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6 août 2019 2 06 /08 /août /2019 04:16

Noëlle Loriot est également connue sous

le pseudonyme de Laurence Oriol…

Noëlle LORIOT : Affaire de famille.

La famille Colmant n'est pas ce qu'on appelle une famille unie. Alain, le père, assureur de son état, est un coureur de jupon impénitent, et Catherine, la mère, doctoresse, n'apprécie pas ses incartades. Elle les subit, à cause des enfants.

Thierry poursuit péniblement son droit, Franklin redouble son année de bac et a tâté de la drogue. Tous deux détestent leur géniteur. Seule Ariane, la bonne élève, ressent une véritable affection envers son père, ce qui ne l'empêche pas de prendre la défense de ses frères lors des conflits, de plus en plus nombreux et virulents. Solange, la sœur d'Alain, une réalisatrice de télévision pour une maison de production, est retrouvée assassinée. Alain, son frère, professait envers sa cadette une affection quasi incestueuse.

La juge Florence Larrieu est chargée du dossier et bientôt les membres de cette famille déchirée sont sous les feux des projecteurs. Florence est dans le même temps en proie au doute quant à son amour pour Benoît Rivet, un journaliste judiciaire, qui coïncidence, était le patient du docteur Catherine Colmant, étant sujet à des crises d'asthmes nécessitant des interventions ponctuelles.

Jusqu'au jour où Benoît est blessé dans un accident de la route. Transporté à l'hôpital, il est emmené par un visiteur qui lui fait croire que son gamin, issu d'une précédente relation, a été enlevé. Il est séquestré et ses ravisseurs désirent qu'il leur donne des lettres que lui a confiées Catherine Colmant. A la faveur d'un accident de la circulation, alors qu'il est emmené à la banque afin de retirer du coffre les fameuses missives, il parvient à s'échapper et se réfugie en compagnie de son gamin chez un ex-condisciple de lycée sur la côte. Il envoie la clé du coffre à Florence Larrieu.

 

Ce nouveau roman de Noëlle Loriot n'atteint pas l'efficacité de ses précédents ouvrages. Cette "Affaire de famille" s'enlise un peu dans les meurtrissures, les déchirements, les conflits qui ponctuent la vie familiale des différents protagonistes. Tous sont confrontés a des problèmes matrimoniaux, aussi bien la famille Colmant que la juge qui se pose de multiples questions quant à son avenir avec son amant, si elle doit continuer sa relation ou pas, Benoît qui a déjà subi des revers, les parents de la juge dont le père continue ses frasques, sans compter le policier qui lui aussi est en instance de divorce.

Un livre qui se lit avec un certain plaisir malgré ces quelques restrictions, la vie n'étant pas un long fleuve tranquille quoiqu'on dise.

A signaler que ce roman fait partie d’une trilogie composée de Prière d’insérer, L’inculpé et donc de Affaire de famille. Et le personnage de Florence Larrieu a donné lieu à une série télévisée intitulée : Florence Larrieu, le juge est une femme, rôle interprété par Florence Pernel, puis, lors du changement d’actrice, Alice Nevers, le juge est une femme avec Marine Delterme.

 

Enfin, il faut admirer le soin apporté par les éditions du Masque pour bien mettre en avant le nom de l’auteur : En blanc dans un bandeau rouge, comme si celui de Noëlle Loriot en haut du livre, précédent le titre, Affaire de famille, ne suffisait pas. A moins que ce soit destiné aux malvoyants !

 

Réédition Le Livre de Poche. Collection Policier & Thriller. Parution 7 avril 1999. 316 pages.

Réédition Le Livre de Poche. Collection Policier & Thriller. Parution 7 avril 1999. 316 pages.

Noëlle LORIOT : Affaire de famille. Le Masque Grand Format. Editions du Masque. Parution février 1997. 286 pages.

ISBN : 978-2702478486

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5 août 2019 1 05 /08 /août /2019 04:06

Traduction : Le mort né vert ?

Odile BARSKI : Never mort

S’appeler Santerre, c’est presque prémonitoire de ne pas trouver une place dans le petit cimetière de Saint-Rémy-de-Provence. Enfin, ne pas trouver une place est une formule inexacte, puisque l’endroit a bien été réservé, mais il manque le mort. Un enterrement sans cadavre, ce n’est pas si courant.

Pierre Santerre était un célèbre metteur en scène et l’on peut affirmer que la mise en scène d’une inhumation avec un cercueil vide est plutôt réussie. Le cadavre a disparu alors qu’il reposait, théoriquement pour l’éternité, dans la bière mise à sa disposition dans la chambre funéraire. Pour Suzanne, sa veuve et seconde femme, quelqu’un s’est emparé du corps pour s’emparer de son cerveau.

Une hypothèse comme une autre, mais qui n’est pas retenue par Ariane Messidor, jeune lieutenant de la police locale qui devait partir en vacances en Egypte avec son compagnon. Et ce n’est pas parce qu’on est policier qu’on n’oublie pas parfois le principal. La date de validité du passeport de la jeune femme étant expirée, elle n’a pu rejoindre les pyramides, alors elle accepte d’enquêter sur cette disparition à la demande de Suzanne, la veuve du cinéaste.

Kriss, un jeune employé des Pompes Funèbres roule avec une moto achetée cash 6000 €, et pour quelqu’un qui est le plus souvent dans la dèche, disons que c’est un anachronisme. Il jure ses grands dieux n’avoir pas puisé dans la caisse, ou avoir enfreint la loi en revendant des produits illicites, et confie à Marianne que cet argent provient de la poche d’un inconnu qui se prétend Ecossais. L’homme lui aurait fourni l’argent, en liquide, afin de pouvoir rester seul avec Santerre.

 Grâce à la caméra de vidéosurveillance, Ariane peut visionner une partie de ce qui s’est déroulé durant ce court moment où Kriss s’est éclipsé. Outre Suzanne, la veuve, gravitaient dans le cercle familial de Santerre sa fille Judith, qui écrit des contes pour enfant comme nègre et qui a tenté de se suicider, et Pascal, le fils de Suzanne né d’un précédent mariage. Sans oublier Traupédan, le scénariste attitré de Santerre.

Maintenant c’est à Ariane de prouver ses compétences, de mériter la confiance qu’ont en elle certains membres de la famille Santerre et de Kriss et sa mère éplorée.

 

Romancière, Odile Barski est scénariste pour la télévision et le cinéma, elle d’ailleurs écrit le scénario de Violette Nozière en 1978 pour Claude Chabrol, lequel travaillera avec elle à huit reprises au moins dont en 1976 pour un épisode de Madame le juge. Et la narration de ce roman se ressent de cette formation d’écriture particulière.

Beaucoup de dialogues, des phrases courtes, peu de descriptions, ce qui ne veut pas dire qu’Odile Barski ne s’attache pas à ses personnages.

Odile Barski ne manque pas d’humour, au contraire, et la première partie est réjouissante. La seconde, plus courte, est un peu plus poussive, mais intéressante quand même. Et ce roman, qui évidemment est dédié à Claude Chabrol, nous incite à parcourir les coulisses du cinéma, des relations parfois perturbées entre un metteur en scène et un scénariste.

L’ombre de Chabrol plane sur ce roman, témoin ce passage qui en dit long :

Le magnétoscope a accompagné sa mère jusqu’à la fin. Les films de Santerre aussi. Non qu’il fut son metteur en scène favori (d’autres ayant les trois 7 de Télé Sept Jours avaient sa préférence, et même certains n’ayant que deux 7, voire un seul et qu’elle regrettait après coup de ne pas avoir enregistrés, se permettant à l’occasion de téléphoner au journal pour signaler et déplorer la sous-notation) mais le cinéma de Pierre Santerre, où il est question de secrets, de passions implosives, de jalousie et de meurtre, lui procurait une joie effrayée du cerveau et du cœur qui soulageait ses maux d’estomac.

Odile BARSKI : Never mort. Masque Jaune n° 2532. Editions du Masque. Parution le 9 mars 2011. 320 pages. 8,00€.

ISBN : 978-2702435861

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2 août 2019 5 02 /08 /août /2019 07:59
C’est au mois d’août qu’on met les bouts
Qu’on fait les fous…
Viviane JANOUIN-BENANTI : Le meurtrier du mois d’août.
Humble campagnard vivant dans une cabane avec sa femme et ses deux enfants, Marseil et Hélène, Charles Saboureau, qui cherche du travail loin de chez lui, est arrêté pour vagabondage en compagnie de son fils.
Accusé en plus de chapardage de poules et de fruits, il est condamné au bagne de Brest pour une période de cinq ans. Marseil, treize ans, est interné dans une maison de correction dans la forêt de Chizé, d’où il ne pourra sortir qu’à l’âge de vingt ans. Hélène, six ans, est placée dans un couvent des carmélites à Niort jusqu’à ses vingt-deux ans. La mère reste libre.
Commence pour Marseil une longue période de brimades, d’affronts, de persécutions, de malnutrition. Les gardiens, d’anciens détenus, ne se privent pas de leur infliger coups de poings et de pieds. Seul Morin, qui ne participe pas à ces corrections mais ne les désavoue pas non plus, prend Marseil sous sa coupe. Fini les corvées de bois. Le gamin soigne les chevaux et conduit l’attelage.
Peu à peu Morin montre des signes évidents d’affection jusqu’au jour où il viole Marseil dans l’écurie. L’adolescent ne dit rien, ne sachant faire la part du Bien et du Mal. Puis Morin tourne ses penchants vers un nouveau, Georges, et Marseil est relégué.
Un soir Marseil abat froidement leur bourreau et traîne le corps dans un fourré. Le juge pense que Marseil pourrait être le meurtrier mais sans preuve, l’affaire est close. Dès ses vingt ans, Marseil est libéré et rend visite à ses parents à Niort qui vivent péniblement dans une cave. Il part pour l’armée et au bout de deux ans revient au pays. Il trouve une place de commis dans une ferme tenue par une veuve autoritaire, despotique.
A part sa sœur Hélène à laquelle il rend visite dans son couvent, Marseil fuit le contact des femmes. Il ne s’intéresse qu’aux petites filles, préférant leurs airs plus sages. Il commence par devenir exhibitionniste, puis s’éprend de la petite Marie, douze ans. La gamine effarouchée se laisse apprivoiser mais lorsqu’il veut se montrer plus entreprenant elle se cabre. Alors il la tue et la cache dans un fourré.
Il participe avec les autres paysans du village aux recherches et découvre le cadavre. Des Roms vivant non loin sont d’abord accusés mais peu à peu les villageois trouvent étrange l’attitude de Marseil. Il est emprisonné à Niort et le juge devant lequel il comparaît tente en vain de le faire avouer.

 

Curieux destin que celui de Marseil Saboureau dont la vie se résume en quelques dates : été 1877, assassinat d’un gardien de la maison de correction où il est enfermé, puis août 1885, il devient l’infanticide d’une gamine de 12 ans, et en août 1894, fratricide.

Serait-il devenu ainsi s’il n’avait pas été enfermé dans ce pensionnat particulier, s’il n’avait pas été violé ? Nul ne peut l’affirmer, mais il est évident que les brimades et mauvais traitements dont il a fait l’objet n’ont guère arrangé son mental et peut-être développé ses pulsions.

Viviane Janouin-Benanti, puisant à partir de faits réels, propose non une simple relation des évènements mais apporte une touche romancée, s’attachant à donner vie à ce meurtrier, à tenter de le comprendre sans pour autant le juger.

Un roman agréable à lire tout autant pour l’histoire que pour la restitution d’une époque.

Première édition : Collection Crimes & Mystères. Editions Cheminements.

Première édition : Collection Crimes & Mystères. Editions Cheminements.

Viviane JANOUIN-BENANTI : Le meurtrier du mois d’août. Collection Romans criminels. 3E éditions. Parution 5 mai 2017. 302 pages. 10,00€.

ISBN : 979-1095826750

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29 juillet 2019 1 29 /07 /juillet /2019 05:34

Laissez glisser, papier glacé
Les sentiments, papier collant
Ca impressionne, papier carbone
Mais c'est du vent

Pascal MALOSSE : Les fenêtres de bronze.

Des petits papiers comme s’il en pleuvait. Et d’ailleurs il en pleut, et Théo, se rendant à son travail comme garçon de café rue du Cherche-Midi, en découvre un sur le bitume.

Une feuille écrite des deux côtés d’une façon malhabile, et il a du mal à déchiffrer les lettres, à reconstituer les phrases et à en comprendre le sens. Et naturellement il perdu du temps et arrive en retard, houspillé par son patron. Peu lui chaut et lorsque d’autres feuillets se mettent à voltiger, il cueille les feuilles volantes comme il cueillerait des pâquerettes.

Rentré chez lui il se met au travail, recopiant péniblement sur son ordinateur ce qu’il décrypte. Cela lui prend du temps, et il prend un congé de maladie, au grand dam de son employeur afin de tout remettre au propre.

Cette lettre, écrite à la première personne, émane d’une jeune fille narrant ses conditions de détention. Sa vie de recluse depuis des années, elle ne se souvient plus depuis quand elle est enfermée dans une pièce dont les ouvertures sont closes à l’aide de volets de bronze. Un ascenseur lui monte sa nourriture. Son seul contact avec l’extérieur. Mais la pièce contient une quantité impressionnante de livres et elle a réussi à apprendre à lire toute seule. S’imprégnant d’un livre relatant la saga des Radziwiscy. Et elle a écrit cette missive envoyée comme on jette une bouteille à la mer par une simple fente dans un des volets.

Naturellement l’écriture est malhabile, reproduisant les lettres en script, comme dans les livres. Touché par les révélations de celle qui signe Elisa, Théo décide de découvrir où est retenue la recluse. Il parvient à situer l’immeuble, une immense maison de ville rue du Cherche-Midi, appartenant à une vieille famille polonaise, les Radziwiscy, qui longtemps a œuvré dans les ombres du pouvoir.

Il se fait embaucher et découvre la pièce dans laquelle vit Elisa. Mais rien n’est jamais facile dans la vie et il lui faudra mettre sa vie en péril pour sauver la jeune fille de ses détenteurs.

 

Montant progressivement en puissance, Les fenêtres de bronze est le roman type du roman d’angoisse, que Boileau-Narcejac et Georges-Jean Arnaud, en tant que romanciers, et Hitchcock, en tant que cinéaste, n’auraient pas désavoués.

Le pourquoi du comment est dévoilé peu à peu, car Pascal Malosse se garde bien de tout divulguer dès le départ. Et les révélations s’effectuent peu à peu, comme un dessin sur le sable à marée descendante. Et la fin est une fenêtre, non pas de bronze, mais ouverte et le lecteur pourra regarder au-delà du balcon, s’imaginer ce qui se cache derrière un voile.

Seul petit reproche, mais tout petit, ce n’est pas la teneur des feuillets qui m’a gêné, car il ne faut pas oublier qu’Elisa elle-même n’est pas en possession de tous les secrets de cette famille, mais dans l’écriture même. Dans le style narratif trop travaillé alors qu’elle s’est forgée à la lecture et à l’écriture en autodidacte. Personne ne lui a enseigné quoique ce soit, or cette narration est digne d’une romancière accomplie (je parle d’Elisa naturellement). A moins que, mais cela l’auteur ne le précise pas, Théo ait corrigé les fautes éventuelles et remplacé un vocabulaire primaire par le sien, réécrivant le texte à sa façon.

 

Pour commander directement cet ouvrage, et d’autres, chez l’éditeur, un seul geste, cliquer sur les liens ci-dessous :

Pascal MALOSSE : Les fenêtres de bronze. Collection Brouillards N°48. Editions Malpertuis. Parution novembre 2018. 184 pages. 15,00€.

ISBN : 978-2-917035-64-1

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28 juillet 2019 7 28 /07 /juillet /2019 04:11

Suite et fin des enquêtes du commandant René-Charles de Villemur.

Sniff !

Luis ALFREDO : Itinéraire d’un flic. La compil.

Ce recueil reprend les quatre premiers épisodes des enquêtes constituant l’Itinéraire d’un flic, soit Pendaison, Sodomie, Kidnapping et Eventration. Le cinquième épisode, qui complète ce recueil, est intitulé Emasculation et clôt cette mini-saga tout en apportant des éclairages sur deux des affaires dont la commandant René-Charles de Villemur eut à s’occuper et qui interfèrent sur sa vie privée.

Dans ce cinquième opus, nous le retrouvons assis chez lui dégustant un whisky en compagnie de ses amis Joan Nadal, le détective privé, et Patrick Fonvieux, le journaliste. Alors qu’ils discutent d’une série de meurtres qui viennent de se produire récemment, le téléphone sonne. Il pourrait presque pleurer le téléphone, car c’est une mauvaise nouvelle qui se profile au bout du fil.

En effet, cinq corps émasculés ont été découverts depuis une quinzaine de jours sur la côté landaise. Et naturellement il est bon de se poser la question de savoir si cela à un rapport quelconque avec cette affaire narrée dans Pendaison. Et ce coup de fil émanant d’Octave, l’adjoint de René-Charles, est assez intrigant. En effet un commandant Villote, de Bordeaux, demande à être contacté immédiatement. René-Charles ne connait ni des dents ni des lèvres (comme aurait écrit San Antonio) ce collègue mais néanmoins il obtempère.

Catastrophe ! Un nouveau cadavre a été retrouvé sur une plage quelques heures auparavant et il s’agit de Christian, l’ancien compagnon de René-Charles. Une lettre a été récupérée sur lui, adressée à René-Charles, ce qui a permis au policier de le prévenir.

René-Charles de Villemur est persuadé du lien existant entre la pendaison, et que ces meurtres dédouanent le vagabond qui a été incarcéré. Aussi se rend-il en compagnie de ses deux amis dans le camping réservé aux homosexuels. Il assiste à un simulacre de fête et bientôt il se forge une opinion concernant le meurtrier. Mais également la présence en arrière-plan d’une machination organisée par un cartel ou par une multinationale possédant un rapport supposé avec la finance. A moins que…

 

Avec ce court roman qui clôt la saga des enquêtes du commandant René-Charles de Villemur, Luis Alfredo nous emmène dans l’univers des homosexuels, des transformistes, et malgré un petit passage, tout est écrit avec pudeur.

Pas d’à-priori, pas de lourdeurs sur ces pratiques sur ces hommes qui longtemps ont été diabolisés, ridiculisés, rejetés aussi bien par certains romanciers que par le pékin ordinaire. Pas d’humour graveleux, de moqueries, juste une exploration sensible d’un univers longtemps considéré comme pervers.

Il fut un temps, où comme beaucoup d’entre nous, je riais de quelques facéties, d’histoires dites de tapettes, mais de plus en plus, les scènes supposées humoristiques comme celle, célèbre, entre Jean Poiret et Michel Serrault dans La cage aux folles, ne me font plus rire. Elles me consternent même. Le ridicule de certaines situations, leur accentuation, leur intensité dans le grotesque me désolent mais il s’agit d’un problème social qui sera long à être annihilé.

Luis ALFREDO : Itinéraire d’un flic. La compil. Recueil nouvelles numériques. Collection Noire Sœur. Editions Ska. Parution 27 juin 2019. 308 pages. 3,99€.

ISBN : 9791023407778

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27 juillet 2019 6 27 /07 /juillet /2019 07:13

Il s’en passe des choses lors d’une nuit de noces…

Gary DEVON : Nuit de noces.

Jeune actrice en devenir, Callie se marie avec Malcom qu'elle connait depuis à peine trois mois. Ils ont été condisciples au même collège quelques années auparavant mais elle ne s'en souvient pas. D'ailleurs Malcolm est fort discret sur son passé.

Aucun membre de sa famille, aucun ami pour assister à la cérémonie. Le mariage a lieu chez Emery et Dorothy Hudson, des producteurs qui ont recueilli Callie à la mort de ses parents.

L'humeur de Malcolm est changeante et inquiète la jeune femme qui s'interroge à propos de cette attitude, imputée à la solennité de cette journée particulière. Elle sent que l'entretien que les Hudson accordent à un inconnu trouble son mari. Les jeunes époux échappent à la meute des journalistes en empruntant un canot qui doit les conduire de l'autre côté du lac. Personne ne remarque sous le débarcadère les cadavres égorgés des Hudson.

Ils s'installent à l'hôtel et Callie sent son mari anxieux, nerveux, possédé d'une colère latente. Alors que Malcolm est sorti, elle aperçoit de sa fenêtre un inconnu qui la surveille. Elle pense à un journaliste mais peu après l'homme l'aborde. Il déclare s'appeler Hartwood et être le père de Malcolm. Il lui remet un dossier qu'elle compulse. Composé de coupures de journaux et de photos, ce dossier relate une vieille affaire criminelle. Malcolm y est décrit comme le meurtrier de la secrétaire de son père. Il n'avait que treize ans.

 

L'intérêt de ce roman réside dans la montée en puissance de l'angoisse, puis de la chute à double détente.

On ne peut s'empêcher de penser au roman de Robert Bloch, Psychose, sans qu'il y ait pourtant corrélation. Simplement l'histoire d'un enfant meurtrier et des affres qui étreignent peu à peu le personnage féminin. Peut-être parce que l'éditeur fait référence au film qu'aurait pu en tirer Hitchcock s'il avait encore été vivant.

Un bon roman qui fera passer une agréable nuit blanche, à défaut d’une nuit de noces.

Réédition Le Livre de Poche thriller. Parution novembre 1998.

Réédition Le Livre de Poche thriller. Parution novembre 1998.

Gary DEVON : Nuit de noces. (Wedding night – 1995. Trad. de l'américain par Jacqueline Lahana). Collection Spécial Suspense. Editions Albin Michel. Parution 30 octobre 1996. 256 pages.

ISBN : 978-2226085993

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24 juillet 2019 3 24 /07 /juillet /2019 04:08

Attendez-vous à savoir…

comme disait Geneviève Tabouis dans Les dernières nouvelles de demain !

Bernard ALLIOT : Délit de fuite.

Dans un monde futur, quoique proche du nôtre, les chômeurs sont devenus des parasites sociaux.

D'un côté ceux qui ont du travail, de l'autre la majorité, les sans emplois, les chômeurs, les clodos. Et ceux qui ont du boulot ne se sentent pas l'âme partageuse. Entre les nantis et les autres, les miliciens. Et Anna, une assistante sociale, qui quête la nourriture afin de la redistribuer.

Anna qui est mal accueillie par les uns et par les autres, qui est rejetée comme une bille de flipper par ces plots électriques que sont les assistés et les pourvoyeurs. Jusqu'au jour où ça fait tilt à cause d'une tentative de viol.

Alors c'est la cavalcade, la fuite en compagnie d'un jeune paumé traumatisé, marginalisé, qui va s'épanouir à son contact, et d'un ex-riche président d'une association revendicatrice.

 

Politique fiction, fiction pure, prédiction fiction, ce roman - paru en 1989 aux éditions de l'Instant - est un peu tout cela à la fois.

Un constat, une tranche de vie sans solution mais dont l'intérêt du propos est noyé sciemment par une performance littéraire. Ce n'est pas Bernard Alliot, l'auteur, qui s'exprime, mais bien les personnages qu'il met en scène. Et chaque personnage, chaque protagoniste s'exprime selon sa condition sociale, son degré d'instruction, son humeur.

Le lecteur passe sans transition d'un langage ampoulé, précieux, académique, à un argot familier ou encore à un monologue enfantin, sans oublier le rapport poétique d'un gendarme appliquant les nouvelles normes de rédaction visant à harmoniser, à humaniser les relations entre l'armée et le civil.

Un roman complètement loufoque, dû au style narratif mais grave tout à la fois et extrêmement travaillé car répondant aux difficiles exigences que s'est imposé l'auteur. Un pari gagné haut la main par Bernard Alliot.

Je vous laisse méditer cette citation extraite du livre :

Je sais bien qu'il y a toutes sortes de gens désormais parmi les clodos vu que c'est le seul métier sans diplôme qui ait un avenir.

Première édition : Editions de l’Instant. Parution 5 juin 1989. 182 pages.

Première édition : Editions de l’Instant. Parution 5 juin 1989. 182 pages.

Bernard ALLIOT : Délit de fuite. Collection Les Noirs. Editions Fleuve Noir. Parution le 1er novembre 1996. 222 pages.

ISBN : 978-2265059726

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23 juillet 2019 2 23 /07 /juillet /2019 04:39

Et au plaisir de ne pas te revoir…

Charles EXBRAYAT : Bye, bye, chérie.

Jeune attaché d’ambassade en poste à Londres, Guillaume de Saint-Sève accepte la mission confiée à lui par des agents des Services Secrets français. Il s’ennuie un peu et la possibilité de rompre avec la routine l’enchante. Il est fiancé avec Helen Otterburn, fille de nobliaux enrichis en s’adonnant aux transactions boursières et il ne sait trop comment lui annoncer son départ pour Nice afin de récupérer une lettre convoyée par un agent des Services Secrets et la rapporter à Londres.

Mais la jeune fille est enthousiasmée par cette nouvelle, malgré le dépit enregistré de ne pouvoir accompagner son fiancé. Il faut avouer que ni l’un ni l’autre ne s’aiment vraiment. Il s’agit plus d’un projet de mariage leur permettant d’acquérir une position sociale enviable que d’une véritable union maritale générée par Cupidon.

Bref, Guillaume Saint-Sève promet à Helen de lui narrer les aventures dont il sera le héros, elle n’en doute pas.

Mais dans les services secrets britanniques, américains, russes et même chinois, des agents s’activent car des fuites se sont produites, grâce à des oreilles collées aux portes, à des communications téléphoniques, des indiscrétions de couloirs. Celles ou ceux qui ont propagé l’annonce de la mission de Guillaume de Saint-Sève ne sauront jamais si celle-ci réussira car elles, ou ils, connaitront une fin d’existence tragique.

Guillaume de Saint-Sève embarque donc pour la France et en cours de route les espions qui le surveillent font parfois cause commune pour éliminer l’un d’eux. Le premier à trépasser étant un agent chinois. Guillaume de Saint-Sève s’aperçoit que des espions étrangers l’épient, mais il sait que tant qu’il n’aura pas réceptionné la fameuse missive, rien ne pourra lui arriver. Après, advienne que pourra.

A Nice, Guillaume de Saint-Sève prend une chambre d’hôtel toujours espionné par ses confrères, qui eux sont aguerris. La chasse est ouverte et les dissensions entre les agents des différents services secrets les amènent à vouloir s’annihiler. Et notre héros est même l’auteur malencontreux d’un accident de défenestration, ce qui oblige les policiers locaux à enquêter. Et lorsqu’il narre à Helen cet épisode, elle ne se sent plus, elle en redemande.

Toutefois, à cause de la guéguerre que se livrent les divers espions qui gravitent dans cette histoire, Guillaume de Saint-Sève se met en valeur auprès d’immigrés Siciliens, ce qui lui permet de trouver en eux des alliés inattendus.

 

Ce roman mi-espionnage mi-policier se situe dans la veine humoristique des écrits de Charles Exbrayat, et qui s’inscrit dans la parodie, façon la série des Imogène, d’Une ravissante idiote et de quelques autres.

Un humour subtil qui n’est pas sans rappeler celui pratiqué par bon nombre de romanciers Anglo-Saxons dont P.G. Wodehouse avec ses protagonistes décalés. Guillaume de Saint-Sève apparaît au début comme un personnage un peu falot, ingénu, mais il prend peu à peu de la consistance. Il est vrai que les situations et les épisodes qu’il vit aident à le développer psychiquement, et il devient mature. Quant à Helen, c’est une jeune fille un peu écervelée.

Les répliques sont savoureuses, et n’empruntent jamais à une quelconque vulgarité ou humour lourd. Les jeux de mots sont inexistants, seules les situations, les remarques et les dialogues offrent ce côté bon enfant. Mais Charles Exbrayat, en mettant en scène des personnages d’horizons et de confessions politiques différents ne manque pas de griffer au passage.

Fédor Petrovitch était le type même du bon stalinien : fanatique et borné.

Les Français sont capables de n’importe quoi, c’est pour cela que l’on ne s’ennuie jamais avec eux.

Ne vous rappelleriez-vous pas, Commissaire, que les Américains ne sont jamais que des Anglais qui ont mal tourné ?

Charles EXBRAYAT : Bye, bye, chérie.

Charles EXBRAYAT : Bye, bye, chérie. Collection Le Masque jaune n°1330. Editions Librairie des Champs Elysées. Parution 1er trimestre 1974. 256 pages.

ISBN : 2-70242-121-0

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22 juillet 2019 1 22 /07 /juillet /2019 04:12

Nous les amoureux
On voudrait nous séparer…

Alain GANDY : Un suicide sans préméditation.

Le docteur François Bousquet, après des études à Paris et s’être marié, revient à Villefranche-de-Rouergue, reprenant le cabinet paternel. Sa femme veut tout régenter, et le force à renvoyer la secrétaire qui officiait déjà du temps de Bousquet père. Seulement, entre Suzanne Esquenoux et François Bousquet se sont établies des relations plus qu’amicales.

La jeune fille prolongée élevée chez les sœurs a trouvé le complément charnel qui lui manquait, lui le supplément affectif que sa femme lui refusait. Un soir, rendant visite à sa maîtresse exilée dans un petit village, il la découvre pendue. Affolé il demande conseil à Joseph Combes, gendarme à la retraite qui, pour occuper son temps libre, a créé son officine de détective privé. Combes se rend sur place en compagnie du toubib pour constater que le corps a été décroché.

En fouinant, Combes trouve des lettres anonymes accusant le docteur d’entretenir des relations coupables avec la femme d’un agent immobilier. Or le suicide n’est guère probant, quelques indices laissent supposer une mise en scène. Combes subtilise les lettres et ensuite doit marcher sur des œufs car le chef Casterrat, un jeune gendarme guindé, est prêt à imputer le meurtre à Bousquet. Heureusement Combes se voit confier officiellement l’enquête par le juge Massac, un vieil ami.

Comme les enfants sont en congés chez leur grand-mère, Combes et sa femme Claire, toujours de bon conseil, mettent les pieds dans le plat. Combes, perquisitionnant une nouvelle fois chez Suzanne, est agressé par deux hommes et blessé. L’un de ses deux assaillants, qui n’est autre que le cousin despote de Suzanne, est retrouvé mort.

 

Alain Gandy, sobrement mais avec efficacité nous emmène à la découverte de Villefranche-de-Rouergue et de ses environs, analysant sans complaisance une bourgeoisie provinciale qui n’est pas exempte de fourberie.

Mais il n’épargne pas non plus ceux qui, sous couvert d’aider les enquêteurs, sont toujours à l’affût des commérages. Un roman sociologique qui se lit avec plaisir et l’on ne pourra s’empêcher de penser à Exbrayat et ses romans provinciaux et régionalistes.

 

Alain GANDY : Un suicide sans préméditation. Collection Terre de France, production Janine Balland. Editions Presses de la Cité. Parution le 20 janvier 2005. 288 pages.

ISBN : 978-2258064522

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16 juillet 2019 2 16 /07 /juillet /2019 04:03

Filet garni, oui, mais pas de produits bio...  

Philippe CARRESE : Filet garni.

Quand ça se présente mal dès le début, comment voulez-vous que ça se passe bien par la suite ? Bébert, routier (sympa, selon les normes en vigueur) en transit en Allemagne, doit transbahuter, entre autre, des fûts jusqu’à Marseille. Tranquille comme boulot.

Seulement ce qu’il ne sait pas c’est que ces barils contiennent un produit toxique. Comme il n’est pas au courant, après tout aucun danger pour lui. Du moins dans ce domaine. Car tandis qu’il se repose béatement dans la cabine de son bahut, il est réveillé par des grincements. Deux manouches viennent de forcer la porte de sa remorque. Le genre de truc qui a pour don de le mettre sérieusement en colère.

Ni une, ni deux, Bébert accompagné d’une barre à mine qu’il manie avec dextérité, fracasse à mort les deux braqueurs de camions. Il téléphone à son patron, Gilbert, ponte marseillais de l’import-export (frauduleux mais chut personne ne le sait) qui lui passe une avoinée téléphonique tout en lui recommandant bien de protéger sa marchandise et surtout ses fûts.

Cependant, c’est sans compter sur Rudy un troisième manouche qui a assisté à l’algarade sur le parking et n’a qu’un souhait, venger ses copains. S’ensuit une course poursuite, Bébert à bord de son camion repérable et Rudy empruntant divers véhicules au gré de ses besoins et des aléas autoroutiers. Bref tout ce joli monde va se retrouver, pas forcément dans la joie et la bonne humeur, avec en prime des cadavres jetés dans des décharges publiques.

Richard, le beau-frère de Gilbert, et accessoirement narrateur, nous narre (évidemment puisqu’il est le narrateur !) cet épisode complètement dingue et au cours duquel il va risquer sa vie et celle de ses proches. A son corps défendant bien entendu car les affaires véreuses de Gilbert, il n’en a rien à faire, mais la famille c’est la famille, et il ne peut se défiler.

Bref le lecteur est partagé entre ressentir une certaine sympathie envers Richard qui nous conte ses déboires et surtout ceux de ceux (je sais ça fait répétition mais cela n’en est pas une malgré les puristes qui pourraient me reprocher de ne pas respecter les règles grammaticales et les principes fondamentaux de la syntaxe) qui gravitent dans un décor marseillais d’opérette.

C’est faux. Tout est faux, enfin je voulais dire que l’histoire est fausse, quoique, c’est peut-être la façon de la décrire qui l’est, à moins que l’auteur, persuadé de détenir une imagination débordante ce soit tout simplement inspiré d’un fait divers réel.

Un véritable régal de lecture tant Philippe Carrèse nous entraîne dans des chemins de traverse avec ce petit côté burlesque qui se mêle à la gravité.

 

Philippe CARRESE : Filet garni. Collection Les Noirs. Editions Fleuve Noir. Parution le 1er mars 1996. 190 pages.

ISBN : 978-2265057159

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
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