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17 janvier 2020 5 17 /01 /janvier /2020 05:08

O Corse île d'amour
Pays où j'ai vu le jour
J'aime tes frais rivages
Et ton maquis sauvage…

Gustave GAILHARD : La fille du bandit.

Le petit village de Campolino, sis quelque part dans un coin perdu de l’île de Beauté, est en deuil.

Gelcomina Malati vient de décéder et les pleureuses se tiennent autour du cercueil, égrenant leurs lamentations et leurs souvenirs. Un homme regarde discrètement par la fenêtre. Parmi ceux qui se recueillent, Matteo Malati, son mari, maire de la commune, propriétaire de deux scieries. Et la fille Giovanna, réputée pour être la plus belle fleur du canton avec ses dix-huit printemps arborés fièrement.

Une vieille femme, ayant terminé son service de veille et de recueillement, sort de la maison en deuil. Elle est abordée par Nazarello, l’homme qui regardait à travers les carreaux. Il est en fuite depuis de longues années après avoir exécuté une vengeance. Le hors-la-loi demande à celle qu’il nomme Assunta et fut la mère de son ami, traitreusement assassiné et dont il vengé la mémoire, de déposer discrètement un scapulaire dans le cercueil de Gelcomina. Assunta accepte.

La célébration mortuaire se déroule sans incident notable. Matteo depuis ce décès est songeur tandis que Giovanna est réconfortée par son ami de cœur, Paolino. Ils sont jeunes, ils s’aiment. Mais, malgré son statut de contremaître dans l’une des scieries de Matteo, il ne peut prétendre épouser Giovanna. En effet le père de la jeune fille préfère qu’elle se marie avec Enrico.

Et Enrico surprend les jeunes gens en plein conciliabule amoureux. Enrico est jaloux et il provoque Paolino avec son couteau. Le drame éclate. Enrico reste sur les pierrailles du maquis et Paolino est suspecté de meurtre alors qu’il ne s’agit que d’un malheureux accident.

Heureusement Nazarello le hors-la-loi veille au grain, mais pour autant Paolino sera-t-il disculpé et quel sera son avenir avec Giovanna ? Et qu’adviendra-t-il de Nazarello ?

 

Le titre de ce roman est assez ambigu car l’épilogue ne confirme pas ce que le lecteur pourrait attendre de cette affirmation. Comme si l’auteur ne désirait pas expliquer davantage ce qu’il sous-entendait au départ, ou comme s’il s’était rétracté.

Le personnage de Nazarello est présent comme une ombre furtive, fugitive, et pourtant il imprègne les esprits à cause de son passé d’assassin présumé.

Pour autant, qui n’est pas considérée comme un roman d’amour mais un roman dramatique, cette historiette est agréable à lire, nous plongeant dans le système d’une vendetta ancienne agrémentée d’une double histoire d’amour. Mais il est difficile d’en écrire plus, sauf à déflorer l’intrigue et l’épilogue.

Comme on n’est jamais si bien servi que par soi-même, il faut rappeler que Gustave Gailhard, auteur de fascicules et de romans chez Ferenczi, était en même temps directeur de collection chez le même éditeur. Pourtant il avait débuté chez Fayard et a fourni parallèlement des romans chez Tallandier.

Dans Panorama du roman historique, style et langage Éd.SODI, 1969, Gilles Nélod écrit : Gustave Gailhard, comme Albert Bonneau, a ouvert l’éventail des époques et des lieux. Ses romans, souvent longs, assez mal bâtis, cherchent les situations paroxystiques, les supplices atroces, les amours impossibles.

Ce n’est pas l’impression d’ensemble dénoncé par Gilles Nélod que reflète de ce roman, et peut-être faudrait-il lire d’autres romans pour se forger sa propre opinion. Mais le lecteur n’est pas obligé d’abonder dans le sens d’un critique littéraire, les goûts divergeant selon le lectorat, et il peut posséder sa propre sensibilité sans être obligé de suivre telle ou telle ligne imposée par un analyste.

 

Gustave GAILHARD : La fille du bandit. Le Petit Roman N°657. Editions Ferenczi. Parution le 2 juin 1938. 32 pages.

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13 janvier 2020 1 13 /01 /janvier /2020 05:55

Ma sorcière bien aimée !

Barbara CARTLAND : La sorcière aux yeux bleus

En ce début de printemps 1800, Oswin marquis d’Alridge s’ennuie. Il est riche, jeune, trente ans, ne comptabilise plus ses conquêtes, mais il s’ennuie.

Il est ami avec le Prince de Galles, un noceur, mais sa soirée chez madame Fitzherbert ou à la Fête de Vénus au Cloître, n’y font rien, il s’ennuie. Il décide alors de quitter Londres et de se rendre dans le domaine des Alridge, dans l’Essex, un comté réputé pour sa phobie des sorcières mais où il a été élevé étant jeune et adolescent, n’informant personne de son départ ni de son lieu de résidence.

Il jouait avec John Trydell, mais celui-ci est mort depuis une dizaine d’années. De même que le père, et il ne reste plus de cette famille que le cadet, Caspar, un gamin infect et qui n’a pas changé depuis. Il dilapide la fortune familiale, se rendant souvent à Londres afin de satisfaire sa passion du jeu. Son domaine en pâtit et ses serviteurs ne sont pas payés.

Alors qu’il approche de son domaine, Alridge aperçoit une cohorte de paysans traîner une jeune fille blessée et évanouie. Ils lui indiquent qu’il s’agit d’une sorcière et qu’ils vont la plonger dans la mare, comme c’est la coutume, attachée à une corde. Si elle coule, c’est qu’elle est innocente, et si au contraire, elle nage, c’est qu’elle est coupable.

Cette façon de procéder barbare d’une autre époque révolte le marquis qui l’emmène chez lui, au grand dam des paysans, puis de la plupart de ses serviteurs. Et il confie la jeune fille à Nanny, la vieille dame maintenant qui fut sa nourrice. Et il lui narre comment cette blessée a été découverte. Elle gisait sur une pierre, les Pierres des Druides, ensanglantée, blessée à la tête, et déposé sur son corps un coq mort au cou tordu.

Un coup tordu par le Marquis qui en détaillant les mains de celle qu’il a recueillie, est persuadé qu’elle n’aurait pas eu la force d’infliger un tel supplice au gallinacée. D’autant que ses mains ne possèdent aucune trace de sang. Grâce aux bons soins prodigués par Nanny, la jeune fille, supposée sorcière, se remet doucement. Seulement elle est devenue amnésique. Toutefois, en nettoyant ses habits, Nanny découvre un mouchoir de fine batiste, avec Idylla brodé dans un coin. Le prénom de celle qui n’est plus une inconnue.

 

Le marquis Oswin d’Alridge se promet d’enquêter sur les antécédents d’Idylla et pourquoi elle a ainsi été frappée. Nul doute qu’elle avait été déposée sur la Pierre des Druides, son agresseur pensant qu’elle était décédée de son coup à la tête puis simulant une mise en scène propice à ne pas la reconnaître.

Naturellement, il s’éprend de la belle brune aux yeux bleus, et les sentiments sont réciproques de la part d’Idylla. Il prend le temps de lire dans sa bibliothèque fournie, les ouvrages consacrés à la sorcellerie. Et il apprend de la part de son fidèle régisseur que la région est quelque peu agitée suite aux frasques de Caspar Trydell. Le marquis embauche certains des serviteurs de son voisin peu recommandable, les connaissant de longue date, et la description qu’ils font de Caspar n’est pas flatteuse. Le père était strict, sévère mais honnête, et John l’aîné était un bon camarade. Alors il suit de loin les événements.

Il fait venir de Londres des robes magnifiques afin de vêtir décemment Idylla, ils prennent leurs repas ensemble, la jeune fille s’apprivoisant à son contact, et la mémoire lui revient lorsque des individus tentent de l’enlever en grimpant à une échelle posée contre le balcon de sa chambre.

 

La romance amoureuse n’est qu’un lien qui pourrait sembler futile dans cette intrigue quelque peu policière mais qui est surtout l’occasion pour Barbara Cartland de décliner un roman historique dans une atmosphère propice à développer les superstitions.

En effet elle revient souvent dans des affaires de sorcellerie, empruntées à des légendes et des faits réels, qui se sont déroulées dans cette région de l’Essex surnommée la terre des sorcières. Les exemples ne manquent pas et le marquis vitupère contre les paysans obnubilés par des croyances mi-païennes, mi-religieuses. Il n’y a que des ignorants dans cette région et ils l’ont toujours été ! déclare sans ambages Nanny, alors qu’il s’insurge contre le paganisme, une manifestation qui pour lui est hors d’âge.

Et en lisant cette histoire d’amour, on ne peut s’empêchant de penser au film Titanic, et à ce lien qui unit un émigré Irlandais et une jeune bourgeoise. Histoire qui occulte quelque peu l’élément principal, le naufrage de ce navire lors de sa première traversée, sombrant dans les eaux avec cette rencontre avec un iceberg.

Une fois de plus, on se rend compte que les romans de Barbara Cartland étaient beaucoup plus profonds, plus psychologiques, que pouvaient penser quelques critiques, et s’inscrivaient dans la grande Histoire avec un aspect sociétal indéniable.

 

Les gens ne changent pas. Ils se contentent de vieillir.

 

Barbara CARTLAND : La sorcière aux yeux bleus (The blue-eyed Witch – 1976. Traduction de Monique Ties). Collection J’ai Lu N°1042. 192 pages. Parution 18 mars 1980.

ISBN : 2277214020

Première édition : Editions de Trévise. 1977

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12 janvier 2020 7 12 /01 /janvier /2020 05:11

Attention au naufrage !

Max-André DAZERGUES : La barque d’amour.

Béatement allongés sur le sable, Yves KHerdan, marin pêcheur, et Anne-Marie, fille de pêcheur, devisent tranquillement de l’avenir. Ils sont amoureux et théoriquement, si tout va bien, ils vont se marier. Le soir, ils vont en mer à bord de l’Amphitrite, la frêle embarcation d’Yves, et ils passent le temps en déclarant leur amour et en s’embrassant.

Ils ont vingt ans, tout l’avenir est devant eux, ainsi qu’un peintre qui va changer leur destinée. En effet, Fernand Leduc, en apercevant les tourtereaux, a décidé de les coucher sur une toile. Plusieurs séances seront nécessaires, aussi leur donne-t-il rendez-vous le lendemain matin pour une nouvelle séance de pose.

Leduc raconte le soir même à Pierre Séruze, un ancien condisciple et jeune créateur de mode dont la réputation a franchi les frontières, cette rencontre. Mais comme il ne sait pas encore quel titre attribuer à sa toile, le tailleur parisien lui propose de l’accompagner. Tout de suite Séruze est ébloui par la joliesse et la fraîcheur d’Anne-Marie mais c’est lors d’une fête d’un Grand Pardon, alors qu’elle est habillée en costume local rustique, qu’il décide qu’elle doit devenir sa proie.

Il est descendu au Palacium, un établissement de luxe, et organise dans les salons du Chalet Blanc, un défilé de mode. Anne-Marie est conquise et accepte la proposition de Séruze de l’accompagner à Paris. Elle n’apprécie pas vraiment la mer et la capitale l’attire comme les phalènes le sont par la lumière.

Alors, malgré les objurgations de ses parents, et d’Yves qui est malheureux, elle accompagne Séruze à Paris et installée dans un hôtel particulier, deviendra rapidement sa maîtresse. Les semaines passent, et Séruze décide de se rendre sur la Côte d’Azur, où il possède un yacht, en compagnie d’Anne-Marie et de ses amis Maxime Fédéry, l’auteur de pièces de théâtre, et Frieda Berck, la comédienne. Et point n’est besoin d’avoir un texte pour que Frieda joue la comédie, surtout dans la vie.

Pendant ce temps, Yves, désabusé et meurtri dans son cœur, décide de s’engager dans la Marine de Guerre. Il embarque à bord du Patricia et peu après il se retrouve en rade de Toulon.

Or, alors que Séruze et compagnie visitent la Patricia, Anne-Marie retrouve par hasard Yves. Les deux jeunes gens se donnent rendez-vous le soir même mais ils ne savent pas que Frieda a entendu leur conversation.

 

Le style de Max-André Dazergues rappelle à cette époque celui d’Albert Bonneau : des points de suspension pour terminer les phrases, et de nombreuses répétitions.

Ce suprême accord du jazz en délire marquait au reste l’interruption du bal, et l’instant suprême était arrivé…

Ainsi le mot rustique est décliné au moins une dizaine de fois dans les vingt premières pages.

Une histoire d’amour certes, mais pas que, car l’auteur met l’accent sur l’attrait néfaste de la capitale auprès de petites provinciales naïves, encouragées par de riches Parisiens qui ne pensent qu’à les mettre dans leur lit.

La morale est sauve mais il faudra qu’Anne-Marie passe par de nombreuses épreuves tout autant psychiques que physiques, et Yves lui-même ne se relèvera pas sans être blessé moralement et corporellement.

Si le début de ce roman, que l’on pourrait qualifier de jeunesse, est quelque peu mièvre, ce sont la suite et l’épilogue qui valent le détour.

 

Max-André DAZERGUES : La barque d’amour. Collection Le Petit Livre N°884. Editions Ferenczi. Parution le 15 octobre 1929. 96 pages.

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4 janvier 2020 6 04 /01 /janvier /2020 05:26

Pour gouverner il faut avoir
Manteaux et rubans en sautoir.
Nous en tissons
Pour vous grands de la terre,
Et nous pauvres canuts
Sans drap on nous enterre

Aristide Bruant

Charles EXBRAYAT : Le chemin perdu.

En cette année 1816, le petit village de Tarentaize, situé à environ une quinzaine de kilomètres de Saint-Etienne, est, comme bien d’autres communes de France, coupé en deux. D’un côté les Bonapartistes qui n’acceptent pas l’exil de leur Empereur, de l’autre les Royalistes qui fêtent le retour sur le trône d’un Bourbon affilié à Louis XVI, Louis XVIII. Ce roi qui s’est allié aux étrangers est considéré comme un usurpateur par de nombreux villageois ayant servi dans l’armée impériale, malgré les stigmates qu’ils ont récoltés sur les champs de bataille.

Armandine, six ans, vit avec son grand-père Ambroise Mantel, ex-lieutenant aux voltigeurs, amputé d’une main depuis 1806 alors qu’il participait à l’une des nombreuses guerres engagées par Napoléon, ce qui ne l’empêche pas d’être toujours fidèle à l’empereur; sa grand-mère Elodie; Louise, sa mère, dont la tête, si elle est toujours sur ses épaules n’a plus tout à fait conscience de ce qu’il se passe autour d’elle depuis l’assassinat de son mari Honoré.

Armandine joue avec ses petits camarades d’école, entretenant une dévotion envers celui qui est mort car il avait refusé de crier Vive le roi ! Trois jeunes issus de la bonne société l’avaient fait passer de vie à trépas à cause de leurs convictions royalistes attisées depuis le retour de Louis XVIII sur le trône.

Alors le village est partagé entre les tenants de la royauté représentée par Louis XVIII et ceux qui professent une quasi adoration envers Napoléon malgré les centaines de milliers de soldats tombés aux champs d’honneur.

Pour autant, entre Ambroise Mantel et Landeyrat le Vieux, le nouveau maire qui a ceint l’écharpe lorsqu’Ambroise a dû lui céder, il existe une amitié sincère, et un profond respect. Leurs opinions diverges mais elles ne sont pas un obstacle entre eux. Ce sont des sages. Et entre eux le curé Mauvezin qui tente d’apaiser les tensions qui animent de temps à autre les villageois.

 

Armandine vit dans cette atmosphère qui déteint sur son caractère. Elle est amie avec Eugénie ainsi qu’avec Mathieu, le petit-fils de Landeyrat le Vieux. Mais les anicroches ne manquent pas de prétextes pour se batailler contre d’autres garnements, principalement contre Sophie, jolie gamine mais pimbêche.

Les années passent, Mathieu est amoureux d’Armandine, alors que Sophie le guigne et voudrait pouvoir le voler à son ennemie. Mais Armandine n’en a cure. Il n’est juste qu’un compagnon de promenades dans les bois, même si tout le village les voit mariés. Ambroise décède, Elodie est obligée de recruter du personnel, le jeune couple Christine et Gustave ainsi que la déjà âgée Agathe. Bientôt ils seront considérés comme appartenant à la famille.

Une tante d’Eugénie, la tante Marthe, vit à Saint-Etienne et tient une boutique de confection. Eugénie s’y rend tous les ans et en revient éblouie. Elle ne tarit pas d’éloges devant Armandine et lui vante les charmes de la ville. Et elle va quitter Tarentaize pour devenir modiste chez sa tante et bientôt se marier avec Charles.

Sophie peut bien tourner autour de Mathieu, Armandine n’en a cure. Elle aussi devient petite main chez la tante Marthe, et conquiert les clientes par son charme et sa diplomatie, trouvant toujours les mots justes pour les flatter et vendre des chapeaux encombrés de feuillages et d’oiseaux.

Armandine vit chez Eugénie et Charles et fait la connaissance de Nicolas, un ami qui prend ses repas chez le couple. Il est passementier dans la même usine que Charles mais il ne fait pas attention à la jeune fille qui tombe amoureuse de lui. Il ne pense qu’à se révolter contre les patrons, prônant la révolution des canuts lyonnais. C’est un Républicain convaincu et il n’hésite pas à se rendre dans la capitale de la soie pour combattre les royalistes, les patrons, l’armée et les forces de l’ordre.

 

Roman de terroir comme aimait Charles Exbrayat à mettre en scène des personnages vivant dans la Loire et la Haute-Loire quelques dizaines d’années auparavant, Le chemin perdu est aussi un roman historique et un roman social, le tout englobé dans une histoire d’amour.

De 1816 à 1846, l’auteur décrit une période de l’histoire qui traverse les règnes de Louis XVIII jusqu’à celui de Louis-Philippe, en mettant en évidence les nombreuses révoltes ouvrières. Une période beaucoup plus mouvementée que celle qui est narrée succinctement dans nos manuels scolaires, lorsqu’il y en avait, avec les nombreuses revendications ouvrières secouant cette région. Certes la révolte des canuts y est évoquée, mais aussi celle des mineurs de Rive-de-Gier.

Ils devinaient que ces hommes-là savaient de quoi ils parlaient quand ils maudissaient les patrons sans âmes, une police à la solde des riches, une magistrature qui se déshonorait par sa servilité envers le pouvoir.

 

Publié au début des années 1980, mais inscrit dans une période de la première moitié du XIXe siècle, ce roman pourrait très bien décrire notre début de siècle avec tous les mouvements sociaux qui se développent un peu partout. Un contexte historique immuable.

Il s’agit également de mettre en avant l’attrait de la ville avec son modernisme et la relative paix des champs, deux aspects qui se croisent et se révèlent en complète opposition de style de vie.

Tu préfères ton atelier sans air où un chef surveille l’esclave que tu es devenu plutôt que de vivre dans la liberté des champs.

 

Du jour où Nicolas découvre Tarentaize et une certaine forme de vie, il devient amoureux de ce coin de campagne. Un sujet de discorde entre Armandine et lui, la jeune femme préférant vivre à Saint-Etienne, rejetant tout un pan de son enfance.

Roman politique où l’idée du socialisme se forgeait dans les esprits :

En gros, les socialistes voudraient que les riches soient moins riches et les pauvres moins pauvres.

Une utopie car l’on sent bien qu’au contraire c’est l’inverse qui se produit.

 

Mais il s’agit également d’un roman d’amour, qui met longtemps à se déclarer, de par les ambitions et les revendications d’Armandine et de Nicolas. Et l’obstination d’Armandine à vouloir rester à Saint-Etienne, malgré tout, fait dire au curé de Tarantaize qu’elle a perdu le chemin, d’où le titre de ce roman fort, en préférant les artifices urbains au chemin de la vraie vie.

 

Première édition : Editions Albin Michel. Parution 7 avril 1982. 384 pages. Réédition décembre 1992.

Première édition : Editions Albin Michel. Parution 7 avril 1982. 384 pages. Réédition décembre 1992.

Charles EXBRAYAT : Le chemin perdu. Les bonheurs courts 2. Réédition Editions de la Seine. Parution mars 1990. 384 pages.

ISBN : 9782738202918

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14 décembre 2019 6 14 /12 /décembre /2019 04:51

Sans cœur et sans reproche ?

Max-André DAZERGUES : Mam’zelle-sans-cœur.

A cause d’un collègue éconduit dans ses approches, Yvette Dumenges a été ainsi cataloguée. Pourtant ce surnom ne lui convient guère, elle qui honnête, sérieuse, travailleuse, s’occupant de sa mère maladive et de son frère, Robert, un peu plus âgé qu’elle, qui malgré son travail rue du Sentier passe des nuits blanches à sortir en boîtes.

A vingt-deux ans, Yvette est manucure à l’Institution Palatine, du nom du patron qui gère cette petite entreprise sise aux Champs-Elysées. Elle fait partie des quatre manucures qui officient dans des cabines ou chez des particuliers. Marthe est sa copine, tandis que France se laisse monter le bourrichon par Louise, la mauvaise langue de l’institution. C’est le chef-masseur qui lui a collé cette étiquette de Mam’zelle-sans-cœur, parce qu’elle a refusé ses avances.

Nonobstant, monsieur Palatine, un bon patron qui ne s’intéresse guère aux affaires privées de ses employés, demande à Yvette de se rendre chez un client, Maurice de Cibeins, grand nom, grosse fortune, évoluant dans la haute société, trentenaire célibataire, celui-ci vaguement malade ne pouvant se déplacer.

Yvette s’occupe consciencieusement des mains fines de Maurice, tandis qu’il la regarde, la dévore même des yeux. Entre eux deux s’établit une sorte de courant alternatif sentimental par mimines interposées. Collectionneur, il lui montre même ses objets précieux dont une bonbonnière, un drageoir. Mais Yvette ne peut s’attarder, d’autres clients l’attendent, et tous ne sont pas aussi aimables que Maurice. Sa journée finie, elle rentre chez sa mère rue d’Alésia.

Robert est un oiseau de nuit, qui joue, s’enivre, se drogue parfois, ayant pour compagnon Jean Simonin, un garçon peu fréquentable qui l’entraîne dans des boîtes, lui présentant des individus peu recommandables, lui fournissant des produits prohibés. Robert est sous son emprise et cela risque fort de mal se terminer. Et d’ailleurs c’est ce qui se produit.

A L’araignée rose, une boîte de nuit, il s’est amouraché d’Aïda la Marocaine, surnommée ainsi à cause de son hâle récupéré au soleil provençal, et ce soir là il se prend d’algarade avec Pablo Carlyse, un malfrat qui sert de trop près la belle danseuse, dont Jean Simonin fait partie des familiers.

Or, Pablo Carlyse entretient quelques relations avec Maurice de Cibeins, connu lors des soirées mondaines dans des cabarets, et un jour qu’il rend visite au riche collectionneur, il se retrouve seul dans le salon où sont exposés les précieux objets. Maurice de Cibeins, étant allé chercher un carton à dessin contenant quelques estampes, Pablo Carlyse en profite pour subtiliser la précieuse bonbonnière, pensant ainsi l’échanger contre une dette de jeu.

Lorsqu’il part, Maurice de Cibeins ne se rend compte de rien. Puis Yvette, devenue presqu’une habituée, se présente pour soigner les mains de son amoureux. C’est après son départ que Maurice de Cibeins s’aperçoit de la disparition du drageoir. Naturellement il pense que sa manucure s’est emparée de l’objet précieux, et son amour pour elle refroidit.

Débute alors un chassé-croisé, la bonbonnière passant de main en main, Yvette la retrouvant dans la poche de veston de son frère et honteuse la rapportant à son propriétaire légitime. Mais elle est trop bonne, trop naïve, elle aime trop son frère pour le dénoncer. Comment tout cela va-t-il finir, et quelles en seront les conséquences ?

 

Ce roman est classé Roman sentimental mais il possède une entrée policière, et pas uniquement sentimentale.

Max-André Dazergues, lorsque ce roman fut publié, n’avait que vingt-huit ans, mais déjà il possédait à son actif une bibliographie imposante. Un romancier sérieux, longtemps confondu avec Georges Simenon, prolifique, œuvrant dans tous les domaines de la littérature populaire, et qui jamais ne décevra ses lecteurs, employant plusieurs pseudonymes au gré de sa production et des besoins des éditeurs pensant étoffer leur catalogue en proposant divers auteurs qui n’étaient en réalité que le même.

Mais ce fut une pratique courante, car cela donnait l’impression au lecteur de découvrir de nombreux romanciers, comme ce le fut pour Simenon, René Poupon, Henri Musnik, Marcel Priollet et bien d’autres.

Max-André DAZERGUES : Mam’zelle-sans-cœur. Collection Le Petit Livre N°971. Editions Ferenczi. Parution le 22 juin 1931. 96 pages.

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13 décembre 2019 5 13 /12 /décembre /2019 05:44

Oui, c'est nous les fameux (femmes ?) corsaires
Les rois redoutés de la mer

Barbara CARTLAND : Le corsaire de la reine

Affirmer que Barbara Cartland n’a écrit que de fades romances superficielles à l’eau de rose, serait méconnaitre une grande partie de son œuvre.

Souvent, dans ses romans historiques, elle explorait le côté sociologique de la période dans laquelle elle plaçait son intrigue.

Ainsi, dans Le corsaire de la reine, Barbara Cartland ne se contente pas d’une histoire d’amour qui d’ailleurs tarde à se révéler aux deux principaux protagonistes, mais elle jette un regard parfois acide sur la période élisabéthaine.

 

Malgré son jeune âge, Rodney Hawkins est un marin accompli ayant fait ses débuts avec le célèbre sir Francis Drake, le corsaire de la Reine Elizabeth 1ere. Mais, ambitieux, il désire commander son propre bâtiment afin de poursuivre sur les mers et les océans les galions espagnols et ramener un butin conséquent à sa souveraine. Pour cela il lui faut lever une mise de fond importante lui permettant de réaliser son rêve. Acheter un navire, l’Epervier.

Une partie de la somme est déjà trouvée, et son parrain, le secrétaire d’état de la reine lui fournit une piste : se présenter auprès de sir Harry Gilligham qui non seulement lui donnera le complément nécessaire mais lui proposera en compensation un mariage avec sa fille Anne.

Alors qu’il arrive, cheminant benoîtement sur son cheval, Rodney est agressé. Pas méchamment, juste une flèche tirée dans son chapeau. Il aperçoit une jeune fille qui s’enfuit et il la retrouvera au château. Il s’agit de Lisbeth, une gamine délurée et pétulante d’à peine dix-huit ans, qui s’amuse comme elle peut. Parmi les autres enfants de sir Harry Gillimgham, son fils Francis, un an de plus que Lisbeth, et de la même mère. Tandis qu’Anne est issue d’un premier mariage.

Sir Henry Gilligham est fier de la comparaison effectuée avec le roi Henri VIII, qui a usé d’une façon ou d’une autre de moult femmes. Et s’il possède la stature imposante de ce roi Barbe-Bleue, Sir Henry lui n’en est qu’à la troisième. Une trentenaire fort belle mais qui n’éclipse pas aux yeux de Rodney la jeune et rousse Lisbeth et surtout Anne qui rayonne. Le mariage ne sera concrétisé que lorsque Rodney reviendra de son expédition, couvert d’or bien entendu, afin de rembourser la mise de fonds.

Attardons-nous quelque peu sur ces trois enfants afin de percer leurs petits secrets. Anne se confie à sa jeune sœur. Elle ne veut pas se marier car elle s’est convertie en cachette à la religion catholique, et elle désire entrer dans un couvent, devenir nonne. Francis lui est un pleutre, un timide, qui préfère versifier, mal, et regarder les nuages s’enfuir dans le ciel. Quant à Lisbeth, c’est une intrépide qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.

 

Rodney, possédant les fonds nécessaires à son embarquement, prépare activement son voyage avec à son bord un équipage aguerri. L’Epervier est un fin voilier doté de pièces d’artilleries suffisantes en nombre pour défier des frégates espagnoles. Francis doit également faire partie de l’équipage, sur les ordres de sir Henry, qui veut aguerrir son fils, lui apprendre la vie. Le voir devenir mâture.

Francis se fait attendre, Rodney s’impatiente. Enfin le voici. Mais arrivé en pleine mer, Rodney s’aperçoit qu’il ne s’agit pas de Francis mais de Lisbeth qui a pris les vêtements et la place de son frère. Rodney est fort mécontent mais il ne peut revenir à son point de départ, aussi accepte-t-il bon gré mal gré cette présence inopportune. Les marins abusés ne se doutent pas de la mystification, d’autant que Lisbeth va bientôt se montrer indispensable. Lors de manœuvres puis du combat naval dans la mer des Antilles et l’arraisonnement d’un galion espagnol, elle se dévoue, soignant les blessés malgré la présence à bord d’un chirurgien. Mais celui-ci est dépassé par les événements.

Une surprise attend Rodney car dans ce galion dormait un jeune gentilhomme espagnol qui se réveille quelques heures plus tard, ayant cuvé ses libations. Entre Lisbeth et le nouveau venu s’établit une sorte de complicité qui attise la jalousie de Rodney. Mais il est stupéfait car ce gentilhomme dévoile une cachette dans sa cabine, mettant au jour dans un coffret de nombreux trésors, bijoux et pierres précieuses.

 

Le voyage continue avec ses aléas épiques, combats navals contre de nouvelles frégates espagnoles, et cette attirance que Lisbeth et Rodney éprouvent l’un pour l’autre, malgré l’attrait de la jeune fille envers l’importun.

Lisbeth est déterminée, une femme forte malgré son jeune âge, et en multiples occasions elle sait démontrer une force de caractère qui manque à bien des marins constituant l’équipage.

Si cette histoire d’amour prend une place importante dans le récit, c’est bien la personnalité de Lisbeth qui l’emporte. Et tout ce qui entoure l’intrigue, dans laquelle quelques ramifications interffèrent : le social et les relations entre femmes et hommes, entre Anglais et étrangers, la place de la femme dans la société et la prépondérance de la religion. Mais pour beaucoup rien n’a beaucoup changé ou évolué.

Ainsi, il est inconcevable qu’une femme puisse soigner un malade, qui plus est un blessé. Le puritanisme n’étant pas un vain mot. Et si la gent féminine a accès à la culture, à l’enseignement, ceci se ne concentre que sur les arts dits mineurs. Pourtant, c’est femme qui est à la tête du royaume en cette année 1588.

Les quelques citations qui suivent ne peuvent que mettre en exergue les propos tenus et la portée plus profonde que les romans de Barbara Cartland contiennent alors qu’ils ne sont considérés que comme d’aimables bluettes.

 

Quelle honte d’attaquer la réputation d’honnêtes gens, bons patriotes, sans autre preuve que la couleur de leurs cheveux !

Les sentiments religieux s’affrontaient alors avec passion. Les controverses, âprement menées, ne paraissaient à Lisbeth qu’autant de bruits stériles. La religion, pour elle, consistait à s’ennuyer le dimanche à d’interminables cérémonies dans l’église du village.

Ce n’est pas là une besogne pour, ni pour aucune femme, d’ailleurs…

Qu’importe ! Je continuerai à soigner les blessés. Nul au monde n’a le droit de me l’interdire, rétorqua-t-elle.

Elle comprenait toutefois combien chaque femme, à quelque degré que ce soit, doit représenter un idéal pour l’homme tout comme elle doit être une inspiratrice, un stimulant, une raison d’être à toute entreprise, à tout but à atteindre.

Inventer un mensonge, cela n’est rien, si dit Lisbeth, mais après, comme il est difficile de ne point se trahir.

Autre édition : Géant Marabout N°174. 1963. 314 pages.

Autre édition : Géant Marabout N°174. 1963. 314 pages.

Barbara CARTLAND : Le corsaire de la reine (Elizabethan Lover). Traduction de Françoise Colas. Editions J’Ai Lu N°1077. Parution 16 juin 1980. 256 pages.

ISBN : 9782277210771

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22 novembre 2019 5 22 /11 /novembre /2019 05:15

Amiens, ton univers impitoyaaable !

Max-André DAZERGUES : L’orpheline de la cathédrale.

Sous le porche de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens, une jeune miséreuse de seize ans tend la main, espérant quelque obole de la part des passants peu nombreux.

Il fait froid en ce mois de décembre, et chacun s’empresse de rentrer chez soi. Pourtant cet argent Rosette Darlin en aurait bien besoin pour payer le pharmacien. Son jeune frère Jackie, âgé de neuf ans, est malade, victime d’une broncho-pneumonie, et la mort frappe à la porte du galetas où ils vivent.

Une luxueuse voiture s’arrête et une vieille dame en noir en descend, marchant dans la neige. Elle entre dans l’édifice religieux et le jeune homme qui sert de chauffeur demande à une autre dame restée à l’arrière de donner quelques pièces à Rosette. Et en ressortant de la cathédrale, la vieille dame elle aussi lui glisse dans la main une belle pièce en argent. En la remerciant Rosette lui donne son nom, ce qui provoque une sorte de recul de la personne bienveillante. Toutefois elle une octroie une seconde aumône à cette jeune fille qui dit être orpheline avec son jeune frère malade.

Rosette n’arrive pas à trouver du travail. L’été elle chante dans les cours possédant un joli filet de voix, ou elle vend des violettes. Mais en hiver ? Le chômage règne et il est difficile de dénicher un emploi.

Lorsqu’elle rejoint la petite pièce qu’elle occupe au cinquième étage d’un vieil immeuble, son frère est au plus mal. Grâce à la concierge et à un vieux cabotin, un comédien qui connut son heure de gloire, l’enfant est transporté à l’hôpital en urgence (à cette époque les urgences n’étaient pas débordées comme aujourd’hui).

Heureusement, René, le jeune chauffeur et petit-fils de la dame si bienveillante, a été attiré par la joliesse de cette gamine au visage si doux. Elle-même n’a pas été insensible à ce tête avenante et à ses paroles. Alors il la retrouve et lui promet de lui trouver une place dans l’usine dont sa grand-mère est propriétaire ou dans celle d’à-côté de chez eux.

Et c’est ainsi que le lecteur apprend, en même temps que Rosette, que celle-ci n’est pas orpheline comme elle le croyait mais que son père est toujours vivant, envoyé au bagne dix ans auparavant pour une indélicatesse dans les caisses au détriment de la famille de la vieille dame.

 

Comment cela va-t-il finir ? En général bien car dans ce genre de petit roman misérabiliste, comme en ont écrit Hector Malot, Marcel Priollet ou encore Xavier de Montépin, la fin est heureuse. En général car le lecteur ne peut jamais présumer de l’épilogue même s’il souhaite que celui-ci ne sombre pas dans le mélodrame et la tragédie.

Seulement le drame et la tragédie ont déjà fait leur œuvre, et il faut compter sur les retournements de situation. Comme ce retour inopiné de ce père qui s’est échappé de la Guyane, son temps de bagne terminé mais devant rester durant le même temps de son enfermement sur le territoire guyanais avant de regagner la France.

Tout réside dans l’épisode qui a conduit cet homme à se retrouver emprisonné au bagne à cause d’une femme dont le lecteur apprend que peut-être il n’est pas si coupable de ce dont l’opinion publique et la justice l’accusent.

Un petit roman à l’intrigue simple, émouvante, et pourtant élaborée, et dont certaines péripéties auraient pu être plus longuement exploitées. Mais il fallait respecter la pagination. Et puis, trop en écrire alors que tout l’est déjà fait aux yeux du lecteur aurait alourdi le récit.

 

Max-André DAZERGUES : L’orpheline de la cathédrale. Collection Le Petit Roman N°390. Editions Ferenczi. Parution le 3 juillet 1935. 32 pages.

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14 novembre 2019 4 14 /11 /novembre /2019 05:28

Ah si j’étais riche…

Rodolphe BRINGER : Le dépit d’être riche.

Âgé de trente ans, François-Gonzague-Alexis, marquis de Montmeyran, trente-deuxième du nom, n’a pas de soucis financiers. Mais il est toujours célibataire quoiqu’avenant.

Pourtant de nombreuses jeunes filles papillonnent autour de lui, mais il se méfie. Il sait qu’elles ne l’aiment pas ou peu, mais en veulent surtout à son titre ou à son argent.

Alors il décide de tester en se faisant passer pour un nommé Gargagne, représentant de commerce, et comme il a lu quelque temps auparavant une brochure vantant les mérites touristiques d’une petite ville du Tricastin, il part pour Dieulefit, non loin de Montélimar.

Le sieur Gargagne arrive donc en gare par le petit train d’intérêt local qui relie Montélimar à Dieulefit (ah le bon temps des petits trains d’intérêt local !) où il est attendu par Toinou, l’homme de peine des Bermès, qui se propose de le conduire à la pension de famille tenue par Mlle Bénivet avec son charreton à bras. Gargagne n’a d’autre bagage que sa petite valise qu’il préfère garder par devers lui. Le marquis de Montmeyran est vêtu sans la moindre élégance, son statut de représentant de commerce exigeant qu’il se montre sobre dans son habillement et dans ses façons de s’exprimer, et de ne donner que de maigres pourboires, et encore. Bref son attitude ne plaide guère en sa faveur.

La pension Bermès, afin de remplir la totalité des chambres, est bien obligée d’accepter de simples travailleurs, au grand dam de Mlle Bénivet la propriétaire. Parmi les pensionnaires, figurent M. de Chevigny, qui se prétend vicomte, voire comte, Mme Falotte dont le seul sujet de conversation tourne autour de sa fortune, et quelques autres convives dont Mlle Léonce, humble dactylographe vêtue pauvrement. Ce n’est pas la préférée de Mlle Bénivet, au contraire, elle la dédaigne, mais le taux de remplissage de sa pension de famille dépend du nombre de pensionnaires accueillis et non uniquement de ses préférences.

 

Débute alors ce que l’on peut considérer comme un aimable vaudeville, le comte de Chevigny lorgnant sur Mlle Léonce tandis que madame Falotte, la cinquantaine avancée est attirée par le comte trentenaire. Gargagne est subjugué par la belle Mlle Léonce, et comme celle-ci préfère se promener dans la campagne au lieu de jouer au tennis, jeu auquel elle ne comprend rien et ne saurait lui être utile dans sa profession, il l’accompagne dans ses déambulations campagnardes. Peu de choses à dire concernant les autres pensionnaires, sauf peut-être Mlle Chamais, qui fut professeur et passe ses journées à tricoter, et aussi à enquêter sur l’identité réelle de ses voisins de tablée.

Et naturellement, aucun de ceux-ci ne sont réellement ce qu’ils prétendent être, Gargagne en premier lieu. Et un tendre sentiment s’ébauche entre Mlle Léonce et le jeune marquis représentant de commerce, au grand dam du comte.

Une histoire que l’on pourrait croire convenue, mais qui réserve bien des surprises et qui se clôt avec humour. Et la maxime selon laquelle il faut se méfier des apparences prend tout son sens.

Le décor planté par Rodolphe Bringer lui est habituel, étant natif de Mondragon dans le Vaucluse et étant décédé à Pierrelatte dans la Drôme.

 

Rodolphe BRINGER : Le dépit d’être riche. Le roman du dimanche N°40. Librairie contemporaine. Editions Jules Tallandier. Parution 1932. 32 pages.

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8 novembre 2019 5 08 /11 /novembre /2019 05:31

Sous ce pseudonyme se cache Giova Selly, auteur de romans policiers et historiques au Fleuve Noir.

 

Véronica BALDI : Un homme effondré.

Si elle n’a pas le nez de Cléopâtre, Jessica Bower possède un sens olfactif particulièrement développé, indispensable dans son métier.

D’origine française, elle vit aux Etats-Unis de son nez. Elle est chargée de reconnaître les différents composants des parfums qui sont élaborés et alimentent le marché du luxe. Son patron la charge d’aider à sortir du gouffre une distillerie de parfums installée près de Grasse. C’est pourquoi elle atterrit à Nice où elle est accueillie par Gilles Mansour qui se présente comme le demi-frère de Thibault Pérols, le patron de la parfumerie en déliquescence. Dans le même temps son patron a envoyé sur place des experts-comptables chargés d’éplucher les comptes de la société.

Gilles Mansour en est le directeur commercial mais ne possède pas les capacités olfactives de Thibault. Mais si Thibault est à l’origine de parfums prestigieux, son aura a faibli depuis son drame conjugal. Son nez a perdu de son acuité à cause du tabac et de l’alcool qui imprègnent désormais son quotidien.

Jessica sent que la tâche de remonter l’entreprise familiale sera rude d’autant qu’arrivée sur place elle est accueillie fraîchement par une partie du personnel, les anciens, tandis que les plus jeunes sont satisfaits de son partenariat.

Les amis et les membres de la famille Pérols se montrent affables, en apparence, mais sous leurs sourires, Jessica décèle une sombre jalousie. Pourtant elle parvient à apprivoiser Thibault, jusqu’à un certain point, lorsqu’elle démontre ses qualités en matière de parfums, sachant différencier les divers composants. Elle se heurte toutefois à un refus lorsqu’elle exprime l’idée d’ajouter des parfums de synthèse dans l’élaboration de nouveaux produits. Et puis, elle est déçue par l’installation vieillotte de la distillerie, des procédés de distillation par vapeur d’eau.

Ici, rien des laboratoires américains, sophistiqués, à la pointe de la technique. Tout avait l’air assemblé de bric et de broc. Comment pouvait-on fabriquer les plus prestigieux parfums dans ce qui ressemblait à un Meccano géant ?

 

Elle relève des tentatives de sabotage et un peu plus tard un incendie se déclare dans la distillerie.

 

Roman d’amour, collection oblige, Un homme effondré met en avant la lente dégringolade d’un parfumeur célèbre qui n’arrive pas à remonter la pente. Des drames s’ensuivent mettant en péril des vies, sans compter sur l’avenir de l’entreprise familiale.

Si l’histoire est bien amenée, mais il ne fallait pas en douter car Giova Selly a démontré par ailleurs son talent de romancière, aussi bien dans le domaine policier que celui historique, l’intérêt réside surtout sur le travail d’un Nez, et les différentes parties de la naissance d’un parfum inédit.

Une intrigue originale dans un décor et un contexte originaux eux aussi. Comme quoi les petits romans considérés comme des romances faciles peuvent aussi s’avérer intéressants, plus parfois que certains romans qui ont les honneurs de la critique et qui, à mon avis, sont surfaits.

 

Véronica BALDI : Un homme effondré. Collection Nous Deux 2eme série N°80. Editions EMAP. Parution 2 novembre 1999. 128 pages.

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6 novembre 2019 3 06 /11 /novembre /2019 05:44

Mais tout à côté…

Michel AMELIN : Le garçon d’à côté.

Amies depuis la maternelle, Clarisse et Violaine se frictionnent de temps à autre. Souvent à cause des garçons et surtout de Valentin, le joli cœur qui affole toutes les adolescentes du collège.

Les parents de Clarisse sont agriculteurs à Montrelais (Ne riez pas, cette petite ville existe réellement et l’auteur y vécu de très longues années) non loin d’Ingrandes où le père de Violaine exerce le métier de notaire. Une différence de statut social qui ne gêne aucunement les deux gamines, leurs seuls points de désaccord résidant dans la jalousie éventuelle causée par l’attirance des garçons sur l’une ou l’autre des deux copines.

Ce jour-là, Clarisse est particulièrement contente. Ses parents envisagent d’acheter une petite maison qu’ils transformeront en gîte, située sur les bords de la Loire. Les anciens propriétaires, des personnes âgées, ont disparu au beau jour (quoique, l’on n’en sait rien s’il faisait beau), avec leur chien, en traversant le fleuve sur leur barque.

La vente aux enchères, dirigée par le père de Violaine, s’emballe car un surenchérisseur contrarie les plans des parents de Clarisse. Son père n’hésite pas à faire monter la mise, malgré la mise en garde de sa femme, mais c’est l’inconnu qui a le dernier mot. Il peut se le permettre lui qui travaille à Paris comme journaliste et écrivain (Réflexion de Clarisse : comment pouvait-on passer son temps à écrire ? L’auteur pourrait peut-être nous l’expliquer). Si Clarisse est passionnée par cette vente aux enchères, elle l’est encore plus par le fils de cet homme qui vient d’acheter cette maison dont elle rêvait. Et naturellement Violaine elle aussi est attirée par ce beau gosse nommé Stan, ce qui la change de ses copains de collège habituels. L’attrait du neuf.

Au début des vacances d’été, le père de Stan entreprend de démolir une grande partie de cette maisonnette afin de la transformer et la restaurer à sa convenance. De plus tous les meubles qui étaient à l’intérieur sont jetés en tas, considérés comme de vieux débris irrécupérables. Et sur ce monticule improvisé a été jeté comme un vulgaire objet mité et miteux, le panier rembourré de Kiki, ce fameux chien des anciens propriétaires dont le cadavre n’a jamais été retrouvé.

Un saccage aux yeux de Clarisse qui est démoralisée. Elle a fait la connaissance de Stan rapidement au cours de la vente à laquelle elle avait assistée de loin, mais elle apprendra à mieux le connaître dans des circonstances baroques au cours de laquelle elle aura la peur de sa vie. De sa jeune existence plus précisément. Mais le père de Clarisse ne veut pas qu’elle fréquente ces nouveaux voisins, toujours mortifié par son échec cuisant.

 

Le garçon d’à côté, dont on sait maintenant qu’il se prénomme Stan, est un roman charmant sur les amours adolescentes, mais pas que. Si ces amourettes ravivent certains souvenirs, avec la jalousie entre copines (ou copains, les garçons ressentant les mêmes sentiments), la découverte des premiers émois, et tout ce qui va avec, les garçons butinant et faisant leur miel auprès de jeunes filles parfois naïves ou au contraire aguicheuses, un autre problème sociétal est abordé en filigrane.

C’est bien l’antagonisme entre gens de la ville achetant hors de prix des masures afin de les retaper à leur guise, et les ruraux qui se sentent envahis par des étrangers qui ne connaissent pas la valeur de l’argent. Des ruraux blessés dans leur orgueil mais qui seraient obligés d’effectuer des travaux afin de mettre aux normes ces bâtisses destinées à la location touristique. C’est aussi ce pincement au cœur de voir mis au rebut des objets dont la seule valeur n’est que sentimentale.

Mais ce roman ne manque pas d’humour malgré l’émotion qui se dégage de cette histoire destinée aux jeunes mais qui ne manquera pas de raviver les souvenirs des plus anciens.

 

Toi, tu n’es pas une contemplative dans mon genre.
Si. J’aime bien contempler les vitrines.
Je te parle des beautés de la nature !

Le monde est vraiment petit à la campagne. Vous vous connaissez tous, bien sûr !
C’est ça. On est comme les tribus oubliées dans la jungle.

J’avais envie de lui arracher les yeux mais, à travers le téléphone, c’était difficile.

Réédition format Ebook. Collection Girly comedy. Tome 14. Editeur michelamelinbestsellers. Parution 29 décembre 2012. 1,84€.

Réédition format Ebook. Collection Girly comedy. Tome 14. Editeur michelamelinbestsellers. Parution 29 décembre 2012. 1,84€.

Michel AMELIN : Le garçon d’à côté. Série Toi + moi = Cœur N°7. Pocket Junior N°619. Editions Pocket Jeunesse. Parution octobre 2000. 120 pages.

ISBN : 978-2266098656

Réédition format Ebook. Collection Girly comedy. Tome 14. Editeur michelamelinbestsellers. Parution 29 décembre 2012. 1,84€.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
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