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8 novembre 2019 5 08 /11 /novembre /2019 05:31

Sous ce pseudonyme se cache Giova Selly, auteur de romans policiers et historiques au Fleuve Noir.

 

Véronica BALDI : Un homme effondré.

Si elle n’a pas le nez de Cléopâtre, Jessica Bower possède un sens olfactif particulièrement développé, indispensable dans son métier.

D’origine française, elle vit aux Etats-Unis de son nez. Elle est chargée de reconnaître les différents composants des parfums qui sont élaborés et alimentent le marché du luxe. Son patron la charge d’aider à sortir du gouffre une distillerie de parfums installée près de Grasse. C’est pourquoi elle atterrit à Nice où elle est accueillie par Gilles Mansour qui se présente comme le demi-frère de Thibault Pérols, le patron de la parfumerie en déliquescence. Dans le même temps son patron a envoyé sur place des experts-comptables chargés d’éplucher les comptes de la société.

Gilles Mansour en est le directeur commercial mais ne possède pas les capacités olfactives de Thibault. Mais si Thibault est à l’origine de parfums prestigieux, son aura a faibli depuis son drame conjugal. Son nez a perdu de son acuité à cause du tabac et de l’alcool qui imprègnent désormais son quotidien.

Jessica sent que la tâche de remonter l’entreprise familiale sera rude d’autant qu’arrivée sur place elle est accueillie fraîchement par une partie du personnel, les anciens, tandis que les plus jeunes sont satisfaits de son partenariat.

Les amis et les membres de la famille Pérols se montrent affables, en apparence, mais sous leurs sourires, Jessica décèle une sombre jalousie. Pourtant elle parvient à apprivoiser Thibault, jusqu’à un certain point, lorsqu’elle démontre ses qualités en matière de parfums, sachant différencier les divers composants. Elle se heurte toutefois à un refus lorsqu’elle exprime l’idée d’ajouter des parfums de synthèse dans l’élaboration de nouveaux produits. Et puis, elle est déçue par l’installation vieillotte de la distillerie, des procédés de distillation par vapeur d’eau.

Ici, rien des laboratoires américains, sophistiqués, à la pointe de la technique. Tout avait l’air assemblé de bric et de broc. Comment pouvait-on fabriquer les plus prestigieux parfums dans ce qui ressemblait à un Meccano géant ?

 

Elle relève des tentatives de sabotage et un peu plus tard un incendie se déclare dans la distillerie.

 

Roman d’amour, collection oblige, Un homme effondré met en avant la lente dégringolade d’un parfumeur célèbre qui n’arrive pas à remonter la pente. Des drames s’ensuivent mettant en péril des vies, sans compter sur l’avenir de l’entreprise familiale.

Si l’histoire est bien amenée, mais il ne fallait pas en douter car Giova Selly a démontré par ailleurs son talent de romancière, aussi bien dans le domaine policier que celui historique, l’intérêt réside surtout sur le travail d’un Nez, et les différentes parties de la naissance d’un parfum inédit.

Une intrigue originale dans un décor et un contexte originaux eux aussi. Comme quoi les petits romans considérés comme des romances faciles peuvent aussi s’avérer intéressants, plus parfois que certains romans qui ont les honneurs de la critique et qui, à mon avis, sont surfaits.

 

Véronica BALDI : Un homme effondré. Collection Nous Deux 2eme série N°80. Editions EMAP. Parution 2 novembre 1999. 128 pages.

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7 novembre 2019 4 07 /11 /novembre /2019 07:55

Hommage à Ernest J. Gaines, décédé le 5 novembre à l’âge de 86 ans.

Ernest J. GAINES : Colère en Louisiane.

A l’époque où l’individualisme, prôné par des hommes politiques, est devenu le maître mot, la valeur de ceux qui réussissent, la solidarité ne sera jamais un vain mot. Je ne parle pas de la solidarité entre nations lors d’événements climatiques dramatiques, lors de catastrophes humanitaires. Ni de la solidarité nationale lorsqu’il s’agit de mettre la main à la poche pour aider de grandes causes médicales, surtout lorsque ce sont les moins riches qui donnent le peu qu’ils possèdent. Ni de la solidarité des musiciens qui enregistrent un disque pour telle ou telle cause, et dont certains participants au nom tombé dans les oubliettes espèrent grappiller une part du succès et un retour en grâce. Non je pense à cette poignée d’hommes qui pour sauver un frère de sang s’accusent d’un crime qu’ils n’ont pas commis comme dans Colère en Louisiane de Ernest J. Gaines.

Se déroulant à la fin des années 1970, ce roman polyphonique a pour décor les environs du bourg de Bayonne, non loin de Bâton-Rouge et plus exactement une plantation où vivent dans des baraquements des Noirs.

Beau Boutan, le contremaître brutal de la plantation Marshall, vient d’être abattu. Tout accuse le vieux Mathu, mais Candy l’héritière ne veut pas qu’il soit emprisonné par Mapes le Sheriff, et encore moins la proie de Fix, le grand frère de Beau. Car elle sait qu’en guise de vengeance celui-ci pendra haut et court un vieux Noir sans défense. Alors elle rameute le ban et l’arrière-ban de tous ceux qui vivent sur la plantation, même ceux qui résident à quelques kilomètres de là.

Lorsque le Sheriff arrive, il est confronté à une vingtaine de vieillards, tous armés d’un fusil calibre 12, comme celui de Mathu, et ayant tous tirés des balles de 5. Candy s’accuse mais les autres aussi, chacun ayant sa propre explication pour justifier son présumé geste meurtrier. Ils entament chacun leurs récriminations, envers Beau et Fix en tête car tous ont eu à subir avanies, humiliations, vexations, mortifications dans leur chair et celle de leurs familles. Mapes sait pertinemment qu’on lui ment, mais il écoute car lui aussi redoute l’arrivée de Fix et peut-être le carnage qui pourrait s’ensuivre. Car tous ces vieux Noirs, s’ils possèdent un fusil, souvent pour aller à la chasse, ne s’en servent que rarement et loupent la plupart du temps leur gibier.

Mais quand d’anciens esclaves, habitués à courber l’échine devant les Blancs, à se laisser battre pour un oui ou pour un non, se révoltent, qu’ils se serrent les coudes, alors ils deviennent des Hommes et non plus du bétail, malgré ceux qui les considèrent toujours comme des moins que rien, ces Blancs qui veulent appliquer la loi de Lynch, à la rigueur les passer à la chaise électrique. Des personnes imbues de leur prétendue supériorité comme Luke Will qui va avec sa petite bande les défier à la place de Fix qui jette l’éponge sous les arguments de son jeune frère Gil qui à l’université s’est lié d’amitié avec Cal. Un Blanc et un Noir amis, jouant tous deux au football et qui s’entendent comme larrons en foire sur le terrain, si bien qu’ils ont été surnommés Poivre et Sel.

Dans Colère en Louisiane, ce sont quinze voix qui s’expriment, qui narrent les faits, de la fin de la matinée où tout se déclenche jusqu’au bout de la soirée qui voit son épilogue. Chacun raconte à sa façon, avec ses mots, avec ses tripes, ses rancunes, ses inimitiés, ses incertitudes, qu’il appartienne à un clan ou à un autre, les événements.

Les passions sont exacerbées, les haines se développent au grand jour, résurgence d’un chancre entretenu par le Klan encore aujourd’hui, ou soubresaut d’un animal en fin de vie. Mais tant qu’il restera un souffle, si minime soit-il, il se trouvera bien un quidam ou un homme politique, pour le réanimer et souffler sur les braises du racisme et de la ségrégation.

Ernest J. GAINES : Colère en Louisiane. Collection Piccolo n° 30. Editions Liana Levi. (A gathering of Old Men – 1983. Traduction de Michelle Herpe-Voslinsky). Réédition 2 mai 2019. 288 pages. 11,00€.

ISBN : 979-1034901562

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7 novembre 2019 4 07 /11 /novembre /2019 05:03

Nos qualités se remarquent plus quand on est mort !

Béatrice NICODEME : La mort au doux visage.

Clouée sur son lit d’hôpital, Laure Favier, pharmacienne de son état, séparée de son mari âgé de trente ans de plus qu’elle, est dans l’incapacité de se rappeler les circonstances de l’accident dont elle est victime. Ce qu’elle déclare aux gendarmes.

Selon le conducteur de la voiture qui l’a heurtée, l’agent immobilier qui lui a vendu sa maison, elle marchait au milieu de la route. Débouchant d’un virage, il n’a pu l’éviter.

L’adjudant-chef Rémi Bechtel et son adjointe Fabienne Robin, ont une autre affaire sur les bras : la disparition du jeune Jan Dobry, dix ans. Quittant précipitamment ses copains de jeux, il était parti en vélo. Sa mère inquiète avait téléphoné chez Laure, chez qui elle effectue des heures de ménage. Selon des témoins, Jan se serait dirigé à vélo vers la maison de Laure.

La jeune femme est en proie à des cauchemars mettant en scène ses parents, son père décédé quelques mois auparavant, ou sa jeune sœur avec laquelle elle s’est brouillée. Célibataire, Laetitia lui avait annoncé qu’elle attendait un enfant alors que Laure lui reprochait ses trop nombreuses frasques.

A sa sortie de l’hôpital, Laure découvre le cadavre de sa sœur dans sa maison. La mémoire lui revient soudain en partie : elle avait trouvé le corps de Laetitia, vision qui l’avait profondément choquée, provoquée son amnésie et l’accident.

Le corps du petit Jan est lui découvert dans la forêt, le jour de l’enterrement de Laetitia, dans une cabane abandonnée. Il y a été déposé après les recherches des gendarmes, avec dans les mains des brins de bruyère blanche de la même espèce que celle poussant dans le jardin de Laure. Son visage a été enduit de poudre de riz et Bechtel trouve près du cadavre un poudrier ayant appartenu à la jeune femme.

Si les soupçons des gendarmes se focalisent sur Laure, ils n’en dédaignent pas moins ses proches : son amie Estelle et son compagnon Jefferson, libraire, Claude son mari qui fut proche de son père, Me Billy un avocat réputé, les employés de la pharmacie et l’agent immobilier.

 

Ce titre La mort au doux visage, que l’on croirait emprunté à un roman de la collection Harlequin ou à un ouvrage de M.H. Clark, n’est cependant pas usurpé car tous les protagonistes, du moins les défunts, possèdent un visage quasi angélique, même Jan, le petit garçon.

Et c’est bien l’enfance qui prévaut dans ce livre : les morts certes, mais également l’origine des drames vécus par Laure qui engendrent des cauchemars dans lesquels se mélangent réel et virtuel, l’annonce de la grossesse de Laetitia, sans oublier l’assassin et les personnages secondaires qui tous ont subi des traumatismes durant leur prime enfance ou le début de leur adolescence.

Le gendarme Bechtel lui non plus n’est pas épargné car sa première femme est retournée au Brésil emmenant leur enfant, et sa nouvelle compagne refuse d’être enceinte pour des raisons qui lui sont propres.

Et si l’identité du coupable intervient un peu comme un cheveu sur la soupe, l’intérêt du livre réside sur la résurgence des drames du passé, et sur la faculté des personnages à s’en accommoder. Les rapports entre Bechtel et son adjointe Fabienne sont assez savoureux et apportent une petite note d’humour.

 

Réédition J’ai Lu N°7314. Parution 1er juin 2004. 510 pages.

Réédition J’ai Lu N°7314. Parution 1er juin 2004. 510 pages.

Béatrice NICODEME : La mort au doux visage. Le Masque Moyen format. Parution 15 octobre 2002. 448 pages.

ISBN : 978-2702479537

Réédition J’ai Lu N°7314. Parution 1er juin 2004. 510 pages.

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5 novembre 2019 2 05 /11 /novembre /2019 04:38

D’admirateurs ?

Yves DERMEZE : Lucette et ses millions.

Timide et rougissant, Jacques Dubreuil, jeune homme bien sous tout rapport physiquement, hèle Lucette qui vient de jouer au tennis et a oublié une de ses raquettes sur le terrain.

Il ne savait pas trop comment l’aborder et il est fort content d’avoir trouvé cette opportunité. Lucette est entourée de quelques jeunes gens, des admirateurs sans nul doute, dont le marquis Hugues de Marchal. Il est vrai que Lucette Vidal est la descendante d’une des plus grosses fortunes de France, et une barrière invisible se dresse en général devant les prétendants possibles mais désargentés.

A la faveur d’une partie de tennis en double, Jacques Dubreuil se lie avec Hugues de Marchal, ce qui lui permet d’être invité au bal du casino le soir même. Il danse avec Lucette, qui est un peu la reine de la soirée, et se présente comme le neveu d’Hervé Kerdrec, lequel dirige la banque Franco-Malgache. Coïncidence ? Le grand-père de Lucette est en relation d’affaires avec le banquier. Au cours des quelques danses que lui accorde la jeune fille, Jacques Dubreuil affirme qu’il ne peut rester longtemps dans cette ville d’eau, le travail l’appelant, et Lucette lui suggère peut-être de se retrouver dans la capitale. Elle est rougissante et ressent un certain malaise en sa présence. Serait-elle amoureuse ?

Cela ne l’empêche pas de partir comme prévu en croisière en Méditerranée, à bord de son yacht, le San Madre. Et justement le capitaine du yacht, Ludovic Hanson étant présent, elle lui présente le jeune homme. Bizarrement, l’ancien radiotélégraphiste du bord doit être remplacé par un certain Dubreuil. Il ne s’agit pas d’une homonymie patronymique. Jacques Dubreuil est bien celui qui est embauché comme radiotélégraphiste.

Mais sur le yacht, qui vogue en pleine mer, des incidents étranges se produisent, dont un vol de bijoux. Et Lucette s’étant renseignée, il apparait que Jacques Dubreuil n’est pas le neveu du banquier. Son nom est inconnu des effectifs. Alors, tout naturellement les soupçons se portent sur ce jeune homme bien sous tout rapport, en apparence !

 

Sous cette histoire d’amour se cache une intrigue policière plaisante. Les personnages sont bien campés et celui de Jacques Dubreuil assez ambigu prête à confusion. Mais l’auteur possède ses raisons pour le décrire ainsi.

On ne peut pas dire qu’il s’agit là d’un grand Dermèze, et ceci indépendamment du nombre de pages, mais cela se lit facilement au retour du travail, entre deux stations de métro. Ce qui était le but de ces petits fascicules : procurer un moment de détente à moindre frais entre deux soucis.

Cette collection ainsi que la collection Haute Police, du même éditeur, furent alimentées principalement par Yves Dazergues sous ses différents pseudonymes, Serge Marèges, Paul Mystère, Steve Evans et même sous son véritable patronyme de Paul Bérato. Mais on retrouve également la signature de Max-André Dazergues sous différents alias.

A noter que la quatrième de couverture proposait le début du prochain roman à paraître. Pour ce numéro, il s’agit de La noblesse d’aimer de Max-André Dazergues justement.

 

Yves DERMEZE : Lucette et ses millions. Collection Amour et Charme N°17. Editions Diderot. Parution juillet 1945. 20 pages.

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2 novembre 2019 6 02 /11 /novembre /2019 04:58

Auprès de ma blonde…

Jean Pierre ANDREVON : La mort blonde.

Annecy et sa région n'avaient pas connu cette effervescence depuis belle lurette: une série de crimes, ayant pour victimes d'innocents automobilistes, alimente les colonnes des journaux.

La gendarmerie et les policiers sont sur le pied de guerre. Seulement la maréchaussée n'a rien, pas le moindre début de commencement d’embryon de petit peu de pas grand-chose de morceau d'indice. Que des cadavres éventrés à l'aide d'un pique-feu. Et le vol ne semble pas être le motif de ces agressions.

Pour Jean Yves Letranchant, photographe de presse, c'est l'occasion rêvée de se faire un nom, lui qui voudrait connaître la consécration en devenant un nouveau Doisneau. A vingt cinq ans il est ambitieux et sa liaison avec la fille de riches commerçants de la cité pourrait lui ouvrir de bien agréables horizons, si seulement Martine ne se montrait pas parfois si distante.

L'une des victimes a eu le temps, avant de décéder, d'inscrire avec son sang, un message sur la portière de sa voiture. Blond. Pour l'inspecteur Sentier, il ne peut s'agir que de la description d'une femme, la meurtrière selon toute vraisemblance. Blonde comme Martine, qui se rend le soir à de mystérieux rendez-vous. Blonde comme Camille, la jeune femme qui habite les Combes, un château délabré, situé au centre du triangle macabre. Blonde comme Agnès, la mère de Camille, qui ne porte pas son âge, et qui vingt ans auparavant a défrayé la chronique.

 

Jean Pierre Andrevon, plus connu des amateurs de science-fiction et de fantastique, s'est lancé depuis quelque temps dans l'écriture de romans policiers, alliant le thriller au suspense, et ceci avec une certaine réussite. L'atmosphère prévaut dans ce genre d'ouvrage et il maîtrise à fond son sujet.

Le lecteur qui tel un arbitre assiste à l'enquête tout en accompagnant le meurtrier, ou la meurtrière, dans ses forfaits sans toutefois en connaître l'identité, suit cette histoire avec un véritable intérêt.

Jean Pierre Andrevon sait fort à propos brouiller les pistes et nous faire partager les démêlés amoureux de son héros photographe. Et ceci n’est pas un cliché !

 

Jean Pierre ANDREVON : La mort blonde. Collection Crime Fleuve Noir N°45. Editions Fleuve Noir. Parution octobre 1993. 188 pages.

ISBN : 9782265049765

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31 octobre 2019 4 31 /10 /octobre /2019 05:00

Oh, oh, oh, jolie poupée…

André DUCHÂTEAU : La vieille dame à la poupée.

A plus de X ans, par courtoisie on ne dévoile pas l’âge d’une dame, Elisabeth Grovisse joue encore à la poupée.

Ce n’est pas un signe de sénilité ou d’infantilisme de sa part, non, non ! D’abord elle est collectionneuse et son engouement pour ces jouets de collection l’amène à écumer les salles de vente spécialisées.

De plus, elle s’amuse à faire enrager sa famille, sa sœur, ses enfants, gendres et petits-enfants, qui la pressent de passer la main. Jouer à la poupée est un aimable divertissement mais ce n’est pas son occupation première.

Directrice et principale actionnaire du journal hebdomadaire Tout fondé par son mari, elle refuse de vendre à un important groupe de presse allemand ce qui constitue son patrimoine et sa légitime fierté.

Elle restera propriétaire quoi qu’il arrive, malgré les pressions exercées par son entourage familial ou ses principaux concurrents.

Et puisqu’elle rejette systématiquement toutes les propositions qui lui sont faites, les petites tracasseries, les tourments, les tentatives pour l’effrayer se multiplient.

Elisabeth se décide à engager un détective privé, Max Ruitter, mais l’enquête de celui-ci semble précipiter les événements. Lui-même est pris à partie par un mystérieux inconnu.

 

André-Paul Duchâteau, s’il est surtout connu par ses scénarios de bandes dessinées en compagnie de son compère Tibet, principalement pour la série Ric Hochet, est également un très bon auteur de romans policiers.

Il a débuté en littérature en 1942 avec un roman intitulé Meurtre pour meurtre paru dans la collection Le Jury dirigée par Stanislas André Steeman.

Mais si son œuvre romanesque est quelque peu occultée par le personnage de Ric Hochet, il ne faut oublier qu’André-Paul Duchâteau a obtenu le Grand prix de littérature policière en 1973 pour de Cinq à sept avec la mort.

 

André DUCHÂTEAU : La vieille dame à la poupée. Collection Les Maîtres de la Littérature policière. Editions du Rocher. Parution 1er juin 1989. 212 pages.

ISBN : 978-2268007953

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30 octobre 2019 3 30 /10 /octobre /2019 05:29

Des étoiles affamées ?

Claude AMOZ : Etoiles Cannibales.

Nul ne sait pourquoi il s’était surnommé Gégène. A cause de la guerre d’Algérie, par réminiscence d’un incident électrique lorsqu’il était jeune ? Ni comment il a atterri à Viatre, petite commune au bord du Rhône.

Gégène a été retrouvé mort sous la passerelle où il dormait, arrosé d’essence, brûlé. Jonas qui couchait près de lui n’a rien entendu, rien vu, trop abruti par son absorption de Baleine rose, mélange de sirop à la framboise et de vin blanc.

Gégène et Jonas se rendaient quotidiennement au Foyer, afin de trouver une pitance préparée par Habiba, la cuisinière. Mais ils ne voulaient plus faire partie des Apprentis, obligés d’effectuer de petits travaux d’entretien. Quelques jours plus tard, Nakusha, une jeune fille malingre, atteinte d’anorexie mentale, et qui a vécu elle aussi au foyer, est retrouvée défenestrée, gisant au pied d’un immeuble laissé à l’abandon. Un suicide ?

Jonas recueille une chienne éclopée, à qui il ne subsiste qu’un moignon à la patte antérieure gauche. L’animal avait été attaché à la passerelle et Jonas a coupé le lien qui le retenait prisonnier, presque malgré lui, un reste d’humanisme. La chienne est mal en point, et lorsque Jonas confie la bête à Odile, vétérinaire et sœur de Jef, l’animateur du foyer, c’est pour apprendre que l’espèce de cicatrice qu’elle porte au cou est une plaie de brûlure.

D’autres disparitions surviennent et entre Odile et Habiba s’établit une complicité qui les amène à penser que le directeur du Foyer, le Chameau, est le coupable de ces meurtres. Le Taleb, un sorcier qui prodigue conseils et médecines imaginaires, la plupart du temps à des femmes recherchant l’âme sœur, déstabilisées dans leurs relations affectives, contre trois billets de valeur différente, cherche lui aussi à comprendre les évènements.

 

Chacun des protagonistes de ce roman, qu’il soit d’un côté ou l’autre de la barrière sociale, recèle en lui une profonde meurtrissure issue presque toujours de l’enfance ou de l’adolescence. Ce qui explique souvent leur comportement de marginaux ou d’êtres qui s’apitoient, plus ou moins ouvertement, sur les autres.

Mais ce livre nous oblige aussi à porter un regard différent sur les sans abris, les exclus, les marginaux que nous rencontrons aux portes des magasins ou établissements financiers.

Il nous apprend la compassion et à réfléchir sur ces êtres dont nous ne pouvons croiser le regard, par la faute d’a priori, de colportage de ragots, comme quoi ce ne sont que des ivrognes et des feignants.

Nous ne savons pas pourquoi ils sont ainsi en marge, leur refusant le plus souvent l’aumône d’une pièce, d’un sourire, d’un bonjour. Une œuvre forte, dense, poignante, réaliste, qui met le doigt où ça fait mal, mais qui se refuse à toute démagogie.

 

Claude AMOZ : Etoiles Cannibales. Collection Rivages Noir n°487. Editions Rivages. Parution 3 octobre 2003. 272 pages.

ISBN : 978-2743611682

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29 octobre 2019 2 29 /10 /octobre /2019 05:17

Un roman nippon ni mauvais !

James MELVILLE: Le samouraï récalcitrant

Dans l'incendie d'un immeuble appartenant à une famille locale des yakuza, la mafia japonaise, les policiers retrouvent le corps d'une jeune femme. Il s'agit de Marianna Van Wijk, ressortissante hollandaise qui séjournait à Osaka afin de parfaire la langue nippone. Elle effectuait un stage dans une société pharmaceutique, mais ce n'est pas cela qui gêne les subordonnés du commissaire Otani.

Une photo a été retrouvée dans son sac à main, un cliché représentant Otani en compagnie de sa famille dans un parc de loisirs. Hanae, la femme du commissaire, avoue avoir entraperçu leur gendre Akira embrassant en pleine rue celle qui devait périr dans l'incendie. Or, Akira a disparu, ne remettant pas les pieds chez lui et sa femme Akiko s'inquiète.

Les soupçons pèsent sur Akira, même s'ils ne sont qu'évoqués, et Otani se doit, par respect du règlement, se retirer de l'affaire confiée à ses collaborateurs. Akira et Marianna se sont connus en Angleterre alors que le Nippon était avec sa famille pour le compte de son entreprise dans la capitale britannique. Leur liaison a repris lorsqu'ils se sont rencontrés à Osaka.

Otani, enquête en marge et par Akiko découvre que son gendre, dont le passé de gauchiste le poursuit, avait des relations avec le directeur d'un laboratoire pharmaceutique et un ancien condisciple reconverti dans le zen. Ses adjoints rencontrent Penny Johnston, qui hébergeait Marianna et secrétaire du directeur de recherche du laboratoire de pharmacie. La jeune femme parait effondrée.

Les connivences entre Akira et la mafia semblent étroites et le procureur est persuadé que le disparu est véritablement impliqué dans cette affaire. Pas dans l'incendie qui serait imputé aux yakusa lesquels l'aurait provoqué afin de toucher l'argent de l'assurance, mais dans le meurtre de la ressortissante batave.

La mère d'un mafieux emprisonné cherche à négocier la relaxation de son fils en avouant avoir vu des yakusa pénétrer dans le bâtiment peu avant l'incendie ainsi qu'avoir aperçu Akira en compagnie de Marianna. Le rôle de Murata, le directeur de recherche n'est pas clair. Il aurait mis au point un médicament destiné aux femmes, mais dont les effets seraient plus du domaine sexuel que thérapeutique.

 

Ce roman, qui date de 1988, outre l'enquête d'Otani et les problèmes familiaux auxquels il est confronté, pose le problème avec dix ans d'avance sur les recherches médicales et surtout pharmaceutiques.

A l'heure où le Viagra fait tant parler de lui, ou les problèmes de dopage dans les milieux sportifs retiennent l'attention, l'apparition d'un médicament dont les effets secondaires ne sont pas toujours mesurés avec certitude, et la commercialisation mercantile qui peut en être faite, pose la question de l'éthique.

James Melville aurait pu prendre un pseudonyme japonais sans que quiconque trouve à redire tant la description des us et coutumes du Pays du Soleil Levant sont décrites avec précision. La touche personnelle dans les démêlés familiaux du commissaire apportant ce petit plus qui débanalise le roman à énigme pour en faire un roman humaniste.

 

James MELVILLE: Le samouraï récalcitrant (The reluctant ronin – 1988. Traduction de l'anglais par Gilles Berton). Grands détectives 2871. Editions 10/18. Parution 5 septembre 1997. 318 pages.

ISBN : 2264025522

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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 04:24

Mais ce n’est pas une épure…

Sonja DELZONGLE : Le hameau des Purs.

Heureux qui, comme l’Oncle Paul, a fait un beau voyage dans l’univers littéraire tortueux du Hameau des Purs sous la houlette du guide Sonia Delzongle.

En effet l’intrigue emprunte des chemins sinueux, jalonné de chausse-trappes, de bifurcations, de ronds-points, de panneaux indicateurs signalant des retours en arrière, et autres vicissitudes vicinales propres à égarer le lecteur. Mais celui-ci, un peu obstiné comme tout lecteur friand de découvertes, prend des repères et arrive au bout de l’ouvrage tout en se demandant toutefois s’il ne s’est pas un temps fourvoyé.

Si je devais employer une métaphore mobilière pour décrire ce roman, je dirais qu’il s’agit d’un meuble à multiples tiroirs. Mais attention, pas du meuble industriel suédois, à monter soi-même, recouvert d’une feuille de papier plastique qui retient les particules de sapin, et qui s’effondre à la première secousse. Non ! Mais d’un meuble conçu et fabriqué par un ébéniste qui utilise du bois noble, le peaufine en élaborant des circonvolutions à l’aide de gouges de tailles différentes et le recouvre de marqueterie.

Par exemple par un André-Charles Boulle, un Charles Spindler, ou un Pierre Golle. Du massif qui s’avère léger, avec des tiroirs apparents, des fonds secrets, des caches, qui recèlent toutes sortes de babioles et d’objets qui s’apparentent à des cadavres dans un placard.

 

Si je me suis servi de cette image sylvestre, c’est bien parce que la forêt en est l’un des décors plantés au fin fond d’une campagne dans laquelle se niche un hameau. Le Hameau des Purs, une congrégation qui ressemble à celle des Amish. Une communauté qui vit quasiment en autarcie, ne fréquentant pas les villageois établis à quelques kilomètres du hameau, et qui ne sont pas assujettit à de petits plaisir modernes, tels que phonographe, radio, et autres bricoles pouvant les rattacher à un monde moderne considéré comme pervers. Ils sont vêtus à l’ancienne, les femmes de robes longues, grises, ternes, les hommes de chemises à carreaux, le chef recouvert de chapeaux à larges rebords. Et ils se déplacent à bord de carrioles, toujours en groupe, comme pour se protéger d’éventuelles agressions.

La petite Audrey est amenée durant les vacances par ses parents. Le père, natif du hameau, s’est émancipé mais devenu avocat aide parfois les Purs dans leurs démêlés. Audrey vit entourée durant ces périodes avec Ma Grimaud et Abel, ses grands-parents. Elle fréquente, malgré que celui-ci ne fasse pas vraiment partie de la communauté, le Gars, Léman de son prénom. Il vit chez sa grand-mère, la Crochue, de rapines, braconne, et a pour compagnon un corbeau et est affublé d’un bec-de-lièvre. Il possède une technique rapide et impitoyable pour dépiauter les lapins et autres bêtes à fourrure qu’il attrape au collet. Cette inclination n’est pas du goût de tous, mais Audrey est une gamine indépendante. Elle fréquente aussi parfois Gauvain, un autiste, ou Isobel, une sourde et muette dont les parents bientôt interdiront toute visite de la part d’Audrey.

 

Quelques années plus tard, Audrey devenue journaliste, retourne sur ce lieu qui est le théâtre d’un double drame. L’Empailleur continue à perpétrer ses méfaits, à dates régulières. Le cadavre d’un individu est retrouvé vidé de ses entrailles, de ses os, et l’enveloppe humaine, bourrée de pierres et de mousses, est recousu, telle une peluche. Des habitations du hameau ont été incendiées et dans les décombres ont été retrouvés sept corps dont l’identification est difficile à établir. Elle enquête pour le compte de son journal, malgré sa réticence à revenir sur les lieux qui ont marqué son enfance, en compagnie de l’inspecteur Frank Tiberge et de son adjoint Lagarde.

Ce retour aux sources fait resurgir toute une époque avec son lot de frayeur, de peur, de frissons, de petites joies indicibles dont le chat Dickens qui se couchait avec elle le soir lui réchauffant les pieds. Des interrogations aussi avec l’accident qui s’est produit au lieu-dit de La Femme Morte, et surtout la découverte d’un album-photos, d’une lettre en provenance d’Israël, et les révélations parcimonieuses de Ma Grimaud. Et surtout du docteur Bonnaventure, un Noir intransigeant, désagréable, qui n’accepte aucune compromission.

Et la mort rôde, s’infiltrant insidieusement dans l’esprit de la gamine, la hantant au point que « Depuis que j’avais appris qu’on pouvait mourir de rire, je ne riais plus ».

Les tiroirs s’ouvrent et se referment, dévoilant peu à peu les secrets qui se nichent dans les recoins, mais le fouillis indescriptible réside bien dans les caissons du bas, où tout est mélangé, emmêlé. Un embrouillamini qui s’éclaircit peu à peu tout en gardant quelques zones d’ombre. Un épilogue qui explique tout, ou presque car l’auteur joue finement avec les miroirs qui se reflètent les uns dans les autres, découvrant des pans d’histoire, invisibles au départ et qui à nouveau rentrent dans l’ombre au profit d’autres, au fur et à mesure que le lecteur approche du mot fin (qui d’ailleurs n’est pas imprimé).

Un roman qui flirte avec le fantastique, comme lorsque l’on tente d’explorer la psychologie de personnages vivant en marge de la société. Un roman prenant, que l’on ne peut lâcher avant de tourner la dernière page, et bizarrement, moi qui suis pour les romans courts, j’aurais aimé que l’histoire continua.

 

Première édition : Editions Cogito. Parution Février 2011. 380 pages.

Première édition : Editions Cogito. Parution Février 2011. 380 pages.

Sonja DELZONGLE : Le hameau des Purs. Folio Policiers N°897. Editions Folio. Parution 17 octobre 2019. 368 pages. 7,90€.

ISBN : 9782072864018

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20 octobre 2019 7 20 /10 /octobre /2019 06:56

Et ils se cachent pour mourir ?

Frédéric DARD : Puisque les oiseaux meurent

Tranquillement installé dans son jardin, allongé sur une chaise longue, offrant au soleil de juin son visage, Laurent s’abandonne à laisser ses idées vagabonder. Il écoute les oiseaux pépier, piailler, chanter, s’ébrouer dans les ramures des arbres.

Il est tiré de son inconscience par Martine, sa maîtresse en titre, qui va passer quelques jours avec lui à Villennes, en banlieue parisienne. Lucienne, la femme de Laurent, une chanteuse aux nombreux succès discographiques, est en tournée et donc Laurent peut bénéficier d’une paix conjugale relative. Elle ne l’a jamais sermonné, mais il pense qu’elle sait qu’il a connu plusieurs liaisons après leur mariage. Comme une entente tacite.

Le téléphone sonne. Il pleure même. La gendarmerie de Lisieux annonce à Laurent que sa femme Lucienne Cassandre vient d’avoir un accident. Elle a été transportée à la clinique Sainte Thérèse. Le mieux serait que Laurent se rende sur place. Dernière petite précision : le monsieur qui l’accompagnait est décédé.

Laurent se rend à Lisieux où il obtient auprès d’un gendarme des précisions complémentaires. Et surtout de la part du chirurgien de la clinique qui lui révèle que sa femme a été touchée au foie et qu’elle est en sursit. Deux ou trois jours peut-être. Au téléphone, Bardin, l’imprésario de la chanteuse, signale qu’elle n’avait aucun gala de prévu. Ni à Angers ni à Caen.

Martine a accompagné Laurent à Lisieux et elle rentre à Villennes en tant qu’aide-soignante de la blessée. Le temps que Laurent, muni du nom du défunt, se rende près de Caen où l’homme était propriétaire d’un haras. Le père confirme que Lucienne venait assez régulièrement. Et il retrouve même posé sur un meuble un objet appartenant à sa femme.

Puis il rentre chez lui. Il est intrigué par le manège d’un oiseau, un verdier qui s’introduit dans la chambre conjugale où repose la survivante. La jalousie le taraude et il découvre qu’il aimait sa femme. Il en veut à Martine de rester à ses côtés et dans le même temps, il est content qu’elle le soutienne dans son malheur.

Seulement Lucienne, qui émerge tout doucement de son coma, ne veut pas que Laurent chasse ce volatile. Elle l’appelle même Doudou, diminutif du prénom de son amant supposé, Edouard. Pourtant elle nie avoir eu des relations avec le propriétaire du haras, avouant toutefois l’avoir rencontré afin d’acheter un cheval pour son mari.

 

La première partie de ce roman est consacrée à l’arrivée de Martine, l’annonce de l’accident de Lucienne puis aux différentes démarches effectuées par Laurent mais surtout pourrait être catalogué comme un roman sentimental. La seconde partie, au contraire, s’ancre dans un registre fantastique avec la présence de cet oiseau qui envahit la chambre et perturbe Laurent.

Mais cette perturbation n’est-elle pas engendrée par la jalousie ressentie par Laurent avec l’annonce de la mort du passager dans la voiture. Laurent est persuadé que Lucienne le trompait alors que lui ne s’est jamais gêné pour donner des coups de canif dans le contrat de mariage.

Une disposition de l’esprit favorable à des interprétations qui ne sont que des fabulations ? Reporte-t-il sur cet oiseau qui l’importune cette jalousie et ne se forge-t-il pas des idées sur une relation qui serait inexistante ?

Soin est donné au lecteur de bâtir sa propre conception de ses quelques heures au cours desquelles Lucienne sort de son coma et tient tête à son mari, défendant la présence de Doudou, alors que lui est perturbé et s’adonne à la boisson.

Le remords le ronge-t-il vraiment ou n’est-ce qu’un excès de jalousie lui insufflant des pensées négatives ?

 

Première édition : Collection Spécial Police N°241. Parution 1960.

Première édition : Collection Spécial Police N°241. Parution 1960.

Réédition Presses Pocket N°799. Parution 15 octobre 1970.

Réédition Presses Pocket N°799. Parution 15 octobre 1970.

Frédéric DARD : Puisque les oiseaux meurent. Editions Pocket. Parution 10 octobre 2019. 192 pages. 6,70€.

ISBN : 978-2266296663

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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