Oh mon île au soleil, accrochée entre terre et ciel…
L’histoire de Jim Hawkins, tout le monde la connait ou presque, ne serait-ce que grâce aux nombreux films qui ont été adaptés depuis 1920, aux téléfilms, ou encore aux bandes dessinées qui lui ont été consacrée.
Mais, même si Stevenson avait écrit d’abord ce roman pour le magazine écossais pour enfants Young Folks, un feuilleton paru de 1er octobre 1881 jusqu’au 28 janvier 1882, signé Captain George North, par la suite il l’a publié sous forme de livre en lui apportant de nombreuses modifications.
Et en relisant ce roman, cette fois dans une version intégrale, on s’aperçoit qu’il ne restait dans nos esprits (Je parle principalement du mien) que quelques bribes, de vagues images, et que littéralement ce fut une découverte intéressante, du moins plus intéressante que je le pensais.
Lorsque le vieux loup de mer nommé Billy Bones entre dans l’auberge tenue par le père de Jim Hawkins, un adolescent qui rêve d’aventures, celui-ci ne pensait certes pas que cette intrusion allait changer le cours de sa vie. Jim aide son père à l’auberge L’Amiral Benbow, et tout de suite il est fasciné par ce vieux marin colérique qui dépose quelques pièces d’or sur le comptoir pour régler les dépenses futures. Fasciné et à la fois terrifié par cet homme qui passe son temps à regarder au dehors tout en buvant, souvent plus que de raison, des verres de rhum.
Bones demande à Jim de surveiller les environs et de le prévenir si un individu dont il manque une jambe s’approche de l’établissement. Mais au lieu de l’unijambiste redouté, c’est un aveugle qui se présente et lui remet un papier sur lequel figure une tache noire. Il n’en faut pas plus pour perturber physiquement Billy Bones qui déjà a eu une attaque d’apoplexie suite à l’ingestion immodérée de rhum. Le docteur Livesey l’avait déjà soigné et mis en garde, en vain.
Deux faits se produisent simultanément. Le père de Jim Hawkins, gravement malade, décède, tandis que Bones ne survit pas à cette nouvelle attaque. Après avoir demandé au village du renfort, qui ne vient pas, Jim et sa mère fouillent dans les affaires de Bones. La brave dame, découvrant quelques pièces d’or, ne prend que ce qui lui est dû par le pirate, tandis que Jim découvre un paquet contenant des documents.
Ils se rendent auprès du docteur Livesey, qui dîne chez le chevalier Trelawney, croisant sans se voir en chemin Pew, l’aveugle, qui conduit les hommes du capitaine Flint vers l’auberge. Le docteur et le chevalier ouvrent le paquet et découvrent une carte indiquant l’emplacement d’un trésor sur une île.
Aussitôt un navire est affrété avec le capitaine Smollett pour le diriger, et un équipage est embauché, dont John Silver Lee en tant que maître-coq, une fonction qui lui incombe sans problème puisqu’il est le propriétaire d’une auberge à Bristol, lieu de départ du bâtiment. Mais John Silver Lee possède une particularité, celle d’être unijambiste, un handicap qui ne le gêne guère étant habile dans le maniement de sa béquille.
Bientôt, caché dans un tonneau de pommes, Jim entend des propos concernant une sédition de la part de certains membres d’équipage menés par le cuistot qui semble avoir pris l’adolescent en affection. La mutinerie se prépare mais Livesey, Trelawney et le capitaine Smolett se tiennent sur leurs gardes. Jusqu’au moment où le navire arrive en vue de la fameuse île au trésor, habitée depuis trois ans par un ancien pirate du nom de Ben Gunn qui se montrera un allié précieux contre ses anciens compagnons.
La suite, tout le monde la connait ou presque, soit en ayant lu sa version juvénile ou adulte, ou tout simplement au travers des nombreuses adaptations cinématographiques ou en bandes dessinées qui en sont dérivées.
Le cas de Ben Gunn fait penser à l’histoire de Robinson Crusoë, narrée par Daniel Defoe en 1719. Mais Stevenson ne s’attarde pas sur les conditions de survie du pirate marron, évitant ainsi de longues digressions sur son débarquement puis son adaptation en solitaire sur l’île.
L’auteur se focalise surtout sur l’histoire racontée par Jim Hawkins, et dans trois chapitres par le docteur Livesey lorsque l’équipe constituée par les marins restés fidèles au chevalier et au docteur s’installe dans un fortin près de la plage, tandis que l’adolescent téméraire est parti à l’aventure découvrir le terrain.
Une scission qui aurait pu être fatale face aux pirates mais qui se montrera bénéfique à tous points de vue contre les mutins et John Silver Lee. Le cas du pirate cuistot est remarquable par le fait qu’il peut se montrer affable ou colérique, retournant sa veste à plusieurs reprises afin de sauver sa vie.
Un roman que l’on croit connaître et qui se révèle un véritable plaisir de relecture.
Robert-Louis STEVENSON : L’île au trésor (Treasure Island – 1883. Traduction d’André Bay). Le Livre de Poche Classique N°756. Parution janvier 1983. 280 pages.
ISBN : 9782253003687
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