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16 décembre 2019 1 16 /12 /décembre /2019 04:59

Méfiez-vous des associations d’amateurs de Sherlock Holmes !

Paul JEFFERS : Irrégulier, mon cher Morgan !

Depuis sa création par Conan Doyle, Sherlock Holmes a inspiré de nombreux écrivains de romans populaires, soit en déformant son nom comme dans Arsène Lupin contre Herlock Sholmes, soit en lui prêtant de nouvelles aventures comme dans La solution à 7% de Nicholas Meyer ou L’assassin du boulevard de René Reouven, ou encore Marx et Sherlock Holmes d’Alexis Lecaye sans oublier les nombreuses parodies et pastiches. La liste est trop longue pour être exhaustive, pour être énumérée.

Dans d’autres romans, il apparaît seulement en filigrane, comme dans le roman de Julian Symons, Dans la peau du rôle, où un acteur s’identifie au célèbre détective.

Sherlock Holmes possède ses fans qui lui ont consacré un musée, reconstituant le bureau, l’appartement du 221B Baker Street. Ils se sont également regroupés en associations dont la plus célèbre est celle des Baker Street Irregulars, du nom de la bande d’enfants traînant dans les rues de Londres et qui sont occasionnellement mis à contribution par le célèbre détective.

 

C’est cette association des Irréguliers de Baker Street qui est mise en scène dans ce roman de Paul Jeffers.

Les honorables membres de cette société holmésienne sise à New-York, à la veille d’un déplacement à Londres, reçoivent un mystérieux message. Un seul mot est inscrit, mais un mot terrible : RACHE. Ce qui signifie en allemand Vengeance. Plaisanterie ou farce ?

Ni l’un ni l’autre apparemment, car l’un des éminents spécialistes décède en se rendant au Queen Victoria Hôtel, rendez-vous de ces passionnés. Peut-être n’est-ce qu’un accident ?

Mais un second Irrégulier est victime à son tour d’un accident… ou d’un meurtre. Les participants à cette réunion commencent alors à se poser des questions, à s’interroger sur les motifs de ces homicides, allant jusqu’à se soupçonner mutuellement.

Irrégulier, mon cher Morgan ! est un roman amusant, truffé de références holmésiennes et dont se délecteront les amateurs des aventures de Sherlock Holmes et autres avatars.

Paul JEFFERS : Irrégulier, mon cher Morgan ! (Murder most Irregular – 1983. Traduction Christiane Poulain). Le Masque Jaune N°1807. Editions Librairie des Champs-Elysées. Parution novembre 1985. 192 pages.

ISBN : 9782702416518

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14 décembre 2019 6 14 /12 /décembre /2019 04:51

Sans cœur et sans reproche ?

Max-André DAZERGUES : Mam’zelle-sans-cœur.

A cause d’un collègue éconduit dans ses approches, Yvette Dumenges a été ainsi cataloguée. Pourtant ce surnom ne lui convient guère, elle qui honnête, sérieuse, travailleuse, s’occupant de sa mère maladive et de son frère, Robert, un peu plus âgé qu’elle, qui malgré son travail rue du Sentier passe des nuits blanches à sortir en boîtes.

A vingt-deux ans, Yvette est manucure à l’Institution Palatine, du nom du patron qui gère cette petite entreprise sise aux Champs-Elysées. Elle fait partie des quatre manucures qui officient dans des cabines ou chez des particuliers. Marthe est sa copine, tandis que France se laisse monter le bourrichon par Louise, la mauvaise langue de l’institution. C’est le chef-masseur qui lui a collé cette étiquette de Mam’zelle-sans-cœur, parce qu’elle a refusé ses avances.

Nonobstant, monsieur Palatine, un bon patron qui ne s’intéresse guère aux affaires privées de ses employés, demande à Yvette de se rendre chez un client, Maurice de Cibeins, grand nom, grosse fortune, évoluant dans la haute société, trentenaire célibataire, celui-ci vaguement malade ne pouvant se déplacer.

Yvette s’occupe consciencieusement des mains fines de Maurice, tandis qu’il la regarde, la dévore même des yeux. Entre eux deux s’établit une sorte de courant alternatif sentimental par mimines interposées. Collectionneur, il lui montre même ses objets précieux dont une bonbonnière, un drageoir. Mais Yvette ne peut s’attarder, d’autres clients l’attendent, et tous ne sont pas aussi aimables que Maurice. Sa journée finie, elle rentre chez sa mère rue d’Alésia.

Robert est un oiseau de nuit, qui joue, s’enivre, se drogue parfois, ayant pour compagnon Jean Simonin, un garçon peu fréquentable qui l’entraîne dans des boîtes, lui présentant des individus peu recommandables, lui fournissant des produits prohibés. Robert est sous son emprise et cela risque fort de mal se terminer. Et d’ailleurs c’est ce qui se produit.

A L’araignée rose, une boîte de nuit, il s’est amouraché d’Aïda la Marocaine, surnommée ainsi à cause de son hâle récupéré au soleil provençal, et ce soir là il se prend d’algarade avec Pablo Carlyse, un malfrat qui sert de trop près la belle danseuse, dont Jean Simonin fait partie des familiers.

Or, Pablo Carlyse entretient quelques relations avec Maurice de Cibeins, connu lors des soirées mondaines dans des cabarets, et un jour qu’il rend visite au riche collectionneur, il se retrouve seul dans le salon où sont exposés les précieux objets. Maurice de Cibeins, étant allé chercher un carton à dessin contenant quelques estampes, Pablo Carlyse en profite pour subtiliser la précieuse bonbonnière, pensant ainsi l’échanger contre une dette de jeu.

Lorsqu’il part, Maurice de Cibeins ne se rend compte de rien. Puis Yvette, devenue presqu’une habituée, se présente pour soigner les mains de son amoureux. C’est après son départ que Maurice de Cibeins s’aperçoit de la disparition du drageoir. Naturellement il pense que sa manucure s’est emparée de l’objet précieux, et son amour pour elle refroidit.

Débute alors un chassé-croisé, la bonbonnière passant de main en main, Yvette la retrouvant dans la poche de veston de son frère et honteuse la rapportant à son propriétaire légitime. Mais elle est trop bonne, trop naïve, elle aime trop son frère pour le dénoncer. Comment tout cela va-t-il finir, et quelles en seront les conséquences ?

 

Ce roman est classé Roman sentimental mais il possède une entrée policière, et pas uniquement sentimentale.

Max-André Dazergues, lorsque ce roman fut publié, n’avait que vingt-huit ans, mais déjà il possédait à son actif une bibliographie imposante. Un romancier sérieux, longtemps confondu avec Georges Simenon, prolifique, œuvrant dans tous les domaines de la littérature populaire, et qui jamais ne décevra ses lecteurs, employant plusieurs pseudonymes au gré de sa production et des besoins des éditeurs pensant étoffer leur catalogue en proposant divers auteurs qui n’étaient en réalité que le même.

Mais ce fut une pratique courante, car cela donnait l’impression au lecteur de découvrir de nombreux romanciers, comme ce le fut pour Simenon, René Poupon, Henri Musnik, Marcel Priollet et bien d’autres.

Max-André DAZERGUES : Mam’zelle-sans-cœur. Collection Le Petit Livre N°971. Editions Ferenczi. Parution le 22 juin 1931. 96 pages.

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12 décembre 2019 4 12 /12 /décembre /2019 05:50

Une rue qui porte bien mal son nom…

BACHELLERIE : La rue des Bons Apôtres.

Dans ce roman, le quatrième et dernier de Bachellerie publié au Masque, nous retrouvons l’inspecteur Viaud, dans une ville non précisée, mais qui pourrait bien être celle de l’auteur, c’est-à-dire Laval à l’époque

Il est toujours aussi romantique, à l’esprit fantasque, légèrement frondeur, anticonformiste. Il pense, il raisonne, il ne porte pas d’œillères administratives, n’arrivant pas à se plier à certaines mesures qu’il juge arbitraires.

C’est un poète qui réfléchit et l’obstination n’est pas le moindre de ses défauts ou de ses qualités. Une certaine propension à mettre les pieds dans le plat, une élocution verbale qui lui occasionne des remontrances hiérarchiques à cause de ses réparties cinglantes, continuez comme ça inspecteur Viaud et vous aurez le plaisir de connaître les différents commissariats de France et de Navarre, mais celui de la promotion vous sera refusé. D’ailleurs cela le laisse complètement indifférent.

 

Rentrant chez lui à la nuit tombée, Viaud découvre un homme inanimé dans une ruelle sombre et déserte. L’agressé décède lors de son admission à l’hôpital.

Le premier suspect en général est le premier témoin. Celui qui trouve un cadavre est celui sur qui pèsent les premiers soupçons. Mais lorsqu’on est inspecteur de police ?

Viaud enquête pour son propre compte et se découvre une fibre paternelle qu’il ne se connaissait pas.

Etrange faune qui gravite dans cette rue des Bons Apôtres et dans ce quartier, disons mal famé, de cette ville bien-pensante. Une colonie de Marocains, une famille de loubards, des Rockers, des Punks, un cul-de-jatte encombrant, un professeur en retraite et refoulé, un toubib humaniste, une prostituée Martiniquaise dont l’exotisme pour elle se résume en un blond aux yeux bleus, le tout flanqué aux quatre coins de commerçants irascibles ou aigris.

Tels sont les différents personnages que Viaud va côtoyer dans cette enquête personnelle, alors que de nombreuses personnes la trouve inutile, mal venue.

 

Après L’île aux muettes (Le Masque N°1791), qui a obtenu le Prix du Roman d’aventures 1985, après Pas de quoi noyer un chat (Le Masque N°1795), après Il court, il court le cadavre (Le Masque N°1796), La rue des Bons Apôtres clôt cette série et le passage éphémère de Bachellerie au Masque. Dans ce dernier roman, Bachellerie affine son personnage, l’histoire est plus élaborée, mais un petit défaut subsiste : une chute trop abrupte.

Anne-Marie Alliot-Schaettel a pris comme pseudonyme le nom d’une de ses grands-mères et devait à l’origine signer Louise Bachellerie. Elle fournira pour Nous Deux par la suite un grand nombre de romans sentimentaux sous divers pseudonymes. Lesquels ?

Elle est également l’auteur d’une saga de quatre romans édités par Delpierre dont les trois premiers ont été réédités aux éditions Points en 2015/2016.

BACHELLERIE : La rue des Bons Apôtres. Collection Le Masque Jaune N°1800. Editions Librairie des Champs-Elysées. Parution octobre 1985. 160 pages.

ISBN : 9782702416617.

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10 décembre 2019 2 10 /12 /décembre /2019 05:41

Petit rappel : le port du masque est interdit dans les manifestations !

JACQUES SADOUL : Les 7 masques.

L'on dit couramment La réalité dépasse la fiction. Mieux encore, lorsque l'on veut étaler sa culture, on peut se référer à Renan en citant cette phrase La vérité est, quoiqu'on en dise, supérieure à toutes les fictions.

Victor Clairval n'est pas un grand écrivain mais au moins il a été reconnu par quelques uns de ses pairs puisqu'il a obtenu des prix littéraires pour des ouvrages qui ne se sont pratiquement pas vendus.

Alors il s'est décidé à concocter un roman populaire dans la lignée d'Eugène Sue, Souvestre et Allain, Gaston Leroux et les autres. Un roman qui fait rêver et non pas s'endormir. Le problème, c'est que ce qu'il a imaginé se produit, quasiment dans les mêmes conditions, et qu'il se trouve plongé au cœur du mystère qu'il vient d'inventer. Lui le père tranquille, le pantouflard. De quoi devenir dingue.

 

Une sombre histoire dans laquelle évoluent des mystérieux personnages affublés de masques, chacun d'une couleur différente, une détective rousse et superbe, ce qui ne gâche rien, une maîtresse exotique, un dacoït, un chat qui disparaît et réapparait de façon inexplicable, pimentée par des courses-poursuites dans les catacombes ou les tunnels du métro parisien.

Jacques Sadoul s'est amusé à utiliser les poncifs d'un certain type de romans populaires, en les aménageant au goût du jour, pour écrire un livre qui nous propulse d'une manière magique vers notre enfance.

Mais il n'oublie pas pour autant les fantasmes des adultes. Un roman bourré de références qui ravira les amateurs et donnera peut-être envie aux autres de se plonger dans le roman d'aventures rocambolesques.

Réédition J’ai Lu Roman. Parution 4 janvier 1999. 314 pages.

Réédition J’ai Lu Roman. Parution 4 janvier 1999. 314 pages.

JACQUES SADOUL : Les 7 masques. Editions Albin Michel. Parution 20 juin 1996. 352 pages.

Réédition J’ai Lu Roman. Parution 4 janvier 1999. 314 pages.

ISBN : 978-2226086716

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9 décembre 2019 1 09 /12 /décembre /2019 05:25

Travaillez, prenez de la peine, c’est le fond qui manque le moins…

Gray USHER : Le champ de la mort

Mécontent que son fils adoptif âgé de dix-sept ans ne soit pas à l’heure pour charger des sacs de blé et les transporter en ville, le fermier George Barstow décide d’aller le chercher dans le champ que Jim doit labourer quelques milles plus loin.

Seulement lorsqu’il arrive sur place, le jeune homme n’est pas assis sur son tracteur au repos. Il repose à terre dans les sillons fraîchement retournés. Mais Jim ne fait pas la sieste comme le suppose le fermier. Il est mort, la tête en sang.

La brigade criminelle du comté est immédiatement alertée et l’arme du crime, une lourde clé anglaise, est découverte non loin, cachée mais ayant auparavant été nettoyée et essuyée. Aucun mobile apparent ne justifie ce meurtre, la victime n’ayant pas d’ennemis et ne s’intéressant guère aux jeunes filles. Du moins, c’est ce que déclare George Barstow. La seule solution pour démêler cet imbroglio consiste à demander à Scotland Yard de prendre l’affaire en charge.

C’est ainsi que le surintendant Drexel, accompagné du sergent Tott, arrivent d’abord à Bridgeaston où l’inspecteur Loxleigh, qui a effectué les premières constations, leur fournit les données nécessaires pour continuer l’enquête. Puis ils se rendent sur le lieu du crime, Redchurch-Saint-John.

Ils rencontrent de nombreux habitants, d’abord Barstow, le propriétaire du champ et employeur, presque père adoptif, de Jim Smith, sa fille Mary, Walter Tatlow, ancien marin et militaire reconverti comme écrivain, enfin c’est ce qu’il aimerait devenir, Miss Maggs, la receveuse des Postes, Lake, le vieux monsieur amateur d’archéologie, qui recherche infatigablement des objets et des pièces datant de la période romaine, sa femme, maladive et migraineuse, et surtout épouvantée par son mari, madame Ford et sa fille Betty, avec laquelle Jim Smith entretenait des relations amicales voire plus, et quelques autres qui gravitent dans une atmosphère rurale, mutiques ou au contraire s’exprimant sans trop savoir de quoi il s’agit.

En épluchant les papiers de Jim, Drexel s’aperçoit que le jeune homme possédait un petit pécule et il se demande comment il a pu le constituer. Barstow le rémunérait mais cela n’allait pas loin, du moins pas aussi loin que l’atteste le livret d’épargne.

Des événements indépendants et non relatifs à l’affaire se greffent sur cette enquête. Comme la tentative de suicide d’une jeune femme. Puis ce sont des lettres anonymes qui circulent, émanant d’un corbeau qui sans conteste connait bien les dessous de la vie privée de certaines familles.

Au départ Drexel soupçonne Tatlow, l’écrivain en devenir, d’être l’auteur du meurtre, Jim et lui ayant eu une algarade, mais cette piste est mise de côté, provisoirement. Car des objets datant de la période romaine, lorsque l’Angleterre a subi l’invasion des légionnaires, prennent le pas sur d’autres indices. Mais Barstow possède une vie cachée et cette piste pourrait être intéressante.

Toutefois il est difficile de relier tous ces éléments, qui d’ailleurs n’ont peut-être aucun lien entre eux. Et que penser des relations entre Mary et Tatlow, ou encore entre Betty et Jim. Un embrouillamini dans lequel Drexel, le sergent Tott ou encore l’inspecteur Loxleigh pataugent plus ou moins. Comme dans la boue qui stagnent dans les chemins, la pluie s’invitant dans le décor.

 

Roman policier rural, Le champ de la mort pourrait tout aussi bien être le fruit d’un romancier français, mettant en valeur ( ?) sa province, avec ses paysans mutiques, méfiants, agressifs ou réservés. Redchurch pourrait très bien être un petit village normand, avec ses pâturages, ses champs à labourer, ses petits chemins, ses collines, et ses reliques antiques.

A noter la présence d’un paysan breton, un Johnny, vendant sa récolte d’oignons comme au XIXe siècle.

Et que penser de Drexel qui fume beaucoup et offre sans parcimonie ses cigarettes à tout le monde, témoins comme policiers. Un geste qui aujourd’hui serait répréhensible.

Le champ de la mort est le seul roman de Gray Usher traduit en France, pourtant la série Drexel comporte cinq volumes. L’auteur a à son actif une dizaine d’autres ouvrages, et quelques nouvelles. Alors pourquoi cet abandon alors que le roman et son intrigue étaient prometteurs ? Les voies des éditeurs sont impénétrables !

Les gens de la campagne veulent connaître leur monde avant de se lier.

Gray USHER : Le champ de la mort (Death Sped the Plough - 1956. Traduction Marie-Claude Morel). Collection Le Masque N°606. Editions Librairie des Champs-Elysées. Parution 25 février 1958. 256 pages.

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7 décembre 2019 6 07 /12 /décembre /2019 05:39

Oh Marie si tu savais Tout le mal que l'on me fait…

Jeanne DESAUBRY : Point de fuite.

Enceinte de sept mois ou sept mois et demi, Marie est effondrée. Elle n’a plus de nouvelles de René depuis deux jours. Pourtant, il lui avait téléphoné le 23 novembre 1980, se montrant comme à son habitude, s’inquiétant de la santé de son fils à venir. Car nul doute, pour lui, ce sera un fils.

Marie se morfond, tricotant de petits chaussons en laine jaune, la couleur du maillot des vainqueurs du tour de France. S’il n’est pas vainqueur, au moins René est l’un des équipiers de l’Artiste. Il est le régisseur de Coluche qui ose se présenter à la présidentielle, affrontant les ténors de la politique. Il a quand même sa voix à faire entendre même si certains se gaussent. Mais je m’éloigne du sujet. René.

Alors elle téléphone à Dany-la-hargneuse, la légitime, la mère de ses filles. Elle non plus n’a pas de nouvelles de René. Elle l’a vu le dimanche soir et depuis plus rien. Et de plus René ne lui avait pas dit que Marie était enceinte.

Elle n’obtient aucune réponse concrète auprès de Jim, qui gravite dans l’entourage de l’Artiste, mais rien. Ils ont même téléphoné aux hôpitaux, pas de René. Enfin la police se manifeste. Et les nouvelles ne sont guère réjouissantes. Pas réjouissantes du tout même. René a été retrouvé, mort, dans un terrain vague de la banlieue de Paris. Selon les premières constatations, son corps a été transporté après son assassinat.

Marie n’a qu’un recours. Sa mère qui n’hésite pas à la retrouver chez elle. Le père aussi, mais la mère, c’est comme une confidente à qui on ne cache rien, ou presque. Ce n’est pas comme les autres, Jim, Nino le chauffeur de vedette qui pour l’heure trimbale Thierry l’imitateur. La mort de René, elle, n’est pas une imitation.

Et le 26 novembre, un mercredi, elle se rend à la convocation du 36 Quai des Orfèvres. Elle est accompagnée de ses parents. Ils sont reçus par Marc Perrin, celui qui est venu chez elle. Elle le reconnait. Et puis elle aura affaire aussi avec Vallois, le Janséniste, et un peu plus tard avec Sargent. Qui ne rit pas malgré la chanson. Le rire du Sargent.

Le début d’une longue descente aux enfers pour Marie qui peut compter sur Maman, comme s’obstine à dire Perrin. Quant à elle, il l’appelle Marie, tout simplement. Comme s’il s’agissait de quelqu’un qu’il connait depuis longtemps. C’est vrai qu’elle est jeune, Marie. Un peu plus de vingt ans. Dix-huit ans d’écart avec René Gorlin. Son amant, le père de son futur enfant.

 

Marie est victime de rumeurs et d’insinuations malveillantes, de racontars, de dénis, d’omissions, tout autant de la part des petits valets de l’Artiste que de Dany la légitime. Sans oublier les journalistes, ces rapaces de l’information. Et même elle, la première qui oublie de raconter certains faits qu’elle juge de peu d’importance. Mais ce n’est que son jugement. Des faits divers, des faits d’hiver, alors que Noël approche et que Marie s’inquiète pour son gamin.

Et on suit tout au long du récit, un style télégraphique, haché, heurté, la plupart du temps, Marie dans ses déambulations, dans ses pensées, dans ses affres, ses meurtrissures.

Un récit adapté d’une histoire vraie, qui montre le désarroi d’une jeune parturiente primipare, avec ses personnages fictifs et réels.

Une affaire qui fit du bruit à l’époque, mais souvent chassée des chroniques et des mémoires, par l’aura de l’Artiste. Par sa volonté de se présenter à la Présidentielle, aux remous que cela a suscité et qui ont éclipsé tout ce qui gravitait autour. Une affaire qui conduira peut-être celui qui est mort quelques années plus tard d’un accident de moto à se retirer de la compétition. Car bien des zones d’ombres restent en suspens, alimentées là encore par de fausses révélations ou de justifications erronées. Et on pourrait croire que quelqu’un porte le bonnet dans cette affaire, comme l’aurait dit un certain Christian.

Un ouvrage poignant et émouvant qui trouve sa justification dans la dédicace placée en début de volume mais que je me garde bien de vous dévoiler, afin de garder le suspense.

Edition du Horsain : Version papier. Parution le 1er décembre 2019. 260 pages. 6,90€.

Edition du Horsain : Version papier. Parution le 1er décembre 2019. 260 pages. 6,90€.

Jeanne DESAUBRY : Point de fuite. Collection Noire Sœur. Editions Ska. Parution le 1er décembre 2019 Version numérique 199 pages. 4,99€.

Edition du Horsain : Version papier. Parution le 1er décembre 2019. 260 pages. 6,90€.

ISBN : 978-2369070665

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5 décembre 2019 4 05 /12 /décembre /2019 05:03

En voiture les voyageurs

le p’tit train part toujours à l'heure

Viviane JANOUIN-BENANTI : Le tueur du Paris-Mulhouse.

Le train, le réseau ferroviaire en général, a depuis sa création inspiré les meurtriers aux motivations différentes, mais toujours crapuleuses, et par voie de conséquence les romanciers. Il serait peut-être fastidieux ici de décliner tous les romans dont les trains servent de décor, je vous laisse le soin d’en établir une liste, peut-être pas exhaustive, mais sûrement intéressante.

En 1860, déjà des individus attaquaient des voyageurs afin de les dévaliser. C’est ainsi que le 12 septembre, le corps d’un homme laissé pour mort est retrouvé de nuit sur les rails sur la ligne Paris-Mulhouse entre Zillisheim et Illfurth. Au départ, les cheminots puis les appareils judiciaire et policier pensent que l’homme est tombé par inadvertance. Mais il s’avère rapidement qu’il s’agit d’un crime. Seulement l’inconnu semble atteint d’amnésie suite au coup qu’il a reçu sur la tête. Il ne possède pas de bagages, et ne répond pas aux questions qui lui sont posées. Le commissaire Elie Singer prend cette affaire en charge personnellement, n’hésite pas à se déplacer, d’aller au charbon malgré les escarbilles, et essaye de dénouer les fils de cette intrigue particulièrement ardue.

Peu à peu il perce l’identité de l’homme. Il s’agit d’un Russe, un scientifique qui devait effectuer une conférence à Paris. L’assassin, enfin celui qui aurait pu avoir un meurtre sur la conscience, a laissé quelques indices volontairement ou non. Par exemple un mouchoir parfumé à l’eau de rose.

Parallèlement, Charles Judd se joue de la police. Jeune homme intelligent et instruit, au visage poupin, il a déserté de l’armée alors qu’il était en poste en Algérie. Véritable Frégoli des trains, il s’accapare les identités de personnes rencontrées au hasard de ses voyages, se déguise en femme. Il est insaisissable, malgré les forces de l’ordre déployées à ses trousses, et les nargue en écrivant des lettres anonymes.

S’inspirant de faits réels, Viviane Janouin-Benanti nous livre la version romancée d’une affaire qui défraya la chronique judiciaire en 1860 et 1861. Viennent à l’appui de sa version quelques crédits photographiques dont la photo de Charles Judd, ainsi qu’une note du ministère de l’Intérieur servant d’avis de recherche. Un rythme enlevé, quelques stations permettant de se dégourdir les jambes, un épilogue quelque peu en voie de garage, tel est ce récit que nous fait partager la romancière qui explore avec bonheur les affaires criminelles des deux siècles derniers.

Première édition : Collection Crimes & Mystères. Editions L’Apart du Noir/Cheminements. 256 pages + cahier iconographique de 16 pages.

Première édition : Collection Crimes & Mystères. Editions L’Apart du Noir/Cheminements. 256 pages + cahier iconographique de 16 pages.

Viviane JANOUIN-BENANTI : Le tueur du Paris-Mulhouse. 3E Editions. 13 décembre 2017. 224 pages. 8,00€.

Version numérique : 3,99€.

ISBN : 979-1095826996

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3 décembre 2019 2 03 /12 /décembre /2019 05:55

Au premier temps de la valse…

de Vienne évidemment !

Jacques DECREST : Les trois jeunes filles de Vienne.

Afin d’aider un ami, et comme il n’a pas encore repris le travail, le commissaire Gilles accepte d’enquêter en tant que bénévole.

En effet il rentre de voyage et son esprit est encore embué des bons moments passés en compagnie de sa fiancée Françoise. Mais comme il ne peut rien refuser à Durand, le rédacteur en chef de l’Echo de France, il accepte de rencontrer Jean Maréchal, qui malgré son patronyme n’est que capitaine.

L’homme reçoit les deux amis chez lui. Il déplore le vol de documents qu’il avait amené chez lui afin de les étudier. Il explique que l’inventeur d’un gaz extrêmement nocif, le Z.392, avait confié les documents à la direction de l’Artillerie, où il travaille, et que son chef lui avait demandé de les examiner. Il avait glissé la chemise dans sa serviette puis était rentré chez lui, avait posé l’objet sur la table puis était reparti à un rendez-vous galant à Montparnasse. Il est rentré chez lui plus tard qu’il ne le pensait, et c’est au petit matin qu’il s’est aperçu de la disparition des documents.

Il est le seul à posséder la clé de son appartement qui n’a pas été fracturé. Il existe bien une seconde clé, avoue-t-il avec réticence, mais il l’a confiée à celle avec qui il avait rendez-vous. Elle ne l’a pas quitté de la soirée.

M. Gilles et son ami Durand se rendent le lendemain soir à Montparnasse et après quelques tentatives infructueuses, découvrent enfin Maréchal en charmante compagnie dans un bar. Sa compagne se nomme Erika Rousnyak et à un certain moment elle est appelée au téléphone. Maréchal aperçoit les deux hommes et ne peut que les inviter à sa table. Revenue Erika, annonce qu’elle doit partir rejoindre un certain Ianosh Ergstein, son cousin, qui lui-même s’en va le lendemain et elle doit le charger de quelques commissions pour ses parents.

Maréchal a fait la connaissance d’Erika Rousnyak sur un bateau qui remontait le Danube. Elle est Hongroise et à Paris elle s’est installée à Auteuil dans un atelier d’artiste où elle s’adonne, irrégulièrement à la sculpture.

Le lendemain le commissaire Gilles prend le train pour Vienne. Dans le train de nuit il repère Ergstein. Un vieux monsieur, habillé en jaquette, et sa femme, imposante dame, véritables caricatures d’un couple à la Dubout, sont également présents. A Salzbourg, Ianosh interpelle sur le quai une jeune femme, Maridi, et le policier les perd de vue. Il retrouvera leur présence au wagon-restaurant, ce qui lui permet de faire connaissance de Maridi.

Il côtoiera ainsi Maridi mais également deux autres jeunes femmes, toutes originaire d’Hongrie, une châtain, une rousse et une brune, à Vienne, ainsi que ce monsieur Boudier qui se prétend touriste mais sera souvent présent, trop souvent, sur son chemin. Heureusement le commissaire Gilles possède à Vienne un vieux copain Franzl, qui lui sert de guide et d’interprète.

 

De roman policier, Les trois jeunes filles de Vienne plonge insensiblement dans le roman d’espionnage, mais c’est l’atmosphère qui prime.

Ce roman s’inscrit également dans un contexte historique et politique car de nombreuses références sont établies avec la princesse Zita, ex-impératrice, dont le retour en Hongrie serait programmé alors qu’elle a été obligée de s’exiler en compagnie de son mari l’archiduc Charles d’Autriche, en Suisse puis à Madère. Le peuple hongrois est très patriote déclare monsieur Boudier.

Il existe un parti assez nombreux qui réclame les anciennes frontières. C’est un rêve.

A quoi Gilles répond :

C’est pour les rêves que l’on meurt le plus facilement.

 

On peut rapprocher une ressemblance certaine, une similitude indéniable, dans le style littéraire, entre Jacques Decrest et Georges Simenon. Dans les tournures de phrases, dans l’état d’esprit du commissaire Gilles, dans la façon de narrer les événements, de décrire le temps ou le décor, d’exposer les impressions ressenties par le policier. Parfois dans les non-dits aussi.

Gilles était parfois comme égaré, hors de lui-même, à mi-chemin du rêve et de la réalité.

Le commissaire Gilles pense souvent à sa fiancée Françoise, c’en est même une obsession. Il lui écrit souvent lors de son départ puis de son séjour, envoyant des messages, des cartes postales, des fleurs. Le côté fleur bleue du commissaire.

Jacques DECREST : Les trois jeunes filles de Vienne. Une enquête de M. Gilles. Collection Détective N°19. Editions Gallimard. Parution 1934. 256 pages.

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2 décembre 2019 1 02 /12 /décembre /2019 05:35

La justice au Mexique… autrefois !

J. MAURICE : Le salteador justicier.

Voyageant pour le compte du gouvernement français, Bernard Lautier est chargé d’explorer certaines régions du Mexique et d’en faire connaître les habitudes au public de son pays.

C’est du moins ce qu’il déclare aux deux hommes en provenance du Nevada qu’il vient de rencontrer alors qu’il est perdu en pleine nuit. Mais un troisième homme, qui dormait ou faisait semblant, couché non loin, se mêle à la conversation. Cet individu, vêtu pauvrement, avoue avoir été banni de son pays accusé à tort d’un crime de sang. Il était marchand de bestiaux dans la région de Guadalajara, région qu’il a dû quitter précipitamment, et explique comment la justice est rendue au Mexique.

Il avait mille témoins prêts à déposer en sa faveur mais la partie adverse deux milles. Lautier est stupéfait qu’il puisse y avoir autant de témoins, mais ce n’est qu’une métaphore pour dire qu’il avait mille piastres.

Au petit matin, un nouveau cavalier arrive, cherchant lui aussi la route de Tuancepec. Il possède un sac contenant trois mille piastres d’or. Le Mexicain et l’homme repartent ensemble à leurs risques et périls selon les deux hommes du Nevada. Effectivement peu après le malheureux voyageur inconnu est retrouvé face contre terre, dans une mare de sang.

Lautier continue son chemin et fait la connaissance d’un compatriote qui depuis six ans voyage à pied, ayant parcouru l’Amérique du Nord puis se rendant vers l’Amérique du Sud. Pour assurer ses besoins quotidiens il fait office de colporteur, vendant de la bimbeloterie, de la petite mercerie. Il doit se rendre à la foire de San Juan, et accepte de continuer son chemin en compagnie de Lautier.

 

Mais arrivé dans la petite ville il est arrêté et présenté à l’alcade. Et le juge ne veut pas se rendre aux arguments de Lautier pour libérer son prisonnier. Lautier déclare que Prunier, c’est le nom du colporteur, a été accusé à tort. Réaction vive du juge qui demande : Depuis quand la justice se trompe-t-elle ?

Et pour sortir Prunier de la prison il faudra l’intervention d’un homme en qui Lautier reconnait le Mexicain, cette fois-ci habillé richement. Il s’agit d’un salteador, un bandit, auquel le juge ne peut rien refuser. Il lui faut juste un papier d’élargissement et un dédommagement financier pour les alguazils qui ont arrêté Prunier.

D’un côté, la justice impuissante et corrompue, de l’autre, le brigandage puissant et magnanime…

Tel est le constat effectué par Lautier.

 

Mais ceci n’est qu’une fiction, qui se déroule en un autre lieu et un autre temps. De nos jours on ne pourrait pas appliquer ce principe à la justice et, par exemple, à des hommes politique.

 

J. MAURICE : Le salteador justicier. Collection Deux heures de… voyages N°9. Editions du Carquois. Parution 3e trimestre 1951. 32 pages.

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28 novembre 2019 4 28 /11 /novembre /2019 05:56

De quoi passer de nombreuses et exquises nuits blanches !

Robert-Louis STEVENSON : Le Club du suicide suivi du Diamant du Rajah.

En introduction de cette version Th(érèse) Bentzon nous présente les textes de ces Nouvelles mille et une nuits, mais aussi et surtout dissèque Le cas étrange du Docteur Jekyll et M. Hyde. Intéressant mais pas indispensable pour ceux qui connaissent l’œuvre emblématique de Robert-Louis Stevenson, mais à l’époque l’auteur écossais de L’île au trésor ne possédait pas l’aura qui entoure son œuvre de nos jours.

Ce recueil qui est composé de deux nouvelles segmentées qui peuvent être lues indépendamment les unes des autres même si elles mettent en scène des personnages récurrents dont le prince Florizel de Bohême et son ami, confident et écuyer le colonel Geraldine. Et en fin de chacun des contes proposés dans Le Club du suicide puis dans Le Diamant du Rajah, Stevenson se cache derrière un mystérieux conteur arabe qui lui aurait délivré ces historiettes, lui se contentant de les avoir retranscrites.

 

Dans Histoire du jeune homme aux tartelettes à la crème, premier volet du Club des suicides, le lecteur fait la connaissance du prince Florizel et de son compagnon le colonel Geraldine. Ils sont attablés dans un estaminet afin de se désaltérer et papotent tranquillement.

Entre alors un jeune homme qui propose gracieusement aux consommateurs présents des tartes à la crème, et lorsque ceux-ci refusent son présent, il mange tout simplement les gâteaux déclinés. Mais s’il agit ainsi, c’est qu’il doit se présenter à un rendez-vous avec un organisateur de suicides. Il est déprimé, sans le sou, et ne sait plus comment faire pour échapper à un avenir bouché.

Le prince Florizel et le colonel Geraldine s’intéressent à cette histoire et vont s’intégrer à la réunion. Ils se rendent compte que cet organisateur n’est qu’un manipulateur et qu’il récupère l’argent des victimes consentantes qu’il envoie à la mort.

Dans les deux autres histoires qui suivent et complètent le premier récit, nous retrouvons les deux compères, le prince Florizel et le colonel Geraldine, affronter par victimes interposées, le président du Club des suicides, à Paris et en Angleterre. Ils auront du fil à retordre (du fil de pendaison naturellement) car dans la troisième histoire ils se trouveront impliqués personnellement à cause de liens familiaux qui gravitent dans l’ombre du malfaiteur démoniaque.

 

Editions 10/18. Parution 1976.

Editions 10/18. Parution 1976.

Le Diamant du Rajah est ce que l’on pourrait appeler une histoire marabout de ficelle, le lien entre ces récits n’étant autre qu’un diamant voyageur d’une grosseur et d’une valeur fabuleuses. Un diamant dit diamant du Rajah va se trouver passer de main en main sans quitter un petit cercle fermé de personnages dont l’un d’entre eux va évoluer dans les quatre récits.

A dix-huit ans, Harry Hartley est dans la misère. Il a négligé ses études et comme il est fainéant de nature, il est fort démuni lorsque la bise fut venue. Il trouve un emploi de secrétaire particulier auprès du major général sir Thomas Vandeleur, un sexagénaire à la voix forte, au caractère violent et impétueux. Celui-ci est marié avec la jeune lady Vandeleur. Et il possède parmi les nombreuses pierres précieuses et les bijoux, le Diamant dit du Rajah, diamant qui lui a été donné pour service rendu dont la nature reste secrète.

Mais Harry Hartley est trop peu fiable auprès de Sir Thomas Vandeleur et il devient le protégé de Lady Vandeleur dont il pense être amoureux. La jeune femme profite de cet état d’esprit favorable à ses desseins pour lui confier une mission : porter un carton à chapeau à une personne anonyme, à une certaine adresse, et il lui sera remis à cette occasion un reçu émanant de sa maîtresse. De sa patronne, faut-il préciser.

Mais il ne s’acquitte qu’imparfaitement de la mission qui lui a été confiée, et il se retrouve dans le parc d’une propriété privée, poursuivi par quelques individus qui le traitent de voleur sans connaître l’origine de cette affirmation.

Comme il s’est introduit en fraude, en escaladant un mur sur lequel sont greffés des tessons de bouteilles, Harry est interpellé par le jardinier qui est en même temps le propriétaire. Le carton à chapeau est malmené et son contenu répandu à terre. Le contenu est composé de bijoux et de pierreries. Il parvient à récupérer une partie de ce trésor et repart tête basse et le reste aussi. Seulement, Simon Rolles, un jeune clergyman qui habite dans cette demeure, a assisté à cet épisode peu glorieux et peu après en foulant l’endroit, il sent sous l’un de ses pieds comme un objet à moitié enfoui. Il le déterre et quelle n’est pas sa surprise de voir qu’il est en possession d’un boitier contenant le fameux diamant. Et nous suivons ce clergyman, nouveau possesseur du diamant dans leurs pérégrinations.

Nous retrouvons également dans ce dernier épisode le Prince Florizel ce qui assure une continuité avec Le Club du suicide.

 

Il est amusant de constater qu’au cours de cette aventure, référence est faite à Gaboriau et à ses romans.

Avant de rentrer chez lui, Mr Rolles acheta un ouvrage sur les pierres précieuses et plusieurs romans de Gaboriau. Il parcourut avidement ces derniers, jusqu’à une heure avancée de la nuit ; mais bien qu’ils lui ouvrissent plusieurs horizons nouveaux, il ne put y découvrir, nulle part, ce qu’on devait faire d’un diamant volé. Il fut du reste fort ennuyé de trouver ces informations peu complètes, répandues au milieu d’histoires romanesques, au lieu d’être présentées sobrement, comme dans un manuel ; et il en conclut que si l’auteur avait beaucoup réfléchi sur ces sujets, il manquait totalement de méthode. Cependant, il accorda son admiration au caractère et aux talents de M. Lecoq.

Ces textes ne manquent pas d’humour, de cet humour puisé dans le nonsense, un peu comme le fit plus tard P.G. Wodehouse.

 

Editions Phébus. Parution 30 septembre 1992. 208 pages. Edition établie par Michel Le Bris.

Editions Phébus. Parution 30 septembre 1992. 208 pages. Edition établie par Michel Le Bris.

Sommaire :

Le Club du suicide (The Suicide Club)

Histoire du jeune homme aux tartelettes à la crème (Story of the Young Man with the Cream Tarts)

Histoire du médecin et du coffre de Saratoga (Story of the Physician and the Saratoga Trunk)

L'Aventure des fiacres (The Adventure of the Hansom Cabs)

 

Le Diamant du Rajah (The Rajah's Diamond)

Histoire du carton à chapeau (Story of the Bandbox)

Histoire du jeune ecclésiastique (Story of the Young Man in Holy Orders)

Histoire de la maison aux stores verts (Story of the House with the Green Blinds)

L'Aventure du Prince Florizel et d'un détective (The Adventure of Prince Florizel and a Detective)

 

 

Ces nouvelles sont disponibles gratuitement sur le site ci-dessous :

Robert-Louis STEVENSON : Le Club du suicide suivi du Diamant du Rajah. Les Nouvelles mille et une nuits. Volume 1. (New Arabian Nights - 1882. Traduction probable de G. Art et Théo Varlet). Editions Ebooks Libres et gratuits et Feedbooks. Parution le 28 février 2006.

Editions 10/18. Parution 1976.

Editions Phébus. Parution 30 septembre 1992. 208 pages. Edition établie par Michel Le Bris.

ISBN : 978-2859402525

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