Lorsque l’Oncle Paul se lâche en fin d’article !
A vingt-deux ans, la trop jolie Jeannine Brémond ne manque pas de prétendants. Peut-être sont-ils attirés également par sa richesse en plus de sa joliesse et de sa grâce. Seuls deux jeunes hommes semblent avoir ses faveurs.
L’un, Jacques Daubry, vingt-six ans, beau garçon et de tournure aimable, issu d’excellente famille, promis à un bel avenir dans l’administration, s’est déclaré, mais elle a réservé sa réponse. Timide, il a attendu un certain temps qu’elle se décide mais elle a toujours repoussé l’engagement qu’il attendait.
L’autre, Fernand Lastours, semble avoir sa préférence mais celui-ci la dédaigne. C’est un actif, travaillant comme ingénieur d’usine. Son seul tort est d’être lui aussi timide, mais sans oser se déclarer. Pourtant il l’aime, Jeannine en est convaincue.
De leur côté, les parents de Jeannine verraient d’un œil favorable cette union. D’ailleurs, malgré leur souhait de garder leur fille à la maison, ils la pressent de se marier car elle en a l’âge. Et ils aimeraient aussi devenir grands-parents. Ils sont unanimes : Fernand Lastours, qu’ils connaissent bien pour le recevoir fréquemment, serait leur préféré.
Incidemment, alors qu’elle se promène dans un parc, Jeannine rencontre Daubry. Elle lui affirme toute son affection, sans plus. Quant à Fernand Lastours, il est bien obligé de s’expliquer sur son manque d’entrain et se non-demande en mariage. Il affirme qu’il l’aime mais qu’elle est trop jolie pour lui
Une phrase qu’il n’aurait jamais dû prononcer car Jeannine emploie les grands moyens, pensant ainsi que Fernand la demandera en mariage. Pas besoin de plus d’explication, l’illustration de couverture est assez parlante pour que je m’étende davantage sur le sujet. Seulement, et après, comment réagira le jeune homme inconscient de ses paroles ?
Un roman sentimental qui, comme souvent se clôt sur une note dramatique. Presque. Mais il est des paroles qu’il vaut mieux éviter de prononcer, même si l’on est sincère, on ne prévoit jamais les réactions que cela peut entraîner.
Les temps ont bien changé depuis ce début des années 1930, et une femme se conduirait-elle ainsi après avoir entendu ce genre de réponse ? Pas sûr, et même cette réplique pourrait éventuellement être considérée comme du non-harcèlement ou du harcèlement à l’envers. Les réactions ne seraient sûrement pas les mêmes de nos jours.
Et puis, entre temps, il y aurait eu essayage, et chacun aurait pu émettre son opinion sur d’autres capacités. Etait-ce mieux avant ? Mais comme disait la jeune mariée : je préfère avant parce qu’après c’est pendant !
Pierre LAVAUR : Vous êtes trop jolie. Collection Le Roman du Dimanche N°75. Editions Librairie Contemporaine. Parution 1933. 30 pages.
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