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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 07:30

Allons donc, London…

Pêcher la crevette

Allons donc, London…

Pêcher le petit poisson.

Jason DARK : Peur sur Londres.

Médium amateur mais ne faisant pas commerce de ses dons, Miriam Di Carlo est réveillée brusquement en pleine nuit dans son appartement londonien par un pressentiment.

De sa fenêtre, elle assiste impuissante à un cataclysme qui s’abat sur la capitale britannique. Les bâtiments, les monuments s’effondrent, et dans le ciel s’inscrit l’image d’une jeune femme à la beauté froide, visage surmonté de deux petites cornes.

Il s’agit d’Asmodina, la fille du Diable.

A peu près au même moment, John Sinclair, inspecteur du Yard, spécialiste des affaires criminelles surnaturelles, est lui aussi tiré de son sommeil. Sa montre, arrêtée de même que son réveil, marque cinq heures.

C’est alors que le cauchemar commence.

Sa secrétaire, son patron, ses amis ne le reconnaissent pas. Pourtant il n’a pas changé physiquement. Quant à imaginer un complot, à une farce, ce n’est pas le genre de la maison. Alors ?

Intrigué John Sinclair revient chez lui, bien décidé à tier au clair ces manifestations pour le moins inamicales.

Le cauchemar continue.

L’immeuble où il habite s’effondre, projetant d’énormes blocs de béton sur la chaussée, écrasant les passants. C’est l’affolement général. La catastrophe tourne au chaos, à l’apocalypse. Soho n’est plus que ruines.

 

John Sinclair, chasseur de spectres, n’est pas sans rappeler ces héros qui passent leur vie à combattre les démons, les forces du Mal.

Successeur d’Harry Dickson, qui connut son heure de gloire grâce à Jean Ray mais issu d’une imagination teutonne, John Sinclair pourrait être le cousin de Bob Morane et autres grands pourfendeurs du Mal dans la tradition de la lutte contre les Esprits malfaisants dans une atmosphère de surnaturel.

Priorité est donnée à l’action, au spectaculaire, au divertissement populaire, ce qui n’exclut pas une certaine recherche dans l’intrigue, les rebondissements, et la maîtrise de l’histoire.

Bizarrement cette série a démarré, à quelques jours près, au moment où Léo Campion, chansonnier, homme de théâtre et de cinéma, est décédé. Léo Campion avait interprété pour la télévision une série, La Brigade des maléfices, dans laquelle il incarnait un policier, le commissaire Paumier, spécialisé dans les enquêtes relevant du surnaturel et dont les bureaux étaient situés dans les combles du 36 Quai des Orfèvres. Six épisodes ont été diffusés en 1970.

 

Jason DARK : Peur sur Londres. Une aventure de John Sinclair, chasseur de spectres N°1. (Angst über London – 1981. Traduction de Jean-Paul Schweighauser). Editions Fleuve Noir. Parution mars 1992.

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1 octobre 2017 7 01 /10 /octobre /2017 07:32

Ma petite est comme l’eau

Elle est comme l’eau Vouivre…

Jean-Pierre FAVARD : La nuit de la Vouivre.

Cela faisait plus de vingt ans la bête avait poussé son cri, et voilà qu’il retentit à nouveau dans la nuit fraîche morvandelle, et plus particulièrement nivernaise.

Aviné comme trop souvent, Jean-Grégoire rentre péniblement chez lui. Sa compagne l’attend, ulcérée et inquiète à la fois. Il a passé la soirée à écluser au bar le Rendez-vous des amis, et Gérard, le bistrotier l’a mis à la porte sous le regard de quelques gamins qui décident de finir la soirée en boîte.

Elno, Bastien, Léon, accompagnés de deux jeunettes, Mona et sa cousine Sidonie, embarquent donc pour l’Hacienda, un dancing perdu en pleine campagne, entouré de bois. Sauf Ludo qui n’est pas un adepte des sorties nocturnes et préfère rentrer chez lui. Mais bientôt il sera obligé de ressortir, empruntant la voiture de sa mère. Après avoir fermé son bistrot, Gérard rentre chez lui, avec son chien Heinrich dont il est inutile de préciser la race.

Les gamins, qui sont à peine majeurs, prennent quelques verres supplémentaires, et ils commencent à être pompettes comme on dit. Plus franchement éméché, Léon tripote Mona mais sans douceur. Ce que n’apprécie pas du tout la jeune fille qui préfère sortir et traverser le parking sous les yeux de Marvin, le videur.

Dans un coin, deux hommes, barbus et chevelus, se rafraîchissent avant de reprendre la route. Ils ont encore une longue distance à parcourir avant d’arriver à Marseille où ils doivent convoyer quelques caisses d’un produit qui ne doit pas tomber entre les mains de la maréchaussée.

C’est à ce moment que le cri de la bête retentit. Les réactions sont diverses.

Jean-Gabriel, après avoir dormi un peu sur un banc rentre chez lui et alors que Marie, sa compagne plus jeune que lui de dix ans, s’apprête à le réprimander, il s’écroule. Un accident cardiaque. Elle alerte immédiatement les secours et une ambulance doit le transporter jusqu’à l’hôpital de Nevers.

Les deux hommes, Tony et Mario, reprennent la route mais bientôt leur van tombe en panne.

Mona n’est pas rentrée et la gendarmerie est prévenue. Si elle s’était perdue, si elle avait été victime de la bête ? Si elle était victime du froid qui règne sur la région ?

Quant à Gérard, il prend son fusil et en compagnie d’Alphonse, et de son chien, il décide lui aussi de parcourir les champs et les bois. Le chien découvre des hardes, appartenant sans conteste à une forte personne et les deux hommes rebroussent chemin. Une brigade cynophile est quémandée afin de retrouver Mona.

Pour le maréchal des logis-chef Anguenin, accompagné par le brigadier Fougerolles, une jeune femme qui prend son rôle au sérieux, et du gendarme Maturin, lequel glose souvent sur son chef, c’est l’histoire qui recommence. Vingt ans auparavant, il avait déjà enquêté sur la bête, la Vouivre, et cela lui remémore de mauvais souvenirs. De nombreux morts avaient été à déplorer, et Anguenin depuis traque toutes les informations susceptibles de lui apporter des éléments de réponse. Mais sa hiérarchie n’avait pas suivi, pis, il avait par la suite végété dans sa brigade sans obtenir d’avancement. C’est ainsi qu’il narre à Amandine Fougerolles ce qu’il a vécu, son savoir, ses connaissances, ses inquiétudes, revenant sur vingt ans de cohabitation spirituelle avec la Vouivre.

La Vouivre, bête légendaire, un dragon ou un serpent ailé portant une escarboucle sur le front et qui au contact de l’eau peut se transformer en naïade. C’est pour cela qu’elle est aussi appelée la Nageuse. Et selon toute vraisemblance, elle vient de réapparaitre, recommençant ses méfaits.

 

Tout s’entremêle, s’enchaîne, se culbute, se percute, se télescope, le passé, le présent, et les imbrications entre les divers protagonistes confinent, parfois, au burlesque et au tragique à la fois. Et cela se traduit par des bavures, des quiproquos, des règlements de compte, et des embrouilles.

Développé en séquences courtes, en alternance avec les divers protagonistes, ce roman débute par une atmosphère angoissante qui ne se dilue pas tout le long du récit. Qui s’amplifie même. Et le lecteur a hâte d’arriver à la fin de l’intrigue en se demandant, existe-t-elle ou non cette Vouivre ? Va-t-elle apparaître, va-t-on la voir perpétrer de nouveaux méfaits ? Et pourtant cette Vouivre, ou Guivre pour les Franc-Comtois, est omniprésente, tout au moins dans l’esprit de la plupart des personnages et de celui du lecteur.

 

Il existe un côté Jules Verne chez Jean-Pierre Favard, par la précision et l’aspect didactique développé dans certaines séquences. Ainsi il s’attarde sur les légendes et aspects de la Vouivre en diverses régions, sur les écrits concernant les légendes et la thérianthropie, remontant le temps jusqu’à Ovide et ses Métamorphoses et se reposant sur divers écrits, de la Vouivre de Marcel Aymé au Nécronomicon de Lovecraft, sur les différentes sortes de drogue et éventuellement comment les reconnaître, ce qui nous ramène à un fameux sketch de Fernand Reynaud, sur les premiers secours, comment diagnostiquer et réagir, une sorte d’examen-test entre secouristes, et bien d’autres détails qui alimentent le récit sans l’alourdir. Lui donnant même une dimension que ne possèdent pas tous les romans d’angoisse. Des explications qui ne sont pas inutiles, car il ne s’agit pas pour l’auteur d’effectuer une forme de remplissage vain.

Un roman remarquable, qui oscille entre enquête policière et œuvre fantastique, ces deux thèmes s’entrecroisant, et nous ramène à nos contes juvéniles mais qui s’adresse toutefois plus aux adultes même si les adolescents ne doivent pas être écartés du lectorat.

Jean-Pierre FAVARD : La nuit de la Vouivre. Grand Format Hors collection. Editions Clef d’Argent. Parution le 10 mai 2017. 336 pages. 19,00€.

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26 septembre 2017 2 26 /09 /septembre /2017 07:46

Coups bas à Cuba….

Christophe SEMONT : Les enfants de Chango.

Après avoir partiellement exploré la Bolivie dans Soleil noir, puis visité la Thaïlande, Christophe Sémont nous propose un voyage à Cuba, au pays des cigares, du rhum, de la musique personnifiée par Compay Secundo et de la littérature avec Leonardo Padura et Zoe Valdés.

Seulement il ne s’agit pas pour l’auteur de nous entraîner dans des cars flambant neuf (oui, parfois les cars flambent), de nous accrocher aux déclamations élogieuses d’une guide moulée dans une petite robe rouge et de coucher dans des hôtels-casernes à touristes, mais bien de s’introduire façon routard dans un pays au régime politique controversé. De le découvrir de l’intérieur, avec ses maisons délabrées, fissurées, prêtes à s’effondrer, avec ses habitants toujours dépendants des cartes d’alimentation, ou Livrets de fourniture, une idée de Che (Cubano Hermano Ejamplo : Cubain Frère Exemple) Guevarra et mise en pratique par le Lider Maximo, alias Fidel Castro.

 

Amalia, jeune femme brisée physiquement, survit en récoltant des canettes afin de les revendre à une usine de recyclage d’aluminium. Mais cela ne fait pas bouillir la marmite et Julio, son mari, ne gagne pas grand-chose comme pêcheur. Pourtant elle ne se plaint pas, malgré une hanche douloureuse et une claudication provoquées par un accident lorsqu’elle était toute gamine. Un accident de voiture dans lequel ses parents seraient décédés. Du moins c’est ce qu’on lui a toujours dit.

Aylin, sa fille, va fêter son anniversaire dans quelques jours et pour ses quatre ans, Amalia veut lui offrir un gâteau. C’est tout ce qu’elle peut se permettre financièrement. Mais en cours de route elle se rend compte qu’elle a oublié de prendre son porte-monnaie. Elle rebrousse chemin et assiste impuissante à l’enlèvement d’Aylin par des hommes à forte musculature. Et son mari ni sa voisine, en qui elle avait toute confiance, ne peuvent l’aider, au contraire.

 

Dipsomane, ancien militaire et baroudeur ayant effectué de nombreuses missions en ex-Yougoslavie et en Afrique Noire, Franck Carnac ressasse sa mélancolie. Sa femme l’a quitté et son jeune fils Antoine lui manque. Pour seul palliatif, quelques appels téléphoniques de temps à autre et une photographie des deux êtres qui lui sont chers.

Il est convoqué dans un hôtel parisien renommé et se trouve mis en présence de deux hommes accompagnés de gardes du corps. Une mission de confiance lui est proposée et comme les fonds manquent, la possibilité de recevoir 30 000 € influe sur ses réticences. Il doit se rendre à Cuba et réaliser un contrat sur un nommé Pierre Cuevas.

Cuevas est un ancien activiste, anarchiste, ayant participé comme mercenaire principalement en Amérique du Sud, allié aux troupes révolutionnaires combattant les régimes fascistes. Il possède la double nationalité franco-espagnole et est recherché depuis des années par la CIA. Il a été localisé à Santiago de Cuba, et Franck Carnac doit l’abattre sans se poser de questions.

Muni de quelques renseignements et de contacts qui pourront l’aider, éventuellement, lors de son arrivée à La Havane, Franck Carnac ne perd pas de temps dans ses recherches. Seulement, des incidents se produisent dès son arrivée. Il a l’impression d’être suivi, puis une jeune femme l’aborde. Une petite séance de galipettes n’étant pas prohibée dans le cadre de sa mission, il se laisse entraîner. Une séance qui aurait pu lui être fatale s’il n’était pas sur ses gardes. Et lorsqu’il est en face de Pierre Cuevas, il pense qu’il va pouvoir, sa mission effectuée, s’embarquer à bord d’un petit canot pour la côte de Floride. Mais son départ est différé et il est obligé de fuir et de se cacher.

 

Résolument ancré dans l’histoire de Cuba, les années révolutionnaires, la prise du pouvoir de Fidel Castro, puis la suite, les années d’espoir puis la dégringolade lors de l’éclatement de l’ancienne URSS qui était la principale alliée nourricière de l’île, les difficultés ressenties par les Cubains, le fanatisme politique, Les enfants de Chango joue également sur le registre du fanatisme religieux et de la superstition.

La figure de La Mère s’incruste en surimpression dans ce roman, dont le sujet est la disparition d’enfants. La Mère est une vieille dame qui apparaissait déjà auprès de Castro, et d’autres personnalités politiques, en 1962, et déjà elle était âgée. Elle est la représentation de la Santeria, religion dérivée de la religion Yoruba, et ses représentants personnalisés sous formes de statuettes, les Orishas.

Les Africains déportés en esclavage avaient été obligés d’embrasser la religion catholique sous la férule des missionnaires espagnols. Afin de proroger leur propre religion ancestrale, ils avaient trouvé le moyen de représenter leurs dieux sous la forme de statuettes catholiques. Une religion métissée en quelque sorte.

Si la mission confiée à Franck Carnac relève du roman d’aventures, la recherche d’un individu mis au ban par la CIA, la suite s’inscrit dans une forme hybride entre roman noir policier, avec de nombreuses incursions politiques et historiques, et roman fantastique à base de sorcellerie dont La Mère tient une grande place ainsi que les enfants enlevés.

Si le début est conventionnel, la fin du récit est plutôt sombre, âpre, violente, comme un conte de fée moderne dans lequel les superstitions millénaires interfèrent dans une modernité sans concession.

 

Christophe SEMONT : Les enfants de Chango. Collection Thriller. Editions Critic. Parution le 7 septembre 2017. 300 pages. 18,00€.

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18 septembre 2017 1 18 /09 /septembre /2017 09:28

Le voile est ténu entre le rêve et la réalité.

Jérôme SORRE : L’hiver du magicien.

En cette fin d’après midi de l’été de 1790, le jeune Charles Nodier erre dans les rues. Le temps est exécrable et l’agitation de la populace révolutionnaire importune ce gamin dont le père est notable. De plus il vient de subir une déception, et il n’a guère envie de rentrer chez lui.

Tout en ruminant une déconvenue amoureuse, il arrive dans un quartier dans lequel s’élève un édifice religieux. Des femmes chantent la Carmagnole et vendent de la bimbeloterie religieuse qu’elles ont chapardée.

L’intérieur est ravagé et près du chœur il aperçoit trois petites chapelles grillagées. Deux sont vides et ouvertes, la dernière est fermée, et dans le réduit gît ce qu’il suppose être un homme. Apeuré, il s’enfuit et se heurte à un individu qui se tient sur le porche, avec à ses côtés une épée qui manifestement ne lui appartient pas. Le garde lui demandant ce qui lui arrive, Charles l’invite à le suivre dans la chapelle. L’homme ne voit rien, pour cause il n’y a personne. Pourtant Charles discerne ce corps recroquevillé.

Charles rentre enfin chez lui, mais sa nuit est mouvementée. Et le lendemain, il retourne à cette église des Dames du Battant. Mircea, c’est le nom de cet être qui n’est visible que pour lui, lui demande de trouver la clé pour ouvrir ce qui constitue son cachot. Mais quelle clé ? D’après Mircea, qui se prétend magicien, ce n’est pas une clé ordinaire, matérialisée en un métal quelconque, mais à Charles de la découvrir.

 

Dans ce court roman fantastique, Jérôme Sorre nous entraîne sur les traces du jeune Charles Nodier qui deviendra le précurseur du romantisme, écrivain, romancier, poète et académicien. Il sera également bibliothécaire, notamment à Laybach, ou Laibach, qui deviendra Ljubljana. Mais ce côté fantastique joue sur la sobriété, et est surtout constitué de rêves entremêlés de tristes réalités. La révolution française s’affirme dans les rues, par la destruction des églises, la décapitation des statues, le vol des objets, la dégradation des lieux.

Pourtant un voyage initiatique lui est quasiment offert, un passage obligé afin devenir adulte. Charles Nodier est amoureux des livres et il a soif de culture. Mais il choisit les matières qu’il préfère, délaissant les mathématiques, que lui enseigne sa mère.

Dans un épisode décrit par Jérôme Sorre, et on ne peut mettre en doute cette fausse biographie, une image naît dans l’esprit du lecteur. Une scène que, peut-être, un certain James Matthew Barrie a empruntée pour mettre en scène son personnage de Peter Pan. A moins que ce ne soit le contraire. Mais quel épisode ? Je vous laisse le découvrir…

 

Ce texte est suivi d’une étude signée Alain Chestier, Rêver la réalité, un texte passionnant qui en révèle un peu plus sur Charles Nodier, un auteur quelque peu délaissé ou oublié de nos jours mais qui influença Victor Hugo, Alfred de Musset ou Sainte-Beuve, excusez du peu.

 

Jérôme SORRE : L’hiver du magicien. Collection LoKhaLe N°6. Editions La Clef d’Argent. Parution 7 septembre 2017. 120 pages. 6,00€.

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5 septembre 2017 2 05 /09 /septembre /2017 08:44

C’est un os long ou un au secours ?

Jonathan CARROLL : Os de lune

Ils se sont connus à l’université dans le New Jersey, puis chacun a fait sa vie de son côté. Des expériences malheureuses la plupart du temps. Pourtant elle, Cullen, et lui, Danny, entretiennent des relations épistolaires, ce qui leur permet de garder le contact, voire parfois de s’épancher.

Cullen tombe enceinte des œuvres d’un certain Peter, un homme qu’elle croyait aimer. Mais, cruelle désillusion, il abandonne la partie en cours de jeu, et Cullen décide d’avorter. Son angoisse, son mal de vivre, ses regrets, elle les confie par lettre à Danny qui aussitôt accourt. Des retrouvailles qui se terminent par un mariage. Cullen tombe de nouveau enceinte alors qu’ils vivent en Italie, à Milan. Une vie qui pourrait se poursuivre ainsi dans la banalité, le confort, si Cullen ne se mettait bientôt à rêver…

Pas de rêves répétitifs. Un rêve-feuilleton qui, nuit après nuit, se poursuit dans un pays imaginaire, Rondua, en compagnie de Pepsy, un petit garçon qui l’appelle Maman. Des rêves qui, peu à peu, interfèrent avec la réalité et oscillent entre le magique et le cauchemar. L’île de Rondua est peuplée d’animaux géants, parlant italien : Mr Tracy, un gros chien qui porte un chapeau, Félina la Louve, Martio le Chameau…

Blessé lors d’un match de basket, Danny est remercié par son équipe, et le couple doit retourner aux Etats-Unis, emménageant à New York. Cullen donne naissance à une petite fille, Mae, et poursuit son rêve, visitant Rondua en compagnie des animaux parlants. Les médecins qu’elle consulte la rassurent sur son état mental et lui conseillent de ne pas s’inquiéter. Elle décide alors de consigner par écrit son feuilleton. Pendant ce temps, Alvin Williams, leur voisin, tue dans un acte de démence sa mère et sa sœur.

A Rondua, Cullen découvre, avec Pepsy et ses amis, un objet ressemblant à du bois, un « Os de Lune » qui, cassé en morceaux et sculpté, leur sert de bâton de voyage… Cependant, dans la vie réelle, les pensées, les souhaits de Cullen se réalisent, comme par transmission. Elle fait la connaissance d’Eliot, un voisin homosexuel, passionné de sciences occultes. Elle lui raconte ses rêves, les interférences qui se produisent entre eux et la réalité, et il lui propose de rencontrer Weber Gregston, un cinéaste qui se révèle trop entreprenant. Lorsqu’elle veut se défendre, un rayon lumineux, surgi de sa main, frappe Weber qui s’effondre. Face à ce phénomène, Eliot décide de mettre dans la confidence une chiromancienne qui ne décèle aucun pouvoir surnaturel chez la jeune femme.

A Rondua, le périple se poursuit et les voyageurs font connaissance de Pouce Brûlant, le premier être humain qu’ils rencontrent. Cullen lui remet son morceau d’Os de Lune, et ils repartent à la recherche d’un second Os. De grands dangers se profilent à l’horizon…

Weber contacte Cullen afin de s’excuser de son comportement et lui déclare sa flamme. S’ensuit un déluge de correspondances. De son côté, Alvin, du fond de sa cellule, demande à correspondre avec Cullen, ce qu’elle n’ose refuser.

A Rondua, Cullen se rend soudain compte que Pepsy n’est autre que l’enfant dont elle s’est défait quatre ans auparavant et comprend qu’elle doit absolument l’aider à trouver les cinq Os de lune.

Weber est atteint lui aussi de l’étrange pouvoir onirique de Cullen. Il rêve de Pepsy, de Mr Tracy, de la jeune femme et de quelques autres personnages. Et les péripéties se poursuivent sur Rondua. Pepsy est en possession de trois Os de Lune et Félina la Louve décède… Les personnages de Weber s’immiscent parmi ceux de Cullen, plus particulièrement un certain Jack Chili, dont elle et Pepsy doivent se méfier. Blessé, Mr Tracy se rend compte qu’il a commis une erreur et que, sous les traits de Martio, se dissimulait Jack Chili, l’ignoble…

 

On se sert toujours du passé pour condamner le présent dit Cullen un jour à Danny. Mais au travers de ses rêves, ne serait-ce pas plutôt la condamnation du passé par le présent ? Avec Le pays du fou rire, Jonathan Carroll s’était imposé comme un conteur du merveilleux fantastique, à l’univers feutré.

Des récits qui progressivement basculent du réalisme le plus cartésien dans l’imaginaire onirique. L’imbrication des rêves de Cullen dans le roman, ces interférences font irrémédiablement penser à l’envers du décor reflété dans l’autre côté du miroir. Peut-être l’homonymie avec le créateur du célèbre Alice au pays des merveilles y est-il pour quelque chose ?

Alors, cette petite phrase extraite de ce roman prend toute sa force et une signification plus particulière dans l’univers carrollien : « Un monde où des lapins faisaient surgir des magiciens de leurs haut-de-forme. »

 

Première parution collection Série blême. Editions Albin Michel. 1990.

Première parution collection Série blême. Editions Albin Michel. 1990.

Réédition Collection Terreur n°9230. Editions Presses Pocket. Parution octobre 2001.

Réédition Collection Terreur n°9230. Editions Presses Pocket. Parution octobre 2001.

Jonathan CARROLL : Os de lune (Bones of the moon - 1987 Traduction de Danielle Michel-Chich). Réédition Editions Les Forges de Vulcain. Parution le 11 mai 2017. 236 pages. 19,00€.

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30 août 2017 3 30 /08 /août /2017 06:36

Aurait besoin d’une bonne révision ?

Gaston LEROUX : La machine à assassiner.

Nous avions quitté les protagonistes de La Poupée sanglante sur ces deux phrases : Eh bien, oui l’aventure de Bénédict Masson est sublime ! Elle est sublime en le fait qu’elle ne fait que commencer…

L’arrestation et l’exécution de Bénédict Masson, le relieur qui a perdu sa tête, ne manquent pas d’attiser les conversations, les suppositions, les ragots, et engendrer une forme de terreur comme aime à le préciser Mme Langlois, l’ex-femme de ménage du décapité.

Et lors d’une réunion bihebdomadaire dite à la camomille, breuvage servi dans l’arrière-boutique de Mlle Barescat, et fourni par M. Birouste, l’herboriste, les langues ne s’endorment pas malgré le breuvage. Il paraîtrait que la tête de Bénédict Masson aurait été réclamée par l’Ecole de Médecine et récupérée dans le panier et amenée chez l’horloger, spécialiste des engrenages aux roues carrées, par Baptiste, l’aide de Jacques Cotentin, le fiancé de Christine Norbert, la fille de Jacques Norbert, le fameux horloger qui aurait bricolé le corps de Gabriel. Des suppositions.

C’est à ce moment où la tension est vive entre les quatre participants de cette soirée à la camomille, que Gabriel s’introduit dans la maison portant Christine, évanouie et le visage ensanglanté. Alors ils entendent des voix. Celles de M. Norbert et de Jacques Cotentin qui sont à la recherche de Gabriel et de la jeune fille. Lorsqu’ils pénètrent dans la maison, il n’y a plus personne, sauf les quatre buveurs de camomille. Gabriel est parti par une porte située à l’arrière, avec dans ses bras Christine, écrivant un petit mot sur une feuille de carnet. Le plus surprenant est à venir : L’écriture est celle de Bénédict Masson, il n’y a aucun doute là-dessus.

Alors, non seulement Gabriel serait un homme rafistolé, mais de plus l’horloger et Jacques Cotentin, le prosecteur (personne chargée de la préparation d'une dissection en vue d'une démonstration, d'ordinaire dans une école de médecine), lui auraient greffé le cerveau de Benedict Masson ?

Et si Benedict Masson était mort pour rien, car dans les disparitions de jeunes femmes, en Touraine, continuent, semblant confirmer ses assertions lorsqu’il déclarait qu’il était innocent ?

Débute une partie de cache-cache entre Jacques Cotentin, à la recherche de sa fiancée, et Gabriel accompagné de Christine, ou le contraire, et d’autres protagonistes plus ou moins impliqués dans ce récit d’aventures échevelé, à la trame fantastico-scientifique. De l’Île de la Cité jusqu’en Touraine en passant par la banlieue parisienne, c’est une course poursuite échevelée qui se déroule sous nos yeux.

 

Avec des références à Henri Heine, auteur du Docteur Faust, à Villiers de l’Isle Adam, qui mit en scène L’Eve future, premier roman dans lequel apparait pour la première fois une androïde ou plus exactement Andréide, ainsi qu’à Mary Shelley avec Frankenstein, Gaston Leroux ne fait pas œuvre de véritable nouveauté mais propose une version plus moderne de ces personnages qui ont traversé les siècles de la littérature dite populaire, ouvrant la voie à un fantastique scientifique dont déjà la médecine actuelle commence à s’emparer, et va peut-être bientôt dépasser toutes les affabulations de nos auteurs qui ne manquent pas d’imagination.

L’imagination débridée de Gaston Leroux mêle les deux genres précédemment évoqués en y incluant une trame policière, un petit goût d’exotisme avec des références aux Thugs, le tout dans un voile de poésie noire. Tous les ingrédients sont utilisés par Gaston Leroux afin de tenir le lecteur en haleine, et il y réussit toujours, près de cent ans après la première publication de cet ouvrage en feuilleton dans Le Matin du 10 août et le 19 septembre 1923. Si ce roman peut se lire indépendamment de La Poupée sanglante, il est préférable toutefois d’avoir lu le premier épisode afin de mieux comprendre jusqu’où la folie créatrice de Gaston Leroux peut s’exprimer.

 

Gaston LEROUX : La machine à assassiner. Collection L’Aube Poche. Editions de l’Aube. Parution 18 août 2016. 304 pages. 11,90€

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24 août 2017 4 24 /08 /août /2017 12:43

J’ai deux amours… Panthéra et Orloff !

Pierre-Alexis ORLOFF : Un amour de Panthéra.

A la demande de l’avocat Formellot, Antoine Carlier, ancien policier reconverti dans les filatures, s’attache aux pas d’Heinrich von Verschtaufen, l’ancien nazi qui s’était réfugié en Bolivie, et de son compagnon, Huayna l’Inca, lorsque ceux-ci quittent le cimetière du Père Lachaise et s’engouffrent dans une Floride rouge de location.

Au moins, pense-t-il, il ne risque pas de la perdre de vue et il s’enfourne dans sa petite Dauphine. Et les voilà partis en procession, mais Huayna qui conduit la Floride le repère immédiatement, mais ce n’est pas pour autant qu’il s’affole. Il parvient à coincer Carlier et à le maîtriser, puis il l’oblige à suivre la Floride conduite par l’Allemand et direction Saint-Maur-des-Fossés.

Ils arrivent devant une magnifique propriété et Heinrich demande à rencontrer le docteur Jean Oster, anciennement Osterweil, qu’il a connu durant la guerre. Le chirurgien n’est pas présent et sa (nouvelle) femme le reçoit. A l’énoncé de son nom, elle est effrayée, car elle sait que durant la guerre, son mari et l’ancien SS étaient dans des camps diamétralement opposés. Le bon docteur appartenait à la Résistance et il avait organisé la fuite à l’étranger de Juifs menacés de déportation. Le toubib, alerté par son épouse arrive en catastrophe, mais Heinrich rumine sa vengeance. Il prend en otage la fille du couple, qui n’a que onze ans, et enferme Carlier dans la cave, se promettant de lui faire passer de chauds moments grâce au chalumeau qu’il repère parmi les outils.

La romancière-journaliste Marie-France d’Aygues-Vives a publié dans le magazine où elle donne des piges, un article demandant à rencontrer Panthéra. Une solution qui s’avère payante puisqu’une personne qui se présente sous ce nom lui donne rendez-vous en banlieue. Seulement il ne s’agit pas de la vraie Panthéra et celle-ci, qui apprend la manigance, décide de surveiller les déplacements de Marie-France. Et elle fait bien. Car la correspondante de Marie-France, s’est déguisée en Panthéra et projette un mauvais coup.

Fautus a réussi à s’enfuir de la demeure où il était enfermé, faussant compagnie à ses deux geôlières, des jumelles pourtant passées maîtres en art martial. Lui aussi peaufine sa vengeance envers ceux qui avaient réussi à le capturer.

Pierre-Alexis ORLOFF : Un amour de Panthéra.

Toujours aussi virevoltant, enchainant les scènes d’action, les épisodes mouvementés, avec les mêmes personnages et de nouveaux arrivants, ou des revenants, cet Amour de Panthéra est toutefois plus grave dans son propos et dans la trame que dans les précédents épisodes. Tout en décrivant les péripéties endurées par ses personnages, l’auteur n’oublie pas de développer le côté psychologique de ses créatures qu’il fait évoluer avec un plaisir quasi sadique.

Personne, ou presque, n’est épargné dans ces péripéties tourmentées, mais cela n’empêche pas que de la tendresse imprègne certaines scènes. Ainsi Tanya, qui travaille dans un laboratoire, s’éprend de Bertrand, le domestique de son employeur, le professeur Bellières. Mais l’homme préfère ne pas montrer les sentiments qui l’animent envers la jeune femme au pied-bot et voûtée, un handicap auquel s’est habituée Tanya. C’est que Bertrand n’est pas un véritable domestique, s’appelant en réalité Jean Brochart, appartenant au Deuxième Bureau. Et si les Services Secrets sont dans la course, bientôt d’autres éléments vont interférer. Une Licorne par exemple, ou des Trolls qui sont embauchés dans les CFS, Compagnie Faërienne de Sécurité.

Si Tanya trouve en Bertrand une âme sœur, Alice de Sérigny alias Panthéra n’est pas en reste avec Percival Arlington. Pourtant l’amitié qui relie les deux jeunes femmes devrait être incompatible avec les relations qu’elles entretiennent avec des personnes du sexe opposé au leur. Ce qui confère une touche de tendresse dans un monde de brutes mais les aventures de tous ces protagonistes ne sont pas terminées et un nouveau volume est en préparation.

Alors monsieur Michel Pagel, car depuis peu l’on sait que sous le pseudonyme de Pierre-Alexis Orloff se cache ce grand maître de l’intrigue feuilletonesque, s’il vous plait, ne tardez pas trop, j’aimerai connaître la suite des aventures de Panthéra avant de mourir. Sinon, je serais capable de me retourner dans ma tombe de désespoir et de frustration.

 

Vous pouvez commander cet ouvrage directement ici :

Si vous préférez la version numérique, c’est ici :

Retrouvez les précédents épisodes de Panthéra en cliquant sur les liens ci-dessous :

Pierre-Alexis ORLOFF : Un amour de Panthéra. Panthéra, roman feuilleton, quatrième épisode. Collection Noire N°92. Editions Rivière Blanche. Parution novembre 2016. 220 pages. 20,00€.

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22 août 2017 2 22 /08 /août /2017 08:34

A en perdre la tête…

Jérôme SORRE & Stéphane MOURET : Le Chérisseur de têtes et autres pacotilles pour Le Club Diogène

Combinaison entre le Club des Cinq d’Enyd Blyton et celui des Veufs noirs d’Isaac Asimov, (il en existe d’autres, mais ce n’étaient que deux exemples) voici le Club Diogène créé par Jérôme Sorre et Stéphane Mouret.

Ou plutôt dont les aventures sont narrées par Jérôme Sorre et Stéphane Mouret et créé par Monsieur dont la tête de bébé joufflu repose sur un corps de vieillard et qui intervient de temps à autres dans les récits. « Le club Diogène n’a vœu d’exister que pour contrecarrer l’anesthésie croulante dans laquelle nous maintient la société », déclaration prononcée dans Un péché presque de chair.

Composé de sept membres, cinq hommes, Le Maréchal, D’Orville, Vayec, Franklin et Fédor, et deux femmes, Camille et Lison, ce club évolue dans le Paris de la fin du XIXème siècle, à l’affût de faits divers croustillants et mystérieux.

Ils ne se connaissent que par leur nom d’emprunt, et ne possèdent aucune précision sur leur vie privée. Ils se réunissent le soir rue du Tonneau dans une suite, la 52, d’un hôtel décrépit, l’hôtel Impérial. Ils peuvent se chamailler pour un rien, cela devient un jeu, une joute verbale.

Dans Attention : Traquenard, la nouvelle qui introduit nos personnages, le lecteur est invité à les rencontrer, en chair et en os, une expérience déchirante.

Une amie commune se déroule pendant la semaine sanglante, fin mai 1871. Les Versaillais et les Communards s’affrontent dans des combats sans merci, alors que les denrées viennent à manquer. Le Maréchal, le plus âgé du groupe, accompagné de Lison et Fédor, sent que La Bosse, entité diabolique qui se repaît de la chair fraîche, va sortir de son trou. Tous trois tentent de la pourchasser, de l’annihiler, jusque dans les gargouilles de Notre-Dame ou dans les égouts parisiens jusqu’au Père Lachaise.

Dans Chef d’œuvre, Le Maréchal, doyen du club, vient d’assister à un événement étrange. Un homme s’est emparé de la tête d’un condamné à mort et du panier qui la contenait, avec l’aval du bourreau qui a actionné la guillotine. Qui est donc cet homme, et pourquoi cette emplette d’un genre macabre ? C’est ce que vont s’attacher à découvrir les membres du Club Diogène, dans une enquête qui donnera quelques sueurs froides à l’un d’eux et mettra en scène un personnage mystique et collectionneur.

Ça pour une… met en scène une étrange bestiole tandis que dans Stupre une séance de spiritisme va se clore au cimetière du Père Lachaise.

 

Ce club de l’étrange est un recueil de onze nouvelles plaisantes à lire, écrites dans une langue savoureuse. Cet opus, premier d’une série qui en comporte plusieurs, joue avec la terreur, l'épouvante, mais sans artifice grandguignolesque ou outrageusement sanglant quoique certaines scènes se révèlent assez dégoulinantes. Bref un petit bonheur de lecture.

Un conseil, si vous désirez acquérir cet ouvrage que je vous recommande fortement, évitez de passer par la Zone mais commander le directement chez l’éditeur, cela vous reviendra moins cher et il sera neuf.

 

Jérôme SORRE & Stéphane MOURET : Le Chérisseur de têtes et autres pacotilles pour Le Club Diogène (1871-1877). Collection Absinthes, éthers, opiums N°9. Editions Malpertuis. Parution décembre 2009. 402 pages. 18,00€.

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16 août 2017 3 16 /08 /août /2017 10:03

Où Panthéra passe, l'ennui trépasse !

Pierre-Alexis ORLOFF : La mère de Panthéra.

Il aura fallu attendre trois ans pour retrouver nos amis, Panthéra et consorts, que l'on avait laissé en piteux état, dans une situation périlleuse mais pas désespérée, quoique, on ne sait jamais avec l'auteur. Certains protagonistes ont quitté définitivement la scène, d'autres sont mal en point physiquement et moralement.

Heureusement, grâce à la magie des blogs, dont celui-ci en particulier, vous pouvez suivre en intégralité ou presque cette histoire ô combien édifiante, pittoresque, démoniaque, échevelée, et tout ce que vous voulez de positif, en quelques jours.

Donc Panthéra a réussi à s'échapper mais elle a été touchée gravement à une jambe par les balles tirées par l'inspecteur (stagiaire) Carlier. Elle se réfugie derrière une voiture, affalée sur le trottoir, et elle sera récupérée quelques temps plus tard par son amie Tanya, qui avait senti l'embrouille venir grâce, ou à cause, d'un article journalistique écrit par Renouard dans Soir Nouvelles.

Article qui d'ailleurs a engendré en partie cette réunion inopinée. Et Renouard s'en mord les doigts tout en buvant, rentré chez lui, verre sur verre, ce qui l'oblige à rester cuver dans son lit et même par terre. Ce qui n'est pas plus mal, pendant ce temps il n'écrit pas n'importe quoi, même s'il approche plus ou moins de la réalité.

Carlier a préféré tirer sur Panthéra au lieu d'abattre Faustus le faune, le laissant s'enfuir rapidement, juché sur ses sabots sans passer par la Lorraine. Et cet incident va lui coûter cher. Va leur coûter cher devrai-je préciser. Car Fautus est mis à l'index par son employeur Marcel, enfin par son fils Antoine, qui n'apprécie pas vraiment le genre de bévue dont s'est rendu coupable le satyre. Quant à Carlier, il se voit proposer une promotion loin de Paris, à Cahors. Il ne se résigne pas à entrer dans un placard et préfère démissionner, au grand dam de sa femme qui ne s'était marié avec lui que parce qu'il avait embrassé la profession de policier. Ah, l'amour de l'uniforme ! Et Carlier est embauché par l'avocat Formellot pour réaliser quelques opérations de filature.

Passons rapidement sur la présence d'Erynia, la nymphe qui accompagnait Carlier, sur les blessures de Percival Arlington qui s'en remettra, et les autres participants de cette joyeux rassemblement qui aurait pu tourner au drame, et tournons notre regard vers Marcel Duchard qui a la bonne idée de décéder, Antoine ayant décidé de prendre définitivement sa place. Et son amie Berthe Windgassen se mue en Jane Camden, afin de ne pas dépareiller par rapport à son ami Duchard fils.

 

L'article de Renouard ne pas inaperçu non plus d'un ancien nazi réfugié en Bolivie, et qui fut vingt ans auparavant le complice de Duchard, de Windgassen, et d'un prêtre, Honorin, devenu prélat. Et Heinrich von Verschtaufen, ancien colonel de la Waffen SS, décide de venir à Paris, endroit qu'il n'a pas fréquenté depuis des années alors qu'il se rend régulièrement à Londres.

 

Et voilà, tous les personnages sont mis en place ou presque. Dorilien le farfadet compagnon habituel de Faustus, a eu la tête tranchée par Panthéra, mais ne le plaignons pas, il le méritait.

Non, l'incident primordial a été déclenché par Faustus le satyre qui avait commencé à envoûter Panthéra, obligeant la jeune femme à retirer sa cagoule et à avouer son nom, Alice de Sérigny. Et ce patronyme fait réfléchir Marcel/Antoine Duchard et Berthe Windgassen/Jane Camden. Une hypothèse qui les laisse rêveurs se forge dans leurs esprits, les ramenant vingt ans en arrière.

 

Aventures endiablées pour ce troisième opus et ce n'est pas fini, tant mieux pour le lecteur qui se prend d'addiction pour Panthéra. D'autant que l'auteur en révèle un peu plus sur la genèse en incluant dans son récit des épisodes qui se sont déroulés en octobre 1943. Rappelons que les événements décrits se déroulent eux en 1963.

Michel Pagel, zut je l'ai dit, Michel Pagel signe donc un roman-feuilleton en tout point remarquable sans omettre quelques références littéraires, voulues ou non.

Ainsi, si Michel Pagel a pris pour pseudonyme Pierre-Alexis Orloff, ce n'est pas innocent. Mais disséquons, un peu seulement, faut en laisser pour les autres.

Orloff, de son prénom Tania, n'est pas un rôti, mais un personnage de la série Bob Morane. Et on retrouve une Tanya dans ce feuilleton. Tandis que le prénom Pierre-Alexis nous renvoie à Pierre-Alexis de Ponson du Terrail, le créateur de Rocambole, d'ailleurs les aventures de Panthéra sont effectivement rocambolesques. Et puisque l'on cite le nom de Terrail, signalons au passage que le supérieur hiérarchique de l'inspecteur stagiaire Carlier se nomme Duterrail. Et précisons que le commissaire chargé de reprendre l'affaire retirée à Carlier s'appelle Malet, Léon Malet. Comme le monde est petit ! Mais les grands hommes ne manquent pas ! Et pour finir la romancière Marie-France d'Aygues-Vives, dont Alice de Sérigny est la secrétaire lorsqu'elle n'enfile pas la combinaison de Panthéra, écrit un roman qui a pour titre Marion. Faut-il y voir un clin d'œil à la série des Marion de Georges-Jean Arnaud, quinze romans au total publiés sous le pseudonyme d'Ugo Solenza ? Georges-Jean Arnaud, né à Saint-Gilles du Gard, commune du Gard, tout comme, non pas Aygues-Vives qui se situe en Haute-Garonne, mais Aigues-Mortes.

 

Pour commander cet ouvrage, placez le curseur de votre souris sur le lien suivant :

Si vous préférez la version numérique c'est par ici :

Pierre-Alexis ORLOFF : La mère de Panthéra. Panthéra, roman feuilleton, épisode numéro 3. Introduction de Jean-Marc Lofficier & Jean-Luc Rivera. Collection Noire N°69. Editions Rivière Blanche. Parution novembre 2014. 248 pages. 17,00€.

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11 août 2017 5 11 /08 /août /2017 09:02

Par ce jeu de dupes :
Voir sous les jupes des filles.


 

François FIEROBE: Les spectres d'Eiffel.

Ou sous celle de la Demoiselle en fer, surnom donné à la Tour Eiffel !

Combien de visiteurs de toutes nationalités se pressent entre ses quatre piliers afin d'apercevoir ce qui se cache sous cette structure métallique s'élançant à l'assaut des nuées ?

Mais tous ces touristes savent-ils que cette Demoiselle en fer n'est pas en réalité la vraie, qu'il ne s'agit que d'une simple copie ? Du moins, c'est ce que longtemps le grand-père a voulu faire croire au narrateur, lui contant une affabulation que longtemps celui-ci prit pour argent comptant. Ce n'est que bien plus tard que le narrateur s'aperçut de cette supercherie, pourtant il était tombé amoureux de ce monument qui gratte les nuages. Et par la suite il s'installa près de la Tour Eiffel afin de la voir le plus souvent possible et de rechercher, traquer les secrets qui l'entourent.

Et parmi cet entourage invisible, les Eiffelines, des ectoplasmes qui hantent la Tour sans indisposer qui que soit, comme de petits papillons invisibles.

Mais bientôt il s'aperçoit qu'il n'est pas le seul à rechercher les secrets de la Tour. Les Eiffeliens, les Eiffelopathes, les Eiffelographes et autres amoureux de la Demoiselle en fer tournent autour des piliers, grimpant les étages, s'arrêtant aux plateformes, recueillant témoignages, épisodes, historiettes, plans, tout ce qui peut avoir un rapport quelconque avec les structure et son constructeur. Son constructeur mais également tous ceux qui travaillèrent à son érection, car Eiffel n'était pas seul à dessiner les plans, à imaginer cette toile d'araignée.

C'est ainsi qu'il fait la rencontre de Hugues Larigaudière, ancien ingénieur passionné d'histoire des sciences et aux découvertes scientifiques des siècles précédents, et d'un autre historien, Henri de la Vergondière. Et de rencontres en rendez-vous, le narrateur approfondit ses connaissances et surtout il va se plonger dans un véritable conte eiffelien grâce à Cressot-Blossière, guide touristique érudit qui enchante les visiteurs grâce à des péripéties qu'il invente pour happer l'intérêt de ses interlocuteurs. Seulement tout ce qu'il dévoile n'est pas à prendre au pied de la lettre et encore moins à ceux de la Tour Eiffel.

 

Un voyage onirique, scientifique, merveilleux, fabuleux, inspiré d'histoires réelles et de fictions, mais si bien narrées, enrobées de détails si réalistes que le faux devient vrai et inversement. Des histoires charmantes, étonnantes, merveilleuses, fabuleuses, à vous faire perdre la tête parfois, mais toujours empreintes d'une certaine forme de réalisme qui confine à une authenticité que l'on ne peut mettre en doute tellement l'auteur y apporte des détails sur des événements qui auraient pu réellement se dérouler.

Ce roman est suivi de Folklore, fictions et fantômes de Jean Mazepin, un texte édité dans une petite revue, Le piéton singulier, un fascicule édité à l'usage de sa famille et ses amis.

 

Avec ce roman le lecteur prendra de la hauteur.

François FIEROBE: Les spectres d'Eiffel. Collection LoKhaLe N°5. Editions de La Clef d'Argent. Parution 22 juillet 2017. 210 pages. 9,00€.

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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