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28 juillet 2020 2 28 /07 /juillet /2020 04:03

Perry en la demeure !

Félix SALTEN : Perri l’écureuil

Un roman animalier prisé par Walt Disney, tout comme le grand succès de Félix Salten : Bambi !

Aussitôt réveillée, la petite Annette, trois ans, s’habille et s’installe sur son petit banc à l’extérieur de la maison. Elle parle, elle discute, elle converse, elle bavarde avec ses amis les animaux. Elle s’inquiète des uns et des autres et les réconforte.

Ainsi ce matin-là, elle est en compagnie de la pie et du geai et d’une nouvelle invitée, une maman écureuil. L’écureuille (orthographe selon Colette qui dans La paix chez les bêtes fait ainsi la distinction entre mâle et femelle) se plaint. Elle avait cinq enfants et il ne lui en reste plus qu’un. Sa petite Perri. Les autres ont été enlevés par la martre, la chouette et l’épervier. Mais le pinson la rassure, Perri vit.

Lorsque son père, garde-chasse, et son propriétaire reviennent, Annette veut leur raconter sa matinée et ses conversations avec ses petits amis, mais ils ne comprennent rien à ce qu’elle dit. Ce sont des hommes et elle n’est encore qu’une enfant au babillage confus.

Faisons maintenant la connaissance de Perri, la jeune écureuille qui découvre son environnement. Elle sait qu’elle doit se méfier de la martre, toujours à rôder, des corneilles et du renard, son amie la pie l’a mise en garde.

On va la suivre dans ses différentes pérégrinations dans la forêt au cours de la fin d’un printemps jusqu’au début du printemps suivant. Ses retrouvailles avec sa mère, la connaissance de Porro qui devient son ami et avec lequel elle joue dans les arbres, ramassant noisettes et faînes, les cachant puis oubliant où ils ont déposés leurs provisions.

La peur alors que la martre, le renard, les corneilles les surveillent et essaient de s’emparer d’eux, les mises en garde de la pie et du geai, du pivert et du pinson. L’orage qui les surprend et leur fait peur, les feuilles d’automne qui tombent mettant à découvert leurs cachettes sur les branches, les battues des chasseurs, leur surprise en découvrant d’autres animaux tels que lièvres et chevreuils ou encore les fiers cerfs, le contact visuel avec l’Homme, les visites à Annette de temps à autres, la séparation avec la mère, et bien d’autres péripéties comme la neige et la froidure qui font de Perri un animal presqu’adulte.

Et Porro qui s’éclipse parfois, la rencontre d’un écureuil noir, puis les aventures narrées par un écureuil inconnu qui a connu l’enfermement dans une cage grillagée (c’est quoi un grillage ?) et l’obligation qu’il avait pour se défouler et entretenir sa forme de se glisser dans une espèce de rouleau qui fait avancer tout en restant sur place. Des balivernes, des mensonges pour certains des animaux qui écoutent les divagations de cet écureuil qui a vécu bien des avatars qui ressemblent à des inventions de l’esprit, des mensonges, mais qu’il aura pourtant connus. Il a subi les méfaits de l’Homme, mais tous ne savent pas ce dont il veut parler.

Un univers vu et décrit par des animaux en liberté devant affronter moult dangers mais sachant en même temps profiter de la nature, quelle que soit la saison, avec ses bienfaits et ses inconvénients.

C’est également le roman du courage de l’animal, considéré comme sauvage, face à l’Homme supposé civilisé.

Un roman destiné aux filles et aux garçons jusqu’à 14 ans selon l’éditeur. Mais un grand nombre d’adultes devraient lire ou relire ce conte charmant, s’en imprégner et partager les multiples aventures de Perri et vibrer avec elle. Peut-être l’adulte portera-t-il un autre regard sur la Nature après cette lecture.

 

Félix SALTEN : Perri l’écureuil (Die Jugend Des Eichhörnchens Perri – 1938). Texte français de Jacqueline Des Gouttes. Illustrations d’Henri Blanc. Collection Idéal Bibliothèque N°158. Parution 1958. 192 pages.

Première édition : Delachaux & Niestlé à Neufchâtel. 1943. 182 p.

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25 juillet 2020 6 25 /07 /juillet /2020 03:59

C’est l’amour en héritage ?

Léo GESTELYS : Le fantôme de la fiancée.

Romancier multicartes ou multi-genres, Léo Gestelys a écrit de nombreux romans policiers et d’aventures, mais cela ne l’empêchait pas d’écrire également des romans d’amour, et inversement, comme bon nombre de ses confrères.

Le fantôme de la fiancée joue sur plusieurs genres, et il aurait pu être publié aussi bien dans des collections dites policières que réservées à celles de l’angoisse et le suspense. Mais penchons-nous sur cette intrigue charmante dénuée de violence qui frise presque le paranormal. Sans vouloir bien entendu en dévoiler tous les aspects, même si de nos jours cette publication serait mal vue comme on le verra par la suite.

Obscur employé d’une compagnie d’assurances, René Trévannes se dépêche car il a peur d’arriver en retard à son bureau. Seulement sa concierge l’intercepte lui remettant une enveloppe blanche. Pas le temps de l’ouvrir car l’heure tourne. C’est au bureau qu’il s’acquitte de cette tâche peu compliquée et quelle n’est pas sa surprise de constater que ce pli émane d’un notaire le convoquant le plus tôt possible. Cela ne fait pas un pli, il demande sa demi-journée et une nouvelle surprise l’attend à l’office notarial.

Non seulement il apprend qu’il n’est (n’était) pas seul dans la vie, qu’il possédait un oncle dont il n’avait jamais entendu parler, mais de plus qu’il en hérite. Toutefois, cet héritage se fera en deux temps. D’abord il doit déménager et s’installer dans la propriété du Comte de Novelles dont il découvre l’existence. Il va recevoir une importante somme d’argent qui va le mettre à l’abri des contingences matérielles pour un bon bout de temps, et devient comme le propriétaire par substitution de cette demeure sise près de La Rochelle. Il sera en quelque sorte le gardien du temple du château des Eaux-Vives.

Ce premier testament indique les conditions dans lesquelles René Trévannes devra s’acquitter de ses fonctions. Durant un délai de dix ans, rien ne devra être modifié ou vendu, le train de la maison ni augmenté ni diminué, les domestiques gardés jusqu’au jour où ceux-ci prendront d’eux-mêmes leur retraite afin de jouir des dons qui leur sont faits en prévision de leurs vieux jours. Il devra habiter en permanence le château au minimum huit mois par an et ne pas entreprendre de voyage qui le retienne plus de deux mois éloigné du château. Le second testament qui est glissé dans une autre enveloppe ne devra être découvert que si Trévannes contracte mariage au cours des dix ans impartis. Sinon, si au bout de cette épreuve il se trouve encore célibataire, ses droits à l’héritage seraient définitivement tranchés par la lecture du document pour l’heure scellé.

Malgré ces dispositions et ces injonctions, Trévannes accepte de se rendre immédiatement, c’est-à-dire le plus rapidement possible au château des Eaux-Vives. L’esprit quelque peu perturbé, il quitte l’étude notariale et comme il est l’heure, il déjeune dans un restaurant huppé du quartier de l’Opéra tout proche. Il donne sa démission d’employé d’assurance, et rentrant chez lui il recueille un chien affamé et frigorifié. Un geste qui semble anodin mais dont il se félicitera plus tard. Il nomme ce bâtard Capi, comme le caniche dans Sans Famille d’Hector Malot. Puis il rend visite à un de ses collègues, l’archiviste Gérard Dorfeuil, pour l’heure hospitalisé et qui pense mourir sous peu, atteint d’hémoptysie. Il propose à Dorfeuil de venir s’installer chez lui, tandis qu’il sera dans sa nouvelle demeure, puis de le rejoindre au château, le bon air maritime devant lui permettre de se refaire une santé.

Installé au château des Eaux-Vives, Trévannes est impressionné. Le chauffeur est allé le chercher à la gare en Cadillac, quant au majordome et sa femme, ils ne tarissent pas d’éloges envers leur ancien maître. Trévannes qui est resté simple est accueilli avec une déférence qui bientôt se transformera en estime réciproque. Trévannes visite les lieux et il est intrigué par trois peintures, trois portraits peints à des époques différentes, sur des supports différents mais qui semblent représenter la même femme. Puis il découvre dans le tiroir d’un meuble qui semble l’attirer, une photo assez récente d’une jeune femme qui est la réplique des trois portraits.

Son oncle Didier de Novelles a fait fortune au Brésil, découvrant dans une fazenda un filon d’émeraudes. Puis il est rentré en France, effectuant auparavant un long séjour en Angleterre à cause de la guerre. Il avait perdu la trace de sa sœur, la mère de Trévannes, et ce n’est que peu avant sa mort qu’il a appris l’existence de René.

L’arrivée d’un couple d’Anglais, Lord et Lady Weenendale, accompagnés de leur nièce Muriel, une jeune fille au visage ingrat mais médium est fêtée par le majordome qui les connait fort bien. Grâce à eux, Trévannes va découvrir une partie du mystère qui entoure cet oncle richissime et surtout des avatars qui ont jalonné une grande partie de son existence. Didier de Novelles était tombé amoureux de la belle Sylvia, qui croyait être veuve de Tullio di Mari, une sorte de mafioso, et ils s’étaient mariés. Une fillette du nom de Stella avait scellé leur union. Seulement, Tullio di Mari n’était pas mort dans une algarade et il s’était manifesté auprès du couple. Sylvia était donc bigame et avait dû rejoindre l’infâme Tullio, emmenant leur petite Stella.

Et c’est ainsi que Trévannes, accompagné des trois Anglais et de son ami Dorfeuil, qui tombe amoureux de Muriel, va se mettre à rechercher Stella, la découvrant, grâce à Capi, retenue prisonnière dans une île près de la Côte d’Azur.

 

Le fantôme de la fiancée est tout autant un roman d’aventures qu’un roman d’amour, avec suspense et énigme garantis. Le lecteur pourrait y voir une légère analogie avec le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas, mais bien d’autres ouvrages de cette époque peuvent revendiquer cet héritage littéraire.

Ce n’est pas tant l’intrigue qui est à retenir que le contexte de cet amour qui va se développer entre René Trévannes et la jeune Stella. Aujourd’hui, ce qui semblait normal, naturel, dans les années 1950, serait considéré comme une atteinte aux bonnes mœurs, même si cet amour reste platonique. En effet la belle et jeune Stella n’a que seize ans, et encore, et de nos jours bien des lecteurs pourraient crier au scandale, oubliant quelques romans qui eurent en leur temps un énorme succès, témoin Le blé en herbe de Colette, mettant en scène les amours adolescentes. Mais je le répète, les amours entre René et Stella sont platoniques, et donc ne peuvent choquer que les hypocrites, de nos jours de plus en plus nombreux.

 

Ce roman est la réédition d’un ouvrage paru en 1958 chez le même éditeur dans la collection Mirabelle 2e série, numéro 66. Mais il est dommage que ceci ne soit pas signalé, le lecteur étant induit en erreur. Encore heureux que le titre reste identique. Mais d’autres romans de Gestelys ont connu le même sort, et j’aurais peut-être l’occasion d’y revenir.

Léo GESTELYS : Le fantôme de la fiancée.

Léo GESTELYS : Le fantôme de la fiancée. Collection Jasmine N°40. Editions des Remparts. Parution 2e semestre 1980. 192 pages.

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22 juillet 2020 3 22 /07 /juillet /2020 04:04

Urbanisme contre vestiges !

Jerry WEST : Les Jolivet et l’or des pionniers.

L’arrivée d’engins de chantier à Shoreham signifie le début d’une nouvelle aventure et d’une épopée dangereuse pour les cinq enfants Jolivet.

Bob, 12 ans, et Ricky, 7 ans, et leurs sœurs, Patty, 10 ans, Jenny, 6 ans, et Susie, la petite dernière de 4 ans mais qui ne donnerait pour rien au monde sa place dans les tribulations de cette fratrie, composent cette famille dont le père est un homme aimable, toujours souriant, pour ne pas dire rieur, et d’une mère jolie, mince et toujours prête à confectionner des gâteaux. Bref une famille américaine comme l’on aimerait en voir plus souvent.

Ce jour-là, alors que débutent les vacances de Pâques, les enfants sont abordés par l’un des conducteurs qui leur demande son chemin, pensant s’être perdu. Il conduit un énorme tracteur remorquant un plateau sur lequel est placé un énorme engin de terrassement, une pelle mécanique. Il se nomme Buster et est accompagné de Stan, et invite les enfants à monter dans la cabine ou sur la remorque afin qu’ils leur montrent le chemin jusqu’à l’entrée du chantier de la nouvelle route.

Ce chantier avait été retardé à cause de l’emplacement d’un vieux fort historique, le fort de la Liberté, mais la décision vient d’être prise. Et si durant les travaux les ruines de ce vieux fort sont mises au jour, le tracé de la nouvelle route sera dévié afin de les contourner. En cours de route, l’engin manque écraser un jeune cycliste. Il s’agit de Jo Brill, le mauvais garnement, la teigne, le tourmenteur des Jolivet. Plus de peur que de mal, heureusement.

Rentrés chez eux, les enfants Jolivet trouvent leur mère en train de lire Le phare de Shoreham, la gazette locale. Un article retient son attention : la municipalité offre 10 000$ au propriétaire du terrain sur lequel se trouvent les vestiges du Fort de la Liberté, et 500$ à la personne qui découvrira le fort.

Il n’en faut pas plus pour que les Jolivet construisent des châteaux en Espagne, même s’ils vivent aux Etats-Unis, probablement dans l’état du Vermont. Patty et Jenny décident de se rendre au musée municipal, la bibliothèque regorgeant de vieux papiers, vieux livres et journaux d’autrefois tandis que les garçons retournent sur le chantier.

Dans un ancien magazine, mis aimablement à leur disposition par le bibliothécaire, Patty et Jenny lisent un article dans lequel il est question d’un vieux monsieur de quatre-vingt-quinze ans. Il avait écrit au conseil municipal et dans sa missive il avait joint un parchemin indiquant l’emplacement du fort de la Liberté. Or cette lettre n’était jamais parvenue à destination. Un individu au long nez, appendice pratique pour fouiller dans les affaires des autres, s’intéresse à leur lecture. Elles ne le connaissent pas et s’en méfient.

Les travaux de démolition avancent et les ouvriers s’attaquent à l’ancienne gare, où justement était placée la boîte aux lettres. Les enfants Jolivet parviennent à découvrir le fameux pli avant la démolition complète. Il ne leur reste plus qu’à continuer leurs recherches, recherches qui sont entravées par le fouineur et la teigne toujours placée dans leurs jambes au mauvais moment.

Mais un autre fait se dresse sur leur chemin. La maison d’une famille est située non loin et doit être rasée. Ils vont tout faire pour empêcher un drame familial et social avec cette nouvelle démolition programmée. Mais ils n’ont guère de temps pour réaliser leur projet. Le relogement ou plutôt le transport de cette maison sur un nouveau terrain, lequel est à définir.

 

Une charmante histoire avec les bons éléments, les enfants Jolivet, leurs parents et la famille qui doit être expulsée, et les mauvais éléments, Jo Brill et l’homme au long nez. Avec pour conclusion la découverte de l’emplacement de cet ancien fort, et de ses ruines, ainsi que d’un trésor signalé dans le titre fort explicite.

Le point intéressant dans cette intrigue réside dans le fait du transport d’une maison à l’aide d’un plateau avec des madriers et des poutres de soutènement. Une technique hasardeuse qui demande un savoir-faire sans précédent, mais qui date de plus d’un siècle. A ce propos voir l’intéressant article paru dans Sciences et Voyages N°272 du 13 novembre 1924 ici.

Une raison de plus pour les adultes de se pencher sur les romans publiés à l’attention des juvéniles et qui se révèlent être source d’informations tout en restant un plaisir de lecture.

L’auteur, qui se cache sous le pseudonyme de Jerry West, se nomme en réalité Andrew E. Svenson, et a également écrit sous l’alias d’Alan Stone. Il est l’auteur de plus de soixante-dix romans pour enfants, sous divers pseudonymes dont certains sont partagés avec d’autres romanciers.

Sur les trente-trois romans consacrés à la série Les Joyeux Jolivet, seuls dix-huit titres ont été traduits en France. Quant aux personnages, l’auteur n’a pas eu besoin de chercher loin puisqu’il s’est inspiré de ses propres enfants, et de son entourage. Même celui de Jo Brill évoluait près de chez eux. Ainsi que le chien Zip et le chat Nez-blanc de la famille Jolivet ne sont que des projections des propres animaux de Jerry West.

Toutefois on peut se demander par quelle aberration le patronyme de cette famille américaine a été modifié dans la version française en Joyeux Jolivet. Mais ce n’était pas une première car d’autres séries traduites ont subies le même sort dont Alice de Caroline Quine, ou encore Le Club des Cinq d’Enid Blyton. Bizarre et inconvenant, pour ma part.

Jerry WEST : Les Jolivet et l’or des pionniers. Série Les Joyeux Jolivet (The Happy Hollisters and The Secret Fort – 1955. Texte français de Suzanne Pairault). Illustrations de Maurice Paulin. Nouvelle Bibliothèque Rose N°340. Editions Hachette. Parution 30 janvier 1970. 190 pages.

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16 juillet 2020 4 16 /07 /juillet /2020 03:05

Roman historique à consonance politique ?

Barbara CARTLAND : Contrebandier de l’amour

Considérée comme la grande prêtresse des romans d’amour, Barbara Cartland, victime de son succès auprès de pseudo-intellectuels probablement jaloux, ne possède pas à son actif que des romances, des livres à l’eau de rose pour Fleurs bleues. En effet sous des dehors très politiquement corrects, mettant en scène des jeunes filles issues de la très haute bourgeoisie et de l’aristocratie, souvent victorienne, ses romans sont nettement plus riches historiquement que présumés et moins sirupeux qu’il y paraît.

Dans Contrebandier de l’amour, l’action se déroule en 1809, alors que règne sur l’Europe Napoléon 1er, encensé par la plupart des Français qui voient en lui un conquérant. Mais pour les Britanniques, il n’est que Bonaparte, un dictateur étendant son emprise sur une grande partie de l’Europe. Ce qui amène à se poser la question sur bien des dictateurs, des hommes politiques influents, vénérés dans leur pays et haïs dans les royaumes ou républiques bordant leurs frontières. Et pour beaucoup le personnage honoré n’est qu’un vil usurpateur, selon du côté de la frontière où l’on se place.

Barbara Cartland ne va pas si loin dans son analyse de la situation politique à l’époque de George III, souverain britannique dont la démence était reconnue et qui fut supplée par son fils Georges IV, qui devint Prince-régent à partir de 1811. Il est donc normal, voire logique, que Barbara Cartland mette l’accent sur la royauté britannique au détriment de l’Impérialisme napoléonien.

 

Nouveau duc de Westcrate, grâce à un héritage inespéré et inattendu, Trydon Raven fuit son château un soir alors qu’il envisageait de se coucher. Une femme est déjà dans son lit, et il sait pertinemment que s’il avait le malheur de succomber, c’en est fait de son célibat et de sa liberté. Dans les coulisses, on veut à tout prix caser une fille afin de lorgner sur sa nouvelle richesse.

Raven ne l’entend pas de cette oreille, ni des deux d’ailleurs, et le voilà chevauchant son fier destrier dans la campagne du Sussex. Le brouillard règne et Raven se perd, se retrouvant près de la mer. Entendant des voix, il se rapproche et il est pris pour un autre par une douzaine de pêcheurs. Ne voulant pas de se dévoiler, il se retrouve à décharger des barils et autres objets de contrebande dans une grotte, sous la houlette d’une jeune femme énergique.

Raven n’est pas trop habitué aux travaux manuels, et inévitablement, il se blesse à une main. Cette femme chef de bande l’emmène dans une riche demeure, et le cache dans une petite pièce meublée avec goût. Il est soigné par une vieille dame qui maugrée, n’appréciant visiblement pas cette intrusion. Mais peu à peu, Nounou se déride et Georgia, la contrebandière, se dévoile un peu. Elle lui confie qu’elle est mariée, son époux étant en mer et dont elle n’a pas de nouvelles depuis leur mariage, mais elle se fait surtout du souci pour son frère Charles. Raven est intrigué par Georgia et son rôle de contrebandière.

Des invités arrivent à l’instigation de sa belle-mère, qui est devenue veuve, et aussitôt Georgia entraîne Raven dans une petite pièce, dite la pièce du prêtre, sous les combles. Il ne doit pas se faire voir, mais il est curieux. Il entend des voix, la marâtre de Georgia qui lui intime de passer une fois de plus la Manche et d’aller chercher un Français sur le Continent. Georgia est obligée de se conformer aux ordres. Une claque est assénée fortement en guise de conclusion. En descendant l’escalier, il aperçoit une petite trappe, et celle-ci poussée, il distingue une dizaine de personnages, des bambocheurs de la haute société et quelques femmes amenées là pour leur plaisir.

Il reconnait en la maîtresse de maison Caroline Standish, une de ses anciennes maîtresses justement, une femme à hommes et surtout une croqueuse de diamants, devenue Lady Grazebrook. Elle l’a mis sur la paille en exigeant des cadeaux couteux, mais depuis il est vacciné. Heureusement pour lui que cet héritage imprévu l’ait remis à flot. Il reconnait également un certain Ravenscroft, bien connu pour ses excès de débauche. Et il se demande, qui peut être cet homme en gris debout dans un coin de la pièce. Un personnage qui l’intrigue.

Georgia lui demande d’effectuer une nouvelle traversée du Channel, afin d’aller récupérer un homme et l’amener en Angleterre. Raven comprend qu’il s’agit d’un espion de l’Empereur qu’il doit convoyer. Il est bien décidé d’en comprendre les finalités et il accepte d’aider Georgia, toujours en dissimulant son identité. En réalité, il n’avoue pas qu’il est le duc de Westcrate, reprenant pour tous son ancien nom de Trydon Raven.

L’opération se déroule sans trop de dégâts, malgré les douaniers et les garde-côtes. Raven emmène Georgia à Londres afin de démêler cette affaire avec l’aide de son ami Pereguine Carrington, auquel il passe la consigne de se taire sur son statut de duc.

 

De nombreuses aventures attendent donc Trydon Raven, duc de Westcrate, devenu un peu le chaperon de Georgia, aussi bien au domaine des Quatre-vents, qu’à Londres et même en France sous les remparts de Calais.

Georgia est une jeune femme forte, énergique, et en même temps une femme fragile, obligée de se conduire en contrebandière pour aider son frère. Elle est dominée par sa belle-mère, une marâtre selon la dénomination de l’époque et qui n’avait pas le sens péjoratif d’aujourd’hui, qui exerce à son encontre, et surtout à celui de son frère, un chantage.

Naturellement, une histoire d’amour se greffe sur cette intrigue romanesque, mi-roman d’aventures, mi-roman historique.

Le Prince de Galles, qui ne régnera que peu de temps après, son père étant reconnu comme fou, étant la cible privilégiée de cet espion qui doit le tuer, sur les ordres de Bonaparte car il n’est jamais question de le nommer Napoléon. Le point de vue des Français et des Européens dans leur ensemble divergeant profondément. Considéré comme un héros national dans notre pays, encore par bon nombre d’historiens, il n’est qu’un dictateur aux yeux des étrangers.

 

Bon Dieu ! s’exclama le duc (s’adressant à Georgia), pour qui donc croyez-vous lutter maintenant ? Vous vous battez pour votre frère et le pays qu’il sert. Vous vous battez pour tous les hommes, les femmes et les enfants de cette île. Ne comprenez-vous pas ce que signifierait pour nous d’être vaincus par Bonaparte ? N’avez-vous donc aucune idée des souffrances, des privations, de la faim qui sont le lot des pays d’Europe actuellement sous la coupe du dictateur ? J’ai vu les paysans chassés de chez eux par l’ennemi, entassés au bord des routes, affamés, assoiffés, ne possédant plus que ce qu’ils portent sur le dos.

 

Evidemment, ce point de vue britannique est dur à encaisser, à propos de celui qui est pour certains une idole. Tout au moins un grand homme. Il faut savoir relativiser, et admettre qu’il a commis des exactions, possédant à son actif des millions de morts.

Alors, évidemment, ce genre de déclaration ne passe pas auprès de tout le monde, certains pouvant se sentir bafoués dans leur orgueil national.

Barbara CARTLAND : Contrebandier de l’amour (Love is contraband). Traduction d’Arlette Rosenblum. Editions J’Ai Lu N°783. Parution le 4 novembre 1977. 256 pages.

ISBN : 2277117838

Première édition : Editions de Trévise. 1970.

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12 juillet 2020 7 12 /07 /juillet /2020 04:17

Dans la lignée de Fantômas, de Zigomar et de Fu-Manchu…

Anonyme : Le professeur Flax, monstre humain.

Si le personnage de Harry Dickson est surtout connu grâce aux traductions du néerlandais par Jean Ray qui a décidé par la suite d’imaginer de nouvelles aventures au célèbre détective surnommé le Sherlock Holmes américain en s’appuyant sur des illustrations de couvertures, il ne faut pas oublier non plus qu’il fut d’abord édité en France grâce à des traductions, non signées, de Gustave Le Rouge en autres.

En effet, cet auteur prolifique a traduit les six aventures au cours desquelles Harry Dickson et son fidèle ami et élève Tom Wills vont être confrontés à l’ennemi public numéro 1, le professeur Flax, qui est un peu une émanation de personnages malfaisants dont le plus représentatif est peut-être Fantômas. Sans oublier, mais il n’est pas Français, l’horrible Fu Manchu du britannique Sax Rohmer, un malfaisant incarnant le péril jaune souvent utilisé pour l’édification des jeunes et moins jeunes lecteurs.

Ces aventures totalement débridées (de nombreuses poursuites à dos de cheval ont lieu), paraissent invraisemblables dans leur démesure, tout comme le furent les épisodes consacrés à un autre héros le célèbre Furax. Et pourtant, malgré les débordements parfois outranciers des épisodes qui se succèdent sans répit ni relâche, ces textes possèdent encore de nos jours un parfum de nouveauté loin des aventures policées qui étaient publiées à cette époque.

Dans La prisonnière du clocher, nous retrouvons Harry Dickson dans la région de l’Epire, chevauchant seul en compagnie d’un léopard et arrivant près d’une auberge. Muni de documents officiels, il est pris pour un ministre. Les habitants sont effrayés à la vue du léopard mais cela ne les empêche pas de se presser auprès de l’étranger. Le maire annonce que le prêtre du village a été assassiné une heure auparavant, probablement par un des brigands qui infestent la région. La bonne du curé, qui voudrait bien en peut point, lui apprend que quelques jours auparavant une jeune fille, apparemment de bonne famille, s’était entretenue avec le prêtre puis était repartie à cheval dans la nuit.

En compagnie de son léopard qui lui sert de chien, cherchant des traces et des empreintes dans la cave, Harry Dickson découvre le corps emmuré d’une femme en costume macédonien. La servante reconnait en cette dépouille l’inconnu qui s’était entretenue avec le prêtre. Une lettre est découverte signée Flax, qui se fait désormais appeler Mustapha Bey. Aussitôt il se décide à se rendre à Jannuia où Flax s’est probablement rendu pour se diriger ensuite vers Constantinople.

Harry Dickson prend le train, placé dans un compartiment où est déjà installé un voyageur endormi. Mais le léopard, de par ses mouvements, déclenche une machine infernale reliée à un revolver. L’animal décède. Un piège qui était destiné à Harry Dickson. Le contrôleur du train n’était autre que Flax et le combat qui devait s’engager entre les deux hommes est perturbé par l’attaque d’Albanais.

Le train est arrêté et l’un des jeunes Albanais se fraie un chemin entre les agresseurs. Il parvient à monter sur le marchepied du wagon : il s’agit de Tom Wills, l’élève et apprenti de Dickson.

L’aventure continue pour les deux amis jusqu’en Chine où Flax les a précédé, continuant ses méfaits. Et dans la capitale chinoise, Dickson et Tom Wills vont affronter leur ennemi jusqu’à un clocher où est attachée une jeune femme dont la vie ne tient qu’à un battant de cloche. Ce qui justifie le titre de cet épisode.

Suivent deux autres épisodes tout aussi échevelés, hauts en couleurs et en péripéties improbables, Flax et Dickson possédant l’art du grimage et du déguisement.

 

 

Sommaire :

La prisonnière du clocher

Le rajah rouge

Le bourreau de Londres

Postfaces de Jacques Bisceglia et Gérard Dôle.

Anonyme : Le professeur Flax, monstre humain. Collection Harry Dickson. Volume 2. Corps 9 éditions. Parution janvier 1984. 288 pages.

ISBN : 2-904846-01-8

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11 juillet 2020 6 11 /07 /juillet /2020 04:07

Le chiffre et les lettres : C.T.H.U.L.H.U. !

Brian STABLEFORD : Le chiffre de Cthulhu

Même s’il possède son propre appartement parisien, Dupin se rend souvent chez le narrateur et ils passent leurs soirées ensemble. Ce soir là, un troisième personnage dîne en leur compagnie. Il se nomme Chapelain et est hypnotiseur à Bicêtre où il soigne, comme adjoint de Leuret, l’éminent spécialiste de la psychiatrie, les déficients mentaux. Ou, plus prosaïquement, les fous.

Chapelain a l’air abattu. Il s’est disputé avec Leuret à cause d’une patiente qui est à l’article de la mort. Cette femme, à l’aspect vieillot, atteinte de syphilis, probablement dû à son passé de prostituée, prétend s’appeler Ysolde Léonys, et a souvent des hallucinations. Pourtant elle est sensible aux séances d’hypnose pratiquées par Chapelain, qu’elle appelle Merlin. Elle se réfère à un certain Tristan, mais surtout, elle possède gravé sur le dos comme un tatouage. Une sorte de cryptogramme que Chapelain a recopié sur un bout de papier.

Il s’agit de symboles inconnus, quarante-neuf au total, disposés en carré de sept lignes sur sept. Pour Dupin, il s’agit d’un carré magique dit aussi Sceau ou Clé de Salomon. Or le nom d’Ysolde Léonys, Dupin l’a entendu récemment. Le père France, libraire fort respecté des bibliophiles, lui avait raconté qu’un bibliotaphe de province qui se fait appeler Breizh s’intéressait à un cryptogramme, et plus précisément au cryptogramme de Levasseur.

Dupin narre alors l’histoire d’Olivier Levasseur était un corsaire devenu pirate et qui allié à John Taylor, un flibustier anglais, s’est emparé d’un immense trésor en s’emparant d’un vaisseau portugais ainsi que d’un vice-roi. Il est mort pendu le 17 juillet 1730 à Saint-Paul de la Réunion, mais son trésor n’a jamais été retrouvé.

Après toutes les explications concernant la vie, l’œuvre et la mort de ce pirate et ses accointances avec d’autres forbans de son acabit, mais également des entourloupes faites, Dupin demande à examiner Ysolde Léonys à Bicêtre. Ce qu’acceptent volontiers Chapelain et Leuret. Ysolde est réveillée et lorsqu’elle aperçoit le narrateur, elle l’appelle Tom. Tom Linn, le Rimeur. Quant à Dupin, pour elle il s’agit de Tristan.

Elle prononce enfin une phrase étrange qui est en rapport avec le cryptogramme que Dupin examine sur son dos.

Ph’nglui mglw’nat Cthulhu R’laiyeh wgah’ngl fhtaign.

Dupin demande alors s’il est possible de transporter cette malade chez le narrateur, offrant comme garde-malade sa concierge, madame Lacuzon, dite la Gorgone à cause de son aspect rébarbatif.

Puis le narrateur reçoit un message l’invitant à se rendre à l’église Saint Sulpice. Il s’y rend et retrouve le Comte de Saint-Germain, lequel lui remet un petit paquet contenant une sorte de pendentif en bois sur lequel sont gravés les mêmes symboles que sur le dos d’Ysolde Léonis. Seulement leur aparté est interrompu par l’arrivée des Shoggoths qui désirent s’emparer de l’objet. Un combat terrible s’engage entre ces démons mi-humains mi-monstres gélatineux.

Puis ce sera le départ vers la Bretagne, avec le Comte de Saint-Germain devançant la petite troupe constituée du narrateur, de Dupin, d’Ysolde Léonis et madame Lacuzon, à la recherche du trésor du pirate Olivier Levasseur.

 

Les personnages ayant réellement existés fourmillent dans ce roman qui reste une fiction, mais les parties qui leurs sont consacrés, sont remarquablement documentées, offrant un aspect vivant non dénué d’intérêt dans cette intrigue de piraterie et de fantastique.

Parmi les références littéraires qui émaillent ce récit, on ne manquera pas de souligner la compétition entre Dumas et Sue, et surtout le rapport singulier de cette histoire avec Le Comte de Monte-Cristo. Egalement est évoqué le père France, qui fut bouquiniste notamment sur le Quai Malaquais, et n’était autre que le père d’Anatole France, le célèbre écrivain Pris Nobel de Littérature en 1921. Ainsi que le frère puîné de Victor Hugo qui est atteint de démence.

Si les créatures imaginaires et monstrueuses nées de l’esprit pessimiste de Howard Philips Lovecraft, sont citées alors qu’elles n’avaient pas encore été créées, d’autres sources littéraires issues de légendes arthuriennes imprègnent ce roman, dont Tristan et Iseut ou Isolde.

Un roman hypnotique qui doit beaucoup à la psychiatrie dont les docteurs Leuret et Chapelain en furent les importantes personnalités de l’époque, mais aussi de l’hypnotisme, du mesmérisme, de l’ésotérisme et du somnambulisme.

Si le début démarre en mode diesel, au fur et à mesure que le lecteur entre dans cette intrigue, l’action prend le pas sur la narration un peu verbeuse parfois, surtout axée sur les discussions entre les principaux protagonistes concernant l’état d’Ysolde Léonis ou sur les tribulations d’Olivier Levasseur et ses nombreuses pérégrinations et conflits avec d’autres pirates de nationalités différentes.

Didactique et en même temps (oui, le en même temps est à la mode) truffé de trouvailles littéraires mêlant habilement fiction et réalité. L’hommage à Howard Philips Lovecraft est évident, même si son nom n’est pas cité, et pour cause, puisqu’à l’époque à laquelle se déroule l’histoire, le célèbre fantastiqueur n’était pas encore né et donc n’avait pas encore imaginé ses monstrueuses créatures.

 

J’imagine fort bien Catherine Rabier, la traductrice, avoir été excitée à l’idée de traduire ce roman mais au cours de l’avancée dans le texte, se tirer les cheveux (métaphoriquement) afin de trouver les mots justes dans un texte parfois complexe afin de rester au plus près de l’idée de l’auteur.

 

A noter une petite coquille : Olivier Levasseur n’est pas mort pendu en 1830 mais en 1730. Mais il ne devrait pas faire de réclamation.

Brian STABLEFORD : Le chiffre de Cthulhu (The Cthulhu encryption : A romance of piracy- 2011. Traduction de Catherine Rabier). Les Saisons de l’Etrange. Les Moutons Electriques éditeur. Parution le 15 mai 2020. 254 pages. 17,00€. La version numérique : 5,99€.

ISBN : 978-2361836191

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8 juillet 2020 3 08 /07 /juillet /2020 03:40

Pour le plaisir…

Raffaele PAPARELLA : Le secret de Silly Bill.

Longtemps, les bandes dessinées dites Petit Format, inondèrent les étalages des maisons de la Presse, des librairies, chez les marchands de journaux qui proposaient également jouets et confiseries, et ces bandes dessinées, qui s’échangeaient dans les cours de récréation, ne comportaient pas les noms des scénaristes et des dessinateurs, contrairement aux Grands Formats.

Et ces petits formats avaient pour titre la plupart du temps le nom du héros principal tels que Buck John, Kit Carson, Blek le Rock, Akim, Kiwi, Pecos Bill, ou encore Zembla. Mais à l’intérieur, étaient nichées d’autres histoires dont la mémoire collective n’a pas retenu les noms sauf auprès des amateurs et des spécialistes.

Ainsi Benny des marais fut publié dans les Spécial Zembla (voir la liste ici) et les signataires en étaient, pour les dessins Raffaele Paparella et pour le scénario Maurizio Torelli. Et il est évident que le succès enregistré par ces petits formats et par leurs héros, le doit souvent grâce au graphisme des dessins, souvent très travaillé, fouillé, nettement supérieur, à mon avis, aux bandes dessinées actuelles.

 

Raffaele PAPARELLA : Le secret de Silly Bill.

Benny des marais narre les aventures d’une famille Cajun en Louisiane, composée de Benny, de sa mère, de sa sœur, de Popescu et du comédien Silly Bill, sans oublier le cochon Oreste. L’implantation de ces épisodes, qui ne manquent pas d’humour, en Louisiane change des nombreux westerns qui se déroulaient au Texas et autres états Nord-américains.

Dans Le secret de Silly Bill, la famille de Benny et Popescu s’activent à la préparation de la petite fête organisée pour l’anniversaire de Silly Bill. Au programme, gâteau et cadeaux. Au dehors la tempête fait rage. Mais de Silly, point. Puis tout le monde décide d’aller se coucher. Popescu qui dort dans la même chambre que Silly Bill est importuné par de sonores ronflements. C’est Oreste, le cochonnet de Silly Bill qui dort dans le lit de son maître.

Par le temps qu’il fait, Silly n’a pas eu le cœur de laisser son animal favori dehors par le froid qu’il fait, avec la pluie qui tombe. Popescu n’en a cure et il met dehors manu militari Silly Bill et Oreste.

Le lendemain, Silly Bill est effondré. Le sheriff Morgan arrive à la ferme pour les prévenir que quatre dangereux criminels se sont évadés de la prison d’Alverton à bord d’un canot volé. Ils faisaient partie de la bande Bonner. Silly Bill qui a couché dehors affirme n’avoir rien vu, rien remarqué. Puis il sort.

Popescu le suit et il l’aperçoit pleurant, geignant, déclarant qu’il ne veut pas révéler son secret. Rentré à la ferme, il est bien obligé d’avouer que désirant se réfugier dans la grange, il s’était retrouvé nez-à-nez avec les quatre évadés. Ceux-ci ont pris Oreste en otage.

C’en est trop. Popescu et Benny des marais se lancent sur la trace des quatre malfrats, mais ils vont connaître de terribles péripéties, dans les bayous, affrontant les bandits mais pas que. Un puma, des alligators qui rôdent et aimeraient bien déguster Oreste qui s’est échappé, vont se trouver sur leur chemin. Sans oublier les bandits qui veulent éviter la prison et donc se débarrasser des importuns.

Une histoire qui ne manque pas de péripéties ni d’humour. Une histoire simple, destinée aux enfants à l’origine mais que reliront avec plaisir les adultes.

Raffaele PAPARELLA : Le secret de Silly Bill.

Pour tous les nostalgiques de ces petites histoires, les éditions Rivière Blanche/Black Coast Press ont réédités les aventures de Benny en trois recueils comportant chacun onze ou douze épisodes.

 

Préface: Jean-Marc Lofficier

Couverture: Eduardo Garcia

TABLE DES MATIERES:

12 - Le Secret de Silly Bill

13 - La Reine de la Louisiane

14 - Le Rapt de la Mariée

15 - Terreur dans les marais

16 - Un Prix pour Oreste

17 - L'Alligator Blanc

18 - Jalousie

19 - La Fille d’Oscian

20 - L’Homme de feu

21 - Drame à Lake River

22 - Les Gitans

23 - Chantage

 

Raffaele PAPARELLA : Le secret de Silly Bill. Scénario de Maurizio Torelli. Spécial Zembla N°79. Editions LUG. Parution décembre 1983.

Réédition dans Benny des marais Tome 2. Hexagon Comics. 560 pages. 40,00€.

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1 juillet 2020 3 01 /07 /juillet /2020 04:17

En se promettant d'aller des millions,
Des milliards de fois, et mêm' davantage,
Ensemble à la chasse aux papillons…

Georges Brassens

Enid BLYTON : Le club des 5 et les papillons

Vive les vacances ! Même si ce ne sont que celles de la Pentecôte, qu’il n’y aura que cinq jours à consacrer aux balades et aux découvertes, c’est toujours bon à prendre.

Et les Cinq, c’est-à-dire Claude, et son chien Dagobert qui est de toutes les entreprises, et ses cousins Annie, Mick et François, repèrent attentivement sur une carte l’emplacement prévu pour installer leurs tentes. Car l’un des camarades de lycée de François leur a proposé de passer quelques jours non loin de chez lui, au Mont-Perdu. Il existe en effet une vieille ferme aménagée en élevage de papillons.

Et pendant ce temps, le père de Claude, qui n’aime pas être dérangé, pourra travailler en toute quiétude dans son bureau, à l’abri du bruit. Le Mont-Perdu n’est pas loin, juste quelques dizaines de kilomètres à parcourir à vélo. Mais auparavant il faut penser au ravitaillement, à emmener quelques bricoles indispensables comme des chandelles, des allumettes, des gâteaux secs et des bonbons, le transistor pour écouter les nouvelles, le pique-nique en cours de route, car il ne faut jamais se laisser abattre. Pour le reste ils le trouveront sur place, car les parents de Philippe, le copain de François, sont agriculteurs et ils pourront les dépanner en pain, fraises, légumes et autres ingrédients nécessaires à la survie alimentaire.

Arrivés sur place, ils sont accueillis par un porcelet rose, tout mignon, qui répond au doux nom de Dudule, suivi par un petit garçon de cinq ans, Jeannot qui n’est autre que le frère de Philippe. Les Cinq sont accueillis à bras ouverts par les parents de Philippe, Philippe lui-même et son chien Clairon qui ne tarde pas à manifester un intérêt amical envers Dagobert. Il ne leur reste plus qu’à découvrir l’endroit sur le Mont-Perdu où ils pourront planter leurs tentes.

En se promenant, ils se rendent à la ferme où sont hébergés les deux éleveurs de papillons. Mais ils sont reçus par une femme acariâtre qui vitupère sur son fils absent. La bâtisse est délabrée, seules les serres aux lépidoptères implantées à côté semblent neuves. Et ils rencontrent l’un des amateurs éclairés passionnés de papillons rares muni d’un filet, pas garni. Mais d’autres personnages plus inquiétants gravitent autour de cette ferme, se prétendant amateurs de papillons mais n’ayant pas l’air de s’y connaitre vraiment.

Mais de là où ils sont les Cinq ont également vue sur un terrain d’aviation particulier car il s’agit d’un établissement destiné à l’essai de nouveaux modèles. Justement le cousin de Philippe est pilote attaché à ce terrain et il leur fournit de plus amples renseignements.

Or, une nuit, les Cinq entendent des avions dans le ciel. Le lendemain ils apprennent par la radio, en écoutant par hasard les infos, que deux avions ont été volés dans la nuit, et que deux pilotes de la base sont manquants, dont le cousin de Philippe. Les journalistes n’hésitent pas à additionner deux plus deux, d’autant que les absents ont toujours tort. Et les appareils d’un nouveau modèle se seraient abîmés en mer.

La tension est à son comble lorsque Jeannot ne donne plus signe de vie ainsi que son porcelet Dudule.

 

Les Cinq se retrouvent au cœur d’un mystère et comme d’habitude ils se sentent presque obligés de le résoudre. Ne serait-ce que pour aider leur ami Philippe et sa famille.

Le hasard les sert comme souvent mais n’est-ce point le lot des enquêteurs en général ?

Une gentille histoire bucolique à lire en toute sérénité mais il m’a semblé que les personnages des Cinq sont un peu plus falots que lorsque Claude Voilier s’en est emparés pour leur inventer de nouvelles aventures, Enid Blyton les ayant abandonnés pour cause de décès.

Pourtant ce n’est pas l’intrépidité qui leur manque, ni le petit côté humoristique de certaines situations comme celles dans lesquelles évolue Dudule.

La question du jour est posée par François :

Pourquoi sommes-nous toujours mêlés à quelque étrange aventure ?

Enid BLYTON : Le club des 5 et les papillons (Five go to the Billycock Hill – 1955. Traduction de Mme Duchêne). Illustrations de Jeanne Hives. Collection Bibliothèque Rose. Editions Hachette. Première publication 1962. Réédition 10 mai 1978. 190 pages.

ISBN : 2010007344

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29 juin 2020 1 29 /06 /juin /2020 04:10

Le grand feuilleton : épisode 4.

Jean de La HIRE : Le défilé suspect.

En cette fin de journée du 24 juin, Paul Mandar dresse un foulard blanc, en signe de demande de paix et de trêve, afin de pouvoir échanger son prisonnier, le cheik, contre les six boy-scouts aux mains des Bédouins rescapés de l’échauffourée.

Le pacte est conclu et en échange du cheik Hadji ben Omar ben Garbit (ceci n’est pas de la publicité !) les prisonniers scouts sont délivrés. De plus à la demande de Paul Mandar, le cheik lui remet un turban sacré ainsi qu’une pierre gravée qui devraient servir de sauf-conduit en cas d’une nouvelle attaque.

Pour fêter cet événement, les scouts britanniques invitent leurs homologues français à partager leur repas qui se révélera un véritable festin. Comme quoi les conserves parfois !

Ils décident de passer une bonne nuit afin de récupérer de leurs émotions et de partir le lendemain ensemble afin de ne favoriser aucune des deux équipes. Et donc, le lendemain, avant de regagner la ligne de départ fixée de l’autre côté du ravin, il faut grimper la pente. L’équipe britannique peine car est accrochée à leur autochenille une remorque contenant les fameuses conserves prévues pour leur voyage.

Un coup de feu en l’air et les deux véhicules s’élancent à l’assaut du désert. Nous suivons l’équipe française qui arrive à Ghadamès. Les scouts visitent la ville, s’y reposent puis à nouveau c’est le départ vers l’aventure.

Mais de nouveaux incidents se dressent devant eux sous la forme de Maltais, des déserteurs de la garnison italienne chargée de défendre Ghadamès, qui veulent s’emparer de leurs équipements. Pourtant, Paul Mandar avait établi un tour de garde rotatif pendant que les autres compagnons se reposaient. Et c’est ainsi qu’au petit matin, Mandar et le reste de ses équipiers s’aperçoivent que Mijon et Moutiers, qui devaient être les derniers à garder le campement, ont disparus.

En partant à leur recherche, ils découvrent un individu qui appartenait au groupe de Maltais. Il est blessé, une cheville tordue, et a été laissé en plan par ses camarades qui ne s’avèrent pas si sympathiques que ça à son encontre. Promesse lui est faite de lui laisser la vie sauve s’il les aide à retrouver Mijon et Moutiers. Darbois est chargé de rester près de leur véhicule tandis que les trois scouts restant partent à la recherche de leurs deux compagnons.

 

Cet épisode mouvementé au début et à la fin se veut également pédagogique.

Alors qu’ils dégustent leur festin improvisé, les scouts remarquent au loin un troupeau d’autruches africaines. C’est ainsi que la vie et les mœurs des autruches, leur mode de reproduction, le système économique et l’élevage qui y est lié, particulièrement en Australie, sont décrits soigneusement par l’un des membres de l’équipe britannique dont le père fut éleveur de ces animaux dans la Nouvelle Galle du Sud.

De même les descriptions géographique, démographique, économique de Ghadamès, sont largement énoncées, un peu à la façon d’un guide touristique. Ce qui permet à l’auteur de reprendre son souffle dans l’épopée des boy-scouts et peut-être de retrouver l’inspiration pour la narration de nouveaux épisodes.

Dont le prochain s’intitule Angoissant mystère.

 

Voir l’épisode précédent :

Jean de La HIRE : Le défilé suspect. L’As des Boy-scouts fascicule N°4. Voyages et aventures modernes autour du monde. Editions J. Ferenczi & Fils. Parution 21 novembre 1932. 16 pages.

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24 juin 2020 3 24 /06 /juin /2020 04:09

Tout va très bien, Madame la Marquise,
Tout va très bien, tout va très bien.
Pourtant, il faut, il faut que l'on vous dise,
On déplore un tout petit rien…

Claude VOILIER : Le Marquis appelle les Cinq.

En ce mois de juillet, Claude, onze ans, est contente : ses cousins, François, treize ans, Mick, onze ans, et Annie, neuf ans, arrivent pour passer les vacances en sa compagnie à la villa Les Mouettes et cela promet de nouvelles aventures.

Promenades en bateau puis en vélos sont au programme. Les cousins sont toujours accompagnés de Dagobert, le chien de Claude, qui participe à toutes leurs pérégrinations. Les bonnes comme les mauvaises.

A la radio, les informations révèlent qu’une succession de vols d’objets précieux et de bijoux sont perpétrés dans la région. Les cousins n’y font guère attention, pris par leurs promenades à bicyclettes. Ils arrivent à un château, le château de la Mulotière, qu’ils n’avaient encore jamais visité mais la déception les attend. Les objets en vitrine ne sont que de banales bricoles sans grand intérêt.

Le marquis de Penlech qui habite les lieux est tout autant désolé et il leur confie qu’il vient d’avoir la visite non programmée de cambrioleurs qui ont tout emporté, notamment une précieuse collection de montres. Pourtant il était persuadé que son château était un véritable coffre-fort, à l’abri de toute intrusion malveillante.

Peu après, alors qu’ils sont en mer à bord de leur embarcation, ils sont pris dans un orage. L’esquif coule et ils doivent rejoindre la plage à la nage. Arrivés au pied de la falaise, sains et saufs, ils repèrent une grotte qu’ils se mettent en devoir de visiter. Dagobert les précède, leur signalant parfois des dangers, et ils parcourent de nombreux couloirs, grimpent, et se retrouvent au bout d’un certain temps (ce n’est pas précisé) en haut de la falaise, à l’endroit où ils ont pique-niqués peu auparavant.

Ils se souviennent d’un buisson qui bougeait et apparemment ils ne sont pas les seuls à emprunter ce passage. Ils décident donc d’explorer à nouveau les nombreux couloirs, passages, trouées, et leurs ramifications. Et c’est ainsi qu’ils découvrent dans un renfoncement des caisses contenant le produit des vols, dont les montres du marquis. Tandis qu’ils cachent quelques unes de ces caisses dans un autre renfoncement, ils entendent du bruit. Ce sont les bandits qui se sont engouffrés dans la grotte, désireux de récupérer ces caissons.

Naturellement ils se terrent, tentant de faire le moins de bruit possible afin de ne pas dévoiler leur présence. C’est sans compter sans un rat inoffensif qui passait par là tranquillement. Dagobert se lance à la poursuite du rongeur.

 

Ce roman écrit par Claude Voilier, qui a repris les personnages imaginés par Enid Blyton en 1971, après le décès en 1968 de la célèbre créatrice de la série du Club des Cinq, se lit de deux façons différentes : page de gauche le texte pur, page de droite l’adaptation en bande dessinée par Jean Sidobre. Un double plaisir qui permet de lire en deux versions les aventures de Claude, François, Michel et Annie et du chien Dagobert. Plus les personnages récurrents, les parents de Claudine, dite Claude, dont le père un savant qui aime se confiner dans son bureau et détestant être dérangé.

Claude est véritablement le chef de la bande, non seulement parce que c’est chez elle que tous se retrouvent, mais par son caractère difficile. Elle se montre autoritaire, désireuse d’imposer ses décisions, se voulant l’égale, voire plus, des garçons. Et tout comme ses cousins, elle se montre plus mature que son jeune âge le laisserait supposer.

Ils ne vieillissent pas, le privilège d’être des héros de papier. Et cela m’a rappelé l’excellent roman de Michel Pagel, Le Club, dans lequel l’auteur imaginait nos amis devenus adultes se retrouvant pour une réunion familiale cahoteuse.

Mais comme souvent, Le Marquis appelle les Cinq, une légère erreur s’est glissée, qui ne prête pas à conséquence, mais qui peut choquer les lecteurs âgés comme moi qui possèdent peut-être plus de recul. Ainsi à un certain moment, les vélos des quatre, Dagobert se laissant trimbaler, deviennent des vélomoteurs. De nos jours, il s’agirait probablement de vélos électriques, modernisme oblige !

Claude VOILIER : Le Marquis appelle les Cinq. Illustrations de Jean Sidobre. Collection Bibliothèque Rose Imagée. Editions Hachette. Parution mai 1972. 192 pages.

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