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14 novembre 2017 2 14 /11 /novembre /2017 09:03

Abraham Lincoln, président ? Mais pas que…

Abraham LINCOLN : Le mystère Trailor

En général, je lis les préfaces avec un certain recul, car cela ne présente la plupart du temps aucun intérêt. En effet, le scripteur a plus tendance à se mettre en avant, à parler de lui plutôt que d’apporter des éléments novateurs concernant l’auteur et son texte.

Naturellement, tout le monde sait, sauf la nouvelle espèce d’ignares, comme le précise le préfacier, qui arguent du fait qu’ils n’étaient pas nés, que Lincoln fut président des Etats-Unis deux fois mais n’alla pas jusqu’au bout de son second mandat par la faute de son engouement pour le théâtre. En effet il fut assassiné dans le Théâtre Ford, et non dans une automobile comme le nom pourrait le laisser supposer, d’une balle dans la tête le 14 avril 1865. Balle tirée par un Sudiste médiocre comédien, mais qui réussit sa sortie.

Faut-il y voir une relation de cause à effet, le général Robert Lee venait de signer sa reddition à Appomattox le 9 avril, soit quelques jours auparavant. Les mois d’avril sont meurtriers comme chacun sait. Le fameux Lee sudiste qui, à la tête des Confédérés, avait combattu l’abolition de l’esclavage prônée par Lincoln. Il en reste des traces encore de nos jours. Sans oublier que Lincoln fut le premier président républicain, un nouveau parti qui venait de se créer et qui depuis a bien mal tourné. Mais nous ne referons pas l’histoire, nous ne sommes pas mandatés pour.

Revenons donc à Lincoln qui lorsqu’il écrivit ce texte était en bonne santé. Autodidacte, il apprend seul le droit et devient avocat itinérant. Et ce fameux mystère Trailor ne pouvait le laisser insensible. Il en a tiré un texte qui pourrait s’apparenter à une nouvelle criminelle ou à un article journalistique, publié le 15 avril 1846, reprenant les faits, les décortiquant, les analysant et surtout s’interrogeant sur la possibilité de la Justice de rendre un verdict à l’encontre de présumés coupables, reposant sur des témoignages aléatoires, des rumeurs, des aveux peut-être extorqués, et en l’absence de corps. Mais qu’est-ce que ce mystère Trailor ?

En ce printemps 1841, les trois frères Trailor, qui vivent séparément à Springfield, petite ville située dans l’Illinois, ou dans ses environs, se retrouvent un beau (?) jour. Puis ils partent, accompagnés d’un nommé Fischer, lequel est le voisin d’un des frères, pour une promenade en voiture. A cheval je précise. Lorsqu’ils reviennent dans la soirée, un par un, le dénommé Fischer manque à l’appel. Ils s’engagent à le rechercher le lendemain, mais leurs démarches restent vaines. Les jours suivants aussi. Les suspicions des voisins, puis des habitants, puis des journalistes font qu’ils sont soupçonnés puis accusés de meurtre, mais sans qu’aucun cadavre vienne confirmer les allégations.

Pour la suite, je vous renvoie à la préface de Claude Mesplède puisque celui-ci dévoile malicieusement l’épilogue, un système intéressant pour le lecteur qui économise du temps et peut se vanter de connaître la solution, ou presque, sans avoir lu le texte. Mais il s’agit d’un fait-divers authentique que vous connaissez peut-être déjà, même si vous n’étiez pas né à l’époque.

Le fait que le texte français soit suivi du texte original, en américain, réjouira les anglophones, ou plutôt les américanophones, qui pourront lire cet article en version originale, et par la même occasion me préciser ainsi du bienfondé de cette phrase : L'accusation fit une pose. Personnellement, je pencherais pour : L’accusation fit une pause. A moins qu’il y ait une pause pour prendre une pose photographique, par exemple. Je sais, je suis un pinailleur, sans pour cela tromper ma femme.

Quoiqu’il en soit, ce texte, débarrassé de fioritures stylistiques, pose la question fondamentale d’un jugement reposant uniquement sur des intimes convictions. Ce qui peut entraîner, et cela est arrivé à moult reprises et encore dernièrement, à emprisonner de présumés coupables alors qu’ils sont innocents.

 

Abraham LINCOLN : Le mystère Trailor (The Trailor Murder Mystery. Traduction de Franq Dilo). Préface de Claude Mesplède. Collection Noir sœur/Perle noire. Editions Ska. Parution 2 novembre 2015. 33 pages. 2,99€. Edition bilingue. Ebook.

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9 novembre 2017 4 09 /11 /novembre /2017 10:40

Un écrit de jeunesse de Conan Doyle !

Arthur Conan DOYLE : Alabama Joe

Prononcer le nom de Sir Arthur Conan Doyle, s’impose immédiatement à l’esprit celui de Sherlock Holmes, ce qui est, vous en conviendrez, restrictif.

En effet, le célèbre détective n’est que la partie émergée de l’œuvre littéraire en forme d’iceberg du grand conteur qu’est ce médecin écossais né à Edimbourg en 1859.

Le Récit de l’Américain, ou Alabama Joe, fait partie d’un ensemble n’ayant pas de définition exacte, regroupé sous Autres contes, aux côtés des Contes de mystère, Contes de médecins, Contes du ring, Contes d’autrefois, Contes du camp, Contes de pirates, et quelques autres recueils possédant une thématique précise.

Ce conte, paru anonymement début 1880, pour un numéro spécial de Noël de la London Society, est ce que l’on peut appeler une œuvre de jeunesse, puisque l’auteur à l’époque n’a que 21 ans et n’a pas encore mis les pieds en Amérique, et plus précisément aux Etats-Unis. Il est en 3e année de médecine et le 28 février 1880 il embarque comme officier de santé à bord d’un baleinier pour une campagne de chasse au phoque et à la baleine qui durera jusqu'au 11 août 1881 et emmènera le navire au Groenland, au Spitzberg et aux Îles Féroé.

 

Alors que l’auteur, du moins c’est ce que Doyle laisse entendre, pénètre dans la pièce dans laquelle se tient une réunion d’un cercle mi-social mi-littéraire, un homme tient en haleine les personnes présentes par la narration d’anecdotes qu’il a vécues ou entendues raconter.

Jefferson Adams est un Yankee et après quelques préliminaires consistant à démontrer que les gens de peu et sans véritable instruction ont souvent plus de faits vraiment intéressants à raconter que tous les scientifiques possédant une érudition sans faille, quelque soit leur domaine de connaissance, débute son témoignage censé être véridique en affirmant qu’il fit partie des flibustiers de Walker. Et c’est en Arizona, où il a vécu quelques années, qu’il a approché une plante dite piège à mouche, une plante carnivore dont un membre présent donne son nom latin, ce dont se moque complètement le narrateur qui poursuit.

Et il en vient à l’objet de cette histoire, la mort Joe Hawkins, dit Alabama Joe, un bon garçon très soupe-au-lait, vindicatif, qui prend justement la mouche au moindre propos qui lui semble déplacé ou à la vue d’un Anglais. Alabama Joe, ainsi que d’autres vauriens de son acabit, leur en veut à mort pour des raisons qui leur sont propres et arrive alors ce qui devait arriver, lorsque, bien éméché, il est mis en présence, dans un bar du Montana, d’un consommateur représentant la fière et perfide Albion.

 

Dans ce court récit, Conan Doyle démontre toutes ses capacités littéraires, instillant l’angoisse et le suspense comme un vieux routier. Histoire inventée de toutes pièces ou entendue alors qu’il travaille au cabinet du Dr Reginald Ratcliffe Hoare à Birmingham, fréquenté par une clientèle considérable composée de petites gens (Sources : La vie de Sir Arthur Conan Doyle par John Dickson Carr, Editions Robert Laffont, 1958), nul ne pourrait le dire, mais cela sonne juste, même si une incohérence géographique apparait dans le récit. Mais, toujours d’après John Dickson Carr, son esprit est préoccupé par le comique et l’horrible et il se délecte dans les deux. Et il est vrai que ces deux thèmes apparaissent dans ce court texte prometteur. D’ailleurs, parmi les nombreuses nouvelles qu’écrivit Conan Doyle à cette époque et envoyées à divers journaux, celui-ci fut l’un des rares a être retenu. Ce qui ne l’empêcha pas par la suite de connaître gloire et consécration.

 

Arthur Conan DOYLE : Alabama Joe (The American’s Tale – 1880). Autre titre : Le récit de l’Américain. Préface de John Moodrow. Collection Noire sœur Perle noire. Editions Ska. Parution 12 décembre 2016. 21 pages. 2,99€.

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12 octobre 2017 4 12 /10 /octobre /2017 11:05

Un ménage à trois ?

Frédérique TRIGODET : Bad dog.

Ils sont arrivés près du bord de mer, au bord de l’Atlantique et ils sont tombés amoureux. D’eux c’était déjà fait, mais d’une maison style Nouvelle Angleterre à retaper. Ce qui n’était pas un problème, lui étant menuisier de son métier, et de plus un bon menuisier.

Il était très demandé, partant sur les chantiers, parfois pour une semaine. Et pendant ce temps, elle s’occupait de la décoration, d’un jardinet de curé, de confectionner des tartes avec les fruits donnés par le voisin. Et d’aménager une pièce destinée à être louée à des touristes ou à des étudiants.

Et elle est attendait son homme assise sur les marches du perron. Jusqu’au jour où il est arrivé, en fin de semaine, avec un chiot, un bébé colley qu’il avait prénommé Gustave, Gus pour les intimes.

Mais Gus n’en a que pour son maître. Elle, il l’ignore, il ne fait que des bêtises lorsque son maître est sorti. A se demander même s’il ne garde pas un chien de sa chienne à son encontre à elle. Heureusement, durant la semaine, le chien n’est pas là, parti avec le maître sur les chantiers. Un intrus dans un couple.

 

Frédérique Trigodet, avec réalisme, nous raconte une histoire simple, un de ces épisodes qui peuvent se dérouler tous les jours, mais qui ne vont pas jusqu’au bout de ce qu’elle nous décrit.

Un chien qui ne voit que par son maître, qui ne connait que son maître, et une femme frustrée d’un manque d’affection. Après tout elle aussi le nourrit ce chien recueilli, mais voilà, il ne partage pas les mêmes valeurs affectives, la même reconnaissance. Et alors, que croyez-vous qu’il arriva ?

J’aime ce genre de texte court qui résume une tranche de vie, sans pathos, juste de quoi vous tournebouler l’esprit et de regarder à deux fois avant d’adopter un animal de compagnie. Hélas, pour moi, c’est une version numérique, et je ne peux plus lire sur écran, juste quelques minutes. Mes yeux pleurent, tout seuls…

Frédérique TRIGODET : Bad dog. Nouvelle. Collection Noire sœur. Editions Ska. Parution octobre 2017. 1,99€.

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6 septembre 2017 3 06 /09 /septembre /2017 07:48

Un vœu pieux ? (A ne pas confondre avec un peu vieux !)

Gaétan BRIXTEL : Justice pour tous.

Dès les premières lignes, nous sommes, nous lecteurs, plongés dans le bain de la confidence. Le narrateur se dévoile, peut-être dans l’optique d’une rédemption. Et il en a des choses à dire, ce narrateur, des révélations pas vraiment en sa faveur, mais cherche-t-il vraiment une absolution ?

Il a vingt six ans, mais professe à l’encontre de l’alcool une addiction qui engendre une nouvelle période de chômage, la troisième. Son père lui conseille d’arrêter de s’enfiler les petits (et les grands aussi d’ailleurs) verres, mais contrit le narrateur continue. Il est vrai que son père vieillissant en a déjà eu sa dose avec ses filles, plus vieilles que le narrateur, et qui ont goûté à tout et au reste. Dans l’idée d’en dénoncer à leurs enfants les effets néfastes ? Pourquoi pas, on ne parle jamais mieux que de ce que l’on connait et les affres par lesquelles on est passé.

Le chômage, l’alcool, l’alcool, le chômage… Une spirale infernale… Et en plus il est écrivain, mais est-ce un métier ?

 

Non, le narrateur ne veut pas déplaire à ses parents, il aimerait en se regardant dans la glace voir devant lui le visage d’un type bien. Car ses parents sont vieux, même s’il en parle avec un certain cynisme.

Dans le salon, Papa est installé dans son fauteuil avec le journal, mais en réalité il dort ; Maman allongée sur le canapé, couverte d’un plaid. Avec le feu allumé dans la cheminée ; un confortable crématorium.

 

Et pour mieux vous faire comprendre par quels avatars, quelles angoisses, quelles tentatives de viol, quelles régurgitations dues à des mélanges confinant au petit chimiste amateur, à quelles provocations il est confronté, il se déballonne (normal après un ballon de bière) et s’épanche. Pour mieux se comprendre, mieux se donner les moyens intellectuels, s’imprégner les neurones d’arrêter de fréquenter les bars.

 

Une nouvelle qui sent le vécu, jusqu’à un certain point. Quoique, on ne sait jamais. Et puis, on peut toujours enjoliver, ou noircir, noircir c’est le mot pour un mec qui a bu, enfin on peut toujours raconter une histoire qui nous est arrivée, ou aurait pu nous arriver.

Gaétan BRIXTEL : Justice pour tous. Nouvelle numérique Collection Noire sœur. Editions SKA. Parution septembre 2017. 16 pages. 1,99€.

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21 juillet 2017 5 21 /07 /juillet /2017 13:32

Sur cette terre, ma seule joie, mon seul bonheur
C'est mon homme
.

Max OBIONE : Gun.

Gérard est un petit maquereau sans grande envergure, n’ayant qu’une gagneuse, qui est en même temps sa copine. Ginette.

Elle est chouette Ginette, mais elle commence à se faire vieille.

Aussi, lorsqu’une jeunette en provenance des pays de l’Est lui propose de compléter et rajeunir son effectif, Gérard n’y voit aucun inconvénient, Ginette non plus d’ailleurs.

Azhor attire de nombreux clients sur le parking, des routiers sympas, qui n’ont pas peur à la dépense. Elle incite Gérard à embaucher ses copines, mais dans la vie il ne faut pas transformer sa petite entreprise en multinationale, le revers de la médaille se profile rapidement.

Dans cette nouvelle, Max Obione prend son style bourru et attendrissant, façon langue verte des julots d'antan.

Mais comme pour tout, l'économie de marché, le capitalisme sauvage, la mondialisation, la délocalisation du pain-de-fesses vers les pays demandeurs de chairs blondes et originaires des pays de l'Europe de l'Est, le rajeunissement de la "main" d'œuvre, perturbent les petites entreprises qui comme la grenouille veulent devenir plus grosse que le bœuf. Et dans ces cas là il vaut lieux être taureau que bœuf !

 

 

Première édition : éditions Krakoen. Collection Petits Noirs. Parution janvier 2012. 20 pages.

Première édition : éditions Krakoen. Collection Petits Noirs. Parution janvier 2012. 20 pages.

Max OBIONE : Gun. Collection Noire Sœur. Editions SKA. Version numérique. Parution mai 2017. 2,99€.

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10 juin 2017 6 10 /06 /juin /2017 10:08

Je ne suis pas un héros

Mes faux pas me collent à la peau

Je ne suis pas un héros...

Frédérique TRIGODET : An American Hero.

Pas facile de devenir un écrivain lorsqu'on a connu une enfance perturbée. Pourtant ce n'était pas l'envie ni le désir de se hisser au sommet des ventes avec des piles de livres sur les étals et d'entretenir une petite cour d'écrivaillons qui lui manquait.

Seulement devenir écrivain ne s'improvise pas, on en couche pas des mots sur le papier à la simple demande d'un rêve. Alors, afin de ne pas se déconnecter du monde du livre, il essaie de devenir bibliothécaire. Mais les examens de passage, ce n'est pas son truc. Pourtant il bûche l'oral, l'écrit, tout en effectuant de petits boulots. Il faut bien manger quand même.

Résigné, il laisse les années s'écouler, jusqu'au jour où il prend en stop, l'ancêtre du covoiturage, un individu, ancêtre des hippies, pas très net question propreté et peut-être encore moins net dans sa tête. Bref le genre de personnage qu'il vaut mieux éviter, et qu'il prend quand même à bord de son véhicule. Il lui paie même un petit-déjeuner. Un bienfait qui n'est pas perdu. L'homme fait à notre narrateur une proposition honnête et inattendue.

 

Frédérique Trigodet rêvait-elle d'être un homme et de devenir un jour écrivain célèbre ? Pour se muer en homme, c'est peut-être trop tard, quoi que avec les progrès de la science médicale, rien n'est perdu. Mais devenir un écrivain célèbre, disons qu'elle a déjà parcouru quelques étapes, et que ce n'est pas près de terminer en eau de boudin.

En effet, elle est déjà l'auteur de quelques nouvelles chez Madame Ska, cinq au total, mais ce n'est pas fini, du moins c'est une supposition qui n'engage que moi. Et si vous être curieux, que vous lisez les magazines féminins, ce qui n'est pas rédhibitoire malgré les réticences de quelques pseudos intellectuels qui dénigrent tout sans savoir, sans comprendre, sans avoir lu ni même s'y intéresser un tant soit peu, persuadés qu'ils sont les détenteurs de la Vérité, si donc vous lisez des magazines féminins genre Nous Deux, vous pouvez retrouver le nom de Frédérique Trigodet parfois au sommaire. Et là non plus, ce n'est pas fini puisque de nouvelles publications sont prévues.

Quant à ceux qui crachent dans la soupe sans l'avoir goutée, des auteurs comme Jean-Marie Palach, Brice Tarvel et André Caroff ont fourni des nouvelles pour ce magazine, et ce ne sont pas les seuls. Mais comme c'était sous d'autres pseudonymes...

 

Frédérique TRIGODET : An American Hero. Collection Noire Sœur. Nouvelle numérique. Editions SKA. Parution Juin 2017. 14 pages. 1,99€.

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26 janvier 2017 4 26 /01 /janvier /2017 16:46

Il a tout d'un grand !

Sébastien GEHAN : La traque.

Le Havre. 23 février 1942.

Simon Rafsjus, un gamin juif, déambule dans les rues, rentrant chez lui, la faim lui tenaillant le ventre. Il contemple les vitrines et la transformation de la cité portuaire.

Les Allemands construisent les édifices destinés à prévenir un débarquement des Américains, ce fameux mur de l'Atlantique qui remonte jusque dans la Manche et qui en réalité n'empêchera rien. Tant mieux.

Simon reluque les affiches vantant les mérites d'un apéritif au quinquina, dont son père raffole, et collées en dessous celles dénonçant les Résistants manipulés par les Soviets et les Juifs.

Les Juifs, stigmatisés, sur qui toute la vindicte se cristallise. Il faut bien trouver des coupables, un exutoire racial et ségrégationniste.

 

Février 2007.

Moussa, quatorze ans, en France depuis huit ans en provenance du Sénégal avec ses parents et ses deux jeunes sœurs, rentre de l'école. La maîtresse l'aime bien, elle lui fait même un petit signe amical de la main. Il baguenaude mais depuis juillet 2003 la loi Sarkozy est passée par là et depuis lui et sa famille sont en situation irrégulière.

 

Tous deux, Simon et Moussa, à soixante cinq ans d'écart vivent le même drame. Rentrant chez eux ils aperçoivent un fourgon cellulaire emmenant leur famille proscrite.

 

Sébastien Géhan met en parallèle deux situations, deux opprobres liés à l'origine de familles intégrées mais rejetées par un système politique alimenté par des relents de racisme, d'exclusion. Des sentiments de rejet entretenus par la jalousie, la peur de l'autre, de l'étranger, dont les modes de vie ou de religion sont considérés comme dérangeants.

Mais ce qui est dérangeant, c'est bien cet ostracisme qui perdure, malgré les déclarations démagogiques.

Sébastien GEHAN : La traque. Nouvelle. Collection Noire sœur. Editions SKA. Parution 3 janvier 2017. 14 pages. 1,99€.

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15 octobre 2016 6 15 /10 /octobre /2016 06:05

Méfiez-vous des quidams lambdas, ce sont les pires...

Gilles VIDAL : Plus mort tu meurs

Tout jeune, à sa majorité, il avait estourbi et envoyé ad-patres son premier candidat à la mort avec doigté et facilité. Candidat involontaire faut-il préciser.

Il avait écouté et assimilé les leçons prodiguées par son père, un orfèvre en la matière. Puis les avait appliquées dans la plus pure tradition paternelle.

Vêtu d'un survêtement banal, il était entré dans le parc où batifolaient des gamins surveillés par des parents omniprésents. Il s'était caché dans des buissons, puis s'était approché d'un banc sur lequel se reposait un quadragénaire pensif.

Un gantelet en mailles de fer à la main, il avait occis sa cible sans coup férir de deux tapes, nullement amicales, et il avait accroché à son tableau de chasse son premier cadavre. Un inconnu qui ne lui avait rien fait, mais qu'importe. Seul le geste compte et il l'avait réalisé avec brio.

Par la suite il avait enchaîné les contrats et le carnet de commande ne désemplissait pas.

Ce jour là il a pris le train. Il est devenu un quinquagénaire bien conservé même s'il est démuni côté capillaire. C'est un homme passe-partout qui a rendez-vous à Voroy, une commune qu'il connait bien, même si cela fait déjà un bon moment qu'il ne s'y est pas rendu. Et il est joyeux. Allez savoir pour quoi...

 

 

 Avec un humour noir féroce et froid, glacial presque et pourtant empli de sentiments, Gilles Vidal nous entraîne dans le sillage d'un tueur aguerri, qui ne regrette rien. D'ailleurs qu'aurait-il à regretter ? Sûrement pas sa trajectoire professionnelle qui n'a jamais failli.

Tueur est un métier comme un autre, comme ces soldats qui s'engagent parce qu'ils ont envie d'en découdre.

Mais la vie, ou la mort réserve parfois de drôles de surprises, qui finalement ne sont pas si drôles que ça.

Une ode au père qui a tout appris, ou presque.

 

 

 

Gilles VIDAL : Plus mort tu meurs. Collection Noire Sœur. Editions SKA. Parution octobre 2016. Version numérique. 12 pages. 1,99€.

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22 juin 2016 3 22 /06 /juin /2016 11:27

Bon anniversaire à Catherine Fradier, née le 22 juin 1958.

Catherine FRADIER : Ballon.

Tandis que des centaines de milliers de supporters, à un ou deux près, envahissent la France, désirant encourager leurs équipes respectives, dépensant sans compter leurs euros, faisant le bonheur des débits de boissons et fournissant allègrement du travail à ceux qui sont au chômage ou non lors des dégâts occasionnés par leurs débordements joyeux, là-bas, en Orient, un gamin pigne auprès de sa mère son ballon.

Il a oublié son ballon sur la plage, à cause des bombardements. Alors sa mère, Razan, sachant que le père lui offrira gentiment quelques torgnoles en rentrant, Qusaï effectuant six tours dans ses baskets délabrées sans toucher les bords, Razan décide d'aller récupérer le jouet de son fils malgré son ventre en capilotade.

 

En quatre pages, Catherine Fradier aborde un sujet grave. Elle nous montre les horreurs de la guerre à travers un événement parmi tant d'autres, un court épisode de la vie quotidienne, alors que tout devrait être joie pour des gamins qui n'ont rien demandé sauf une parcelle de bonheur, toucher la lune par exemple.

Une page d'histoire écrite tout en finesse, en toucher de plume, et le lecteur assiste, comme au cinéma, à ce qui pourrait être un moment de détente au milieu de la guerre. Mais la détente n'est pas celle à laquelle Qusaï pourrait, devrait, avoir droit, car les doigts des hommes sont dessus.

Catherine FRADIER : Ballon. Nouvelle numérique. Collection Noire Sœur. Editions Ska. Parution juin 2016. 1,49€.

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21 juin 2016 2 21 /06 /juin /2016 09:27

Je crois bien que rien n'y ferait...

Frédérique TRIGODET : Même si tu revenais.

Deux crimes en une semaine, dans deux villages situés à l'opposé du département, mais dans des conditions similaires. Deux femmes retrouvées dans leur baignoire, électrocutées.

Le capitaine Pistoléas est dubitatif en contemplant sa petite brigade composée de François Perrin, du lieutenant Misogin et de Laurence la stagiaire qui reste accrochée à son bureau se considérant comme une profileuse.

Le commissaire Vellin lui a remonté les bretelles le sommant de conduire son enquête le plus rapidement possible, imposant à son équipe un stage de formation, plaçant sa nièce comme stagiaire, et débrouillez-vous les gars, y a du pain sur la planche, et un tueur en série en liberté.

Alors tout ce petit monde récapitule, émet des hypothèses, enfin ceux qui pensent, se tortillonnent les neurones, mais cela ne va pas bien loin. Deux femmes, entre deux âges, habillées de paillettes et de strass, qui se prénomment toutes les deux... Rien de bien important à se mettre sous les dents, les yeux et les mains. Ah si, elles portaient des traces de violence.

 

Lui se sent investi d'une mission, perpétrer le souvenir du Chanteur. Il y ressemble fortement, il en possède même la voix, d'après une charmante dame qui est venue l'écouter à une fête de la bière. Tout serait parfait s'il n'avait pas un problème. De taille. Ses danseuses qui n'égalent pas celles de son Idole.

 

Rien que le titre de cette nouvelle vous aura mis sur la voie et la voix. Mais la chute, là chut... est intéressante, et montre un personnage plus vrai que nature dans son idolâtrie, son besoin de s'identifier à quelqu'un dont la notoriété défie les années.

Une nouvelle humoristique dont les protagonistes principaux, le capitaine Pistoléas et les membres de sa petite équipe, semblent complètement à la ramasse, étant obligés à se réunir pour échanger leurs opinions et à se servir d'une calculette pour additionner deux plus deux et se rendre compte que cela fait quatre.

Et ils me font penser aux bras cassés du cinéma, dans les films je précise car dans la vie courante ils n'étaient pas aussi niais, à Bernard Blier, Jean Lefèvre, Jean Carmet, Mireille Darc... Si vous avez d'autres suggestions, n'hésitez pas, vous connaissez mon adresse...

Ce pourrait n'être qu'une parodie de comédie policière, mais le personnage du Chanteur-bis nous plonge dans les affres de ceux qui se veulent à l'égal, s'identifient, mais ne sont que de tristes clowns blancs pitoyables.

Frédérique Trigodet, une nouvelliste à suivre... en tout bien tout honneur !

 

Pour commander ou consulter le catalogue de SKA éditeur :

Frédérique TRIGODET : Même si tu revenais. Nouvelle numérique. Collection Noire sœur. Editions SKA. 1,49€.

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