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5 novembre 2019 2 05 /11 /novembre /2019 04:38

D’admirateurs ?

Yves DERMEZE : Lucette et ses millions.

Timide et rougissant, Jacques Dubreuil, jeune homme bien sous tout rapport physiquement, hèle Lucette qui vient de jouer au tennis et a oublié une de ses raquettes sur le terrain.

Il ne savait pas trop comment l’aborder et il est fort content d’avoir trouvé cette opportunité. Lucette est entourée de quelques jeunes gens, des admirateurs sans nul doute, dont le marquis Hugues de Marchal. Il est vrai que Lucette Vidal est la descendante d’une des plus grosses fortunes de France, et une barrière invisible se dresse en général devant les prétendants possibles mais désargentés.

A la faveur d’une partie de tennis en double, Jacques Dubreuil se lie avec Hugues de Marchal, ce qui lui permet d’être invité au bal du casino le soir même. Il danse avec Lucette, qui est un peu la reine de la soirée, et se présente comme le neveu d’Hervé Kerdrec, lequel dirige la banque Franco-Malgache. Coïncidence ? Le grand-père de Lucette est en relation d’affaires avec le banquier. Au cours des quelques danses que lui accorde la jeune fille, Jacques Dubreuil affirme qu’il ne peut rester longtemps dans cette ville d’eau, le travail l’appelant, et Lucette lui suggère peut-être de se retrouver dans la capitale. Elle est rougissante et ressent un certain malaise en sa présence. Serait-elle amoureuse ?

Cela ne l’empêche pas de partir comme prévu en croisière en Méditerranée, à bord de son yacht, le San Madre. Et justement le capitaine du yacht, Ludovic Hanson étant présent, elle lui présente le jeune homme. Bizarrement, l’ancien radiotélégraphiste du bord doit être remplacé par un certain Dubreuil. Il ne s’agit pas d’une homonymie patronymique. Jacques Dubreuil est bien celui qui est embauché comme radiotélégraphiste.

Mais sur le yacht, qui vogue en pleine mer, des incidents étranges se produisent, dont un vol de bijoux. Et Lucette s’étant renseignée, il apparait que Jacques Dubreuil n’est pas le neveu du banquier. Son nom est inconnu des effectifs. Alors, tout naturellement les soupçons se portent sur ce jeune homme bien sous tout rapport, en apparence !

 

Sous cette histoire d’amour se cache une intrigue policière plaisante. Les personnages sont bien campés et celui de Jacques Dubreuil assez ambigu prête à confusion. Mais l’auteur possède ses raisons pour le décrire ainsi.

On ne peut pas dire qu’il s’agit là d’un grand Dermèze, et ceci indépendamment du nombre de pages, mais cela se lit facilement au retour du travail, entre deux stations de métro. Ce qui était le but de ces petits fascicules : procurer un moment de détente à moindre frais entre deux soucis.

Cette collection ainsi que la collection Haute Police, du même éditeur, furent alimentées principalement par Yves Dazergues sous ses différents pseudonymes, Serge Marèges, Paul Mystère, Steve Evans et même sous son véritable patronyme de Paul Bérato. Mais on retrouve également la signature de Max-André Dazergues sous différents alias.

A noter que la quatrième de couverture proposait le début du prochain roman à paraître. Pour ce numéro, il s’agit de La noblesse d’aimer de Max-André Dazergues justement.

 

Yves DERMEZE : Lucette et ses millions. Collection Amour et Charme N°17. Editions Diderot. Parution juillet 1945. 20 pages.

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20 octobre 2019 7 20 /10 /octobre /2019 06:56

Et ils se cachent pour mourir ?

Frédéric DARD : Puisque les oiseaux meurent

Tranquillement installé dans son jardin, allongé sur une chaise longue, offrant au soleil de juin son visage, Laurent s’abandonne à laisser ses idées vagabonder. Il écoute les oiseaux pépier, piailler, chanter, s’ébrouer dans les ramures des arbres.

Il est tiré de son inconscience par Martine, sa maîtresse en titre, qui va passer quelques jours avec lui à Villennes, en banlieue parisienne. Lucienne, la femme de Laurent, une chanteuse aux nombreux succès discographiques, est en tournée et donc Laurent peut bénéficier d’une paix conjugale relative. Elle ne l’a jamais sermonné, mais il pense qu’elle sait qu’il a connu plusieurs liaisons après leur mariage. Comme une entente tacite.

Le téléphone sonne. Il pleure même. La gendarmerie de Lisieux annonce à Laurent que sa femme Lucienne Cassandre vient d’avoir un accident. Elle a été transportée à la clinique Sainte Thérèse. Le mieux serait que Laurent se rende sur place. Dernière petite précision : le monsieur qui l’accompagnait est décédé.

Laurent se rend à Lisieux où il obtient auprès d’un gendarme des précisions complémentaires. Et surtout de la part du chirurgien de la clinique qui lui révèle que sa femme a été touchée au foie et qu’elle est en sursit. Deux ou trois jours peut-être. Au téléphone, Bardin, l’imprésario de la chanteuse, signale qu’elle n’avait aucun gala de prévu. Ni à Angers ni à Caen.

Martine a accompagné Laurent à Lisieux et elle rentre à Villennes en tant qu’aide-soignante de la blessée. Le temps que Laurent, muni du nom du défunt, se rende près de Caen où l’homme était propriétaire d’un haras. Le père confirme que Lucienne venait assez régulièrement. Et il retrouve même posé sur un meuble un objet appartenant à sa femme.

Puis il rentre chez lui. Il est intrigué par le manège d’un oiseau, un verdier qui s’introduit dans la chambre conjugale où repose la survivante. La jalousie le taraude et il découvre qu’il aimait sa femme. Il en veut à Martine de rester à ses côtés et dans le même temps, il est content qu’elle le soutienne dans son malheur.

Seulement Lucienne, qui émerge tout doucement de son coma, ne veut pas que Laurent chasse ce volatile. Elle l’appelle même Doudou, diminutif du prénom de son amant supposé, Edouard. Pourtant elle nie avoir eu des relations avec le propriétaire du haras, avouant toutefois l’avoir rencontré afin d’acheter un cheval pour son mari.

 

La première partie de ce roman est consacrée à l’arrivée de Martine, l’annonce de l’accident de Lucienne puis aux différentes démarches effectuées par Laurent mais surtout pourrait être catalogué comme un roman sentimental. La seconde partie, au contraire, s’ancre dans un registre fantastique avec la présence de cet oiseau qui envahit la chambre et perturbe Laurent.

Mais cette perturbation n’est-elle pas engendrée par la jalousie ressentie par Laurent avec l’annonce de la mort du passager dans la voiture. Laurent est persuadé que Lucienne le trompait alors que lui ne s’est jamais gêné pour donner des coups de canif dans le contrat de mariage.

Une disposition de l’esprit favorable à des interprétations qui ne sont que des fabulations ? Reporte-t-il sur cet oiseau qui l’importune cette jalousie et ne se forge-t-il pas des idées sur une relation qui serait inexistante ?

Soin est donné au lecteur de bâtir sa propre conception de ses quelques heures au cours desquelles Lucienne sort de son coma et tient tête à son mari, défendant la présence de Doudou, alors que lui est perturbé et s’adonne à la boisson.

Le remords le ronge-t-il vraiment ou n’est-ce qu’un excès de jalousie lui insufflant des pensées négatives ?

 

Première édition : Collection Spécial Police N°241. Parution 1960.

Première édition : Collection Spécial Police N°241. Parution 1960.

Réédition Presses Pocket N°799. Parution 15 octobre 1970.

Réédition Presses Pocket N°799. Parution 15 octobre 1970.

Frédéric DARD : Puisque les oiseaux meurent. Editions Pocket. Parution 10 octobre 2019. 192 pages. 6,70€.

ISBN : 978-2266296663

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20 octobre 2019 7 20 /10 /octobre /2019 06:56

Et ils se cachent pour mourir ?

Frédéric DARD : Puisque les oiseaux meurent

Tranquillement installé dans son jardin, allongé sur une chaise longue, offrant au soleil de juin son visage, Laurent s’abandonne à laisser ses idées vagabonder. Il écoute les oiseaux pépier, piailler, chanter, s’ébrouer dans les ramures des arbres.

Il est tiré de son inconscience par Martine, sa maîtresse en titre, qui va passer quelques jours avec lui à Villennes, en banlieue parisienne. Lucienne, la femme de Laurent, une chanteuse aux nombreux succès discographiques, est en tournée et donc Laurent peut bénéficier d’une paix conjugale relative. Elle ne l’a jamais sermonné, mais il pense qu’elle sait qu’il a connu plusieurs liaisons après leur mariage. Comme une entente tacite.

Le téléphone sonne. Il pleure même. La gendarmerie de Lisieux annonce à Laurent que sa femme Lucienne Cassandre vient d’avoir un accident. Elle a été transportée à la clinique Sainte Thérèse. Le mieux serait que Laurent se rende sur place. Dernière petite précision : le monsieur qui l’accompagnait est décédé.

Laurent se rend à Lisieux où il obtient auprès d’un gendarme des précisions complémentaires. Et surtout de la part du chirurgien de la clinique qui lui révèle que sa femme a été touchée au foie et qu’elle est en sursit. Deux ou trois jours peut-être. Au téléphone, Bardin, l’imprésario de la chanteuse, signale qu’elle n’avait aucun gala de prévu. Ni à Angers ni à Caen.

Martine a accompagné Laurent à Lisieux et elle rentre à Villennes en tant qu’aide-soignante de la blessée. Le temps que Laurent, muni du nom du défunt, se rende près de Caen où l’homme était propriétaire d’un haras. Le père confirme que Lucienne venait assez régulièrement. Et il retrouve même posé sur un meuble un objet appartenant à sa femme.

Puis il rentre chez lui. Il est intrigué par le manège d’un oiseau, un verdier qui s’introduit dans la chambre conjugale où repose la survivante. La jalousie le taraude et il découvre qu’il aimait sa femme. Il en veut à Martine de rester à ses côtés et dans le même temps, il est content qu’elle le soutienne dans son malheur.

Seulement Lucienne, qui émerge tout doucement de son coma, ne veut pas que Laurent chasse ce volatile. Elle l’appelle même Doudou, diminutif du prénom de son amant supposé, Edouard. Pourtant elle nie avoir eu des relations avec le propriétaire du haras, avouant toutefois l’avoir rencontré afin d’acheter un cheval pour son mari.

 

La première partie de ce roman est consacrée à l’arrivée de Martine, l’annonce de l’accident de Lucienne puis aux différentes démarches effectuées par Laurent mais surtout pourrait être catalogué comme un roman sentimental. La seconde partie, au contraire, s’ancre dans un registre fantastique avec la présence de cet oiseau qui envahit la chambre et perturbe Laurent.

Mais cette perturbation n’est-elle pas engendrée par la jalousie ressentie par Laurent avec l’annonce de la mort du passager dans la voiture. Laurent est persuadé que Lucienne le trompait alors que lui ne s’est jamais gêné pour donner des coups de canif dans le contrat de mariage.

Une disposition de l’esprit favorable à des interprétations qui ne sont que des fabulations ? Reporte-t-il sur cet oiseau qui l’importune cette jalousie et ne se forge-t-il pas des idées sur une relation qui serait inexistante ?

Soin est donné au lecteur de bâtir sa propre conception de ses quelques heures au cours desquelles Lucienne sort de son coma et tient tête à son mari, défendant la présence de Doudou, alors que lui est perturbé et s’adonne à la boisson.

Le remords le ronge-t-il vraiment ou n’est-ce qu’un excès de jalousie lui insufflant des pensées négatives ?

 

Première édition : Collection Spécial Police N°241. Parution 1960.

Première édition : Collection Spécial Police N°241. Parution 1960.

Réédition Presses Pocket N°799. Parution 15 octobre 1970.

Réédition Presses Pocket N°799. Parution 15 octobre 1970.

Frédéric DARD : Puisque les oiseaux meurent. Editions Pocket. Parution 10 octobre 2019. 192 pages. 6,70€.

ISBN : 978-2266296663

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13 octobre 2019 7 13 /10 /octobre /2019 04:11

Dans le ghetto de Lisbonne…

Jean-Marie PALACH : La bataille de Mocambo.

En cette fin du mois de juin 1712, le Pombal, le navire au bord duquel s’est embarqué Loïc dit Sabre d’or, est en vue de Lisbonne. Le jeune marin espère rejoindre sa promise, Amalia, la fille de l’amiral Azevedo, qui fêtera ses seize ans le 31 juillet. Il espère surtout arriver avant le mariage, arrangé, de celle qu’il aime avec un noble Anglais, Thomas Howard, duc de Norfolk et neveu d’Anne, reine de Grande-Bretagne et d’Irlande, et faire capoter cette union.

Il a voyagé comme marin, prétendant se nommer Rodrigo et être natif de Faro, d’une mère portugaise dont le grand-père était Hollandais. Il lui faut bien justifier ce nom lusitanien avec ses cheveux blonds et ses yeux verts. Grâce à son ami Antonio, il pourrait trouver un logement chez le maître d’équipage auquel il a sauvé la vie, mais il préfère se rendre chez les frères Costa, les oncles de Carmelita. Il a connu Carmelita à Rio de Janeiro et elle lui a remis une lettre d’introduction pour les patrons de l’auberge du Nouveau Monde.

Après discussions, les deux aubergistes acceptent de loger Loïc dans une petite dépendance, au fond de la cour. En contrepartie ils exigent qu’il serve en salle, travail auquel le jeune garçon était habitué dans l’estaminet de sa mère surnommé La Belle Marquise. Les deux frères sont très proches de leurs reis, l’argent portugais, et Loïc, ne voulant pas se dévoiler, affirme être démuni. Ils possèdent une trentaine d’esclaves africains qu’ils louent principalement comme porteurs d’eau pour les notables des hauts quartiers.

Loïc fait la connaissance de Violette, l’une des esclaves, une jeune femme magnifique, mère d’un petit Luis, qui travaille plus que les autres esclaves car elle n’a jamais voulu céder à leurs avances. Elle lui narre ses aventures et surtout ses mésaventures et comment elle, qui est instruite, est arrivée entre les pattes des frères Costa.

Il devient également l’ami de Gustavo, un ancien capitaine qui ne peut plus naviguer et passe ses journées attablé dans l’auberge. Ainsi que de Michele Durafore, qui se dit Portugais, mais est Français comme lui. Les deux compatriotes en arrivent à échanger des confidences gardant toutefois vers eux quelques secrets.

Si Loïc se fait des amis, il se fait également des ennemis notamment avec Bernardo le brutal responsable des esclaves. Lors d’une journée où Loïc l’accompagne encadrant les porteurs d’eau, à la demande expresse des frères Costa, il vient à la rescousse d’un des esclaves. Et il prend aussi la défense de Violette qui manque trébucher.

Mais les jours passent et la journée fatidique approche. Il parvient à s’infiltrer dans le château d’Azevedo, espérant pouvoir communiquer avec Amalia. Caché derrière des tentures, il surprend Azevedo et deux autres hauts militaires complotant contre le Roi Jean V, dit le Magnanime. Il est découvert, parvient à échapper aux sbires lancés sur sa trace et rentre à l’auberge. Seulement les soldats ne sont pas longtemps sans découvrir sa cache et Violette l’emmène dans le Mocambo, le quartier réservé aux Noirs, esclaves affranchis ou en fuite, un territoire sur lequel règne la Princesse Yennenga, une vieille femme noire encore belle et dont l’aura sur ses sujets ne souffre d’aucune contestation.

Loïc est recherché mais sa popularité grandit parmi la population, malgré les mensonges éhontés qui sont propagés par Azevedo et sa clique. Le roi, qui est un peu falot et s’en remet volontiers à ses généraux, ordonne la destruction du quartier de Mocambo. La vie de Loïc, Violette, la Prince Yennega et tous les Noirs qui vivent dans cette enclave, ne tient qu’à un fil.

 

La bataille de Mocambo est un roman d’aventures à prédominance historique et didactique, destiné à l’édification des adolescents, mais pas que. Bien des adultes pourraient en tirer profit, à moins d’être obtus dans leurs convictions négatives.

Ce roman dénonce les conditions d’exploitation des esclaves noirs africains au XVIIIe siècle au Portugal, des conditions précaires mais ce pays n’était pas le seul à se montrer aussi dur. Bien d’autres pays, dont la France, se conduisaient ainsi, de manière indigne.

Il est bon parfois de rappeler ce qu’il se passait afin de comprendre les réticences, voire le ressentiment, de certains peuples vis-à-vis des Européens et de leur méfiance.

Un roman humaniste donc mais dont l’épilogue est apparenté à un conte merveilleux, sans les fées, dont on sait que la fin, en général, se termine bien. Presque toujours.

Ce roman clôt la saga de Loïc dit Sabre d’or et c’est dommage. J’aurais bien lu d’autres aventures de ce marin intrépide et attachant, même si parfois, par ses actions d’éclat, il se montre un peu à l’égal d’un super héros, un peu à la manière de Michel Zevaco dans ses feuilletons historiques, notamment la saga des Pardaillan.

 

Jean-Marie PALACH : La bataille de Mocambo. Les aventures de Loïc le corsaire tome 4. Editions du Volcan. Parution le 8 octobre 2019. 228 pages. 12,00€.

ISBN : 979-1097339173

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30 septembre 2019 1 30 /09 /septembre /2019 04:25

Ah ces mariages arrangés qui n’arrangent personne, ou presque !

Rachelle EDWARDS : La mésalliance

Devenu le cinquième marquis de Strafford, grâce ou à cause des décès accidentels de son père et de son frère, Justin Faversham se retrouve à la tête d’un héritage en déliquescence. Et il va devoir hypothéquer quelques biens afin de régler les dettes et factures en souffrance.

Ayant perdu sa mère tout jeune, il a été élevé par sa tante Henriette Faversham, tandis que son père et son frère, des noceurs, dilapidaient la fortune familiale dans des bouges et au jeu. Afin de se refaire une santé financière, il se trouve dans l’obligation de se séparer de quelques propriétés, dont le Prieuré de Strafford. Il est célibataire et sa tante lui souffle qu’il devrait se marier et lui indique le nom de quelques jeunes femmes qui pourraient lui convenir. Cependant, il courtise la belle Amelia Winch mariée à un riche noble beaucoup plus âgée qu’elle. Mais elle n’était pas la seule dans ce cas à cette époque, et il n’est pas interdit de penser que ce genre d’union hors lit conjugal perdure.

Justin, qui n’en vaut pas deux, est contacté par un acteur déchu, ayant contracté une maladie de peau lors d’une tournée, et père d’une adolescente miséreuse. Barrington signifie a Justin qu’il accepterait de lui rendre une dette de jeu contractée par son père et concernant le Prieuré s’il accepte d’épouser sa fille Valerie qui, à seize ans, n’en paraît que douze. Barrington préfère dépenser ses maigres subsides en liquides alcoolisés que la nourrir et lui offrir un logement décent.

Justin accepte ce marché qui est en réalité un chantage, et le mariage est célébré en petit comité. Puis aussitôt la cérémonie terminée, Justin emmène sa nouvelle épouse au Prieuré, et lui signifie que dès le lendemain il embarque pour le continent. Une mise au point qui se termine chacun dans ses draps, chacun dans sa chambre.

 

Deux ans plus tard, Justin retrouve à Paris Robert Parish qui fut son témoin à son mariage. Son ami lui précise que la chrysalide miteuse est devenue un papillon magnifique qui se rend régulièrement à Londres en compagnie de tante Henriette. Et que Valerie ne manque pas de prétendants dont un certain Hugh Goddard.

Jaloux, Justin revient à Londres et au Prieuré et ce qu’il voit confirme les dires de Robert. Valerie est devenue une véritable marquise et est fort courtisée. De plus elle s’est liée d’amitié avec Amelia Winch ce qui énerve Justin. Et la présence continuelle de Hugh Goddard près de Valerie, son empressement le taraude. Une gifle ressentie lorsque son épouse lui annonce qu’elle veut se marier avec ce joli-cœur qui, selon Justin, ne lui arrive pas à la cheville.

 

Cette histoire qui se déroule en 1780 est tout autant un roman de mœurs, d’amour, une étude de la société anglaise, et le portrait de deux personnages qui sont réunis à cause d’une dette de jeu alors que tout devrait les séparer.

Justin Faversham se montre arrogant, jaloux, autoritaire, orgueilleux et, en même temps, ce n’est qu’un homme fragile qui se donne une contenance afin de se prouver qu’il existe. Valerie a vécu dans des taudis depuis que sa mère est décédée et que son père s’est adonné au jeu et à la boisson. Elle se montre forte, mais ce n’est peut-être qu’une apparence trompeuse.

C’est l’opposition entre la noblesse et le monde des miséreux qui est ici décrite à travers deux personnages qui se montrent tout à tour attachants et maupiteux.

Tout sépare ces deux êtres et pourtant tout les relie. Il suffit juste d’un peu de compréhension, de discernement, de tolérance, d’adaptation vis-à-vis l’un de l’autre, mais le chemin est long à parcourir et il n’est pas sûr qu’ils parviennent à emprunter la bonne voie.

Malgré la présence d’un titre en anglais, il me semble que cet ouvrage soit l’œuvre d’un ou d’une romancière française. Pas de nom de traducteur, pas de copyright, sauf celui de Rachelle Edwards et Editions Mondiales 1976. De plus les quelques notes en fin de page ne comportent pas la mention Note du traducteur, comme il est de coutume lors de traduction. La Mésalliance est le seul roman de Rachelle Edwards au catalogue de la collection Modes de Paris et des autres collections des Editions Mondiales, c’est-à-dire Intimité, Nous Deux et Floralies.

Rachelle Edwards explore la psychologie de ses deux personnages principaux et l’on peut affirmer qu’elle n’en est pas à son premier roman. Donc il s’agit d’un auteur, probablement féminin, qui possède à son actif déjà plusieurs romans. Et, mais peut-être me trompé-je, je pense fortement à Françoise d’Eaubonne qui a écrit sous de nombreux pseudonymes dont celui de Nadine de Longueval au Fleuve Noir pour la collection Grands Romans et Présence des Femmes. Et elle a débuté en écriture sous des alias collectif comme Diego Michigan.

Rachelle EDWARDS : La mésalliance (An Unequal Match). Collection Modes de Paris N°78. Les Editions Mondiales. Parution 1er juillet 1976. 222 pages.

ISBN : 2707440787

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26 septembre 2019 4 26 /09 /septembre /2019 03:59

Elle atteint toujours son but…

Robert-Louis STEVENSON : La Flèche noire

Entre 1455, soit peu après la fin de la guerre de Cent ans, et 1485, deux clans royaux, le duc d’York et le duc de Lancastre, revendiquent la succession au trône et s’affrontent pour s’emparer de la couronne royale anglaise.

C’est dans ce contexte que nous faisons la connaissance du personnage principal de ce roman historique, Richard Shelton dit Dick. Âgé d’à peine dix-huit ans, il vit à Tunstall, et est le pupille de Sir Daniel Brackley. Ce jour là l’effervescence règne, les hommes d’arme sont sur les dents et leurs chevaux.

Une attaque se prépare et sir Daniel est momentanément absent. Or personne n’est capable de dire pour qui se bat sir Daniel. Pour Lancastre ou pour York ? Une véritable girouette qui tourne dans le sens du vent. Mais des outlaws, des hors-la-loi, se manifestent en envoyant des flèches et tuant les principaux proches de Sir Daniel. Les carreaux sont noirs et portent en suscription de la part de Jean Punit-Tout. Certains pensent qu’il s’agit d’une bande commandée par Ellis Duckworth, même si le déclare Benny Hatch :

La révolte ne vient jamais d’en bas, croyez-moi. Derrière le vilain qui brandit la hache, il y a toujours le noble qui le dirige.

 

Selon les rumeurs Sir Daniel et ses affidés, Sir Olivier, un ancien moine et quelques autres, seraient à l’origine de la mort par assassinat du père de Dick qui s’est donc retrouvé orphelin. Car sir Daniel désirait faire main basse sur l’héritage de Dick et il projette un mariage arrangé.

Pour l’heure, Dick est chargé d’une mission et il part en compagnie de quelques hommes d’arme munis d’arbalètes, d’arc et de haches. On n’est jamais trop armé. Il remet une lettre émanant de sir Olivier à Sir Daniel qui vitupère car une jeune fille Joanna ou un jeune garçon répondant au prénom de John, vient de s’enfuir à cheval.

Les embûches se dressent sur le chemin de Dick qui va faire la connaissance d’un jeune garçon, Jack Matcham âgé probablement de douze ans. Peut-être un peu plus, il est incapable de le définir. Ils vont toutefois pérégriner ensemble et leurs relations connait des hauts et des bas. Souvent Jack se rebiffe, à moins que ce soit Dick.

Leurs chemins se séparent puis vont se retrouver au hasard des événements, jusqu’au moment où Dick se rend compte que Jack est une jeune fille, qu’elle se prénomme Joanna, qu’elle était promise à un mariage fomenté par sir Daniel. Dick en tombe amoureux.

 

Il est dommage, même si ce roman est destiné aux jeunes de onze à quatorze ans, que le texte soit amputé, le rendant parfois incompréhensible. Les manques obèrent l’intrigue et le lecteur passe parfois d’un épisode à un autre avec le sentiment d’être frustré car une partie de l’histoire est occultée.

Ainsi alors que quelques mois se sont déroulés depuis le début de l’histoire, que Dick se trouve à Shoreby, un port non loin de Tunstall, mais en ce temps là la distance n’était pas ressentie de la même façon, à cause du temps mis à voyager, il doit échapper à des hommes en armes. Des partisans de Lancastre. Il parvient à embarquer à bord de La Bonne espérance, puis au chapitre suivant le navire subit un naufrage. Que s’est-il passé entre temps ? Le capitaine est souvent sous l’emprise de la boisson, mais tout n’est pas clair d’autant que le voici affublé d’un chien qui le suit partout alors qu’auparavant il n’était accompagné que d’un seul matelot, Tom.

Ceci n’est que l’une des nombreuses ellipses qui dénaturent quelque peu ce roman dont les épisodes s’enchainent comme les grains d’un chapelet. Toutefois, il est étonnant dans ce contexte que les scènes violentes, les pendaisons par exemple, subsistent alors qu’elles auraient pu être édulcorées.

L’édition de 1901, traduction de E. La Chesnais, à la Société du Mercure de France, comporte 384 pages.

Pour ceux qui désireraient lire cet ouvrage en entier, il leur est possible de le télécharger gratuitement et légalement sur le site Ebooks libres et gratuits dont l’adresse figure ci-dessous :

De Robert-Louis Stevenson, on peut également lire :

Robert-Louis STEVENSON : La Flèche noire (The Black Arrow: A Tale of the Two Roses – 1888. Traduction de H. Rouillard). Collection Bibliothèque Juventa. Editions Delagrave. Parution 24 novembre 1965. 160 pages.

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17 septembre 2019 2 17 /09 /septembre /2019 04:54

Toute la pluie tombe sur moi...

Michèle LESBRE : Ecoute la pluie.

Une station de métro, un vieil homme voûté en imperméable beige avec une canne qui lui sourit, puis alors que la rame longe les quais, cet inconnu saute sur les rails, tel un cabri.

La narratrice est choquée par cet incident, ce suicide en direct et elle ressort de la station alors qu’elle doit prendre un train pour rejoindre son amant épisodique à leur lieu de rendez-vous habituel, l’hôtel des Embruns.

Déboussolée, elle vaque dans les rues, accroche son regard à une vitrine, est tentée par une robe verte, qu’elle achète, puis oublie sur un banc. Elle rentre chez elle, ressasse ce qu’elle a vu, retourne vers le banc, mais naturellement le sac contenant son emplette a disparu.

Elle revient chez elle. Le témoin lumineux de son répondeur téléphonique clignote, mais elle n’écoute pas le message. Elle se décide à appeler l’hôtel afin de prévenir l’aubergiste de sa défection momentanée, se promettant de prendre la train du matin suivant.

Elle ne peut dormir, remâche ses souvenirs, se souvenant des déplacements effectués avec son amant photographe, de leurs voyages à l’étranger, de leurs ruptures provoquées par leurs déplacements, leurs séjours à l’hôtel des Embruns ou ailleurs, tout un flot de réminiscences qui l’obsèdent.

Puis elle ressort, se rend au commissariat, seulement pour se présenter comme témoin de la chute volontaire du vieillard, et parcourt la ville alors que la pluie tombe.

 

Une déambulation dans les souvenirs et dans la ville (C’est beau une ville la nuit…), que la narratrice narre à son amant absent, un monologue qui prend des chemins détournés, voguant entre présent et passé, entre cet épisode auquel elle a assisté sans pouvoir influer sur le cours des événements, et ses rencontres avec amant qui ponctuent son passé et qui l’attend peut-être impatiemment.

Un court roman intimiste, dense et bouleversant selon la quatrième de couverture, puissant, réaliste, si réaliste que l’on est à même de se demander s’il ne s’agit pas d’une histoire vécue.

Ou que l’on se forge en regardant autour de soi, sur un quai de métro en attendant la rame. Et en se projetant, mentalement, sur des possibilités de distorsion de l’histoire, d’un dénouement qui probablement ne se produira jamais, d’un destin qui ne peut être contrarié.

 

Première édition : Sabine Wespieser Editeur. Parution 7 février 2013.

Première édition : Sabine Wespieser Editeur. Parution 7 février 2013.

Michèle LESBRE : Ecoute la pluie. Collection Folio 5773. Editions Gallimard. Parution le 13 mai 2014. 112 pages. 6,20€.

Première édition : Sabine Wespieser Editeur. Parution 7 février 2013.

ISBN : 978-2070454426

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9 septembre 2019 1 09 /09 /septembre /2019 04:28

Un polygraphe protéiforme !

Max-André DAZERGUES : L’homme de sa vie.

Les langues tricotent plus vite que les aiguilles assemblent les chapeaux dans l’atelier de la modiste renommée Maryjo.

D’habitude les petites mains s’échangent confessions et rires tout en travaillant, mais ce jour-là, Georgette Merlieux est triste. Elle vient de recevoir un pneu (ah, le bon vieux temps où l’on pouvait recevoir du courrier une heure après son envoi !) émanant de son ami Robert. Le jeune homme, qui pourtant semblait épris de la jeune fille de vingt ans lui signifie qu’il doit partir en voyage et qu’elle doit oublier les quinze jours de rêve qu’ils ont vécu ensemble.

Ses collègues sont tout autant attristées qu’elle. Elles voyaient tous les soirs Robert venir chercher Georgette avec sa voiture verte si reconnaissable. Elle l’avait connu alors qu’il se promenait à bord de son véhicule et qu’il l’avait abordée dans le Bois de Boulogne, revenant de livrer un chapeau. A cette époque, ce Bois n’avait pas la réputation qu’il possède aujourd’hui, mais était un lieu de promenade fort prisé. Et il l’avait raccompagnée jusque chez Maryjo rue de Rivoli. Puis ils avaient bu ensemble un apéritif à la terrasse d’un café et il l’avait conduite chez ses parents, à Georgette, à Courbevoie.

C’est comme ça que se font des rencontres mais hélas celle-ci n’aura pas de suite. Robert Charmeuses, eh oui c’est son nom, qui se prétendait représentant, vient de la plaquer. Sans préavis. Mais cela ne se passera pas comme ça se dit-elle, se confiant à ses camarades d’atelier. Et d’ailleurs, puisque le lendemain c’est samedi et qu’elle ne travaille pas, elle se rendra chez lui à Neuilly. En effet elle avait vu son nom et son adresse sur sa plaque de l’auto en soulevant le médaillon de Saint-Christophe.

Le lendemain donc, elle se rend à Neuilly, mais un domestique lui affirme que Robert n’est pas là. Bientôt cette nouvelle est confirmée par une jeune femme blonde, peu amène. Georgette voit passer une silhouette et elle qu’il s’agit de Robert qui se défile. Elle l’appelle mais en vain. Peu après comme elle déambule dans le quartier des Ternes, elle aperçoit la voiture verte de Robert. Le moteur est allumé et elle s’engouffre dedans en essayant de ne pas se faire remarquer. Le véhicule est stationné près d’une bijouterie qui vient d’ouvrir et est fort illuminée. Un couple en sort et elle reconnait la jeune femme blonde. Mais elle ne peut distinguer les traits de son compagnon qui s’installe au volant. La jeune femme blonde la voyant lui pose sur le nez un mouchoir imbibé de chloroforme.

Bonne nuit Georgette qui se réveille dans la cave d’une maison isolée en pleine forêt. Le lundi matin, ses compagnes d’atelier sont fort étonnées de constater son absence.

 

Un bon petit roman policier et d’amour écrit par un romancier soucieux de plaire à ses lecteurs en leur proposant des histoires simples et attrayantes. Le suspense est fort bien mené et entretenu tout au long du récit.

Naturellement, ce court roman est ancré dans son époque, et de nos jours certaines scènes, certains détails seraient gommés. Mais il est à remarquer que la publicité effectuée par le magasin, un stratagème toujours d’actualité, sera nuisible et favorisera justement le hold-up effectué par le couple. Ou plutôt la manipulation digne d’un prestidigitateur en s’emparant des bijoux que ce couple est venu soi-disant acquérir.

De nos jours, un romancier pourrait fort bien adapter ce roman, l’allonger d’une bonne centaine de pages en y incluant scènes de violence, de sexe, d’objets technologique mais pas trop, avec en prime quelques cadavres et vulgarités, et cela ferait le bonheur de ceux qui cherchent des sensations fortes.

Mais Max-André Dazergues ne mangeait pas de ce pain frelaté et c’est pour cela, justement, que certains trouveraient cette histoire manquant de vécu et de profondeur. Chacun ses goûts, je respecte les miens en relisant Max-André Dazergues !

 

Enfant du peuple, Georgette Merlieux en possédait les qualités innées, parmi lesquelles dominait une foncière honnêteté.

Max-André DAZERGUES : L’homme de sa vie. Illustrations de Roger Roux. Collection Crinoline N°17. Editions du Puits-Pelu. Parution 1946. 96 pages.

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27 août 2019 2 27 /08 /août /2019 04:45

En Normandie, une pouque, c’est une poche, un pochon, un sac de jute. Rien à voir…

Rodolphe BRINGER : Le crime de mademoiselle Pouque.

A trente-deux ans, Céline Pouque n’est toujours pas mariée. Elle n’est ni laide ni jolie, banale en quelque sorte. Mais elle n’a pas trouvé chaussure à son pied. Pourtant elle est généreuse et bonne. Pour preuve, elle ménage les insectes dont les araignées (ce n’est pas moi mais l’auteur qui affirme que les araignées sont des insectes) et cela lui ferait mal au cœur d’en écraser.

Elle avait un tel amour de la vie qu’elle la respectait même chez les bêtes les plus nuisibles. Elle n’eut jamais osé tuer une araignée, quelle que fut l’aversion qu’elle avait pour ces sales bêtes. Elle se disait que ces insectes, sans doute, avaient leurs joies comme les humains et qu’il était mal des les en priver. De plus, qui sait si l’araignée que vous écrasez n’a pas une famille qui attend après elle et qui sera désespérée de ne pas la voir revenir au logis.

Elle a été un temps enseignante en latin et grec dans un pensionnat religieux d’Avignon, étant devenue devenue orpheline de bonne heure, mais grâce à des héritages fort bien venus, elle a donné sa démission et depuis vit de ses rentes.

Pour autant elle ne néglige pas les sorties et rencontres. C’est ainsi qu’un soir elle fait la connaissance de Léonard Foulat, substitut du tribunal. Un quadragénaire portant beau. Elle est favorablement impressionnée par cet homme et réciproquement. Seulement, elle est aisée tandis que lui… Il l’est aussi, donc pas de frein à un éventuel mariage.

Hélas, lors d’un repas, Foulat narre aux participants comment il a envoyé à la guillotine un garçon de ferme convaincu d’assassinat. Et il insiste sur les détails dont les dernières minutes du condamné. Il n’en faut pas plus pour que Cécile Pouque rompe leurs fiançailles. Dépitée, elle se retire dans une villa, une partie de l’héritage, à Lapalud.

Son ancien locataire, un quinquagénaire célibataire, lui fait une petite visite de courtoisie, lui signalant qu’il est entomologiste et qu’il aimerait lui montrer sa collection. Lacune de mademoiselle Pouque, elle ne sait pas ce qu’est un entomologiste. Donc elle va satisfaire sa curiosité naturelle, et comme il ne lui a pas proposé de lorgner des estampes japonaises, l’honneur est sauf.

Mais pas sa dignité car lorsqu’elle découvre des vitrines emplies de planches sur lesquelles sont cloués des insectes de toutes espèces, elle rompt avec ce voisin meurtrier.

Pourtant, elle-même va commettre un crime. D’où le titre du roman. En effet, un soir elle aperçoit un chapeau, et sous ce chapeau, un homme qui tente de s’introduire chez elle en franchissant le muret qui entoure son jardin. Impulsive, elle se munit d’un revolver qu’elle a découvert dans un secrétaire, et elle tire. Elle vient de tuer un homme.

 

Le crime de mademoiselle Pouque est un conte charmant, écrit d’une plume élégante, dans lequel il réside un certain humour, surtout dans la chute.

On remarquera quand même, que, intentionnellement ou non, Céline Pouque est quelque peu naïve, malgré son statut d’ancienne, mais jeune, enseignante. D’ailleurs si elle est devenue professeur dans un pensionnat pour jeunes filles, c’est surtout par besoin, et que, lorsqu’elle hérite dans des conditions dramatiques pour elle, elle n’hésite pas à abandonner le professorat. Elle n’avait pas la vocation.

Le premier soin de Céline Pouque, quand elle se vit à la tête d’un si joli revenu, fut de donner sa démission de professeur. Décidément, ce métier ne lui plaisait point. Ennuyer de braves petites filles en leur enseignant tout un fatras qu’elle-même avait appris avec tant de peine, était au dessus de ses forces ! Elle acceptait très bien que ses élèves ne l’écoutassent point car elle estimait que ce qu’elle tâchait de leur apprendre était sans la moindre importance ou utilité. Bref, elle n’avait pas la foi et n’exerçait son métier que pour gagner son pain quotidien.

Il est dommage que l’illustrateur dévoile quelque peu un épisode crucial de l’intrigue.

 

Rodolphe Bringer, de son véritable patronyme Rodolphe Béranger, est né à Mondragon le 4 mars 1871 et décédé à Pierrelatte le 3 mai 1943. Il fut journaliste et écrivain, produisant un grand nombre de petits romans policiers ou pour la jeunesse. De nos jours il est oublié, ce qui est, à mon avis, fort dommage. Mais c’est le sort de nombreux romanciers dits populaires de cette époque.

Rodolphe BRINGER : Le crime de mademoiselle Pouque. Les romans du cœur N°123. Editions Rouff. Parution 1941. 32 pages.

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26 août 2019 1 26 /08 /août /2019 04:19

Vous voulez lire du roman ? Lisez donc de l’histoire. Guizot.

Alexandre DUMAS : La fille du marquis.

Le 7 juin 1793, deux voitures à cheval sortent de Paris par la barrière de la Villette. Tout autant les entrées que les sorties sont soigneusement vérifiées, mais celui qui présente les papiers se fait rapidement reconnaitre et les hommes du poste ne font aucune difficulté à le laisser passer ainsi que ses compagnons.

Ce personnage est important. Il est connu sous le nom de monsieur de Paris. Sa fonction : bourreau. Parmi ses compagnons, un certain Léon Milcent qui doit rejoindre les volontaires en Champagne puis à Sarrelouis. Mais ce Léon Milcent n’est autre que Jacques Mérey, héros du précédent volume Le Docteur Mystérieux, qui est proscrit.

Jacques Merey, alias Léon Milcent se prétend sergent et c’est à la tête de volontaires qu’il se dirige vers Sainte-Menehould puis il se rend sur son ancien domaine à la frontière avec le Luxembourg puis à Trèves où il se présente comme proscrit. Il obtient de la part du bourgmestre un passeport pour se rendre à Vienne. Dans sa poche une lettre d’Eva, le nom qu’il a donné à Hélène de Chazelay, dans laquelle la jeune fille donne son adresse. Cette missive ne lui était pas adressée mais au Marquis de Chazelay, son père.

C’est la seule lettre qu’il possède mais elle figurait dans le dossier du marquis qui émigré est décédé. Jacques Merey n’a jamais reçu personnellement de courrier de la part d’Eva. Ce qui le chagrine fort. Et lorsqu’il arrive au domicile d’Eva, c’est pour apprendre qu’elle est partie depuis quelques jours. La tante qui la gardait, une vieille fille acariâtre et despotique venant de décéder. Alors n’ayant plus aucun but, et ignorant qu’Eva lui avait adressé de nombreuses lettres mais que celles-ci avaient été subtilisées par la tante et donc n’étaient jamais parvenues à leur destinataire.

Il décide dont de partir pour l’Amérique et revient quelques années plus tard. Le 19 février 1976 (le 30 pluviôse an IV) Jacques Merey assiste à une représentation de Pygmalion et Galatée donnée à l’occasion de la réouverture du théâtre Louvois. Il reconnait dans la loge de Barras, son Eva, et son sang ne fait qu’un tour. Malgré les supplications d’Eva il se détourne de la jeune fille qui ne peut placer un mot d’explications. Il a récupéré à Mayence les papiers du Marquis de Chazelay, dont une lettre de celui-ci autorisant le mariage de sa fille avec l’homme qui l’avait sauvée et éduquée.

Malgré cette lettre et les déclarations d’amour d’Eva, Jacques Merey se montre toujours froid et distant. Il n’a pas apprécié la voir en compagnie de Barras, réputé pour être un homme volage, accumulant les succès. Alors elle tente de se suicider en se jetant du pont des Tuileries mais n’écoutant que son cœur il la sauve de la noyade. Lors de la conversation, ou des explications qui s’ensuivent, Jacques Merey promet que les biens d’Hélène de Chazelay, alias Eva, seront soit vendus soit seront aménagés pour devenir un lieu d’accueil pour malades et pauvres. Eva désire retourner dans la petite maison d’Argenton et elle lui confie un manuscrit qu’elle a rédigé lors des événements qui ont suivi sa séparation d’avec le docteur et ses pérégrinations.

 

Ce manuscrit, qui débute le 14 août 1792, relate en plus de trois-cents pages les terribles épisodes de la Terreur et comment Eva parvint à échapper à la guillotine alors qu’elle aspirait de toutes ses forces à participer à un contingent de condamnés à mort.

De l’assassinat de Marat, puis sa rencontre avec Danton, son amitié lors de son emprisonnement à La Force avec Thérésia Cabarrus, la maîtresse de Tallien, ainsi qu’avec Joséphine Tascher de la Pagerie plus connus sous le nom de Joséphine de Beauharnais, la mort de Danton, puis celle de Robespierre dont elle n’est pas étrangère, c’est toute une page d’histoire qui défile devant les yeux du docteur Jacques Mérey.

Il découvre des pans de la vie quotidienne à Paris lors de cette période trouble et sanglante. Mais ces pages sont empreintes de la déclaration d’amour d’Eva à son encontre, des sentiments qu’elle confie à ces pages intimes.

Roman historique, avec les approximations de Dumas, ou celles des différents historiens qui se succédèrent pour décrire cette époque, chacun interprétant à sa façon, selon ses sentiments, les engagements des révolutionnaires, La fille du marquis est également un formidable roman d’amour.

Il est à noter qu’à cette époque, l’âge des jeunes filles n’était pas un frein à l’amour. En effet Eva, n’a que seize ou dix-sept ans, l’auteur se mélangeant parfois quelque peu les pédales dans le manuscrit, et pourtant ceci n’est pas un frein à l’amour qu’elle porte au docteur. Lui-même, malgré sa retenue entretenue par une jalousie consécutive à des interprétations erronées de sa part sur les agissements d’Eva, des malentendus, est amoureux mais il renie cet amour à cause de faits qu’il impute à la jeune fille alors qu’elle n’a jamais batifolé, au contraire de Thérésia Tallien, Joséphine de Beauharnais et bien d’autres, durant la période qui suivit la Terreur et fut synonyme de débauches.

 

Malgré des dialogues parfois grandiloquents, ce roman possède la force de narration et d’évocation dont Dumas se montrera le principal feuilletoniste du XIXe siècle. Ce qui semblerait aujourd’hui inconvenant, cet amour d’une gamine de seize ou dix-sept ans, est une oasis de fraîcheur dans une période trouble.

Les deux romans Le docteur Mystérieux et La fille du marquis constituent un ensemble connu également sous le titre Création et rédemption.

Contrairement à ce que j’affirmais dans mon article sur Le docteur mystérieux, le volume d’Archipoche ne comporte pas 240 pages, mais bien environ 500. Une fois encore je me suis laissé abuser par Amazon qui parfois induit dans l’erreur le visiteur de cette fausse librairie.

 

Réédition Archipoche. Parution 7 janvier 2015. 500 pages. 7,65€.

Réédition Archipoche. Parution 7 janvier 2015. 500 pages. 7,65€.

Alexandre DUMAS : La fille du marquis. Collection Bibliothèque Marabout géant N°261. Editions Gérard et Cie. Parution octobre 1966. 512 pages.

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