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28 janvier 2021 4 28 /01 /janvier /2021 05:05

Et non remboursé !

Olivier KOURILSKY : THC sans ordonnance.

Dans la neige immaculée pyrénéenne, une tête écrabouillée et des viscères éparpillés constituent le reliquat d’un corps qui sera retrouvé peu après dans une cour de ferme.

Pour le commissaire Claude Maplède (Tiens, cela me rappelle quelqu’un !) et son adjoint le lieutenant Pierre Leroy, il s’agit d’un véritable imbroglio. Ils se sont déplacés de Toulouse à la demande de l’adjudant-chef Bergui, de la brigade de Saint-Lary-Soulan, qui se trouve dans un cas dépassant ses compétences. Autant les deux policiers toulousains sont incommodés par le spectacle peu ragoûtant, autant l’adjudant-chef reste stoïque, calme, voire serein. Comme s’il avait l’habitude de ce genre de scène.

D’autant que l’identification du cadavre ne va guère être facilitée, les porcs de Bigorre, appartenant à une petite entreprise familiale et vivant en plein air, ont commencé à en déguster les extrémités. Les doigts et les orteils ont disparu dans leur estomac, ce qui va nuire évidemment à la fabrication de pâtés et dégoûter la clientèle locale. Des traces de pneus d’un 4X4 sont bien relevées, mais il s’agit d’un type de véhicule assez répandu.

En attendant les résultats de l’autopsie, les deux policiers s’installent à l’unique chalet du village d’Aulon, dont la patronne qui gère seule l’établissement, aidée parfois par un jeune homme, est l’heureuse propriétaire d’un 4X4, actuellement indisponible pour des raisons relevant de pneumatiques défaillants.

Heureusement, grâce à l’analyse ADN du défunt, qui offrait un repas non désiré aux vautours et aux porcins, l’identité est établie en compulsant le fichier national automatisé des empreintes génétiques. Ce qui ne les avance guère puisque l’homme, un nommé Pedro Ramirez, est inscrit comme trafiquant de drogue. Ce serait une excellente piste, sauf que le Pedro Ramirez en question est officiellement décédé trois ans auparavant d’une crise cardiaque, et enterré en Espagne, non loin de Huesca, près de la frontière.

Une vérification s’impose et, à leur grande surprise, le cercueil ne contient que des pierres. Les propriétaires de l’entreprise de pompes funèbres, qui ont procédé à l’inhumation, sont morts d’un accident de voiture quelques années auparavant. Le docteur qui a établi l’acte de décès a vendu son cabinet à un jeune confrère et depuis a disparu dans la nature.

Pedro Ramirez était en cheville avec des malfrats parisiens dont Lambert, riche industriel, Daneur, ancien directeur d’un club de karaté et judo, Doresme, le chauffeur de Lambert, et un homme de main, Boris Korsoff dit King-Kong à cause sa morphologie. Ils sont actuellement sous les verrous. Etaient car Korsoff s’est évadé trois semaines auparavant, et Lambert doit bénéficier d’une remise de peine. Ces quatre personnages avaient été arrêtés par le commandant Claude Chaudron, chef de groupe à la Criminelle, et Hubert Piron, commandant affecté aux Stups.

Maplède se met en relation immédiatement avec Claude Chaudron et il est tout étonné d’avoir à faire avec une femme. Réaction compréhensible à cause d’une prénom épicène. Nonobstant, Chaudron et Piron s’emparent de cette affaire, avec quelques-uns de leurs hommes, dont une femme, et bientôt ils se rendent compte qu’un tueur joue au Petit Poucet semant des cadavres. Le triste individu pratique la politique de la terre brûlée.

 

Nous retrouvons avec plaisir les personnages principaux des précédents romans d’Olivier Kourislky, c’est-à-dire Chaudron et compagnie pour une affaire qui s’avère tortueuse. Une enquête qui les mène à la frontière espagnole, du côté de Pithiviers et en d’autres endroits où Korsoff est localisé ainsi que divers protagonistes malfaisants.

Pedro Ramirez servait d’homme de main à des trafiquants de cannabis, le fameux THC ou en langage clair le tétrahydrocannabinol, plus connu sous l’appellation de cannabis récréatif. Mais ce qui s’avère le plus intéressant, quoi que, ne réside pas dans cette enquête échevelée, mais dans le rôle des différents participants officiels ou non.

Ainsi Victor Maupas, l’ancien chef de Chaudron parti en retraite va s’insérer dans cette enquête, un peu par ennui et beaucoup parce que son amie Agnès, qui est mariée et dont il est plus ou moins secrètement amoureux, est l’une des victimes du tueur.

Si l’identité du coupable, responsable de la mort de Pedro Ramirez, trottine dans la tête du lecteur, ce n’est qu’au dénouement final qu’elle est dévoilée, et surtout les motivations qui l’ont conduit à se débarrasser du trafiquant.

Un très bon roman policier, qui sonne juste pour le profane que je suis, et qui permet de retrouver des personnages connus dans leur vie quotidienne, professionnelle, familiale et sentimentale.

L’action débute en septembre 2019. Ils ont eu chaud, car après ils étaient confinés.

Olivier KOURILSKY : THC sans ordonnance. Editions GLYPHE. Parution 15 janvier 2021. 240 pages. 15€.

ISBN : 9782352851264

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25 janvier 2021 1 25 /01 /janvier /2021 05:22

Quand Barbara Cartland dénonçait la politique discriminatoire des races appliquée par ses compatriotes !

Barbara CARTLAND : Les roses de Lahore

Devenue orpheline à seize ans dans des conditions tragiques, Azalée Osmund a été recueillie par son oncle, un militaire intransigeant, rigide et obtus à la fin des années 1880.

Elle fille d’un militaire britannique et d’une mère d’origine russe, a quitté son pays natal, l’Inde, et s’est trouvée mise au service de son oncle et de sa famille. Sa tante, qui ne vaut guère mieux que son mari, et leurs deux filles. Elle est devenue la Cendrillon du foyer, occupée à des tâches ménagères, qu’elle subit sans broncher car elle sait qu’elle ne peut se rebeller. Le passé de ses parents ne plaide guère pour elle, selon son oncle. Elle cache un secret honteux, du moins c’est ce qu’il affirme, et elle doit vivre avec sans en parler. Sans pouvoir s’épancher auprès d’une oreille amie.

Lors d’une réception, elle est surprise, dans une salle retirée, par Lord Sheldon, un militaire impérieux et séduisant. Il était en discussion avec un ami, se plaignant de la politique britannique envers les peuples placés sous la domination de la Couronne royale. Il pense être en présence d’une domestique, à cause de sa vêture, et qu’elle l’espionnait mais elle dément toute intention de lui nuire.

Son oncle doit se rendre à Hong-Kong afin de remettre de l’ordre, le gouverneur actuel professant des idées qui ne sont pas à l’ordre du jour. Azalée est toute contente. Elle va retrouver une ambiance et une atmosphère qui lui manquent. Le froid, l’humidité, la grisaille britannique lui pèsent et au moins elle va se sentir presque chez elle. Le voyage s’effectue à bord d’un navire et si la famille Osmund bénéficie d’une cabine de première classe, la pauvre Azalée se verra confinée dans une sorte de débarras.

Mais elle ne reste pas recluse longtemps. Azalée s’occupe, avec l’accord d’une stewardesse, d’enfants des 2e et 3e classes. Au moins pendant qu’elle leur chantera des chansons et racontera des histoires, ils ne seront pas à courir dans les couloirs. Elle se lie avec une Chinoise de Hong-Kong qui doit rejoindre son mari. Et un jour, alors qu’elle se promène sur le pont, elle rencontre incidemment Lord Sheldon. Elle lui apprend son statut d’orpheline mais garde pour elle son secret. Ils tombent amoureux, ça arrive, pourtant durant leur séjour à Hong-Kong, elle continuera à rester évasive sur ce qui la tracasse et l’empêche d’être heureuse.

A Hong-Kong, elle sera reçue par son amie chinoise, et vivra des aventures mouvementées, étant même la proie de pirates qui pillent les navires malgré la flotte britannique qui maraude autour de l’île.

 

Roman sentimental, Les roses de Lahore est aussi un roman d’aventures historiques qui s’immisce dans la sociologie et la géopolitique de l’époque. Barbara Cartland écrit en prologue :

Sir John Pope-Kennedy fut le premier gouverneur de Hong-Kong à traiter les Chinois en égaux. Il fut aussi le premier à mettre en pratique le principe de non-discrimination des races, principe énoncé dans les instructions du gouverneur en 1886 seulement, mais bien antérieurement dans les lois concernant les colonies britanniques.

Et c’est bien ce principe de non-discrimination qui porte l’intrigue de ce roman, Barbara Cartland le mettra souvent en avant, dénonçant la morgue de ses compatriotes vis-à-vis des pays colonisés dont les habitants sont traités comme des êtres inférieurs. Azalée se hausse comme porte-parole de cette révolte morale. Elle n’hésite pas à déclarer à Lord Sheldon, lors de leur première rencontre située sous le signe d’un malentendu :

Les remarques que vous avez faites au sujet des femmes me font croire que vous êtes un homme insupportable, suffisant et vaniteux ; celles émises à propos de Hong-Kong correspondent exactement à ce que j’attendais d’un Anglais buté qui croit que la seule façon de prouver sa suprématie est d’écraser ceux qu’il a conquis par la force des armes.

N’avez-vous jamais pensé que tout irait mieux si notre nation traitait ces peuples étrangers avec davantage de générosité, de clémence et de considération ?

Et elle continue sa diatribe en enfonçant le clou. Mais ces propos ne sont pas uniquement à mettre au déficit moral de l’Angleterre. Bien des pays pourraient être la cible de ces vindictes, de nos jours encore.

Ce qui prouve que les romans de Barbara Cartland ne sont pas si anodins que certains veulent le croire en les dénigrant. Encore faut-il les lire pour porter un jugement de valeur.

Barbara CARTLAND : Les roses de Lahore (Fragrant Flower – 1976. Traduction de Roger Foehrle). Editions J’Ai Lu N°1069. Parution 15 avril 1980. 224 pages.

ISBN : 2277210692

Première édition : Editions de Trévise. 1978.

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15 décembre 2020 2 15 /12 /décembre /2020 05:42

Un coup de barre ? Arès et ça repart…

Alain PARIS : Le dieu de la guerre.

1968.

Michael Anderson, un Américain qui fête ses vingt-quatre ans, fait partie des Long Range Reconnaissance Patrol, une troupe d’élite.

Il est déposé en pleine jungle cambodgienne, nanti d’antidépresseurs, d’amphétamines et d’un armement conséquent. Sa rencontre avec une patrouille de Nord-Vietnamiens se solde par quelques morts mais aussi par une fuite qui le fait trébucher dans un des pièges mortels disposés à dessein par l’ennemi.

Son réveil n’est pas aussi douloureux qu’il le présumait. Alors qu’il pensait se retrouver dans une geôle ou un hôpital vietnamien, son retour à la vie s’effectue dans un paysage qui lui est inconnu.

Une espèce de yéti l’engage à le suivre et c’est avec stupeur qu’il se voit convoqué par une étrange assemblée. Zeus, Aphrodite, Dionysos et quelques autres personnages composent cet aréopage incongru.

Onze des Dieux de l’Olympe, de la Grèce antique, lui proposent l’immortalité. En échange il doit retrouver Arès, le dieu de la guerre, et le ramener auprès de ses compagnons.

Mais Arès voyage dans le temps et participe à différents conflits. Le reproche qui lui est fait est d’en détourner le court logique. La mission de Michael Anderson n’est guère aisée.

Mais au fait, cette mission ne cache-t-elle pas un piège ? Et l’immortalité qu’on lui fait miroiter n’est-elle pas un leurre ?

 

Alain Paris, dont on n’aura pas oublié l’excellente décalogie consacrée au Seigneur des Runes, nous offre avec ce Dieu de la guerre un trop court roman, mi-fantastique, mi mythologique, qui aurait demandé à être plus dense, plus étoffé. Comme si Alain Paris était pressé de remettre son manuscrit à son éditeur qui l’avait déjà programmé.

Si l’épilogue laisse sur sa faim, on peut penser que Michael Anderson est en proie à des visions fournies par l’absorption des antidépresseurs et amphétamines, et qu’il se trouve dès lors dans une phase onirique.

Quoi qu’il en soit, ne boudons pas trop afin de ne pas gâcher notre plaisir !

Alain PARIS : Le dieu de la guerre. Collection Anticipation N°1671. Editions Fleuve Noir. Parution février 1989. 160 pages.

ISBN : 2-265-04051-7

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12 décembre 2020 6 12 /12 /décembre /2020 05:14

Le conte du comte, ça compte !

Alexandre DUMAS : Le comte de Mazzara.

Comme souvent, surtout dans les romans écrits dans les années 1860, Alexandre Dumas n’hésite pas à se mettre en scène, tout au moins dans les premiers chapitres.

Ainsi nous le découvrons alors qu’il vient de recevoir un courrier de son ami Ferdinando Petrucelli della Gatina, un député italien qui séjourne assez régulièrement à Paris. Celui-ci lui propose un manuscrit à lire, corriger et éventuellement à publier sur le support qui lui semblera bon et dont le titre est Le comte de Mazzara.

Dumas en profite pour informer ses lecteurs, qu’il avait participé auprès de Garibaldi à une échauffourée à Palerme, une révolte contre les Suisses envoyés par les Napolitains. Les Siciliens n’appréciaient guère cette ingérence. L’un des hommes de Garibaldi, que Dumas connaissait, devait lui narrer l’histoire du Palais Mazzara, mais blessé, il ne put décrire dans quelles circonstances ce Palais était devenu la propriété d’Alphonse de Quinzac.

Or, dans le même temps, ce manuscrit est accompagné d’une autre lettre, émanant justement d’Alphonse de Quinzac, qui le prie de venir déjeuner lorsque bon lui semblerait. Dumas s’empresse d’accepter et le jour même il se rend à l’adresse susdite, d’autant que son fils est ami avec de Quinzac. Dumas remarque dans le salon le portrait d’une fort belle jeune femme et il s’avère qu’elle participe à l’histoire dont il va être le bénéficiaire.

De Quinzac après ce repas, préparé par Dumas de conserve (mais ce sont des produits frais) avec la cuisinière, recueille le récit qui coïncide avec celui de Ferdinando Petrucelli della Gatina.

Le comte de Mazzara habitait à Palerme et de Quinzac fut invité en son château. Or il remarque que les Palermitains, jusqu’aux domestiques, fuient ce comte qui semble attirer le malheur sur son passage ou à son contact. De Quinzac peut s’en rendre compte de visu lors des déplacements qu’il effectue en compagnie du noble. Les Palermitains et par extension les Siciliens sont superstitieux et ils ont décrété que Mazzara portait la poisse. Même Flora, la fille de celui-ci, ne vit pas au même étage.

De Quinzac tombe amoureux de la belle Flora, d’abord en découvrant le tableau la représentant, puis en la dévorant des yeux lorsqu’elle se présente en chair et en os (non elle n’est ni maigre ni grasse). Seulement Flora possède un lourd passé et de Quinzac se demande comment, alors qu’elle a vingt-deux ans, qu’elle ne soit pas mariée, malgré sa beauté et sa richesse.

 

Dans ce roman, mi-grande nouvelle mi-causerie, qui fut publié en feuilleton dans Le Mousquetaire en 1866 et jamais édité en volume depuis, et l’on se demande pour quelles raisons, nous retrouvons les thèmes de prédilection chers à Alexandre Dumas.

Les voyages et surtout l’Italie servent de décor à ce que l’on pourrait considérer comme un roman historique. Mais le personnage de comte porte-malheur nous entraîne dans une voie quelque peu fantastique. L’action et les combats sont abondamment exposés dans la première partie, et l’on apprend que Dumas transportait des armes à bord de sa goélette, armes qui étaient destinées à Garibaldi.

Enfin, Dumas était un épicurien, et s’il aimait manger et boire en fin gourmet, c’était également un excellent cuisinier (d’ailleurs à l’époque de l’écriture de ce roman, il rédigeait son dictionnaire de cuisine) n’hésitant pas à prendre la place de la cuisinière. Et à lui délivrer un hommage regrettant que les hommes prennent trop souvent leur place, du moins dans les guides spécialisés.

Un homme moins intelligent que vous aurait un cuisinier ; mais vous avez remarqué, vous, que la femme fait une cuisine plus fine, plus délicate, plus distinguée que l’homme. Le difficile est de la trouver jeune et déjà à l’apogée de son talent. Une cuisinière doit être belle, fraîche, coquette et avoir de vingt-huit à trente-cinq ans.

Dumas émet comme on peut le lire quelques réserves (alimentaires) mais l’intention est là. Et au passage, il égratigne quelques confrères.

Que voulez-vous, quand j’ai vu que ceux à qui je donnais des leçons de roman n’en profitaient pas, je me suis rejeté sur les leçons de cuisine.

 

Un bon petit roman méconnu qui sera fort bien accueilli comme invité au pied du sapin de Noël.

 

Alexandre DUMAS : Le comte de Mazzara. Préface de Philippe Radé. Collection Aventures & Mystères. Editions Manucius. Parution mars 2019. 176 pages. 13,00€.

ISBN : 9782845787032

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19 novembre 2020 4 19 /11 /novembre /2020 05:15

Quand l’espion se jette à l’eau…

P.J. HERAULT : Le barrage maudit.

Avant de se lancer avec brio dans l’écriture de romans de science-fiction, P.J. Hérault avait tâté de l’espionnage, genre alors fort en vogue dans les années 1960 et 1970.

Afin de démontrer l’innocence de Gorringe, un ingénieur français accusé de sabotage, Loïc Prach, agent des Services Secrets français, est envoyé au Mozambique sur le chantier de l’édification d’un barrage à Cabora-Bassa.

Il se présente, sous le nom de Gérard Grandier, comme ingénieur-électronicien, envoyé par la Compagnie Européenne d’Electricité, aux autorités locales ainsi qu’aux responsables du chantier. Le Mozambique est toujours sous domination portugaise et il tout naturel que la plupart des conducteurs de travaux relèvent de la nationalité portugaise. Mais il s’agit d’un programme concocté par des pays européens, et Grandier va côtoyer outre les Lusitaniens, des Belges, des Allemands, et de nombreux autochtones. Seulement la région est sous la coupe de rebelles qui combattent pour l’indépendance du pays.

Grandier est présenté comme il se doit à quelques nouveaux collègues et il consacre les premiers jours de son installation à la visite du chantier et à se faire une idée de l’avancée des travaux. Il a un rôle particulier dans l’organisation et ne dépend de personne, aux yeux de tous.

Mais apparemment sa venue n’a pas l’heur de plaire car il manque tomber dans un guet-apens. Il doit sa survie grâce à un missionnaire, le père Angelo, qui est inconnu du supérieur de la mission locale. Le religieux explique qu’il est l’héritier des émissaires du Vatican, ce qui fait de lui, au grand étonnement de Grandier, un curé-barbouze.

Un autre religieux est lui aussi dans les parages, un pasteur protestant, qui vit à l’écart de ses coreligionnaires. Grandier va apprendre qu’entre les deux communautés, les deux religions en général, c’est Je t’aime, moi non plus. Chacune désirant étendre son monopole auprès des autochtones.

Mais plus que la preuve de l’innocence de Gorringe, ce qui importe à l’Ordinateur, le patron de Grandier, c’est de savoir qui a décidé et organisé ce sabotage qui est avéré. Et à qui cela profite. Outre les responsables des travaux, que Grandier retrouve le soir au bar, jouant avec eux au poker, Grandier fait également la connaissance de la comptable du camp, une très jolie jeune femme pas très farouche mais qui promène dans son sac une arme à feu.

 

Naturellement on retrouve dans ce roman les ingrédients indispensables, qui étaient peut-être notifiés dans un cahier des charges édicté par le Fleuve Noir, c’est à dire l’alcool principalement le whisky mais également la vodka, les cartouches de cigarettes (pour faire un écran de fumée ?) et la scène de frotti-frotta destinée à remettre les neurones en place.

Mais ce qui importe dans l’intrigue, c’est déjà la présence des Chinois sur le continent africain, afin de déstabiliser les finances européennes. Chinois qui jouent les sous-marins car ils n’apparaissent jamais dans le récit, comme s’il s’agissait d’hypothèses.

Et naturellement, les rebelles appartenant au Frelimo, organisation qui dès 1964 lance la guerre d’indépendance du Mozambique, guerre qui se poursuivra durant dix ans.

Et comme souvent dans les romans d’espionnage de cette époque, la mention authentique est maintes fois portée en note de bas de page.

Cinquante ans après sa parution, ce roman n’a pas vieilli. On peut juste le considérer comme un roman historique avec une trame d’aventures et d’espionnage et l’activité chinoise en Afrique y est encore plus prégnante car affichée.

A noter que le barrage de Cabora-Bassa existe réellement et a été construit à l’époque de la rédaction du roman. Seul le nom a été très légèrement modifié.

 

P.J. HERAULT : Le barrage maudit. Collection Espionnage N°948. Editions Fleuve Noir. Parution 1er trimestre 1972. 240 pages.

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18 novembre 2020 3 18 /11 /novembre /2020 04:56

A ne pas confondre avec Les Amitiés particulières, si chères à Roger Peyrefitte.

Laurence EDMEE : Une étrange amitié.

Echanger quelques balles sur un court de tennis, c’est le meilleur moyen d’échapper au confinement et surtout de se créer des amitiés.

C’est ainsi que Julien et Yves qui fréquentent l’école des Arts et Métiers à Lyon, ont fait la connaissance tour à tour de Stéphanie puis de Catherine. Stéphanie, qui n’est pas de Monaco mais de Grenoble, est en sixième année de médecine. Et elle fait équipe avec Julien, battant régulièrement l’autre équipe, au grand dam d’Yves. Catherine fait ce qu’elle peut, sans plus, tout en étant obnubilée par Yves.

Entre Julien et Stéphanie, c’est le début d’un grand amour, quant à Yves c’est un bon copain sans plus. Catherine ne lui dit rien, au grand désespoir de la jeune fille.

Ayant obtenu leur diplôme d’ingénieur, ce qu’ils espéraient sans plus, il ne reste plus qu’aux deux amis de trouver une place. Grâce au père de Julien qui est ami avec un entrepreneur de travaux publics, les voilà en partance pour le Soudan, chargés de superviser la construction d’un canal afin d’alimenter en eau la région.

Stéphanie est fort marrie, mais comme le lui fait comprendre Julien elle ne doit pas sacrifier ses études de médecine, alors qu’il ne lui reste plus qu’une année avant d’obtenir son diplôme. Et puis ils ne partiront qu’un an. Avec un peu de bonne volonté, tout devrait s’arranger. Elle les rejoindra lors des vacances de Noël. Une petite coupure qui devrait les satisfaire tous.

Lorsqu’elle les rejoint au bout de quelques mois, elle sent la tension qui s’est installée entre les deux amis. Ils se font la gueule, ils se disputent, pour des bricoles, des anicroches, dans l’exécution des travaux.

Revenant en France, Stéphanie se demande bien ce qui a pu s’ériger entre les deux hommes au point de se détester. Mais un jour, Catherine l’appelle au téléphone. Elle a entendu à la radio que des rebelles se sont emparés d’otages Français. Bientôt la nouvelle est confirmée. Yves qui était en voyage à Khartoum pour régler quelques problèmes est sain et sauf tandis que Julien est porté manquant. Peut-être mort.

Un an après, Stéphanie s’est mariée avec Yves. Ce n’est pas le grand amour comme avec Julien, disons qu’elle a sacrifié à un pis-aller. Elle se souvient toujours des baisers, des caresses, de l’amour que Julien lui prodiguait. Mais elle espère avoir trouvé la sérénité avec Yves, l’ami et le compagnon des beaux jours.

Mais le destin est farceur, même s’il n’est pas toujours drôle.

 

Sous le pseudonyme de Laurence Edmée, se cache Giova Selly qui trouvait un nouveau débouché pour ses romans.

Une étrange amitié est tout autant un roman d’amour, normal c’est dans les gênes de la collection, mais aussi un roman d’aventures, avec un zeste de policier et de suspense psychologique. La jalousie en est le moteur, pourtant, curieusement Stéphanie ne semble pas s’en rendre compte. Elle cultive l’amour et l’amitié, mais ce sont souvent des sentiments incompatibles.

 

Laurence EDMEE : Une étrange amitié. Collection Nous Deux N°54. Groupe éditions mondiales. Parution 1er septembre 1992. 126 pages.

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2 novembre 2020 1 02 /11 /novembre /2020 05:27

A consommer avec modération !

Christopher NICOLE : Un petit blanc

En ce mois d’aout 1936, la Guyane britannique est en effervescence. Les travailleurs des plantations se soulèvent, des autochtones et des coolies originaires des Indes orientales principalement. Ils sont menaçants, brandissant coutelas, se dirigeant vers la demeure de leur maître.

Rupert, un jeune garçon âgé de six ans, joue aux soldats de plomb, et est bientôt rejoint par son copain Johnnie Sikram. Le garçon est un peu plus vieux et c’est le fils du maître d’hôtel de la plantation Longdene. Jouer avec Rupert est un rite qu’il apprécie. Tous les après-midi, après l’école, il va s’amuser à cache-cache avec Rupert. Mais ce jour-là, la déferlante des ouvriers en colère gâche sa joie.

Le jeune Rupert ne se démonte pas et aussitôt il s’engouffre dans la demeure et ressort avec deux pistolets. Deux colts qu’il décharge sans coup férir sur les ouvriers en colère. Pour le principe, car ce sont des pistolets factices et ses munitions, des amorces. Mais cela produit son petit effet, tout autant auprès des ouvriers de la plantation que des domestiques. Bientôt les policiers arrivent en renfort afin de mettre bon ordre à ce soulèvement.

Ce petit blanc, blond et frêle, qui accumule tous les ans des maladies, est considéré comme un petit héros. Puéril mais quand même, il a de l’avenir. Du moins c’est ce que pense sa famille, son père évidemment, son oncle Simon, qui lui offre même un verre de whisky pour récompenser son courage, sa mère et les autres femmes de la maison ainsi que la domesticité.

Mais cet éclat spontané le marquera à jamais. Il ne se sentira plus jamais en phase dans cette ambiance dans laquelle évoluent Noirs et Blancs. Malgré quelques unions entre races, le mariage de certains des habitants en provenance de la Grande-Bretagne avec des autochtones, ce soulèvement laissera des traces. Aussi bien chez les Noirs dont la prépondérance se fait de plus en plus prégnante que chez les Blancs qui ne sont après tout que des colonisateurs.

 

Né en Guyane Britannique, Christopher Nicole, né le 7 décembre 1930 à Georgetown au Guyana, a probablement vécu de l’intérieur les incidents qu’il décrit. Et peut-être connu ce petit garçon qui va devenir un adolescent séduisant, pathétique, partagé, déchiré, par ses passions, ses désirs, ses remords, et ses peurs.

La reconstitution d’une époque trouble qui se décline quelques années avant le grand conflit mondial, mais entraînera d’autres soulèvements, le rôle des Blancs se montrant parfois délétère envers les populations locales.

Si l’histoire semblait intéressante, j’avoue m’être ennuyé à la lecture du roman. Il y manque un peu de mouvement, d’humour, même si l’intrigue ne s’y prête guère, d’un petit quelque chose d’indéfinissable qui fait, qu’une fois la dernière page tournée, on reste dubitatif. Mais comme ce n’est pas le seul que je possède, une nouvelle tentative s’impose.

Pour en savoir un peu plus sur cet auteur prolifique, plus de deux cents romans, mais peu traduit en France, une quinzaine au Fleuve Noir, chez Buchet-Chastel, à la Série Noire, aux Presses de la Cité… je vous invite à cliquer sur le lien ci-dessous.

 

Christopher NICOLE : Un petit blanc (White Boy – 1966. Traduction de Lily Jumel). Collection Grands Romans. Editions Fleuve Noir. Parution 1er trimestre 1970. 316 pages.

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27 octobre 2020 2 27 /10 /octobre /2020 04:55

Hommage à P.-J. Hérault, décédé le 26 octobre 2020.

P.-J. HERAULT : Les bâtisseurs du monde

Lorsqu’il sort de sa nouvelle hibernation, qui a duré près de six cents ans, Cal est surpris d’apercevoir à ses côtés Louro. L’ordinateur H1 de la base des Loys dans laquelle il s’était enfermé, a construit une réplique de son ami vahussi, un robot recouvert d’une peau dont la ressemblance humaine est à s’y méprendre. Lou, c’est son nom, parle et agit comme un être humain. Il suffit de lui donner les bonnes instructions, qu’il suit fidèlement. Il est même capable d’anticiper, comme s’il possédait une intelligence non artificielle.

Décidé à visiter à nouveau la planète Vaha et se rendre compte des améliorations apportées grâce à ses conseils, Cal demande à H1 de lui fabriquer trois autres robots, mais exige qu’ils soient différents afin de ne pas ressembler à des clones. Puis il part à la découverte, espérant que ses conseils prodigués quelques siècles auparavant ont été appliqués.

Après avoir trouvé où son fils a été enterré et repris la bague dont il était muni, Cal se dirige vers le port de Semoul à bord d’un char à voiles rudimentaire. En chemin il rencontre un chasseur solitaire et agressif. Cal parvient à l’apaiser en discutant aimablement avec Sistaz, c’est ainsi que se nomme le chasseur. L’homme se méfie des prêtres, malgré tout il accepte de monter à bord du char.

En cours de route, ils rencontrent une chaîne humaine, des prisonniers attachés par le cou les uns derrière les autres. Ils sont encadrés par des soldats en armes, arc et épée. Deux autres personnages les accompagnent, plus petits que les Vahussis. Ce sont des Hommes-de-Frahal. Cal refuse de se plier aux injonctions de l’un des prêtres et la bagarre est déclenchée, laissant sur le carreau les soldats et les Hommes-de-Frahal. Ensuite Cal s’enquiert de quel forfait ont été reconnus coupables les prisonniers. L’un d’eux, Divo, se fait le porte-parole de ce petit groupe d’hommes libérés et explique dans quelle situation se trouve le pays Vahussi.

Le territoire des Vahussis est dirigé par un Seigneur et les prêtres. Les habitants doivent obéissance à Frahal, un dieu fabriqué de toutes pièces et la moindre incartade est violemment réprimée. Cal est révolté par cette nouvelle civilisation imposée alors que son but était de pousser les Vahussis sur la voie de la civilisation et de l’indépendance.

Alors il va s’élever contre cette forme d’esclavage religieux et bâtir un port sur une langue de terre, et dans lequel les Vahussis désireux de s’affranchir de ce diktat pourront se réfugier. Pour cela, il demande à l’ordinateur de la base de lui fabriquer quelques centaines de robots qui devront bâtir cette nouvelle ville et construire des navires. Pour communiquer avec H1, il possède un micro émetteur-récepteur implanté dans une dent. Et il offre à ses amis de la première heure, Sistaz et Divo, des postes clés, des responsabilités dont ils s’acquittent avec reconnaissance.

 

Alors que dans Rescapé de la Terre, Cal prônait la tolérance et le pacifisme, deux vertus qu’il exhorte encore, nous assistons dans ce deuxième volet à de multiples combats entre Vahussis et Hommes-de-Frahal. Mais Cal est soutenu dans son entreprise par l’ordinateur qui lui fournit des hommes-robots, des technologies dont il se garde bien de révéler l’origine auprès de ceux qu’il veut aider à sortir des griffes de la religion et surtout de ceux qui s’en servent à des fins personnelles et politiques.

Il fabrique une imprimerie rudimentaire, des armes plus perfectionnées que les arcs, des arbalètes, et il va même jusqu’à enseigner comment distiller de l’alcool. Ce qui va à l’encontre des préceptes qu’il défendait dans Rescapé de la Terre.

Un roman sociologique entrecoupé de très nombreuses scènes de batailles. La science-fiction et l’aventure font bon ménage, et l’on se demande ce qui prime de l’un sur l’autre.

C’est également un roman qui se veut un vibrant hommage à la liberté, refusant des contraintes imposées par des hommes se réclamant d’un Dieu inaccessible et invisible, ou d’une morale ressemblant à celle qui était en vigueur sur Terre, lorsque Cal l’a quittée. Par exemple, autrefois les femmes se mettaient en couple et pouvait quitter leur compagnon, à n’importe quel moment, sans que cela entraîne une quelconque forme de jalousie. Mais depuis la main mise des prêtres sur la vie des Vahussis, il n’en va plus de même. Un couple n’a plus le droit de se séparer, au nom de la morale. Sinon, la femme est condamnée à être brûlée par les prêtres, au Temple, quant à l’homme il est condamné aux bricks (voir image) pour dix ans.

Et voilà, songe Cal, la bonne vieille morale terrienne se retrouve ici. Il est probable qu’elle y fait autant de ravages.

 

P.-J. HERAULT : Les bâtisseurs du monde
Réédition collection Anticipation N°1722. Editions Fleuve Noir. Parution novembre 1989.

Réédition collection Anticipation N°1722. Editions Fleuve Noir. Parution novembre 1989.

Réédition Milady Poche dans Cal de Ter 1. Parution avril 2013.

Réédition Milady Poche dans Cal de Ter 1. Parution avril 2013.

P.-J. HERAULT : Les bâtisseurs du monde (Cal de Ter 2). Collection Anticipation N°714. Editions Fleuve Noir. Parution février 1976. 224 pages.

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17 octobre 2020 6 17 /10 /octobre /2020 03:46

Sans rire, il est difficile d’être un bouffon du roi…

Michel ZEVACO : Triboulet.

A cinquante ans, François 1er est las de sa maîtresse Madeleine Ferron, dite la Belle Ferronnière. Il a jeté son dévolu sur une adolescente de dix-sept ans, Gilette. Il annonce à ses courtisans cette décision et Triboulet, le Fou du Roi, un bossu dont les réparties sont sarcastiques, et font souvent rire jaune ceux à qui il s’adresse, l’entend. Même le roi est importuné dans certaines circonstances et ne mâche pas ses mots. Mais rien n’y fait.

Triboulet oyant la déclaration de François 1er est bouleversé, car Gilette est sa fille. Ou du moins, il considère l’orpheline comme sa fille, l’ayant élevée. Et Gilette est persuadée que Triboulet est son géniteur.

Afin de parvenir à ses fins François 1er avertit Jean Ferron, le mari de la Belle Ferronnière de son infortune, et va jusqu’à lui donner la clé de la chambre dans laquelle elle reçoit son royal amant. Cela ne se fait pas, surtout de la part d’un personnage aussi important, et elle médite sa vengeance.

Gilette, lorsqu’elle apprend l’envie du roi, est chagrinée. Elle aime un malandrin du nom de Mandred, qui vit dans la cour des Miracles en compagnie d’un autre jeune homme de son âge, Lanthenay. Tous deux sont orphelins, comme bon nombre de personnages qui gravitent dans ce roman. Orphelins, ou enlevés à leurs parents dans leur plus jeune âge.

Gilette aime Mandred, depuis qu’elle l’a aperçu de sa fenêtre et Mandred aime Gilette depuis qu’en déambulant dans la rue il l’avait vue appuyée à sa fenêtre. Pourtant autant ils ne se sont jamais parlé.

De nuit il rencontre le roi, accompagné de quelques-uns de ses fidèles, importunant Gilette (cela commence à devenir rasoir penserez-vous) et le provoque. Il est arrêté et promis à la pendaison. Il en réchappera grâce à un subterfuge. Il aura à cœur de venger l’honneur de sa belle et aidé de Lanthenay et des membres de la cour des Miracles en s’introduisant dans le palais royal.

Le roi François qui ne deviendra 1er lorsque François II accèdera, pour quelques mois, au trône, apprend que Gilette dont il voulait faire sa maîtresse est sa fille. Pourtant il sera toujours le cul entre deux chaises, ressentant un vague amour paternel mais surtout une grosse envie de la coucher dans son lit.

 

Tout comme Alexandre Dumas, Michel Zévaco s’inspire de l’histoire de France, mettant en scène des personnages célèbres et des épisodes réels. Il les déforme un peu parfois, tout comme le fit son célèbre prédécesseur. Mais ses romans sont parfois plus hauts en couleurs, plus exubérants, plus démesurés, plus épiques, plus théâtraux dans la description des événements et des combats.

Zévaco narre des intrigues d’amour et de haine, dans lesquelles coups fourrés, trahisons, empoisonnements et transmissions de maladies, vengeance, amitiés, combats, foisonnent offrant des heures de lecture passionnantes.

Parmi les personnages réels, outre la Belle Ferronnière, on retrouve Etienne Dolet, écrivain, poète, imprimeur, humaniste et philologue, qui prend une part active dans le cours de l’intrigue, et surtout François 1er et Ignace de Loyola, fondateur et premier supérieur de la Compagnie de Jésus, les Jésuites.

Et il reste fidèle à ses idées anarchistes, pour lesquelles il fût arrêté à plusieurs reprises et purgeât plusieurs mois en prison pour ses déclarations : Les bourgeois nous tuent par la faim ; volons, tuons, dynamitons, tous les moyens sont bons pour nous débarrasser de cette pourriture.

Michel Zevaco n’est pas tendre envers le roi et le jésuite. François 1er est ainsi décrit :

François 1er était un type de reître policé. Sous le vernis brillant de son imagination, sous le faste de ses prétentions à la poésie et aux arts, ce qu’on trouvait en lui, c’était l’homme de la bataille. On en a fait un ténor, c’était un tueur.

 

Quant à Loyola, c’est un religieux prêt à tout pour imposer ses idées.

Savez-vous, leur dit-il, qu’il est permis de mentir dans l’intérêt et pour la gloire de Dieu ?...

Savez-vous qu’aucune action n’est condamnable, si elle tend au bien de l’Eglise et à la gloire de Dieu ? Je dis aucune action : même le vol, même le meurtre…

Il faut qu’on le sache ! Tout est permis, tout est juste, tout est bon qui conduit au triomphe de Jésus et de la Vierge. Si la fin proposée est bonne, tous les moyens sont bons.

 

Et lorsqu’il s’entretient avec Rabelais, il lui déclare, en présence de Manfred et de Calvin :

Ces philosophies, je leur déclare une guerre à mort. Ce sera avant peu l’extermination des hérésies, et de la science. La science est maudite. L’ignorance est sacrée. En Espagne, nous avons commencé à traquer les faiseurs de livres. En France, j’ai obtenu du roi chrétien François de Valois que les mêmes poursuites soient commencées. Malheur ! Trois fois malheur aux hérétiques et aux savants ! Il y a à Paris un homme de perdition : Etienne Dolet… Nous voulons tuer la science. Pour tuer la science, nous tuerons l’imprimerie. Pour tuer l’imprimerie, nous tuerons Dolet.

Un peu plus loin il ajoute :

Il faudra choisir entre la croix et le bûcher. Ou la croix dominera le monde, ou le monde deviendra un véritable bûcher !

 

Une étrange conception de la région qui n’est pas très catholique !

Ce roman possède une suite qui s’intitule La Cour des Miracles. A lire prochainement sur cet écran. En attendant, je vous laisse juge des bienfaits et des méfaits des Jésuites, et de l’influence sur ceux qui en ont reçu l’éducation. Comme un certain président actuel.

 

Vous pouvez lire ce roman en le téléchargeant gratuitement et légalement en pointant votre curseur sur le lien ci-dessous :

Michel ZEVACO : Triboulet. Texte établi d'après l'édition Arthème Fayard, Le Livre populaire 1948. Version numérique gratuite sur Bibliothèque électronique du Québec. 482 pages.

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15 octobre 2020 4 15 /10 /octobre /2020 03:08

Entre Robinson et Tarzan…

P.J. HERAULT : Le rescapé de la Terre.

Lorsqu’il se réveille de son hibernation forcée, Cal pense n’avoir été confiné dans sa cellule spatiale que durant dix jours. En touchant sa chevelure qui s’est allongée comme celle d’un hippie, son raisonnement l’amène à croire à quelques mois, voire quelques années. Mais en fixant le calendrier numérique à quatre chiffres, il n’est plus obligé de calculer. Le cadran affiche le 6 avril 1631. Alors qu’il a été opéré en juillet 2296.

Et voilà, cela fait au moins plus de neuf mille ans qu’il voyage dans l’espace, alimenté par des espèces de sonde. Et il entend un message enregistré par son ami Giusse, un message qui n’est pas porteur d’espoir, car cela signifie que si ce message lui est diffusé, il n’est que le seul rescapé d’une catastrophe.

Il arrive en vue d’une planète bleue, le seul genre de planète qui, comme chacun sait, est susceptible d’abriter une présence humaine. L’atterrissage s’effectue en douceur et il peut récupérer des caisses de survie. Il s’imprègne du paysage composé d’une végétation abondante puis s’éloigne jusqu’à une falaise au milieu de laquelle il distingue une grotte.

Il parvient à grimper, explore cette caverne, et l’aménage en hissant ses caisses à l’aide d’un treuil qu’il fabrique grâce aux divers objets contenus dans ses caissons. Il s’installe confortablement selon les moyens du bord, qui sont quand même conséquents puisqu’il possède deux tubes laser dont il doit limiter l’usage, et d’autres bricoles, puis part à la découverte de son nouvel environnement grâce aux cartes issues de l’ordinateur de bord et qu’il a imprimées. La faune ne manque pas et il peut s’alimenter sans problème en chassant et fumant la viande ou en pêchant les poissons qui foisonnent dans une rivière proche.

Mais parmi ces animaux certains ne sont guère accommodant comme ces espèces de babouins belliqueux. Pris en tenaille par de gros ursidés il est sauvé par un homme qui est muni d’une lance. Alors il fait la connaissance d’une tribu dont les représentants, mâles et femelles, ont les cheveux blonds, presque blancs. C’est un Vahussi, nom de cette peuplade qui vit sur cette terre d’asile et s’exprime dans un langage que ne comprend pas Cal. Pourtant à l’aide de geste il apprend que son sauveteur se nomme Lourogastoyu, rapidement abrégé en Louro tout simplement.

Louro l’emmène dans son village et Cal est pris en charge par une jeune fille dénommée Meztiyano laquelle lui enseigne avec patience leur langue et leur mode de vie. Par exemple, il n’existe pas de mariage proprement dit mais la femme peut s’installer en couple avec un homme, puis changer de partenaire sans que cela pose problème. Et inversement. Ils ne connaissent pas la jalousie. Ils sont aussi individualistes et tolérants. En contrepartie Cal, pacifique de conviction, apprend à ses nouveaux amis l’art de fabriquer des arcs, et de s’en servir, puis à construire une roue qui va les aider pour déplacer de grosses charges, à nager puis à construire des petits bateaux. Car si ces hommes et femmes vivent près d’un grand lac, ou de la mer, ils se conduisent en béotiens devant cet élément liquide.

Mais en aucun cas, Cal ne veut devenir un chef de tribu, juste se montrer comme un guide ou un aide dans certaines situations. Par exemple lorsque les Vahussis sont en butte à la vindicte d’envahisseurs esclavagistes. Il tombe amoureux de Meztiano, à la mode des Vahussis et la jeune femme semble être dans les mêmes dispositions. Il en résultera la naissance d’un fils.

Au cours d’une de ses déambulations il découvre une sorte de tumulus qui s’avère être une base souterraine, contrôlée par un ordinateur extraterrestre endormi aménagé par un ancien peuple, les Loys.

 

Le rescapé de la terre est le premier volume d’une série prometteuse, admirablement servi par un auteur qui ne sombre pas dans la violence. Il met en scène une sorte de Robinson arrivant sur une planète inconnue et qui est obligé de se débrouiller contre la nature parfois hostile. Tout comme son prédécesseur, Cal récupère des outils et des armes qui vont l’aider dans son installation.

Mais contrairement à ce qu’il se passe parfois dans bien des romans d’aventures et de robinsonnades, Cal ménage les représentants de la tribu des Vahussis. Sans se montrer paternaliste, il est un peu leur protecteur dans certaines conditions difficiles, ne désirant pas devenir le chef mais au contraire se mettant à leur service.

La narration est selon les chapitres, à la première personne ou à la troisième, selon les circonstances.

S’il y a un côté Robinson dans les aventures de Cal, il existe également une légère analogie avec Tarzan :

Alors, à tout hasard, je reste ainsi, immobile, les regardant calmement. Puis je me frappe la poitrine des deux poings, en poussant un hurlement, allez savoir pourquoi. Paniqués, les trois babouins font demi-tour et s’enfuient !

 

Réédition collection Anticipation N°1716. Editions Fleuve Noir. Parution 8ctobre 1989.

Réédition collection Anticipation N°1716. Editions Fleuve Noir. Parution 8ctobre 1989.

Réédition Collection Imaginaire. L’intégrale Cal de Ter volume 1. Editions Milady.

Réédition Collection Imaginaire. L’intégrale Cal de Ter volume 1. Editions Milady.

P.J. HERAULT : Le rescapé de la Terre. Série Cal de Ter. Tome 1. Collection Anticipation N°691. Editions Fleuve Noir. Parution 4e trimestre 1975. 224 pages.

Réédition collection Anticipation N°1716. Editions Fleuve Noir. Parution 8ctobre 1989.

Réédition Collection Imaginaire. L’intégrale Cal de Ter volume 1. Editions Milady. Contient : Le rescapé de la Terre, Les bâtisseurs du Monde et La planète folle. Parution Mars 2012. 600 pages. Réédition du même en Poche, éditions Milady. Parution avril 2013. 480 pages.

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