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22 août 2015 6 22 /08 /août /2015 07:52
A.D.G. : C'est le bagne !

Pas pour tout le monde, heureusement...

A.D.G. : C'est le bagne !

Serguie Djerbitskine, appelé familièrement Machin, est dans la mouise.

Le journal Force 10, dont il était le directeur, le rédacteur, le grouillot, vient de capoter.

Et dans ce coin chaud de la Nouvelle-Calédonie, il est grillé auprès de ses confrères journalistes. Seuls les huissiers s'intéressent encore à lui, mais leur motif ne relève que d'une basse persécution : récupérer quelque argent afin de rembourser des créanciers retors. De plus Machin doit nourri femme et enfant.

Alors il décide de prendre un peu de recul, de s'éloigner temporairement de Nouméa, et d'écrire un bouquin porno. Armé de sa machine à écrire, de quelques ustensiles de camping et de pêche, de boites de conserves et d'une inspiration légèrement en panne, Machin s'installe à Prony, un ancien village désaffecté, une ancienne résidence de bagnards, sis au sud de l'île, et désert à part un unique gardien.

Le conservateur des reliques en quelque sorte.

Pour être désert, le village l'est. Au début, car bientôt va s'installer une famille de Caldoches, des motards vont faire pétarader leurs engins, et des touristes, à bord d'un voilier, exciter ses neurones.

Fini la tranquillité.

Machin aura de plus en plus de mal à réunir ses idées pour écrire son livre, même si des images grivoises lui passent par l'esprit de temps à autre.

Lorsqu'un soir sa chère voisine, une femme bien en chair, est poignardée puis pendue sous la véranda où gîte Machin, s'en est trop. Il est obligé de fuir en compagnie de Blaveau, le grand-père qui ne manque pas de ressources, et Machin, s'il ne trouve pas l'inspiration pour écrire son bouquin cochon, traversera assez d'épreuves pour rédiger un bon polar, léger et humoristique.

 

Ce roman d'A.D.G. s'il se passe toujours en Nouvelle-Calédonie, abandonne un peu les arcanes de la politique, contrairement à ses précédents ouvrages que sont Les billets nickelés, Joujoux sur le caillou, par exemple, pour se plonger dans une aventure exotique aux relents historiques.

A.D.G. : C'est le bagne ! Série Noire N°2134. Parution avril 1988. 192 pages. 5,55€.

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21 août 2015 5 21 /08 /août /2015 07:58

On se demande ce qu'elle y fait...

Jean-Paul DEMURE : La belle dame dans un violon.

La belle dame, c'est Patricia Cohen, inspectrice stagiaire.

L'arrivée d'un inspecteur-stagiaire ne passe jamais inaperçue dans un commissariat, surtout lorsque le dit stagiaire se trouve être une belle et charmante jeune femme.

Et les mâles, du plus jeune au plus vieux, du simple planton au plus gradé, tirent une langue longue comme le tapis rouge déroulé dans une nef lors d'un mariage princier, leurs yeux montés sur ressorts. Tout à fait genre Loup de Tex Avery.

Principalement l'inspecteur Chapron, un peu le Don Juan du commissariat. Quant à Puymichel, il se voit confier le poulailler pendant les vacances bien méritées du commissaire.

Chapron prend en charge la jeune stagiaire et pour lui faire plaisir, et se faire mousser, l'entraîne dans une boîte de nuit afin de lui présenter l'un de ses indics.

Mais entre le rêve et la réalité, il y a une grosse différence. Le déshonneur, c'est lui qui va le subir, et ce devant la gente dame.

Or le déshonneur se lave dans le sang. Pauvre Puymichel qui va être obligé de dénouer une situation inextricable avant la fin des vacances du commissaire, attendant les siennes avec impatience.

 

La belle dame dans un violon est le cinquième roman de Jean-Paul Demure, le troisième publié à la Série Noire.

Né le 23 octobre 1941 à Clermont-Ferrand, il se décrit ainsi : cancre auvergnat, acteur décentralisé, chauffeur-livreur, bidasse, acteur parisien, époux étudiant en psychologie, écriveur, père, préposé auxiliaire à la distribution, animateur en réanimation culturelle, chômeur, vendeur de Bibles, chômeur, crêpier, provisoirement jardinier, un brin défeuillé mais vert.

Avant d'aborder le roman policier, ses premiers textes sont publiés dans des revues telles que Les Temps modernes, Milieu, Mi-nuit,

Ces renseignements, je les ai empruntés sans vergogne dans le second volume de S.N. voyage au bout de la Noire, paru chez Futuropolis, l'ancêtre des Auteurs de la Série Noire édité chez Joseph K, des ouvrages signés et dirigés par Claude Mesplède et Jean-Jacques Schléret.

 

Jean-Paul DEMURE : La belle dame dans un violon. Série Noire N°2034. Parution décembre 1985. 224 pages.

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20 août 2015 4 20 /08 /août /2015 09:53
J. - A. JANCE : Dent pour dent.

Le dentiste avait une dent contre sa femme...

J. - A. JANCE : Dent pour dent.

De nombreuses personnes croient que battre sa femme est un passe-temps réservé à ceux qui se trouvent en bas de l'échelle sociale, tandis que ceux qui gravitent dans les hautes sphères ont assez d'intelligence pour s'occuper avec des jeux autrement plus intellectuels.

C'est faux !

Par exemple Frederick Nielsen, dentiste, bat sa femme. Battait, devrais-je préciser, puisqu'il est découvert trucidé dans son cabinet dentaire un lundi matin par son assistante.

Les inspecteurs J.-P. Beaumont et Al Lindstrom, de la police de Seattle, n'ont guère d'indices à se mettre sous la... dent. Et comme suspects, il n'y a pas foule non plus. A part la femme du défunt, qui pouvait lui en vouloir ?

D'abord il faudrait la retrouver cette charmante épouse sur laquelle le brave dentiste passait son humeur. Quoique, en grattant bien, le nombre des prétendants au crime n'est pas si mince que cela.

D'abord l'assistante et son jeune mari, un poseur de moquettes, deux braves tantines, la mère du défunt pourquoi pas, sont sur les rangs comme éventuels suspects.

Dans cette enquête J.-P. Beaumont et son coéquipier auront une prise de bec avec un perroquet, mais auront affaire également à des personnes qui mentent comme des arracheurs de dents. Ce qui n'est pas le meilleur moyen pour parvenir à la solution.

 

De J.-A. Jance, on avait lu avec plaisir La chasse aux nymphettes, Coups de pompe et On picole sec, parus dans la même collection. Et ce quatrième roman me conforte dans mon opinion : J.-A. Jance écrit des romans classiques, certes, mais à l'intrigue solide et qui se lisent sans ennui.

Jonas-Piedmont Beaumont, dit Beau, se montre homme de bon sens, homme de cœur, n'apprécie guère les journalistes et ne se prend pas pour Rambo.

J. - A. JANCE : Dent pour dent. (Improbable Cause - 1988. Traduction Michèle Poslaniec). Série Noire N°2169. parution février 1989. 320 pages.

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19 août 2015 3 19 /08 /août /2015 07:45
John LUTZ : Les Contes de l'Amère Loi

A rapprocher des contes de quand t'es bourré ?

John LUTZ : Les Contes de l'Amère Loi

John Lutz fait partie de ces écrivains américains qui manient avec bonheur l'art de la nouvelle, genre extrêmement difficile car il demande, outre une imagination débordante, une conception de l'histoire qui ne prend sa véritable force que dans la chute.

Quinze nouvelles composent ce recueil, Les Contes de l'Amère Loi, quinze nouvelles dans lesquelles l'humour tient toujours une place et mettent en évidence les préoccupations, les phobies, les manies, les obsessions, les mœurs de l'Amérique d'aujourd'hui.

Sur les quinze histoires trois ont trait à la psychiatrie et à l'analyse. Et l'on sait quelle place la psychanalyse tient dans la vie des Américains. Autre façon de vivre typique à ce pays mais qui progressivement s'instaure dans les usages français, même si cela existe depuis des années mais pas à une telle échelle, c'est la vente par correspondance. Un système de vente qui entraîne l'engrenage dans l'achat de futilités, d'inutilités.

Dans d'autres nouvelles on ressent l'influence qua dû exercer William Irish sur John Lutz. Par exemple dans Un flambeur de haut vol dans laquelle l'obsession du pari tient une grande place.

Des personnages anodins qui sont les jouets du hasard, qui subissent les événements, qui sont manipulés inconsciemment ou qui pensent retourner en leur faveur des situations désespérées parsèment ces récits où le quiproquo est roi, où les situations fausses foisonnent.

Si je devais conseiller ce livre à une catégorie de personnes bien déterminée, ce serait à tous ceux pour qui la lecture est une corvée. Je suis sûr qu'ils se découvriraient une passion.

John LUTZ : Les Contes de l'Amère Loi.(Better Mousetraps - 1988. Traduction de Michel Deutsch) Série Noire N°2168. Parution février 1989. 224 pages. 6,65€.

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18 août 2015 2 18 /08 /août /2015 07:51
Gérald PETIEVITCH : La rançon du plus fort

N'est pas toujours la meilleure ?

Gérald PETIEVITCH : La rançon du plus fort

John Novak, agent spécial du FBI détaché à la brigade spéciale contre le crime organisé, est un agent intègre.

Si, si, ça existe encore ! Pas beaucoup peut-être mais il s'en trouve encore qui refusent les pots de vin, la vie facile. Pourtant à Las Vegas ce ne sont pas les motifs de corruption qui manquent.

Mais John Novak, de même que son partenaire Red Haynes ne mange pas de ce pain. Ce n'est pas comme Eddy Sands, tiens, un ancien flic qui purge quelques années de prison pour magouilles. Il profite par exemple de ses sorties dans le cadre du programme de réinsertion par le travail pour se faire un peu d'argent de poche, en faisant chanter des vedettes de cinéma.

Libéré Eddy Sans veut s'associer avec Toni Parisi, le gros pontife, le caïd qui règne sur Las Vegas. Toni Parisi, un gros morceau pour John Novak. Un très gros morceau. Mais quand on a la foi, et qu'en plus on est copain avec un juge d'instruction féminin, on est capable de tout. Suffit de rester lucide et méfiant.

 

Gérald Petievitch revient à la Série Noire après trois ans d'absence. La trame de ses romans est toujours excellente, bien montée, bien construite, bien ficelée.

Pourtant, malgré le changement de traducteur, certains passages qui relèvent plus de la trivialité que du libertinage me hérissent. Un vieux restant de pudeur peut-être, mais que je ne suis pas le seul à partager. L'érotisme, oui, le libertinage, oui, la trivialité, non. A chacun ses goûts.

Gérald PETIEVITCH : La rançon du plus fort (Shakedown - 1988. Traduction de Simone Hilling). Série Noire N°2160. Parution octobre 1988. 288 pages. 7,10€.

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17 août 2015 1 17 /08 /août /2015 07:10
Colin THIBERT : Noël au balcon.

... regarde les flocons ?

Colin THIBERT : Noël au balcon.

Damien est un escroc à la petite semaine : il sillonne les parkings des supermarchés et utilise un subterfuge afin de laisser supposer aux conductrices d’un certain âge qu’elle viennent d’emboutir sa voiture.

Mais ce genre d’arnaque ne marche pas à tous les coups et cette fois il est obligé de partir laissant le véhicule sur place, son téléphone portable à l’intérieur. Avant il travaillait avec Ludo, Bac +3, une référence mais pas forcément sur le marché de l’escroquerie en tous genres. Maintenant Ludo fait équipe avec David à cause de Julia, qui vivait avec Damien mais s’est vite intéressée à Ludo.

Bref de joyeux lurons qui butinent de ci de là, sans oublier Serge, propriétaire d’un établissement funéraire, mais dont l’activité principale est le recel d’objets divers. Et puis Sylvette, l’air bête mais inspirée dans les pulsions charnelles, femme d’un pompier qui prône avant tout sa voiture, son métier et son corps. Sylvette qui le trompe avec Serge.

Tous les acteurs étant mis en place, ou presque, passons à l’action. Croyant participer à un recrutement pour un film X, Ludo et David se voient remettre une panoplie de père Noël. Ils doivent appâter les chalands dans un hypermarché, et leur vient l’idée lumineuse de cambrioler le coffre du dit centre commercial. Ils auront droit à un petit coup de pouce du destin sous la forme d’une tempête, oui vous savez celle du 26 décembre 1999, qui balaya tout sur son passage, notamment les poteaux électriques. Je n’en dis pas plus.

 

Une bande de joyeux drilles, dignes du Splendid de la belle époque, jouent aux voleurs et aux gendarmes dans ce polar humoristique, farfelu, mais pas déjanté.

Car Colin Thibert, qui travaille comme scénariste à la télévision, connaît les points d’achoppement du rire, de l’émotion, du graveleux, de l’absurde, et évite tout débordement en apportant au lecteur une dose de franche rigolade, comme savait les distiller Michel Audiard, Bernard Blier, Francis Blanche et consorts.

Un petit régal qui évite les grandes scènes de fusillades, les caniveaux d’hémoglobine, les clichés maintes fois répétés, mais au contraire renoue avec la fraîcheur communicative du sucré-salé, de l’humour bon enfant, sans forcer sur l’un ou l’autre des ingrédients.

A conseiller à tout ceux qui se sentent atteints de déprime.

Réédition Folio Policier 325. Parution janvier 2004. 320 pages.

Réédition Folio Policier 325. Parution janvier 2004. 320 pages.

Colin THIBERT : Noël au balcon. Série Noire N°2632. Parution 14 novembre 2001. 256 pages. Réédition Folio Policier 325. Parution janvier 2004. 320 pages.

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16 août 2015 7 16 /08 /août /2015 09:09
Robert B. PARKER : Rose sang

Après Les roses blanches, immortalisées par

Berthe Sylva...

Robert B. PARKER : Rose sang

Un mystérieux tueur signe ses crimes d'une rose rouge déposée sur le corps de ses victimes. Lesquelles victimes s'avèrent être toutes des femmes noires.

Un conclusion s'impose immédiatement à l'esprit des enquêteurs : crime racial. Lais dans ce cas pourquoi signer son forfait d'une rose rouge ?

Spencer, détective privé à Boston, va aider la police dans la recherche de ce tueur, pour plusieurs raisons. D'abord un service, ça se rend. Ensuite l'assassin se targue d'être flic, aussi il faut éviter de mettre dans la confidence trop de personnes et garder pour soi d'éventuels résultats ou renseignements.

Là où rien ne va plus, c'est lorsqu'une première rose rouge est découverte dans le cabinet d'auscultation du docteur Susan Silverman, psychothérapeute et petite amie de Spencer. Première rose suivie de quelques autres.

Pourquoi en vouloir plus particulièrement à Susan ? Le tueur changerait-il de victimes ou ne serait-ce tout simplement que l'un des patients de la psychologue ?

 

Une enquête que Spencer va mener en compagnie de son ami Hawk, non sans appréhension pour l'avenir de Susan.

Dans Rose sang; Spencer se montre moins machiste, plus sensible, plus grave aussi que dans ses précédentes enquêtes. A classer comme l'un des meilleurs livres de Robert B. Parker.

 

Robert B. PARKER : Rose sang (Crimson joy - 1988. Traduction de Rosine Fitzgerald). Série Noire n°2163. Parution janvier 1989. 256 pages. 6,65€.

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15 août 2015 6 15 /08 /août /2015 15:25
Thierry JONQUET : Les orpailleurs.

Boulevard du palais, première...

Thierry JONQUET : Les orpailleurs.

Un cadavre, même abandonné dans un logement promis à la démolition, ça fait désordre.

Surtout un cadavre qui gît depuis quelques semaines, se décomposant lentement mais sûrement, et dont la main droite a été tranchée. Les policiers en ont la nausée de même que Maryse Horvel, le substitut. Seul le médecin légiste trouve son compte et semble ravi d'avoir à disséquer ce corps de jeune fille qui ne sourira plus jamais.

Les indices sont minces, pour ne pas dire inexistants et seul un pendentif représentant la main de la Fatma pourrait éventuellement délivrer l'identité de la jeune morte. Deux autres cadavres de jeunes femmes sont retrouvés peu de temps après, la main droite également sectionnée.

Crimes de sadiques, de maniaques ? Ou crimes rituels ?

 

Thierry Jonquet ne fait pas dans la dentelle, les lecteurs qui ont lu La Bête et la Belle ou encore Mygale le savent bien. Et à partir d'un fait-divers qui somme toute pourrait être banal, il nous entraîne cinquante ans en arrière (lors de la parution initiale du roman) jusqu'en Pologne, sur les traces de chercheurs d'or peu ordinaires.

Mais là n'est pas la seule force de ce roman car il nous fait partager les petites misères et les malheurs de tout son petit monde qui gravite dans ce roman, un peu comme Ed McBain nous invite à découvrir la vie familiale de la saga des flics du 87e d'Isola.

Les juges et les policiers ne sont pas mieux lotis que nous, et c'est justice, et au fil des pages on apprend ce qui se cache derrière la flasque de cognac que trimbale en permanence l'inspecteur Rovère et dont il abuse un peu trop parfois. Ou pourquoi Nadia Lintz, magistrate confrontée à des problèmes de logement parisien, a quitté Tours, sa famille et son mari.

Une affaire peut en cacher une autre, c'est ce qu'apprendra à ses dépens le commissaire Sandoval. Pareille à des entractes, parole est donnée parfois à l'assassin, dont l'identité est préservée ainsi que les motivations. Et l'on se demande quel peut être cet œil rouge qui le fixe tel celui que Caïn perçoit dans la tombe.

 

Curiosités :

Les personnages de ce roman, Rovère et Nadia Lintz, ont inspiré Maria Guilmineau pour la série télévisée Boulevard du Palais dont le premier épisode a été diffusé le 26 février 1999. Anne Richard interprète Nadia Lintz, Jean-François Balmer le commandant Rovère et Olivier Saladin le médecin légiste.

Thierry Jonquet a écrit douze épisodes de cette série.

L'épisode 35, le deuxième de la saison 12 (2010), Trop jeune pour toi, rend hommage à Thierry Jonquet.

Réédition Folio Policier N°2. Parution octobre 1998. 400 pages. 8,50€.

Réédition Folio Policier N°2. Parution octobre 1998. 400 pages. 8,50€.

Folio Policier N°580. Comprend également Moloch, Mygale, La Bête et la Belle. Parution avril 2010. 1024 pages. 12,40€.

Folio Policier N°580. Comprend également Moloch, Mygale, La Bête et la Belle. Parution avril 2010. 1024 pages. 12,40€.

Thierry JONQUET : Les orpailleurs. Série Noire N°2313. Parution le 16 mars 1993. 320 pages.

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14 août 2015 5 14 /08 /août /2015 08:59
José-Louis BOCQUET : Sur la ligne blanche.

Quand on vous dit de ne pas la franchir...

José-Louis BOCQUET : Sur la ligne blanche.

Séparé d'avec sa compagne, Laurent quitte la Bretagne, où il s'est établi pour se régénérer, deux fois par mois et monte à Paris chercher sa gamine de deux ans, un petit bout-chou déjà bien ancré dans la vie.

Lorsqu'il débarque dans la capitale, il loge chez une cousine par alliance, Muriel, et son mari Philippe. Quelle n'est pas sa surprise ce jour-là en entrant dans l'appartement de trouver porte ouverte et des inconnus fouiller méthodiquement le logement. Ce ne sont que des flics qui lui apprennent que le couple a été victime des balles de deux tueurs en moto, à la terrasse d'un café.

Exit Philippe. Muriel est hospitalisée dans un état critique.

Convoqué à la P.J. par le commissaire Chenevez, Laurent subit un interrogatoire serré sur ses relations avec Muriel et Philippe. L'origine de ces meurtres et tentative de meurtre semble être la drogue. Laurent s'emploie à trouver le fil conducteur de cette intrigue dans laquelle il se sent impliqué. D'autant qu'un autre attentat similaire a eu lieu peu de temps auparavant sur la personne d'Ali Vakili, un Turc. Laurent fait appel à ses connaissances gravitant dans les milieux journalistiques et artistiques, et se trouve entraîné dans une spirale, ménageant la chèvre et le chou, les dealers et les policiers.

 

Dans ce court roman, José-Louis Bocquet, qui a lui-même travaillé à TF1 avant la privatisation de la chaine, ne ménage pas ses coups de griffes à ce monde fermé ainsi qu'au milieu de la chanson et des vidéo-clips.

Son roman est une nouvelle pierre à l'élaboration d'une comédie, ou tragédie, humaine. Le lecteur est accroché mais les histoires de drogue risquent à la longue d'engendrer une overdose et ne plus constituer auprès du public cet impact bénéfique dénonçant les méfaits des paradis artificiels. Il s'ensuit une banalisation des maux de la société.

Je reprocherai à José-Louis Bocquet un emploi inutile de ces locutions américaines qui parsèment son roman, réservées à une catégorie d'individus branchés auxquels les lecteurs n'adhèrent pas toujours. On me taxera peut-être de rechercher la petite bête mais j'ai également relevé cette incohérence : Laurent, fils unique issu d'enfants uniques est cousin par alliance avec Muriel. Jusque là pas de problème. Mais le père de Muriel se serait remarié avec une tante de Laurent. Où a-t-il donc pu aller chercher cette parentèle ?

José-Louis BOCQUET : Sur la ligne blanche. Série Noire N°2309. Parution le 13 janvier 1993. 176 pages. 6,05€.

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13 août 2015 4 13 /08 /août /2015 09:33
COLLECTIF : les treize morts d'Albert Ayler.

Mais il n'y a eu aucune résurrection...

COLLECTIF : les treize morts d'Albert Ayler.

Recueil de quatorze nouvelles dont le thème est la mort mystérieuse d'Albert Ayler, saxophoniste de jazz retrouvé noyé dans l'East River le 25 novembre 1970 à l'âge de 34 ans.

 

Michel GUINZBURG : Lettre au mort. Trad. de l'américain par Daniel Lemoine. 1996. Un policier new-yorkais, qui a découvert en 1970 le corps d'Albert Ayler, reçoit la visite d'un journaliste éditeur français. Les souvenirs remontent à la surface : il a gardé par devers lui une lettre, le testament du musicien : Ayler un jour a commis un acte incestueux mais il n'a su qu'après que la gamine avec qui il a fait l'amour était sa fille. Le policier a recueilli l'enfant issue de cette union et l'a élevée. Il consigne sur cassette ce secret à l'intention du Français puis se suicide.

 

Gille ANQUETIL : Le free fort. En ce début de novembre 1970, Ayler déambule dans les rues de New-York. Un réminiscence le taraude : la mort de Coltrane et le "concert" qu'il a donné lors de la messe d'inhumation. C'est aussi le souvenir du dernier festival de St-Paul-de-Vence auquel il a participé. Il entend encore un cri, comme un appel, lancé dans la foule. Peut-être l'appel de Coltrane lui demandant de venir le rejoindre.

 

Patrick BARD : Mojo. En 1960 Albert Ayler a passé une partie de son service militaire en France, près d'Orléans, dans une base de l'Otan. Une jeune paysanne castelroussine férue de sorcellerie est devenue amoureuse de lui lors d'un concert improvisé. Ils ont fait l'amour. Il est reparti aux Etats-Unis, elle est tombée enceinte. Elle a avorté mais est en possession d'une photo d'Ayler qu'elle utilise pour jeter un sort. Alors qu'Ayler meurt attiré par l'eau de l'East River, elle se noie dans une mare en compagnie d'un baigneur en celluloïd noir. Une vision personnelle et quasi fantastique de la mort d'Ayler.

 

Yves BUIN : Free at last. Supposé chef de file d'une mystérieuse organisation, Ayler est suivi par Sandeman, affilié à l'Agence. Seulement Sandeman ne trouve aucun motif pour inculper le musicien, à part sa propension à « massacrer » les airs de musique. Les jazzmen noirs sont mieux accueillis en Europe qu'aux Etats-Unis, mais ce n'est qu'une question raciale. Sandeman passe la main mais Ayler sera retrouvé malgré tout noyé.

 

Jean-Claude CHARLES : Le retour de Maître Misère. Né à Port-au-Prince mais vivant à Paris, le narrateur journaliste reçoit une lettre dans laquelle le scripteur se dénonce comme le meurtrier d'Ayler. Il glandouille dans un rocking-chair, se remémore son père, des événements passés et des romans lus, tels ceux de Truman Capote. Mais selon une jeune journaliste hollandaise, ce serait le propre père du narrateur qui serait à l'origine de la mort d'Ayler en lui volant ses rêves.

 

Jérôme CHARYN : M. Raisonnable. Trad. de l'américain par Patrick Raynal. Carlton Quinn, alias M. Raisonnable, est jaloux de la supériorité d'Ayler dans sa façon de jouer au saxophone. Jaloux aussi que sa maîtresse fasse des yeux doux, et plus, à son adversaire. Alors il imagine une entourloupe avec un usurier. Peu après Ayler est découvert au fond d'East River.

 

Max GENÈVE : My name is Albert Ayler. Deux adolescents, Tim et Jenny, s'aiment mais la jeune fille est rusée et prodigue ses faveurs au plus offrant. Dans un terrain vague, tandis que Tim cherche un endroit où enterrer son chat, mort d'une rencontre brutale avec un mur, Jenny est subjuguée par Ayler jouant du saxo. Elle lui propose une gâterie ce que le cœur d'Albert ne supporte pas. Les deux ados n'ont plus qu'à transporter le corps du défunt dans la rivière afin de simuler un suicide.

 

Jean-Claude IZZO : Alors Negro, qu'est-ce qui cloche ? Lorsque Nellie, la femme de son copain Pearson débarque dans sa chambre d'hôtel, ce n'est pas pour retrouver d'anciennes sensations mais parce qu'elle vient de quitter son homme. Elle s'était donné à lui alors que Pearson était allé chez les putes le lendemain de la promesse de mariage. Les souvenirs, et ce qui vient de se passer avec Nellie, une nouvelle rencontre charnelle, affluent dans la tête d'Ayler alors qu'il marche le long des quais. Deux flics l'abordent et le tabassent. Assommé, il tombe à l'eau.

COLLECTIF : les treize morts d'Albert Ayler.

Thierry JONQUET : La colère d'Adolphe. A sa mort Adolphe Sax est conduit au Paradis. Son invention, le saxophone, lui vaut un traitement de faveur tant auprès des hôtesses que des compositeurs, Beethoven en tête. Mais il faut attendre l'ère du Jazz pour que le saxophone devienne un instrument reconnu. Bientôt des problèmes d'intendance se manifestent du fait de l'afflux inopiné de morts, des Jazzmen principalement. Jusqu'au jour où Ayler arrive lui aussi et est refoulé. S'ensuit une émeute. La bataille est gagnée et Ayler et ses confrères auront une place au Paradis.

 

Bernard MEYET : Joyeux Noël. Le narrateur n'aime pas le jazz, contrairement à son père qui avait acheté un bar et organisait des concerts à Orléans, au profit des soldats de la base américaine. Martine c'était l'amour secret du narrateur. Mais elle est tombée amoureuse d'Ayler alors qu'il effectuait son service sur la base de l'OTAN. Elle était même partie le rejoindre aux Etats-Unis mais ne l'avait pas revu. Elle revient un beau soir de Noël, un mois après la mort du musicien. Son ancien soupirant l'accepte telle qu'elle est, avec ses souvenirs, et un gamin, fruit de ses amours avec Ayler.

 

Jean-Bernard POUY : Tinetorette et Toquaille. Le narrateur emmène Ayler en Italie, sur les instances de celui-ci, visiter Venise et les galeries de peinture. Ayler professe une passion pour Le Tintoret, qu'il appelle Tinetorette, et goûte au Tokay, au Toquaille. Ayler et son conducteur passablement éméchés reviennent à Saint Paul de Vence, à temps pour participer au concert au cours duquel le musicien se montre plus brillant que jamais.

 

Hervé PRUDON : Nobody knows. Dans une chambre d'hôtel miteuse, Albert Ayler ressasse ses souvenirs. Notamment Bibi, une femme qu'il a connu à Copenhague. Qu'il a retrouvée à Juan-les-Pins. Il déambule sur les quais, boit dans les bars, côtoie un ivrogne. Il a le spleen et est attiré par l'eau.

 

Michel LE BRIS : La treizième mort d'Albert Ayler. Mary s'inquiète, Albert a disparu depuis quinze jours. Don le frère du musicien passe son temps à faire le poirier. Des conversations s'échangent sur les mérites et les avatars d'Ayler. A la radio le speaker annonce la découverte du cadavre du musicien et chacun extrapole se souvenant de l'enlèvement d'Ayler par des hommes de main de Miles, imputant sa mort à des flics Irlandais ou au FBI. Un texte qui s'articule autour de dialogues comme une suite d'improvisations avec toujours pour thème central la disparition d'Ayler.

 

Jon A. JACKSON : Sur le pont. Trad. de l'américain par Daniel Lemoine. Rêveries sur le bitume d'un pont d'un musicien recherchant la note, l'air qu'il ne peut jouer, la transcription par le saxo du chant d'un oiseau. Il croit voir Coltrane et Dolphy le prendre chacun par une main et il s'élance dans les airs tandis que son instrument de musique tombe à l'eau. Ayant appris par Patrick Raynal qu'il envisageait de compiler treize nouvelles en l'honneur d'Albert Ayler, Jon A. Jackson a spontanément offert ce texte qui est la quatorzième variation du recueil.

 

De ces quatorze improvisations sur la mort d'Albert Ayler, on retiendra quelques solos majeurs, quelques vibrations émouvantes, des interprétations issues des tripes et d'autres qui se glissent dans un moule convenu. Il en faut pour tous les goûts et chacun peut lire à sa façon la partition. On retiendra toutefois les prestations de Patrick Bard, de Max Genève, de Jean-Claude Izzo, de Thierry Jonquet et de J.-B. Pouy, qui ont su interpréter avec inspiration un thème imposé.

COLLECTIF : les treize morts d'Albert Ayler. Série Noire N°2442. Gallimard. Préface de Michel Contat. Parution novembre 1996. 288 pages. 7,80€.

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