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14 octobre 2018 7 14 /10 /octobre /2018 05:40

Si cela pouvait être vrai, je lirai longtemps encore !

André CAROFF : Mme Atomos prolonge la vie. La Saga de Madame Atomos 3.

Dans ce troisième volume consacré à la saga de Madame Atomos, nous pouvons retrouver trois histoires de la plus célèbre « héroïne » de ce prosateur qui évolua dans tous les genres et quasiment toutes les collections des Editions Fleuve Noir de la belle époque.

Au sommaire de ce numéro 3 :

Préface de Francis Saint Martin.

L'erreur de Mme. Atomos.

Mme. Atomos prolonge la vie.

Les monstres de Mme. Atomos.

L'Affaire Atomos, une nouvelle inédite de Win Scott Eckert.

Première édition : Collection Angoisse N°140. Editions Fleuve Noir. Parution 2e trimestre 1967. 224 pages.

Première édition : Collection Angoisse N°140. Editions Fleuve Noir. Parution 2e trimestre 1967. 224 pages.

Rhode Island, le plus petit état des USA, est le théâtre de phénomènes étranges depuis quelques semaines. Les enfants ne grandissent plus, ne grossissent plus, et pourtant les toubibs ne relèvent aucune maladie. Ils sont en bonne santé mais leur aspect physique est dans un état stationnaire. Les vieillards cacochymes retrouvent leur souplesse, leur agilité, leur fougue et leur vision d'antan.

Smith Beffort, qui coule des jours heureux en compagnie de sa femme Mie Azusa, ex Miss Atomos, et de son fils Bob, collectionne les entrefilets dans les journaux et il est intrigué par ces événements qui apparemment n'alertent pas les autorités du pays. Ainsi selon un court article, les hôpitaux sont vides, les pharmacies et les laboratoires au chômage.

C'est dans ce contexte qui n'en est qu'à ces prémices que le docteur Alan Soblen retrouve son ami Smith Befford. Il a participé durant un mois à une conférence à Providence. Il lui démontre son agilité et que sa myopie ne l'indispose plus pour lire le journal. Seulement au bout de quelques heures, Soblen perd ses nouvelles facultés et revient à son état normal.

Smith pense que Mme Atomos leur joue un nouveau tour à sa façon en prolongeant ainsi la vie. Car cela ne va pas sans conséquences.

Ce nouveau paradis attire bon nombre de personnes mal en point qui arrivent à Rhode Island persuadés recouvrer leur jeunesse, et c'est par milliers puis par centaines de milliers de migrants que se traduit ce nouvel exode sur une terre qui ne mesure que 66 km sur 77. Mais bientôt, sous l'afflux de cette population, le paradis va se transformer en enfer. Six mois ont passé depuis la première apparition du phénomène et en ce mois de janvier il neige abondamment, un problème climatique rédhibitoire.

 

Car le phénomène ne touche pas seulement les humains mais les animaux et les plantes qui ne vieillissent plus ni ne croissent. Smith Befford et Soblen s'en aperçoivent rapidement sur place. Smith rencontre le chef du FBI à New-York mais celui-ci n'est pas convaincu. Alors jouant le tout pour le tout Smith décide de faire intervenir la force Dragon Vert, des truands qu'il a recruté et organisé en petite armée, afin de défendre le pays en cas de récidive.

Lorsqu'il revient chez lui, Mie est affolée. Elle reçoit des appels téléphoniques anonymes. Une femme ou un homme, elle ne peut le déterminer, téléphone de cabines publiques, progressant vers leur maison. Le dernier appel, auquel Smith assiste, est édifiant. Le correspondant sait exactement ce que le couple et les policiers censés les protéger effectuent comme mouvements, et peut répéter leur conversation. Smith et ses hommes découvrent des micros et des caméras miniaturisés cachés dans leur logement. Mie et l'enfant vont être mis à l'abri dans l'Oregon, tandis que Smith et les membres du Dragon vert vont le rejoindre à Providence et s'éparpiller dans tout l'Etat, à la recherche d'installations maléfiques.

Pendant ce temps la population amalgamée sur le petit territoire en vient aux mains, et les émeutes provoquent plus de dégâts que la famine qui commence à sévir.

Effectivement l'un des groupes découvre enfouie sous terre une sorte de plaque de tôle. Elle a été repérée au manque d'absence de neige sur une petite parcelle de terre. L'herbe est verte, une anomalie dans l'immensité blanche.

Un nouveau combat s'engage entre Mme Atomos et ses sbires d'un côté et les forces du Dragon vert de Smith de l'autre. Et il semble que Mme Atomos est en passe de gagner son pari de destruction des Etats-Unis. Pour enfoncer le clou elle fait kidnapper Mie et Bob.

 

André Caroff part du postulat émis par le sociologue Philip Hauser le 28 juillet 1966, qui affirmait que la Terre compterait sept milliard quatre cents millions d'âmes en l'an 2000, alors qu'au moment où cette déclaration était annoncée il n'y avait que (!) trois milliards trois cents millions d'habitants. Cette prévision, ou extrapolation, était presque juste puisque le chiffre annoncé a été atteint en 2015, en l'an 2000 le montant de personnes vivant sur la planète s'élevant à six milliards cent-trente millions, environ.

Or le projet de Mme Atomos est de réduire à la famine la population des Etats-Unis via une explosion démographique entraînant l'éradication totale des Etats-uniens. La vie et la mort sont dans l'ordre naturel de la régulation de l'existence, et un déséquilibre conscient programmé d'un côté comme de l'autre ne peut que conduire à la disparition de tout être vivant sur la planète.

Grâce à des inventions diaboliques dont elle a le secret, Mme Atomos désire venger les morts d'Hiroshima et de Nagasaki, par tous les moyens. André Caroff vogue sur la fibre de l'anticipation tout dénonçant un système de famine programmée né dans un esprit de châtiment. Mais l'enjeu délétère de Mme Atomos pourrait sembler n'être qu'un pari mortifère que les spéculateurs et les scientifiques pourraient réaliser à plus ou moins long terme. Par exemple les légumes produits à base de fortes doses d'engrais et de semences modifiées, liées à une accumulation de pesticides, de produits phytosanitaires, contiennent moins de vitamines et de nutriments que quelques dizaines d'années auparavant et sont donc moins énergétiques et caloriques. Mais ceci est un autre problème.

 

A noter que si le choix de Rhode Island n'est pas anodin, étant le plus petit état des USA et donc plus facilement contrôlable par Mme Atomos, l'enfant le plus célèbre de la ville de Providence n'est autre que Howard Phillips Lovecraft, l'un des plus grands fantastiqueurs américains, voire mondial. En outre, le nom de Beffort, l'agent du FBI, me fait songer à Alexandre Breffort, qui avant de devenir journaliste, scénariste, homme de théâtre et écrivain, accumula les petits boulots dont celui de chauffeur de taxi pendant cinq ans, métier pratiqué par André Caroff.

 

Pour commander cet ouvrage, n'hésitez pas à vous rendre à l'adresse mise en lien ci-dessous :

 

André CAROFF : Mme Atomos prolonge la vie. La Saga de Madame Atomos 3. Collection Noire N°3. Editions Rivière Blanche. Parution juillet 2007. 404 pages. 25,00€.

ISBN : 978-1-932983-87-6

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21 septembre 2018 5 21 /09 /septembre /2018 07:58

Miss Atomos contre le Mal blanc américain !

André CAROFF : Miss Atomos contre K.K.K. La saga de Madame Atomos volume 2.

Les Etats-uniens du sud, mais ce ne sont pas les seuls, n'aiment pas que des femmes blanches couchent avec des hommes noirs. Et les affiliés au Ku-Klux-Klan veillent.

Ils ont remarqué que Dora Wilkins, jeune journaliste blanche, recevait chez elle le matin un jeune Noir travaillant dans le même média local de Birmingham, Alabama. Cinq hommes sont chargés d'appliquer la peine prévue dans ce cas et s'introduisent dans la maison située dans une rue tranquille. Ils écoutent partiellement la conversation engagée entre les deux amants et ne font pas attention à leurs paroles. La femme explique qu'elle est différente entre neuf et dix heures le matin et que ce n'est qu'au cours de ce court laps de temps qu'elle peut le recevoir.

Les membres du K.K.K. ne s'embarrassent pas de détails et se servent de leurs couteaux pour tuer les deux amants, puis ils les pendent au balcon de la chambre. Un travail rapidement réalisé dont ils sont fiers et devrait dissuader les récidivistes.

Un trimardeur qui parcourt le pays à la recherche de petits boulots aperçoit les deux corps se balançant à la balustrade et, funeste initiative, les décroche. D'autant que, lorsque les policiers arrivent sur place, prévenus par le directeur du journal qui furieux de l'absence de sa jeune stagiaire s'était rendu à son domicile, il ne reste que le corps de Bob. Celui de Dora a mystérieusement disparu.

Peu à peu, les agresseurs de Dora sont retrouvés morts, assassinés. D'abord Greg, celui qui conduisait l'expédition punitive, égorgé. Sur son cadavre nu ont été inscrits les mots : Hiroshima, Nagasaki, avec les compliments de miss Atomos. Puis d'autres, dont Forrest, le responsable du K.K.K. local. Une jeune femme s'était présentée chez Forrest, se nommant Catherine Lomakine, alias Dora Wilkins. Elle se sert d'une sorte de stylo-laser pour se débarrasser du peu scrupuleux personnage qui se réfugie comme tous les membres du K.K.K. dans la religion. Une posture pour justifier leur ségrégation et leur racisme.

Catherine Lomakine et, en sous-main Miss Atomos, ont juré d'abattre tous les membres du K.K.K. et bientôt le nombre de défunts atteint les trois-cent-cinquante membres.

Cette affaire de vengeance ne pouvait pas passer inaperçue du docteur Alan Soblen lequel prévient Smith Befford. L'homme du FBI a pris la relève du Singe depuis le décès de celui-ci, et veille sur le cadavre de son ancien patron en se rendant tous les jours sur sa tombe dans le cimetière floridien. Il espère toujours revoir Mie Azusa qui avait rejoint l'île flottante Atomos.

C'est Mie Azusa qui le contacte par téléphone, afin de lui dire qu'elle l'aime, mais seulement une heure par jour. Tandis que Smith Beffort est lui aussi amoureux, mais vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Un dilemme.

Le K.K.K. traqué décide de demander au FBI de protéger ses membres, un comble. Des événements mystérieux se produisent, des boulles traversent le pays, et une sorte de soucoupe a été aperçue. L'armée est réquisitionnée.

Yosho Akamatsu, agent de la Tokkoka, police spéciale nipponne, arrive de Tokyo, rejoignant ses amis Befford et Soblen. La soucoupe est localisée, grâce à la filature exercée sur des hommes-robots affilés à la mystérieuse organisation Atomos. Akamatsu, déguisé comme ces membres dépendants de l'île Atomos, suit Catherine Lomakine, qui a été repérée, et s'introduit dans la soucoupe, calquant ses gestes sur les personnages qui sont déjà à l'intérieur. Pendant ce temps, Beffort et Soblen s'emparent de Mie Azusa afin de la confier à un chirurgien chargé de lui ôter le micro-processeur qu'elle possède à l'intérieur du crâne. Une opération délicate qui doit être réalisée avant l'heure fatidique au cours de laquelle la jeune femme redevient miss Atomos.

 

Ancré résolument dans l'anticipation et la science-fiction, ce nouveau volume de la série Atomos nous apporte de nouvelles révélations et l'épilogue laisse présager de nouvelles aventures tout aussi rebondissantes et foisonnantes que dans ce livre.

Car les temps morts sont exclus de cette intrigue qui offre un aspect intéressant et inattendu.

André Caroff s'est très bien renseigné non seulement sur les agissements du Ku Klux Klan, sur son organisation, mais également sur ses membres sur l'échelle hiérarchique, n'hésitant pas à mettre en scène les hauts responsables. Mais plus étonnant est la mise en scène des assassinats des Klansmen, à l'aide de stylos-laser et la débandade du Klan obligé de demander au FBI de protéger ses membres. Tout en gardant l'action dans les années 1960, même si la datation n'est pas précisée, car il est fait référence à plusieurs reprises au Président des Etats-Unis de l'époque, Lyndon Johnson qui succéda à J.F. Kennedy après l'assassinat de celui-ci à Dallas. Enfin, autre aspect inattendu, ou presque, c'est l'initiative prise par un général de bombarder la soucoupe sans requérir d'ordre et dont les conséquences auraient pu être encore pire que celles décrites dans le roman.

Outre cette guerre entre Madame Atomos puis Miss Atomos, qui a pris la relève comme on a pu le lire dans l'épisode précédent, dans une vengeance nippone envers les USA et les bombardements qui ont eu lieu sur Hiroshima et Nagasaki, s'intègre une histoire d'amour entre Beffort et Mie Azusa. Cette romance amoureuse sera-t-elle contrariée ou pas, c'est ce que nous lirons dans le prochain épisode, une série qui provoque une véritable addiction.

 

Découvrez le sommaire intégral de ce volume ainsi que la chronique de Miss Atomos dans le lien ci-dessous :

Première édition. Collection Angoisse N°130. Editions Fleuve Noir. Parution 2e trimestre 1966. 224pages.

Première édition. Collection Angoisse N°130. Editions Fleuve Noir. Parution 2e trimestre 1966. 224pages.

Pour commander cet ouvrage n'hésitez pas à vous rendre sur le lien ci-dessous :

André CAROFF : Miss Atomos contre K.K.K. La saga de Madame Atomos volume 2. Collection Noire N°2. Editions Rivière Blanche. Parution juillet 2006. 428 pages. 28,00€.

Première édition. Collection Angoisse N°130. Editions Fleuve Noir. Parution 2e trimestre 1966. 224pages.

ISBN : 978-1-932983-76-0

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10 septembre 2018 1 10 /09 /septembre /2018 10:04

Un plaidoyer pour les artistes qui devrait être lu par les ministres successifs de la Culture, mais pas que !

Dominique PEKO : La planète des Norchats.

Afin de coloniser la planète Soloma, des enfants, garçons et filles de huit ans, sont mis en condition dans une réplique dite Soloma Minor.

Ils étaient éduqués dans des pensions, mais le nouveau traitement qui leur est infligé leur convient parfaitement. Ils mangent, non seulement à leur faim, mais découvrent des denrées nouvelles, comme du lait frais, du beurre en motte et du pain fabriqué sur place. Ils découvrent des animaux amusants, les vaches par exemple.

Après avoir été accueillis par le directeur, Victor Samp, à l’attitude plaisante, ils sont divisés en groupe de seize et seront encadrés par deux jeunes guides. Axel et sa sœur jumelle Chrysoline sont affectés dans le groupe cornaqué par Diane et Valleran. Ils savent que leur séjour ne sera pas de tout repos, qu’ils rencontreront des difficultés, voire des déboires, mais l’âge et la volonté alliés à l’enthousiasme ont raison des montagnes dressées sur leur route. Et de plus, ils se lient d’amitié avec Lonart dont ils apprécient la gentillesse, et Marge, une gamine réservée.

C’est ainsi que trois années se déroulent avec de petits incidents à la clé. Axel s’étant approché de trop près des Rouges-fleurs reçoit du pollen dans les yeux. Un peu de pommade, et tout s’arrange. Des missions leurs sont confiées. Par exemple grimper au flanc d’escarpements rocheux afin de récupérer des œufs de Volubs, de drôles d’oiseaux, qui n’apprécient pas l’intrusion. Mais il s’agit d’œuvrer pour leur survie car ces œufs ne pèsent pas moins de deux à trois kilos, ce qui constitue un excellent repas roboratif.

Et puis il existe les Norchats, des espèces de gros chats mâtinés de pumas qui n’hésitent pas à les attaquer. Axel en fait l’expérience mais il parvient à se débarrasser de l’animal, qui n’était qu’une réplique de ce qui peut exister sur Soloma, la vraie. L’entraînement sportif est assez poussé, et Axel se rend compte que peu à peu il ne parvient pas à progresser. S’il est attiré par l’aventure, il possède d’autres centres d’intérêt. Il aime jouer de la musique, dessiner, et écrire des histoires.

Ses défaillances sportives risqueraient de lui coûter sa place sur le vol vers Soloma la vraie, au bout de cinq ans de stage. Et Victor Samp, le directeur, lui propose de démontrer ses capacités artistiques et il promet d’étudier le cas d’Axel auprès du comité de sélection.

 

Outre quelques références, dans le nom de certains des personnages relatifs à des auteurs de science-fiction célèbres, il s’agit bien d’un roman, sinon de science-fiction au moins d’anticipation. La colonisation d’une planète, entamée une douzaine d’années auparavant, est le but de cette aventure.

Mais au-delà des nombreuses péripéties rencontrées par les divers protagonistes choisis pour leurs capacités d’intégration, de bravoure, de débrouillardise, d’anticipation sur les événements, de résistance, c’est la résolution du directeur de donner sa chance à Axel, malgré son manque de performances sportives qui prime.

Il explique son choix d’intégrer Axel dans le groupe de départ, et le statut d’artiste qui est confié à l’adolescent est une revanche pour le directeur. Auparavant Victor Samp lisait beaucoup mais il a été brimé, car il fallait privilégier l’utile à l’agréable. Et il ne veut pas d’une nouvelle civilisation sans artiste malgré l’avis de l’ordinateur.

Nous allons fonder une nouvelle civilisation là-bas. Une civilisation sans artistes est-elle viable ? J’ai répondu non. L’ordinateur a dit oui, mais il est l’enfant d’une civilisation technologique où l’artiste est nié. Sa réponse n’est donc pas valable.

Et il enchérit :

Vois-tu, lorsque j’étais adolescent j’ai énormément lu, et des livres que presque personne ne lisait : des romans, des poèmes, écrits il y a un siècle ou deux ; car maintenant plus personne n’écrit. On tape sur des claviers, on fait s’animer des lettres sur un écran, on emplit des fiches, mais on n’écrit plus. Plus personne n’a l’imaginaire ouvert sur l’inutile, qui est simplement beau, mais c’est énorme, c’est l’essentiel. De nos jours l’imagination doit être rentable sinon on l’étouffe.

Il s’agit bien d’un plaidoyer, publié en 1982, pour la culture, pour le statut d’artiste, pour la musique, la peinture, l’écriture. Nul doute que nos politiciens devraient s’inspirer de ce roman pour mener une politique qui ne soit pas préjudiciable à la Culture, même si beaucoup pensent que le pragmatisme prévaut sur la rêverie.

 

Dominique PEKO : La planète des Norchats. Collection Bibliothèque Verte. Editions Hachette. Parution 15 avril 1982. 156 pages.

ISBN : 9782010087899

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1 septembre 2018 6 01 /09 /septembre /2018 07:28

Madame Atomos vous fera trembler : c’est une bombe !

André CAROFF : Miss Atomos. La saga de Madame Atomos tome 2.

La saga de Madame Atomos, puis de Miss Atomos est considérée, à juste titre, comme l’une des sagas les plus intéressantes de la défunte collection Angoisse du Fleuve Noir.

Et il était juste et bon que ces romans soient réédités afin de ne pas, comme tant d’autres, tomber dans l’oubli. Sous l’impulsion de quelques exégètes du genre, les éditions Rivière Blanche ont entrepris de les publiés en fort volume comprenant trois titres chaque et un appareil critique.

Ce volume N°2 comprend :

Préface de Jean-Luc Rivera

- Miss Atomos

- Miss Atomos contre KKK

- Le retour de Mme. Atomos

- The Butterfly Files (ou La jeunesse de Mme Atomos), une nouvelle inédite de Joseph Altairac & Jean-Luc Rivera

Présenter les trois romans de ce volume dans un seul article serait certes souhaitable mais prendrait trop de place et rebuterait peut-être le lecteur qui est plus habitué à lire ce genre de prose sur papier, dans une revue spécialisée. Voici donc, en guise d’entrée, Miss Atomos :

 

Je me suis empoisonnée, mais rien n'est fini, monsieur Beffort. J'ai préparé l'avenir pour cet instant.

Même si Madame Atomos est morte et enterrée, ses derniers mots résonnent encore dans l'oreille de Smith Beffort, agent du FBI qui a assisté à son enterrement en compagnie de Yosho Akamatsu, agent d'un service de police japonais.

Aussi lorsque le Singe, le patron de Beffort, lui signifie de faire sa valise et de prendre le premier avion pour Palm Beach, en Floride, et d'y séjourner durant un moins, l'agent du FBI sent un coup fourré. D'ailleurs une chambre a déjà été retenue dans un hôtel où réside déjà le docteur Soblen. Et enfin, une gente dame, du moins il le suppose, qui se présente au téléphone sous le nom de Mie Azusa, désire le voir au plus vite.

Lorsqu'il arrive à l'aéroport, Beffort trouve un docteur Soblen fatigué, aux vêtements fripés. Pas le genre de vacancier hâlé par le soleil de la Floride. Il est déjà depuis quinze jours à Palm Beach, mais il mange peu et surtout il boit. Il est vrai, comme le constate Beffort, qu'il fait une chaleur anormale dans la cité.

Soblen lui narre que primitivement il devait se rendre aux Bermudes pour quinze jours, mais qu'un changement de programme est survenu le lendemain de son inscription dans une agence de voyages. Au lieu des Bermudes il lui a été proposé Palm Beach pour une durée d'un mois. D'ailleurs il possède encore la carte de la jeune femme de l'agence qui lui a signifié que le séjour originel était annulé. Il s'agit d'une certaine Mie Azusa.

Beffort se rend rapidement compte que Soblen n'est pas le seul à subir les effets du climat. Quasiment tous les hommes de la région, sauf les nouveaux arrivants, sont sous l'emprise de l'alcool. Beffort se contente lui de jus de fruits. A l'hôtel, le réceptionniste éméché lui indique que sa chambre n'est plus celle qui lui avait été réservée mais qu'une autre est à sa disposition. C'est le chef de la police qui a hérité de la sienne, sa maison s'étant écroulée la veille. Seulement il n'a pas eu le loisir d'en profiter. Soblen le découvre étranglé.

Beffort en informe immédiatement le Singe, lequel lui confirme qu'il est en mission, le cas de Soblen l'inquiétant. Ne pouvant interroger les hommes, tous pris de boisson, Beffort décide de se renseigner auprès des femmes. Dans une boutique de l'hôtel, la vendeuse lui propose d'acheter un serpent articulé, qui se met autour du bras ou du cou. Il s'agit d'une sorte de bijou devenu à la mode et fort prisé par les représentantes du sexe féminin. Il s'agit d'un bébé crotale fossilisé par les indiens séminoles.

Mie Azusa contacte Beffort alors qu'il est encore dans son lit. Elle l'implore, lui disant qu'elle est dans l'hôtel, et surtout qu'elle n'a pas beaucoup de temps. Il n'a pas le temps de lui donner le numéro de sa chambre qu'elle est déjà là.

Elle lui indique que pour l'instant, il a devant lui Mie Azusa, mais que dans une heure elle redeviendra Miss Atomos. Elle le prouve en lui dévoilant ses seins, non dans un esprit de le charmer, mais pour lui montrer deux tatouages : Hiroshima et Nagasaki. Elle lui confie qu'un cerveau-moteur lui a été implanté dans la tête et que cet objet est relié informatiquement à un cerveau situé sur l'île Atomos, sorte de plate-forme qui peut à volonté se déplacer et se cacher sous les eaux marines. Et que lorsque son cerveau est à nouveau sous l'emprise du serveur, elle devient une tueuse. D'ailleurs, effectivement, quelques minutes plus tard, elle change subitement de caractère et sort une arme. Heureusement pour Beffort les balles ne l'atteignent pas.

D'autres agents du FBI le rejoignent tout comme le Singe et Yosho Akamatsu qui prennent cette affaire véritablement au sérieux. Des meurtres vont être perpétrés, les hommes étant incapables de se défendre à cause de leur éthylisme et les femmes deviennent la proie des colliers serpents qui les étranglent. Un vent de panique commence à envahir l'état de Floride. L'armée sera mise à contribution et les hélicoptères survoleront le ciel de Floride afin de mettre fin aux agissements mortifères de Mie Azusa, alias Miss Atomos.

 

Miss Atomos est l'égal au féminin, mais en plus scientifique, de Fu-Manchu, le célèbre tueur créé par Sax Rohmer et dont les aventures sont perpétuées par William Maynard.

Un roman d'aventures effrénées servit par une approche scientifique, à la façon de Jules Verne et de Paul d'Ivoi, mais moins encombré d'explications rigoureuses. Le côté angoisse, de même que le fantastique, est gommé au profit de la science-fiction récente.

En effet, si le premier panneau solaire ou cellule solaire n'a produit de l'électricité qu'en 1916, par Robert Millikan, suite à la découverte en 1839 de l'effet voltaïque par Alexandre Becquerel, c'est dans les années 1960 que l'énergie solaire a véritablement été utilisée par les satellites lors de la course à l'espace. Et que les panneaux solaires ont connu leur essor dans les années 1970 suite à la crise pétrolière.

André Caroff se sert donc de cette invention encore balbutiante pour en équiper des sortes de bunkers situés dans les marais des Everglades, afin d'assurer le fonctionnement de certains appareils, dont des radars, les bastions ne pouvant être reliés électriquement. Mais également influer sur les conditions climatiques.

De même l'implantation de puces électroniques dans le cerveau pouvant recevoir à distance des informations et surtout télécommander la personne qui en est munie. Ces implants n'ont été développés qu'au début des années 1960, et plus particulièrement par José Delgado, en 1963, qui parvint à stopper à l'aide d'un transmetteur-radio l'élan d'un taureau muni d'un stimoceiveur.

Donc André Caroff n'imagine pas de nouvelles inventions, de nouvelles technologies, mais développe celles qui étaient au stade embryonnaire pour en doter le cerveau maléfique de Madame Atomos ou plutôt du cerveau électronique qui régit une organisation de malfaiteurs et de tueurs transformés en robots humains.

Un roman, ou plutôt une série qui aurait pu être éditée dans la collection Anticipation sans y avoir véritablement sa place, le thème des voyages interstellaires et tout ce qui entoure ce qui est communément appelé l'opéra de l'espace (ou space-opera) prédominant à l'époque dans l’esprit de la collection.

Collection Angoisse n°124. Editions Fleuve Noir. Parution 4e trimestre 1965. 224 pages.

Collection Angoisse n°124. Editions Fleuve Noir. Parution 4e trimestre 1965. 224 pages.

Pour commander cet ouvrage, vous pouvez vous rendre à la boutique de Rivière Blanche ci-dessous

André CAROFF : Miss Atomos. La saga de Madame Atomos tome 2. Collection Noire N°2. Editions Rivière Blanche. Parution juillet 2006. 476 pages. 28,00€.

ISBN : 978-1-932983-76-0

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29 août 2018 3 29 /08 /août /2018 07:19

T'en fais pas fume, fume, fume,

Fais de la fumée sur tout ça…

Alain PARIS : Les fils du Miroir Fumant.

Au cœur de l’Empire Andin, Maître Urien, l’Erudit, et ses compagnons dont Ottar, le petit-fils d’Arno Von Hagen dont le lecteur fidèle de cette saga a pu faire la connaissance dans les premiers volumes de cette saga, se dirigent vers Cuzco. Ils laissent derrière eux le dirigeable Certitude, deuxième du nom, calciné, et quittent le Machu-Pichu où ils ont été reçus par l’Inca. Ils doivent se rendre vers les Territoires Irradiés, qui s’étendent en Amérique du Nord, à la recherche d’une explication concernant la disparition du premier dirigeable disparu cinquante ans auparavant.

Les survivants sont accompagnés, à la demande de l’Inca, de Mayta Roca, le Successeur Désigné, et de la belle Acollua, la future femme et sœur de Mayta. Mais la route est semée d’embûches et les dangers de toutes sortes ne manquent pas de surgir.

La première frayeur se présente lorsque devant traverser un torrent à l’aide d’un pont constitué de lianes, et que les premiers porteurs sont arrivés de l’autre côté du précipice, l’une des cordes végétales se rompt. Ottar, jeune et athlétique jeune homme, sauve in extremis de la chute la belle Acollua. Ce qui le met en condition d’un héros mais suscite également quelques jalousies.

Enfin, la troupe arrive à Cuzco, le Nombril du monde, et Maître Urien et ses compagnons sont hébergés par le gouverneur. Durant la nuit, Ottar est attaqué par des tueurs à la solde de membres du Vril, car malgré la chute du Reich, quelques-uns de ces fanatiques espèrent toujours reconquérir le pouvoir. Il arrive à se débarrasser de cette engeance mais sous la torture les tueurs ne veulent dévoiler le nom de leur commanditaire. Ottar pense qu’il s’agit d’un coup fourré fomenté par Mayta Roca.

Puis direction Lima où tout ce petit monde embarque pour Acapulco. En cours de route, des navires nippons tentent d’arraisonner les navires andins constitués en bottes de roseaux. La fougue des Andins et des Européens annihilent cette attaque maritime et l’épopée continue vers Technotitlan avec encore de nombreuses péripéties.

 

Un pur roman d’action dans la tradition du genre, avec traîtrises diverses, combats en tous genres, mais également le petit côté fleur bleue car entre Ottar et Acollua se dessine une histoire d’amour. Ce qui permet à l’auteur d’offrir une pause d’optimisme et de sentimentalité dans une histoire qui ne manque pas de vivacité et d’affrontements.

Une uchronie basée sur le système du Si. Et si le Troisième Reich avait mené à bien sa conquête, si la Deuxième Guerre avait été un succès pour l’Allemagne. Les siècles ont défilé depuis l’organisation de la résistance au Vril et à la Sainte-Vehme. Le monde est revenu à un âge plus ou moins médiéval, et les armes sont principalement l’arc et les armes à feu rudimentaires. Et comme les Chinois et les Asiates en général en usaient lors de combats navals, ce sont des produits connus depuis très longtemps et exportés en Europe qui servent principalement. Le naphte par exemple, mais le vitriol aussi.

Alain Paris recrée des civilisations en empruntant à celles qui existèrent, et les descriptions qu’il propose au court de son récit sont réalistes même si parfois cela tend vers le fantastique.

Roman épique, historique, d’anticipation, un régal pour qui aime l’aventure débridée, l’action, les multiples rebondissements, et une énigme policière à peine échafaudée.

 

Pour rappel les épisodes précédents sont chroniqués ci-dessous :

 

Première édition : collection Anticipation N° 1754. Editions Fleuve Noir. Parution mai 1990. 192 pages. Couverture de Patrice Sanahujas.

Première édition : collection Anticipation N° 1754. Editions Fleuve Noir. Parution mai 1990. 192 pages. Couverture de Patrice Sanahujas.

Alain PARIS : Les fils du Miroir Fumant. Le Monde de la Terre Creuse N°6. Collection e.Anticipations. Edition L’Ivre Book. Parution le 11 août 2018. 2,99€.

ISBN : 978-2-36892-623-9

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14 août 2018 2 14 /08 /août /2018 10:15

Prenez votre billet pour voyager à bord de

l’Enterprise !

James BLISH : La dernière créature

D’après des scenarii de la célèbre série télévisée Star Trek, dus à l’imagination d’auteurs dont la liste est détaillée en fin d’article, James Blish, bien connu des amateurs de science-fiction pour ses romans tels que Les Quinconces du temps, Aux hommes, les étoiles ou encore Villes nomades, James Blish a écrit à la fin des années 1960 de courtes histoires, novellisations des épisodes mettant en scène l’Enterprise, fameux vaisseau intergalactique avec à ses commandes le capitaine Kirk, Mr Spock, le docteur McCoy ou le lieutenant Uhura.

C’est ainsi qu’au cours de leurs pérégrinations, Kirk et ses compagnons vont se trouver confrontés à des situations souvent périlleuses et angoissantes.

Par exemple Charlie, un jeune orphelin qui a vécu en solitaire pendant quatorze ans sur une planète désertique, recueilli par les membres de l’Enterprise, va semer la perturbation à bord. Doué de certains pouvoirs mais ingénu, colérique et susceptible, il n’accepte qu’avec réticence les conseils et refuse de se plier aux règles en vigueur sur le vaisseau.

Dans un autre épisode, le docteur McCoy retrouve sur une planète une femme, Nancy, avec qui il a eu une relation dix ans auparavant. Mais depuis, Nancy s’est mariée avec un archéologue, Bierce, et celui-ci se montre extrêmement désagréable avec Kirk et ses compagnons.

L’un des membres de l’équipage est découvert mort dans une crevasse, et son décès s’apparente plus à un assassinat qu’à un accident.

Sur l’Entreprise, quatre cents personnes vivent en communauté et dans ce village mobile, certains événements heureux sont célébrés, ainsi un mariage. Mais un incident vient troubler la cérémonie et Kirk est obligé de quitter son habit de prêtre pour réendosser celui de capitaine.

Un vaisseau spatial les attaque et en aucun cas il faut perdre son esprit de décision et sa lucidité.

Une planète lance un SOS et l’Enterprise dévie de sa route pour secourir les éventuels rescapés. Trop tard pensent Kirk et ses compagnons en se posant sur une ville désertique, désolée, abandonnée, enfouie sous les mauvaises herbes. Mais des gamins s’échappent des bâtiments en piteux état, des gamins qui ne veulent pas vieillir.

En tout sept histoires dont la plus étonnante est peut-être celle mettant en scène un acteur de théâtre shakespearien.

Sept histoires qui se lisent avec plaisir et dont les textes sont rehaussés par des gravures dues à Patrick Sanahujas.

 

Sommaire :

Introduction trad. Paul COUTURIAU

James BLISH & George Clayton JOHNSON : La Dernière créature (The Man Trap)

James BLISH & Paul SCHNEIDER : L'Équilibre de la terreur (Balance of Terror)

S. BAR-DAVID & James BLISH : Un esprit tranchant (Dagger of the Mind)

James BLISH & Adrian SPIES : Miri (Miri)

James BLISH & D. C. FONTANA & Gene RODDENBERRY : La Loi de Charlie (Charlie's Law)

James BLISH & Barry TRIVERS : La Conscience du roi (The Conscience of the King),

John D. F. BLACK & James BLISH : Un vent de folie (The Naked Time)

James BLISH : La dernière créature (Star Trek 1 – 1967. Traduction de Paul Couturiau). Collection d’Aventures N°3. Editions Lefrancq. Parution avril 1991.

ISBN : 2-87153-055-6

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10 juillet 2018 2 10 /07 /juillet /2018 09:04

Non, non, rien n’a changé

Tout, tout a continué…

P.-J. HERAULT : Régression.

Dans ce roman, le lecteur passe par diverses étapes le renvoyant à des images issues de ses lectures antérieures ou de la vision de séries télévisées plus ou moins proches.

Ainsi, au départ, le lecteur pourrait se croire transporté dans un western, avec des chevauchées épiques et à l’horizon sur une proéminence des hommes à cheval surveillant le fuyard ; puis dans un roman de cape et d’épée au temps des mousquetaires, avec ses combats héroïques à l’arme blanche et l’amitié naissante entre quatre hommes et le fuyard, ou encore dans un épisode de La Porte des étoiles (Stargate en français) car la civilisation qui règne sur la planète Sirta est médiévale, comme ces planètes sur lesquelles débarquent via une porte passage vers d’autres mondes, le colonel O’Neill (alias Richard Dean Anderson) et ses compagnons, la capitaine Samantha Carter (Amanda Tapping) et Teal'c, un jaffa rebelle (Christopher Judge). Mais ces images ne sont là que pour donner une idée de l’ambiance et de l’atmosphère qui règnent dans ce roman, car le propos est autrement plus subtil, incluant racisme et la régression enregistrée d’une civilisation à cause de diverses conjonctions, religieuses et accidentelles.

 

La population du comtat libre de Darik vient d’être pratiquement exterminée par le seigneur Joss de Falk, du comtat du même nom, et ses hommes. Seul Roderick Pellan, issu d’une vieille famille de Darik parvient à s’enfuir avec ses quatre juments et Pers son étalon. Roderick est un Basané, mais ceux-ci vivaient en bonne intelligence avec les Livides dans le Comtat de Darik car l’esclavage y avait été aboli, pas comme dans les autres parties de Sirta. Des Pisteurs, des mercenaires, sont à sa poursuite, et il repère également des Hors Castes. Il parvient à les semer et à se réfugier dans les Territoires Damnés. Mais il est blessé.

Fourbu, il s’endort et est réveillé par une voix qui semble sortir de terre. Il s’agit de l’Ordi d’un vaisseau spatial qui avait amené quinze siècles auparavant des Terriens puis des Centauriens, mais le vaisseau spatial s’était enfoncé sous terre et les rescapés survivent comme au temps du Moyen-âge. Leurs armes sont des arcs et ils se vêtent de peaux de bêtes tannées. Quant à la flore et la faune, elles ont prospérés grâce aux animaux transportés dans le vaisseau ainsi que des graines qui se sont développées par la suite.

Roderick est soigné et l’Ordi lui propose de l’aider dans sa quête, car le jeune homme désire venger sa famille et ceux qui sont morts sous les attaques de Falk. D’abord l’Ordi, et ses robots toujours en état de marche, lui façonnent une arbalète avec le matériel adéquat, des traits en acier, ainsi qu’une épée magnétique capable de repousser les coups de ses adversaires éventuels. Roderick sera également aidé et surveillé par une sorte de drone, gros comme une abeille, qui enverra des images jusqu’à l’Ordi central, et un équipement miniature avec lequel la machine et l’homme pourront converser, échanger des informations, répondre aux questions diverses qui ne manqueront pas de surgir lors des déplacements de Roderick.

Roderick retrouve sur son chemin les quatre Hors Castes, deux Livides et deux Basanés, dont il se fait des amis, avec lesquels il s’introduira dans le château de Joss de Falk, tuant son ennemi, et s’emparant, tel un nouveau Robin des Bois, de son trésor, des pièces d’or qui lui permettront d’acheter divers objets et aider la population. Puis il trouvera un jeune homme grièvement blessé qu’il emmènera à l’Ordi lequel le soignera. Les Hors Castes dont le chef, celui qui est considéré comme le Chef, Kosta qui fait un peu penser à Athos, se posent bien des questions mais à chaque fois Roderick parvient à donner le change, possédant toujours une réponse logique à leurs questions, posées ou non. Seul Roderick connait la présence de l’Ordi, sa localisation, et il parvient toujours à communiquer ou à se rendre à proximité, sans que ses nouveaux amis s’en rendent compte.

Roderick s’est imposé une mission qu’il veut mener à bon terme et il va rechercher des érudits, se confronter à des prêtres dont il est convaincu que c’est un peu à cause d’eux que la civilisation de Sirta a régressé et il embauchera des artisans capables de lui confectionner ce dont il a besoin, des armes notamment mais d’autres objets vitaux pour son entreprise.

 

Après une période de régression, la civilisation de Sirta, sous l’impulsion de Roderick aidé de ses compagnons et de l’Ordi, va-t-elle évoluer et connaître à nouveau une embellie, c’est tout le propos de P.-J. Hérault dans ce roman épique et flamboyant. C’est également la dénonciation du racisme qui anime les Livides envers les Basanés. Mais racisme et régression sont-ils liés ? C’est-ce que pense l’Ordi :

Je vois que les sociologues avaient raison, il faut peu de chose pour que les vieilles habitudes reviennent. Avec la régression, le racisme est réapparu.

Mais bien d’autres faits de société sont abordés par P.-J. Hérault dans ce roman foisonnant. Par exemple les vieux grimoires détenus par quelques érudits, et les connaissances soigneusement cachées par les Prêtres afin de mieux assujettir ou laisser dans l’ignorance la plupart des habitants de Sirta. Des épisodes qui peuvent être mis en parallèle avec l’époque médiévale, mais pas que.

Serions-nous en période de régression ? Ne sommes-nous pas arrivés, alors que les technologies, surtout informatiques, se développent de plus en plus rapidement et inexorablement, en pré-période de régression ?

En effet, avec les voitures qui se conduisent toutes seules mais que l’on ne peut réparer sans une aide technologique, avec la possibilité de tout savoir ou presque depuis son ordinateur, de déléguer ce qui demandait un minimum de recherches à des applications spécifiques, de ne plus penser par soi-même grâce ou à cause de l’intelligence dite artificielle, ne sommes nous pas à l’aube d’une régression mentale, intellectuelle, manuelle ? Ne devenons-nous pas dépendant des machines et des nouvelles technologies ? D’autant qu’avec les logiciels de reconnaissance vocale, il n’est plus besoin de savoir lire, écrire, mais simplement de commander. Appuyez sur un bouton et l’ordinateur fera le reste !

Un roman d’aventures épiques mais également sociologique qui donne la possibilité aux lecteurs, s’ils le souhaitent, de se poser les bonnes questions !

 

P.-J. HERAULT : Régression. Collection Blanche N°2025. Editions Rivière Blanche. Parution août 2006. 372 pages. 20,00€.

ISBN : 978-1932983821

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25 juin 2018 1 25 /06 /juin /2018 08:05

Une préfiguration de ce qui nous attend dans nos assiettes ?

Isaac ASIMOV : Les poisons de Mars.

L’œuvre d’Isaac Asimov, malgré quelques puristes et exégètes, ne se limite pas au cycle de Fondation.

Quoi que de formation scientifique, Asimov n’a jamais renié l’intérêt qu’il portait pour la littérature policière. En témoignent ses romans tels que Les cavernes d’acier ou la compilation de nouvelles extrêmement jubilatoires et chestertonniennes que sont le Clan des Veufs.

Mais chez tout écrivain existent la face encensée et la face cachée. La face encensée pour des raisons parfois inconnues et souvent arbitraires connaît les honneurs des éditions, des rééditions et du souffle élogieux du bouche à oreille.

La face cachée consistant en ces œuvres jugées mineures mais qui, au fil des années et grâce à la pugnacité de certains éditeurs refusent de jongler dans la facilité et les sortent des tiroirs dans lesquelles elles étaient rangées, tenues secrètes, comme recelant en elles des tares invisibles.

Cette aventure de David Starr, écrite en 1951 par Asimov, retravaillée par celui-ci en 1980, a retrouvé en 1991 une nouvelle espérance de vie, en changeant de titre et en retrouvant le patronyme de son auteur, puisqu’elle avait déjà été publiée en 1954 sous l’alias de Paul French au Fleuve Noir.

Car malgré la préface et les mises en garde scientifiques de son auteur, David Starr est plus crédible que, par exemple, John Carter du talentueux et imprévisible Edgar Rice Burroughs.

En imaginant David Starr, Isaac Asimov extrapole, sans le savoir, sans oser imaginer jusqu’où cela pourra conduire l’humanité, sur la pénurie et le problème écologique de nos années 90 et les suivantes. Ce qui dénote de la part de l’auteur une prise de conscience et non pas une extrapolation romanesque ou fictionnesque.

Sur Terre, en l’an 5000 après J.C. environ, David Starr, jeune enquêteur au Conseil Scientifique, assiste dans un restaurant au décès par empoisonnement d’un client, dégustateur des produits de Mars. David Starr va, en se faisant passer pour un ouvrier agricole, enquêter sur la planète Rouge, une enquête où la science-fiction et la littérature policière font bon ménage, l’un n’excluant pas forcément l’autre.

Le suspense étant allié au problème de l’intoxication alimentaire d’une façon rationnelle et scientifique.

 

Autres éditions :

Sous le titre Sur la planète rouge. Collection Anticipation N°44. Editions Fleuve Noir 1954. Traduction par Amélie AUDIBERTI

Sous le titre Sur la planète rouge. Collection Anticipation N°44. Editions Fleuve Noir 1954. Traduction par Amélie AUDIBERTI

Sous le titre Jim Spark, le chasseur d'étoiles. Bibliothèque Verte Senior. Hachette Jeunesse, 1977 Traduction de Guy ABADIA

Sous le titre Jim Spark, le chasseur d'étoiles. Bibliothèque Verte Senior. Hachette Jeunesse, 1977 Traduction de Guy ABADIA

Isaac ASIMOV : Les poisons de Mars. Une aventure de David Starr (David Starr space ranger – 1952. Traduction de Paul Couturiau). Collection Aventures N°1. Claude Lefrancq Editeur. Parution avril 1991. 160 pages.

ISBN : 2-87153-052-1

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7 juin 2018 4 07 /06 /juin /2018 09:54

Une bonne résolution ?

Franck MORRISSET: La Résolution Andromède.

La Terre fait partie de la Confédération et ses habitants vivent en compagnie des Hittites, des Chivas et des Echidnédésius surnommés les Ratons, venus d'autres planètes.

Seulement les Terriens supportent mal cette cohabitation et des collectifs dont notamment La Terre est à vous prônent par tous les moyens le retrait de ces envahisseurs.

En cette année 2342, le lieutenant Alex Green se remet doucement de ses blessures contractées lors de l'arrestation d'un voyou, sauvant la vie de sa coéquipière Nalïn. Il pense à Chadwick, un de ses hommes aliénophobe tué peu avant, à son amie Sarah et à Cindy, une Ratonne qu'il aime bien quoiqu'il n'apprécie guère en général les extraterrestres.

Alex se plonge dans le dossier Chadwick et découvre que le policier, un être brutal, était aussi un amoureux de poésie et avait écrit un essai La résolution Andromède. Lorsqu'il veut se renseigner sur l’agresseur de Sarah, incident qui s’est déroulé quelques mois auparavant, il apprend que l'homme, David Orlovsky, serait mort en prison mais son fichier est inaccessible.

Pendant ce temps, le même Orlovsky est conditionné par Stadler et son adjoint Lamarre pour devenir un commando et combattre les envahisseurs. Orlovsky est un refoulé, un psychopathe, se prenant pour un Surhomme. Il doit mener à bien le programme Lune morte, contre projet de la Résolution Andromède qui prévoit une manifestation de sympathie envers les envahisseurs. Il tue une infirmière intérimaire puis d'autres individus, clochards, marginaux, qu'il croit être des Hittites. Nalïn annonce la disparition de l'infirmière laissant Jerry, un petit garçon atteint d'une maladie grave. Alex n'y prête pas attention. Une agression est perpétrée envers un Hittite.

Orlovsky, quoique son instructeur ne le juge pas prêt mentalement et physiquement, est convoyé sur Moon XVIII, plaque tournante de l’immigration, où il est réceptionné par Laetitia, la nièce du Consul. Laetitia, sous des dehors de fofolle, joue le jeu des extrémistes.

 

Ce roman à la trame simple mais qui est écrit d’une façon assez distordue pour mieux la compliquer, est une parabole sur un futur qui ressemble à notre monde.

Le racisme y est dénoncé, mais expliqué également. Les motivations des Terriens à rejeter les extraterrestres, soit par la manière forte, soit en les méprisant, rappellent le racisme exacerbé ou ordinaire d’aujourd’hui.

La technique narrative de Franck Morrisset est spéciale. Il utilise à profusion les italiques, interpose des personnages pour leur donner un développement plus ou moins important au fil de l’histoire, et surtout joue avec les à-côtés.

Intéressant à plus d’un titre, ce roman mi polar, mi S.F. joue avec les genres.

 

Franck MORRISSET: La Résolution Andromède. Collection SF Polar N°27. Editions Fleuve Noir. Parution décembre 1997. 256 pages.

ISBN : 2-265-06098-4

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25 mai 2018 5 25 /05 /mai /2018 08:09

Attention dessous !!!

Elton G. RANNE : Chute libre.

Une jeune femme éplorée, du nom de Missy, requiert les services d’Ange Gabriel, un détective, pour retrouver son mari. Elle a déjà fait les démarches nécessaires auprès de la police, mais en vain. Mike le fugueur s’est illustré quelques années auparavant dans le domaine de la boxe, avec à son actif un parcours fort honorable.

Comme une enquête n’arrive jamais seule, le lieutenant Pete O’Maley, ami de Gabriel, lui demande de s’intéresser à une autre affaire. Neil Collins, alors qu’ils étaient étudiants, l’avait pris comme tête de Turc, lui fauchant sa petite amie. Depuis, Collins ne s’est pas arrangé, devenant un sous-fifre de la mafia tandis qu’O’Maley a suivi les traces de son père en devenant policier.

Après quelques frasques à New-York, Collins est actuellement en tôle, inculpé dans une affaire de meurtre et condamné à mort. Son passage sur la chaise électrique est imminent. O’Maley demande à Gabriel de reprendre l’enquête depuis le début.

 

Heureux mariage entre anticipation "angélique" et roman noir, ce livre se veut sans prétention et tient plus que ses promesses. Deux enquêtes menées tambour battant, une histoire en incrustation sans compter les démêlés amoureux de Gabriel l'ange et Cruelle la démone tel est le sommaire de ce roman véritable plaisir de lecture bon enfant.

Dans un style rapide, enlevé, humoristique, nos deux auteurs jouent avec subtilité avec les arcanes du polar et de la science fiction et confrontent habilement l’antagonisme Bien/Mal mais sans barrières rigides.

Ils dénoncent non seulement la peine de mort mais surtout le voyeurisme du public qui se délecte à ce spectacle morbide. Des réflexions sociologiques empreintes de bon sens et humanistes. Ce qui n'empêche pas une grosse dose d'humour.

Le personnage de Gabriel, tenaillé par son passé d’archange, avec ses doutes envers les choix d’un Dieu qu’il ose critiquer, est plus que sympathique. Ses amours interdites avec Cruelle, la démone, leurs rendez-vous en fraude, défiant le temps et leurs maîtres respectifs, ajoutent un petit piment qui n’apporte rien à l’histoire, pouvant faire croire à un bouche-trou, mais fait de cet archange quelqu’un de profondément humain.

 

Le personnage d’Ange Gabriel a été créé par Franck Morrisset dans Ange et la mort et ce n’est pas le seul échange qui a été opéré entre les auteurs. Quant à Elton G. Ranne, c’est le pseudonyme d’Anne et Gérard Guéro qui signent également romans, BD et jeux de rôles sous l’alias de… Ange !

 

Elton G. RANNE : Chute libre. Collection SF Polar N°20. Editions Fleuve Noir. Parution octobre 1997. 224 pages.

ISBN : 2-265-06319-3

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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