Les médicaments génériques sont-ils
des contrefaçons ?
En 2008, le jeune Pram Rainsy, voyou canadien d'origine khmère, en délicatesse avec les autorités de son pays, s'associe avec l'Oncle, criminel réputé, afin de fabriquer de faux médicaments. Les chiffres qu'il avance sont sans contestation, il y a de quoi se faire beaucoup d'argent. Ainsi pour une mise de mille dollars, le profit escompté dans le trafic de fausse monnaie est estimé à vingt mille billets verts, tandis que dans la contrefaçon de médicaments, cela peut s'élever jusqu'à quatre cent cinquante mille dollars. Il suffit juste de choisir de fabriquerr un médicament populaire et le tour est joué.
Quatre ans plus tard, les autorités policières, et plus particulièrement la division IV, service luttant contre la contrefaçon de médicaments, est alertée. Des antidépresseurs seraient à l'origine d'une mortalité inquiétante. Un incident mortifère empoisonnant pour l'Oncle qui avait misé sur ce profit en élaborant dans un laboratoire semi-clandestin des médicaments théoriquement inoffensifs, des placebos ou des produits pouvant être utilisés sans aucun impact négatif.
Le général de la police cambodgienne, You Philong, dirige également cette division IV qui possède en son sein quelques éléments extérieurs. Ainsi Alexis Renouart, bientôt quarante ans, policier français travaillant pour l'ambassade de l'Union européenne au Cambodge, en est le conseiller technique. Il est ami avec Sam Sonn, un policier local. Le sexagénaire Bob Farnhost est lui aussi conseiller technique et est payé par un consortium d'entreprises pharmaceutiques américaines. Pour ne citer que les principaux membres de cette division spéciale.
Tandis que les forces de la division IV essaient de remonter la filière de distribution et celle de fabrication des médicaments mortels, Rainsy le neveu et Vorn Vitch, un collaborateur de longue date du contrefacteur, se disputent la prépondérance au sein de l'organisation dirigée par l'Oncle.
Est-ce l'influence asiatique exercée sur l'auteur, qui a vécu durant de longues années au Cambodge, mais cette histoire traîne longueur comme les palabres qui s'échangent lors de négociations, de longues heures de discussions pour arriver parfois à pas grand-chose. En réduisant de moitié la taille de ce roman, cette intrigue aurait gagné en puissance.
Dès le début, le lecteur habitué à dévorer des romans policiers se doute de l'identité de l'Oncle, d'autant qu'il n'est pas indiqué dans la liste des personnages principaux. Donc l'un d'entre eux joue un double-jeu.
Le principal intérêt ne réside donc pas dans la construction et la résolution d'une énigme, mais dans la description d'un pays déchiré entre la présence et l'influence encore importante des Khmers rouges, et entre les rapports des Cambodgiens avec leurs voisins chinois et vietnamiens. La trame policière n'est que le vecteur d'une narration géopolitique et socio-économique concernant un pays en pleine mutation.
Mathias BERNARDI : Toxic Phnom Penh. Le Masque Poche N° 67. Prix du roman d'Aventures. Parution le 3 juin 2015. 480 pages. 7,90€.
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