C'est vraiment la galère !
Depuis qu’il a démissionné, Fabio Montale, flic marseillais d’origine italienne, vit seul dans un cabanon, passant ses journées chez Fonfon, son ami bistrotier ou à pêcher en mer.
Sa cousine Gélou, qu’il n’a pas revue depuis des années et dont il était amoureux adolescent, lui demande de retrouver son fils Guitou qui a fugué en compagnie de Naïma, jeune fille d’origine maghrébine. Fabio se rend dans le quartier de l’adolescente. Serge, un ami éducateur du temps où il était encore policier, se fait descendre sous ses yeux.
Ses rapports avec Pertin, le commissaire du quartier, un ancien collègue, sont toujours aussi tendus. Il ne récolte guère de renseignements auprès de la mère et de Mourad le jeune frère de Naïma, à part l’intégrisme qui anime Rédouane, le frère aîné. Quand à Naïma elle vit depuis quelque temps chez son grand-père.
Il découvre, dans le taudis où Serge logeait, des quotidiens algériens, des publications du Groupe Islamique Armé, et une lettre signée Pavie, une paumée que l’ex éducateur essayait de sortir de la drogue. Montale est suivi par deux hommes dont Balducci, un truand varois.
Les cadavres d’un historien algérien, Hocine Draoui, et d’un jeune homme inconnu sont découverts chez Fabre, un architecte dont le fils Mathias était un ami de Guitou. Fabio pense qu’il s’agit du fugueur. Il rencontre la mère de Mathias, une Vietnamienne dont Fabre a reconnu l’enfant. La femme semble taire des informations mais Fabio promet de ne pas dévoiler à Loubet, le flic chargé de l’enquête, l’identité de Guitou trop rapidement. Puis il se rend chez le grand-père de Naïma. La jeune fille a disparu et le vieil homme a été agressé. Pavie aussi est introuvable.
Fabio retourne chez la mère de Naïma et trouve dans les affaires de Rédouane des tracts et une arme. Chez Serge, il découvre un cahier dans lequel l’éducateur a consigné les agissements du FIS dont fait partie Rédouane. Près de chez Serge, vit un casseur d’automobile. Pavie est morte et l’homme est en train d’incinérer son cadavre lorsque des inconnus lancent des bombes incendiaires.
S’il n’y avait que l’histoire, intéressante en soi, certes, et bien traitée, ce roman de Jean-Claude Izzo s’inscrirait dans la moyenne des bons romans de l’année.
Seulement Izzo apporte sa touche, son lyrisme, et son humanisme. Chourmo, qui en provençal veut dire galère, du français chiourme, est un cri d’amour et de colère. Cri d’amour pour Marseille, sa ville. Cri de colère envers toutes les aberrations du racisme, qu’elles proviennent d’un côté ou l’autre de la barrière.
Comme il le fait dire à l’un de ses personnages : Nous avons cette faculté-là, d’avoir la mémoire courte, quand ça nous arrange….
Les gens oublient un peu vite les morts, ceux qui se sont battus pour une patrie qui n’était pas la leur. Ils les rejettent par égoïsme, à cause d’une façon de vivre différente de la leur. La guerre des boutons élargie à une race.
Jean-Claude IZZO : LES MARINS PERDUS. - Les Lectures de l'Oncle Paul
Jean-Claude Izzo nous a quitté le 26 janvier 2000. Afin de lui rendre hommage, au lieu de mettre en ligne sa trilogie de Fabio Montale, j'ai préféré vous proposer l'un de ses livres les plus ...
Jean-Claude IZZO : Chourmo. Série Noire N°2422. Première édition 1996.