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29 décembre 2015 2 29 /12 /décembre /2015 16:14

Tu sais ma môme que j'suis morgane de toi...

Brice TARVEL : Le démon du grenier.

Parce que ses parents, qui travaillent à Paris pour une nouvelle chaîne de télévision, dont l'audience laisse à désirer, n'ont guère de temps à lui consacrer, Morgane a été confiée à sa grand-mère qui vit dans un coin reculé de la Lozère, près de Florac.

Mamie Edwige possède une réputation de sorcière, et il est vrai qu'une pièce de sa maison a été transformée en laboratoire, dans lequel éprouvettes, cornues, cristallisoirs et autres bibelots de chimiste avéré cohabitent en bonne intelligence, même si le nez de Morgane est parfois agressé par les émanations qui s'en dégagent. Mais il faut toutefois avouer que mamie Edwige possède un don, celui de chasser les fantômes, spectres, revenants, ectoplasmes et conjurer les sortilèges et qu'elle est très demandée. Seulement tout est scientifique affirme mamie Edwige, ne pratiquant la magie d'aucune sorte.

Parmi les élèves du collège de Mende où elle étudie, Morgane n'a guère d'amies. Evidemment avec un prénom pareil, il est bon de soupçonner qu'elle aussi s'adonne quelque peu à la sorcellerie et à la magie. Seul trouve grâce à ses yeux, Valentin, qu'elle aide à résoudre ses exercices de maths, ce qui leur permet de rester ensemble un peu plus longtemps. Au plus grand plaisir des deux adolescents qui ressentent l'un pour l'autre un sentiment plus fort que de l'amitié ou de l'affection.

Maintenant que les présentations sont faites, intéressons-nous à ce soir de fin novembre. Neuf heure vient de sonner au clocher de Florac, et aucune bonne odeur de soupe aux légumes chatouille les narines de Morgane qui commence sérieusement à avoir faim. Mamie Edwige a laissé passer l'heure du repas, absorbée par la préparation de sa nouvelle recette chimique : le goudron bleu.

C'est à ce moment que retentit la sonnette de la porte. Elles découvrent un petit bonhomme ventripotent, un gnome que Morgane catalogue tout de suite comme une incarnation de Quasimodo ou de Grincheux. Il s'agit du père Chassagnac, ferronnier d'art de son métier, fabricant de girouettes. Le bonhomme est tout tourneboulé. Alors qu'il travaillait à la pose d'une nouvelle girouette, il a aperçu sur le toit d'une vieille bâtisse voisine un oiseau énorme qui ressemble tout à la fois à un corbeau et à un toucan mais aux dimensions multipliées au moins par dix.

Décision est prise rapidement et sans tergiverser : Chassagnac est chargé de construire une énorme cage tandis que mamie Edwige, Morgane, bientôt rejointes par Valentin, se dirigent vers la chaumière et son impressionnant volatile. Seulement il leur faut prendre des précautions car des pierres de lune ont été utilisées pour l'édification de cette bâtisse. D'abord se méfier de l'oiseau, le Corcan comme le définit par contraction mamie Edwige, et dont les réactions peuvent être imprévisibles et peut-être mortifères. Ensuite cette maison qui recèle bien des dangers, mamie Edwige et ses petits accompagnateurs vont bientôt en subir les conséquences. Ils commencent à léviter, comme Mary Poppins, mais en vrai. Et Morgane aperçoit de grosses lucioles au travers des fourrés environnants. De même elle pense distinguer dans le grenier derrière un tas de vieilles bricoles, comme un fantôme dont le visage serait revêtu d'une cagoule de cuir.

 

Ce roman et les autres de la série Morgane, que j'espère pouvoir vous présenter bientôt, sont destinés à un lectorat allant de dix à cent-dix ans, des jeunes adolescents et aux plus vieux, ceux qui ont gardé leur âme d'enfant. Tout comme l'auteur d'ailleurs.

Conte de fée moderne, Le démon du grenier emprunte aux récits qui ont enchanté notre enfance, dans lesquels le surnaturel bon enfant prime, mais s'adapte au goût du jour. Les nouvelles technologies sont passées par là, et s'immisçant dans un scientifique merveilleux, ce sont les soi-disant progrès élaborés par le genre humain, celui qui est toujours à la recherche de transformations génétiques, qui sont mis en scène dans ce roman.

L'angoisse et l'humour malicieux sont les deux mamelles de cette histoire dont le propos est plus profond qu'il y parait. Ne serait-ce que, sans vouloir déflorer par trop l'intrigue, de respecter Dame Nature et éviter de mettre dans des structures spécialisées des personnes atteintes de différences physiques, de les rejeter.

 

Première édition : Atelier de Presse. Parution janvier 2008.

Première édition : Atelier de Presse. Parution janvier 2008.

Réédition : Editions des Lucioles : avril 2011.

Réédition : Editions des Lucioles : avril 2011.

Brice TARVEL : Le démon du grenier. Série Morgane. Editions Malpertuis. Collection Brouillards. Parution 28 novembre 2015. 118 pages. 10,00€.

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11 décembre 2015 5 11 /12 /décembre /2015 09:16

Ne scintille plus...

Ivan ZINBERG : Etoile morte.

Décidément, il ne fait pas bon travailler comme femme de service dans les hôtels américains. Quand elles ne sont pas agressées par un individu lubrique, elles découvrent un cadavre !

Seulement celui qui vient d'être repéré n'est pas mort béatement dans son lit, même s'il a participé à une séance de copulation auparavant. L'homme bâillonné est attaché par les membres aux montants du lit, il a été éventré et émasculé d'une soixante de coups de couteau, l'arme enfoncée dans l'anus. Il existe de meilleurs endroits pour ranger ce genre d'ustensile de cuisine.

Sean Madden, de la section homicide du LAPD de Los Angeles, et son coéquipier Carlos Gomez sont chargés de cette affaire peu banale. Tout d'abord il leur faut éplucher les séquences vidéo provenant des environs de l'hôtel ou de l'établissement même. Ils repèrent une femme blonde accompagnant Paul Gamble, le défunt, mais les images sont floues. De plus cette femme prend soin de cacher son visage derrière des lunettes noires grand format, ne se montrant jamais de face.

Les premières constatations dans la chambre du crime ne sont guère positives, rien n'ayant été laissé au hasard par la meurtrière. Seules quelques empreintes sur la moquette permettent de penser qu'un trépied y avait été installé, afin de procéder à un enregistrement des ébats meurtriers.

Ils se renseignent également auprès de l'épouse de Gamble, un riche entrepreneur qui a monté une start-up informatique qui engrange les bénéfices. Auprès de la secrétaire de Gamble, ils apprennent que l'homme était une bête de sexe, qu'il l'avait violée à plusieurs reprises, ainsi que de jeunes stagiaires, les payant ensuite grassement pour qu'elles se taisent. Toutefois, la secrétaire découvre dans le coffre de l'homme d'affaire un CD montrant Gamble en pleine activité, avec elle mais aussi avec une autre jeune femme dans un endroit inconnu. Elle remet l'objet à Sean Madden et son coéquipier, ce n'est pas grand chose, mais les petites informations, révélations mises bout à bout peuvent faire avancer l'enquête.

Toutefois Sean Madden doit déranger car en sortant d'un cinéma il aperçoit une voiture, une femme blonde à l'intérieur et un tuyau qui dépasse comme s'il s'agissait d'un fusil. Le bon réflexe consiste à se coucher sur le trottoir, à l'abri, ce qu'il fait. Il est sain et sauf, mais une jeune asiatique en subit les dommages collatéraux. Elle n'est que blessée, il appelle les secours et va même lui rendre visite à l'hôpital.

 

La veille de la découverte du corps de Gamble, Michael Singer, un reporter-photographe spécialisé dans la traque des vedettes de cinéma. Il possède de très nombreux informateurs qui lui fournissent d'amples renseignements ou l'aident dans ses démarches, des policiers et un informaticien rasta, genre baba-cool adepte de la fumette notamment. Chasseur de scandales il est rémunéré par la presse à sensation, ce qui lui permet de payer ses indics en conséquence.

C'est ainsi qu'il apprend par un policier que Naomie Jenkins, une vedette d'un journal télévisé, a été kidnappée puis violée. Elle a été droguée et s'est réveillée dans un hangar dans une zone industrielle, mais elle ne se souvient de rien. Cette fois il ne s'agit plus pour Mike Singer d'une affaire croustillante mais bien d'un acte répréhensible et il comprend fort bien que les médias n'en aient pas été informés. Il va mettre tout en œuvre pour découvrir qui sont ses ravisseurs violeurs, touché par la grâce et la dignité de la jeune femme. Il en devient même secrètement amoureux.

En remontant la filière grâce à ses contacts, il va se trouver au cœur d'une sombre histoire de films pornographiques.

 

Deux enquêtes qui vont bientôt converger, des hommes étant retrouvés assassinés dans les mêmes conditions que Gamble, et des femmes ayant subi des viols selon les mêmes méthodes endurées par Naomi Jankins.

Un roman qui débute en mode diésel, avec de très nombreuses digressions, explications, mais qui peu à peu s'emballe pour finir en trombe, comme une course contre la montre en côte.

Sean Madden le policier, et Michael Singer le paparazzi, tiennent une place importante, pour ne pas dire prépondérante dans ce récit, aussi bien dans leurs recherches, leur quête, que par leur charisme.

Ivan ZINBERG : Etoile morte.

Sean Madden, est devenu orphelin très jeune, ses parents étant décédés dans un accident de voiture. Mais s'il s'est retrouvé seul, placé en orphelinat, il a eu la chance, si l'on peut dire, de ne pas être démuni, ses parents étant extrêmement riches. Mais il a décidé de travailler, et le métier de policier l'a attiré pour diverses raisons. Il habite la Chemosphère, une construction d'architecte, mais il ne fait pas étalage de sa richesse. Il vit seul, ayant eu une compagne mais celle-ci l'a quitté. Il ne boit pas d'alcool, ne se drogue pas, un homme normal en quelque sorte.

Michael Singer lui aussi est un solitaire, ne vivant que pour son travail de reporter journaliste. Il a su s'entourer d'hommes et de femmes qui sont devenus des complices, mais dans cette affaire il se prend pour un enquêteur, une sorte de détective privé, attiré sentimentalement par Naomi Jenkins et lui vouant une forme de culte.

Les deux enquêtes, totalement différentes au départ, vont converger avec comme point commun Gamble, car les motivations des différents protagonistes se rejoignent, s'aimantent, comme le Bien et le Mal s'attirent justement à cause de leur antagonisme. Deux aiguilles d'une horloge, placée sur un pivot central érectile, qui au départ vont dans des sens opposés, se rejoignent, se superposent puis reprennent leur course dans le temps.

Si les descriptions sont travaillées, sérieuses, minutieuses, détaillées, parfois de façon clinique, minutées, permettant de visiter les différents quartiers et villes qui composent Los Angeles, les traits d'humour et les allusions ne manquent pas. Ainsi Sean Madden est allé voir Bleu Bell, l'adaptation longue de 37.2 le matin, et en sortant du cinéma il distingue une voiture avec la femme blonde à l'intérieur. Ceci ne vous rappelle rien ? Mais si, le roman de Sébastien Japrisot, La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil, adapté plusieurs fois au cinéma !

 

N'hésitez pas a visiter le site des éditions Critic, vous trouverez quelques jolies pépites...

Ivan ZINBERG : Etoile morte. Thriller. Editions Critic. Parution le 5 novembre 2015. 478 pages. 20,00€.

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6 décembre 2015 7 06 /12 /décembre /2015 15:15

C'était un p'tit bonheur...

Georges-Jean ARNAUD : Le petit bonheur piégé.

Solange Simoni, mère célibataire d’un garçon de trois ans a compris trop tard pourquoi Pierre Lafitte, gérant d’une agence immobilière à Toulon, l’a embauchée.

Il s’intéressait plus à son enfant qu’à elle, même s’il l’a culbutée à quelques reprises sans passion. Seul le besoin que l’enfant l’appelle Papa comptait apparemment à ses yeux. Lors d’une virée, elle s’est endormie dans la voiture. Au réveil elle est seule perdue dans la montagne. Plus d’enfant, plus de patron.

Une disparition orchestrée avec traces de sang et une vieille machette retrouvée par les gendarmes. Suspecte elle passe quelques années en prison. Dix neuf ans plus tard, sortie de geôle et après divers boulots, l’envie de reconstituer son passé, de retrouver au moins Gilbert, la tenaille. Elle s’aperçoit qu’ils n’étaient qu’un leurre.

Philippe, alias Peter Bruckner, était un agent de la Stasi. Pour protéger sa compagne Agnès et ses enfants, il lui fallait s’inventer une famille fictive. Elle interroge Tata Marcelle, la nourrice de Gilbert qui a sombré dans l’alcoolisme, laquelle lui apprend que la propriétaire de l’agence était liée à Peter. Une piste qui semble coupée mais dont elle renoue les liens peu à peu pour retrouver l’oncle de celle qui vivait avec Peter, Alex, un apiculteur, braconnier, sauvage, cupide et libidineux.

Pendant ce temps Agnès est abordée par Michael qui est persuadé retrouver sa mère. Agnès a fui durant toutes ses années par monts et par vaux, retrouvant Peter quatre fois par an, à dates et lieux précis. Jusqu’au jour où Peter est décédé d’un cancer.

Gertrud, la mère de Peter, est, elle aussi, en France. Ancienne nazie, communiste fanatique, elle est à la recherche de documents, remontant le passé de son fils et de son petit-fils qui la déteste. Elle étrangle Tata Marcelle puis tue une belle-sœur d’Agnès. Solange extorque la vérité auprès d’Alex, mais il la maîtrise et l’enferme dans un puits.

 

Le petit bonheur piégé s’inscrit dans la veine du roman intimiste avec lequel Arnaud s’est forgé une solide réputation de chroniqueur de personnages en quête d’identité.

C’est également un retour en arrière, sur les agissements de la Stasi, la police politique Est-allemande, sur la chute du mur de Berlin et des espoirs que la destruction de ce symbole a suscités.

Sans oublier ce goût de la manipulation qui imprègne pratiquement tous les ouvrages de G.-J. Arnaud, avec en point de crête une mise en scène réglée au détail près, la description de sentiments exacerbés, de liens familiaux en déliquescence, une complexité d’intrigue savamment orchestrée, qui font passer en arrière plan et oublier cette distorsion dans le temps et les coïncidences qui amènent les personnages à se mettre en mouvement ensemble au même moment. Une réussite.

 

Georges-Jean ARNAUD : Le petit bonheur piégé. Collection Les Noirs du Fleuve Noir N°50. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1998. 350 pages.

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4 décembre 2015 5 04 /12 /décembre /2015 16:43

Allumer le feu, allumer le feu...

Patrick S. VAST : Igneus.

En ce 31 octobre 2014, peu avant minuit, alors qu'il s'apprête à entrer chez lui, Aralf, musicien du Groupe ADRIAN, sent derrière lui une présence. Un homme demande à lui parler. Aralf est intrigué, il s'avance, un éclair jaillit, l'inconnu s'enfuit, Aralf n'est plus qu'une torche vivante, morte. Le quartier de Wazemmes à Lille est vraiment pittoresque.

Au même moment, dans un restaurant routier à la sortie de Tournai en Belgique, Jizza attend. Elle ne sait pas trop quoi. Elle a reçu un appel téléphonique lui demandant de se rendre au Trucker, ce qu'elle a fait, et depuis elle attend. A ce moment un homme entre dans le bar, émettant d'une voix tremblante cette litanie : C'est l'heure, oui, c'est l'heure...

Sur l'injonction du cabaretier l'homme s'esquive, désemparé. Une tragique histoire qui s'est déroulée trente ans auparavant, jour pour jour. A l'emplacement du routier s'élevait une discothèque, et dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1984, un incendie s'est déclaré, près de cent cinquante personnes, dont les quatre membres du groupe de rock métal qui effectuaient leur prestation, succombant sous la proie des flammes. En sortant du bar, Jizza est prise en charge par quatre jeunes hommes voyageant à bord d'un minibus. Dans l'habitacle elle entend une chanson qui lui remémore quelques souvenirs, Still loving you des Scorpions, mais légèrement transformée. Elle goûte à une cigarette améliorée que lui tend l'un des quatre chevelus qui portent en bandoulière une croix inversée. Lorsqu'elle se réveille elle est allongée sur un banc lillois.

Pendant ce temps, dans la campagne aveyronnaise, près de Vinérac, un gamin frappe à la porte d'une maison. Il grelotte, semble avoir peur et ne sait que dire au secours. Si la femme veut bien l'accueillir, l'homme le renvoie sèchement. Pour lui le gamin s'est échappé du centre du Ropiac, un lieu à la réputation sulfureuse. De nombreux gamins vivent dans ce centre particulier et comme Lucette, la fille de ce couple, y travaille, l'homme ne veut pas d'embêtement. Le gamin s'enfuit, peu après un coup de feu retentit dans la nuit.

 

Jizza est la guitariste chanteuse du groupe ADRIAN, et le capitaine Legrand, un policier lillois, lui apprend le décès par combustion d'Aralf. Jizza est effondrée, d'autant qu'en regardant une pochette de disque dans la collection de son père, elle reconnait les quatre membres du groupe Wild Mind. Ils ressemblent étrangement aux quatre garçons dans le van qui l'ont prisent en stop la nuit précédente.

A Toulouse, Xavier doit se rendre à Lille pour effectuer une nouvelle mission. Il vient d'en rater une mais son commanditaire exige qu'il renouvelle son expérience. Il possède une liste, sur laquelle figurait Arnaud Delattre, alias Aralf, mais également Jizza et son père. Le guide l'exige.

Lucette est amie avec Oriane, autre membre du personnel du Ropiac. Elle est au courant de la tentative d'évasion de l'un de leurs jeunes pensionnaires. Elles sont au service d'une secte sataniste et Oriane a prévenu Chastagne qui traque justement ce genre de groupuscules dont celle du professeur Soriot qui dirige Ropiac. Chastagne et Oriane ont beau se rendre à la gendarmerie de Rodez, puis s'adresser à un commissaire toulousain, rien n'y fait. Personne ne veut s'intéresser à leur histoire, tout juste si on ne les traite pas de fous paranoïaques.

Charles Manfret, qui dans sa jeunesse a joué dans un groupe punk, The Sox Guns (tiens, ça me rappelle vaguement quelque chose, pas vous ?), se consacre désormais, toujours à la musique mais comme chroniqueur musical. Il apprend en lisant le journal le décès d'Aralf, ce qui ne l'intéresserait pas plus que ça si les noms de Jizza et surtout celui de Louis Genelli n'y étaient pas accolés. Or Louis Genelli, il l'a connu, beaucoup plus jeune.

 

Dans ce roman tout feu tout flamme, nous retrouvons le thème qui avait été développé dans le précédent ouvrage, Requiescant, celui de la combustion spontanée. Mais le développement est totalement différent, plein de bruit et de fureur, empreint de rock métal, celui qui a bercé nos années 70/80. La musique adoucit les mœurs, parait-il, mais ce n'est pas toujours vrai, lorsque d'autres éléments s'en mêlent.

Ainsi la présence satanique d'une secte n'est pas fortuite et Patrick S. Vast en démontre les dérives dangereuses, morbides, traumatisantes et funestes. Ainsi l'église sataniste créée par Soriot est calquée sur le modèle et les principes édictés par Anton LaVey.

Surtout lorsque des personnes appartiennent en même temps à des associations influentes, à but caritatif, comme la confrérie du Prisme de l'Eveil qui s'infiltre dans l'histoire. Une célèbre association internationale, le Rotary Club pour ne pas la citer, possède comme devise : Servir d'abord. Ce qui est louable en soi. Mais il ne faut pas oublier cette devise secondaire qui dit : Qui sert le mieux profite le plus. Or sous des dehors de solidarité envers les autres, c'est bien la solidarité envers ses propres membres qui prévaut, jusqu'au plus haut de la pyramide sociale. Servir l'intérêt particulier passe avant l'intérêt général. Je parle bien entendu du Prisme de l'Eveil, n'allez pas me prêter de mauvaises intentions.

 

Igneus est un excellent roman qui en deux cents pages narre une histoire foisonnante, musicale, flamboyante, et Patrick S. Vast démontre que point n'est besoin de noircir une multitude de feuillets inutilement pour parvenir au but premier : divertir le lecteur. Il ne s'embarrasse pas de digressions oiseuses et longuettes pour expliquer les faits et gestes des satanistes, il les évoquent tout simplement et cela ne nuit en rien à la narration. Au contraire, celle-ci est plus fluide, plus rapide.

Il est amusant de noter que bon nombre de personnages sont maigres, efflanqués, habillés de noir, et à chaque j'avais l'impression d'être face à des clones de Iggy Pop.

 

Patrick S. VAST : Igneus. Editions Fleur Sauvage. Parution le 10 novembre 2015. 208 pages. 16,40€.

Existe en version Kindle : 9,99€.

 

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4 décembre 2015 5 04 /12 /décembre /2015 13:32

Hommage à Cornell Woolrich, alias William Irish, né le 4 décembre 1903.

William IRISH : Le territoire des morts

En apparence anachronique, ce roman de William Irish reflète pourtant l'un des thèmes majeurs de l'œuvre de l'auteur : le pessimisme.

Pessimisme qui conduit les héros malgré eux, une invitation aux retrouvailles de l'autre côté du monde réel, du monde des vivants.

Les romans qui se terminent bien, à la conclusion heureuse, sont fait rare chez Irish. C'est l'amour passion, l'amour coup de foudre qui prime, trouvant son aboutissement et son apogée dans la tourmente. L'amour éternité ne peut se réaliser qu'après d'âpres combats, dans un au-delà mythique.

Un homme aime une femme sur une vision, une rencontre fortuite, mais est-ce vraiment le déclic émotionnel ou seulement les prémices à une autre passion plus ravageuse, plus intellectuelle ?

Pour cela il faudrait analyser toute l'œuvre de William Irish, et surtout se reporter à sa vie privée et des incidences qu'elle eut sur justement son œuvre. Que ce soit au travers des romans mondialement connus tels que La sirène du Mississippi, La mariée était en noir, J'ai épousé une ombre, Lady Fantôme et d'autres moins connus mais tout aussi intéressants, comme ce Territoire des morts, l'amour contrarié est viscéralement ancré. Mais si Le territoire des morts aborde un thème plus fantastique, il n'a garde d'oublier les relations émotionnelles homme/femme.

 

Parce qu'il est en panne de voiture, Larry frappe une nuit à la porte d'une habitation perdue dans la nature. A l'une des fenêtres du premier étage s'inscrit en blanc le visage d'une jeune femme. Coup de foudre réciproque et Larry enlève Mitty.

Après le mariage devant un juge, ils partent en voyage à bord d'un bateau. Lors de l'escale de Puerto Santo, Mitty descend à terre. Larry s'inquiète, descend lui aussi, fouille la ville à la recherche de son épouse, et lorsqu'enfin il la retrouve, le bateau a levé l'ancre.

Commence alors une étrange histoire. Irrésistiblement Mitty est attirée par ce qui se trouve de l'autre côté de la montagne. Pourtant tous les témoignages concordent et sont formels : il n'y a rien de l'autre côté, personne. C'est le Territoire des morts.

 

Dans une histoire à la Ridder Hagard, William Irish a su créer une atmosphère insidieuse, envoûtante, diabolique, toute à l'image de son œuvre.

Première édition, tirage limité : Sinfonia. 1987.

Première édition, tirage limité : Sinfonia. 1987.

William IRISH : Le territoire des morts (Savage Bride - 1950 ou 1952. Traduction de Gérard de Chergé). Collection Série 33. Editions Clancier-Guénaud. Parution avril 1988. 256 pages.

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30 novembre 2015 1 30 /11 /novembre /2015 13:15

Hommage à John Dickson Carr, né le 30 novembre 1906, à Uniontown en Pennsylvanie.

John Dickson CARR : Le gouffre aux sorcières

Il faut peu de choses pour créer et entretenir une légende.

Par exemple à Chatterham, parce que certains représentants de la famille Starbeth sont morts la nuque brisée, la croyance populaire voudrait que les descendants de Timothy subissent le même sort.

Une coutume régit la vie de cette famille : le soir de ses vingt-cinq ans, entre vingt-trois heures et minuit, l'aîné des Starbeth doit se rendre dans le pénitencier désaffecté puis dans la chambre du Prévôt, un de leurs ancêtres, ouvrir le coffre-fort et ramener une preuve de sa présence.

Quel mal y-a-t-il à respecter une coutume, n'est-ce pas Martin Starbeth ? Aucun, sinon subir le sort de ses ancêtres.

Pour le docteur Gideon Fell, les légendes et les coutumes ont toujours un fond de vérité, et un assassinat ne se peut se perpétrer que par un mortel mal intentionné.

 

Ce roman de John Dickson Carr, écrit en 1933 et inédit jusqu'à sa parution en 1989, met en scène pour la première fois le lexicographe Gideon Fell. Un personnage haut en couleurs, préférant la bière au thé et qui fait ses choux gras des mystères.

Immense, à la limite de l'obésité, il ne se déplace la plupart du temps qu'à l'aide de ses cannes. Il est marié à une petite femme charmante, véritable feu-follet, myope et quelque peu étourdie.

Le gouffre aux sorcières, l'un des premiers romans écrits par John Dickson Carr, annonce les thèmes chers à l'écrivain : meurtre en chambre close, une atmosphère étouffante, angoissante, assaisonnée d'une pointe de fantastique et relevé d'une pointe d'humour.

Un livre qui malgré sa traduction tardive, je rappelle que ce roman date de 1933 mais n'a été publié en France qu'en 1989, n'a pas pris une ride.

Réédition volume Les intégrales John Dickson Carr N°1. Parution décembre 1991. 1120 pages. Docteur Fell. Comprend Le gouffre aux sorcière; Le chapelier fou; Le huit d'épée; Le barbier aveugle; L'arme à gauche.

Réédition volume Les intégrales John Dickson Carr N°1. Parution décembre 1991. 1120 pages. Docteur Fell. Comprend Le gouffre aux sorcière; Le chapelier fou; Le huit d'épée; Le barbier aveugle; L'arme à gauche.

John Dickson CARR : Le gouffre aux sorcières (Hagg's Nook - 1933. Traduction de Dominique Monrocq). Le Masque Jaune N°1944. Edition Librairie des Champs Elysées. Parution janvier 1989.

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26 novembre 2015 4 26 /11 /novembre /2015 13:28

Bon anniversaire à Béatrice Nicodème

née le 26 novembre 1951.

Béatrice NICODEME : Mauvaise rencontre.

Anna, fâchée avec son compagnon Pascal, décide de partir seule, dans sa petite voiture, alors que la nuit se profile à l’horizon.

Elle est avide d’indépendance, ressentant un besoin de liberté totale pour s’exprimer pleinement dans la peinture, son travail et sa passion. Un banal accrochage avec un animal, sa voiture qui tombe en panne, et c’est le début des ennuis.

Anna voit, ou croit voir dans les frondaisons baignées d’obscurité d’étranges silhouettes se livrant à d’inquiétantes activités. Elle se résout à contre cœur à faire appel à son ex puis rentre chez elle pour recevoir un appel anonyme.

Le premier d’une longue série qui empoisonne son existence. Le temps passe, dans un début de chaos cérébral, elle héberge une amie Fanny, retrouve un ancien condisciple de l’école de peinture qu’elle a fréquenté pendant quelques années, continue à donner des cours à des étudiants plus ou moins doués.

Jusqu’au jour où, les appels téléphoniques anonymes ne suffisant plus elle est confronté à un cadavre gisant dans son petit appartement. Nul doute, quelqu’un lui en veut. Qui persécute Anna et pourquoi, Béatrice Nicodème se charge de vous le révéler dans ce nouveau roman sélectionné pour le prix du roman d’aventures.

 

Bon roman de suspense, mais un peu faible comparé à La tentation du silence, Mauvaise rencontre joue avec les nerfs du lecteur.

L’intrigue est menée tambour battant, l’ambiguïté des personnages reste plausible, toutefois l’épilogue qui joue sur une coïncidence, le hasard a souvent bon dos, est un peu tiré par les cheveux.

Toutefois ne boudons pas notre plaisir et apprécions ce cru qui n’est pas exceptionnel mais se laisse déguster.

 

Béatrice NICODEME : Mauvaise rencontre. Le Masque jaune N°2455. Parution septembre 2001. 250 pages. 7,50€.

Existe au format Kindle : 4,99€.

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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