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6 décembre 2018 4 06 /12 /décembre /2018 05:31

Personne ne vous avait demandé !

Maurice LIMAT : Ici, le bourreau.

Vivre chez les beaux-parents, lorsqu'on est marié(e) n'est pas une sinécure. Et c'est bien pour faire plaisir à sa femme Marie-Claude que Bob décide de louer une maison forestière près de Senlis, quittant Paris et la famille.

Le propriétaire n'étant pas à l'heure au rendez-vous, Bob décide de s'introduire dans la demeure. Aussi bien que Marie-Claude, Bob ressent l'impression d'une présence. Ils pensent même apercevoir au dehors une ombre se glissant entre les arbres. Mais la nuit tombe, et désagréable surprise, un pneu de la voiture est crevé. Comble de malchance, la roue de secours n'a pas été remise. Il ne leur reste plus qu'à passer la nuit sur place. Heureusement, des provisions ont été prévues dans le réfrigérateur.

Marie-Claude se monte son cinéma, se demande pourquoi les locataires précédents sont partis précipitamment, et malgré les soins dont l'entoure son mari, elle ne peut s'empêcher de ressentir de la peur. Une angoisse qui confine à de l'épouvante, d'autant que durant la nuit passée dans une chambre de ce qui devrait être un nid douillet, elle rêve d'un échafaud, un homme en rouge une grande hache à la main et du sang qui gicle partout. Senlis, la cité médiévale qui a connu la Jacquerie au XIVe siècle, étant toute proche, elle impute ce cauchemar à cette proximité.

Le lendemain, le jeune couple reçoit la visite du propriétaire. La défection de la veille n'était due qu'à une erreur d'une journée de leur part et ceci explique quelques disfonctionnements, mais pas pour autant cette étrange impression d'une présence diffuse. Pour autant, Bob et Marie-Claude ne se cloîtrent pas. Habitués à sortir, ils se rendent souvent à Paris, pour des concerts ou dîner dans leur restaurant favori. Un restaurant italien dont ils connaissent bien le gérant, cuisine de qualité, musique d'ambiance assurée par des guitaristes, et même une voyante qui passe de table en table parfois.

Paméla, la tireuse de cartes, énumère quelques révélations à Marie-Claude qui se laisse prendre au jeu. Une grande maison, une forêt, un chien, un amour. Et celui qu'elle aimera sera le bourreau. Elle a raison sur tout sauf sur le chien. Bob dissipe le malentendu en annonçant justement des amis vont leur prêter un jeune chien-loup. Quant au bourreau, peut-être est-ce Bob ?

Afin d'effectuer quelques réparations sur sa voiture, Bob allume dans l'atelier un brasero et muni de tenailles se met à fondre un peu de plomb. Une vision que ne peuvent supporter ni Moloch, le chien, ni Marie-Claude. Quelques temps plus tard le couple est invité à un bal masqué. Bob se retrouve à danser avec une jeune femme vêtue d'effets médiévaux, tandis que Marie-Claude est dans les bras d'un homme déguisé d'un pourpoint écarlate et le visage caché sous une cagoule. La femme entraîne Bob sous une charmille et l'embrasse sur la bouche. Peu après Bob ne sent presque plus ses lèvres, devenues comme glacées.

 

Si le thème de la maison hantée, par un bourreau ou tout autre personnage, forme le fond de bien des romans d'angoisse et de fantastique, dont le célèbre La Maison du bourreau de John Dickson Carr, Maurice Limat y apporte sa touche particulière déclinant le récit à trois voix.

En effet, à tour de rôle Marie-Claude, Bob et Paméla narrent cette aventure, chacun des trois personnages intervenant pour des récits plus ou moins longs mais qui se complètent.

Le récit puise sa force dans ce système narratif, les incidents, les événements, les sensations, les sentiments étant rédigés à la première personne. Le côté psychologique prédomine, plus fouillé que dans d'autres romans de l'auteur, reléguant l'action au second plan. L'angoisse est toujours présente, et l'épilogue ne lorgne pas sur le fantastique alors que tout est justement imprégné d'un irréel en provenance de l'époque médiévale.

Une histoire qui prend sa source dans une histoire d'amour, histoire qui se prolonge au-delà des siècles.

Maurice LIMAT : Ici, le bourreau. Collection Angoisse N°141. Editions Fleuve Noir. Parution 2e trimestre 1967. 224 pages.

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24 novembre 2018 6 24 /11 /novembre /2018 05:41

Il était une fois… dans quelques décennies et peut-être même avant !

Brice TARVEL : Une camionnette qui servait de volière.

Dans une vieille camionnette toute rouillée, qui ne peut plus rouler car amputée de ses roues, gisant dans un champ non loin de l’étang, vit Kadou. Il élève des grillus, petites bestioles semblables à des tiques qui, une fois infiltrées sous la peau, provoque des hallucinations et diffusent un sentiment de fausse plénitude. La nouvelle drogue des habitants de Varisse, de Courpigny et autres villages des environs du Chaudron.

Le Chaudron, un beau, ou plutôt un mauvais jour, s’est réveillé tel un volcan, éjectant ses nocivités radioactives, et depuis bon nombre de villageois des environs sont atteints de tares et difformités.

Ainsi Zuzu, la gamine dont une natte pousse plus vite que l’autre, avec des gambettes aussi grosses que des baguettes de coudrier. Gobe-Mouche, dont le cerveau n’est pas tout à fait rempli, tels les pots de confiture dans lesquels on a pioché et remis le couvercle à la hâte, et affublé d’un bec-de-lièvre guère encourageant, vit dans une péniche penchée sur l’eau. Il est, sinon amoureux, attiré par Zuzu et sa bouche. Il lui demande des trucs impossibles pourtant elle l’aime bien, mais pas trop, car il éloigne des individus pas trop honnêtes cherchant à lui nuire et les chiens errants susceptibles de lui mordre ses mollets de coq. Obèse, il déguste des grenouilles enfilées sur un bâton et cuites à la hâte.

Les habitants de Varisse, qu’il ne faudrait pas oublier, se terrent ( ?!) dans la fange de l’étang, seules dépassant leurs têtes aux cheveux bleuâtres. Les Xylolâtres, les adorateurs des arbres vêtus d’écorces. Braillet, le restaurateur qui s’obstine à vouloir pêcher des carpes immenses, et sa femme Patate-à-l’eau qui prépare la tambouille pour les maigres touristes qui fréquentent l’Auberge de l’étang.

Et puis il ne faudrait pas oublier non plus Ninichina, une poupée qui a perdu son tronc et la tête avec. Elle parle avec sa bouche inférieure qui sert également de divertissoire à Kadou lorsqu’il sent ses gonades déborder de sirop de corps d’homme. Il s’agit d’une droïde datant d’avant l’explosion du Chaudron, et qui n’a qu’une obsession, récupérer son haut probablement noyé près de la maison de l’éclusier. Ou encore Timo, le Tatoué, le bricoleur qui souhaite remettre en état de roule (on ne dit pas en état de marche quand on ajoute des roues) la camionnette du vieux Kadou. Et puis les Scruts, dont le rôle s’avère maléfique, tout en désirant étudier le comportement des survivants.

Enfin, le seul animal vivant qui n’a pas muté, Gamin, un chien atteint d’aucune maladie, n’ayant subi aucune déformation. Contrairement aux sauterelles aux élytres de cuivre, aux roseaux qui chantent dans le vent des airs des Beatles, j’en oublie mais bon, le décor est posé, c’est le principal.

 

Dans le ciel tournoient des aérostats, qui proviennent de Durocor, la grande ville qui a été épargnée ou presque. Des scientifiques qui ne font que vouloir embêter les rescapés du Chaudron, désirant effectuer des prélèvements afin de contrôler le taux de radioactivité. Ils sont habillés de combinaisons blanches comme des astronautes débarquant sur la Lune, avec un masque en forme de groin.

Un de ces dirigeables est obligé d’atterrir à cause d’une panne, et en sort quelques individus dont Riza, une Noire magnifique avec des perles chantantes dans les cheveux qui se prend d’amitié pour Zuzu. Et elle l’emmène avec elle à Durocor à bord de la nacelle d’un dirigeable. Pendant ce temps, Gobe-Mouche ne perd pas son temps, récupérant dans l’étang la moitié supérieure de Ninichina. Seulement il manque les bras. Il va falloir compenser cette absence de membres en les empruntant, bon gré mal gré à madame Longois, la maîtresse d’école qui serait elle aussi, selon les rumeurs, une droïde.

 

Voilà, vous avez tous les éléments ou presque, alors vous agitez bien ce roman et vous êtes immergé dans une histoire qui peut paraître farfelue, décalée, mais est terriblement annonciatrice de jours pas franchement gais.

Brice Tarvel se montre égal à lui-même, ou presque, dans ce thème fantastique post-apocalyptique, thème déjà exploré dans ses précédents romans, tels que Pierre-Fendre, L’or et la toise et Au large des vivants, les deux volumes composant Ceux des eaux mortes, ou encore Dépression.

Un thème de prédilection qui est traité avec une certaine bonhommie, une dérision humoristique mais sous lesquels se niche une forme d’angoisse palpable du destin de l’humanité. D’ailleurs ce thème est également traité dans Enfin l’Apocalypse, une nouvelle qui complète cet ouvrage. Le titre de cette nouvelle est assez explicite pour ne pas trop m’étendre dessus mais disons qu’après un problème nucléaire, encore ! il ne reste plus de vivants qu’une famille dans le village. Et l’on peut affirmer qu’il s’agit bien d’une nouvelle à chute.

Donc, si j’ai retrouvé avec plaisir l’ambiance et l’atmosphère des romans de Brice Tarvel, avec cette pluie qui tombe en abondance dans la seconde partie de l’histoire, ces personnages en rupture avec l’uniformité mentale et physique dans laquelle on voudrait nous réduire, ces épisodes amusants et tristes à la fois, c’est le traitement dans la rédaction qui m’a déçu.

Contrairement à ses précédentes œuvres, Brice Tarvel écrit dans un langage brut, dénué de fioritures, même si par-ci par-là il s’abandonne à une forme poétique. Foin de cette écriture finement travaillée, de ce langage fleuri, de ces phrases à l’intonation médiévale, de ces métaphores plaisantes, de cette recherche stylistique qui en font sa marque de fabrique, de cette prose poétique jubilatoire, Brice Tarvel s’adonne ici à la mode qui prévaut dans le nouveau roman populaire : des dialogues issus de la nouvelle génération qui privilégie le cru, le brut de décoffrage, à cette joyeuseté langagière à laquelle il nous avait habitués. Désolé de l’écrire, mais nous sommes plus proches de la vulgarité de Jean-Marie Bigard que du lyrisme d’Edmond Rostand.

Mais comme cela est sensé se dérouler dans quelques décennies, on peut penser que tout le monde s’exprimera ainsi, malgré les quelques réticences ou remontrances exprimées par Zuzu, dite l’Arsoupette et de Riza :

J’ai pas envie de laisser Gamin tout seul. Ni ma mère, ni même Gobe-Mouche à qui j’évite souvent de faire des conneries.

Comment tu parles ! Je t’apprendrai un beau langage…

Un peu plus loin :

Tu as promis de m’apprendre à bien parler et tu viens de dire « Peau du cul ».

Je suis adulte, j’ai le droit d’employer les premiers mots qui se présentent.

 

Brice TARVEL : Une camionnette qui servait de volière. OVNI éditeur. Parution le 21 décembre 2016. 212 pages. 5,00€.

ISBN : 979-1095443087

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23 novembre 2018 5 23 /11 /novembre /2018 05:02

Entre Corto Maltèse et Bob Morane…

Georges-Jean ARNAUD : Les Compagnons d’éternité

1936 à Hambourg. Trafiquant d’armes mais pas que, Ugo Cardonne revient dans le port allemand qu’il n’a pas visité depuis 1931.

Depuis son dernier passage, la ville a bien changé. Les soldats nazis traquent les Juifs, et afin d’aider une jeune femme, Myriam Hermann, lui demande de l’aider à exfiltrer une trentaine de personnes, dont des femmes et des enfants. Même s’il est humaniste, Ugo Cardonne ne fait pas œuvre pie sans quelque dédommagent financier.

Comme il doit également procéder à un chargement de charbon. Ugo Cardonne accepte à condition de percevoir dix mille dollars et que les fugitifs soient vêtus comme des dockers, les enfants étant placés dans des sacs. Le transbordement nocturne s’effectue sans problème jusqu’au moment où le quai est éclairé par de multiples projecteurs. L’Obersturmführer Stackering, à la tête d’un détachement de SS, sait qu’Ugo vient d’embarquer illégalement bon nombre de personnes à destination de la Palestine. Certains possèdent des visas, pas tous, mais peu lui chaut. Tout le monde doit débarquer et emmener dans un camp de concentration. Enfin, selon lui, un lieu de détention tout à fait convenable. A la condition que…

Car l’Obersturmführer offre, impose une monnaie d’échange. Un chantage humain inhumain, car il n’ignore pas qu’Ugo est le protégé du cardinal de Naples, Monseigneur Barancoli, ennemi acharné de Mussolini. L’homme d’Eglise devant posséder des informations sur un certain Luigi Spaggio. Stackering souhaiterait ardemment retrouver ce jeune homme d’une vingtaine d’années et dans le cas où Ugo accepterait ce marché, il pourrait appareiller à bord du Vesuvio, son cargo rouillé, livrer les machines-outils qui sont entreposés dans la cale, mais auparavant se rendre à Naples afin que le prélât lui donne tous renseignements utiles sur Spaggio. En contrepartie l’Obersturmführer promet de libérer les Juifs qu’il vient de faire arrêter.

Mais auparavant Ugo doit rencontrer le banquier Bruckner qui soutient financièrement ses démarches. En entretien privé Bruckner confie à Ugo que ce Spaggio n’est autre que le fils du Juif Errant. Direction Naples afin de pouvoir s’entretenir avec le Cardinal Barancoli mais le rendez-vous est manqué. Le prélât décède dans un attentat et ne peut que révéler dans son dernier souffle qu’Ugo doit retrouver son chapeau qui s’est envolé dans la déflagration.

Commence dans Naples une véritable chasse au chapeau, chasse à laquelle participe Myriam, qui a eut la possibilité de voyager, ainsi que les amis et associés d’Ugo, Hassanian, le cuistot et Milfried, le bosco, qui ont du mal à digérer l’affront causé par Stackering et auquel a dû se plier le capitaine. Une fois le couvre-chef récupéré, il leur faut déchiffer un message manuscrit qui leur donne l’indication du lieu où se retrouve Spaggio.

Direction l’Espagne où le jeune combat auprès des Brigades Internationales. Mais Stackering est présent surveillant Ugo et ses amis. Après bien des péripéties, Ugo se rend d’abord à Teruel, où il retrouve notamment un ami combattant les Franquistes du nom d’André Malraux, puis Barcelone, Nice, et enfin dans les environs de Florence où tout se jouera, si l’on peut parler de jeu de piste.

 

Dans ce roman d’aventures teinté d’une grosse dose de fantastique dans le dernier quart du récit, Georges-Jean Arnaud retrouve une fougue historique dans laquelle il déploie son aversion pour le fascisme. Aversion qui imprégnait certains de ses romans d’espionnage avec comme héros Le Commander, mais également certains romans publiés dans la collection Angoisse dont La dalle aux Maudits par exemple.

Mais il ne s’agit pas d’une résurgence nazie, le roman étant placé dans la période trouble de l’année 1936. Il s’agit d’une intrigue inscrite dans le double jeu et le machiavélisme d’un homme, d’un Nazi qui recherche un supposé détenteur de l’immortalité. Mais sous ce phénomène se cache une autre motivation.

La dernière partie du roman est grandiloquente et détonne par rapport au début du récit, lui ôtant une certaine crédibilité, mais en phase avec le principe de cette collection Aventures & Mystères qui ne connaîtra que la parution de seize titres avec pourtant au catalogue d’excellents auteurs comme G.-J. Arnaud, François Sarkel qui est devenu depuis Brice Tarvel, Michel Pagel, Gilbert Gallerne, Brice Pelman, Christian Vila, Pierre Pelot…

Mais cette collection oscillait, peut-être trop, entre deux lectorats et le public ne savait s’il s’agissait de romans pour la jeunesse ou pour adultes. Une certaine confusion qui ne lui a guère porté chance. Les manuscrits prévus pour paraître avant la disparition de cette collection l’ont été dans la collection SF qui a remplacé Anticipation qui se déclinait en sous-séries, dont SF Mystère, SF Polar et quelques autres.

 

Son cargo, chargé de caisses d’armes, ne pouvait pénétrer sans les eaux territoriales de Gibraltar car les Anglais auraient aussitôt saisi la cargaison, au nom d’un pacte de non-agression signé par plusieurs pays européens, mais il semblait que les armes destinées aux républicains fussent plus souvent visées que celles livrées à Franco par les Italiens et les Allemands.

 

Avec de l’or par poignées, on finit par amollir les consciences les plus fanatiques.

Georges-Jean ARNAUD : Les Compagnons d’éternité. Une aventure d’Ugo Cardonne. Collection Aventures et Mystères N°7. Editions Fleuve Noir. Parution le 02 septembre 1995. 192 pages.

ISBN : 2-265-05370-8.

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21 novembre 2018 3 21 /11 /novembre /2018 05:23

Les portes du pénitencier…

Michel HONAKER : Troll.

Dans la prison de Salt Hills, Les Collines de sel, des détenus disparaissent mystérieusement.

Une odeur nauséabonde imprègne les cellules. Dans la nuit, parfois résonnent d’étranges bruits venus des entrailles de la Terre.

Les geôliers ont beau dire que les prisonniers qui manquent à l’appel ont bénéficié de remises de peine, pour ceux qui restent, il s’agit ni plus ni moins d’affabulations.

D’ailleurs à quoi correspond ce cri qui retentit, si ce n’est celui poussé par un être humain en proie à une grande frayeur ? Et l’on ne peut empêcher les rumeurs de circuler.

Il y aurait, parait-il, dans le sol, des disparus, un trou, un cratère. Et s’il s’était agi d’une évasion, tout le monde serait au courant.

Le FBI est chargé de cette affaire et Maître Anika, un occultiste dont on a demandé l’aide, déclare que cette histoire de manifestations d’origines maléfiques est trop forte pour lui. Selon Maître Anika, un seul homme est à même de résoudre cette énigme et de combattre le cas échéant les forces du Mal : il s’agit d’Ebenezer Graymes, démonologue à l’Université de Columbia, plus connu sous le nom du Commandeur.

 

Dans ce septième volume consacré au Commandeur, le lecteur ne s’ennuie pas un seul instant.

Moins violent, moins accrocheur, moins chargé d’érotisme que dans les précédents épisodes, il n’en est pas moins efficace.

Un roman dont certains passages font penser indubitablement au grand Howard Phillips Lovecraft.

Une ambiance et une atmosphère dignes de l’Ermite de Providence.

 

Ce roman a été réédité pour les adolescents sous le titre Le Cachot de l’enfer dans la collection Cascade policier chez Rageot en 1998.

Première édition : Collection Anticipation N°1795. Editions Fleuve Noir. Parution janvier 1991. 192 pages.

Première édition : Collection Anticipation N°1795. Editions Fleuve Noir. Parution janvier 1991. 192 pages.

Michel HONAKER : Troll. Série Le Commandeur N°6. Edition numérique. Collection e.Anticipations. Editions L’ivre-Book. Parution le 14 novembre 2018. 2,99€.

ISBN : 9782368926451

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14 novembre 2018 3 14 /11 /novembre /2018 05:50

Bob Morane n’hésite pas à se mouiller !

Henri VERNES : Les spectres d’Atlantis.

Afin de rallier les Bahamas en partant des Bermudes, Bob Morane a acheté un voilier mais il ne pensait qu’arrivé dans la mer des Sargasses il serait en plein dans la pétole. Son ami Bill Ballantine déplore le manque de vent et il suggère d’utiliser le moteur auxiliaire mais Bob refuse, préférant se prélasser au soleil.

Le lendemain, après une nuit réparatrice, les deux hommes sont stupéfaits de découvrir sur la mer d’huile encombrée d’algues une flotte de vieux gréements, des derelicts, remontés à la surface par l’opération de Saint-Esprit ou de son aide. Le cimetière marin a refait surface. Et quelle n’est pas leur stupéfaction de lire sur l’un d’eux, SS Fulmar. Le navire de Tiger Jack, un tramp lorsqu’il bourlinguait et effectuait de la contrebande avant de rentrer chez lui à Gand afin d’écrire des histoires fantastiques.

Aussitôt ils mettent le youyou sur cette mer d’algues, de salades marines en tout genre, et forçant sur les rames rejoignent le navire désert. A bord il n’y a que des cadavres, comme si les membres d’équipage s’étaient entretués. Une voix s’élève, envoûtante, et lorsqu’ils veulent repartir une barrière invisible est dressée contre les rambardes. Ils sont pris au piège. Puis une bulle entoure le rafiot qui est entraîné au fond de la mer des Sargasses.

Des hommes-spectres, des zombies, réceptionnent les deux aventuriers sans prononcer une seule parole et ils sont emmenés dans une grotte sous-marine puis doivent parcourir un dédale de couloirs, de précipices à traverser sur des ponts de bois, et enfin arriver dans une caverne éclairée par une lumière indéfinissable. Sur une grande place s’élève comme une cathédrale, imposante, mais de facture assez futuriste. Le Grand Dagon, le maître des Abysses à gueule de raie ou de requin, les retient en otage et ils essaient de s’enfuir. Ils y parviennent à la faveur d’un tremblement de terre sous-marin et ils arrivent dans une autre partie de ce monde sous-marin dirigé par Anktina, un monde beaucoup plus calme que celui qu’ils viennent de quitter.

 

Ce roman, véritable hommage à Jean Ray, et qui comporte de nombreuses références à l’auteur belge, est un pur roman d’aventures mâtiné de science-fiction et de fantastique.

On y retrouve tous les ingrédients chers à Henri Vernes, avec des séquences très cinématographiques, apocalyptiques, et les épisodes mouvementés ne manquent pas s’enchainant les uns aux autres sans réels temps morts. Une revisitation du mythe de l’Atlantide qui ne laisse aucun romancier de littérature populaire indifférent et a été à plusieurs reprises mis en scène. L’Atlantide de Pierre Benoît étant peut-être le plus célèbre et dernièrement dans la série Lasser Mystère en Atlantide du duo Philippe Ward et Sylvie Miller.

Les deux amis ne manquent pas de se chamailler et Bob Morane pousse parfois le bouchon un peu loin. De nos jours on parlerait de harcèlement alors que dans l’esprit de l’auteur et des protagonistes il s’agit surtout de taquineries et de réparties humoristiques.

Ainsi lorsque Bob Morane se moque de la corpulence de son ami, il ajoute : Cent kilos et des poussières de muscles… et dix grammes de cervelle.

Ballantine est bon enfant et laisse dire, et même parfois il se montre plus fin et habile que le Commandant dans ses réflexions et ses analyses. Parfois.

 

Vous savez très bien, commandant, que les démons ça ne meurt pas, tout comme les dieux…

Du moins tant que l’on croit en eux.

 

Pour en savoir un peu plus sur Bob Morane et ses aventures :

Première édition : Marabout Pocket Morane N°103. Editions Gérard. Parution 1972. 160 pages.

Première édition : Marabout Pocket Morane N°103. Editions Gérard. Parution 1972. 160 pages.

Henri VERNES : Les spectres d’Atlantis. Collection Bob Morane N°16. Editions Librairie des Champs Elysées. Parution 2e trimestre 1979. 190 pages.

ISBN : 2-7024-0854-0  

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13 novembre 2018 2 13 /11 /novembre /2018 05:50

Hommage à Hugues Douriaux décédé le 5 mars 2018 !

Hugues DOURIAUX : Vermine.

Zlonni est un être vivant, de race indéfinie, mais le lecteur perspicace arrivera bien avant la fin du roman à le démasquer.

Chassé par ses congénères, bouté hors du temps où il vivait, parce qu’il s’est vanté connaître le dieu qui les nourrit, lui et tous ceux de sa race, il parcourt le monde à la quête du Graal.

C’est-à-dire trouver un autre dieu et aussi découvrir la Vérité. Mais quelle Vérité ?

Le chemin est long et plein d’embûches, de pièges, d’ennemis qui ont pour non les Longues-oreilles ou les Briseurs de reins.

Il va découvrir l’amour mais entre une Blanche et un Noir existent bon nombre de préjugés dont il est extrêmement difficile de se débarrasser. Le bonheur ne peut s’acquérir qu’à force de tolérance.

D’ailleurs Hugues Douriaux fait dire à son personnage principal :

Je me rends compte qu’un être solitaire ne peut rien en face d’une foule d’imbéciles, fut-il animé des meilleures intentions.

Un roman humaniste qui mériterait une réédition !

Hugues DOURIAUX : Vermine. Collection Anticipation N°1593. Editions Fleuve Noir. Parution décembre 1987. 192 pages.

ISBN : 2-265-03729-X

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7 novembre 2018 3 07 /11 /novembre /2018 06:25

A consommer sans modération !

Renaud MARHIC : Korrigans et Grosse Galette.

La BRO, Brigade de Répression de l’Onirisme, a encore fait des siennes sous l’impulsion de son chef, le Supérieur Inconnu. L’assaut a été déclenché à l’université d’Onirie et les Lutins Urbains font tout ce qu’ils peuvent pour annihiler l’attaque. Mais les moyens employés sont énormes. A l’intérieur du bâtiment, le Professeur B. et la petite et charmante mais versatile Loligoth se demandent comment cela va se terminer. Heureusement le Professeur possède une porte de sortie grâce à un roman intitulé Le Passe-muraille.

Prié d’aller se reposer les neurones après l’épisode où il a subi quelques conséquences psychiques et donc a été placé en congé maladie, avec obligation de se reposer, Gustave Flicman, le jeune policier de la Grosse Cité passe ses vacances au vert, c’est-à-dire plutôt au bleu puisqu’il est installé chez sa Tantine à Restick, près de Carnac. Vit également dans cette maison, Philomène, la grand-tante, qui se réfère à Noëlick l’ancêtre, l’oncle qui d’après la photo trônant sur la cheminée laisse à supposer qu’il a rejoint le pays des morts depuis belle lurette.

Gustave se promenant dans la contrée, croise un barbu à lunettes sur le bord de la falaise semblant guetter et appeler quelqu’un les mains en porte-voix. D’après Tantine, il s’agit de René Le Brac, mycologue et connu dans la région comme écrivain. D’après la grand-tante Philomène, l’homme aurait même été l’ami de l’oncle Noëlick.

Alors qu’il doit aller chercher du pain à la boulangerie locale, qui est éloignée de la maison de Tantine, Gustave se met à suivre Le Brac. Une décision qui va l’entraîner dans moult péripéties car cet homme qui cumule les fonctions est également lutinologue. Or le Professeur B. et Loligoth viennent d’arriver sur place, accompagnés des Lutins Urbains, le Pizz’Raptor, Bug le Gnome, et les autres afin justement de rencontrer Le Brac et lui demander de les aider avec le soutien de leurs cousins bretons, le Crassou, Gabino, Boléguean, Mourioche et autres Korrigans tout aussi farceurs que les Lutins Urbains, chacun d’eux possédant une fonction particulière. Et ils recherchent le talisman, la Grosse galette, susceptible de les débarrasser de leurs adversaires.

Mais le Supérieur Inconnu est sur leurs traces et il n’hésite pas à employer les grands moyens. Gustave se trouve mêle malgré lui à cet affrontement, qui lui fera connaître l’Ankou et sa charrette, le Bag Noz ou barque de nuit, le sabot des Kerrions, et pérégrinera de l’île de Groix jusqu’à Brestopol-sur-Océan, dans le cimetière de cette cité, puis au phare d’Eckmühl, subissant diverses turbulences dont il se serait bien passé. Mais il n’est pas le seul à faire l’objet de la vindicte du Supérieur Inconnu. Loligoth elle aussi sera la cible des attaques du Supérieur Inconnu et de ses hommes casqués.

 

Un roman qui selon l’éditeur est destiné aux enfants de six à neuf ans mais l’âge du lecteur importe peu, car il s’agit bien d’une plongée dans la culture folklorique bretonne et ses Lutins farceurs, recensés au dix-neuvième siècle par des lutinologues réputés. D’ailleurs cet ouvrage est dédié à René-François Le Men, François-Marie Luzen, et à Anatole Le Braz, sûrement le plus connu et dont les ouvrages sont constamment réédités.

Mais si Renaud Marhic rend hommage à ses prestigieux prédécesseurs, il ne faut pas croire pour autant que ce roman est austère. Au contraire, il fourmille d’épisodes amusants, parfois hilarants, la bonne humeur étant privilégiée. Pour autant les adultes qui liront ce cinquième épisode des aventures de Gustave Flicman y trouveront certains propos destinés aux adultes.

 

- Et des librairies ? Nous avons encore des librairies ?

- Rassurez-vous, la dernière a brûlé hier ! C’est bien la preuve qu’il avait raison : d’après lui, il n’y pas plus dangereux que le papier. Surtout quand il est imprimé. A ce qu’il dit, cela le rendrait même explosif…

 

Une conversation enregistrée en caméra cachée et micro dissimulé par l’auteur et échangée entre le maire et la chargée de communication de la Grosse Cité. Nous n’en sommes pas encore arrivés à cette extrémité, mais si l’on n’y prend garde, il se pourrait que ceci soit une prédiction à court terme. D’autant que les auteurs sont déjà considérés comme quantité négligeable, voire nuisible par certains hommes (et femmes) politiques !

 

Renaud MARHIC : Korrigans et Grosse Galette. Les Lutins Urbains N°5. Illustrations de Godo. Couverture cartonnée. Collection Romans Jeunesse. Editions P’tit Louis. Parution le 20 septembre 2018. 262 pages. 10,00€.

ISBN : 978-2373730579

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2 novembre 2018 5 02 /11 /novembre /2018 06:07

Elles ne le sont pas toutes ! Heureusement ?

Pierre Alexis PONSON du TERRAIL : La femme immortelle.

Ce roman, publié en 1869 ou 1870 selon certains, tandis que d’autres affirment qu’il aurait été édité en 1852, les dates divergent, est une amusante incursion dans le fantastique vampiresque et historique puisque l’action se déroule durant la Régence de Philippe d’Orléans, qui suppléa le jeune roi Louis XV qui n’avait que cinq à la mort de son père le Roi Soleil. Cette transition historique servit de support à de nombreux romans de cape et d’épée, dont le plus connu peut-être est Le Bossu de Paul Féval, dont le début de l’intrigue se déroule avec les soubresauts du système financier imaginé et instauré par le banquier Law.

Comme tous les soirs, le Régent Philippe d’Orléans a convié à sa table quelques fidèles et favoris. Parmi les présents, le Cardinal Dubois, qui a invité un de ses parents éloignés, le marquis de La Roche-Maubert, qui arrive juste de sa Normandie. Mais un couvert attend un autre convive. Le chevalier d’Esparron, qui a disparu depuis quatre mois. On est sans nouvelle du jeune gentilhomme et les questions vont bon train. On sait qu’il avait reçu une missive émanant d’une femme, le parfum qui se dégageait de cette lettre ôtant les doutes, lui donnant rendez-vous de nuit au bord de l’eau sur l’ancien emplacement de la Tour de Nesles.

La police s’était renseignée et selon les sources, quelques précisions avaient été obtenues. Il se serait rendu dans un cabaret dénommé à la Pomme d’or, tenu par la femme Niolle. Selon la cabaretière, une femme portant un loup et arrivant par barque aurait soupé avec le chevalier puis ils auraient pris une chambre. Pendant ce temps les deux mariniers, masqués également, auraient attendu dans l’embarcation. Au petit matin, l’inconnue serait repartie par voie d’eau laissant d’Esparron dormir. Curieuse l’aubergiste était allée voir dans la chambre et avait aperçu d’Esparron avec au cou comme une piqûre d’épingle. Le soir même la femme était revenue, avait soupé avec le chevalier puis ils étaient repartis ensemble.

La narration de cet épisode remémore quelques souvenirs au marquis de la Roche-Maubert. Quarante-cinq ans auparavant la même mésaventure lui serait arrivée. Mésaventure qu’il narre aux convives ébahis. Après avoir été entraîné, les yeux bandés, au fil de l’eau et amené dans un endroit secret, probablement sous terre dans une salle luxueuse, il avait été nourri et désaltéré de mets et vins fins, puis s’était endormi. A son réveil, il avait ressenti une petite coupure au cou. La femme lui avait confié que c’était une épingle de sa broche qui l’avait effleuré puis déclaré qu’elle avait bu son sang. Elle était plus vieille que son physique charmant le laissait supposer car elle avait affirmé qu’elle avait connu le roi Henri IV.

Il s’agissait pour elle de recueillir du sang afin de devenir immortelle et de transformer ce liquide en or. Convaincue de sorcellerie, elle avait été jugée et brûlée sur un bûcher. Il ne restait plus des cendres quelques heures plus tard.

C’est alors que d’Esparron se présente, comme si de rien n’était et s’installe à table. Il porte au cou comme une petite blessure mais il démontre rapidement que c’est lui-même qui se fait des ponctions à l’aide d’une lancette.

Mais le mythe de la femme immortelle, revenant quarante-cinq ans plus tard et commettant les mêmes méfaits, est lancé. De nombreux protagonistes sont sur ses traces, des policiers, des ennemis, mais des amis également, heureusement pour elle.

 

De nombreux personnages évoluent dans ce roman dense, compact, dont Castirac, jeune chevalier gascon dont l’aspect physique et plus particulièrement son nez n’est pas sans rappeler Cyrano de Bergerac, personnage créé par Edmond Rostand en 1897. D’autres personnages font leur apparition au cours de l’histoire, tel le prince margrave de Lansbourg-Nassau, riche noble apparenté à la famille royale de l’empire germanique. Des femmes, jeunes ou non, belles ou non, avenantes ou véritables mégères damnent le pion à bien des personnages masculins, Ponson du Terrail ne se montrant nullement machiste. Et naturellement cette fameuse femme immortelle qui a traversé les siècles sans aucun dommage physique. Mais il faut se méfier des apparences.

Ponson du Terrail nous entraîne dans une histoire vampiresque d’inspiration fantastique dont tout est révélé à la fin de façon rationnelle, sauf le thème de l’alchimie qui perdure et donne du sel à l’histoire.

Et nous sommes plongés dans une histoire véritablement « rocambolesque » avec de très nombreux rebondissements, des pérégrinations sous la Seine, et des retours en arrière, naviguant allègrement l’époque au cours de laquelle se déroulent l’histoire et sa genèse quarante-cinq ans auparavant, de la romance amoureuse aussi.

Malgré ce que l’on pourrait croire, ce roman n’est pas un fouillis mais une intrigue extrêmement maîtrisée, aux imbrications machiavéliques, et l’auteur retombe sur ses pieds à chaque fois, reprenant le fil du récit bien des chapitres après qu’une action se soit déroulée.

Nonobstant toutes les critiques négatives que l’on lire ici et là concernant Ponson du Terrail et ses fameuses incohérences, je n’ai trouvé dans le récit aucune de ces petites phrases ou descriptions incohérentes dont il serait coutumier à en croire certains. Surtout sachant que l’auteur travaillait sur plusieurs histoires à la fois, qu’il ne se relisait pas et fournissait jour après jour, donc sans correction possible, ses feuilletons.

 

Pierre Alexis PONSON du TERRAIL : La femme immortelle. Collection L’Aube Poche Littérature. Editions de l’Aube. Parution 20 octobre 2016. 472 pages. 14,00€.

ISBN : 978-2815920124

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17 octobre 2018 3 17 /10 /octobre /2018 05:23

Sur le parking des anges

Plus rien ne les dérange

La folie les mélange

C'est la nuit qui les change…

Jean-Pierre ANDREVON : Le parking mystérieux.

Un banal parking bitumé, entouré de tours et de barres d’immeubles, des édifices décrépits aussitôt érigés, et pourtant pour Fabien, c’est un parking bien particulier.

Fabien n’a qu’une petite douzaine d’années, et à cause de son asthme qui le perturbe trop souvent, il est malingre. Il marche la tête baissée, et ce jour-là, revenant de l’école, il découvre une griffe. Mais pas n’importe quelle griffe. Une griffe énorme, grosse comme un couteau ou une serpe. Il la range délicatement dans son sac et franchit la porte de la tour où il habite en compagnie de sa mère Christelle, shampouineuse.

Trois gamins, des adolescents ou en passe de l’être, telle Chafia qui, à douze ans, est déjà bien proportionnée devant et derrière, et les deux grands qui ne manquent pas de se moquer de lui, l’interpellent lui parlant en verlan. Mais peu lui chaut, il a hâte de rentrer chez lui, et en attendant sa mère, il examine sa griffe. Ce n’est pas la première fois qu’il découvre un tel objet incongru sur ce parking, mais là il s’agit d’une pièce de choix, d’une pièce unique dont il aimerait bien connaitre l’origine.

Comme souvent depuis quelques temps, Fabien va manger seul, Cristelle ayant rendez-vous avec un ami. Elle est divorcée et le père est parti un beau ( ?) jour en claquant la porte.

La nuit Fabien entend des bruits bizarres dans l’escalier, des Vroupp, des Rrraaac, des Flaaatchhh, comme si une animal pesant descendait l’escalier. Et il aperçoit derrière les vitres de sa fenêtre une libellule immense, d’au moins un mètre d’envergure.

Un matin, grand remue-ménage sur le parking. Un homme vitupère, sa voiture a été écrasée, comme si un météorite était tombé dessus. Pourtant rien aux alentours. Et Fabien distingue sur le bitume une sorte de décaissement circulaire. Pas très profond, mais quand même, il le sent sous ses pieds.

De quoi l’asphyxier et d’ailleurs ceci ne manque pas de se produire. Il a beau utiliser son dilatateur, rien n’y fait et son professeur inquiet lui ordonne de rentrer chez lui. Sa mère inquiète demande au toubib de passer et Fabien est quelque peu soulagé, mais cela n’est que temporaire. Au bas de l’escalier un vieux monsieur en fauteuil roulant lui demande de pousser son « carrosse » dans la cage de l’ascenseur. L’homme, d’origine étrangère, ne vit dans l’immeuble que depuis quelques mois, et il occupe seul le quatorzième étage de la tour. Fabien est invité à lui rendre visite, une visite qui sera fructueuse pour ses bronches et son appétit de découvertes.

 

Ce court roman destiné aux adolescents à partir de douze ans, est plus qu’une simple fantaisie fantastique dans un univers onirique.

En effet, outre les démêlés de Fabien avec sa maladie, et sa solitude quelques soirs par semaine, sa mère préférant se rendre au restaurant avec un ami qu’il ne connait pas, un message est inclus dans l’intrigue.

Si les gamins de la cité se conduisent en petits voyous pas très méchants sauf par la parole, si une gamine est déjà une véritable bombe à retardement, ce sont les deux personnages clés qui gravitent dans cette histoire qui sont importants, outre Fabien.

D’abord l’homme à la voiture écrasée, qui se révèlera être un chasseur raciste ayant traqué, et abattu, des animaux en Afrique, et l’homme au fauteuil roulant qui prône la conservation de la nature, faune et flore africaines. Un antagonisme qui ne peut que dégénérer. Et pour bien faire passer ce message, rien de mieux que d’y intégrer une dose de fantastique dont on se demande s’il s’agit d’un élément réel ou d’images virtuelles nées dans l’esprit de Fabien. Car le lendemain de la découverte de la griffe, il ne reste plus que de la poussière dans son sac.

Fabien est un gamin solitaire, par force, timide, réservé, et dont l’imagination débordante peut lui jouer des tours. Mais est-ce seulement son imagination qui l’entraîne dans cette aventure ?

Et il faut se méfier, car Jean-Pierre Andrevon possède l’art de faire monter le suspense et de l’entretenir avec simplicité tout en laissant le champ libre à toutes les possibilités.

 

Jean-Pierre ANDREVON : Le parking mystérieux. Illustrations couverture et intérieur : Siro. Collection Les Fantastiques. Editions Magnard Jeunesse. Parution le 5 juin 1997. 112 pages.

Réédition Editions Seine. Collection Maxi Poche Jeunesse. Parution le 4 janvier 2009.

ISBN : 978-2210977488

 

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14 octobre 2018 7 14 /10 /octobre /2018 05:40

Si cela pouvait être vrai, je lirai longtemps encore !

André CAROFF : Mme Atomos prolonge la vie. La Saga de Madame Atomos 3.

Dans ce troisième volume consacré à la saga de Madame Atomos, nous pouvons retrouver trois histoires de la plus célèbre « héroïne » de ce prosateur qui évolua dans tous les genres et quasiment toutes les collections des Editions Fleuve Noir de la belle époque.

Au sommaire de ce numéro 3 :

Préface de Francis Saint Martin.

L'erreur de Mme. Atomos.

Mme. Atomos prolonge la vie.

Les monstres de Mme. Atomos.

L'Affaire Atomos, une nouvelle inédite de Win Scott Eckert.

Première édition : Collection Angoisse N°140. Editions Fleuve Noir. Parution 2e trimestre 1967. 224 pages.

Première édition : Collection Angoisse N°140. Editions Fleuve Noir. Parution 2e trimestre 1967. 224 pages.

Rhode Island, le plus petit état des USA, est le théâtre de phénomènes étranges depuis quelques semaines. Les enfants ne grandissent plus, ne grossissent plus, et pourtant les toubibs ne relèvent aucune maladie. Ils sont en bonne santé mais leur aspect physique est dans un état stationnaire. Les vieillards cacochymes retrouvent leur souplesse, leur agilité, leur fougue et leur vision d'antan.

Smith Beffort, qui coule des jours heureux en compagnie de sa femme Mie Azusa, ex Miss Atomos, et de son fils Bob, collectionne les entrefilets dans les journaux et il est intrigué par ces événements qui apparemment n'alertent pas les autorités du pays. Ainsi selon un court article, les hôpitaux sont vides, les pharmacies et les laboratoires au chômage.

C'est dans ce contexte qui n'en est qu'à ces prémices que le docteur Alan Soblen retrouve son ami Smith Befford. Il a participé durant un mois à une conférence à Providence. Il lui démontre son agilité et que sa myopie ne l'indispose plus pour lire le journal. Seulement au bout de quelques heures, Soblen perd ses nouvelles facultés et revient à son état normal.

Smith pense que Mme Atomos leur joue un nouveau tour à sa façon en prolongeant ainsi la vie. Car cela ne va pas sans conséquences.

Ce nouveau paradis attire bon nombre de personnes mal en point qui arrivent à Rhode Island persuadés recouvrer leur jeunesse, et c'est par milliers puis par centaines de milliers de migrants que se traduit ce nouvel exode sur une terre qui ne mesure que 66 km sur 77. Mais bientôt, sous l'afflux de cette population, le paradis va se transformer en enfer. Six mois ont passé depuis la première apparition du phénomène et en ce mois de janvier il neige abondamment, un problème climatique rédhibitoire.

 

Car le phénomène ne touche pas seulement les humains mais les animaux et les plantes qui ne vieillissent plus ni ne croissent. Smith Befford et Soblen s'en aperçoivent rapidement sur place. Smith rencontre le chef du FBI à New-York mais celui-ci n'est pas convaincu. Alors jouant le tout pour le tout Smith décide de faire intervenir la force Dragon Vert, des truands qu'il a recruté et organisé en petite armée, afin de défendre le pays en cas de récidive.

Lorsqu'il revient chez lui, Mie est affolée. Elle reçoit des appels téléphoniques anonymes. Une femme ou un homme, elle ne peut le déterminer, téléphone de cabines publiques, progressant vers leur maison. Le dernier appel, auquel Smith assiste, est édifiant. Le correspondant sait exactement ce que le couple et les policiers censés les protéger effectuent comme mouvements, et peut répéter leur conversation. Smith et ses hommes découvrent des micros et des caméras miniaturisés cachés dans leur logement. Mie et l'enfant vont être mis à l'abri dans l'Oregon, tandis que Smith et les membres du Dragon vert vont le rejoindre à Providence et s'éparpiller dans tout l'Etat, à la recherche d'installations maléfiques.

Pendant ce temps la population amalgamée sur le petit territoire en vient aux mains, et les émeutes provoquent plus de dégâts que la famine qui commence à sévir.

Effectivement l'un des groupes découvre enfouie sous terre une sorte de plaque de tôle. Elle a été repérée au manque d'absence de neige sur une petite parcelle de terre. L'herbe est verte, une anomalie dans l'immensité blanche.

Un nouveau combat s'engage entre Mme Atomos et ses sbires d'un côté et les forces du Dragon vert de Smith de l'autre. Et il semble que Mme Atomos est en passe de gagner son pari de destruction des Etats-Unis. Pour enfoncer le clou elle fait kidnapper Mie et Bob.

 

André Caroff part du postulat émis par le sociologue Philip Hauser le 28 juillet 1966, qui affirmait que la Terre compterait sept milliard quatre cents millions d'âmes en l'an 2000, alors qu'au moment où cette déclaration était annoncée il n'y avait que (!) trois milliards trois cents millions d'habitants. Cette prévision, ou extrapolation, était presque juste puisque le chiffre annoncé a été atteint en 2015, en l'an 2000 le montant de personnes vivant sur la planète s'élevant à six milliards cent-trente millions, environ.

Or le projet de Mme Atomos est de réduire à la famine la population des Etats-Unis via une explosion démographique entraînant l'éradication totale des Etats-uniens. La vie et la mort sont dans l'ordre naturel de la régulation de l'existence, et un déséquilibre conscient programmé d'un côté comme de l'autre ne peut que conduire à la disparition de tout être vivant sur la planète.

Grâce à des inventions diaboliques dont elle a le secret, Mme Atomos désire venger les morts d'Hiroshima et de Nagasaki, par tous les moyens. André Caroff vogue sur la fibre de l'anticipation tout dénonçant un système de famine programmée né dans un esprit de châtiment. Mais l'enjeu délétère de Mme Atomos pourrait sembler n'être qu'un pari mortifère que les spéculateurs et les scientifiques pourraient réaliser à plus ou moins long terme. Par exemple les légumes produits à base de fortes doses d'engrais et de semences modifiées, liées à une accumulation de pesticides, de produits phytosanitaires, contiennent moins de vitamines et de nutriments que quelques dizaines d'années auparavant et sont donc moins énergétiques et caloriques. Mais ceci est un autre problème.

 

A noter que si le choix de Rhode Island n'est pas anodin, étant le plus petit état des USA et donc plus facilement contrôlable par Mme Atomos, l'enfant le plus célèbre de la ville de Providence n'est autre que Howard Phillips Lovecraft, l'un des plus grands fantastiqueurs américains, voire mondial. En outre, le nom de Beffort, l'agent du FBI, me fait songer à Alexandre Breffort, qui avant de devenir journaliste, scénariste, homme de théâtre et écrivain, accumula les petits boulots dont celui de chauffeur de taxi pendant cinq ans, métier pratiqué par André Caroff.

 

Pour commander cet ouvrage, n'hésitez pas à vous rendre à l'adresse mise en lien ci-dessous :

 

André CAROFF : Mme Atomos prolonge la vie. La Saga de Madame Atomos 3. Collection Noire N°3. Editions Rivière Blanche. Parution juillet 2007. 404 pages. 25,00€.

ISBN : 978-1-932983-87-6

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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