Ça existe ?
Villefranche-de-Rouergue : Dotée d'un riche patrimoine architectural, la ville a su conserver l'originalité de son plan d'urbanisme médiéval, sa forte tradition commerciale et ses marchés embaumés où se mêle la diversité des produits du terroir. Sous-préfecture de 13 000 habitants, traversée par la rivière Aveyron et située à 250 mètres d'altitude, Villefranche bénéficie d'un climat particulièrement clément. C'est bien ici que l'on touche au sud : les toits de la ville le proclament avec leurs tuiles canal, ce n'est plus le Massif Central, c'est déjà le Midi Toulousain. (Extrait de la présentation de la ville puisé sur le site de Villefranche-de-Rouergue).
Ça, c’est pour le côté touristique, la carte postale des vacances. La cité médiévale construite en 1252 et qui garde au sein de sa bastide le calme et la sérénité villageoise propice à une vie paisible. Pas pour tout le monde. Aimé Parfeuil, notaire en retraite est retrouvé mort dans son petit appartement par sa femme de ménage. Il repose tranquillement dans son lit, habillé d’un pyjama propre, une balle dans la gorge.
Pour le commissaire Battioli, surnommé le Duce par ses subordonnés qui aspirent tous à changer de boutique, il s’agit d’un meurtre. Il attend ce genre d’événement depuis si longtemps ! Pour le juge Massac, ce n’est qu’un simple suicide mais l’autopsie réalisée lui fera bientôt changer d’avis. Aimé Parfeuil était un homme solitaire, aigri, qui n’avait plus aucun contact avec les rares représentants de sa famille.
Son frère Gaston et son neveu Philippe, qui avaient hérité du domaine familial, l’ont laissé péricliter au point de devoir l’hypothéquer. Quant à sa fille Raphaëlle, elle s’était mariée contre son avis avec un militaire, et avait même osé réclamer l’héritage de sa mère lorsque celle-ci était décédée quelques vingt ans auparavant. Son mari avait succombé lors d’un accrochage dans les Aurès et elle avait accouché d’un fils, André, peu après.
Elle vit à Rochefort, où était en garnison son époux alors qu’André a été élevé par son grand-père paternel en Bretagne. Peu de suspects donc, mais ayant tous plus ou moins une raison pour éliminer le tabellion. D’autant qu’André, qui devait être en stage aux Etats-Unis avec sa copine, se reposait tranquillement à Paris sans avoir prévenu quiconque. Joseph Combes appelé à la rescousse par Massac doit user de toute sa diplomatie afin de ne pas froisser la susceptibilité de Battioli. Il marche sur des œufs mais cela ne l’empêche pas d’émettre de façon parfois emportée ses points de vue toujours empreints de bon sens.
Cette histoire qui se déroule en 1980, ce qui permet à l’auteur de prendre du recul sur les événements et ne pas mettre en cause des personnages existant actuellement, tel le commissaire de police, est résolument en adéquation avec un esprit provincial, dans une atmosphère qui se démarque du roman violent, loin des outrances langagières à l’exemple de Charles Exbrayat dans ses chroniques régionales ayant pour cadre l’Auvergne.
Une bouffée de fraîcheur face aux affaires criminelles que nous relatent les actualités et par extension les romanciers, qui se vautrent dans la provocation, l’agressivité, ce qui ne reflète pas forcément un état d’esprit rural qui voudrait que tout soit subordonné aux débordements banlieusards.
Alain Gandy démontre que les flots d’hémoglobine, les grossièretés, la vulgarité, ne sont pas des éléments indispensables dans des romans bien construits. Quant aux personnages, peu nombreux, ils apparaissent peu à peu et viennent compléter notre quatuor décrit ci-dessus
Alain GANDY : Notaire en eaux troubles. Collection Polars de France. Presses de la Cité. Parution 4 mars 2010. 240 pages. 22,50€.