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16 mai 2020 6 16 /05 /mai /2020 04:34

Oh mon île au soleil, accrochée entre terre et ciel…

Robert-Louis STEVENSON : L’île au trésor

L’histoire de Jim Hawkins, tout le monde la connait ou presque, ne serait-ce que grâce aux nombreux films qui ont été adaptés depuis 1920, aux téléfilms, ou encore aux bandes dessinées qui lui ont été consacrée.

Mais, même si Stevenson avait écrit d’abord ce roman pour le magazine écossais pour enfants Young Folks, un feuilleton paru de 1er octobre 1881 jusqu’au 28 janvier 1882, signé Captain George North, par la suite il l’a publié sous forme de livre en lui apportant de nombreuses modifications.

Et en relisant ce roman, cette fois dans une version intégrale, on s’aperçoit qu’il ne restait dans nos esprits (Je parle principalement du mien) que quelques bribes, de vagues images, et que littéralement ce fut une découverte intéressante, du moins plus intéressante que je le pensais.

Lorsque le vieux loup de mer nommé Billy Bones entre dans l’auberge tenue par le père de Jim Hawkins, un adolescent qui rêve d’aventures, celui-ci ne pensait certes pas que cette intrusion allait changer le cours de sa vie. Jim aide son père à l’auberge L’Amiral Benbow, et tout de suite il est fasciné par ce vieux marin colérique qui dépose quelques pièces d’or sur le comptoir pour régler les dépenses futures. Fasciné et à la fois terrifié par cet homme qui passe son temps à regarder au dehors tout en buvant, souvent plus que de raison, des verres de rhum.

Bones demande à Jim de surveiller les environs et de le prévenir si un individu dont il manque une jambe s’approche de l’établissement. Mais au lieu de l’unijambiste redouté, c’est un aveugle qui se présente et lui remet un papier sur lequel figure une tache noire. Il n’en faut pas plus pour perturber physiquement Billy Bones qui déjà a eu une attaque d’apoplexie suite à l’ingestion immodérée de rhum. Le docteur Livesey l’avait déjà soigné et mis en garde, en vain.

Deux faits se produisent simultanément. Le père de Jim Hawkins, gravement malade, décède, tandis que Bones ne survit pas à cette nouvelle attaque. Après avoir demandé au village du renfort, qui ne vient pas, Jim et sa mère fouillent dans les affaires de Bones. La brave dame, découvrant quelques pièces d’or, ne prend que ce qui lui est dû par le pirate, tandis que Jim découvre un paquet contenant des documents.

Ils se rendent auprès du docteur Livesey, qui dîne chez le chevalier Trelawney, croisant sans se voir en chemin Pew, l’aveugle, qui conduit les hommes du capitaine Flint vers l’auberge. Le docteur et le chevalier ouvrent le paquet et découvrent une carte indiquant l’emplacement d’un trésor sur une île.

Aussitôt un navire est affrété avec le capitaine Smollett pour le diriger, et un équipage est embauché, dont John Silver Lee en tant que maître-coq, une fonction qui lui incombe sans problème puisqu’il est le propriétaire d’une auberge à Bristol, lieu de départ du bâtiment. Mais John Silver Lee possède une particularité, celle d’être unijambiste, un handicap qui ne le gêne guère étant habile dans le maniement de sa béquille.

Bientôt, caché dans un tonneau de pommes, Jim entend des propos concernant une sédition de la part de certains membres d’équipage menés par le cuistot qui semble avoir pris l’adolescent en affection. La mutinerie se prépare mais Livesey, Trelawney et le capitaine Smolett se tiennent sur leurs gardes. Jusqu’au moment où le navire arrive en vue de la fameuse île au trésor, habitée depuis trois ans par un ancien pirate du nom de Ben Gunn qui se montrera un allié précieux contre ses anciens compagnons.

 

La suite, tout le monde la connait ou presque, soit en ayant lu sa version juvénile ou adulte, ou tout simplement au travers des nombreuses adaptations cinématographiques ou en bandes dessinées qui en sont dérivées.

Le cas de Ben Gunn fait penser à l’histoire de Robinson Crusoë, narrée par Daniel Defoe en 1719. Mais Stevenson ne s’attarde pas sur les conditions de survie du pirate marron, évitant ainsi de longues digressions sur son débarquement puis son adaptation en solitaire sur l’île.

L’auteur se focalise surtout sur l’histoire racontée par Jim Hawkins, et dans trois chapitres par le docteur Livesey lorsque l’équipe constituée par les marins restés fidèles au chevalier et au docteur s’installe dans un fortin près de la plage, tandis que l’adolescent téméraire est parti à l’aventure découvrir le terrain.

Une scission qui aurait pu être fatale face aux pirates mais qui se montrera bénéfique à tous points de vue contre les mutins et John Silver Lee. Le cas du pirate cuistot est remarquable par le fait qu’il peut se montrer affable ou colérique, retournant sa veste à plusieurs reprises afin de sauver sa vie.

Un roman que l’on croit connaître et qui se révèle un véritable plaisir de relecture.

Robert-Louis STEVENSON : L’île au trésor (Treasure Island – 1883. Traduction d’André Bay). Le Livre de Poche Classique N°756. Parution janvier 1983. 280 pages.

ISBN : 9782253003687

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15 mai 2020 5 15 /05 /mai /2020 04:02

La nuit est chaude,
Elle est sauva-age,
La nuit est belle
Pour ses otages…

 

NELLY : La nuit est à nous.

Apercevoir son fiancé dans une voiture en compagnie d’une autre femme, qui plus est vedette de cinéma, voilà de quoi attiser la jalousie d’une jeune femme amoureuse.

Et Bérénice Serrigny, fille d’un riche métallurgiste, décide aussitôt de quitter Paris afin de se réfugier auprès de sa tante madame de Cernon à Lausanne. Le beau Francis, qui s’était fait prier pour la demander en mariage prétextant sa pauvreté malgré son métier d’ingénieur, n’avait pas à lui mentir et déclarer qu’il avait un rendez-vous d’affaire pour ne pas sortir avec elle au théâtre ce jour là.

Dans le train qui l’emmène en Suisse, Bérénice remâche sa déconvenue lorsque qu’une femme apeurée s’introduit dans son compartiment à une place. Elle se nomme Sémiramis et craint pour sa vie, affirmant qu’elle est poursuivie par deux tueurs. Arrivée à Lausanne, Bérénice lui propose un hébergement chez sa tante madame de Cernon, ce qu’accepte bien volontiers la jeune fille.

Sémiramis est l’unique héritière du Prince Adamazin, mort un an auparavant, qui possédait la plus grande partie des pétroles iraniens. Son cousin Ali, fervent disciple de l’Ayatollah Khomeiny, souhaiterait, exigerait même, qu’elle l’épousa. Seulement Sémiramis est amoureuse d’un Français. Alors que les deux femmes prennent ensemble une boisson dans un hôtel de Lausanne, Sémiramis doit s’absenter. Un peu plus tard, un serveur affirme qu’elle serait montée à bord d’une voiture. Aussitôt Bérénice pense à un enlèvement. Mais elle reçoit un message de Sémiramis indiquant qu’elle doit la quitter et se rendre à Rome puis à Téhéran. Elle lui demande juste de s’occuper de ses bagages et surtout de sa trousse.

Et Bérénice est à nouveau la proie d’une crise de jalousie, lorsqu’elle trouve par hasard, une lettre dans les affaires de Sémiramis adressée à son fiancé Francis Corton.

Bérénice décide alors de se rendre à la gare pour remettre elle-même les bagages, mais elle dépose la trousse à la consigne et met le reçu dans une enveloppe adressée à son nom. Sur le quai de la gare elle est abordée par Ali Adamazin, le cousin de Sémiramis qui lui propose de retrouver la jeune Iranienne le soir même au restaurant. Or dans le taxi qui l’amenait à la gare, elle s’est rendue compte que l’écriture du message et celle sur l’enveloppe adressée à Francis, différaient.

Au restaurant Ali prétend que sa cousine n’a pu se déplacer et qu’elle se trouve dans les environs de Montreux. Mais en cours de route Bérénice se rend compte qu’elle est prise en otage. Une voiture les suit, Ali exécute une mauvaise manœuvre sur une route de montagne, la voiture dérape, Bérénice parvient à sauter tandis que le véhicule dévale le ravin. Sémiramis a réussi à s’échapper et prévenir des policiers qui se sont lancés sur la trace d’Ali.

Francis arrive à Lausanne et le malentendu concernant sa prétendue liaison avec l’actrice sera rapidement effacé, mais Bérénice est impulsive, et elle avait recommencé la même erreur plus tard, dans des conditions différentes, certes, mais toujours aussi préjudiciables, avec la missive découverte dans la trousse. Francis sert de boîte postale à l’amoureux de Sémiramis, un ami et collègue, qui de par ses occupations professionnelles voyage beaucoup.

Quelques semaines plus tard, ils se marient, passent un court séjour à Rome puis ils s’envolent pour Téhéran où Francis doit contrôler en même temps les travaux de forage des puits de pétrole de la compagnie de son beau-père en Irak, aux confins de la frontière. Leur voyage sera mouvementé, tandis que leur séjour dans la résidence de Sémiramis qui les héberge leur dispensera des sueurs froides, et ce n’est pas peu de le dire.

 

Ce roman d’amour signé Nelly, à ne pas confondre avec Delly, est probablement l’œuvre d’un auteur, masculin ou féminin, expérimenté. Car sous l’histoire d’amour et ses malentendus, se cache une analyse de la situation politique et sociale de l’Iran, un pays qui à l’époque de l’écriture de l’intrigue est en plein bouleversement.

Sémiramis explique à Bérénice que dans cette révolution, l’obscurantisme des religieux effraye certains libéraux, tandis qu’Ali, pro-Khomeiny, affime : J’ai toujours été opposé au Shah qui oppressait le peuple, toute ma famille est du reste profondément religieuse et l’Ayatollah Khomeiny a toujours été notre guide.

 

Mira, la femme de chambre de Sémiramis, déclare à Bérénice lors de l’une de leurs rares conversations, L’Islam est la seule voie qui peut sauver le monde, poursuivant ses accusations d’une façon acrimonieuse.

-La princesse ne porte pas le tchador. Elle ose dévoiler devant tous son corps impur.

Bérénice intervint :

-La princesse a vécu en Europe. Les mœurs sont différentes, elle ne pouvait circuler en tchador à l’étranger.

-Peut-être, mais ici, elle devrait se conformer aux traditions.

Son visage exprimait la haine quand elle ajouta :

-C’est l’épouse maudite du Shah qui a ainsi profané les femmes.

-Mira, nous sommes au vingtième siècle, les exigences de la vie moderne sont incompatibles avec cette coutume. La liberté…

-Les accoutrements des femmes de l’Occident nous dépouillent de notre intimité. Le tchador c’est ce qui nous permet de rester libres et de disposer de notre corps comme nous l’entendons.

Bérénice regrette alors d’avoir voulu dialoguer avec elle, car profitant de sa lancée, elle poursuivit :

-Vous devriez lire le Coran, madame.

-Je suis catholique.

-Si vous lisiez le Coran, vous renieriez votre religion.

Ajoutant :

-Il n’y a que dans l’Islam que l’on peut trouver la quiétude et le bonheur… C’est la seule doctrine qui peut assurer au monde la pureté, l’honnêteté, base de toute juste démocratie… Les autres religions ne professent que des mensonges, toutes trompent leurs fidèles…

 

Et à deux ou trois reprises, l’auteur ne manque pas de signaler que l’ayatollah Khomeiny avait été hébergé en France, propageant activement ses idées révolutionnaires depuis sa résidence de Neauphle-le-Château. Un roman écrit et publié en 1979 et qui était alors à la pointe de l’actualité. Edifiant, non ?

NELLY : La nuit est à nous. Collection Turquoise N°1. Editions Presses de la Cité. Parution 20 avril 1979. 190 pages.

ISBN : 2258005256

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14 mai 2020 4 14 /05 /mai /2020 04:07

Attention à ne pas se faire plumer…

Marie MOREAU-BELLECROIX : Le perroquet pourpre.

En cette année 1520, cinq à six gamins visitent le château de la Garde-Villemontel, en Provence, Jean-Blaise, le fils du propriétaire des lieux leur servant de guide. Ils ont environ seize ans et sont fort curieux. L’un d’eux est plus particulièrement vindicatif lorsque Jean-Blaise refuse d’ouvrir une porte bardée de bronze. Cette pièce est la salle d’armes et il lui est interdit de pénétrer aussi il se montre catégorique. Gaspard et Jean-Blaise en viennent aux mains lorsque le noble chevalier Gédéon de la Garde-Villemontel survient.

Au grand étonnement de Jean-Blaise, il leur propose de visiter son antre et les adolescents sont tout pantois. D’autant que dans le fond de la pièce, quelque chose bouge. Il ne s’agit que d’un oiseau dans une cage. Mais quel oiseau ! Un magnifique perroquet pourpre dans une cage d’or. Un présent destiné à Philippe Villiers de l’Isle-Adam, le Grand-Maître des chevaliers hospitaliers de Saint-Jean dont le siège est à Rhodes, et grand-oncle de Jean-Blaise.

Le soir un grand repas est donné en l’honneur d’Arnauld Villiers de l’Isle-Adam, frère du Grand-Maître, et les garçons ébaubis écoutent les échanges entre les deux hommes, notamment sur les menaces concernant la terre de Rhodes convoitée par Soliman. Les adolescents proviennent tous d’horizons divers et doivent embarquer de Fréjus le lendemain pour Rhodes, en constituant la Caravane de la Religion.

Le lendemain matin donc, Jean-Blaise et ses compagnons, habillés de noir avec une croix blanche aux huit pointes sur le devant, descendent vers le rivage, accompagnés de Siphorien, l’homme de confiance du chevalier Gédéon, portant la cage d’or et le perroquet pourpre. Seulement en route, Frimouille, le cheval monté par Gaspard, s’emballe, au grand étonnement de Jean-Blaise qui sait que la monture est le plus calme et le plus pacifique des écuries. L’accident est funeste aussi bien à la monture qu’au cavalier. Dans la selle qui s’est détachée un clou a été fiché.

Puis c’est l’embarquement à bord de la caraque Santa-Anna. Siphorien qui a le goût du jeu délaisse le perroquet pourpre et l’un des marins s’en empare, car l’oiseau possède un secret selon les ouï-dire, et le caresse. Un âpre pugilat s’ensuit et le marin touché au menton s’écroule, mort. Selon le médecin du bord, ce décès n’est pas consécutif au coup de poing. Dans l’algarade l’oiseau s’enfuit et Siphorien se jette à l’eau. Puis la tempête fait rage et des Barbaresques arraisonnent la caraque qui prend feu.

Jean-Blaise est emmené à bord d’une pinasse mais il arrive à se défaire de ses liens. Il plonge échappant aux marins qui ont goûté à la boisson qu’il transportait dans une gourde que lui avait remise son père et qui contenait un cordial alcoolisé. Heureusement, la côte tunisienne n’est pas loin et il parvient à aborder une plage complètement épuisé. Il est recueilli quelques heures plus tard alors qu’il sort péniblement de son étourdissement par un gamin qui le présente à ses parents, lesquels accueillent Jean-Blaise chaleureusement. Minchaoui, le gamin, a vécu quelques temps à Marseille et il s’exprime à peu près en français, un avantage car Jean-Blaise le Provençal est mis en confiance.

Mais le voyage de Jean-Blaise n’est pas terminé, car il n’a pas rempli sa mission. Le village où vit Minchaoui est tout proche de Sfax, et le marchand qui avait vendu le perroquet pourpre vit justement dans cette ville. Lorsque Jean-Blaise s’enquiert auprès de l’oiseleur d’un volatile de substitution ressemblant au perroquet, le vendeur lui propose un lori à collerette. Il est certes ressemblant, mais ce qui perturbe Jean-Blaise ce sont les confidences du marchand. Des confidences qui font réfléchir l’adolescent sur la mort subite du marin et sur l’avenir du Grand Maître des chevaliers hospitaliers, et surtout sur le rôle de son père dans une supposée conspiration.

 

Ce roman d’aventures est également un roman historique s’inspirant de faits et de personnages réels.

En effet, la compagnie des chevaliers hospitaliers de Rhodes, qui devint plus tard lors de leur déménagement forcé celle de Malte, ont existé, et existent encore, le grand-maître Philippe Villiers de l’Isle-Adam, Don Amaral et quelques autres personnages sont inscrits dans l’Histoire de ces compagnies religieuses et dans l’Histoire tout court. Avec toutefois quelques nuances puisque Philippe Villiers de L’Isle Adam ne fut élu Grand Maître de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem qu’en janvier 1521. Quant à la caraque Santa Anna, elle fut construite et lancée à Nice le 21 décembre 1522 juste quand l'Ordre est chassé de Rhodes, remplaçant la caraque Santa Maria.

Et Marie Moreau-Bellecroix a brodé autour de ces épisodes véridiques, malgré quelques petites distorsions, une intrigue dont le Perroquet pourpre devait servir de meurtrier.

Si le roman met en scène des religieux, il ne sert pas pour autant de vecteur prosélyte, et il est à noter que l’accueil de Jean-Blaise par Minchaoui et ses parents est tout à fait remarquable, alors que bien souvent les contradictions religieuses et raciales servent de support à ce genre d’histoire, et reflète la réalité de l’époque concernant l’hospitalité. Peut-être.

 

Marie MOREAU-BELLECROIX : Le perroquet pourpre. Illustrations de Jacques Pecnard. Collection Idéal-Bibliothèque N°87. Editions Hachette. Parution 4e trimestre 1955. 192 pages.

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8 mai 2020 5 08 /05 /mai /2020 03:57

Quand le créateur de Fantômette lorgnait du côté de Walt Disney…

Georges CHAULET : Mickey et les mille diamants.

Ranger un grenier implique de déplacer la poussière mais aussi, voire surtout, découvrir des vieilleries intéressantes issues d’un passé qui fleure bon l’aventure.

Ce jour là, lorsque Mickey rend visite à son ami Dingo, celui-ci est en plein ménage de printemps, même si c’est l’été. Il n’y a pas de saison pour les braves. Parmi les reliques entassées, une bouée de sauvetage avec inscrit dessus Le Nénuphar, et Dingo se souvient d’un paquet attaché à cette bouée. Dans le paquet, un gros cahier rouge, selon les souvenirs de Dingo, cahier rouge qui se révèle être un petit carnet noir. Avec le temps les souvenirs se diluent, mais peu importe car Mickey peut compulser cette relique qui, outre des chiffres et des lettres, des indications de route, indique que lors du naufrage du Nénuphar, le navire transportait un coffret empli de diamants, aujourd’hui au fond de la mer. Heureusement le lieu du naufrage est indiqué exactement.

Une nouvelle aventure se profile pour Mickey qui décide d’affréter son propre petit voilier, le Joli-Cœur, afin de se rendre sur place, le long des côtes africaines en compagnie de Dingo, sans oublier Plutôt. Donald passant par là s’invite au voyage. Il affirme être un marin expérimenté et, surtout, savoir tenir sa langue.

Je me chargerai de piloter le bateau. Je suis un marin très expérimenté, vous savez. Je sais très bien distinguer le nord du sud, en ne me trompant qu’une fois sur deux.

 

Et comme il rencontre en cours de route Minnie, l’éternelle fiancée de Mickey, Donald lui narre le projet de ses amis. Seulement, ils ne se rendent pas compte que près d’eux, sur un banc, deux hommes au visage dissimulé les écoutent attentivement.

Le jour du départ, tout est prêt à bord. Les vivres et les objets indispensables pour ce voyage sont entreposés dans la cale. Arrive Donald, suivi de deux taxis bourrés à ras bord de bagages. Mickey n’accepte pas ce chargement supplémentaire et les taxis sont renvoyés, les bagages n’étant pas déchargés.

Donald était peut-être un peu présomptueux quant à ses capacités de marin car lorsqu’il faut hisser les voiles, il s’emmêle dans les filins, les drisses et autres cordages, au risque de s’étrangler. Mickey est déçu que Minnie ne lui ait point dit au revoir sur le port, mais elle n’est pas bien loin. Elle est cachée derrière une malle dans la cale causant une frayeur insurmontable à Donald qui croit à un fantôme.

Tout ceci serait bien, si ce n’est que leur ennemi favori Pat Hibulaire ne les suivait à la trace, à bord d’un sous-marin, les deux inconnus sur le banc étant des hommes à lui.

De nombreux incidents vont émailler ce voyage puisque des requins nagent près de leur petit bateau, qu’un rocher érafle la coque, en réalité il s’agit du sous-marin de Pat Hibulaire, et qu’une fois en vue des côtes, un homme juché sur la passerelle du submersible leur tire dessus, provoquant des trous dans leur canot de sauvetage. Ayant enfin pu débarquer sur le rivage, Mickey et ses amis sont capturés par les Poutou-Poutou, de terribles anthropophages !

 

S’inspirant des personnages chers à Walt Disney, Georges Chaulet nous offre une aventures drôlatique et maritime dont se sortiront sans grand dommage Mickey et compagnie.

Quelques illustrations complètent le récit et en lisant celui-ci, on a l’impression d’être plongé dans l’une des nombreuses bandes dessinées qui parurent dans le Journal de Mickey. Et puis, Walt Disney s’est tellement inspiré de romans et de contes glanés ici et là, laissant croire aux gamins qu’il en était l’auteur, qu’il était juste qu’un romancier pour juvéniles s’inspira de ses personnages pour écrire un roman destiné à la jeunesse. Avec toutefois l’aval de Walt Disney Productions.

C’est frais, charmant, humoristique, tout à fait indiqué pour les jeunes, garçons et filles, et pour leurs grands-parents confinés.

Georges CHAULET : Mickey et les mille diamants. Collection Nouvelle Bibliothèque Rose N°361. Editions Hachette. Parution 5 septembre 1970. 190 pages.

ISBN : 2005363801

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25 avril 2020 6 25 /04 /avril /2020 04:06

Déconfiné ?

KEMMEL : Je reviens de… (L’incroyable aventure).

La trentaine avenante et célibataire endurci, Henri Boulanger prend quelques jours de vacances à la neige. En cours de route il a fait la connaissance de Conchita, une Espagnole, mais alors qu’il est en train de déjeuner avec elle, dans l’hôtel où ils ont pris pension, il est attiré par une superbe jeune femme blonde prénommée Hubna. Il commence à lui faire la cour en suédois, au grand dam de Conchita.

Henri Boulanger est traducteur à l’Onu et parle couramment six langues, ce qui est un avantage dans la drague internationale. Et donc le lendemain, comme il n’y a pas de neige, ce qui est somme toute bête lorsque l’on veut faire du ski surtout à Noël, le restaurateur leur propose un panier garni pour un petit pique-nique sur le plateau. Et les voilà tous les trois grimpant hardiment mais arrivés à l’endroit idéal qu’elle n’est pas leur surprise de découvrir allongé sur l’herbe un sous-marin. Enfin c’est ce que croit Conchita qui se trompe. Il s’agit d’une soucoupe.

Les trois amis, oui ils sont devenus amis, tentent de repartir mais ils sont bloqués par une barrière électrifiée invisible. Et deux boules de feu ou de foudre les obligent à entrer dans l’appareil. Ils sont réceptionnés par des poulpes, attachés sur des civières, et endormis grâce à une injection. Au bout de quelques heures Henri se réveille, ainsi que ses compagnes ne les oublions pas, et bientôt ils distinguent une forêt, des villages. Toute une vie. La soucoupe s’est posée sur la face cachée de la Lune. Mais Henri et ses compagnes ne sont plus seuls.

En effet à bord de la soucoupe sont également présents un pasteur Anglais et l’une de ses fidèles paroissiennes ainsi qu’un mécano vivant à Puteaux. Il raconte qu’il a été happé, alors qu’il se promenait du côté de Sartrouville à l’aide d’un immense filet de pêche venu du ciel. Et ce n’est pas tout. Car il y a également des vaches, des moutons, des poules, et autres animaux de la ferme ramassés dans les mêmes conditions de chalut. Naturellement, tout ce petit monde a faim et ils se rabattent sur le lait des vaches, une première depuis bien des décennies pour le mécano qui aurait préféré un bon petit vin de Touraine ou d’ailleurs.

Donc débarquement sur la face cachée de la Lune et nos astronautes malgré eux sont face à des humains venus de Mars. Les poulpes ne sont que des serviteurs occupés à régler de multiples tâches d’intendance. Ces Martiens prennent d’abord Henri et consorts pour des animaux comme ceux qu’ils ont déjà récupérés, mais en langage des signes et autres façons de s’exprimer, bientôt Martiens et Terriens vont pouvoir communiquer, aidés de boitiers mis au point par les kidnappeurs venus d’’ailleurs.

Et c’est ainsi que débute la folle équipée des six prisonniers de l’espace, leur débarquement sur Mars, puis une visite prolongée sur Vénus, découvrant que la technologie de leur ravisseurs est d’une modernité confondante, ayant plus de cinq cents d’avance sur les technologies terriennes. Et surtout, le nucléaire est banni de leur bagage scientifique depuis des siècles après avoir eux-mêmes goûté à la guerre atomique.

Nos amis vont vivre des aventures… rocambolesques spatiales !

 

L’humour règne sur ce roman, mais un humour qui confine à la dérision, au quolibet parfois, à un détachement de la part du personnage principal qui prend les événements à la légère tout en étant sensible à leurs aléas. C’est surtout dans la mise en scène et dans la narration que cet humour s’exprime le mieux, parfois dans les dialogues. Cela m’a fait penser, époque oblige, à Robert Lamoureux, dans les situations cocasses décrites.

Mais sous ces propos racontés avec raillerie, se cachent quelques énoncés qui ne dépareraient pas de nos jours et sont souvent empreints d’une sobre gravité.

Je vais boire du lait… Je ne sais pas traire une vache ! Je connais six langues à fond, j’ose le dire… Mais je suis incapable d’extraire une goutte de lait du pis d’une vache, fut-il plein à craquer ! Ah, les lacunes du bachot et de l’éducation moderne !

L’automatisation est portée à un degré tel sur Mars, que le travail est superfétatoire.

Ne travaille pas qui veut, vous savez ! fit N°1. Les machines font ici presque tout. Pour les surveiller, on a d’autres machines ! Quelques ingénieurs suffisent ! Leur durée de travail est de deux heures une semaine sur quatre… Mais cela va être prochainement réduit encore, paraît-il.

 

Quant à ce que pense de l’armée Henri Boulanger, via l’auteur interposé, je vous laisse découvrir son opinion savoureuse.

J’étais épouvanté. Sur la Terre avant mon départ – même à l’O.N.U. – on parlait de la guerre atomique fort paisiblement. Il ne faisait aucun doute que l’éventualité n’est fut acceptée par tout le monde, hormis quelques savants que l’on priait de se taire. Ils avaient inventé la bombe ; on les avait payés, félicités, décorés. L’emploi de leur engin regardait maintenant les généraux et non eux. Les généraux étaient ravis d’avoir à manier une arme aussi épatante. Si elle amenait la Fin du Monde ? Allons donc ! Un général ne croit pas à la Fin du Monde. S’il avait assez d’imagination pour cela, il ne serait pas général !

 

A de nombreuses reprises, évocation est faite concernant le Prince de Monaco et son attirance pour la pêche.

 

Sous le pseudonyme de Kemmel, se cachait le créateur du personnage du capitaine Sauvin, alias le Poisson chinois, c’est-à-dire Jean Bommart. Il a écrit de nombreux romans policiers et d’espionnage qui connurent un grand succès depuis le milieu des années 1930 jusqu’au milieu des années 1970, édités aussi bien dans la collection Le Masque qu’en Série Noire, pour ne citer que les plus célèbres.

D’ailleurs le lecteur qui s’intéresse aux dédicaces et aux envois qui précèdent le début de l’histoire, savaient sans qu’on le leur souffle que Kemmel et Jean Bommart n’étaient qu’une seule et même personne grâce à cette petite phrase : A Jean Bommart mon alter ego.

KEMMEL : Je reviens de… (L’incroyable aventure). Collection Anticipation N°84. Parution 1er trimestre 1957. 192 pages.

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23 avril 2020 4 23 /04 /avril /2020 04:02

Ohé! Ohé! Matelot,
Matelot navigue sur les flots…

Howard PEASE : Le capitaine Jarvis

Renvoyé de l’école militaire de West Point, sis dans l’Etat de New-York, le jeune Stuart Ormsby n’a pas l’intention, et encore moins l’envie, de rentrer chez son père, un officier militaire strict et rigide. Orphelin de mère, Stuart décide alors de quitter le pays et au bout de cinq mois à parcourir le Canada comme trimardeur, il arrive enfin à Vancouver.

Il est racolé sur le port par un marin qui lui demande un petit service afin d’échapper aux douaniers. En récompense l’homme l’emmène en canot jusqu’à un cargo, le Nankin, qui mouille au large. Mais là où il n’est pas chic, c’est de le présenter un peu plus tard comme passager clandestin au capitaine du navire, le capitaine Jarvis. Franchement Bashford n’est pas un type sympa, et comme il est le second du capitaine, il s’octroie le beau rôle.

Et Stuart n’a plus qu’à obéir et effectuer des tâches subalternes. Il se lie d’amitié avec deux autres jeunes matelots, Toppy, un Londonien gouailleur, et surtout Ted Moran, surnommé Joe Macaroni, dont ce n’est pas le premier voyage en compagnie du capitaine Jarvis. Il apprend à Stuart, devenu Alabam, contraction d’Alabama état dans lequel il est né, que le navire traîne dans son sillage une mauvaise réputation. Lors des trois précédentes traversées vers la Chine, via Yokohama au Japon, les trois capitaines sont décédés dans des conditions douteuses.

De nombreux incidents se produisent. Stuart surprend une conversation en pleine nuit, conversation qui ne manque pas de l’inquiéter. De plus il assiste en compagnie de Moran à une tentative d’assassinat du capitaine. Un couteau est lancé par un hublot de la cabine du marin. Mais d’autres événements se produisent et un début de mutinerie est enclenché par Bashford aidé par quelques-uns de ses séides. L’équipage est partagé en deux clans.

Le voyage se poursuit dans des conditions houleuses, aussi bien à cause de la météo que de la vindicte de Bashford et ses hommes. Et un jour, le capitaine Jarvis disparait et Bashford en tant que second du navire se proclame capitaine, à la place du capitaine. En compagnie de Moran, de Toppy, du cuisinier chinois qu’il a longtemps soupçonné, et de deux ou trois autres marins, Stuart effectue sa petite enquête, et il va aller de surprise en surprise. D’abord Ted Moran qui disparait, probablement tombé à la mer et noyé. Un marin décède dans des conditions mystérieuses et le capitaine Jarvis essuie des coups de feu tirés d’un sampan.

 

Ce roman, publié aux Etats-Unis en 1929, s’inscrit durant la tentative de prise du pouvoir par le Kuomintang, parti nationaliste chinois qui perdure toujours à Taïwan. Mais le pouvoir en place combat cette révolte en important par exemple des armes du continent américain. Or ce n’était pas la mission première du Nankin, chargé de convoyer des médicaments et des denrées, et autres.

Les épisodes malheureux, les tentatives d’assassinat aussi bien auprès du capitaine que d’autres membres de l’équipage, des attaques maritimes, un typhon, des personnages inquiétants rencontrés lors de l’escale à Yokohama et à Mijo, au Japon, puis la rencontre avec des Chinois, des pirates, le travail ingrat des Gueules noires ou soutiers, s’enchaînent à un rythme soutenu.

Les Chinois ne sont pas systématiquement dénigrés, comme c’était usage courant à cette époque qui ressentait la phobie du péril jaune. Certains, dont Stuart, affichent nettement un à-priori envers notamment Wu Sing, le cuisinier chinois, lequel est toujours flanqué de son petit singe. Mais Ted Moran prend la défense du cuistot et de ses compatriotes en déclarant :

J’ai connu un grand nombre de Chinois en Californie, où j’ai toujours vécu. Ce sont en général des hommes loyaux, des travailleurs courageux et habiles, des amis fidèles.

 

Ce qui change de l’opinion souvent professée par bon nombre d’auteurs. Et n’oublions pas non plus que des milliers de Chinois furent mis à contribution à la fin du 19e siècle pour la construction du chemin de fer transcontinental américain dans des conditions préjudiciables à leur santé.

Mais Howard Pease n’est pas toujours tendre envers ses compatriotes. Ainsi, lors de l’escale japonaise, les marins n’ont pas manqué de fréquenter débits de boissons et lorsqu’ils rentrent péniblement à bord, ils sont fin saouls.

La façon dont les marins se comportaient aux escales devait en effet donner aux Japonais une fière idée de la supériorité Occidentale ! Wu Sing était le seul à ne pas être rentré à bord en état d’ivresse.

 

Quant à Billy Sanders, le steward qui est préposé à l’habillement et infirmier sur le Nankin, il donne une définition du toubib qui est plus celle d’un profiteur et d’un opportuniste que d’un véritable homme de l’art médical.

Asseyez-vous, reprit le steward, et retroussez la jambe de votre pantalon, pendant que je vais préparer de la gaze et du mercurochrome. Vous allez voir, il n’y a pas meilleur infirmier que Billy Sanders pour guérir toutes les petites écorchures que peut se faire un marin. Si j’avais suivi ma vocation, je ne serais pas steward mais médecin. Parfaitement, docteur en médecine, avec une moustache et une petite barbiche, comme il se doit, et je gagnerais des milliers de dollars à persuader les jolies femmes qu’elles doivent se faire soigner pour des tas de maladies qu’elles n’ont jamais eues.

 

 

Howard PEASE : Le capitaine Jarvis (Shangai passage – 1929. Traduction Pierre Bonvallet). Illustrations de Psim. Collection Bibliothèque Verte. Editions Hachette. Parution 1952. 254 pages.

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21 avril 2020 2 21 /04 /avril /2020 04:30

Après, le leitmotiv fut : Faites l’amour, pas la guerre !

Frank G. SLAUGHTER : Non pas la mort, mais l’amour

Désabusé et cynique, le capitaine Richard Winter est chirurgien dans l’armée américaine et pour l’heure il se trouve dans le camp du 95e Hôpital américain de campagne, près de la côte anglaise où sont regroupés médecins et infirmières.

Avant pour l’embarquement le lendemain vers une destination inconnue, il se tient au bar, ingurgitant quelques boissons alcoolisées.

C’est un solitaire qui a participé comme chirurgien dans les combats en Espagne ainsi qu’à la bataille de Dunkerque. Pourtant il s’est lié avec un jeune lieutenant, Terry Adams, qu’il connait seulement depuis six mois. Or Winter apprend que la célèbre journaliste Linda Adams est non seulement sa sœur, mais qu’elle va participer à la mission qui leur sera dévoilée lorsqu’ils auront quitté le port. Il retrouve également un condisciple de la faculté de médecine, Bill Coffin, spécialiste du cerveau.

De nombreuses infirmières sont également présentes dans ce camp et un bal est prévu la veille de l’embarquement. Par elles, Gina Cole et son amie Carolyn Rycroft, qui espèrent bien faire bonne impression sur le beau chirurgien dont la popularité liée à sa séduction n’est pas passée inaperçue du personnel médical féminin. Et en effet elles n’ont aucun mal à se faire inviter pour quelques danses, échanger des baisers au clair de lune, et Linda Adams n’échappe pas à cette attirance.

Rick Winter donne rendez-vous à la belle Gina Cole dans sa chambre, mais les éléments belliqueux contrarient ce qui devait la concrétisation d’une soirée réussie. Les avions allemands pilonnent la base, et le black-out est décrété. Il se réfugie dans la pièce en compagnie d’une jeune femme inconnue qui vient de le percuter au dehors. Les bombes se rapprochent, ils se glissent sous la table afin d’éviter les projections diverses, et les corps en profitent pour se rapprocher au point de conclure dans un artifice dont il gardera le souvenir. Au petit matin la belle inconnue est partie, emmenant un vêtement appartenant à Rick et laissant sa cape sur laquelle figure un monogramme.

Enfin l’embarquement se réalise et au revoir l’Angleterre et bonjour l’inconnu. Gina Cole dépitée jette son dévolu sur Terry Adams, car même en temps de guerre les besoins charnels se font ressentir. Terry Adams est en proie à un cruel dilemme. Jeune marié, il a laissé sa femme au pays, aux Etats-Unis, et il ne veut pas la tromper. Pourtant Rick Winter, toujours cynique, lui a fait la leçon. Il l’a même encouragé à profiter des bonnes occasions s’ils s’en présentaient.

Le convoi à peine parti, au large de l’Espagne, des avions allemands survolent les navires. Des dégâts sont enregistrés et Rick doit s’occuper des blessés. D’ailleurs il est là pour ça. Le navire sur lequel les chirurgiens toubibs et infirmières ont embarqués a été détourné de sa fonction première, celle des croisières, et a été transformé en hôpital maritime. D’autres incidents les guettent et enfin arrivés en vue d’Alger la Blanche, c’est le débarquement sur la plage, une répétition générale du Débarquement de Normandie. Puis l’unité médicale s’enfonce dans le désert rejoignant la Tunisie avec tous les aléas que cela comporte. Jerry, diminutif de German équivalent à notre Boche français, ne se laisse pas empiéter sur le terrain conquis sans riposter et les Stukas, via la voie des airs, ou les chars, contrarient la marche de l’armée américaine.

Rick peut apprécier en cours de route le professionnalisme de ceux qui sont partagent cette épopée héroïque, dont les infirmières Carolyn, Gina, et même Linda qui ne perd en aucun cas son sang-froid. Ce qui n’est pas toujours celui de son frère Terry.

 

Publié en 1950 aux Etats-Unis, ce roman est ancré dans des épisodes de la Seconde Guerre Mondiale, dont l’Opération Torch qui vit la prise d’Alger le 8 novembre 1942.

Le titre, qui est emprunté à un poème de Robert Browning, pourrait laisser croire qu’il s’agit d’une histoire d’amour comme bon nombre en ont été écrites et considérées souvent comme des bluettes. L’extrait de poème récité par Rick lorsqu’il batifole sous la table avec son inconnue, et celle-ci décline le dernier vers : Non pas la mort, mais l’amour.

Mais s’il fallait un support pour cette histoire, c’est bien la guerre qui est en première ligne, avec ses morts et ses blessés. Rick Winter pratique de nombreuses interventions chirurgicales, différentes les unes des autres, s’attirant l’ire du chirurgien-chef Strang. En effet il opère et soigne selon des protocoles qui sortent de l’ordinaire, ce qui n’est pas du goût de Strang. L’éternel problème des méthodes nouvelles pas encore admises par les anciens qui se réfèrent à de vieilles pratiques qui souvent sont plus mortifères que les expérimentales.

Non pas la mort, mais l’amour est un documentaire puisé à la source, écrit alors que la guerre faisant encore rage, agrémenté d’une histoire d’amour mais également un hommage au courage du personnel médical qui œuvre sur le terrain, étant souvent en première ligne. Et Rick Winter se trouve plus à l’aise lors de ses interventions chirurgicales que dans l’aménagement de sa vie sentimentale.

 

Il est cruel à l’homme qui va au feu pour la première fois de rester dans l’attente et l’indécision.

Frank G. SLAUGHTER : Non pas la mort, mais l’amour (Battle Surgeon – 1944. Traduction de Doringe). Collection Romans. Editions Presses de la Cité. Parution 3e trimestre 1960. 428 pages.

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20 avril 2020 1 20 /04 /avril /2020 03:14

La tête et les jambes…

Serge BRUSSOLO : Le dragon du roi Squelette.

Dirigée par Graccus, le chef des gardes, un être impitoyable, une étrange caravane se rend à Kromosa.

Un chariot, tiré par des esclaves, transporte une énorme flèche destinée à tuer le dragon qui veille d’une façon maléfique sur la cité.

Accompagnent cette caravane, Massalian, magicien forgeron qui a forgé cette flèche à l’aide matériaux secrets, Junia, une géante au passé indéfini, et Shagan, le cul-de-jatte.

Junia et Shagan ne peuvent vivre l’un sans l’autre. L’une possède la force et la mobilité, l’autre l’intelligence. La tête et les jambes en quelque sorte.

La caravane avance difficilement dans un paysage désertique composé d’argile mouvante. Les cadavres des esclaves qui sont morts à la tâche entravent la lente progression de l’attelage humain.

Junia et Shagan sont envoyés en éclaireurs, à charge pour eux de requérir du renfort. Mais l’arrivée dans la cité maléfique n’est pas sans périls. Enfermés dans un ghetto, ils sont aux prises avec des enfants gnomes et pour rejoindre le roi Wälner ils doivent braver des dangers sans nombre.

 

Le dragon du roi Squelette est un peu la suite des aventures de Junia et de Shagan, dont on a fait la connaissance dans Le tombeau du roi Squelette, et l’on retrouve différents protagonistes tels que Massalian, le magicien forgeron, ou le Roi Squelette.

Mais Junia joue un rôle plus important, plus prépondérant que dans el précédent roman.

Le personnage possède plus d’ampleur, si je puis m’exprimer ainsi en parlant d’une géante.

Le dragon du roi Squelette, comme le définit si bien Serge Brussolo, est un conte horrifique et doit être lu comme tel. Pourtant les thèmes du ghetto et de la ségrégation sont toujours d’actualité.

 

Serge BRUSSOLO : Le dragon du roi Squelette. Collection Anticipation N°1664. Editions Fleuve Noir. Parution janvier 1989. 192 pages.

ISBN : 2-265-04035-5

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17 avril 2020 5 17 /04 /avril /2020 04:44

Araignée du matin, chagrin
Araignée du soir, espoir
Araignée du midi, pas d’appétit ?

Fritz LANG : Les Araignées

Entrons dans l’univers du délire, de l’aventure, de l’exotisme bon enfant et quelque peu irréel.

Kay Hoog est un riche jeune homme, sportif accompli, qui excelle dans tous les domaines, érudit et connaissant de très nombreuses langues, à l’esprit curieux et téméraire. Intrépide il fonce tête baissée dès que l’occasion lui est donnée de démontrer ses qualités intellectuelles et physiques.

Alors qu’il participe à une course de canots automobile, il pêche en mer une bouteille dans laquelle il découvre un message émanant d’un éminent professeur disparu au Mexique depuis des années.

Kay Hoog se verra confronté à de multiples dangers au pays des Incas, poursuivi par des membres de la terrible secte des Araignées, qui signe ses forfaits d’un animal factice, et principalement la belle et troublante Lio Sha.

Puis il est sur la piste d’un diamant sur lequel figure une tête de Bouddha, une pierre précieuse activement recherchée par les Araignées et toujours son ennemie intime, Lio Sha.

 

On ne peut parler de racisme mais les Chinois sont catalogués comme des êtres fourbes, sournois, les Noirs sont décrits de façon caricaturale, bref toute la panoplie ridicule et parodique en vigueur à l’époque, c’est-à-dire au début du XXe siècle.

Un univers imaginaire, démesuré, aventureux, mystérieux qui eut ses défenseurs en la personne d’écrivains prolifiques et de cinéastes à l’âme d’enfant.

Parfois un peu naïf, vivant, Les Araignées est un roman inédit et le seul écrit par Fritz Lang, à ne pas confondre avec Jack. Un roman enlevé, un peu désuet mais charmant qui nous replonge dans les livres légèrement candides dont on pouvait se délecter lors de notre adolescence.

Fritz LANG : Les Araignées (Die Spinnen – 1919). Traduction et postface de Georges Sturm. Collection Bibliothèque du Mystère. Editions du Rocher. Parution 2 octobre 2002. 212 pages.

ISBN : 9782268044088

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14 avril 2020 2 14 /04 /avril /2020 04:20

Duperies, mensonges et conspirations en tout genre à la Cour de France.

Alexandre DUMAS : La Reine Margot.

Le dix-huit août 1572 aurait pu être une date marquante de l’histoire de France si elle n’eut été éclipsée par une autre beaucoup plus tragique. En effet le Louvre en effervescence célébrait le mariage entre Marguerite de Valois, fille de Catherine de Médicis, et d’Henri de Bourbon, roi de Navarre, fils de Jeanne d’Albret. Cette union devait sceller celle des Catholiques et des Huguenots.

La nuit de noce, au lieu d’honorer sa jeune épouse, Henri de Navarre va rejoindre sa maîtresse, Charlotte de Sauve, femme d’atours de la reine mère, Catherine de Médicis. Quant à Marguerite, dite Margot, elle reçoit dans sa chambre le Duc de Guise, son amant auquel elle a sauvé la vie et qui lui rend quelques lettres et lui signifie leur rupture.

Entre Marguerite nouvellement reine de Navarre et Henri son époux, s’il n’y a pas eu consommation du mariage, il existe toutefois un respect réciproque qui ne tardera pas à se muer en complicité sous les assauts venimeux de la reine mère et des trois frères de Margot. Principalement Charles IX, le duc d’Anjou futur Henri III et le jeune duc d’Alençon.

 

Charles IX est un jeune roi violent, emporté, difficilement canalisable, et subordonné à sa mère qui œuvre en coulisse. Hypocrite, il affirme que l’amiral de Coligny est son père, spirituel évidemment, mais dans le même temps il agit pour le désigner comme cible à quelques sbires chargés de l’abattre dans une rue à l’aide d’arbalètes. C’est le 24 août 1572, de sinistre mémoire. Le début de la Saint-Barthélemy au cours de laquelle les Catholiques, des Chrétiens parait-il, se chargent de passer de vie à trépas les Huguenots qui résident dans la capitale. Un véritable carnage qui amène Henri de Navarre à abjurer sa religion. Au grand dam de bon nombre de ses fidèles. Mais il faut se montrer diplomate.

 

Pendant ce temps, deux hommes entrent dans Paris, chargés d’une mission. L’un, le comte Joseph Hyacinthe Lerac de la Mole, un Provençal, est chargé de remettre une missive à Henri de Navarre, tandis que l’autre le comte Annibal de Coconnas dit le Piémontais, est porteur d’un message pour le duc de Guise. Ils arrivent ensemble rue de l’Arbre-sec, non loin du Louvre, et repèrent une auberge qui leur semble fort accueillante, A la Belle-Etoile. Ils sympathisent, remplissent leur mission et s’installent malgré leur manque de laquais, ce qui déplait à La Hurière, l’hôtelier.

Seulement Coconnas est catholique et La Mole huguenot et lors des événements du 24 août 1572, ils se regardent en chien de faïence, en venant aux armes. Blessés tous deux ils seront pris en charge par un personnage qu’il n’est pas de bon ton de fréquenter. Nonobstant, ayant appris la profession mortifère de cet inconnu, qui ne le restera pas longtemps, Coconnas lui serre la main. Geste dont l’homme, touché et ému, se souviendra plus tard.

Duels, guet-apens, empoignades, méfiance, empoisonnements, duperies, mensonges, duplicité, hypocrisie, complots, retournements de situation, autant de faits d’arme et d’épisodes sanglants qui imprègnent ce roman, sans oublier intrigues politiques, familiales et amoureuses. Catherine de Médicis œuvre pour que le roi de Navarre soit éliminé de la course du trône, au cas où il serait amené à régner. Car Henri, duc d’Anjou est officiellement roi de Pologne et se doit donc à son nouveau royaume. Et la santé de Charles IX laisse à désirer. Et mentalement, il n’est guère fiable. Alors elle a recours aux bons services de Rémi Florentin, parfumeur, alchimiste et occasionnellement fabricant de poisons en tous genres mais mortels.

Complots, alliances et mésalliances, se tissent comme des toiles d’araignées dans les cabinets secrets et les couloirs labyrinthiques du Louvre. Des passages secrets qui favorisent les amours adultérines entre la reine Margot et La Mole, ou Henriette de Nevers, l’amie de Margot et Coconnas.

 

Ce roman est le premier d’une trilogie, les deux autres étant La dame de Monsoreau et Les Quarante-cinq, romans qui se lisent indépendamment les uns des autres. Certains personnages disparaissent, d’autres continueront leur chemin et leurs méfaits.

Alexandre Dumas, et son complice non crédité Auguste Maquet, nous offrent leur vision de la France lors des guerres de religion et plus particulièrement du massacre de la Saint-Barthélemy. Et apportent un éclairage saisissant sur la mort de Charles IX, officiellement décédé d’une pleurésie, constat effectué par Ambroise Paré.

Au milieu des épisodes sanglants d’égorgements, d’étrippements, de massacres, surnagent des scènes d’amitiés et d’amour. En effet entre La Mole et Coconnas s’établit une amitié plus forte qu’une fraternité, parfois au détriment de leurs amours avec la reine Margot et Henriette de Nevers. des amours contrariées par les manigances royales, plus particulièrement de la part de Catherine de Médicis, tandis que le futur Henri IV entretient avec sa femme une complicité qui n’est pas amoureuse mais sincère.

Un livre qui se lit avec plaisir et malgré le nombre de pages, à la police de caractère réduite, on ne voit pas le temps passer.

Roman d’action et d’amour, ce roman a été adapté en film par Patrice Chéreau en 1994 avec Isabelle Adjani.

Alexandre DUMAS : La Reine Margot. Bibliothèque Marabout Géant N°138. Editions Gérard. Parution 1962. 504 pages.

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