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9 septembre 2019 1 09 /09 /septembre /2019 04:28

Un polygraphe protéiforme !

Max-André DAZERGUES : L’homme de sa vie.

Les langues tricotent plus vite que les aiguilles assemblent les chapeaux dans l’atelier de la modiste renommée Maryjo.

D’habitude les petites mains s’échangent confessions et rires tout en travaillant, mais ce jour-là, Georgette Merlieux est triste. Elle vient de recevoir un pneu (ah, le bon vieux temps où l’on pouvait recevoir du courrier une heure après son envoi !) émanant de son ami Robert. Le jeune homme, qui pourtant semblait épris de la jeune fille de vingt ans lui signifie qu’il doit partir en voyage et qu’elle doit oublier les quinze jours de rêve qu’ils ont vécu ensemble.

Ses collègues sont tout autant attristées qu’elle. Elles voyaient tous les soirs Robert venir chercher Georgette avec sa voiture verte si reconnaissable. Elle l’avait connu alors qu’il se promenait à bord de son véhicule et qu’il l’avait abordée dans le Bois de Boulogne, revenant de livrer un chapeau. A cette époque, ce Bois n’avait pas la réputation qu’il possède aujourd’hui, mais était un lieu de promenade fort prisé. Et il l’avait raccompagnée jusque chez Maryjo rue de Rivoli. Puis ils avaient bu ensemble un apéritif à la terrasse d’un café et il l’avait conduite chez ses parents, à Georgette, à Courbevoie.

C’est comme ça que se font des rencontres mais hélas celle-ci n’aura pas de suite. Robert Charmeuses, eh oui c’est son nom, qui se prétendait représentant, vient de la plaquer. Sans préavis. Mais cela ne se passera pas comme ça se dit-elle, se confiant à ses camarades d’atelier. Et d’ailleurs, puisque le lendemain c’est samedi et qu’elle ne travaille pas, elle se rendra chez lui à Neuilly. En effet elle avait vu son nom et son adresse sur sa plaque de l’auto en soulevant le médaillon de Saint-Christophe.

Le lendemain donc, elle se rend à Neuilly, mais un domestique lui affirme que Robert n’est pas là. Bientôt cette nouvelle est confirmée par une jeune femme blonde, peu amène. Georgette voit passer une silhouette et elle qu’il s’agit de Robert qui se défile. Elle l’appelle mais en vain. Peu après comme elle déambule dans le quartier des Ternes, elle aperçoit la voiture verte de Robert. Le moteur est allumé et elle s’engouffre dedans en essayant de ne pas se faire remarquer. Le véhicule est stationné près d’une bijouterie qui vient d’ouvrir et est fort illuminée. Un couple en sort et elle reconnait la jeune femme blonde. Mais elle ne peut distinguer les traits de son compagnon qui s’installe au volant. La jeune femme blonde la voyant lui pose sur le nez un mouchoir imbibé de chloroforme.

Bonne nuit Georgette qui se réveille dans la cave d’une maison isolée en pleine forêt. Le lundi matin, ses compagnes d’atelier sont fort étonnées de constater son absence.

 

Un bon petit roman policier et d’amour écrit par un romancier soucieux de plaire à ses lecteurs en leur proposant des histoires simples et attrayantes. Le suspense est fort bien mené et entretenu tout au long du récit.

Naturellement, ce court roman est ancré dans son époque, et de nos jours certaines scènes, certains détails seraient gommés. Mais il est à remarquer que la publicité effectuée par le magasin, un stratagème toujours d’actualité, sera nuisible et favorisera justement le hold-up effectué par le couple. Ou plutôt la manipulation digne d’un prestidigitateur en s’emparant des bijoux que ce couple est venu soi-disant acquérir.

De nos jours, un romancier pourrait fort bien adapter ce roman, l’allonger d’une bonne centaine de pages en y incluant scènes de violence, de sexe, d’objets technologique mais pas trop, avec en prime quelques cadavres et vulgarités, et cela ferait le bonheur de ceux qui cherchent des sensations fortes.

Mais Max-André Dazergues ne mangeait pas de ce pain frelaté et c’est pour cela, justement, que certains trouveraient cette histoire manquant de vécu et de profondeur. Chacun ses goûts, je respecte les miens en relisant Max-André Dazergues !

 

Enfant du peuple, Georgette Merlieux en possédait les qualités innées, parmi lesquelles dominait une foncière honnêteté.

Max-André DAZERGUES : L’homme de sa vie. Illustrations de Roger Roux. Collection Crinoline N°17. Editions du Puits-Pelu. Parution 1946. 96 pages.

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8 septembre 2019 7 08 /09 /septembre /2019 04:13

C’est contraire au principe du covoiturage !

Didier SENECAL : les voitures vides.

En cinq ans, cinq disparitions de jeunes femmes ont été perpétrées dans la plaine de la Beauce, entre Chartres et Orléans. Seules des voitures vides marquent l’emplacement du délit. La gendarmerie patauge, au propre et au figuré, car les crimes ont été commis durant les mois d’hiver, sur de petites routes départementales entourées de champs de betteraves ou de céréales.

Comme souvent l’affaire échoit au commissaire divisionnaire Lediacre qui a déjà étudié le dossier. Il s’est même rendu à l’endroit où s’est produit l’un des derniers enlèvements, avec la capitaine Hélène Vermeulen, son adjointe. Ils s’installent avec un autre collaborateur, Pommerieux qui possède de nombreuses accointances parmi les informateurs, dans une petite brigade de gendarmerie, au grand dam de la maréchaussée locale.

Tous des cruchots comme les surnomme avec mépris Pommerieux. Seul trouvent grâce à leurs yeux le capitaine Treille et la jeune gendarmette Christine Herbin. Hélène se voit confier la mission de sillonner la campagne, à bord d’une voiture banalisée, portant perruque, afin d’attirer le chaland éventuel. Elle participe à une simulation de tentative d’enlèvement et les trois compères déduisent que l’agresseur, appelé par les médias Le Tueur de la Beauce, ne peut réaliser son rapt seul.

De même les enlèvements ayant toujours eut lieu durant l’hiver, il se pourrait que les ravisseurs seraient non seulement des gens du cru, mais des agriculteurs qui du haut de leur tracteur établiraient une sorte de repérage durant l’été.

Hélène va ainsi parcourir les routes départementales, réduisant peu à peu son rayon d’action. Un aller retour par jour, le matin et le soir, de nuit, aux mêmes heures et, entre deux farfouiller, les environs en compagnie de Lediacre et de Pommerieux, rencontrer des maires de petits villages, des autochtones.

Des soupçons se portent sur des communautés de gitans, mais la piste est vite abandonnée. Des gamins issus de l’immigration, d’origine maghrébine, tentent d’envoyer Hélène dans le bas côté de la route, mais ce n’était qu’un jeu de mauvais goût.

C’est au moment où elle s’y attend le moins qu’Hélène est agressée. Elle parvient à mettre ses assaillants en fuite mais ne peut délivrer que peu d’indices à Lediacre. Le soir même, en dormant, un fait surgit dans son esprit et elle est persuadée d’avoir déjà croisé un de ses agresseurs. La façon dont il est descendu du véhicule lui rappelle un débile travaillant avec son père dans une ferme. La même manière de sauter d’un tracteur. Elle fait part de son impression à Lediacre qui organise aussitôt l’arrestation des deux hommes par un peloton de gendarmerie.

 

Le commissaire Lediacre est un policier atypique, sachant qu’un jour les affaires non résolues par les forces officielles, policiers ou gendarmes, viendront échouer sur son bureau. Pour cela il prend les devants avec force repérages afin de ne pas être pris au dépourvu.

C’est un être courtois, calme, posé, pondéré, parfois rêveur, qui sait faire fonctionner ses petites cellules grises, et oblige ses partenaires à en faire autant. Il méprise ceux qui ne réfléchissent pas, qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, et le leur fait sentir par des paroles acerbes tout en restant courtois.

Le narrateur de cette histoire est Hélène Vermeulen, qui peut donc parler de son patron en toute objectivité, même s’il la malmène parfois. Le lecteur se doute de l’identité de l’assassin, mais cette révélation n’est pas vraiment l’épilogue. L’important est de savoir pourquoi le meurtrier a agi ainsi et surtout comment Lediacre et ses collaborateurs vont dénicher les preuves qui leur manquent pour pouvoir l’inculper.

Un livre plaisant, mené rondement, avec un personnage d’enquêteur qui se démarque de ses congénères.

Réédition Pocket le 15 janvier 2009.

Réédition Pocket le 15 janvier 2009.

Didier SENECAL : les voitures vides. Editions Fleuve Noir. Parution le 10 janvier 2008. 216 pages.

Réédition Pocket le 15 janvier 2009.

ISBN : 978-2265086487

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5 septembre 2019 4 05 /09 /septembre /2019 04:53

Y’a-t-il un docteur dans la salle ?

R. et R. BOREL-ROSNY : Bonjour, toubib de mon cœur.

Non intéressé par le dossier que Bert lui propose, le docteur Tony Naste renvoie son visiteur sans regret. Il a d’autres projets plus intéressants, comme préparer son voyage aux Etats-Unis en emmenant Mina, sa belle secrétaire et maîtresse, ainsi que Bébéchou, son fils.

Un voyage qui ne se fera pas, car à ce moment Stéphane, son ancienne compagne et mère de Bébéchou se profile sur le seuil de la porte et lui tire dessous deux balles de revolver. Elle n’est pas habituée Stéphane à se servir d’une arme à feu. Résultat elle manque l’homme qui se moque d’elle en lui intimant : Pose ça, imbécile !

Stéphane dépitée repart comme elle est venue, descendant les quatre étages à pied. Naste se retourne et à ce moment un troisième coup de feu retentit. Cette fois Naste ne pourra se moquer. Un joli trou rouge lui fait un troisième œil.

A l’appartement au-dessus, personne n’a fait attention au bruit, sauf Eve qui s’était réfugiée pour quelques instants sur le palier du cinquième, à cause du bruit occasionné par la fête donnée par son amie Luce en son honneur. Elle distingue nettement les deux plops, puis le troisième et aperçoit une silhouette, dont elle ne distingue pas le visage.

Le lendemain matin, Mina arrive au cabinet du docteur Naste pour le découvrir avec ce point rouge entre les deux yeux. Elle n’ira pas aux Etats-Unis en compagnie de son amant, tant pis. Elle ramasse le revolver gisant à terre, le range dans le tiroir, en découvrant un second, puis elle préfère s’en aller sans prévenir la police. En sortant elle se heurte à Eve.

La bignole, qui était absente, ne l’avait pas vue entrer et maintenant elle discute avec la femme de ménage du docteur. Et les deux femmes ont tellement de choses à déblatérer sur le petit docteur comme le docteur Naste était familièrement appelé. La femme de ménage, enfin arrivée au quatrième trouve son employeur définitivement retiré des affaires.

L’enquête est confiée à l’inspecteur Tycord qui découvre de bien curieuses révélations concernant le petit toubib. D’abord, qu’il n’était pas docteur, ne possédant pas de diplômes, ensuite qu’il recevait de nombreuses femmes jeunes et jolies à son cabinet. C’était un coureur de jupons, ce n’était pas un secret, mais il pratiquait des interventions rémunératrices et s’adonnait également au chantage.

 

Ce sont les personnages féminins qui prédominent dans ce roman. D’abord Stéphane qui n’étant pas mariée avec le petit docteur s’est vu retirer la garde de Bébéchou, âgé de quatre ou six ans selon les témoignages. Ensuite Mina, Polonaise mais parlant admirablement le français, mariée durant la guerre à un Allemand fait prisonnier dans un stalag, et surnommée la fridoline. Elle a échappé à l’enfer de Ravensbrück. Eve, considérée comme une détective mais n’étant que secrétaire dans un cabinet de détectives à Londres, qui découvrira la solution, et amie de Luce qui elle aussi avait des relations avec le docteur Naste. Enfin, les deux pipelettes, la bignole et la femme de ménage, qui connaissent certains dessous des affaires pas très catholiques du mort.

Le spectre de la guerre est encore très présent dans les esprits, ce qui influe parfois sur les relations entre certaines personnes. Et les Etats-Unis sont le pays de référence de la liberté.

Il n’y avait que l’Amérique pour faire peau neuve, comme disait le petit toubib. Partout sur le vieux continent la race, la nationalité, vous collent à la peau, quand ce n’est pas des préjugés de caste ou de rang.

 

Pour autant il s’agit d’une enquête classique mais ce n’est pas le policier qui la résoudra.

 

Pour en savoir plus sur le couple Raymonde et Robert Borel-Rosny, vous pouvez sans dommage sur le lien figurant ci-dessous :

 

R. et R. BOREL-ROSNY : Bonjour, toubib de mon cœur. Collection Le Verrou N°77. Editions Ferenczi. Parution 19 octobre 1953. 96 pages.

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4 septembre 2019 3 04 /09 /septembre /2019 04:22

Affaire conclue ?

SAINT ROCH : Couronne à vendre.

Journaliste et photographe de profession, Léon Kaltenbach, en reportage au duché de Montferrat, assiste à l'accident de voiture qui coûte la vie à la duchesse Kathryn Perrucat. Un accident qui en réalité est un meurtre.

Il récupère une serviette bourrée de documents prouvant que Luciano Annichini, le conseiller du Duc, n'est autre qu'un parrain de la Mafia. Il compose un article relatant ce qu'il a vu mais il est cambriolé. Les disquettes narrant son aventure ont disparu de même que les documents.

Son patron lui annonce que les photos sont voilées, sauf celles montrant Sophie, la fille cadette du duc, les seins nus et un autre reportage sur la princesse Justine de Falkenburg. Il est pris à partie dans la rue et ses agresseurs lui intiment l'ordre d'oublier tout ce qu'il a vu.

Ricardo di Marco, le mari d'Aurélia, autre fille du duc, et lui aussi apparenté à la Mafia, est bourré de remords. Il demande à Justine de Falkenburg de retrouver le journaliste lequel rumine sa vengeance. Justine trouve porte close. Léon a déménagé mais il est prévenu par une amie que la princesse le recherche. Léon drague la belle Sophie, nymphomane, et celle-ci non seulement le convie dans son lit mais s'amourache de lui au point de vouloir l'épouser. Ce qui ne plaît pas du tout à Annichini.

Le mafioso lance sur les traces des deux amants ses deux séides à l'origine de l'attentat contre Kathryn Perrucat. Mais Léon Kaltenbach se débarrasse d'eux lors d'une virée sur les bords de Marne et met la princesse à l'abri. Il projette de se rendre dans le duché de Montferrat en compagnie de Sophie et dans le train qui les emmène déjoue à nouveau un piège tendu par Annichini.

Le duc tente de convaincre la jeune fille que la mort de sa femme est due au journaliste, seulement Sophie ne peut rompre sa relation avec son amant : elle est enceinte.

 

On ne peut s'empêcher à la lecture de ce roman de plaquer des visages et des noms connus aux protagonistes qui parcourent ce roman ou d'établir des rapprochements avec certains faits réels qui se sont déroulés dans les années 80.

Il est simplement dommage que les parties chaudes (sic), pour ne pas dire torrides, de ce roman entachent l'intrigue. Les scènes de copulation gonflent inutilement le récit qui épuré de tous ces passages consacrés à la fellation, sodomie et autres gâteries, aurait pu s'inscrire comme un reportage.

Les scènes de sexe attirent une frange de lecteurs qui n'ont pas tellement besoin de ce genre de livres pour assouvir leurs fantasmes, à moins que de camoufler une hypocrisie certaine.

 

SAINT ROCH : Couronne à vendre. Collection Exclusif N°1. Editions Vaugirard. Septembre 1993. 256 pages.

ISBN : 9782285009954

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2 septembre 2019 1 02 /09 /septembre /2019 04:34

Un excellent roman sous un tel emballage, c’est comme verser un vin grand-cru millésimé dans un verre plastique…

Celia FREMLIN : L’heure bleue

Dur dur, d’être un bébé, chantait ( ?) Jordy en 1992. Dur dur d’être une maman pourrait scander Louise Henderson dont toutes les nuits sont perturbées par son fils Michael, sept mois. Elle n’en peut plus, d’autant qu’il faut assurer le ménage, la cuisine, et s’occuper de ses deux filles de huit et sept ans. Car son mari Mark est fort pris par son travail. Elle sait qu’il travaille dans l’aéronautique, mais sans plus.

Mais les plus embêtées par les cris quotidiens, ce sont peut-être les voisines. Car Michael ne se contente pas de pleurer la nuit, la journée aussi. Et quand il s’exprime, c’est comme si un camion de pompier, toutes sirènes hurlantes, passait et repassait dans la rue. En parlant de repasser, il faudrait aussi s’intéresser au linge en attente, au repassage, aux boutons à recoudre des chemises de Mark.

Sans oublier qu’une nouvelle locataire arrive et que la pièce située au second étage doit être débarrassée des livres de sa belle-mère. Justement Véra Brandon arrive. Miss Brandon, environ la quarantaine, habituée à donner des ordres puisqu’elle est enseignante. Et elle affirme qu’elle va s’arranger, pas la peine de s’inquiéter pour elle.

Elle est discrète, ne faisant aucun bruit, ou si peu, lorsqu’elle descend l’escalier ou lorsqu’elle rentre. Sauf quand elle veut que la famille Henderson sache qu’elle est là. Si discrète que lorsque Louise et sa belle-mère, persuadées que Vera Brandon est sortie, viennent récupérer les livres sur les étagères, se trouvent quasiment nez à nez avec la jeune femme. Elle est juste accoudée à sa table nette de tous papiers ou ouvrages.

Seulement un sentiment de déjà vu s’infiltre dans les esprits de Mark et de Louise. Mark est persuadé l’avoir rencontrée quelque part, mais où, impossible de fixer son attention sur un endroit précis. Quant à Louise, se sont les décalcomanies représentant des escales collées sur sa valise. D’autres personnes aussi s’en font la remarque, sans plus. Pourtant Louise n’est pas rassurée. Même si, un soir, Mark et Vera échangent autour du thème de Médée, un dialogue de spécialistes qui laisse Louise indifférente. D’ailleurs elle a Michael à s’occuper. Et elle est si fatiguée.

De petits faits l’importunent, lui titillent l’esprit. Une nuit, Michael étant particulièrement virulent, elle décide promener l’enfançon dans son landau. Elle va jusqu’au parc mais s’endort. Lorsqu’elle reprend ses esprits, plus de landau et bien évidemment, plus de gamin.

 

La tension monte de plus en plus, et il faudra la curiosité d’un gamin chargé de veiller sur Michael, car bien sûr, lorsque Louise a besoin de sortir pour une raison ou pour une autre, aucune de ses amies n’est disponible pour veiller dessus. Pourtant elles n’hésitent pas à requérir à ses services le cas échéant et Louise ne refuse jamais, ou n’ose pas.

Donc c’est ce gamin un peu trop curieux et indiscret, mais dans ce cas la curiosité devient une qualité, qui mettra le doigt sur la faille, ainsi que Margery et Harriet, les deux filles de Louise.

 

Celia Fremlin décrit la vie quotidienne d’une mère débordée par un gamin bruyant, le lot de bien des parents, peu aidée et devant supporter toutes les charges matérielles de la famille. Elle se rend souvent chez Nurse Fordham, afin de trouver une solution, mais il n’y en a pas. Et ses amies, toujours prêtes à en donner, avancent leurs théories souvent contradictoires.

Les préoccupations féminines sont exposées avec simplicité mais également avec force. Dans les années 1950, l’homme ne participait pas aux travaux ménagers et la femme au foyer se coltinait toutes les tâches. L’heure bleue est presque un reportage sur ces années qui suivent la fin de la guerre. Mais c’est surtout un suspense psychologique, dans lequel les différents personnages possèdent leur caractère entier, ou malléable, suivant les circonstances, avec des gamines, des adolescentes qui ne sont en rien intéressées par les événements extérieurs.

Vera Brandon s’impose à l’esprit du lecteur comme le protagoniste qui passe en coup de vent, s’efface à la moindre occasion et qui pourtant prend une place importante dans cette intrigue qui tourne autour d’un gamin et de sa mère somnolente en journée.

L’aspect policier est un prétexte, d’ailleurs seul un policier est présent comme figurant, mais c’est la confrontation intense et évanescente entre Vera Brandon et Louise Henderson qui prédomine. Quant aux autres personnages, on pourrait penser à des caricatures. Des pantins confits dans leurs jugements et leurs préjugés.

 

Depuis quelque temps, Le Masque a perdu son identité et son âme. D’abord cette couverture, horrible à mon humble avis comme on dit, est-elle susceptible d’attirer le lecteur ? Je ne pense pas, même si les libraires consciencieux proposent cet ouvrage dans le rayon polar.

Ensuite, l’affubler d’un bandeau l’annonçant comme Prix du Masque étranger de l’année, alors que ce roman date de 1958 et qu’il a été édité en France, dans la collection Le Masque Jaune justement, en 1996, c’est, il me semble, se moquer du monde. Le Masque se démasque et est tombé bien bas…

Première édition : Le Masque jaune N°2281. Librairie des Champs-Elysées.  Série Les Reines du crime. Parution septembre 1996. 284 pages.

Première édition : Le Masque jaune N°2281. Librairie des Champs-Elysées. Série Les Reines du crime. Parution septembre 1996. 284 pages.

Celia FREMLIN : L’heure bleue (The Hours before dawn – 1958. Traduction de Marie-Thérèse Weal). Collection Le Masque Poche. Editions Le Masque. Parution 5 juin 2019. 300 pages. 8,50€.

ISBN : 978-2702449264

Première édition : Le Masque jaune N°2281. Librairie des Champs-Elysées.  Série Les Reines du crime. Parution septembre 1996. 284 pages.

ISBN : 9782702426180.

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1 septembre 2019 7 01 /09 /septembre /2019 04:33

Et ailleurs…

Gilles VIDAL : A la gorge.

Six ans qu’il n’avait pas revu sa fille Liz, et voilà qu’elle débarque un beau jour chez lui, comme ça, sans crier gare, comme si de rien n’était.

Lorsqu’il l’avait vue pour la dernière fois, elle était en boutons (acné) et maintenant elle est fleur épanouie.

Lorsqu’il rentre chez lui, après être passé à l’hôpital afin de rendre visite à un légume, dommage collatéral suite à un accident dont Fred Boland fut témoin, elle est en train de lire confortablement installée. Lorsqu’il se sert comme à son habitude un whisky bien tassé, elle le regarde avec ce petit dédain qui incommode. Mais il ne va quand même pas changer ses habitudes, quand même.

Alors elle lui signale qu’un colis a été déposé à sa porte. Un paquet grand comme une boîte de chaussures, mais sans chaussures. A l’intérieur, une clé, une adresse, des instructions.

Alors il se rend à l’adresse indiquée, à une quarantaine de kilomètres de chez lui, mais comme il est méfiant, pour ouvrir la porte de l’appartement, il prend moult précautions. Il avait raison, un homme se cachait derrière, qu’il maîtrise facilement.

Mais lorsqu’il revient chez lui, plus de Liz ! Elle a été enlevée, kidnappée, prise en otage, et il n’est pas ravi !

 

De Fred Boland, on ne sait pas grand-chose ou presque. Est-il policier ? Est-il truand ? L’un des deux car il se déplace avec une arme à feu et des menottes plastiques. Et comme entre les deux, souvent la marge est minime, l’intervalle réduit à sa plus simple expression, restons dans le doute. De toute façon cela n’influe en rien sur l’intrigue.

Flic ou voyou comme disait le cinéaste, Fred Boland est un homme comme les autres. Presque. Mais un père assurément. Et il est prêt à tout pour récupérer sa fille. Mais en a-t-il le choix ?

Un texte subtil de la part de Gilles Vidal qui œuvre aussi bien dans les romans que dans l’écriture des nouvelles. Peut-être plus en fin de compte dans la nouvelle qui est un genre littéraire exigeant.

Seulement, et je le regrette, passer de 1,99€ à 2,99€ pour une petite vingtaine de pages, dans une version numérique, je ne sais pas si les lecteurs vont suivre. Le format papier a encore de beaux jours devant lui à ce prix.

 

Gilles VIDAL : A la gorge. Nouvelle numérique. Collection Noire sœur. Editions Ska. Parution le 27 août 2019. 18 pages. 2,99€.

ISBN : 9791023407808

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30 août 2019 5 30 /08 /août /2019 03:45

Et la femme démasque !

Maurice LIMAT : La maison des masques.

Un couple d’amoureux installés à la terrasse d’un café place de l’Alma, cela pourrait sembler banal. Pourtant ce couple, composé de Janine Perret et d’Olivier Denis, est en mission. Et leurs sourires, leurs étreintes, leur façon de se rapprocher et d’échanger des confidences cachent leur rôle d’agents du Cinquième Bureau français, chargé du contre-espionnage.

Ils surveillent de l’autre côté de la rue un mendiant aveugle accompagné d’un chien. Et ils essaient de repérer parmi la foule ceux qui glissent une pièce dans la sébile du quémandeur statique. Quatre ou cinq badauds ont retenu leur attention et ils aimeraient savoir si un papier n’a pas été déposé en même temps que l’obole.

Soudain Olivier Denis sursaute. Il vient de reconnaître en une jeune fille, qui a glissé un papier dans la main du mendiant, quelqu’un qui lui est cher. Domenica Still, surnommée l’Ange du mystère. Une espionne, redoutable agent international dont il est amoureux.

Olivier, voyant l’aveugle s’apprêtant à partir, décide de le suivre tandis que Janine téléphone au capitaine Caretti, leur responsable, afin de savoir quelle est la suite du programme.

Soudain, arrivés près du Trocadéro, dans une petite rue paisible, ils assistent à l’agression de l’aveugle par deux hommes qui tentent de s’emparer de son portefeuille. Seulement il s’agit d’un traquenard organisé à l’encontre des deux agents du Cinquième Bureau. Tandis que l’aveugle et son chien s’installent tranquillement dans une voiture qui rôdait, Janine est embarquée elle aussi et Olivier proprement assommé.

Lorsque Janine sort des vapes, elle se trouve dans une pièce dont les murs sont recouverts de masques blancs. Et elle reconnait en son ravisseur, qui porte lui aussi un masque et n’est autre que le faux aveugle, Monsieur X alias Marienborg l’Homme sans visage, un espion qu’elle connait bien. Mais elle en proie à un doute : voudrait-il la rendre aveugle ? Pendant ce temps Olivier recherche L’Ange du Mystère et les responsables du Cinquième Bureau ne chôment pas non plus.

 

Annoncé comme roman d’espionnage, La maison des masques n’utilise ce thème que comme prétexte, car le lecteur ne sait à aucun moment pour qui travaillent L’homme sans visage et L’Ange du mystère ni en quoi consiste leur mission et quel est leur but véritable.

Il s’agit surtout d’une histoire d’amour déguisée dans un environnement de mystère et de suspense. Même si les responsables du Cinquième Bureau sont sur les dents. Mais de toute façon, c’est leur mission.

Une historiette simple, sans prétention, qui permettait aux lecteurs un bon moment de lecture sans être obligés de se triturer les méninges. Mais pour autant, Maurice Limat se montre parfois lyrique dans ses descriptions et l’on sent que s’il en avait les possibilités éditoriales, il aurait pu écrire un ouvrage nettement plus conséquent.

 

Maurice LIMAT : La maison des masques. Collection 078 Services secrets N°39. Editions S.E.G. Parution 1er trimestre 1952. 32 pages.

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29 août 2019 4 29 /08 /août /2019 04:37

Cela ne vous rappelle rien ?

 

Jacques DELILLE. Les alcôves de Matignon.

Octobre 1985. La cinquantaine, veuf et en proie à un constant besoin de prouver sa virilité à des amantes de passage, Jean Récamel, le président du Parti des Réformateurs Libéraux, se rend sur le Caillou afin de démontrer que son parti s’inquiète des événements qui s’y déroulent.

Genevier, son chef de cabinet, conseiller et éminence grise, lui propose d’emmener dans ses bagages la belle Marie Ange Bourlon, une ex de Lounon, le grand argentier occulte du Parti. La jeune femme fait grosse impression sur Récamel qui la nomme six mois plus tard, alors que son parti sort vainqueur des élections législatives et que lui-même est désigné comme premier ministre, ministre de la Protection sociale. Le goût du pouvoir monte à la tête de « la Bourlon » et lorsqu’aux élections présidentielles Récamel ramasse une veste, elle complote, alliée aux quadras et affichant sa liaison avec un jeune loup. Genevier et Récamel s’arrangent pour lui faire payer sa trahison et Marie Ange est reléguée aux oubliettes.

Poussée par Michèle Gazarre, une ancienne conseillère de Récamel, et par Grégoire d’Armentières, le bailleur de fonds du PRL, elle tente un chantage auprès de son ancien amant, promettant de dévoiler ses liens avec l’Irak. Elle est réintégrée dans le staff de Récamel, à la surprise générale.

Lounon décède dans un accident de voiture : un suicide, déguisé en accident afin de ne pas remuer trop de vagues dans le paysage politique. Seulement Genevier, grâce aux renseignements d’un détective privé, la contre dans son entreprise. Il l’oblige à lâcher d’Armentières et Gazarre, lui promettant de faire libérer son frère, prisonnier en Italie à la suite d’une sombre histoire de drogue et d’homosexualité. Puis il s’arrange pour que la fille de d’Armentières, atteinte du complexe d’Oedipe, soit arrêtée sur la route, transportant un paquet d’héroïne.

 

On lit ce roman comme si l’on était dans un sous-marin explorant les bas-fonds d’un immense marigot où grouillent les crocodiles de la politique. Point n’est besoin de connaître à fond les arcanes de ce monde cruel pour reconnaître les personnages qui gravitent dans ce roman plus sérieux qu’il n’y paraît.

Chaque lecteur pourra mettre un nom sur les différents protagonistes de cette histoire, sans fatiguer ses méninges. C’est également un documentaire abordant les affaires de financement de partis, les fausses factures et autres pots-de-vin avec en filigrane les démêlés avec Saddam Hussein ou la Guerre du Golfe.

Les scènes de sexe, peu nombreuses, se limitent à d’aimables joutes libertines, alors qu’on aurait pu s’attendre à une débauche de stupre. Sous le pseudonyme de Jacques Delille se cache vraisemblablement un professionnel de l’écriture qui, pour une fois dans ce genre de collection, n’aurait pas eu à rougir de signer de son véritable patronyme.

Ceci se déroule en 1985, mais cela n’a guère changé depuis. A mon humble avis.

 

Dernière Minute (sic) :

Après quelques recherches, il semblerait que ce Jacques Delille ne soit autre que Philippe Randa, le fils de Peter Randa qui de son véritable patronyme se nommait André Duquesne. Philippe Randa a débuté sa carrière au Fleuve Noir en réécrivant certains titres de son père et en les republiant sous son nom. Depuis il a fondé des maisons d’éditions dont le but est de diffusé des ouvrages de l’Extrême-droite, dont il fait activement partie, notamment au GUD. Et signant de nombreux articles dans divers journaux et magazines, dont Minute. Bref, j’aurais su cela avant, pas sûr que je me sois penché sur ce roman.

Jacques DELILLE. Les alcôves de Matignon. Collection Exclusif N°2. Editions Vaugirard. Parution 3 décembre 1993. 240 pages.

ISBN : 978-2285009961

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27 août 2019 2 27 /08 /août /2019 04:45

En Normandie, une pouque, c’est une poche, un pochon, un sac de jute. Rien à voir…

Rodolphe BRINGER : Le crime de mademoiselle Pouque.

A trente-deux ans, Céline Pouque n’est toujours pas mariée. Elle n’est ni laide ni jolie, banale en quelque sorte. Mais elle n’a pas trouvé chaussure à son pied. Pourtant elle est généreuse et bonne. Pour preuve, elle ménage les insectes dont les araignées (ce n’est pas moi mais l’auteur qui affirme que les araignées sont des insectes) et cela lui ferait mal au cœur d’en écraser.

Elle avait un tel amour de la vie qu’elle la respectait même chez les bêtes les plus nuisibles. Elle n’eut jamais osé tuer une araignée, quelle que fut l’aversion qu’elle avait pour ces sales bêtes. Elle se disait que ces insectes, sans doute, avaient leurs joies comme les humains et qu’il était mal des les en priver. De plus, qui sait si l’araignée que vous écrasez n’a pas une famille qui attend après elle et qui sera désespérée de ne pas la voir revenir au logis.

Elle a été un temps enseignante en latin et grec dans un pensionnat religieux d’Avignon, étant devenue devenue orpheline de bonne heure, mais grâce à des héritages fort bien venus, elle a donné sa démission et depuis vit de ses rentes.

Pour autant elle ne néglige pas les sorties et rencontres. C’est ainsi qu’un soir elle fait la connaissance de Léonard Foulat, substitut du tribunal. Un quadragénaire portant beau. Elle est favorablement impressionnée par cet homme et réciproquement. Seulement, elle est aisée tandis que lui… Il l’est aussi, donc pas de frein à un éventuel mariage.

Hélas, lors d’un repas, Foulat narre aux participants comment il a envoyé à la guillotine un garçon de ferme convaincu d’assassinat. Et il insiste sur les détails dont les dernières minutes du condamné. Il n’en faut pas plus pour que Cécile Pouque rompe leurs fiançailles. Dépitée, elle se retire dans une villa, une partie de l’héritage, à Lapalud.

Son ancien locataire, un quinquagénaire célibataire, lui fait une petite visite de courtoisie, lui signalant qu’il est entomologiste et qu’il aimerait lui montrer sa collection. Lacune de mademoiselle Pouque, elle ne sait pas ce qu’est un entomologiste. Donc elle va satisfaire sa curiosité naturelle, et comme il ne lui a pas proposé de lorgner des estampes japonaises, l’honneur est sauf.

Mais pas sa dignité car lorsqu’elle découvre des vitrines emplies de planches sur lesquelles sont cloués des insectes de toutes espèces, elle rompt avec ce voisin meurtrier.

Pourtant, elle-même va commettre un crime. D’où le titre du roman. En effet, un soir elle aperçoit un chapeau, et sous ce chapeau, un homme qui tente de s’introduire chez elle en franchissant le muret qui entoure son jardin. Impulsive, elle se munit d’un revolver qu’elle a découvert dans un secrétaire, et elle tire. Elle vient de tuer un homme.

 

Le crime de mademoiselle Pouque est un conte charmant, écrit d’une plume élégante, dans lequel il réside un certain humour, surtout dans la chute.

On remarquera quand même, que, intentionnellement ou non, Céline Pouque est quelque peu naïve, malgré son statut d’ancienne, mais jeune, enseignante. D’ailleurs si elle est devenue professeur dans un pensionnat pour jeunes filles, c’est surtout par besoin, et que, lorsqu’elle hérite dans des conditions dramatiques pour elle, elle n’hésite pas à abandonner le professorat. Elle n’avait pas la vocation.

Le premier soin de Céline Pouque, quand elle se vit à la tête d’un si joli revenu, fut de donner sa démission de professeur. Décidément, ce métier ne lui plaisait point. Ennuyer de braves petites filles en leur enseignant tout un fatras qu’elle-même avait appris avec tant de peine, était au dessus de ses forces ! Elle acceptait très bien que ses élèves ne l’écoutassent point car elle estimait que ce qu’elle tâchait de leur apprendre était sans la moindre importance ou utilité. Bref, elle n’avait pas la foi et n’exerçait son métier que pour gagner son pain quotidien.

Il est dommage que l’illustrateur dévoile quelque peu un épisode crucial de l’intrigue.

 

Rodolphe Bringer, de son véritable patronyme Rodolphe Béranger, est né à Mondragon le 4 mars 1871 et décédé à Pierrelatte le 3 mai 1943. Il fut journaliste et écrivain, produisant un grand nombre de petits romans policiers ou pour la jeunesse. De nos jours il est oublié, ce qui est, à mon avis, fort dommage. Mais c’est le sort de nombreux romanciers dits populaires de cette époque.

Rodolphe BRINGER : Le crime de mademoiselle Pouque. Les romans du cœur N°123. Editions Rouff. Parution 1941. 32 pages.

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25 août 2019 7 25 /08 /août /2019 07:03

La poudre arrêt-curé n’empêche pas Requiem d’avancer mais lui permet d’effectuer

le grand nettoyage…

Stanislas PETROSKY : Opération Requiem.

Sollicité par madame de Saint-Bousiers, Requiem, le curé atypique dépendant directement du Vatican pour des enquêtes non officielles, est fort étonné de se trouver face à une vieille dame agonisante d’une stature impressionnante : 1,50m pour 30 kilos.

Il a été introduit, en tout bien tout honneur, dans la chambre de la vieille femme par son fils, Charles-Nicolas, mais Requiem tombe de haut lorsque la vieille dame, allongée dans son lit et apparemment à l’article de la mort, ressuscite et se conduit comme une jeune fille. Profitant du départ de son fils pour une occupation extérieure, elle mande à sa domestique de leur apporter un cordial. Maria se révèle être une accorte personne habillée comme une soubrette de théâtre, avec la lingerie adéquate et minimaliste enveloppant des formes avantageuses.

Après une boisson forte qui réveillerait un mort, ceci expliquant peut-être cela, et une collation digne d’un Gargantua, Nadine, puisque c’est le prénom de cette brave dame qui donne le change, Nadine confie une mission à Requiem. Rémunération conséquente à l’appui.

Esteban Lehydeux, véritable patronyme du curé attiré par les bonnes choses de la vie, alimentaires, liquides, sexe, se voit confier une mission de protection. Mais auparavant Nadine lui récapitule un peu les antécédents familiaux. Son mari a fait fortune dans la vente de breloques réputées pour leur efficacité non prouvée mais que les gogos achètent alléchés par des promesses non tenues. Bracelets, bagues porte-bonheur, colifichets en tout genre, fétiches… Décédé d’un infarctus, il ne devait pas porter un de ses gris-gris, le fils a pris la relève mais a étendu sa petite entreprise en vendant du rêve sous forme d’aphrodisiaques, poudres de corne de rhinocéros, d’antilope, de cocu, puis depuis peu, des safaris africains pour chasseurs fortunés et peu scrupuleux. Voila le tableau et Nadine est inquiète pour une jeune fille prénommée Elodie, qui à vingt ans est devenue écoterroriste et s’est mis en tête de contrecarrer les plans de Charles-Nicolas. Et Elodie n’est autre que la petite fille de Nadine, et non mon fils précise-t-elle (pour ceux qui suivent…).

Et c’est ainsi que Requiem s’envole pour l’Afrique du Sud, en compagnie de Cécile, sa coachonne (pour l’explication se reporter au roman en vente dans toutes les bonnes librairies, les salles de sport pour développer les muscles et pas que abdominaux, et autres endroits libidineux), sous le prétexte de rédiger un livre. Cécile prend les photos entre deux séances de décrassage dont je ne te dévoilerai pas la teneur vu que dans le roman ce n’est pas précisé.

Ils louent un bungalow dans le Parc Kruger, auprès de l’agence spécialisée appartenant à la société de Charles-Nicolas. Leur séjour est perturbé par les exploits bruyants d’un couple pachydermique de Teutons qui s’adonnent au simulacre de la procréation à la bête à deux dos. Ils remarquent que ceux-ci, leur petite séance sportive terminée, engagent un guide. Requiem et Cécile les suivent à bord d’un tracteur de brousse amélioré et c’est ainsi qu’ils vont sauver la mise d’Elodie qui poursuivait le couple d’Allemands (j’évite autant que faire ce peut les répétitions) à moto, lors d’une charge d’éléphants, de rhinocéros et autres mastodontes qui ne demandaient rien à qui que ce soit. Les autres, c’est-à-dire les cadavres germains, restant sur place afin d’engraisser la nature, ce qui évite l’épandage d’engrais.

Puis, nous retrouvons Requiem accompagné de Cécile et Elodie à bord d’un navire se rendant vers les îles Féroé à la poursuite d’un baleinier nippon mais mauvais. Je ne vous dévoile rien, puisqu’une partie de cet épisode constitue le premier chapitre du livre. Mais il est à remarquer que Requiem se conduit en amoureux des animaux, particulièrement des poissons, puisqu’il n’hésite pas à les nourrir, penché sur la rambarde, en délestant son estomac.

 

Comme vous l’avez compris, ce roman catalogué policier est surtout une diatribe contre les chasseurs de fauves, cette huitième plaie de la nature, et Requiem, via l’auteur, prend la défense (normal lorsqu’il s’agit d’éléphants) des animaux dits sauvages, mais moins sauvages que les humains qui les traquent pour ramener des trophées destinés à l’édification de leurs amis.

Le tout conté avec humour mais qui s’avère un véritable pamphlet contre ceux qui affichent leurs photos de carnage sur les réseaux dits sociaux. Preuve nous en fut donnée il n’y a guère. Tout un système, vous dis-je.

A signaler que chaque tête de chapitre se rapporte à un animal en voie de disparition avec une note en bas de page humoristique mais pas que… Dommage qu’un sommaire ne figure pas en fin d’ouvrage afin de répertorier tous ces chapitres, ce qui donnerait une vue d’ensemble non négligeable.

Mais ce qui n’est pas en voie de disparition, ce sont les coquilles glissées dans le texte.

 

Au bout d’un moment ça va se voir que je pilote un bateau aussi bien qu’un président gouverne la France. C’est-à-dire sans savoir comment faire et encore moins où on va.

 

A lire également dans la série des Requiem :

Stanislas PETROSKY : Opération Requiem. Collection Polar. Editions French Pulp. Parution le 11 juillet 2019. 224 pages. 17,00€.

ISBN : 979-1025104767

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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