du récit, les autres protagonistes ont droit à la parole et les séquences dans lesquelles ils apparaissent alternent avec celles dans lesquelles Ray évolue.

Et cette quête d'argent, omniprésente, nous renvoie à des romans de William Irish dans lesquels un homme seul doit rechercher une vérité pour se dédouaner. L'impression qu'un homme se débat contre tous, abandonné.

Mais s'il existe une légère approche avec William Irish, ce roman résume toute la quintessence de l'univers Brownien, l'alcool, et ce n'est pas par hasard si Ray est représentant en spiritueux, et un humour sous-jacent qui n'appartient qu'à lui.

Si ce roman n'est pas le meilleur de Fredric Brown, dans le domaine du policier, il n'en est pas loin et il fait partie des réussites de cet auteur à part, un peu délaissé de nos jours après avoir connu une vague d'engouement dans les années 1980.

 

Ce roman a été adapté au cinéma par Jean-Pierre Mocky en 1975 sous le titre L'ibis rouge, avec dans les rôles principaux Michel Serrault, Michel Simon, Michel Galabru, Jean Le Poulain, Evelyne Buyle.

Fredric BROWN : Ça ne se refuse pas (Knock Three-One-Two - 1959. Traduction de Jean Rosenthal). Série Noire N°768. Parution février 1963. 192 pages.

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8 octobre 2015 4 08 /10 /octobre /2015 09:43
Joseph BIALOT : Le Royal-bougnat.

N'est pas un Auvergnat prolétaire...

Joseph BIALOT : Le Royal-bougnat.

Le Royal-bougnat est un café, presque le quartier général de Didier Valois.

Il y rencontre ses amis, Neurone et quelques autres. Il s'y sent bien, entouré d'âmes réconfortantes.

Marie, sa maîtresse, est dans tous ses états : son mari vient d'être assassiné et naturellement pour la police, elle est en tête de liste des suspects.

Mais pourquoi avoir dessoudé Maître Frédéric Cheney, avocat, et surtout qui ?

Didier, comédien de second plan, qui pointe plus souvent à l'ANPE que sur les tréteaux des saltimbanques, va fouiner de son côté afin de sortir du pétrin sa chère et tendre.

Commence un chassé-croisé entre Didier, Pietro Chiglione, spécialisé dans le vol de tableaux et de sculptures, sa femme Colette, qui ne comprend rien à rien et n'en sait guère plus, et quelques autres, truands notoires ou non.

 

Didier Valois, on a fait sa connaissance dans Un violon pour Mozart paru dans la même collection.

Malheureusement Le Royal-bougnat ne possède pas ce grain de folie, cette fantaisie débridée, cet humour qui imbibaient Un Violon pour Mozart. Un bon roman qui malgré tout me déçoit un peu car j'attendais mieux de Joseph Bialot, surtout après ses dernières productions, Un Violon pour Mozart à l'humour parfois ravageur, et La nuit du Souvenir, une œuvre forte et pathétique.

Mais Joseph Bialot a su réveiller en moi la fibre de la nostalgie par la description amoureuse de ses balades pédestres dans Paris. De bien beaux souvenirs.

 

Joseph BIALOT : Le Royal-bougnat. Série Noire N°2239. Parution août 1990. 192 pages. 6,05€.

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6 octobre 2015 2 06 /10 /octobre /2015 08:55
Jean-Hughes OPPEL : Piraňa Matador.

L'Amazone, l'enfer.... des libraires !

Jean-Hughes OPPEL : Piraňa Matador.

Au cœur de l'immense forêt de l'Amazonie, à la limite du Brésil, de la Colombie et du Pérou, vit une petite communauté de mineurs travaillant à l'extraction du diamant sous la férule de Don Armando de Cristobal y Majorca.

Santa Cruz de Natividad est uniquement desservie par bateau. Tous les quinze jours la barge coffre-fort appartenant à la Compagnie est réservée exclusivement au transport de la pierre précieuse. Tous les mois, vaille que vaille, à dates fixes, un vieux rafiot qui descend le fleuve et le remonte, rythmant la vie communautaire. Le fleuve, seul moyen de communication. Tout autour, la forêt, et ses pièges, ses traitrises. La flore et la faune se défendent comme elles peuvent de l'invasion du modernisme et les Indiens se transmettent depuis des siècles la haine et la peur de l'homme blanc.

Les festivités sont rares à Santa Cruz de Natividad, et les seuls plaisirs que peuvent s'octroyer les mineurs, véritables esclaves au service de la compagnie toute puissante, sont la boisson et l'amour tarifé, les soirs de paye.

Cependant la révolte gronde et Don Armando pour mater les meneurs fait appel à Jorge Luis Alfaquès, tueur à gages sur le déclin et rongé par le cancer.

 

En reprenant les rênes de la Série Noire, Patrick Raynal désirait rajeunir la célèbre collection, lui redorer son blason et pour cela se montrer plus intransigeant dans le choix des textes et des auteurs. Retrouver l'esprit Série Noire. Et sous les pages d'austère jaquette, qui en fait est un retour aux sources, Oppel inaugure d'une façon éclatante ce besoin d'une nouvelle vitalité.

La littérature noire par essence est le reflet de la société, mais à force de se cantonner dans la grisaille des banlieues et de disséquer ses problèmes, la saturation gagnait le lecteur avide de sensations nouvelles. Et avec Oppel, nous sommes servis.

Après des prolégomènes oniriques et documentés, Oppel nous plonge dans la touffeur et la moiteur de l'Enfer Vert, et contradictoirement on respire une bouffée d'air pur.

A l'aide de phrases rapides, concises, hachées comme le staccato d'une mitraillette, il développe son histoire, et le héros, malgré son statut de tueur à gages, devient presque sympathique.

 

Réédition Folio Policier juillet 2001. 224 pages.

Réédition Folio Policier juillet 2001. 224 pages.

Jean-Hughes OPPEL : Piraňa Matador. Série Noire N°2287. Parution janvier 1992. 208 pages.

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5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 09:58
James DURHAM : La fenêtre obscure.

Il n'y a qu'à ouvrir les volets...

James DURHAM : La fenêtre obscure.

Détective privé, associé à Graciella dite Lupe, James Jones est alcoolique, désabusé, atrabilaire.

Il traîne derrière lui une histoire de meurtres dont il n'est qu'en partie responsable. Cependant il reste sous la surveillance des flics de Los Angeles. Lorsque Judy Jefferson lui téléphone d'El Paso, il sent les ennuis s'amonceler sur sa tête.

Judy est son ancienne petite amie, à qui il pense dans les moments de déprime. Danseuse dans les années cinquante, de vingt ans plus âgée que lui, elle a connu la prison pour trafic de drogue, et depuis continue en sous-main ses petits boulots de dealer. Son dernier amant en date, Pablo Norman n'a pas reparu depuis quelques jours alors qu'il s'était rendu au Mexique, propriétaire de quasiment tout un village, Cabo Lobos, dont un hôtel, El Espijismo.

En débarquant à El Paso pour une enquête qu'il espère boucler en un week-end, Jones retrouve son enfance, une partie de ses connaissances, l'herbe et la coke. Il fait le tour de ses anciens compagnons de frasques devenus plus ou moins marginaux comme lui. Il retrouve également Sharlalou, une chanteuse de blues, l'une de ses grandes amours. Des retrouvailles déchirantes.

Il fait appel à Félix Mondragon, qui fut son premier patron. Pendant que James parcourt le pays à la recherche du moindre renseignement concernant Pablo Norman, Félix console à sa façon Judy. Puis ils passent des heures à boire divers alcool, à fumer de l'herbe et à consommer de la méthédrine. Après une virée dans des bars, ils reviennent au bercail pour trouver Sharlalou endormie chez Judy. Ils décident de partir tous les trois, Judy restant chez elle, et à passer au Mexique par des chemins détournés. Ils tombent en panne et Judy démontre son adresse avec une arme à feu que lui ont confié les deux hommes, ratant de peu Franck parti à l'aventure. Il arrivent à Cabo Lobos à bord d'un vieil avion appartenant à une relation de Franck.

 

Les digressions personnelles du héros sont trop nombreuses et masquent une histoire qui traîne en longueur.

Digressions intéressantes certes et qui brisent en miettes le rêve américain. Elles relèvent de la psychanalyse et de l'introspection.

L'intrigue se réduit en peau de chagrin une fois ses considérations expurgées. Drogue, alcool, sexe assaisonnés de musiques blues et country sont le leitmotiv de ce roman guère convaincant.

 

James DURHAM : La fenêtre obscure. (Dark window - 1993. Traduction de Franck Reichert). Série Noire N°2407. Parution janvier 1996. 256 pages. 7,10€.

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4 octobre 2015 7 04 /10 /octobre /2015 08:33
Jean Pierre BASTID : Notre-Dame-des-Nègres.

Pour fidèles de race blanche ?

Jean Pierre BASTID : Notre-Dame-des-Nègres.

28 février. Mardi-Gras. Le journaliste Johann Usbek rejoint Paris par les égouts où il s'est réfugié.

Il transporte avec lui des documents secrets et un magnétophone. Pourchassé par des miliciens il se réfugie dans un vestiaire réservé aux égoutiers et entreprend de narrer sur cassette ses récentes mésaventures. Il termine à peine sa dictée que le commissaire Ben M'hdi et ses hommes font irruption. Son magnéto est confisqué ainsi que les documents. Puis le commissaire téléphone en haut lieu, à Lapeyrouse, lui signifiant que le fuyard vient d'être abattu et que les papiers sont détruits. Puis il se rend chez son correspondant et les deux hommes écoutent l'enregistrement réalisé.

Sous l'identité d'un certain docteur Mercoeur, Usbeck quitte sa famille et traverse la frontière. En route il recueille à bord de son véhicule Mélanie, une jeune femme noire et apeurée qui disparait à leur arrivée à Paris. Il a le temps de lui donner ses coordonnées.

 

La France est sous la domination d'un gouvernement fasciste qui traque les marginaux, noirs et SDF, aidé par l'armée, des vigiles et des particuliers unis sous le sigle PPP : Pour un Peuple Purifié. Usbek doit interviewer le ministre de l'économie mais il se sent constamment surveillé. Fabienne, une policière, lui sert de guide. Il récupère au cours d'un incident un badge sur lequel figure l'inscription "Notre-Dame des Nègres". Il s'agit d'une chanteuse prisée par les allochtones, c'est à dire les Nègres. Mélanie, réfugiée dans la chambre d'Usbek, lui demande de l'aider.

Tandis que des attentats secouent la capitale, il est invité à une soirée. Il rencontre Lapeyrouse, le numéro 2 du ministère de l'Intérieur, le commissaire M'hdi et un nommé Alban qu'il catalogue comme deuxième garde du corps. Lapeyrouse l'appelle par son véritable patronyme. Fabienne est assassinée dans le parking de l'hôtel et Mélanie portant perruque se substitue à la policière. Elle conduit Usbek dans un pavillon de banlieue où il fait la connaissance d'hommes d'affaire en vue, des Noirs. La villa est envahie par des miliciens commandés par Alban.

Mélanie peut s'enfuir, Usbek est assommé et les autres assassinés. Evello, l'organisateur de la soirée à laquelle il a assisté lui conseille de contacter Alban, directeur d'une boîte de nuit où travaillait une strip-teaseuse du nom de Notre-Dame des Nègres. Elle a disparu, devenant le chef des terroristes. Pensant à sa fille, Usbek achète un ours en peluche. Il découvre dans sa chambre un dossier dans lequel est consigné tout ce qui se trame. Une véritable Saint Barthélémy des miséreux. Il effectue des photocopies, glisse le dossier dans la peluche et expédie le tout en Suisse via le consulat. A la boîte de strip-tease Alban lui indique qu'il peut retrouver Notre-Dame à un meeting. Après quelques difficultés, il assiste à la réunion houleuse et perturbée par des activistes qui sèment le sang et la mort.

 

Avec la description d'une France en proie à crise et à la montée du chômage, du regroupement familial des étranges, de la recrudescence de la petite délinquance, et des conséquences qui en découlent, fracture, exclusion, repli sur soi des autochtones, Jean-Pierre Bastid tenait un sujet d'actualité qu'il transpose dans le temps avec un certain paroxysme.

Seulement les promesses du début ne se concrétisent pas et le roman sombre dans un ronron que seul l'épilogue parvient à sauver de l'ennui, jouant sur la duplicité des hommes à la solde du pouvoir et leurs ambitions. On trouvera parmi les personnages un certain Francisque de Villiers, mais ce n'est pas le plus important.

Jean Pierre BASTID : Notre-Dame-des-Nègres. Série Noire N°2431. Editions Gallimard. Parution septembre 1996. 304 pages.

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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 08:14
Stuart KAMINSKY : Fantasia à l'Opéra.

Un monde différent de Fantasia chez les ploucs...

Stuart KAMINSKY : Fantasia à l'Opéra.

Décembre 1942. Les Etats-Unis sont en guerre contre le Japon et tout ce qui possède un rapport quelconque avec l'Empire du Soleil Levant est très mal vu par une grande partie de la population américaine.

Ainsi, à San Francisco, dans l'ancien opéra qui vient d'être rénové, doivent se dérouler quelques représentations de Madame Butterfly de Puccini, dirigées par Léopold Stokowsky.

Les Patriotes Eclairés, une poignée d'hommes et de femmes, défilent devant le bâtiment, brandissant des pancartes hostiles à ces représentations jugées scandaleuses et provocatrices.

Ce ne serait qu'une simple péripétie si l'un des employés n'était mort en tombant d'un échafaudage. Accident ou meurtre ? Allez donc savoir. Les coïncidences ont parfois bon dos. D'autant qu'une lettre de mise en garde, au contenu sans équivoque, est retrouvée clouée sur une porte. En guise de signature : Erik, homonyme du fameux fantôme de l'opéra.

Toby Peters, une vieille connaissance, qui a été recommandé à Léopold Stokowsky par Basil Rathbone, est invité à enquêter dans ce milieu qu'il ne connait guère.

Les tentatives d'assassinats se succèdent et Peters est obligé de faire appel à ses amis, une équipe de farfelus certes, mais dont le concours s'avère précieux.

 

Stuart Kaminsky nous avait habitué à mieux et Toby Peters s'empêtre quelque peu dans cette enquête. Les ficelles sont grosses et les coïncidences par trop flagrantes.

Cependant quelques scènes sauvent le récit d'une certaine langueur. Ce n'est pas un raté, juste un léger couac, dans un roman dont l'orchestration laisse à désirer.

Dans la prochaine aventure de Toby Peters, ce devrait être Salvador Dali en personne qui devrait être son client. Un personnage haut en couleurs s'il en est et Peters devrait être confronté à une enquête particulièrement excentrique.

 

Stuart KAMINSKY : Fantasia à l'Opéra. (Poor Butterfly - 1990. Traduction d'Olivier Vovelle). Série Noire N°2278. Parution septembre 1991. 256 pages.

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2 octobre 2015 5 02 /10 /octobre /2015 08:59
Jean-Bernard POUY : La Belle de Fontenay.

Aucun rapport avec la dame aux chapeaux et aux miss...

Jean-Bernard POUY : La Belle de Fontenay.

D'origine espagnole, Enric Jovillar vit dans la proche banlieue parisienne et tel Candide, il cultive son jardin choisissant soigneusement sa semence de pommes de terre, de préférence de la Belle de Fontenay.

Orphelin, il a reçu à neuf ans, en pleine guerre d'Espagne, une balle dans la tête, ce qui l'a rendu sourd. Depuis, pour compenser, il a perdu volontairement l'usage de la parole.

Après une vie chaotique et bien remplie, il n'aspire qu'à une retraite paisible. Anarchiste au grand cœur, il se vautre dans le calme et le silence. Le mardi, jour sacré, il rejoint ses copains et tape la belotte. Lorsqu'il fait beau, Laura, une jeunette fréquentant le lycée Jules Romains, s'installe sur son carré de pelouse et se laisse béatement bronzer, tandis qu'il sarcle, bine, surveille ses plants de pomme de terre et ses tomates.

Un jour, fini la tranquillité. Son jardin est envahi par des policiers, le commissaire Gaillet en tête. Dans le tonneau où Jovillar recueille l'eau de pluie, l'eau précieuse des plantes, les pandores repêchent le cadavre de Laura. Dix-sept ans, la fleur de l'âge.

Jovillar est immédiatement soupçonné, ses antécédents ne plaidant pas en sa faveur. Et que voulez-vous répondre à des flics qui ne veulent pas vous entendre, lorsqu'on est sourd et muet !

Alors l'anar bucolique et patatophile décide d'enquêter en marge de la police officielle qui a été obligée de le relaxer grâce à un alibi en béton et inopiné.

Jovillar, en côtoyant les lycéens, les adolescents, les amis de Laura, ses professeurs, piétine de nombreuses plates-bandes, suit un chemin bordé de ronces et débouche sur un champ d'ortie. De quoi faire rager un jardinier méticuleux qui n'apprécie pas qu'on lui raconte des salades.

 

Sous des dehors bourrus, pince sans rire, Jean-Bernard Pouy recèle une grande sensibilité. Une qualité et un état d'esprit que l'on retrouve dans ses romans s'inscrivant en marge des modes.

Mais c'est également un iconoclaste qui n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat et l'épilogue de La Belle de Fontenay n'étonnera pas ceux qui ont apprécié son précédent roman à la Série Noire, Le cinéma de papa.

Il subsiste en Jovillar, son héros, quelques miettes de juvénilité ainsi qu'une pointe de superstition. Son plaisir est de lire les conseils, suggestions, maximes et autres sentences, sur les gaufrettes craquantes, délices de son enfance.

Jovillar a également la phobie des fautes d'orthographe et il ne se prive pas de faire remarquer leurs erreurs à ses interlocuteurs, surtout si ceux-ci lui déplaisent. Ah, si l'imprimeur pouvait en prendre de la graine et éviter à l'avenir les moult coquilles qui parsèment ce roman !

Réédition Folio Policier N°76. Parution mai 1999. 272 pages. 7,50€.

Réédition Folio Policier N°76. Parution mai 1999. 272 pages. 7,50€.

Jean-Bernard POUY : La Belle de Fontenay. Série Noire N°2290. Parution février 1992. 240 pages.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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