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4 décembre 2018 2 04 /12 /décembre /2018 05:06

Il pourrait blesser quelqu’un !

René REOUVEN : L’assassin maladroit.

Maître Octave Manigou, avocat au barreau de Paris, reçoit une missive sibylline d’un expéditeur anonyme, lequel le prévient qu’il va le tuer pour un motif inconnu.

Ce pourrait être une farce, pourtant la balle qui le frôle, le manquant de peu et va se ficher dans une armoire de son bureau, prouve qu’il ne faut pas prendre à la légère cet avertissement. Un assassin maladroit, certes, mais entêté.

Maître Manigou fait appel au ban et à l’arrière-ban de ses troupes, c’est-à-dire ses deux avocats stagiaires et sa secrétaire, pour mener une enquête à Nice, point de départ de toute l’affaire.

Tandis que le futur assassin multiplie ses maladresses, maître Octave Manigou s’échine à trouver le mobile d’une vengeance problématique. Un assassin en devenir qui, cyniquement, écrivant à maître Manigou termine sa lettre par : Ne vous laissez pas abattre.

 

René Reouven use tout à la fois d’un style précis, humoristique et travaillé. Ce qui valut à ce roman, lors de sa parution en 1970 dans la collection Crime-club chez Denoël, le Grand Prix de Littérature Policière 1971.

D’ailleurs Reouven collectionne les prix : Prix Mystère de la Critique en 1982 pour son roman Elémentaire, mon cher Watson, paru sous le pseudonyme d’Albert Davidson, et Grand Prix de la Science-fiction française pour sa nouvelle Un fils de Prométhée parue dans le recueil Les Insolites sous son nom de René Sussan, sans oublier le Prix Cazes en 1965 pour un roman non policier, Histoire de Farczi.

René Reouven, un romancier discret, érudit, qui ne possède peut-être pas une bibliographie imposante, impressionnante, contrairement à certains auteurs écrivant à la chaîne, mais ses romans sont de qualité, ce qui justement en est une !

Première édition Collection Crime-club. Editions Denoël. Parution 1970.

Première édition Collection Crime-club. Editions Denoël. Parution 1970.

René REOUVEN : L’assassin maladroit. Collection Sueurs Froides. Editions Denoël. Parution 2 février 1990. 168 pages.

ISBN : 978-2207236659

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27 novembre 2018 2 27 /11 /novembre /2018 05:36

Où Cicéron démontre qu’il n’est pas Miro !

Cicéron ANGLEDROIT : Tiens bon l’pinceau, y a des coulures !

Après une virée chez des vignerons bourguignons, afin de reconstituer la cave du commissaire Saint Antoine, et réconcilier Momo et René, brouillés pour quelques paroles malheureuses, Cicéron Angledroit pensait retrouver la quiétude devant son café habituel chez Raoul.

Que nenni ! Alors qu’ils arrivent à place, c’est pour apprendre que le lieutenant Vanessa vient de se choper un coup de couteau dans le gras (inexistant) du bide. Rien de grave mais cela aurait pu être pire. Elle a été transportée à l’hosto au Kremlin (Bicêtre) et il n’y a plus qu’à attendre des nouvelles réconfortantes et sa sortie. Seulement elle bénéficie d’un mois de congés de maladie ce qui n’arrange pas le commissaire mais qui ne privera pas Cicéron d’un hommage de temps à autre, et même plus souvent, en y allant doucement quand même.

Après cette randonnée, et l’agression de Vanessa, Cicéron reprend ses habitudes, retrouvant son duo de bras cassés (c’est une image, même si Momo est manchot) chez Raoul. C’est là qu’il aperçoit une jeune femme dont les traits ne lui sont pas inconnus. Effectivement, elle se présente comme s’appelant Lucie et fille de Séverine Zebaba.

Un pan du passé de Cicéron adolescent remonte à la surface. Séverine, oh que oui qu’il s’en souvient ! Séverine qui avait accusé tous ses condisciples de Terminale lorsqu’elle était tombée enceinte, même Cicéron qui à l’époque n’était pas encore travaillé par sa libido. Par la suite elle s’était mariée avec l’un des procréateurs éventuels et puis elle est décédée dans un accident d’escalator deux ans auapravant. Et oui, cela arrive lorsqu’on escalade à tort. Bref, Lucie requiert les compétences de Cicéron pour une affaire de famille qui va se révéler peu banale alors qu’à l’origine ce genre de problème se produit souvent.

Le père était également dans la classe de Cicéron et donc notre détective l’a fort bien connu. Mais il a disparu alors que Lucie était toute gamine. Elle ne l’a pas connu et sa mère s’est remariée avec quelqu’un d’inintéressant. Si peu intéressant que le prénommé Philippe s’est séparé de Séverine peu avant le décès de celle-ci. Et comme Lucie avait volé de ses propres ailes, il a bien fallu vider l’appartement de Séverine. Et c’est là que ça devient intéressant.

Lors de ce déménagement Lucie s’est aperçue qu’il manquait un tableautin, quelque chose d’insignifiant jusqu’à ce qu’une émission culturelle, sur Arte bien sûr, lui apprenne que l’auteur de ce tableau était un peintre reconnu et que la toile n’était pas si insignifiante que ça. Comment cet objet était entré dans la famille, c’est toute une histoire sentimentale qui est développée dans le roman, mais sachez que ce peintre avait pour nom Roan Mijo. Lucie avait déposé plainte pour vol, mais comme rien ne prouvait cet acte délictueux, c’était resté sans suite. C’est le pourquoi du comment de la demande de Lucie, qui connaissait l’existence de Cicéron et son statut de détective privé par sa mère.

Et voilà notre ami Cicéron à la recherche d’un tableau de maître, et il va aller de surprises en surprises. Oui, il y en a beaucoup de surprises, la première étant que le prénommé Philippe, de son nom Hippie-Pourra, dont la dernière adresse connue se situe à Alfortville, vit en réalité à Sceaux.

Et comme Cicéron bénéficie de l’aide de Vanessa, laquelle malgré ses congés forcés ne reste pas inactive autant du côté des gambettes et du reste que du côté du cerveau, il va remonter la filière beau-paternelle (ça se dit ?).

Aidé donc de Vanessa, pour la partie recherche informatique, de son duo habituel c’est-à-dire Momo et René, bénéficiant de la bénédiction du commissaire Saint Antoine, Cicéron Angledroit va tenter de subtiliser le tableau incriminé et le remplacer par une copie.

Toute ceci ne va pas se dérouler sans heurts, sans quiproquo, sans initiatives, heureuses ou malheureuses, de la part de René qui en profite pour honorer les femmes de ses copains, en tout bien tout honneur puisque c’est pour rendre service. Incidemment, on retrouve quelques personnages du roman Tout est bon dans l’boulon. Faut dire que les déplacements de Cicéron se réduisent à un petit périmètre banlieusard du Val-de-Marne, sauf incursion obligatoire dans les Hauts-de-Seine.

Ce roman policier (oui, puisqu’il y a enquête) tranquille, quoique certains épisodes se révèlent assez épiques, marie gentiment érotisme de bon aloi et situations périlleuses, sans véritable temps mort. D’ailleurs Cicéron Angledroit connait la parade pour pallier ces temps morts en temps vivants avec une partenaire qui ne demande qu’à passer du bon temps, que ce soit Vanessa, ou Brigitte, la préparatrice en pharmacie dont le mari qui bricole dans la plomberie devrait vérifier plus souvent celle de sa femme mais comme il est en déplacement constamment au Quatar ou pays similaire, il doit déléguer les branchements, sans le savoir.

Un roman amusant, qui délasse, et c’est le but, et qui permet d’évacuer tous les soucis quotidiens. Mais qui ne manque pas de réflexions de bon sens, comme cela arrivait dans les romans de… ah, zut, j’ai le nom sur le bout de la langue, c’est le nom du commissaire Saint Antoine qui m’empêche de m’en souvenir.

 

On se fait quatre bises. Deux chacun pour les tatillons. Maintenant, il suffit qu’on se voie deux fois pour passer directos à la bise. Et en même temps, les rapports homme-femme n’ont jamais été aussi tendus. Faut pas chercher à comprendre.

 

Cicéron ANGLEDROIT : Tiens bon l’pinceau, y a des coulures ! Série Enquêtes de Cicéron. Editions du Palémon. Parution le 12 octobre 2018. 224 pages. 10,00€.

ISBN : 978-2372605328

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25 novembre 2018 7 25 /11 /novembre /2018 05:19

La théologie, c’est bien
L’athée sans logis, c’est moins bien !

Stanislas PETROSKY : Requiem pour un fou.

Il ne faut pas croire que parce qu’il est prêtre exorciste et agent du Sodalitium Pianum, les Services secrets du Vatican, que Requiem, alias Esteban Lehydeux, se tourne les pouces en attendant une hypothétique affaire de démonologie.

D’ailleurs, il sait bien que les démons ne se trouvent pas là où on les attend, mais souvent dans les coulisses du pouvoir. Mais n’extrapolons pas, ce n’est pas notre propos. Non, Esteban (d’église !) est, au moment où nous le retrouvons dans cette nouvelle aventure, fort occupé à aider les bénévoles de l’association Magdalena, basée à Boulogne-Billancourt. Cette association caritative vient en aide aux SDF et autres cabossés de la vie.

C’est alors qu’il reçoit un appel téléphonique de son ami Régis, le commissaire de police. Régis est sur une scène de crime et il a besoin des lumières, et du son par la même occasion, de son ami Requiem. En effet, par un pur hasard géographique, le corps d’un homme a été découvert dans un appartement de Boulogne-Billancourt et bille en tête notre curé se précipite, car il est impliqué.

En effet le cadavre, qui avait été placé dans un appartement destiné à la location, est agenouillé sur un prie-Dieu, des phrases sont inscrites sur une glace à l’aide d’un marqueur, des phrases qui se réfèrent à des prières mais dont des mots sont en trop, et surtout, surtout, le dernier roman publié en date de Requiem est retrouvé sur place. Et c’est bien cet ouvrage qui a inquiété le commissaire Labavure, Régis de son prénom. Que venait faire ce livre en cette galère !

Ceci aussi inquiète Requiem, toute la mise en scène en réalité. D’autant que d’autres corps sont retrouvés dans des conditions similaires, avec toujours des références religieuses légèrement détournées, et à chaque fois le roman de Requiem. A croire que l’assassin s’était constitué un stock d’ouvrages, ce qui est bon pour la vente, et donc sur le pourcentage qui ruissellera dans l’escarcelle de l’éditeur et de l’auteur.

Cécile, la copine de Requiem, celle qui lui permet de passer des nuits blanches, arrive sur les entrefaites pour le week-end. Ah heureux curé qui connait sa Bible et surtout la théologie chrétienne, qui sait que le célibat des prêtres n’a été décidé que depuis le concile du Latran de 1123, et bien d’autres références qui lui permettent de contourner la doctrine en vigueur, se prête volontiers au simulacre de la reproduction, un interdit que bravent allègrement certains religieux en s’occupant de la sexualité des gamins, se souvenant des paroles du Christ qui disait Laissez venir à moi les petits enfants.

Cécile qui accompagne Requiem sur les lieux de meurtres et donne la signification des messages inscrits sur les lieux des crimes et se rapportent à des chansons de Johnny Halliday. Oh Marie, si tu savais

Et comme Régis Labavure est dépendant d’un chef, un commissaire divisionnaire, qui n’apprécie pas (le mot est faible) l’intrusion de Requiem dans l’enquête. Monsieur le Divisionnaire est un grand lecteur, mais la littérature populaire, surtout policière, est au dessus de ses gammes de prédilection, alors un ouvrage d’une teneur guère orthodoxe, et encore moins catholique, ne plaide pas en faveur du prêtre-romancier.

Bientôt germe dans l’esprit (sain) de Requiem l’idée que le fauteur de troubles lui en veut et que la cible bientôt se sera lui. Et comme les morts étaient tous des cabossés de la vie, il requiert les compétences, via Falvo, son patron au Vatican, compétences dans des domaines pratiques, matériels et autres, notamment la venue d’une charmante maquilleuse. Et il se mêle au troupeau toujours plus nombreux des SDF (Sans Dents Fixes) qui attendent la provende distribuée par l’association caritative qu’il aide. Association qui n’est pas la seule à proposer des repas gratuits car d’autres effectuent un tri dans les bénéficiaires en distribuant de la soupe au cochon, ce qui exclue quelques faméliques.

 

Moins humoristique que dans ses précédents romans consacrés à Esteban Lehydeux, Stanislas Petrosky s’intéresse plus à un phénomène de société, celui des pauvres obligés de vivre dans la rue, ravitaillés par des associations caritatives dévouées, ou malfaisantes, par exemple les Identitaires.

Mais outre la dénonciation du traitement infligé à ces pauvres hères, l’auteur se défoule en pointant du doigt les dérives d’une société, dite moderne, qui régresse mentalement, sous couvert de la moralité. Le harcèlement sexuel de rue par exemple, toujours à mettre sur le compte des hommes naturellement, car les femmes n’oseraient jamais se promener en mini-jupe et fringues affriolantes et attiser la convoitise masculine. C’est bien connu !

Si j’ai écrit que ce roman est moins humoristique que les précédents, le contexte ne s’y prêtant guère, certaines scènes ou réflexions sont toutefois glissées ici et là afin d’apporter la note joyeuse indispensable à la décompression nécessaire exigée pour mieux savourer les coups de griffes, les coups de gueule, les idées de bon sens émises. Alors entre deux parties de soutane en l’air, et deux interpellations au lecteur et plus principalement à sa lectrice, l’auteur émet et glisse ses sentiments de révolte, ce qui ne changera rien à l’ordre des choses mais lui permet de se défouler et d’être en paix avec lui-même.

Avant d’être un roman humoristique, il s’agit d’un roman humaniste. Amen !

 

Si Facebook avait existé pendant la Seconde Guerre mondiale, le pauvre Jean Moulin aurait été dénoncé bien avant le 21 juin 1943.

 

Stanislas PETROSKY : Requiem pour un fou. Collection Polar. Editions French Pulp. Parution le 15 novembre 2018. 240 pages. 15,00€.

ISBN : 979-1025104040

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7 novembre 2018 3 07 /11 /novembre /2018 06:25

A consommer sans modération !

Renaud MARHIC : Korrigans et Grosse Galette.

La BRO, Brigade de Répression de l’Onirisme, a encore fait des siennes sous l’impulsion de son chef, le Supérieur Inconnu. L’assaut a été déclenché à l’université d’Onirie et les Lutins Urbains font tout ce qu’ils peuvent pour annihiler l’attaque. Mais les moyens employés sont énormes. A l’intérieur du bâtiment, le Professeur B. et la petite et charmante mais versatile Loligoth se demandent comment cela va se terminer. Heureusement le Professeur possède une porte de sortie grâce à un roman intitulé Le Passe-muraille.

Prié d’aller se reposer les neurones après l’épisode où il a subi quelques conséquences psychiques et donc a été placé en congé maladie, avec obligation de se reposer, Gustave Flicman, le jeune policier de la Grosse Cité passe ses vacances au vert, c’est-à-dire plutôt au bleu puisqu’il est installé chez sa Tantine à Restick, près de Carnac. Vit également dans cette maison, Philomène, la grand-tante, qui se réfère à Noëlick l’ancêtre, l’oncle qui d’après la photo trônant sur la cheminée laisse à supposer qu’il a rejoint le pays des morts depuis belle lurette.

Gustave se promenant dans la contrée, croise un barbu à lunettes sur le bord de la falaise semblant guetter et appeler quelqu’un les mains en porte-voix. D’après Tantine, il s’agit de René Le Brac, mycologue et connu dans la région comme écrivain. D’après la grand-tante Philomène, l’homme aurait même été l’ami de l’oncle Noëlick.

Alors qu’il doit aller chercher du pain à la boulangerie locale, qui est éloignée de la maison de Tantine, Gustave se met à suivre Le Brac. Une décision qui va l’entraîner dans moult péripéties car cet homme qui cumule les fonctions est également lutinologue. Or le Professeur B. et Loligoth viennent d’arriver sur place, accompagnés des Lutins Urbains, le Pizz’Raptor, Bug le Gnome, et les autres afin justement de rencontrer Le Brac et lui demander de les aider avec le soutien de leurs cousins bretons, le Crassou, Gabino, Boléguean, Mourioche et autres Korrigans tout aussi farceurs que les Lutins Urbains, chacun d’eux possédant une fonction particulière. Et ils recherchent le talisman, la Grosse galette, susceptible de les débarrasser de leurs adversaires.

Mais le Supérieur Inconnu est sur leurs traces et il n’hésite pas à employer les grands moyens. Gustave se trouve mêle malgré lui à cet affrontement, qui lui fera connaître l’Ankou et sa charrette, le Bag Noz ou barque de nuit, le sabot des Kerrions, et pérégrinera de l’île de Groix jusqu’à Brestopol-sur-Océan, dans le cimetière de cette cité, puis au phare d’Eckmühl, subissant diverses turbulences dont il se serait bien passé. Mais il n’est pas le seul à faire l’objet de la vindicte du Supérieur Inconnu. Loligoth elle aussi sera la cible des attaques du Supérieur Inconnu et de ses hommes casqués.

 

Un roman qui selon l’éditeur est destiné aux enfants de six à neuf ans mais l’âge du lecteur importe peu, car il s’agit bien d’une plongée dans la culture folklorique bretonne et ses Lutins farceurs, recensés au dix-neuvième siècle par des lutinologues réputés. D’ailleurs cet ouvrage est dédié à René-François Le Men, François-Marie Luzen, et à Anatole Le Braz, sûrement le plus connu et dont les ouvrages sont constamment réédités.

Mais si Renaud Marhic rend hommage à ses prestigieux prédécesseurs, il ne faut pas croire pour autant que ce roman est austère. Au contraire, il fourmille d’épisodes amusants, parfois hilarants, la bonne humeur étant privilégiée. Pour autant les adultes qui liront ce cinquième épisode des aventures de Gustave Flicman y trouveront certains propos destinés aux adultes.

 

- Et des librairies ? Nous avons encore des librairies ?

- Rassurez-vous, la dernière a brûlé hier ! C’est bien la preuve qu’il avait raison : d’après lui, il n’y pas plus dangereux que le papier. Surtout quand il est imprimé. A ce qu’il dit, cela le rendrait même explosif…

 

Une conversation enregistrée en caméra cachée et micro dissimulé par l’auteur et échangée entre le maire et la chargée de communication de la Grosse Cité. Nous n’en sommes pas encore arrivés à cette extrémité, mais si l’on n’y prend garde, il se pourrait que ceci soit une prédiction à court terme. D’autant que les auteurs sont déjà considérés comme quantité négligeable, voire nuisible par certains hommes (et femmes) politiques !

 

Renaud MARHIC : Korrigans et Grosse Galette. Les Lutins Urbains N°5. Illustrations de Godo. Couverture cartonnée. Collection Romans Jeunesse. Editions P’tit Louis. Parution le 20 septembre 2018. 262 pages. 10,00€.

ISBN : 978-2373730579

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12 octobre 2018 5 12 /10 /octobre /2018 11:13

Hommage à Pierre Véry, décédé le 12 octobre 1960.

Pierre VERY : M. Marcel des pompes funèbres.

Nous sommes tous guettés un jour ou l’autre par ce que d’aucuns appellent la Grande faucheuse. Tous ! Eh oui, même les croque-morts.

D’ailleurs il le savait bien Octave Lamédée qui avait passé sa vie à travailler avec des morts. Ses derniers jours sont arrivés et après quelques heures de râles et d’agonie, il s’éteint en riant doucement.

Comme s’il venait de jouer un bon tour à sa famille, à ses amis venus l’assister pendant ses derniers moments. Ce que l’on pourrait qualifier d’humour noir.

Jusque là, rien que de très banal, sauf que Bernard Hilairet, son ami, un brocanteur, décède lui aussi dans la force de l’âge. Farce macabre qu’il joue lui aussi puisqu’il meurt assassiné.

Maître Prosper Lepicq, un avocat perpétuellement en quête d’affaires afin de regonfler un portefeuille désespérément vide, averti anonymement de ce crime, se réjouit.

Il a faim, et cette petite enquête qui se profile à l’horizon, avec à la clé un client, non seulement va pouvoir lui permettre peut-être de mettre du beurre dans les épinards, mais de plus s’acheter les épinards.

 

M. Marcel des pompes funèbres est l’une des sept aventures consacrées à Prosper Lepicq, écrites entre 1934 et 1937 par Pierre Véry.

Des six autres romans qui le mettent en scène on retiendra surtout Meurtre au Quai des orfèvres, L’assassinat du Père Noël et Les disparus de Saint-Agil, qui eurent l’honneur d’être adaptés au cinéma.

Le rêve de Pierre Véry était de rénover la littérature policière en la rendant poétique et humoristique, avec des personnages qui ne sont plus des pantins au service d’une énigme à résoudre mais des êtres humains en lutte avec leur vérité.

Et même si ces romans paraissent aujourd’hui gentiment désuets, vieillots, c’est avec plaisir qu’on les lit et les relit.

 

Autre édition : Editions de Flore. Parution 1949.

Autre édition : Editions de Flore. Parution 1949.

Pierre VERY : M. Marcel des pompes funèbres. Collection Le Masque jaune N°2009. Editions Librairie des Champs Elysées. Parution 21 mai 1990. 158 pages.

Première édition : Gallimard. Parution 1934

Autre édition : Editions de Flore. Parution 1949.

Réédition : Le Sycomore. Parution le 10 octobre 1996

ISBN : 978-2702420430

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10 octobre 2018 3 10 /10 /octobre /2018 05:23

Comment faire le tour du monde avec en poche vingt-cinq centimes ? A méditer par nos hommes politiques au lieu de faire les poches des retraités !

Paul D’IVOI et Henri CHABRILLAT : Les cinq sous de Lavarède.

C’est ce que doit réaliser Armand Lavarède, trente cinq ans, journaliste ayant également poursuivi des études de médecine et scientifiques mais homme dépensier, possédant des dettes un peu partout.

Surtout avec monsieur Bouvreuil, qui pratique l’usure en plus de ses différentes occupations de banquier et financier, agent d’affaires. L’homme, peu sympathique, qui a racheté les quittances de loyer, veut bien passer l’éponge sur ses dettes, des loyers en retard, si Lavarède accepte d’épouser sa fille, la triste et sèche Pénélope. Ce que refuse catégoriquement Lavarède qui ne veut en aucun cas se mettre un boulet à la cheville.

Il est convoqué chez un notaire qui lui signifie qu’il est le légataire universel de son cousin Richard, qui s’était installé en Angleterre, pour un héritage s’élevant à quatre millions environ, et composé de maisons et propriétés, de rentes, d’actions et d’obligations. Mais pour percevoir ce pactole, il devra faire le tour de monde avec seulement vingt-cinq centimes en poche. Et pour vérifier si notre voyageur, qui accepte les clauses du testament, ne triche pas, il sera accompagné par sir Murlyton et sa fille Aurett, les voisins de cousin Richard en Angleterre. Autant Pénélope est moche, autant miss Aurett est belle à ravir. Mais nous ne sommes pas là pour digresser sur les avantages physiques de celle qui va suivre, en compagnie de son père ne l’oublions pas, les tribulations de Lavarède qui devront durer un an, jour pour jour. Rendez-vous est pris donc pour le 25 mars 1892, avant la fermeture des bureaux.

Première étape gare d’Orléans, direction Bordeaux, puis correspondance avec un transatlantique qui va rallier l’Amérique. En gare, comme il connait un sous-chef, il promet à celui-ci une forte somme d’argent s’il parvient à toucher l’héritage. L’homme accepte sans difficulté et Lavarède se niche dans une caisse à piano sur laquelle est apposée la mention Panama. Dans le même train voyagent sir Murlyton et sa fille Aurett, ainsi que l’oiseau de mauvais augure du nom de Bouvreuil, qui doit également effectuer le voyage, étant le président du syndicat des porteurs d’actions du Panama. La conversation s’engage et Bouvreuil sait à présent que Lavarède doit se trouver à bord d’une caisse, miss Aurett l’ayant aperçu.

Heureusement la jeune fille parvient à avertir Lavarède, niché dans sa caisse, et celui-ci a le temps de s’extirper avant que Bouvreuil exige des employés que le caisson soit ouvert. Mais point de Lavarède à l’intérieur au grand dam de l’homme d’affaires.

Nous suivons Lavarède à bord du paquebot qui va le transporter gratuitement jusqu’au Panama, avec à ses trousses Bouvreuil et en compagnie ou suivi de loin, voire parfois protégé par sir Murlyton et sa fille. Surtout sa fille.

Première escale en Martinique, puis arrivée au Panama, qui à l’époque faisait partie de la Colombie, via La Guaira, le port de Caracas au Venezuela. Un nouveau personnage entre alors en scène, don José Miraflorès y Courramazas, un aventurier qui s’accoquine avec Bouvreuil. Puis tout ce petit monde gagne le Costa-Rica à dos de mulets ou de cheval pour les plus chanceux. A la faveur d’une révolution Lavarède se trouve propulsé comme le nouveau président de la république costaricienne. Mais il est bientôt destitué à cause d’une nouvelle révolution et départ pour la Californie où les voyageurs passent quelques temps à Frisco dans le quartier chinois. Ensuite embarquement pour les îles Sandwich, toujours sans payer, car Lavarède trouve une nouvelle astuce pour voyager à bord d’un navire. Il se fait passer pour mort et enfermer dans un cercueil à la place d’un Chinois, membre d’une franc-maçonnerie chinoise.

Tout ce petit monde parviendra en Chine en aérostat, puis la traversée du Tibet verra notre voyageur désigné comme un nouveau dieu.

Les avatars continuent jusqu’à l’arrivée en Europe puis à Londres où Lavarède arrive pile à l’heure, en compagnie de sir Murlyton, qui s’est pris d’affection pour ce compagnon aventureux, et de miss Aurett qui ressent un sentiment nettement plus amoureux.

 

Ce roman a été publié pour la première fois en 1894, mais l’on ne pourra s’empêcher de penser au Tour du monde en 80 jours de Jules Verne, roman publié en 1873. En effet Les cinq sous de Lavarède propose un tour du monde avec retour au lieu de départ à une date fixée par contrat, et les différents moyens de transports employés, par terre, par mer, par air, possèdent un air de ressemblance avec l’un des plus célèbres romans de son prédécesseur qui signait les Voyages Extraordinaires, tandis que la série des voyages imaginés par Paul d’Ivoi se nommait les Voyages excentriques.

L’intrigue et la narration des Cinq sous de Lavarède sont nettement plus enlevés, plus rapides, plus passionnants, moins pédagogiques même si le lecteur voyage beaucoup et sans véritables temps morts. Un roman d’action, d’aventures, dont les épisodes sont parfois rocambolesques, humoristiques, avec ce petit côté ludique, qui ne peut qu’engendrer le plaisir de lire et inciter à se plonger dans d’autres ouvrages du même genre et en déborder pour découvrir d’autres styles, d’autres catégories.

Même si parfois on se rend compte qu’on est en face d’aventures débridées, pas toujours crédibles, on se laisse emporter par ce périple au long cours. Un classique de la littérature qui a été adapté aussi bien en bandes dessinées qu’au cinéma, justement par ce côté grandiloquent dans les situations diverses dans lesquelles notre héros, et ses compagnons de voyage sont entraînés. Sans oublier le cas de Bouvreuil qui suit à la trace ou voyage de concert avec Lavarède et à qui il arrive de nombreuses avanies. Mais chacun des personnages de ce roman est lui aussi confronté à des situations périlleuses ou amusantes, et l’enchainement des divers épisodes oblige le lecteur à poursuivre son chemin sans avoir envie de s’arrêter.

Vous pouvez télécharger gratuitement cet ouvrage, sous la forme numérique que vous souhaitez en cliquant sur le lien ci-dessous :

Paul D’IVOI et Henri CHABRILLAT : Les cinq sous de Lavarède. Collection Mille Soleils d’or. Editions Gallimard. Parution septembre 1980. 450 pages.

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1 octobre 2018 1 01 /10 /octobre /2018 09:36

Vous connaissez les TOC, troubles obsessionnels compulsifs, mais connaissez-vous les TOS ?

Jan THIRION : A fond les manettes.

Il s’agit tout simplement d’une pulsion qui oblige l’individu atteint de ce trouble de se masturber. Ce qui se nomme Trouble Obsessionnel Sexuel.

Peut-être vous-même ressentez-vous ce besoin, mais ne me dites rien, ceci fait partie de votre vie privée, et intéressons-nous plutôt à Clochette, un des personnages de cette nouvelle humoristique et érotique de Jan Thirion qui savait narrer une histoire libertine sans pour autant choquer la pudeur de ses lecteurs.

Alors que Clochette inspecte d’un doigt habile son entrejambe, elle sent une odeur de brûlé. Ce n’est juste que le rôti qui prend ses aises dans le four. Et le téléphone qui se met à sonner. L’hôpital l’informe que son beau-père vient d’être amener en urgence. Elle a beau appeler Willy son mari, mais personne ne répond. Elle le découvre dans la réserve de l’abri-antiatomique en train de mélanger de la confiture dans un pot à l’aide de son outil destiné à la reproduction et placé entre ses jambes depuis sa naissance.

Car tout autant que Clochette, Willy son compagnon est un adepte des plaisirs solitaires (tiens, tiens, Clochette et Willy, clin d’œil à Willy et Colette ?) ce qui les a rapproché. Leur union est satisfaisante et ils s’entendent comme larrons en foire pour leurs débordements manuels.

Willy se rend immédiatement à l’hôpital, non sans avoir hésité sur le choix de la voiture qu’il va emprunter. Féru d’automobile, comme son père et le père de Clochette, il possède quelques voitures de sport magnifiques mais il se décide finalement pour un véhicule banal. De toute façon la vitesse en ville est limitée à 5 km/heure, ce qui fait qu’il aurait aussi vite fait d’aller à pied. Les véhicules prioritaires ont droit à un effarant 8 km/heure. Et Jan Thirion l’avait écrit bien avant les annonces officielles sur les réductions de vitesse.

 

Dans ce texte gaulois, non réfractaire, Jan Thirion se déchaîne, accumulant les situations les plus baroques, les plus loufoques, les plus démesurées, les unes que les autres.

Joyeusement égrillard, A fond les manettes est totalement délirant, et l’on ne croit pas une seule seconde à toutes les péripéties que nous narre Jan Thirion. Il laisse son imagination vagabonder pour évoquer des situations abracadabrantesques mais sous son propos, certains actes, qui ne sont pas manqués, sont réels, comme peuvent en témoigner quelques infirmiers et infirmières qui ont été confrontés, parfois, à des cas quasiment semblables. On n’arrête pas le progrès en termes d’objets sexuels de substitution.

A lire en prenant du recul…

 

http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2017/04/jan-thirion-la-compil.html

Jan THIRION : A fond les manettes. Nouvelle numérique. Collection Culissime. Editions SKA. Parution le 20 juin 2013. 20 pages environ. 1,99€.

ISBN : 9791023401905

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20 septembre 2018 4 20 /09 /septembre /2018 05:57

Il est Hypperbone, si je puis dire !

Jules VERNE : Le testament d’un excentrique.

En ce vendredi 3 avril 1897, règne une effervescence inhabituelle dans Chicago. Un char tendu de draperies d’un rouge éclatant traverse la ville, accompagné de toutes les personnalités de la cité, hommes politiques, journalistes, riches entrepreneurs, et combien d’autres invités à défiler, précédés d’orchestres et d’orphéons, salués par une foule nombreuse estimée à plusieurs centaines de milliers d’individus, tous sexes et âges confondus.

Les applaudissements fusent, il règne une espèce de joie diffuse, dont l’origine est pourtant mortuaire. Il s’agit de se rendre après quelques heures de marche jusqu’au cimetière d’Oakswoods, la plus grande et la plus célèbre nécropole chicagoise afin de procéder à l’inhumation de William J. Hypperbone.

A peine âgé de cinquante ans, ce milliardaire qui avait bâti sa fortune en spéculant sur les terrains immobiliers, est donc conduit à sa dernière demeure, un mausolée véritable petit palais où même est prévue une salle à manger avec tout ce qu’il faut pour se sustenter, vivres y compris.

Mais le plus curieux réside dans ce fameux testament qui va être lu devant une nombreuse assemblée. Passionné du noble Jeu de l’Oie au sein de son cercle, les Club des Excentriques, il a imaginé que six concurrents désignés au sort participeraient à un immense Jeu de l’Oie organisé selon les règles du dit jeu, les différents Etats composant les Etats-Unis figurant les cases de ce jeu. Et l’Illinois, état dont Chicago est la capitale, représenterait les cases où figure l’Oie. Mais tout est expliqué en détail dans ce roman ludique. Le vainqueur recevant la coquette somme de soixante millions de dollars.

Et c’est ainsi que sortis d’un chapeau, maître Tornbrock, notaire, et George B. Higginbotham, le président du club, révèlent le nom des heureux candidats à cette course déterminée par deux dés, avec six millions de dollars de récompense à la clé pour le vainqueur.

Il s’agit de Max Réal, artiste peintre paysagiste de vingt-cinq ans qui commence à posséder une certaine renommée. Il est célibataire et adore sa mère, sentiment partagé réciproquement. Il se verra accompagné par un jeune noir, Tommy qui rêve d’être son esclave afin de ne plus avoir de problèmes financiers.

Tom Crabbe, boxeur, champion hors normes, puisqu’il peut avaler jusqu’à six repas par jour ce qui ne l’empêche pas de démolir ses adversaires. Mais la tête pensante est son entraîneur, John Milner, qui l’accompagne partout, et est son porte-parole officiel. Un couple figurant la tête et les jambes.

Herman Titbury, quarante-huit ans. Petit banquier et prêteur sur gages marié avec une maritorne, sorte de dragon femelle. Le couple s’entend bien dans l’avarice, ce pourquoi ils n’ont pas eu d’enfant.

Harris T. Kimbale, journaliste, chroniqueur en chef de La Tribune. Trente-sept ans, célibataire, et fort estimé de ses confrères, qui se promet bien de ramener des articles sensationnels.

Lissy Wag, jeune femme de vingt et un ans, est sous-caissière dans un grand magasin. Elle partage son petit appartement avec Jovita Foley, vingt-cinq ans, vendeuse dans le même magasin.

Hodge Urrican, cinquante-deux ans, célibataire, officier de la marine des USA, en retraite depuis six mois et au caractère irascible et son faire-valoir qui se montre encore plus vindicatif que son mentor.

Mais un codicille figure en fin de ce règlement. Un septième candidat est prévu pour participer à ce jeu. Il s’agit d’un inconnu dont le patronyme n’est pas dévoilé. Il s’agit d’un certain XKZ et bien malin serait celui qui pourrait le décrire. Même le notaire affirme ne pas en savoir plus sur ce concurrent inédit.

Seule une femme participe donc à ce jeu grandeur nature, mais il ne s’agit que du simple hasard voulu par l’auteur, et le profil physique et psychologique de ces six candidats est plus détaillé dans le roman donc je en m’attarderai pas plus.

Le départ de ces concurrents s’échelonnera de deux jours en deux jours à partir du 1er mai 1897. C’est Max Réal qui va débuter le parcours. Il a quinze jours pour rallier Fort Riley dans le Kansas et connaître alors quelle sera sa prochaine destination qui lui sera signifiée par télégramme.

Il en sera de même pour les autres candidats qui devront se plier à plusieurs contraintes. Les voyages seront à leur charge, de même que les pénalités éventuelles, puisque certaines cases donnent lieu à paiement de primes, ou de retour en arrière. La date d’arrivée du vainqueur ne peut donc être déterminée et ce parcours peut prendre des semaines, voire des mois.

 

Jules VERNE : Le testament d’un excentrique.

Nous suivons les différents participants lors de leurs différentes pérégrinations hasardeuses. Car tout ne tourne pas comme sur des roulettes, les impondérables s’accumulent. Ainsi tandis que l’un des candidats est malade, l’autre est confronté à des grèves de cheminots, un troisième risque de la prison pour avoir inconsidérément demandé un grog au whisky dans un état qui interdit la consommation d’alcool. Ou alors un participant arrive juste au dernier moment à son lieu de rendez-vous ayant traîné en route pour admirer le paysage et allier l’utile à l’agréable.

Si certains se retrouvent, par le lancer de dés, non loin de leur lieu de départ, l’état qui est désigné jouxtant l’Illinois, d’autres sont obligés de traverser les Etats-Unis d’Est en Ouest, puis à nouveau d’Ouest en Est, ce qui occasionne non seulement des frais mais oblige à un jonglage dans les moyens de transports. Le train, naturellement, le bateau, le fiacre, le cheval et même une triplette, trois vélos en un, vont servir de moyen de transport.

Des cartes du pays sont éditées à des millions d’exemplaires afin que le bon peuple puisse suivre les déplacements des concurrents. Une curiosité naturelle, mais comme il s’agit d’un jeu, les parieurs sont nombreux. Chaque candidat se verra donc affublé d’un dossard fictif, une sorte de petit drapeau qui personnalisera sur les états concernés leur position.

Et, le lecteur s’en doute, l’épilogue se termine un coup de théâtre final, propre au roman populaire, alliant suspense et retournement de situation. Ce roman est le soixante-quatrième publié par Hetzel, d’abord en feuilleton d’abord dans Le Magasin d’éducation et de récréation puis en deux volumes en 1899.

Il ne déroge pas à la ligne de conduite de Jules Verne qui ne se contente pas de mettre en scène des personnages participants à un jeu de hasard, mais il en profite pour alimenter ses jeunes lecteurs de détails géographiques, historiques et économiques en tous genres. Les itinéraires, les villes traversées, le nombre d’habitants et bien d’autres détails qui n’apportent pas grand-chose à l’intrigue mais au contraire la ralentissent.

S’il ne possède pas le souffle épique du Tour du monde en quatre-vingts jours, qui était un pari, réaliser un voyage en un temps déterminé, il faut quand même constater que cette intrigue est un tour de force, l’adaptation d’un jeu de salon en grandeur nature.

Pour les possesseurs de liseuse, ce roman est disponible gratuitement sur le site ci-dessous :

Jules VERNE : Le testament d’un excentrique.

Collection Les intégrales Jules Verne. Editions Hachette. Parution 1979. 474 pages.

Editions Ebooks Libres et Gratuits. 460 pages.

ISBN : 978-2010055935

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5 septembre 2018 3 05 /09 /septembre /2018 08:06

Sur les genoux ? A dada sur mon chameau, quand il trotte…

Une production Christian JACQ !

Célestin VALOIS : Faites sauter le Pharaon.

A trente ans, Basile Espérandieu, dit tout uniment Basile, est maître de recherche détaché du Centre National de la Recherche Scientifique et correspondant de l’Académie des Sciences. Ce qui en jette. Et il émarge à un service secret, un service de renseignements fondé sur les échanges des correspondants des Cinq Académies, et dont le but est de regrouper les informations recueillies auprès de chercheurs de tous horizons. Cette émanation scientifique est indépendante des pouvoirs politiques et peut ainsi voler de ses propres ailes. La finalité étant de tisser un réseau international pour sauver le monde de la dictature. Tout un programme, une utopie que l’on ne rencontre que dans les romans. Mais néanmoins on peut rêver à son existence.

Mais Basile est distrait. Il se trompe dans les dates par exemple, dans les cartes et les digicodes pour s’introduire en toute légalité et insouciance sous la Coupole de l’Institut de France. C’est ainsi que son intrusion perturbe son chef, l’un des trois plus grands physiciens français, mais comme Basile avait terminé il vient remettre son rapport sur la mission qui lui avait été confiée, avec quelques jours d’avance.

Cette mission, qu’il avait acceptée comme Monsieur Phelps, sans quoique ce soit se détruise dans les cinq secondes, consistait en la remise d’un rapport sur les relations politiques entre l’Egypte et Israël et leur potentiel scientifique. Et pour sceller cette alliance, le président égyptien doit se rendre à Jérusalem car il a un projet qui ne fait pas que des heureux. Bref, Basile se propose de retourner en Egypte afin de peaufiner sa mission.

En attendant, il se rend de nuit dans une pharmacie homéopathique où travaille Béatrice, la jeune directrice du laboratoire homéopathique de l’officine et accessoirement sa maîtresse. Il a caché dans une armoire un vase égyptien qu’il destine à son amoureuse. Il possède la clé de la porte d’entrée, mais il n’en a pas besoin, car celle-ci est déjà ouverte. Des voleurs se sont introduits dans la boutique. Ils espèrent pouvoir s’emparer du vase d’albâtre qui émet un trait violet et des rayons rougeâtres.

Les deux hommes sont éberlués, et l’un d’eux choit tandis que l’autre parvient à s’enfuir, non sans avoir violemment percuté Basile qui se retrouve les fesses par terre. Et menotté car la police vient de faire son apparition.

Conduit au commissariat, Basile est embastillé en compagnie d’un truand, Jo le Corse, qui a fondé la Société de Défense de l’Environnement du bois de Boulogne. Une société destinée à protéger ses intérêts dans ce qui dans le temps se nommait le pain de fesses. Basile à l’aide d’un petit outil, un vulgaire trombone de bureau, ouvre les menottes de son nouvel ami qui s’était fait coffrer exprès, recherché qu’il était pour une histoire de dettes avec le Grec. J’abrège.

Basile est dédouané par l’individu assommé, car naturellement il ne possédait pas ses papiers sur lui. Une distraction de plus qui aurait pu lui être fatale. Seulement l’inspecteur Lafuge n’est pas convaincu de l’innocence de notre scientifique agent secret, et il décide, sans en informer sa hiérarchie de suivre pas à pas Basile qui fidèle à son idée va embarquer pour l’Egypte.

Mais le vase égyptien n’est pas un objet unique, un autre existe et doit être remis lors d’une cérémonie entre Begin et Sadate afin de sceller l’amitié entre les deux peuples. Seulement il contient un produit nocif qui lors de l’ouverture du vase risque de provoquer la mort de très nombreuses personnes. Une petite manipulation à découvrir dans un grimoire permet cette opération d’enlèvement d’opercule sans danger. Mais encore faut-il trouver la clé.

 

Nous suivons avec amusement les tribulations de Basile le Distrait, ainsi que divers protagonistes, dans ses déplacements et ses recherches. Un roman humoristique d’aventures qui pourrait être une aimable bluette, à la façon d’agents secrets comme l’avait si bien interprété Don Adams dans la série télévisée Max la Menace de Mel Brooks et Buck Henry à la fin des années 1960.

Mais on ne peut s’empêcher de penser également à Pierre Richard dans Le Grand blond avec une chaussure noire, un film d’Yves Robert de 1972, d’autant que Basile lui aussi est blond, et que cette couleur de cheveux est anormale en pays arabe. Surtout lorsque Basile se trouve sans chapeau dans un édifice religieux.

Les gags s’enchaînent dans la joie et la bonne humeur, sauf pour quelques participants à cette aventure mouvementée. Car en sous-main d’autres protagonistes n’apprécient pas le rapprochement envisagé entre Sadate et Begin. Des marchés juteux sont en jeu. Et quarante ans ou presque après la parution de ce roman, on peut se dire que rien n’a changé ! Et même que cela a empiré.

 

Fausener faisait partie du cercle étroit de ces hommes, inconnus du grand public, qui dirigent la marche boiteuse du monde. Il laissait le devant de la scène aux présidents pantins, aux chefs corrompus des partis politiques, à la kyrielle de gugusses qu’il manipulait à sa guise.

 

Célestin VALOIS : Faites sauter le Pharaon. Série Basile le distrait N°1. Editions Plon. Parution mai 1980. 224 pages.

ISBN : 2259006175

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2 septembre 2018 7 02 /09 /septembre /2018 08:37

Spirou, 80 ans et tout son talent…

FRANQUIN & GREG : QRN sur Bretzelburg. Spirou et Fantasio N°18.

Né en 1938 par Rob-Vel pour le dessin, et par Blanche Dumoulin pour les textes, ce que l’on sait moins, Spirou a fêté en avril ses quatre-vingts ans. Il ne les paraît guère.

Faut dire qu’au fil des années et des différents contributeurs qui lui ont permis d’évoluer graphiquement et narrativement, le petit groom n’a pas vieilli. Il s’est même bonifié, même si l’on peut préférer les histoires dessinées de certains auteurs par rapport d’autres.

Personnellement, je professe un faible pour la période Franquin et l’apport humoristique de Greg joue un rôle majeur.

QRN sur Bretzelburg est le sixième et dernier album où les deux compères se retrouvent associés, en dépannage pour Greg car un problème éditorial oblige Franquin à appeler le scénariste en catastrophe. Mais tout ceci est expliqué dans l’article consacré à cet album ici.

 

Lorsque débute l’histoire, Spirou, le Marsupilami et Spip l’écureuil, ont les oreilles polluées par la musique tonitruante que diffusent les postes de radio de Fantasio. Mieux, ou pire, celui-ci vient d’acquérir un transistor miniaturisé de conception japonaise et il en est fier. Un faux mouvement provoqué par Spip qui mord Fantasio à la jambe dans un élan de colère justifié et le minuscule objet est envoyé en l’air, rattrapé par Marsupilami qui l’avale.

Quelques claques dans le dos n’ont jamais fait de mal à personne, sauf que le minuscule engin se trouve coincé dans le nez de Marsu. Il n’y a plus qu’à attendre que les piles s’usent afin de recouvrer la tranquillité auditive car le déluge de décibels commence à prendre sur les nerfs de nos personnages.

Un qui n’est pas content, c’est un voisin, Marcelin Switch, qui hanite la même rue et dont la passion est de naviguer sur les ondes en tant que radio-amateur. Ses réceptions sont brouillées et la faute en incombe au transistor indûment ingéré par Marsu, et si la moutarde lui monte au nez, c’est bien à cause du brouillage occasionné par le nez du marsupial.

Or Marcellin Switch était en communication avec le roi Ladislas de Bretzelburg qui se plaint d’être prisonnier en son château. Il propose à Spirou de l’emmener avec le Marsu chez un ami vétérinaire qui s’y connait aussi en radio, et pendant ce temps Fantasio va se rendre chez lui afin de réceptionner la femme de ménage. Un service en vaut un autre, sauf que Fantasio est en pyjama. Un accoutrement vestimentaire qui induit en erreur deux policiers du royaume de Bretzelburg qui kidnappent notre ami.

Naturellement Spirou et consorts alertent la police, mais devant le peu d’empressement manifesté par cette noble profession et ses représentants, ce sera direction Bretzelburg afin de délivrer Fantasio.

 

Les gags s’enchaînent dans cette histoire pas si farfelue. En effet, entre Bretzelburg, royaume dirigé par le général Schmetterling, et le Maquebasta, du prince Farfalla ministre de l’Intérieur, une sourde rivalité mine les deux pays. Et l’on pourra reconnaître, grâce à certains dessins et allusions, à des pays d’Europe Centrale. D’ailleurs l’uniforme des soldats de Bretzelburg, rappelle étrangement celui de la Wehrmacht. Il s’agit d’un épisode réel historique qui s’est déroulé quelques vingt-cinq ans avant l’écriture du scénario.

Et si les gags en tous genres ainsi que les jeux de mots foisonnent dans cette bande dessinée, il ne faut pas oublier que souvent romanciers et scénaristes s’inspirent de faits réels. Mais seuls les adultes ayant connu cette période pourront y déceler les allusions. Pour les enfants, il s’agit juste d’une bande dessinée humoristique aux dessins nets, précis, travaillés, au service d’une histoire riche en rebondissements, prêtant à sourire. Mais les adultes ne dédaigneront pas ce qui est plus profond que l’on pourrait croire.

 

Cette bande dessinée a été rééditée récemment à l’instigation de Michel-Edouard Leclerc dans un volume comprenant quatre BD d’inspiration différente, anciennes ou nouvelles dans une présentation agréable, mais uniquement vendu dans les supermarchés du groupe.

Ce volume comprend, outre cette histoire de Spirou et Fantasio :

Louca N°1 de Bruno Decquier : Coup d’envoi.

Gaston N°16 de Franquin : Gaffes, bévues et boulettes.

FRNCK N°1 de Brice Cossu et Olivier Bocquet : Le début du commencement.

Ah, j’allais oublier. Le prix, plus que compétitif : 5,00€

FRANQUIN & GREG : QRN sur Bretzelburg. Spirou et Fantasio N°18.

FRANQUIN & GREG : QRN sur Bretzelburg. Spirou et Fantasio N°18. Editions Dupuis. Parution 1er avril 1986. 64 pages. 10,95€. Version numérique : 5,99€.

ISBN : 978-2800100203

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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