Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 juillet 2019 6 13 /07 /juillet /2019 04:01

Rock en stock !

Jean-Pierre FAVARD : ManiaK is Back.

Les festivals dédiés aux musiques actuelles, rock principalement, fleurissent comme autant de comédons sur le visage d’un adolescent. Certains apparaissent, d’autres disparaissent et quelques-uns se révèlent tenaces.

Parmi ceux qui perdurent, Rockalissimo, à Saint-Aubin petit village du Jura. Né en 2004, c’est encore un adolescent qui ne demande qu’à vieillir auprès de ses aînés que sont Les Vieilles charrues, Les Francofolies ou Le Printemps de Bourges. Et ces manifestations sont l’occasion propice pour révéler de nouveaux groupes, de confirmer des groupes émergeants, voire en sortir d’autres, des légendes, du déclin qui les avaient propulsés dans les oubliettes.

C’est ainsi que Valentin Deschaux, plus connu sous le nom de Maniak, reforme son ancien groupe The Predicators sous l’impulsion de Sonia, sa manageuse (ça se dit ?) qui se démène auprès des médias et de l’organisation du Festival Rockalissimo. Elle a su le convaincre, d’ailleurs il n’attendait que l’occasion propice de remonter d’abord sur une petite scène et chatouiller à nouveau le succès en compagnie de ses deux copains musiciens Cloporte et Cafard.

Une légende que ce Maniak, dont les frasques ont longtemps alimenté les chroniques journalistiques, frasques sexuelles, vestimentaires et absorption de produits illicites en quantités déraisonnables.

Si certains journalistes émargeant dans des magazines spécialisés sont stupéfaits et sceptiques à cette annonce tonitruante, d’autres, dont Clara se laissent séduire, d’autant que c’est peut-être le moment favorable pour pondre un papier qui les fera connaître.

Bientôt ce sera le grand jour et parmi ceux qui vont rejoindre le lieu du festival, Mano, un journaliste sur le retour qui est accompagné de Clara, stagiaire qui lui sert de chauffeur. Et derrière eux, Jonathan, le copain, le fiancé presque, le compagnon de Clara qui n’en a rien à faire de la musique mais qui est jaloux, connaissant la réputation du chroniqueur. Non, tous ne se rendent pas à Saint-Aubin pour faire la fête.

Et à Saint-Aubin, ce rassemblement dérange quelques autochtones qui ressortent leurs fourches afin de piquer dans leur fierté les fêtards (j’aurais bien écrit les toffeurs, mais je n’arrive pas à assimiler ce nouveau langage bien loin de ce que mon prof de français m’a inculqué !).

 

Avec humour et clairvoyance, Jean-Pierre Favard nous invite à le suivre, et nous le faisons volontiers, sur la route du rock, à découvrir les dessous d’un journalisme couvrant une manifestation parce qu’il le faut ou parce que c’est un besoin viscéral, les coulisses d’un festival qui est resté à taille humaine n’explosant pas les maigres subsides qui lui sont octroyés, les festivaliers qui se rendent dans ce genre de fête en plein air mais pour qui la musique n’est qu’une petite partie de leurs préoccupations, de ces nombreux bénévoles qui œuvrent souvent pour la bonne tenue du festival mais n’en verront pas une miette, seules leurs oreilles récoltant les pollutions sonores.

Mais une histoire se greffe sur ce qui pourrait être un reportage musical mettant en scène de vieilles gloires, et elle ne manque pas de piquant, de tendresse, d’odeurs et de sonorités, de nostalgie avec rappels de ceux qui ont disparus prématurément de la scène musicale, et une pointe de fantastique.

Et, parfois, je me suis senti solidaire de ce vieux, faut pas exagérer, de ce journaliste expérimenté qui déclare sans barguigner :

Juste un passionné. Si tu m’avais connu à cette époque-là… Les dizaines de papiers que j’ai pu signer sans être payé. Juste pour la beauté du geste.

Combien sommes-nous dans ce cas qui rédigeons des chroniques, juste pour la beauté du geste !

 

Jean-Pierre FAVARD : ManiaK is Back. Collection LoKhaLe N°8. Editions de La Clef d’Argent. Parution le 5 juin 2019. 134 pages. 6,00€.

ISBN : 979-1090662551

Partager cet article
Repost0
12 juillet 2019 5 12 /07 /juillet /2019 04:23

Et elle n’avait même pas la climatisation !

Viviane JANOUIN-BENANTI : La Séquestrée de Poitiers.

Histoire quand tu nous tiens ! Les romanciers puisent parfois dans des faits-divers réels, adaptent à leur façon le déroulement d’événements atroces, d’après des témoignages, des comptes rendus d’audience, des déclarations de témoins ou encore d’articles de journaux parus à l’époque.

Ainsi Viviane Janouin-Bénanti nous retrace la sinistre affaire de La séquestrée de Poitiers, une affaire qui vit son aboutissement en 1901 mais débuta dans une indifférence presque générale vingt cinq ans auparavant. Une histoire d’amour qui dégénère en drame pour multiples causes.

Blanche Launier est la fille de Martin Launier, professeur de rhétorique au collège royal de Poitiers et d’Henriette de Marcillat, descendante d’une vieille famille de la noblesse poitevine et d’un général d’Empire. Des parents catholiques et royalistes convaincus, imbus de leur position dans la cité. Blanche tombe amoureuse de Gilles Lomet, avocat, républicain et protestant. Les Launier sont en conflit avec le père de Gilles et bien entendu ils ne veulent entendre parler d’une liaison entre leur fille et leur ennemi.

Seulement, malgré ses appuis auprès de nobles influents et après avoir été nommé doyen de la faculté de lettres de Poitiers, Martin Launier se verra destitué. La guerre de 1870, la Commune puis les débuts timides de la 3ème République ont contrarié ses projets et il décède. Henriette devient la maîtresse de la maison, riche mais ayant peur que le mariage entre Gilles et Blanche, s’il s’effectuait malgré ses réticences, lui entame sa richesse à cause de la dot. C’est ainsi que tout dégénère.

Henriette, par tous les moyens va contrarier les projets de sa fille, ne pensant qu’au devenir du fils promis à un bel avenir au service de l’état. Elle intercepte les lettres entre les deux amants, fait croire à sa fille qui ne peut plus sortir que Gilles s’est marié, à Gilles que sa fille ne l’aime plus, le tout avec la complicité de bonnes dévouées à la famille.

Pendant vingt cinq ans Blanche restera cloîtrée dans sa chambre ou dans l’appartement, devenant peu à peu sauvageonne, ayant parfois des éclairs de lucidité, essayant de se rebeller. Mais toutes ces tentatives avortent dans l’œuf. En 1901, elle sera secourue, grâce à une petite bonne qui osera dénoncer auprès des policiers cette séquestration impensable. Blanche est squelettique et à moitié folle, poussant des cris, cloîtrée dans une chambre aux volets clos depuis des années.

 

Cette histoire lamentable, narrée comme un roman, restitue les clivages qui gangrènent une société provinciale, coincée entre royalistes et républicains, entre catholiques et protestants. Avec comme moteur principal l’ambition effrénée d’une famille qui aspire à jouer les premiers rôles parmi les notables et se dresse en intégristes obtus, foulant aux pieds le bonheur de leur fille au nom de principes délétères. Une histoire vraie de séquestration qui donna des idées d’intrigues de romans à bon nombre d’auteurs par la suite.

 

Viviane JANOUIN-BENANTI : La Séquestrée de Poitiers. 3E éditions. 22 décembre 2015. 256 pages et 16 pages de documents d’époque. 9,00€. Version numérique : 4,99€.

ISBN : 979-1095826606

 

Partager cet article
Repost0
11 juillet 2019 4 11 /07 /juillet /2019 04:37

Sherlock Holmes rencontrant Vidocq, vous ne serez pas volé !

René REOUVEN : Le détective volé.

René Reouven possède plusieurs passions et ces passions, il sait les faire partager à ses lecteurs.

D’abord l’écriture, ce qui est la moindre des choses pour un écrivain. Ensuite une passion pour le détective né de l’imagination fertile de Conan Doyle, j’ai cité Sherlock Holmes. Enfin, il professe un faible avoué pour la petite histoire des assassins, ce qui d’ailleurs l’a amené à rédiger un Dictionnaire des assassins fort remarquable.

Dans Le Bestiaire de Sherlock Holmes, René Reouven s’était amusé à résoudre quatre affaires que le brave docteur Watson n’avait évoquées dans ses mémoires que d’une façon fort succincte. L’assassin du boulevard mettait en scène allègrement personnages réels et personnages fictifs, le tout avec une érudition et un humour distillés d’une manière subtile.

Avec Le détective volé, René Reouven place la barre encore plus haut, à la grande joie de ses admirateurs et lecteurs puisqu’il envoie Sherlock Holmes et son biographe sur les traces du chevalier Dupin et de son créateur Edgar Poe.

Grâce à une astuce fort obligeamment prêtée par Herbert George Wells, Conan Doyle dépêche en mission ses personnages dans le Paris des années 1830, irrité qu’il est d’entendre que Sherlock Holmes et son ami ne seraient que des copies, des imitations du chevalier Dupin. Pourquoi ne pas l’accuser de plagiat pendant qu’on y est ?

Ce voyage, même s’ils ne rencontrent pas le célèbre chevalier, ne sera pas infructueux, ne sera pas effectué en vain, puisque nos deux héros britanniques feront la connaissance de Vidocq, l’ancien bagnard, ex-chef de la Sûreté, reconverti comme détective privé, ainsi que d’un curieux assassin poète, Lacenaire.

Mais ce voyage parisien s’avère incomplet et ainsi un second voyage, situé lui dans l’Amérique de 1849, devient nécessaire. Holmes et son ami Watson apprennent la mort d’Edgar Poe, dans de curieuses circonstances, ce qui les conduiront à effectuer une enquête mouvementée et dans laquelle Watson sortira du rôle falot qu’on lui prête habituellement.

 

Une fois de plus René Reouven, en mariant avec habileté imagination et faits réels, nous propose un petit bijou. Pas tout à fait pastiche ni parodie, pas tout à fait à la manière de… ce roman est à considérer comme un hommage rendu à Conan Doyle par un admirateur qui se montre l’égal sinon plus du maître.

René REOUVEN : Le détective volé. Editions Denoël. Parution le 22 septembre 1988. 216 pages.

ISBN : 978-2207234693

Partager cet article
Repost0
8 juillet 2019 1 08 /07 /juillet /2019 04:36

Vous dansiez ? Et bien nagez maintenant...

Sarah DUNANT: La noyade de Polichinelle.

Détective privée, Hannah Wolfe vit de petites enquêtes qui ne la passionnent que moyennement. De temps en temps son ami Constant, lui-même directeur d'une agence, lui propose une affaire, par amitié. La surveillance dans de grands magasins ou la recherche de personnes disparues.

Justement, une vieille dame s'inquiète. Depuis deux mois, elle n'a plus de nouvelles de Carolyn, une jeune fille qu'elle a en partie élevée et à qui elle a inculqué l'amour de la danse, ayant été danseuse elle-même. Elle n'a pas reçu sa carte postale mensuelle, une défection qui n'est pas dans les habitudes de Carolyn, même si celle-ci n'envoyait que de petits mots succincts, au texte banal et mensonger.

Après une rapide enquête dans les milieux de la danse, Hannah se trouve dans une impasse. Carolyn, après un accident à la cheville, a vu sa carrière compromise, puis elle a navigué dans de petites troupes, descendant peu à peu le pente. Hannah est sur le point d'abandonner cette enquête quand le corps de la jeune fille est retrouvé dans la Tamise.

Pourtant deux faits incitent Hannah à continuer ses recherches. D'abord Carolyn était enceinte de huit mois et une parturiente ne se suicide pas lorsqu'elle est sur le point d'accoucher. Ensuite, Hannah n'avait rien trouvé de spécial au domicile de Carolyn, or les policiers découvrent, posée en évidence, un petit mot d'adieu.

Hannah, superstitieuse, se lance à fond dans cette affaire, encouragée par un client anonyme qui paie ses frais. Scott, un danseur ayant côtoyé Carolyn, lui confie que la jeune fille était partie pour Paris, suite à une petite annonce. De fil en aiguille, Hannah remonte la piste jusqu'à un certain Jules Belmont propriétaire d'une compagnie aéronautique. Agé de soixante-dix ans, marié pour la troisième fois, Belmont est un personnage difficile à approcher, toutefois Hannah arrive à forcer les barrages.

Carolyn, selon Belmont, avait été employée comme dame de compagnie de la jeune épouse malade de Belmont, qui vit près de Senlis. Selon celle-ci, Carolyn, enceinte, les aurait quittés depuis longtemps, seulement une carte postale non envoyée prouve le contraire.

Elle fait la connaissance de Daniel Devieux, le neveu de Belmont. Hannah croit que Devieux était l'amant de Carolyn. En réalité Carolyn avait été embauchée comme mère porteuse, la femme de Belmont étant stérile. Mais comme cela arrive dans bien des cas, au bout d'un certain temps Carolyn n'avait plus apprécié cet état et elle s'était échappée, retournant à Londres, où elle fut découverte morte. Devieux avait été chargé de retrouver Carolyn, mais il était arrivé trop tard selon lui. Un alibi confirmé par la tour de contrôle d'Heathrow. Hannah fait son rapport à la mère adoptive de Carolyn et elle apprend que le notaire qui soit disant l'avait embauchée n'a jamais été contacté par sa cliente. Hannah reçoit la photocopie du dossier médical de Carolyn.

Elle s'informe auprès d'un ex-amant, docteur en médecine. Le donneur étant Rhésus négatif, Carolyn aussi, il n'y avait aucun problème pour l'enfant à venir. Or Carolyn présentait des symptômes d'éclampsie, produisait des anticorps, ce que le toubib qui la suivait avait décelé tardivement.

 

Sarah Dunant aborde un sujet sensible avec délicatesse, celui de la procréation pour autrui.

Caustique, sarcastique, fière, Hannah passe parfois par des moments de déprime. Mais volontaire, courageuse, elle sait trouver les ressources physiques et morales nécessaires pour continuer ses recherches sans pour cela s'ériger en superwoman.

Et ce n'est pas parce qu'elle est célibataire qu'elle est exempte de problèmes. Hannah Wolfe, héroïne sympathique et humaine, devrait trouver une place de choix dans le cœur des lecteurs.

 

Sarah DUNANT: La noyade de Polichinelle. (Birth marks – 1991. Traduit de l'anglais par Augustine Mahé). Collection Crime. Editions Calmann-Lévy. Parution le 1er avril 1994. 272 pages.

ISBN : 978-2702120644

Partager cet article
Repost0
7 juillet 2019 7 07 /07 /juillet /2019 04:24

Un roman métaleptique…

LE MINOT TIERS : Des miroirs et des alouettes.

S’apercevoir que le texte d’un manuscrit trouvé par hasard vous correspond, un épisode que vous vivez véritablement, que les coïncidences sont si nombreuses qui vous vous demandez s’il ne s’agit pas d’un rêve éveillé, voire d’un cauchemar, cela peut perturber et naturellement vous vous posez des questions.

C’est ce que ressent le narrateur qui écrit à la première personne ce qui vient de lui arriver, lisant un manuscrit écrit à la première personne. Deux narrateurs en un, comme si l’un était le miroir légèrement déformé de l’autre.

Une mise en abîme littéraire empruntant au fantastique tout autant qu’au roman policier, d’ailleurs le narrateur et son double sont tous deux policiers, donc enquête il y a. D’autant que dans la maison dont ils héritent, le propriétaire vient de décéder, retrouvé à son bureau, un décès qui n’est pas expliqué. Et, afin de couronner le tout, une nouvelle effectue le lien entre ces deux textes qui se rebondissent, se catapultent, une nouvelle écrite en double et c’est le début de ce roman étrange.

Petit aparté à la manière de l’auteur, cet ouvrage me fait penser à Vous qui n’avez jamais été tués d’Olivier Séchan (Le père de Renaud pour ceux qui l’ignoreraient) et Igor Maslowski, roman publié en 1951. Un auteur à succès s’éveille un matin ressentant une étrange sensation et lorsqu’il se regarde dans la glace il ne se voit pas. Et un corps inanimé, le sien, est couché dans son lit. Pour le reste se reporter au roman des deux auteurs.

 

Mais peut-on parler de roman dans le cas de Des miroirs et des alouettes ?

Oui si l’on suit la trame romanesque et pourtant il s’agit plus de la part de l’auteur le besoin de jeter sur le papier ses impressions, ses ressentis, ses pensées, voire ses divagations. Donc il s’agirait plus d’un récit et, excusez du peu, et même si cela n’a aucun rapport, j’ai établi inconsciemment une démarche à la manière de Jean-Paul Sartre dans Les mots. Pourquoi se référer à cet ouvrage ? Je ne sais. Une association d’idée, une impression tenace qui s’est imposée à mes neurones et s’y est agrippée comme une mouche engluée dans une toile tissée par un arachnide envahissant.

D’ailleurs Le Minot Tiers, qui ne nous roule pas dans la farine, et dont ce n’est pas le véritable patronyme, avoue ingénument :

D’ailleurs, quelle est l’intrigue ? Faut-il une intrigue ? L’élucidation de la mort de ce pauvre homme ? A quoi bon. Depuis Proust les romans n’ont plus besoin d’être construits autour d’une intrigue. Il suffit de raconter sa vie et tout le monde est content. Surtout si on critique bien les autres. La critique, ça c’est important.

 

Mais alors, un roman sans intrigue, cela sert à quoi ? A se défouler serait-on tenté de penser. A partager des points de vue. Et pourquoi écrire tout simplement ? Une question primordiale que peuvent se poser les lecteurs et dont seuls les auteurs possèdent la réponse.

Depuis quand écrit-on pour être lu ? On écrit pour être édité, pour se faire connaître, pour raconter des histoires, parce que l’on en a besoin. Être lu ce n’est pas le plus important. Ecrire est le pire acte d’égoïsme : on écrit pour soi !

Ah bon ?

Mais il ne faut jamais écrire pour plaire à un potentiel lecteur ! Il faut écrire quand cela devient viscéral, impérieux. Si des gens ont envie de lire, tant mieux. Ce sera la cerise sur le gâteau. Les pires écrivains sont ceux qui écrivent pour plaire, pour être lus, pour exister auprès d’un lectorat qui leur donnera le sentiment qu’ils sont aimés… Inutile de vous citer des noms, vous les aurez reconnus.

 

Après cette déclaration, cette profession de foi, l’auteur aborde d’autres sujets qui s’avèrent plus futiles mais sont également des petits coups de griffes. Anodins certes, mais qui portent, surtout dans le contexte actuel. Ainsi un chien fait partie de la distribution des acteurs de ce livre. Un border colley ou border collie selon l’orthographe habituelle.

Parait que c’est la race de chien la plus intelligente. Le sien a une pensée complexe. C’est un peu le Président des toutous.

Un clin d’œil amusant qui dépasse largement le cadre de ce faux roman qui mériterait d’être lu malgré les réticences affichées de l’auteur qui louvoie, se demandant s’il est un écrivain ou non et s’il écrit pour vous et moi. Une curiosité à découvrir !

 

LE MINOT TIERS : Des miroirs et des alouettes. Editions La Ligne d’erre. Parution 23 juin 2019. 200 pages. 13,00€.

ISBN : 9782956788102

Partager cet article
Repost0
4 juillet 2019 4 04 /07 /juillet /2019 03:49

Silence ! On tue…

Mildred DAVIS : Crime et chuchotements

Vouloir gagner sa vie comme maître-chanteur, cela comporte bien des aléas, et même cela peut s’avérer dangereux.

Johnny Mac Léod, qui exerçait ses talents dans la petite ville de Highlands, près de New-York, en fera l’amère expérience.

Une main anonyme lui plantera une nuit un pic à glace dans le cœur, genre de traitement auquel un individu résiste rarement. Pourtant Johnny aurait dû se douter que cela finirait mal un jour.

Maman Mac Léod ne peut laisser ce crime impuni et même si son fils était un maître-chanteur, elle estime qu’il ne devait pas périr de cette façon et si prématurément.

Alors elle s’installe, elle s’incruste sans vergogne chez les différents clients de son fils. Bientôt ses soupçons se portent sur Stacy, une jeune fille de bonne famille qui s’est fiancée récemment.

 

De Mildred Davis, on connait surtout La Chambre du haut, roman écrit alors qu’elle n’avait que dix-huit ans, et Trois minutes avant minuit, des romans que l’on peut qualifier de chefs-d’œuvre, sans exagérer.

Crime et chuchotements est de la même veine que ces deux ouvrages mais l’angoisse et le suspense se développent de façon plus insidieuse.

La peur s’instaure parmi les familles incriminées, mais au lieu de resserrer les liens, elle contribue à mettre à nu leurs défauts. Chacun va commencer à se regarder un peu en chien de faïence, cédant à la délation et à l’intolérance.

On se bouffe le nez, on jette en pâture des petits faits, des phrases perfides, en essayant de protéger un semblant de tranquillité. Circulez, y’a rien à voir, c’est chez les autres que ça se passe.

Et comme bien souvent chez Mildred Davis, l’épilogue se concrétise dans la douleur.

 

Réédition Rivages/Mystère. Editions Rivages. Parution le 1er avril 1995. 228 pages.

Réédition Rivages/Mystère. Editions Rivages. Parution le 1er avril 1995. 228 pages.

Mildred DAVIS : Crime et chuchotements (The Sounds of Insects – 1966. Traduction de Gérard de Chergé). Collection Bibliothèque de l’Insolite. Editions Terrain Vague. Parution avril 1990. 242 pages.

ISBN : 2852081180

Réédition Rivages/Mystère. Editions Rivages. Parution le 1er avril 1995. 228 pages.

Partager cet article
Repost0
3 juillet 2019 3 03 /07 /juillet /2019 04:03

Ce roman a reçu le Grand prix littéraire du salon de l’enfance 1955.

Paul BERNA : Le cheval sans tête.

Peut-être avez-vous déjà lu des romans de Paul Berna sans le savoir. En effet Jean Sabran, son véritable patronyme, écrivait des romans noirs pour les adultes sous le pseudonyme de Paul Gerrard.

A Louvigny-Triage, les gamins qui composent la bande à Gaby s’amusent à dévaler la rue des Petits-Pauvres jusqu’au chemin de la Vache-Noire à une allure frisant celle de Formules-1 en réduction en enfourchant le cheval-sans-tête de Fernand. C’est le père d’icelui qui a troqué ce tricycle à corps de cheval à un chiffonnier contre trois paquets de tabac gris. Vous dire que ce tricycle n’est pas de première jeunesse est une évidence mais même sans tête ce jouet occupe de longues après-midi pour des gamins qui n’ont pas douze ans.

Outre Gaby, le chef de bande, et Fernand l’heureux propriétaire, enfourchent à tour de rôle les trois filles, Marion dite la fille aux chiens, Mélie et Berthe, ainsi que Tatave, Zidore, le petit Bonbon, Juan-l’Espagnol et Criquet Lariqué le négro du faubourg-Bacchus, avec cet engin descendant la pente à fond les gamelles. Parfois il y a de petits incidents de parcours, car il faut freiner avec les pieds, mais cela n’empêche pas les gamins d’enfourcher sans peur et sans reproche le tricycle diabolique.

A quelques jours de Noël, soit un an après avoir été mis au pied du sapin chez Fernand, et alors que l’espérance de vie n’avait été calculée que pour trois mois environ, le cheval-sans-tête roule toujours. Et apparemment ce jouet intéresse des adultes qui ont largement dépassé l’âge de ce genre de divertissement.

D’abord, Roublot, le camelot qui vend sur le marché tous les jeudis des articles ménagers, qui semble inquiet lorsque l’inspecteur Sinet se met à courir après un individu. Ensuite deux personnages à l’aspect rébarbatif, Pépé et Pas-Beau, proposent aux enfants d’acheter leur cheval sur roues pour une somme astronomique. Ce cheval-sans-tête, c’est leur joie de vivre et l’argent ne le remplacera jamais. Et puis de toute façon, un accident est vite arrivé et lors d’une descente, le tricycle est démantibulé, la fourche cassée. Il n’y a plus qu’à le réparer, si cela est possible.

Et c’est possible, grâce à un collègue du père de Fernand qui effectue les soudures adéquates et comme le chiffonnier a retrouvé dans son bric-à-brac la tête équine, elle devrait pouvoir être réajustée sur le corps qui entre temps a été nettoyé, vidé des objets qui n’avaient rien à y faire dedans. Dont une clé qui va servir à Gaby, Fernand et leurs amis. Aussitôt retrouvé en bonne santé, aussitôt disparu. Quatre individus volent l’animal, l’emportant à bord d’une fourgonnette. Et les amis reconnaissent les deux gredins qui les avaient abordés.

Pendant ce temps, au commissariat de Louvigny-triage, l’inspecteur Sinet et son collègue Lamy se désolent. Ils n’ont jamais rien à se mettre sous les dents, alors que leurs collègues de la police judiciaire doivent s’occuper de multiples affaires, dont le vol d’argent dans le Paris-Vintimille. De l’argent convoyé dans le wagon réservé à la Poste pour le tri du courrier. C’est à ce moment qu’ils sont dérangés dans leurs réflexions par une bande de gamins désirant porter plainte contre un vol. Celui du cheval-sans-tête !

 

Le cheval-sans-tête ravivera les souvenirs des plus âgés, comme moi, je n’ai pas peur de l’avouer, le temps où les gamins s’amusaient avec pas grand-chose et qu’un jouet, même à moitié cassé satisfaisait à leur bonheur.

Louvigny-Triage, qui est situé non loin de Villeneuve-Saint-Georges, porte encore les stigmates de la dernière guerre. Les habitants sont pour la plupart des cheminots, travaillant aux ateliers et sur les voies. Ils ne sont pas riches, mais dignes. Des fabriques sont abandonnées, et ne restent plus que des carcasses d’usines.

Ainsi celle dans laquelle la bande à Gaby va trouver refuge. N’ayant plus leur cheval-sans-tête, ils s’infiltrent grâce à la clé découverte dans le corps de l’animal factice. Ils font cuire des pommes de terre dans la braise. Un mets délicieux. Et ils découvrent que cette ancienne usine était une fabrique de cotillons, de masques, de serpentins destinés aux fêtes de villages et familiales.

L’accent est porté, outre le décor d’un village de la banlieue parisienne quelque peu déshéritée, sur la solidarité sans faille entre les gamins qui pensent à s’amuser sans dégrader. Quant à Marion, la fille aux chiens, elle mérite son surnom car elle recueille les canidés malades, blessés, perdus. Elle les soigne, les nourrit, les cajôle et leur trouve un maître qui saura les aimer et les adopter. D’ailleurs, lorsque le récit débute, elle en a douze chez elle, et ses parents sont d’accord pour entretenir cette meute. Mais elle reçoit quelque pitance de la part des bonnes âmes. Et lorsqu’elle a besoin de renfort dans des moments critiques, comme cela va arriver dans la confrontation avec les individus malfaisants, elle siffle en mettant deux doigts dans la bouche et ses anciens protégés rappliquent aussitôt.

Ce roman qui date de 1955 reconstitue une époque révolue qui possédait son charme, est devenu un classique de la littérature enfantine et très souvent réédité.

 

Paul BERNA : Le cheval sans tête.

Paul BERNA : Le cheval sans tête. Illustrations de Pierre Dehay. Collection Bibliothèque Rouge et Or N°89. Editions G.P. Parution juin 1955. 192 pages.

Partager cet article
Repost0
2 juillet 2019 2 02 /07 /juillet /2019 03:10

Sont les filles de la Rochelle
Ont armé un bâtiment...

Samuel SUTRA : La Femme à la mort.

Vous connaissez ou avez entendu parler de La Rochelle ? Evidemment, se présentent à l’esprit et aux yeux des touristes, les deux tours majestueuses qui se dressent à l’entrée du vieux port. Bon nombre de nous, anciens élèves planchant sur les bancs de l’école lors des cours de l’histoire de France, se souviendront des épisodes opposant les Huguenots aux troupes de Richelieu.

Et les amateurs de littérature populaire n’auront pas oublié cet épisode épique où d’Artagnan et ses trois compagnons mousquetaires dressent un pique-nique sous les murs de la forteresse.

Plus près de nous La Rochelle fut le centre d’autres batailles, tout autant épiques et médiatiques, tels que les universités d’été du Parti Socialiste ainsi que la dernière législative dont vous connaissez les noms des adversaires politiques pourtant du même bord.

Le commissaire divisionnaire Jacques Verdier est à six mois de la retraite et il se refuse à partir sur un échec. Pas vraiment un échec, disons plutôt sur la résolution d’une affaire dont il n’est pas satisfait. Aussi il fait appel à son vieil ami Stanislas, ancien policier aujourd’hui devenu consultant, appellation sous laquelle se cachent diverses activités plus ou moins légales ou licites.

Angèle, la réceptionniste de l’hôtel du Palais de La Rochelle, est interrompue dans son travail de réfection de ses ongles lorsqu’elle sursaute en entendant un grand bruit venant de la chambre placée au dessus d’elle. Une armoire qui tombe pense-t-elle réalisant peu après qu’il s’agit d’un coup de feu. Déjà que quelque temps auparavant, des heures, des minutes ( ?), on ne remarque pas le temps passer lorsqu’on est autant accaparé par ce labeur minutieux de manucure, elle avait été dérangée pour secourir une cloche qui avait résonné sur le trottoir. Ce pochard n’avait même eu la courtoisie de la remercier. Raisonne-t-on dans ces cas-là ?

Bref, je m’égare et revenons à notre belle Angèle qui se précipite à l’étage et frappe à l’huis. Point de bruit, point de réponse. Aussi elle appelle le commissariat qui se trouve non loin et dans les minutes qui suivent l’inspecteur divisionnaire Marchetti et ses hommes arrivent chaussés de leurs gros sabots. Marchetti ne finasse pas et enfonce la porte qui est fermée de l’intérieur. Les clients curieux regardent de leurs chambres les policiers entrer dans la pièce où git une jeune femme, un trou dans la tête, trou occasionné par une arme à feu.

Marchetti tente d’ouvrir la fenêtre, triture à plusieurs reprises la crémone et devant ses efforts inopérants il déclare que le bois gonflé par l’humidité bloque l’ouverture. Conclusion immédiate et pas remise en cause, il s’agit d’un suicide.

Oui mais, voilà, Jacques Verdier est quelque peu circonspect et c’est pour cela qu’il fait appel à son ami Stan. Natasha, la défunte, est une Russe venue à La Rochelle pour une raison qui lui était personnelle. L’enquête a avorté car les autorités russes ont réclamé le corps immédiatement et l’ont rapatrié séance tenante, disons dans les vingt-quatre heures. Ce qui, du coup, a abrégé les constatations médico-légales qu’aurait dû effectuer le médecin légiste. Ceci ne rebute pas Stan qui empoigne son téléphone portable et contacte l’un de ses correspondants russes, son ami Vladimir, un parrain de la Mafia locale, auquel il a rendu service il y a déjà quelques temps.

 

Grâce à Vladimir, Stan peut s’entretenir avec le père de Natasha, lui aussi mafieux confirmé. Celui-ci lui révèle que la jeune femme avait eu un enfant avec un amant français et que le gamin était mort d’une maladie pernicieuse. Il aurait fallu pouvoir procéder à un don d’organe ou quelque chose comme ça. Elle aurait conçu l’enfant avec un peintre et pour seule indication, le père de Natasha transmet un cliché d’un tableau qu’elle possédait. Mais selon lui une autre piste pourrait être envisagée : la mafia russe aurait eu en tête de lui faire sa fête et s’en serait pris à Natasha.

 

Moins débridé, moins humoristique que les précédents romans de Samuel Sutra consacrés à la saga de Tonton, quoique certaines scènes et tournures de phrases prêtent à sourire, La Femme à la mort s’inscrit comme un bon roman à la lecture agréable.

Un vrai faux crime en chambre close, à la solution évidente lorsqu’on la connait et qui n’emprunte pas à une explication alambiquée, donne du piment à l’intrigue.

En débutant la lecture on est tout de suite happé et on ne fait plus attention si tout est logique, si des incohérences se glissent ici ou là, si des situations sont abracadabrantesques, non, on se laisse aller et on se dépêche d’arriver au mot fin, qui d’ailleurs n’est pas inscrit.

Comme lorsqu’on lisait avec délectation les premiers romans signés San-Antonio, par exemple.

Samuel Sutra ne tombe pas dans le piège du Guide du Routard adapté pour envelopper une histoire. La Rochelle est présente, on peut suivre les protagonistes dans les rues de la cité, mais les habituels clichés nous sont épargnés. Les gourmets apprécieront la référence faite à Coutanceau, une table renommée et une référence gastronomique. Bon appétit.

Et sans vouloir être un flagorneur, je pense que Samuel Sutra peut devenir un romancier reconnu, moins médiatique que certains mais plus sincère.

Première édition : Collection Régiopolice N°6. Editions Sirius. 256 pages. Parution 2012.

Première édition : Collection Régiopolice N°6. Editions Sirius. 256 pages. Parution 2012.

Samuel SUTRA : La Femme à la mort. Editions Flamant Noir. Parution le 9 juillet 2018. 210 pages. 19,50€.

ISBN : 979-1093363479

Partager cet article
Repost0
29 juin 2019 6 29 /06 /juin /2019 03:43

Les jeux de l’amour et du lézard ?

Max OBIONE : Le jeu du lézard suivi de Toussaint R.

L’ex commissaire Toussaint Rescamone aurait pu passer une retraite tranquille et heureuse dans la vieille maison familiale située dans un petit village corse. C’était sans compter sur la maladie et un vague cousin, Sauveur.

Sauveur brigue par tous les moyens l’héritage et Toussaint, qui n’a plus qu’une petite fille, Dora, laquelle n’a pas donné de ses nouvelles depuis des années à cause d’un différent, craint pour la vie de la jeune fille. Alors Toussaint lance un SOS à Maurice Cintray, dit Le Mat, un de ses anciens subordonnés. Le policier accepte d’aider son ex-patron afin de pimenter sa retraite. Il requiert le renfort de son ami Raja, ancien procureur reconverti en avocat siégeant dans la salle d’un café. Les deux compères se mettent à la recherche de Dora avec pour unique indice le métier de galeriste de la jeune fille dans une galerie d’art parisienne. Mais de photo point, un petit plus qui aurait facilité leurs démarches.

Les galeries de peinture ne manquent pas à Paris, heureusement concentrées dans un quartier de la capitale. Ils s’invitent lors d’un vernissage et sollicitent les renseignements auprès des habitués de ce genre de manifestation. Un peintre méconnu et un photographe les mettent sur une piste qui s’avère fiable. Seulement un ou des individus s’acharnent à vouloir couper le faible lien. Le directeur de la galerie où travaillait Dora est assassiné, d’autres personnes sont grièvement blessées et même assassinées. Toujours selon le même procédé : une balle dans la joue et une dans le genou.

 

Avec ce roman, les bonnes vieilles Séries Noires ne sont pas loin et je pense plus particulièrement aux ouvrages de Marvin H. Albert.

Mais pour autant Max Obione ne pastiche pas. Il possède son style, sec, sérieux, avec une pointe d’humour. Par exemple la description des œuvres d’art exposées, les commentaires des amateurs, éclairés par je ne sais quel esprit retors, et qui encensent un artiste qui véritablement se moque du monde.

Des connaisseurs qui assimilent des résidus de défécation à de l’or en barre, des chiures de mouche à des diamants bruts. Cette petite mise au point aussi lorsque le ministre de l’Intérieur (la première édition de ce roman date de 2005 !) déclare que grâce à ses services une bande de malfaiteurs avait été mise hors course, alors que les forces de l’ordre sont arrivées à l’extinction des feux.

Ce roman se décline en deux parties, la recherche de Dora puis le voyage en Corse. Une histoire à double tranchant maîtrisée par Max Obione qui nous réserve de bonnes surprises.

Max OBIONE : Le jeu du lézard suivi de Toussaint R. Collection Noire Sœur. Editions SKA. Parution 24 juin 2019. Version numérique. 221 pages. 3,99€.

ISBN : 9791023407761

Partager cet article
Repost0
24 juin 2019 1 24 /06 /juin /2019 04:39

Et quand tattoo, t’en veux encore plus ?

Julien HEYLBROECK : Tattoo blues.

Au lendemain d’une cuite, ce qui lui arrive très souvent, Atticus Thurston se réveille avec des images dans la tête mais surtout, un nouveau tatouage sur l’épaule. Il ne se souvient de rien, sauf d’être parti se désaltérer, abondamment, en compagnie de deux amis, Russel et Eusébio, deux vétérans comme lui de la guerre du Viêt-Nam.

Sauf que lui est revenu avec une prothèse à la jambe, et parfois elle lui joue des tours, elle se grippe et il a du mal à avancer. Mais pour le moment, ce qui l’inquiète c’est de savoir où il s’est choppé ce tatouage et ce qu’il signifie. Il en parle à son camarade Polang Khantol, qui ne veut pas qu’on lui dise Pol tout simplement car il réfute un lien quelconque avec ce Pôt qui n’en est pas un. Khantol est d’origine cambodgienne, khmère plus exactement, et il déchiffre aisément ce qui est inscrit dans ce graffiti corporel. Aidez-moi !

Alors il entreprend de retrouver le lieu où il s’est fait tatouer cette décalcomanie, et demande à ses deux amis, des vétérans comme de lui de l’aider dans son entreprise. Russel le premier se souvient du quartier dans lequel ils se sont fourvoyés. Il repère l’officine de tatouage, mais il est seul et se fait mortellement agresser par deux gros bras. N’ayant pas de nouvelles de son ami, et pour cause, Thurston reprend ses recherches en compagnie d’Eusébio, et au détour d’une petite rue se retrouve devant la boutique tenue par une Cambodgienne. Mais Thurston est surveillé et dans la nuit le restaurant de Khantol, et la chambre où gîte Thurston sont incendiés. Le Khmer vient de perdre le bénéfice d’années de travail, et de réinsertion, et tous les trois, en compagnie d’Eusebio, vont se lancer à la recherche de la Cambodgienne et du ou des pyromanes.

Les deux sbires qui étaient en planque dans la boutique deviennent la cible privilégiée de Thurston, et les armes à feu n’hésitent pas à donner de la voix. Chandarith, la tatoueuse, leur narre comment elle est arrivée en Californie, grâce à Belmont, le producteur d’une série télévisée qui monopolise les écrans depuis des années. Mais Belmont ne s’est pas montré à son avantage et elle a été recasée comme dessinatrice sur épiderme. Car Belmont avait en tête de récupérer les diamants que Chandarith et son père avaient sauvés de la débâcle cambodgienne. Et depuis ce trésor repose tranquillement dans le coffre d’une banque.

Il ne reste plus à Thurston et ses amis à retrouver ce Belmont, sa demeure sur les hauteurs de la ville, et à s’emparer des diamants tout en protégeant Chandarith. Et à venger leur copain dont ils ont appris la fin tragique. Et pour mettre la main sur le trésor, ils n’ont qu’une solution, reconstituer une sorte de puzzle, car Belmont est un défaillant de la mémoire et il ne prend jamais de notes. Donc afin de se souvenir de certains faits, il possède un truc que vont tenter de décrypter Thurston et consorts.

L’épilogue est digne d’une séquence cinématographique mais n’anticipons pas car pour y arriver Thurston et Khantol, aidés de Chandarith qui ne veut pas rester inactive, connaîtront des épisodes mouvementés. Très mouvementés, face à des tueurs à gages expérimentés. Ce qui n’est pas toujours évident quand on est, comme Thurston, handicapé d’une jambe.

 

A l’entame de ma lecture, j’ai pensé, encore une histoire de vétéran handicapé, drogué et alcoolique. Trop, c’est trop. Et au bout de quelques pages, j’ai posé le bouquin. Mais, intrigué quand même, quelques jours plus tard, je l’ai rouvert, et j’ai bien fait, car la magie Heylbroeck a de nouveau fonctionné.

Il y a un petit quelque chose de différent. D’abord, cette amitié entre vétérans du Viêt-Nam qui, pour eux, signifie quelque chose même s’il existe des différents parfois. Ensuite, les addictions auxquelles Thurston était dépendant s’estompent peu à peu, à force de volonté car il a une mission à accomplir. Aider Chandarith et venger Kanthol à cause des déboires que celui-ci connait avec l’incendie de son restaurant.

Et me voilà entraîné dans une histoire qui, placée dans un décor américain, le Los Angeles de l’année 1978, est décrite par une plume française, et donc ne glose pas sur cette guerre qui a connu bien des atrocités. Julien Heylbroeck s’attache plus à nous montrer des personnages attachants, ou à dépeindre des protagonistes auxquels nous ne sommes guère habitués. Le premier étant Belmont avec ses problèmes de mémoire et son moyen mnémotechnique. Et le côté ludique aussi, cette chasse au trésor, en forme de rallye.

Juste un petit truc qui me chiffonne. Nous sommes en 1978 et Kanthol a l’air de s’être intégré parfaitement, parlant couramment l’Américain, contrairement à Chandarith qui ne comprend que quelques mots. Il est vrai qu’elle n’est là que depuis quelques mois. Mais, on apprend au détour d’une page que Kanthol a fui l’Angkar en 1977. Une adaptation un peu rapide, non ?

Une histoire qui monte progressivement en puissance avec un véritable feu d’artifice en épilogue.

Un roman abouti et peut-être retrouverons-nous Thurston dans de nouvelles aventures, on peut rêver.

Julien HEYLBROECK : Tattoo blues. Collection Thriller. Editions Critic. Parution le 16 mai 2019. 258 pages. 17,00€.

ISBN : 978-2375791219

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
  • Contact

Recherche

Sites et bons coins remarquables