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28 janvier 2015 3 28 /01 /janvier /2015 09:10
Christian POSLANIEC : Punch au sang

Bon anniversaire à Christian Poslaniec, né le 28 janvier 1944.

Christian POSLANIEC : Punch au sang

Quittant Rennes sous la neige, Patrice Bergof entame une tournée de conférence sur la communication en Guyane. Dans l'avion qui l'emmène à Cayenne, il fait connaissance de Julie Belgaza. Elle est arrêtée à la descente d'avion par des membres d'une milice privée à la solde d'un exportateur, Lefébure, qui a la mainmise sur une société de transports et le commerce local.

Le lendemain Bergof apprend que la jeune femme s'est suicidée en se jetant du haut de la tour Dreyfus à Kourou. Il feuillette un petit carnet qu'elle lui a confié. Grâce à l'amabilité d'un commerçant en informatique, Antoine Friand, avec qui il sympathise, il décortique le texte qui ressemble à une suite de poèmes. Quelques mots reviennent assez souvent : singe, enfant, révolte, imiter. Son carnet a été photocopié, et Marie-Claudette, la serveuse de l'hôtel, avoue l'avoir fait à la demande de sa patronne, Mme Cervinis, responsable d'une boite d'intérim.

Entre Bergof et Marie-Claudette, les relations sont plus qu'amicale, et elle le rejoint dans la case que lui a loué Friand. Au cours d'une balade dans le cimetière, Bergof découvre des tombes d'enfant. Sur l'une d'elle figure le nom de Christophe Belgaza. François, un ami policier, à qui il a écrit, lui téléphone pour lui apprendre que la missive a été ouverte, et qu'en métropole il est sur une affaire qui pourrait recouper les avatars de Bergof en Guyane. Le conférencier poursuit néanmoins sa tournée et remarque parmi le public la présence constante d'un des hommes de Lefébure.

Il apprend par Antoine Friand que tous les actes de décès ont été signés par un certain docteur Gamin. Bergof contacte Catherine Plet, une jeune femme qui a assisté à la première de ses réunions et il lui demande de l'héberger, lui racontant ses soupçons. Soupçons partagés par Catherine qui a enquêté de son côté. Friand est retrouvé noyé dans l'ancien port de Cayenne, soi-disant après avoir ingurgité une trop grande quantité d'alcool. Catherine organise leur départ vers le Surinam.

En cours de route ils retrouvent François qui est en mission en Guyane. Un trafic de drogue a été découvert, le transit étant effectué dans des cercueils contenant des cadavres de singe en lieu et place de ceux d'enfants dont les actes de décès, faux, étaient signés principalement par le docteur Gamin. Il ne fait aucun doute que les enfants ont fait l'objet d'un trafic d'adoption. Lefébure semble être hors de cause, ce commerce étant à mettre à l'actif de quelques uns de ses employés ou cadres. Bergof regagne Paris en compagnie de deux hommes liés à ce trafic. A leur arrivée à Villacoublay ils sont accueillis par des salves d'armes à feu. Les deux inculpés décèdent et Bergof en est quitte pour la peur. Il se réfugie chez une de ses connaissances qui lui prête son appartement.

 

Prenant pour base un sujet sensible et épineux, Christian Poslaniec joue entre humour et gravité. Il utilise quelques digressions ayant pour thème la sémiologie, l'analyse psychologique ou les problèmes de la communication, qui s'avèrent du plus bel effet. Elles ont pour but de décompresser le lecteur avant de relancer l'action.

De même que les courtes excursions dans la gastronomie locale. Mais ces amusements ne cachent pas le problème de l'adoption, évoqué avec pudeur, et qui pose cette question primordiale : Ces enfants qui ont disparu depuis si longtemps, est-ce qu'il faut les rendre à leurs parents ?

La relation entre Bergof et Catherine est chaste et pour cause, la jeune femme n'aime que ses consœurs. Pourtant cela ne les empêche pas de coucher ensemble, dans le même lit, sans qu'il se passe quelque chose. Au grand désappointement, caché, du narrateur. Il goûtera toutefois au fruit défendu, ou plutôt à son représentant, par un plat d'anaconda amoureusement préparé par les autochtones.

 

Citation :

Avec les intellos faut causer comme eux, sinon y comprennent que dalle !

 

Christian POSLANIEC : Punch au sang. Série Noire N°2075. Parution janvier 1987. 256 pages. 5,55€.

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27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 08:59
Albert CONROY : Coups de gomme.

Après le coup de crayon ?

Albert CONROY : Coups de gomme.

Fort mécontent des agissements, jugés illégaux, du gouverneur Kensington à l'encontre des différents établissements de jeux qu'il dirige, Bruno Hauser décide d'aider à s'évader de prison Ed Driscoll.

Drisc avait proféré, six ans auparavant, des menaces de mort envers Kensington, alors district attorney, qui lui imputait le cambriolage d'une banque. Drisc a toujours nié être l'auteur de ce cambriolage. Hauser, avec l'aval du Consortium new-yorkais qui lui prête Arno, un tueur, mise sur cette vengeance. Seulement Drisc, une fois évadé, ne répond pas à cette espérance, refusant d'abattre le gouverneur.

Hauser se rend, en apparence, aux raisons de Drisc, lui propose des vêtements et une cachette. Une capitulation en trompe-l'œil car Drisc, innocemment, laisse ses empreintes sur un pistolet, le chargeur et les balles ad-hoc.

Dans le refuge qui leur est assigné, la tension monte entre Steve Shay, ancien complice de Drisc, Norma, une jeune fille d'origine mexicaine, Arno, l'homme du Consortium, et Drisc. Arno s'érige en maître, une attitude mal supportée par ses compagnons. Il tente même d'abuser de la jeune femme mais heureusement Drisc veille au grain.

Malgré l'interdiction d'Arno, Drisc retourne en ville avec Norma et rend visite à son ex-épouse, mais celle-ci est remariée.

Pendant ce temps Hauser embauche Seal, un drogué, lui remet l'arme manipulée par Drisc et lui enjoint de tuer Kensington. Seal, excité, brise dans un mouvement incontrôlé la seringue qui devait lui permettre de se faire une injection avant la réalisation de son contrat. Seal blesse grièvement le gouverneur et termine son existence dans un tonneau de ciment. Drisc apprend la tentative de meurtre grâce aux journaux et comprend que son soi-disant bienfaiteur, dont il ne connait pas l'identité, a voulu lui faire porter le chapeau.

 

Les romans d'Al Conroy, plus connu sous le nom de Marvin H. Albert, ne laissent jamais indifférents. Drisc, après son passage en prison, ne désire pas reprendre sa vie de petit truand mais acquérir une virginité en devenant un honnête homme et fonder une famille. Il subit les événements sans rancune, avec une certaine pointe d'amertume. Il a tiré un trait sur le geste de Kensington qui l'a envoyé en prison pour une faute qu'il n'avait pas commise. Il comprend que sa femme ait désiré se remarier malgré l'enfant qu'ils avaient eu ensemble, une enfant qu'il n'avait pas vu naître. Mais il s'insurge lorsqu'il se rend compte qu'il est au cœur d'un complot, d'une machination.

Drisc est l'exemple type du truand au noble cœur sur la voie de la rédemption. Une intrigue simple, limpide, linéaire et efficace.

 

Curiosité :

Le début de cette histoire ressemble fortement au premier chapitre du roman de Day Keene Le Canard en fer-blanc (voir ma chronique ici). Alors qu'il se morfond en prison, un homme est avisé qu'une jeune fille qui se prétend être de sa famille désire avoir un entretien avec lui. Or le prisonnier ne connait la visiteuse ni d'Adam ni d'Eve. Elle lui indique le moyen de pouvoir s'évader. La ressemblance s'arrête là ? Non, le prisonnier et la jeune femme tomberont amoureux l'un de l'autre, c'est le côté rose du roman noir.

Albert CONROY : Coups de gomme. (The Mobs says murder - 1959. Traduction de G. Sollacaro). Série Noire N°479. Parution février 1959. 256 pages.

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26 janvier 2015 1 26 /01 /janvier /2015 07:55
Harry WHITTINGTON : Faut que ça craque.

Craque ? boum hue...

Harry WHITTINGTON : Faut que ça craque.

Chargé d'une mission, Ric Durazo arrive à Los Solanos au terme d'un voyage légèrement mouvementé. Il a pris en charge un auto-stoppeur adolescent, mais il a été obligé de virer celui-ci de sa voiture, le gamin devenant par trop insupportable, le braquant même de son pistolet.

Au El Pueblo, le motel où il a rendez-vous, il est réceptionné par une nymphomane. Ric repousse les avances de son hôtesse, Peggy, ce dont elle lui garde rancune. De la fenêtre de son bungalow, il assiste à une tentative de meurtre : un homme après avoir fait absorber une quantité non négligeable d'alcool à sa femme simule le suicide de son épouse par le gaz puis part en voiture.

Ric réanime sa voisine, Eve, qui lui demande de la prendre sous sa protection. Ric embêté refuse, arguant que le père de la jeune femme et un avocat seraient plus à même de la défendre. Martin Kimball fait alors son intrusion, jouant au mari bafoué. Ric décide de quitter le motel.

Peggy, qui lui en veut toujours, lui apprend qu'un certain Saül Rehan a posé de nombreuses questions à son sujet. En sortant de l'établissement, Ric trouve sur son chemin Eve, et ne peut que la prendre  bord de son véhicule. Suivi par la police et Martin, le couple traverse le désert et se cache dans un canyon. Eve joue de son charme et Ric succombe. Après un divertissement sexuel, qui est une révélation pour la jeune femme, Eve trouve 250 000 dollars dans le coffre de la voiture. Ric se confie, il doit négocier le kidnapping du bébé du sénateur Ironside.

Sa mission : remettre l'argent aux ravisseurs et ramener l'enfant sain et sauf à ses parents. Cependant cette mission possède un goût d'amertume. Ironside, alors juge, l'avait condamné quelques années auparavant pour un forfait que Ric n'avait pas commis. Ironside poussant l'indélicatesse de se marier avec Ann, la femme que fréquentait Ric à l'époque.

 

Cette histoire, rapidement menée, possède parfois des accents rocambolesques, à la limite du vraisemblable. Cependant Whittington reste dans le domaine du plausible. Ses personnages révèlent tous à un moment ou un autre un côté antipathique, parfois compensé par une action d'éclat ou l'aveu de leurs égarements et leur contrition. Les personnages féminins ne sont pas décrits à leur avantage, mais à leur décharge, les circonstances ne s'y prêtent pas toujours non plus.

 

Curiosité :

D'après l'étude de Jean-Jacques Schléret parue dans la revue Les amis du crime N°5 consacrée à Harry Whittington, ce roman n'aurait pas été édité aux Etats-Unis mais en Grande-Bretagne.

Harry WHITTINGTON : Faut que ça craque. (Something's got to give - 1958. Traduction par Alain Glatigny). Série Noire N°469. Parution décembre 1958. 256 pages.

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25 janvier 2015 7 25 /01 /janvier /2015 08:05
Day KEENE : Deuil immédiat.

Et quand on dit Immédiat, c'est tout de suite...

Day KEENE : Deuil immédiat.

A peine sorti de l'asile, où il avait été interné sur sa demande, Barney Mandell découvre une jeune femme assassinée dans sa chambre d'hôtel.

Il se souvient très bien avoir été accosté par elle dans un bar, avoir refusé de coucher avec, puis ingurgité un nombre impressionnant de whiskies dans un autre troquet. De retour à sa chambre, il avait été assommé par un individu.

Lorsqu'il sort de son état comateux, c'est pour contempler cette macabre découverte. La peur le tenaille, pensant être atteint d'une nouvelle crise de folie. Il alerte cependant les policiers. Le lieutenant Rose et l'inspecteur Carlton l'inculpent et son ami d'enfance Joe Mercer, un journaliste, le vilipende.

Libéré grâce à une caution versée par Curtiss, un agent du Trésor, il suit celui-ci dans son bureau. Au moment où Curtiss l'interroge sur son oncle Vladimir, ex-professeur polonais de physique émigré au Brésil, et commence à lui expliquer pourquoi le Trésor américain veut le contacter, un inconnu tire des coups de feu sur les deux hommes. Miraculeusement Barney n'est pas atteint mais Curtiss est tué.

Le tueur, blessé, réussit à s'échapper. De nouveau écroué, Barney est libéré grâce à l'influence de son beau-père le juge Ebbling. Avant de retrouver sa femme Gale, qui devait l'accueillir à sa sortie de l'hôpital psychiatrique mais a été retardée dans son voyage de retour des Bermudes, Barney rend visite à sa mère dans le quartier derrière les abattoirs. Il est fraîchement reçu par Pat et John, ses amis d'enfance devenus policiers, et par Rosemary, leur sœur secrètement amoureuse de lui. Quant à sa mère, elle n'a jamais reçu les 37 000 dollars que Gale devait lui faire parvenir par petites sommes toutes les semaines. Il retrouve enfin sa femme qui lui joue son numéro de charme.

En compagnie d'André, le chauffeur, ils partent pour la résidence du juge Ebbling à Lake Forest. Celui-ci semble mal en point tandis que Barney est en proie à de nouveaux délires qu'il met sur le compte d'une résurgence de ses crises de folie. Drogué, il se réveille avec dans la main un revolver, le juge Ebbling tué à ses pieds.

 

Deuil immédiat reprend le schéma classique de la dualité entre le Bien et le Mal, incarnés par deux femmes gravitant autour d'un homme aveuglé et manipulé par l'amour charnel et physique.

 

Curiosité :

Sous forme d'introduction, Marcel Duhamel et ses collaborateurs précisent : Le présent livre a été publié en 1954, dans la collection Oscar. C'est la qualité de l'ouvrage et son faible tirage à l'époque, qui nous ont décidé à le réimprimer. D'autres romans de Day Keene mériteraient aujourd'hui de connaître le même sort.

 

Citation :

C'étaient les yeux d'une vierge amoureuse, sur le point de connaître l'amour pour la première fois, redoutant et anticipant à la fois l'aventure; calculant les possibilités du plaisir et celles de la douleur, et leurs conséquences.

Day KEENE : Deuil immédiat.

Day KEENE : Deuil immédiat. (To Kiss or to Kill - 1951. Traduction de Robert Scipion) Série Noire N° 436. Parution juin 1956. 256 pages. Réédition Carré Noir N°109. Mars 1973. 256 pages.

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24 janvier 2015 6 24 /01 /janvier /2015 09:26
Jake PAGE: La case de l'oncle Tomahawk

Bon anniversaire à Jack Page né le 24 janvier 1936.

Jake PAGE: La case de l'oncle Tomahawk

Enquêteur pour une commission sénatoriale, officiellement photographe, Robin Dana est convié par Dvorak, son chef, à se rendre au Nouveau Mexique effectuer un reportage sur un vieux shaman zatago. Une mission qui en cache une autre, Robin s'en rend compte lorsqu'il lit dans un journal à Albuquerque qu'un journaliste s'est fait assassiner sur le territoire Zatago.

Il contacte d'abord Sally, une ancienne maîtresse, qui lui prodigue avertissements et informations peu rassurants et lui conseille de rencontrer Thomasina, secrétaire au Bureau des Affaires Indiennes. La réserve est en effervescence et il doit composer avec le président de la tribu et ses sbires, le M.A.R. - Mouvement des Américains Rouges - et ses jeunes énervés, ainsi que le F.B.I.

En cours de route il est pris à partie par trois jeunes qui se réclament du M.A.R. et le tabassent. Sa rencontre avec le shaman centenaire qui se déroulait en toute sérénité est perturbée par l'intrusion d'agents du F.B.I. qui recherchent un Indien, arrière-petit-fils du shaman, accusé du meurtre du journaliste. Mais au delà de ce meurtre et de cette accusation sans preuve, c'est l'existence de la nation qui est en jeu. La Navajo Corporation a passé un contrat pour installer une usine de gazéification à partir de la houille et elle a besoin des terres des Zatagos. Le shaman est retrouvé égorgé ce qui n'apaise pas les esprits.

Afin de justifier sa présence, Dana trouve un autre sujet de reportage photographique : l'aide à l'enfance, ce qui lui permet de rencontrer Thomasina, la nièce du shaman, et Darrell son jeune frère, en toute impunité. Les relations entre Dana et les représentants du F.B.I. ne sont guère cordiales, de même qu'avec le président de la nation Zatago et Olpin, un prêtre mormon, qui accusent le M.A.R. de tous leurs maux. Le M.A.R, ou de jeunes voyous qui se réclament du M.A.R., agresse à nouveau Dana. Il est recueilli par Thomasina qui le soigne et tente de lui démontrer que le M.A.R. n'est pas si malfaisant qu'on tente de lui faire croire.

Dana est prié de regagner ses pénates et il en profite pour prendre rendez-vous avec son chef et lui demander de procéder à quelques vérifications. La Navaro Corporation n'a pas besoin uniquement des terres des Zagatos, mais également de l'eau et un contrat aurait été signé entre le président de la nation Zatago et le bureau des affaires indiennes. Cela sous entend paiement de pots de vin, or Olpin reçoit des versements non justifiés. De retour au Nouveau Mexique, Dana rencontre, grâce à Thomasina, Moss le chef du M.A.R. qui ne lui révèle pas grand chose, sauf que le FBI a tendance à envenimer les choses.

 

Seul roman policier de Jake Page, La case de l'oncle Tomahawk dénonce les corruptions, les prévarications, et les préjugés de l'administration policière envers le peuple indien. C'est l'éternel conflit entre les traditionalistes et les progressistes, chacun se cantonnant sur ses bases, sans oublier le problème écologique soulevé par toutes modernisations effectuées dans le but du profit au détriment de l'homme.

Jake Page ouvre la voie, en France, à Tony Hillerman qui s'inscrira comme le chantre de la nation Navajo.

 

Curiosité:

Le copyright mentionne le nom de Suzanne Page, femme de Jake Page, elle-même photographe et avec qui il a écrit un livre sur les Indiens Hopis.

 

Citation:

Vous et les crétins pour qui vous travaillez, vous êtes une bande de petites natures arriérées, pleines de sensiblerie et de complexes de culpabilité, plus soucieux des soi-disant minorités opprimées que de justice.

 

Jake PAGE: La case de l'oncle Tomahawk (Shoot the moon - 1979. Traduit de l'américain par Rosine Fitzgerald). Série Noire N°1804. Parution décembre 1980. 220 pages.

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23 janvier 2015 5 23 /01 /janvier /2015 08:58
Jack FINNEY : En double

Un seul suffit !

Jack FINNEY : En double

Emprisonné à Saint-Quentin à la suite d'émission de chèques sans provision, Arnie Jarvis demande à son frère Ben et à sa fiancée Ruth de l'aider à s'évader.

Ceux-ci évaluant les dangers et périls de cette opération hésitent. Mais Arnie risque la condamnation à mort ayant agressé l'un des gardiens. Si aucun détenu e veut le dénoncer, un homme libéré sur parole le lendemain de l'altercation se fait fort de reconnaître le coupable lors d'une confrontation.

Ben et Ruth s'établissent donc près de la prison et suivant les instructions très précises du prisonnier effectuent quelques achats, vêtements, vivres et matériel divers. Un soir, rentrant d'une promenade de reconnaissance, ils font la connaissance de leur voisin, Nova, matin à Saint-Quentin. Après quelques préparatifs, c'est le grand soir.

Ben s'introduit dans le quartier des ateliers et se cache dans une caisse. Le lendemain il prend la place d'Arnie parmi les prisonniers rentrant à la prison proprement dite,, tandis que son frère se dissimule. La substitution manque d'avorter au réfectoire après le repas lorsque Ben, dans un moment d'inattention, allume une cigarette. Aussitôt il est le point de mire de tous les geôliers dont Nova qui heureusement ne le reconnait pas.

Pendant ce temps Arnie creuse un trou qu'il recouvre d'une planche de contre-plaqué dérobée dans un atelier. Le lendemain, nouvel échange dans les rôles et Ben réussit à s'éclipser dans la nuit. L'après-midi suivant, un vendredi, grâce à une diversion orchestrée par Arnie, celui-ci gagne le trou qu'il a creusé, et il n'a plus qu'à attendre. Les recherches organisées à l'intérieur de la prison n'aboutissent à rien. Tour le monde est persuadé que le prisonnier à réussi à s'évader. Une impression entretenue par un stratagème : Ben habillé comme un taulard sale et pas rasé, arrête une voiture près de la prison et le conducteur, lâché dans la nature ne peut donner aux policiers qu'un vague signalement. Les efforts fournis par Ben et Ruth, ajoutés à la promiscuité dans laquelle ils vivent, ont rapprochés les deux jeunes gens. Ils vont aider Arnie à faire la belle, mais Ruth ne veut plus le considérer comme son fiancé.

 

Dans En double, Jack Finney ne s'attarde guère sur la description de l'univers carcéral. Il s'attache plus à la mise en œuvre et à la réalisation de l'évasion ainsi qu'à analyser les différences morales existant entre les deux frères. Leur père ayant subi les contrecoups dus à l'indélicatesse financière de ses associés, Arnie a toujours voulu plastronner, se faisant passer pour plus riche, plus élevé dans l'échelle sociale qu'il ne l'était réellement. Utilisant volontiers l'esbroufe. Ben, plus raisonnable, a su accepter les coups du sort et utiliser ses compétences au maximum.

 

Curiosités :

Le lecteur découvre petit à petit le stratagème de l'évasion et le pourquoi des certains achats. L'ingéniosité dans la réalisation de l'évasion fait penser à un épisode de Mac Gyver avant la lettre.

Ce roman est le dernier à être édité sous couverture cartonnée.

 

Nota :

En double a été réalisé au cinéma par Russell Rouse en 1957, sorti en France sous le titre La cage aux hommes, avec Jack Palance et Barbara Lang.

 

Jack FINNEY : En double (The house of numbers - 1957. Traduction de Jean Dufour). Série Noire N°413. Parution Février 1958. 224 pages. 6,65€.

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22 janvier 2015 4 22 /01 /janvier /2015 08:43
Marvin ALBERT : Descends à Babylone.

Hommage à Marvin H. Albert né le 22 janvier 1924.

Marvin ALBERT : Descends à Babylone.

Assis à la terrasse d'un restaurant, Sawyer assiste à la sortie précipitée d'une jeune fille, munie d'un sac de sport, d'un immeuble puis à l'arrivée de policiers. Un inconnu débouchant d'un immeuble voisin leur tire dessus et blesse l'un des inspecteurs.

Ravic est arrêté et argue pour sa défense qu'il pensait être attaqué par des ressortissants de son pays d'origine, la Yougoslavie. Il est soupçonné de trafic de drogue. Quelques jours plus tard, il est abattu dans le fourgon cellulaire qui l'emmenait au palais de justice.

Egon Mulhauser, ancien champion de Formule 1, demande à Sawyer de retrouver sa fille, Odile Garnier, qui a disparu, et dont il a reconnu le signalement d'après un article du journal local. Après la mort de sa femme Mulhauser s'est remarié avec une ancienne actrice, et sa fille n'a jamais accepté cette situation, préférant vivre dans la capitale depuis quelques années ou dans un studio sur la côte dont elle a hérité. Toutefois, lors de leur dernière rencontre Mulhauser s'était rendu compte qu'Odile était inquiète.

Les premières informations recueillies par Sawyer ne sont guère encourageantes. Odile se drogue et elle est en relations avec Toni Callega, le frère de Fulvio, ponte italien de l'héroïne. Elle aurait subtilisé pour trois millions de dollars de marchandise. Sawyer se frotte à Boyan Traikov, un homme de main de Didier Sabarly, le représentant en France de Fulvio. Selon le truand il doit arrêter immédiatement toutes recherches.

Dans le studio d'Odile à Villefranche, il trouve une carte postale donnant rendez-vous à la jeune fille dans la capitale. Il se rend à Paris et oriente ses recherches, conjointement avec son associé Fritz Donhoff, auprès d'amateurs des souterrains parisiens. Il visite l'appartement parisien d'Odile dans lequel gît le cadavre d'un homme de main de Sabarly. Sur une photo représentant Odile en compagnie d'un jeune homme, il reconnait un restaurant de Menton. Il redescend sur la Côte et apprend l'identité de l'ami, Gilbert. Celui-ci est fabricant de bijoux fantaisie, actuellement en Italie.

Sawyer le rencontre à Florence et le met au courant de la situation. Gilbert accepte de l'emmener dans l'arrière pays dans un chalet où se cache Odile, lui racontant en cours de route comment il a été amené à se débarrasser du sicaire qui s'était infiltré chez Odile. Mais les tueurs de Sabarly et Toni Callega sont à leurs trousses. Scindés en deux groupes, Sawyer d'un côté, Gilbert et Odile de l'autre, ils essayent d'échapper à leurs poursuivants, mais ceux-ci éventent la manœuvre.

 

De cette enquête conventionnelle due à un professionnel du roman noir, on retiendra surtout l'exploration des galeries souterraines qui assimilent le sous-sol parisien à une meule d'emmenthal. De plus, Marvin Albert met en scène un privé qui n'est affecté d'aucun handicap, au contraire de la mode actuelle qui veut que le privé, afin de lui fournir une personnalité, possède une particularité physique ou morale. Marvin Albert lui-même vit en Provence depuis une quinzaine d'années, ce qui lui permet de poser comme décor principal cette région.

 

Curiosité :

Cette enquête se déroule au moment du festival de Cannes, ce qui nous vaut la description savoureuse de quelques personnages gravitant dans les milieux cinématographiques et artistiques.

 

Citation :

- Non, non, je ne suis pas un tueur. Le revolver, ce n'est qu'une assurance.

- Ta police a été résiliée.

 

Marvin ALBERT : Descends à Babylone (Get off at Babylon - 1987. Traduction de France-Marie Watkins). SN 2117 -Parution novembre 1987. 256 pages.

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21 janvier 2015 3 21 /01 /janvier /2015 09:24
William L. ROHDE : Interdit aux nomades

C'est ce que l'on appelle de la discrimination ?

William L. ROHDE : Interdit aux nomades

En qualité d'unique enquêteur et policier de la Global Airlines à Miami, Tom Shana doit, entre autre, s'occuper des mauvais payeurs.

Un chèque en bois signé d'un certain Robin Groffo fait retour à la compagnie. Grâce à l'adresse indiquée, Tom se rend chez Spike Groffo qui tombe des nues. Ni lui, ni son fils Van, ni sa fille Peggy ne sont à l'origine de cet impayé. Cette fraude est peut-être, selon lui, l'œuvre d'un de ses anciens employés, Tony Rodriguez.

Alors qu'ils se rafraîchissent, Peggy s'aperçoit qu'une mallette vient de leur être dérobée. Aussitôt Spike Groffo soupçonne Mitch Magill de s'être emparé de l'étui et de son contenu : une croix et une couronne sertis de pierres précieuses. Spike demande à Tom Shana de s'occuper de l'affaire et de récupérer les précieuses reliques.

L'enquêteur préfère, avant d'accepter, d'obtenir l'aval de son patron J.J. Clark et informe sa sœur Betty qui lui sert de secrétaire. Avec l'accord de son patron, Tom s'empare des emblèmes royaux mais refuse de les confier à Peggy et encore moins au directeur de la Global. Le soir même il découvre Magill assassiné dans sa cuisine. Aidé de sa sœur il balance la voiture du mort lesté du cadavre dans le port. De retour chez lui il se heurte à Johnny Vlado, le neveu de Magill. Il réussit à le calmer et l'héberge pour la nuit. Le lendemain, malgré la colère de son employeur et d'un ami de celui-ci, un certain Dumax, il remet les objets à Spike.

MacDougall, de Scotland Yard, assiste à la restitution. Ces antiquités sont la propriété des rois des gitans depuis des siècles. L'ancien roi, décédé depuis trois ans, vivait en Angleterre. Un nommé Lazarovitch les détenait depuis ce temps mais Groffo, héritier présumé, souhaitait fortement récupérer la couronne et la croix. Lazarovitch, après avoir accepté de les vendre, crie au vol. Tom, soupçonné par les policiers de la mort de Magill, est prié par J.J.CLark de donner sa démission. Il apprend que Groffo et son ex-patron sont plus des associés que des amis.

Betty, enquêtant sur les Groffo a mis au jour un dossier concernant la Sara Shore Corporation. Groffo, président; J.J. Clark, trésorier; Magill, vice-président; John O'Connor, secrétaire. Une société qui sent l'arnaque immobilière.

Le soir, Tom sort en compagnie de Peggy tandis que Betty se laisse débaucher par Van. Entre deux baisers, Peggy lui propose de s'associer dans une nouvelle société immobilière qu'elle monte en compagnie de son frère et à l'insu de son père. Restant lucide, Tom demande un délai de réflexion ce qui amène Peggy à le traiter de tous les noms. Le lendemain, un vendredi 13,la journée est relativement calme.

 

Interdit aux Nomades propose une incursion dans un milieu rarement mis en scène : celui des Gitans. Mais cette incursion reste assez incomplète, et se montre parfois même moralisatrice et condescendante. Pour les amateurs d'exploits sexuels, William L. Rohde dévoile deux recettes aphrodisiaques d'origine gitane, page 166 et 167. Ne les ayant pas testées, je ne peux en garantir l'efficacité.

 

Curiosité :

Page 45, le lecteur apprend que ... La vieille gargousse et son contenu pesait dans les trente-cinq kilos. Erreur de traduction ou force phénoménale de la part de Tom Shana, mais celui-ci se promène avec l'étui à la main comme s'il ne s'agissait que de vulgaires répliques en plastique.

 

William L. ROHDE : Interdit aux nomades. (Uneasy lies the Head - 1957. Traduction de Bruno Martin). Série Noire N0405. Parution décembre 1957. 254 pages.

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20 janvier 2015 2 20 /01 /janvier /2015 09:25
Roger FACON : La crypte.

Bon anniversaire à Roger Facon né le 20 janvier 1950.

Roger FACON : La crypte.

Après avoir échappé à un attentat Maurice Camaerlinck se réfugie chez son ami Pierrot. Ancien truand, son passé dans les rangs d’une secte le rattrape. Dans la même région, une femme, après s’être plaint d’une secte, la Crypte, tue sa fille et se suicide.

L’inspecteur de police Loup Davidian, auteur de quelques ouvrages sur les sectes, enquête sur les agissements de l’OTNA (Ordre du Temple de la Nouvelle Alliance), ses implications avec le Temple Solaire, les Rose-Croix, ainsi qu’avec le Gladio, l’OTAN, les Stay Behind — réseaux émargeant auprès de la CIA, chargés de juguler la percée communiste durant la Guerre froide et censés être mis en sommeil depuis 1958. Il a infiltré un de ces réseaux durant sa jeunesse et est en relation avec l’un des ex-responsables locaux, infiltré lui aussi.

Maurice, fuyant la police, prend en otage une femme et sa fille. Pendant ce temps le Président de la République reçoit des révélations sur le suicide, en 1994, de Britel-Midi qui officiellement ne faisait plus partie du staff mitterrandien depuis 1981, mais aurait continué de manière occulte à diriger le cabinet noir.

Une toile d’araignée se forme dans laquelle sont englués Maurice — qui devait être éliminé comme membre du réseau en sommeil, — Davidian — dont la vie est en danger, — et tous les protagonistes rattachés de façon plus ou moins proche aux agissements politiques des sectes, et principalement celle de l’Ordre du Temple Solaire, dont les suicides collectifs ne seraient en réalité que des meurtres déguisés.

 

Un roman confus, dont l’épilogue est aussi clair que du jus de boudin, et qui ne trouve son intérêt que grâce à certains personnages hauts en couleurs, à certaines scènes d’action souvent humoristiques malgré la noirceur du décor, et surtout pour la partie documentaire sur les agissements des sectes, principalement l’Ordre du Temple Solaire, et leurs imbrications souterraines politiques. Un éclairage particulier sur des événements récents (ce roman date de 1997, rappelons-le) et complexes pour un livre de politique-fiction dans lequel la partie documentaire, riche mais ardue pour qui n’en connaît pas les arcanes, détruit le côté romanesque.

Roger FACON : La crypte. Série Noire N°2474. Parution octobre 1997. 224 pages.

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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 08:19
Antoine DOMINIQUE : Le Gorille et les Pelouseux.

Une pêche en eau trouble !

Antoine DOMINIQUE : Le Gorille et les Pelouseux.

Recommandé par un certain Pépé, Géo Paquet dit le Gorille est hébergé par les Minjoz, Henri et Yasmine, un couple de Pelouseux (voir curiosité). Ceux-ci vivent dans une casemate désaffectée comme bon nombre d'habitants de la région des environs de Boulogne sur mer, entre mer et fleuve côtier.

Lorsque l'eau monte, lors des marées ou par trop de pluies, ils se réfugient chez des compagnons. Ce qui se passe le jour même, ou plutôt la nuit même. Henri, Yasmine et Géo, devant la menace d'inondation investissent la maison de bois de Léopold Laballoux qui vit avec ses deux femmes, Irène et Titine. Léopold, comme pratiquement tous ceux de la région, est anarchiste et le simple fait de supposer Géo traqué par la police lui suffit.

Irène, nymphomane et prostituée occasionnelle, entretient sa libido en couchant avec des Noirs Américains qui travaillent à la fonderie de Rasdick, une usine toute proche spécialisée dans la fabrication de pipe-line. Justement ce soir-là la police et les gendarmes quadrillent la région. Un manœuvre Arabe de l'usine a été découvert mort, assassiné.

Géo, obligé de déguerpir, trouve une nouvelle famille d'accueil chez les Pontet, mais la crasse qui y règne le rebute. D'où un quatrième hébergement, chez Floquot, un ancien souffleur de verre. Géo n'a mis personne au courant de sa mission, non pas parce qu'il a peur des fuites, mais afin d'éviter des ennuis à ces braves gens. Se relevant nuitamment, Géo est assailli par trois hommes : Truittard, Vallieux et Nacunœil, alertés par Floquot. Géo s'en tire sans trop de dommage mais sa conviction est faite. Floquot et ses acolytes sont à l'origine des tentatives de sabotages de l'usine de pipe-line qui doit livrer des tuyaux à Israël. Des sabotages imputés à tort à des anarchistes.

Dès lors un véritable chassé-croisé commence entre Floquet et ses sbires d'un côté, Géo et les anars de l'autre. Truittard, Vallieux et Nacunœil soudoient un jeune Oranais et le chargent de mettre le feu à la fonderie. Leur entreprise ne réussit qu'à moitié. L'incendie est rapidement circonscrit et le S.R. américain sur la brèche.

 

Cette nouvelle aventure du Gorille, la vingt-huitième, à la trame bien mince et dont la mission est dévoilée peu à peu, comme à regret, ne vaut que par l'incursion dans le monde des anarchistes et des Pelouseux. Des anarchistes d'ailleurs bien pacifiques, pratiquant le gandhisme. Dans l'ensemble une histoire laborieuse, qui dégraissée aurait pu fournir matière à une nouvelle.

 

Curiosités : Les Pelouseux ramassent les pelouses, des vers semi-marins, velus et ressemblant à des mille-pattes, qu'ils expédient aux pêcheurs méditerranéens.

Antoine Dominique utilise un mélange de français, d'argot et d'anglicisme. Comme si tous ces vocabulaires n'étaient pas assez riches, il crée des néologismes : Siouxement, sieston... quant au Gorille, visiblement il s'essouffle.

 

Citation :

Pourquoi les anars sont-ils maigres ? Rongés par l'idéal.

 

Antoine DOMINIQUE : Le Gorille et les Pelouseux. Série Noire N°397. Parution octobre 1957.

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