Cet épisode est toujours d’actualité !
Jeune rédacteur au journal La Grande Presse, Jean Nervier est mandé par son patron afin de se rendre en Afrique, ayant été remarqué par la qualité et la précision de ses articles concernant ce continent.
Une tentative révolutionnaire vient d’éclater en Afrique française, fomentée par un Noir fanatique qui a réussi à soulever les populations du Haut-Sénégal. Et Jean Nervier, de par ses connaissances, est l’envoyé spécial idéal. Un tremplin pour se faire un nom et une place dans la profession, se dit-il.
Jean Nervier s’envole donc pour Dakar. A l’escale de Casablanca, presque tous les passagers descendent. Seuls restent dans l’avion Jean Nervier et un autre jeune homme, un Américain, qui se présente comme Lionel O. Patrick, envoyé spécial de l’American-Morning de Baltimore. Seulement les nouvelles en provenance de Dakar ne sont guère rassurantes, l’état de siège est déclaré et les passagers sont informés qu’ils ne sont pas les bienvenus. A Port-Etienne, étape programmée sur la ligne africaine, les deux confrères parviennent à échapper au contrôle des autorités et s’enfuient dans la nature.
Après un voyage en auto-stop à bord d’une voiture conduite par un Noir, ils parviennent enfin à Dakar, malgré l’interdiction. Ils échappent aux rondes. Nervier connait un compatriote qui accepte de les héberger et le lendemain ils se rendent à la poste afin d’envoyer des câbles narrant leurs premières péripéties. Seulement, ils sont arrêtés par deux tirailleurs prévenus par les employés qui avaient reçus des ordres, puis menés devant le gouverneur général.
Le diplomate leur expose la situation : Un indigène, originaire du Sahara, un fanatique, El Hadj Mayor, a prêché la guerre sainte ; il a envoyé des agitateurs un peu partout ; mais le centre de son action se trouve dans les parages de Kayes, à la limite du Sénégal et du Soudan. Nous avons formé des colonies militaires, des émissaires civils également. Nous espérons en terminer rapidement.
Nervier et Patrick défiant l’interdiction qui leur est signifiée de se déplacer, se rendent dans un poste avancé. Les nouvelles vont vite en Afrique et lorsqu’ils arrivent dans un petit village, ils apprennent qu’ils étaient attendus. Ce que leur révèle le chef de poste les surprend fort. L’armée d’El Hadj Mayor se tient sur une hauteur proche, dans des constructions en pisé. Mais défense est faite à l’officier d’utiliser l’artillerie. Les deux armées se campent face à face, comme si une trêve avait été signée. Des émissaires avaient été envoyés, proposant à EL Hadj Mayor de capituler, mais ils ne sont pas revenus.
Ce court roman nous plonge dans l’époque coloniale montrant l’Afrique déjà en ébullition contre l’occupant, dans une guerre sainte. Le déploiement de force est destiné à impressionner l’adversaire, qui s’en moque royalement. L’officier pourrait tenter une offensive mais c’est un soldat qui obéit aux ordres sans toutefois les comprendre ou les approuver.
Comme le déclare Nervier, Un bon journaliste ne connait pas les obstacles. Et ils se rendront sur le terrain au cœur du village ennemi.
L’on ne peut s’empêcher de rapprocher la situation décrite dans cet ouvrage à celle qui se déroule au Mali, et d’autres pays africains, avec la guérilla fomentée par Al-Qaïda au Maghreb.
L’époque a changé mais la mentalité reste la même et la France joue toujours, est-ce un bien ou mal, l’arbitre dans ses anciennes possessions africaines. Un arbitrage que certains déplorent alors que d’autres le souhaitent, mais qui équivaut pour beaucoup à une nouvelle forme de colonisation, le père surveillant ses fils majeurs.
ANDRE-MICHEL : La danse du sang. Collection Le Petit Roman d’Aventures N°85. Editions Ferenczi. Parution le 14 septembre 1937. 32 pages.
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