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5 février 2015 4 05 /02 /février /2015 08:53
William Campbell GAULT : Une riche nature

Accessible à tous...

William Campbell GAULT : Une riche nature

Future riche héritière, Fidélia Sherwood a disparu et Willis Morley, spécialisé dans les recherches d'héritiers mais surtout prêteur sur gages (Fidélia lui doit 40 000 $) embauche Puma pour la retrouver.

Muni d'une liste, Puma ne tarde pas à la repérer dans un bar, après avoir eu un entretien avec le docteur Foy, un psychologue. Chez Eddie, un troquet lieu de rendez-vous des homosexuels, Puma lie connaissance avec Fidélia et son ex-mari, Pete Richards, pianiste. Il est pris à partie par Brian Desly, l'un des consommateurs qui tentaient d'engager la conversation avec la jeune femme. Puma passe la nuit chez Fidélia et le lendemain matin il a la désagréable surprise de découvrir son agresseur de la veille dans un fourré, tué d'une balle de revolver.

Suspecté par les policiers, principalement le sergent Loepke avec qui il entretient des relations tendues, Puma, ayant rempli sa première mission, consacre alors son temps et son énergie à la recherche du meurtrier de Desly. Il est encouragé dans cette initiative par Fidélia qui l'embauche. Il dirige ses soupçons en priorité sur le docteur Foy, un charlatan dont le but est de soutirer le maximum d'argent de ses clients, et peut-être même d'épouser Fidélia qui lui voue une admiration et une confiance sans borne, et dont Desly était l'un des patients.

Mais Puma enquête également du côté de Tampett, l'ami de Desly, de Lou Serano, un trafiquant de drogue notoire au casier judiciaire vierge, et à un degré moindre à Pete Richards et Willis Morley, son premier employeur aux agissements douteux.

 

Après un début prometteur, l'intrigue s'enlise comme si William Campbell Gault tirait à la ligne ou était en mal de trouver le coupable idéal.

Joe Puma est un détective privé macho, coléreux, susceptible, au caractère entier. Il apprécie les femmes, surtout si elles sont jolies, mais il les considère comme des êtres à part. Rien ne sert d'essayer de raisonner avec les femmes. Ce n'est pas leur intellect qui les fait agir, elles n'obéissent qu'à leurs impulsions, à leurs passions. La raison n'a aucune prise sur elles.

Mais surtout il professe une antipathie profonde à l'endroit des homosexuels et ses relations avec les policiers souvent sont peu amènes. Ce qui ne l'empêche pas d'émettre ce genre de réflexion : Les instituteurs et les flics, les deux seul métiers dont notre civilisation ne pourraient absolument pas se passer. Et dire que nous les payons avec des haricots!

William Campbell Gault en profite pour dénoncer la facilité de pouvoir s'intituler Docteur en Psychologie et le charlatanisme qui gangrène la profession. Un jugement souvent professé par Puma même si celui-ci ne se montre guère psychologue.

 

Curiosité :

Une riche nature est le second roman traduit en France ayant Puma pour héros alors que la série en compte sept. Mais son caractère homophobe n'a-t-il pas séduit les lecteurs.

 

Citations :

Mr Puma allie à un physique terrifiant un caractère exécrable et il est d'une abominable arrogance.

William Campbell GAULT : Une riche nature (Million Dollar Tramp - 1960. Traduction de Georges Geoffroy). Série Noire N°639. Parution mai 1961. 256 pages.

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4 février 2015 3 04 /02 /février /2015 09:02
John MacPARTLAND : Bonjour Maffia !

Il faut savoir rester poli dans la vie, même auprès de ceux que l'on n'aime pas !

John MacPARTLAND : Bonjour Maffia !

Jeune bandit sicilien à la notoriété déjà affirmée, Giuliano est traqué ainsi que sa compagne Maria par des policiers venus spécialement de Rome pour l'emprisonner, ou mieux, l'abattre.

Il réussit à échapper aux mailles du filet mais tombe dans un traquenard. Trois hommes le ligotent et l'embarquent laissant sur place Maria et un cadavre qu'ils vêtent des effets du bandit. Pour tous Giuliano est mort.

Deux ans plus tard, il réapparaît sous l'identité de Johnny Colini. Entre temps il a subi un entrainement poussé en Europe et aux Etats-Unis sous la férule du Grand Maître de l'Ordre et chef occulte de l'Organisation. Johnny Colini est baptisé Johnny Cool par les Américains lors de son séjour Outre-Atlantique et puis retiré dans son pays natal, l'Italie.

Giuliano/Colini est chargé d'une mission particulière et son apprentissage terminé il peut sortir de l'ombre et même se faire remarquer. Ce qui ne manque pas de se produire dans un bar. Le petit bandit sicilien s'est effacé au profit d'un dignitaire de l'Organisation à la prestance, l'assurance, la morgue incontestables. Mark Kromlein, minable truand affilié à l'Organisation, le provoque et Johnny sort vainqueur de l'algarade, attirant l'attention de Dare Guiness, une jeune femme travaillant pour la télévision en écrivant des scenarii.

Johnny dont le compte bancaire est abondamment garni est invité à une partie de dés truquée, dirigée par Kromlein et Jerry Murcia. Lorsque l'aube se lève, Johnny a un passif de 25 000 $ qu'il règle à l'aide d'un chèque. A la banque, le chèque n'est pas honoré suite à la décision du Maître de l'Ordre de lui couper les vivres. Johnny doit assumer sa dette. C'est également le signal d'entamer la procédure d'élimination pour laquelle il a été programmé.

Si Maria, la compagne sicilienne de sa jeunesse est toujours présente à son esprit, Johnny tombe amoureux de Dare. La jeune femme, alors que se déroulait la partie de dés, a été attaquée et violée chez elle sur l'ordre de Murcia. Johnny la découvre prostrée et n'a aucun mal à remonter la piste des voleurs. Il les tue à l'aide d'un couteau et signe son forfait dans la plus pure tradition sicilienne. Santangelo, grand maître de la Fraternité, un des trois chefs de l'Organisation dans le monde, commence à s'inquiéter d'autant qu'il connait bien le véritable Johnny Colini. Il le soupçonne de posséder de nombreux complices.

Entre Dare et Johnny s'établissent des relations amoureuses et la jeune femme succombe au charme du bandit. Johnny participe à une nouvelle partie de dés contre Kromlein et consorts, et cette fois il gagne, récupérant son argent. L'intimidation a résolu son problème financier. L'intimidation mais aussi sa connaissance des noms des différents gros pontifes de l'Organisation ainsi que des signes de reconnaissance. Johnny est fin prêt pour accomplir la mission qui lui a été confiée. Il doit exécuter cinq personnes, une à Los Angeles, deux à Las Vegas et deux à New-York, le tout en un minimum de temps. Une ou deux journées au maximum.

John MacPARTLAND : Bonjour Maffia !

Ce roman contient tous les ingrédients chers à John MacPartland, des thèmes qu'il a utilisés et développés tout au long de son œuvre, alliées à un rythme soutenu, des actions violentes et une complexité des rapports entre les personnages.

Entre Giuliano et Maria, un amour féroce, une sexualité exacerbée qui s'éteint chez le Sicilien lorsque lors de son enlèvement Maria est à moitié dévêtue. Giuliano est atteint dans son honneur.

Entre Giuliano devenu Johnny Colini, aime Dare mais la méprise à cause du vol qu'elle a subi par sa faute. Et Dare aime et hait tout à la fois Johnny, se transformant d'honnête jeune femme réservée en nymphomane impudique à son contact. Un récit biographique qui n'atteint pas toutefois le chef d'œuvre mais s'inscrit dans une bonne moyenne.

 

Curiosité :

Ce roman, tout comme Le bal des piqués (SN 558) a été édité en 1959 après la mort de l'auteur.

 

Citation :

- Je travaille à un scénario pour la télévision. Une histoire policière, mais traitée d'une manière originale, du moins je crois.

- Si c'est original, ça n'ira jamais pour la TV.

 

John MacPARTLAND : Bonjour Maffia ! (Kingdom of Johnny Cool - 1959. Traduction de Jacques Laurent Bost). Série Noire N°542. Parution Janvier 1960. 192 pages.

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3 février 2015 2 03 /02 /février /2015 09:19
Nick QUARRY : Suivez-moi, jeune homme

Si ma mère me le permet !

Nick QUARRY : Suivez-moi, jeune homme

Toujours à l'affut de petits gadgets inutiles mais parfois couteux, Jacob Barrow est un détective classique qui s'inscrit dans la lignée de bon nombre de ses confrères. Compétent il n'a pourtant pas une grosse clientèle.

Il est embauché par Fred Hiller, un industriel de Chicago, pour retrouver sa fille Julia qu'il n'a pas revu depuis trois ans. Incidemment son marchand de journaux l'a vue posant nue dans un magazine spécialisé pour hommes et Hiller est gêné et atteint dans son honneur par l'orientation artistique de sa fille.

A peine son enquête entamée, Barrow s'aperçoit rapidement qu'il est filé par Hiller lui-même suivi comme son ombre par un inconnu. Un concours de circonstances lui fait perdre la trace des deux hommes.

Martha de Falco, photographe, a réalisé le séance de pose deux ans auparavant. Julia Hiller s'appelait alors Fran Ford. Le modèle présent à l'entretien apprend à Barrow qu'elle a entrevu Julia environ un an auparavant chez Casey Sheldon, un autre photographe. Barrow est convoqué par Larry Flint, un flic que le détective n'apprécie guère. Martha est assassinée d'un coup de marteau. Le principal suspect est Downey, le mari de la victime qui voulait épouser une autre femme. Barrow ne croit pas à la culpabilité de Downey, contrairement à Flint, et il accepte de travailler pour lui. Dans le meuble-classeur de la photographe le dossier Fran Ford a disparu.

Casey Sheldon ne cherche nullement à entraver le cours de l'enquête mais il n'a pas vu la jeune femme depuis qu'il l'a fichue à la porte. Amoureux d'elle il s'est néanmoins rendu-compte qu'elle le menait en bateau. Il ne l'a aperçue qu'une fois en compagnie de Leo Nasan, son ex-assistant, viré pour indélicatesse. Nasan, spécialisé dans le porno, a établi son atelier dans une espèce de grenier minable. A la suite d'un malentendu, Barrow est assommé et mis à la porte manu militari. En rage le détective profite de la première occasion pour s'infiltrer à nouveau chez Nasan et après avoir fait parler ses poings, repart avec le nom de Byron Byron; professeur de chant.

Après une nuit réparatrice, Barrow convoqué par Flint tente d'expliquer au flic obtus, preuves à l'appui, que ni Downey, ni lui, ne peuvent être soupçonnés du meurtre de Martha de Falco. Selon les renseignements téléphoniques, il n'existe aucun entreprise répondant au nom de Hiiller à Chicago. Byron Byron le lance sur une nouvelle piste, le Club Randy, un cabaret du Village. Midge Resko, promue chanteuse, alors qu'elle a débuté comme stripteaseuse, n'a plus entendu parler de Julia depuis un certain temps. Seul renseignement dont elle dispose, c'est la liaison entre Julia et un trompettiste camé, Doak Nevers.

 

Suivez-moi jeune homme est un roman solide, carré, de facture classique, œuvre standard jamais ennuyeuse, comme Marvin H. Albert, auteur qui se cachait sous les pseudos de Nick Quarry, de Al Conroy, Ian Macalisitair, Mike Barone ou encore Anthony Rome (le personnage de Tony Rome fut interprété au cinéma par Franck Sinatra), savait les écrire. Il mène son récit tambour battant, un peu en forme de jeu de piste, et sème une succession d'indices afin d'appâter le lecteur qui imagine connaître le coupable, mais ce ne sont que malheureuses coïncidences.

 

Curiosité :

Jack Barrow, comme tout bon détective qui se respecte, carbure à l'alcool mais il apprécie tout particulièrement un mélange détonnant : double whisky bière.

Dans le recueil collectif Muckraker, hommage à Marvin H. Albert concocté par Roger Martin et paru chez Baleine, Pierre-Alain Mesplède avait signé une nouvelle éponyme.

A noter que ce livre a été achevé d'imprimer le 25 décembre 1959, selon l'indication de l'éditeur, ce qui est bien entendu une erreur le livre étant sorti le 1er décembre.

Nick QUARRY : Suivez-moi, jeune homme (Trail of a tramp - 1959. Traduction de F.M. Watkins). Série Noire N°540. Parution décembre 1959. 192 pages.

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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 09:24
Richard WORMSER : Bons baisers, à mardi !

Hommage à Richard Wormser né le 2 février 1908.

Richard WORMSER : Bons baisers, à mardi !

Retraité de l'armée, reconverti dans la police municipale, Andrew Bastian est prié par Sid Bartlett, le maître de Navajo Vista, de convoyer son fils Ralph jusqu'à une clinique spécialisée du Kansas.

Ralph, âgé de dix-sept ans, est considéré par son père comme un dingue, en proie à des accès de violence. Bartlett juge que le mieux serait de l'enfermer dans un asile doré loin du domicile paternel. Cependant Bastian qui effectue le voyage en compagnie d'Olga Beaumont, jeune psychologue, se rend rapidement compte que si Ralph est un adolescent émotif pouvant se mettre dans de terribles colères, il est également intelligent, curieux, instruit, à la mémoire exceptionnelle.

Dès le début de leur périple, à bord de la Cadillac de Bartlett, Bastian a l'impression d'être suivi par une Buick marron ayant à son bord au moins un homme et une femme. A peine arrivés dans l'Arizona, les premiers ennuis se traduisent par une défaillance de la barre d'accouplement de la voiture. Mais il est impossible de prime abord de déterminer s'il s'agit d'un défaut matériel ou d'un sabotage. Le garagiste chez qui ils s'arrêtent ne peut réparer immédiatement le véhicule.

Grâce à l'obligeance de celui-ci qui leur prête son auto personnelle, Bastian, Olga et Ralph rejoignent la ville la plus proche en compagnie d'Elisabeth, la fille du mécanicien, et s'installent dans un motel. Au cours de la soirée, Peggy Sue Cuero, une jeune indienne, est agressée lors d'une surprise-partie à laquelle participaient Elisabeth et Ralph qu'elle avait entraînés.

Ralph s'accuse auprès de Bastian d'être l'agresseur cependant il ne peut donner de plus amples renseignements, s'étant évanoui. Bastian n'est pas convaincu par la version des événements relaté par Ralph, d'autant que l'adolescent n'a pas les mains écorchées par la bagarre. Interrogé par les flics locaux, dont le père de l'agressée, et les policiers de la route, Bastian décide de travestir la vérité. Un peu plus tard Bastian repêche un ivrogne tombé dans la piscine du motel et qui s'avère être l'un de ses poursuivants. Les deux autres, l'homme et la femme, s'occupent agréablement dans la chambre, cocufiant allègrement le noctambule. Cependant ils n'ont pas le profil de truands lancés sur la trace de Ralph. Le lendemain, Bastian ayant récupéré la Cadillac reprend la route en compagnie de la psychologue et de leur protégé.

Ralph leur reproche de ne pouvoir profiter du paysage. Bastian décidé à lui faire plaisir visite la Forêt pétrifiée et le Monument national. Par l'un des gardiens il apprend que la Buick marron rôde toujours dans les parages avec un passager supplémentaire.

 

Débutant sur le mode humoristique, cette road-story sombre peu à peu dans la gravité. Le personnage de Ralph est émouvant. Adolescent perturbé par le manque d'affection maternelle et déçu par ses rencontres avec sa génitrice, il est désireux de tout apprendre, assoiffé de connaissances, curieux de tout, à la mémoire phénoménale. Considéré comme dérangé mentalement ce n'est qu'un être en proie au doute, ne connaissant de la vie que ce qu'il a appris dans les livres et manquant d'expérience.

Ce livre plaisant manque cependant de profondeur dans l'étude des mœurs et de la psychologie indienne, mais il est vrai que depuis Tony Hillerman est passé par là pour combler cette lacune. Cependant l'on ne ressent pas les effets pervers d'un antagonisme entre Blancs et Indiens et la supériorité affichée d'une communauté sur une autre, trop souvent mis en exergue dans des westerns complaisants.

 

Citation :

La plus grande des cinq mille maisons de notre ville est celle de Bartlett. Ce n'est pas le fait du hasard, Sidney Bartlett l'a voulu ainsi en faisant construire les quatre mille neuf-cent-quatre-vingt-dix-neuf autres.

 

Richard WORMSER : Bons baisers, à mardi ! (Drive east on 66 - 1961. Traduction de André Bénat) Série Noire N°796. Parution juillet 1963. 256 pages.

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1 février 2015 7 01 /02 /février /2015 10:41

Cela vaut bien un tour d'écrou...

Day KEENE : Vice sans fin.

Détective privé à Los Angeles, Johnny Aloha, d'origine irlando-hawaïenne, prend ses premières vacances depuis bien longtemps.

Avant de s'embarquer pour son île natale, il est convié par la police de San-Francisco d'identifier le corps de Harry Lee, un dangereux malfrat chinois. Dans le cimetière où doit avoir lieu l'enterrement, puis à son hôtel, une jeune fille tente de lui mettre le grappin dessus. Aloha ne veut ni reculer ni annuler ses vacances, mais Gwen Cordovan réussit néanmoins à lui faire changer d'avis. Moins par ses arguments physiques et financiers, que parce qu'elle est la fille de Hope Starr, une femme qu'il a bien connu à la fin de la guerre. Obsédée sexuelle, Hope Starr en est à son cinquième ou sixième remariage, le dernier en date de ses maris étant le colonel Hare.

Hope a disparu, laissant des dettes derrière elle, et Gwen s'inquiète non seulement pour la santé de sa mère mais également pour son héritage qu'elle doit toucher à sa majorité. Un anniversaire qu'elle va fêter dans trois semaines environ.

De retour à Los Angeles, Aloha remonte la filière dans les différents hôtels où Hope a assouvi sa libido en compagnie d'un lieutenant de marine, Stan Michaels. Au cours de ses investigations, le détective est tabassé et dévalisé. Il oscille entre deux éventualités. Soit l'on en veut à sa vie à cause de Hope, soit des hommes de main de feu Harry Lee ne lui pardonnent pas son rôle dans l'arrestation et la mort de leur patron.

Dans le dernier hôtel miteux ayant abrité les amours des amants en fuite, Aloha met la main sur un bout de papier sur lequel est inscrite l'adresse du militaire. Sur le port, dans les entrepôts appartenant à la famille Michaels, il débouche en pleine fête. Hope et son petit ami doivent se marier le soir même. Une nouvelle que n'apprécient guère Gwen et le colonel Hare.

En compagnie de Gwen, Aloha se rend à Big Bear, station de ski où doit avoir lieu la cérémonie. Ils loue une chambre dans le même hôtel que les futurs époux. Le réceptionniste note la ressemblance entre la cliente rousse et la jeune fille blonde.

Le détective trouve le cadavre de Michaels tué par balles et ne fait qu'entrevoir la silhouette d'une personne qu'il pense être Hope. Celle-ci s'enfuit à bord de sa voiture, oubliant dans sa précipitation un manteau de fourrure. Aloha prévient la police et passe la nuit au poste. Le lendemain, remis en liberté, il échange ses impressions avec le lieutenant Anderson, de la police locale, tandis que Gwen retourne à Los Angeles en compagnie de ses avocats.

De retour chez lui Aloha s'apprête à recevoir Gwen, mais c'est un Chinois corpulent qui sonne à sa porte. Suite à un geste suspect de la part du visiteur, le Chinois est rapidement maîtrisé et Gwen peut enfin être reçue dignement. La jeune fille impatiente se déshabille rapidement et s'occupe de Johnny lorsque retentit un coup de feu. Le détective découvre sur son lit Hope Starr mortellement blessée. Il la trouve vieillie et ressemblant peu à sa fille. Elle tente de prononcer quelques mots mais Gwen, accablée par le chagrin l'empêche.

 

Johnny Aloha, détective privé hawaïen est le seul héros que Day Keene utilisera deux fois, l'autre roman étant Change pas de disque (SN 671). Si l'on retrouve dans ce roman les thèmes chers à l'auteur, misogynie et spectre de la guerre (Seconde guerre mondiale et Corée), on fait connaissance d'un personnage qui évolue dans un contexte différent des autres romans de Day Keene. Cette histoire oscille la plupart du temps dans un univers à la Carter Brown : astuces, humour, situations loufoques, érotisme bon enfant... en totale contradiction avec les précédentes œuvres keeniennes. Comme si Day Keene s'était offert une récréation.

Quant aux mœurs sexuelles de la fin des années 50, elles semblent bien mièvres de nos jours, même si les jeunes filles osaient aborder cette question taboue. Ainsi, peut-on lire, et sourire, devant la naïveté de cette réflexion émise par la secrétaire de Johnny Alohha : Me voilà arrivée à l'âge de dix-neuf piges, bientôt vingt, et toujours pucelle ! A Hollywood ! Si c'est pas une honte ! Je n'ose même pas le dire à ma meilleure amie.

 

Curiosité :

A la fin du roman, figure un lexique avec divers termes hawaïens, parmi lesquels Aloha qui signifie Bienvenue, Salut, Adieu, au choix.

La devise de l'agence Aloha : Avons du sang, sommes prêts à saigner !

 

Day KEENE : Vice sans fin. (Johnny Aloha - 1959. Titre américain : Dead in bed. Traduction de Paul Lavigne). Série Noire N°539. Parution décembre 1959. 192 pages.

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31 janvier 2015 6 31 /01 /janvier /2015 10:58
Curt CANNON : Faites donner le Cannon

Un Cannon de quoi ? De rouge ?

Curt CANNON : Faites donner le Cannon

A la suite du départ de sa femme et de la confiscation par la police de sa licence de détective privé, Curt Cannon est devenu clochard. Depuis cinq ans il erre dans la Bowery.

C'est là que le retrouve l'un de ses anciens condisciples d'école, Johnny Bridges. Bridges, devenu tailleur, tient un magasin de pressing en compagne de son associé Dom Archese. Depuis quelque temps des prélèvements sont effectués dans la caisse, et Bridges soupçonne soit Archese, soit Ryan leur commis, de se procurer illicitement de l'argent de poche. Cannon accepte avec réticence d'enquêter sur les larcins.

Les deux hommes découvrent dans l'arrière-boutique Archese blessé mortellement de deux balles de revolver, tenant à la main un morceau de craie. Sur le mur, derrière le cadavre, sont dessinées une flèche et les initiales J.B. L'arme que possédait Bridges a disparu du tiroir où elle était rangée en permanence. Cannon, se fiant aux dénégations de Bridges quant à sa culpabilité, décide de traquer l'assassin. Il conseille au tailleur de téléphoner à la police et de passer sous silence sa collaboration.

Cannon débute son enquête en rendant visite à la veuve, Christine Archese. Laraine, la jeune sœur de celle-ci, arrive sur les entrefaites et console son aînée. Curt lui propose d'aller boire un verre. De la conversation qui s'ensuit, il apprend que Christine et Dom ne vivaient plus ensemble depuis des mois, le ménage allant à vau-l'eau à cause de la jalousie maladive du mort. Laraine, qui désire devenir chanteuse doit se rendre à une répétition et convie Cannon à l'accompagner.

Coïncidence, l'orchestre est dirigé par Ryan. Curt reconduit chez elle la belle et blonde jeune femme, qui lui rappelle sa femme Toni, et lui évite de se faire agresser dans l'escalier par un voyou. Curt est devenu un ivrogne mais ses reflexes sont encore vifs. En récompense il a le droit d'utiliser le téléphone, le rasoir et le lit de Laraine. Le lendemain, il rend visite à Denis Knowles, le détective privé soi-disant embauché par Archese pour surveiller sa femme. Un détective dont les méthodes ne reflètent pas toujours la déontologie professionnelle, et que Cannon connait fort bien pour l'avoir côtoyé et même tabassé dans le temps. D'ailleurs le nez cassé de Knowles peut attester de leur inimitié.

Cannon va de surprise en surprise. Primo, ce n'est pas Archese qui a requis les services de Knowles mais Bridges, ensuite Fran West, une jeune employée de Knowles lui révèle qu'Archese et Laraine se rencontraient au moins deux fois par semaine. Cannon est "invité" à se rendre au commissariat du quartier.

 

Sous le nom de Curt Cannon, auteur-narrateur, se cache Ed McBain. Nous sommes loin dans ce roman des aventures du 87ème, alors balbutiantes puisque seulement cinq roman étaient consacrés à Steve Carella et ses collègues. Pourtant il a peut-être écrit ce livre pour se débarrasser d'une série qu'il sera amené à continuer d'écrire sous la pression de son éditeur et de ses lecteurs. A moins qu'Ed McBain se trouvait dans une période de dépersonnalisation, de recherche d'identité et de style. Le côté italophone est abandonné. Il n'est même pas évoqué, à part peut-être le nom d'Archese, tout jouant sur le ressort de l'immigration britannique et plus particulièrement irlandaise. D'ailleurs Da Ponce, le flic chargé de surveiller Cannon, d'origine portoricaine, est un grand blond aux yeux clairs.

Tous les ingrédients nécessaires à l'écriture d'un roman noir sont utilisés : le détective alcoolique, abandonné par sa femme, ses démêlés avec la police qui le soupçonne même de meurtre, la jeune femme blonde arriviste, affamée de la vie et qui pour parvenir à ses fins n'hésite pas à employer tous les moyens, légaux ou non, à sa disposition.

 

Curiosité:

Page 161, l'aphorisme La musique adoucit les mœurs, est expliqué par Ryan d'une façon qui ne manque pas de logique. Selon lui, un musicien ne peut être à l'origine ou impliqué dans une bagarre, car il gagne sa vie avec ses mains ou ses lèvres. Et comment jouer de la guitare, du piano de la trompette lorsque les mains sont écorchées, amochée, et les lèvres fendues ! Une sentence qu'aurait dû mettre en pratique Chet Baker, le célèbre trompettiste de jazz, puisqu'une mâchoire fracturée et de nombreuses dents cassées suite à un tabassage par des dealers l'obligèrent à mettre sa carrière en pointillé de 1966 à 1973.

 

Citation :

Quelle est la femme qui a besoin de faire un testament ? Il n'y a pas d'homme qui survive à sa femme.

Curt CANNON : Faites donner le Cannon

Curt CANNON : Faites donner le Cannon (I am Cannon for ire - 1958. Traduction de G. Sollacaro). Série Noire N°524. Parution octobre 1959. 192 pages. Réédition Collection Carré Noir N°455. Parution décembre 1982. 256 pages.

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29 janvier 2015 4 29 /01 /janvier /2015 08:20
Gerald KERSH : Les forbans de la nuit.

Avant l'Ange Blanc et le Bourreau de Béthune, il y eut l'Etrangleur Noir !

Gerald KERSH : Les forbans de la nuit.

Se faisant passer pour un compositeur de chansons, Harry Fabian, petit proxénète miteux, recherche 200 £ pour monter une combine qu'il pense juteuse : organiser des combats de catch.

Il contacte Joe Figler qui accepte l'association en participant pour moitié. En écoutant une conversation entre Zoe, sa gagneuse, et un client, Arnold Simpson, Fabian décide d'exercer auprès de celui-ci un chantage éhonté qui lui rapporte 110 £. Enfin il contacte l'Etrangleur Noir, lui proposant de mirifiques avantages, dont une robe de chambre rouge en soie portant son nom.

L'Etrangleur accepte de résilier son contrat avec Bielinsky et d'entrer dans l'écurie Fabian. Vi, danseuse-entraineuse dans un cabaret et qui brûle la chandelle par les deux bouts, convainc sa copine Helen, dactylo au chômage, de travailler dans la même boîte qu'elle. Phil Nosseros, patron du Silver Fox, engage la jeune femme ainsi qu'un nommé Adam comme garçon de salle.

Fabian, accompagné de Figler et de l'Etrangleur Noir, passe sa soirée dans le cabaret où, prodigue, il claque la moitié de son argent, ayant confié, non sans réticence, l'autre partie à son associé plus prévoyant.

Le lendemain il se fait sermonner par Zoe et tente un nouveau chantage, rapidement avorté, auprès de Simpson. Un mois plus tard l'entreprise Fabian Sport commence à prendre allure. Ali, un ancien catcheur septuagénaire est embauché en qualité d'entraîneur. Entre Helen et Adam s'ébauche une idylle mais en même temps s'élèvent quelques divergences. Tandis qu'elle voudrait continuer son nouveau métier et monter sa propre boîte, Adam n'aspire qu'à exercer l'art de la sculpture. Bientôt c'est la brouille et Helen décide de tenter sa chance auprès de Fabian.

Les fêtes du couronnement approchent. Les policiers raflent les prostituées qui évoluent dans Londres.

 

Les forbans de la nuit décrit l'ascension et la déchéance d'un petit marlou, maquereau sans envergure, vivant d'arnaques. Quelques scènes fortes jalonnent ce roman. D'abord Figler, en partant de zéro, arrive à dégotter 100 £ en achetant des marchandises et en les revendant à perte, recréant le système du crédit. Ensuite quelques pages pleines de réalisme dans lesquelles Nosseros enseigne à Helen, sa nouvelle recrue, comment pressurer le client au maximum. Enfin le match de catch organisé par Fabian entre Ali, le catcheur septuagénaire ventripotent et Kration, le jeune lutteur cypriote.

Un roman de mœurs, sans meurtre, sans coup de feu, qui par bien des côtés n'a pas vieilli, les arnaques étant toujours perpétrées de la même façon.

 

Curiosités :

Le couronnement dont il est fait référence dans le roman est celui de George VI en 1937, qui succéda à son frère Edouard VIII, obligé d'abdiquer car s'étant marié avec une riche veuve américaine.

Gerald Kersh, à moins que ce soit les traducteurs, a une propension parfois irritante à utiliser les comparaisons, les métaphores, dans ses descriptions de personnages, de situation...

Ainsi : Son visage blafard, trop large d'en haut, trop étroit du menton, faisait penser à un coin de bucheron. Ou encore : Les rames de métro giclaient des tunnels comme de la pâte dentifrice hors d'un tube.

 

Nota :

Ce roman a bénéficié d'une première traduction en 1954 aux éditions Denoël sous le même titre. Il a été adapté au cinéma par Jules Dassin en 1950, avec notamment Richard Widmark et Gene Tierney puis par Irwin Winkler en 1992.

 

Citation :

La meilleure consolation de la créature humaine dégradée, c'est d'en voir d'autres plongées dans le même bourbier. Plus elle tombe bas, plus elle aspire au nivellement.

Gerald KERSH : Les forbans de la nuit.

Gerald KERSH : Les forbans de la nuit. (Night and the city - 1938. Traduction de S. Henry et R. Amblard). Série Noire N°480. Parution 1959. Réimpression 25 mars 1993. 256 pages. Réédition collection Carré Noir N°84. Parution octobre 1972.

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28 janvier 2015 3 28 /01 /janvier /2015 09:10
Christian POSLANIEC : Punch au sang

Bon anniversaire à Christian Poslaniec, né le 28 janvier 1944.

Christian POSLANIEC : Punch au sang

Quittant Rennes sous la neige, Patrice Bergof entame une tournée de conférence sur la communication en Guyane. Dans l'avion qui l'emmène à Cayenne, il fait connaissance de Julie Belgaza. Elle est arrêtée à la descente d'avion par des membres d'une milice privée à la solde d'un exportateur, Lefébure, qui a la mainmise sur une société de transports et le commerce local.

Le lendemain Bergof apprend que la jeune femme s'est suicidée en se jetant du haut de la tour Dreyfus à Kourou. Il feuillette un petit carnet qu'elle lui a confié. Grâce à l'amabilité d'un commerçant en informatique, Antoine Friand, avec qui il sympathise, il décortique le texte qui ressemble à une suite de poèmes. Quelques mots reviennent assez souvent : singe, enfant, révolte, imiter. Son carnet a été photocopié, et Marie-Claudette, la serveuse de l'hôtel, avoue l'avoir fait à la demande de sa patronne, Mme Cervinis, responsable d'une boite d'intérim.

Entre Bergof et Marie-Claudette, les relations sont plus qu'amicale, et elle le rejoint dans la case que lui a loué Friand. Au cours d'une balade dans le cimetière, Bergof découvre des tombes d'enfant. Sur l'une d'elle figure le nom de Christophe Belgaza. François, un ami policier, à qui il a écrit, lui téléphone pour lui apprendre que la missive a été ouverte, et qu'en métropole il est sur une affaire qui pourrait recouper les avatars de Bergof en Guyane. Le conférencier poursuit néanmoins sa tournée et remarque parmi le public la présence constante d'un des hommes de Lefébure.

Il apprend par Antoine Friand que tous les actes de décès ont été signés par un certain docteur Gamin. Bergof contacte Catherine Plet, une jeune femme qui a assisté à la première de ses réunions et il lui demande de l'héberger, lui racontant ses soupçons. Soupçons partagés par Catherine qui a enquêté de son côté. Friand est retrouvé noyé dans l'ancien port de Cayenne, soi-disant après avoir ingurgité une trop grande quantité d'alcool. Catherine organise leur départ vers le Surinam.

En cours de route ils retrouvent François qui est en mission en Guyane. Un trafic de drogue a été découvert, le transit étant effectué dans des cercueils contenant des cadavres de singe en lieu et place de ceux d'enfants dont les actes de décès, faux, étaient signés principalement par le docteur Gamin. Il ne fait aucun doute que les enfants ont fait l'objet d'un trafic d'adoption. Lefébure semble être hors de cause, ce commerce étant à mettre à l'actif de quelques uns de ses employés ou cadres. Bergof regagne Paris en compagnie de deux hommes liés à ce trafic. A leur arrivée à Villacoublay ils sont accueillis par des salves d'armes à feu. Les deux inculpés décèdent et Bergof en est quitte pour la peur. Il se réfugie chez une de ses connaissances qui lui prête son appartement.

 

Prenant pour base un sujet sensible et épineux, Christian Poslaniec joue entre humour et gravité. Il utilise quelques digressions ayant pour thème la sémiologie, l'analyse psychologique ou les problèmes de la communication, qui s'avèrent du plus bel effet. Elles ont pour but de décompresser le lecteur avant de relancer l'action.

De même que les courtes excursions dans la gastronomie locale. Mais ces amusements ne cachent pas le problème de l'adoption, évoqué avec pudeur, et qui pose cette question primordiale : Ces enfants qui ont disparu depuis si longtemps, est-ce qu'il faut les rendre à leurs parents ?

La relation entre Bergof et Catherine est chaste et pour cause, la jeune femme n'aime que ses consœurs. Pourtant cela ne les empêche pas de coucher ensemble, dans le même lit, sans qu'il se passe quelque chose. Au grand désappointement, caché, du narrateur. Il goûtera toutefois au fruit défendu, ou plutôt à son représentant, par un plat d'anaconda amoureusement préparé par les autochtones.

 

Citation :

Avec les intellos faut causer comme eux, sinon y comprennent que dalle !

 

Christian POSLANIEC : Punch au sang. Série Noire N°2075. Parution janvier 1987. 256 pages. 5,55€.

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27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 10:22

Bon anniversaire à François Muratet, né le 27 janvier 1958.

François MURATET : La révolte des rats

En 2049, l’Europe, élargie à quarante membres, voit arriver au pouvoir Pim Head, le leader du Rassemblement des Milices, une importante société prestataire de services tournée vers la politique.

Les Etats-Unis de toute l’Amérique du Nord ont vu le regroupement du Canada et du Mexique aux USA. Mais pour autant le contexte économique est en régression, et les grèves, les contestations, les manifestations se développent sur les deux continents, sans oublier les guerres d’indépendance qui fleurissent ça et là.

En Europe la Milice prend le relais, musclé, de la police. En Amérique du Nord, c’est le spectre de la guerre civile qui se profile, avec à la tête des contestataires, un nommé David, insaisissable. Le libéralisme à outrance est le maître mot tant en Europe qu’aux Etats-Unis.

Pourtant dans la communauté européenne, certains se révoltent, appartenant à une section politique bannie, les Hypercommunistes. D’autres travaillent sur des programmes de micro-ordinateurs à l’intelligence artificielle extrêmement développée puisqu'un dialogue peut s’échanger entre la machine et l’homme. Des sommes considérables d’argent transitent sur des comptes parfois au grand dam de leurs bénéficiaires. Quant aux politiciens, ce sont toujours les mêmes : ils rêvent d’asseoir une suprématie impérialiste au détriment de ceux qu’ils dirigent, bafouant le social sans état d’âme.

 

Dans ce roman de politique-fiction, construit comme un puzzle, François Muratet nous dépeint ce que pourrait être l’Europe et le monde en général dans une quarantaine d’années. On ne peut dire que ce soit du pessimisme, mais il s’agit d’une vision inquiétante et crédible de notre avenir, peut-être plus proche que nous le pensons.

Une analyse et une projection pertinentes que des événements récents, lors de la parution du roman, mais François Muratet avait déjà bouclé son roman, confirment. Les personnages se croisent, se rencontrent, se perdent de vue, d’autres surgissent, évoluent au fil du temps, des tueurs à la solde de l’Agence parcourent l’Amérique lisant Jack London, mais tous sont plus ou moins des pantins alors qu’ils pensent se mouvoir, régis par leurs propres idées, leurs propres convictions. Un livre dense, mais pas ardu, qui fait réfléchir et envisager le pire.

 

François MURATET : La révolte des rats. Collection Serpent noir, éditions du Serpent à plumes. Parution Juin 2003. 418 pages.

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27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 08:59
Albert CONROY : Coups de gomme.

Après le coup de crayon ?

Albert CONROY : Coups de gomme.

Fort mécontent des agissements, jugés illégaux, du gouverneur Kensington à l'encontre des différents établissements de jeux qu'il dirige, Bruno Hauser décide d'aider à s'évader de prison Ed Driscoll.

Drisc avait proféré, six ans auparavant, des menaces de mort envers Kensington, alors district attorney, qui lui imputait le cambriolage d'une banque. Drisc a toujours nié être l'auteur de ce cambriolage. Hauser, avec l'aval du Consortium new-yorkais qui lui prête Arno, un tueur, mise sur cette vengeance. Seulement Drisc, une fois évadé, ne répond pas à cette espérance, refusant d'abattre le gouverneur.

Hauser se rend, en apparence, aux raisons de Drisc, lui propose des vêtements et une cachette. Une capitulation en trompe-l'œil car Drisc, innocemment, laisse ses empreintes sur un pistolet, le chargeur et les balles ad-hoc.

Dans le refuge qui leur est assigné, la tension monte entre Steve Shay, ancien complice de Drisc, Norma, une jeune fille d'origine mexicaine, Arno, l'homme du Consortium, et Drisc. Arno s'érige en maître, une attitude mal supportée par ses compagnons. Il tente même d'abuser de la jeune femme mais heureusement Drisc veille au grain.

Malgré l'interdiction d'Arno, Drisc retourne en ville avec Norma et rend visite à son ex-épouse, mais celle-ci est remariée.

Pendant ce temps Hauser embauche Seal, un drogué, lui remet l'arme manipulée par Drisc et lui enjoint de tuer Kensington. Seal, excité, brise dans un mouvement incontrôlé la seringue qui devait lui permettre de se faire une injection avant la réalisation de son contrat. Seal blesse grièvement le gouverneur et termine son existence dans un tonneau de ciment. Drisc apprend la tentative de meurtre grâce aux journaux et comprend que son soi-disant bienfaiteur, dont il ne connait pas l'identité, a voulu lui faire porter le chapeau.

 

Les romans d'Al Conroy, plus connu sous le nom de Marvin H. Albert, ne laissent jamais indifférents. Drisc, après son passage en prison, ne désire pas reprendre sa vie de petit truand mais acquérir une virginité en devenant un honnête homme et fonder une famille. Il subit les événements sans rancune, avec une certaine pointe d'amertume. Il a tiré un trait sur le geste de Kensington qui l'a envoyé en prison pour une faute qu'il n'avait pas commise. Il comprend que sa femme ait désiré se remarier malgré l'enfant qu'ils avaient eu ensemble, une enfant qu'il n'avait pas vu naître. Mais il s'insurge lorsqu'il se rend compte qu'il est au cœur d'un complot, d'une machination.

Drisc est l'exemple type du truand au noble cœur sur la voie de la rédemption. Une intrigue simple, limpide, linéaire et efficace.

 

Curiosité :

Le début de cette histoire ressemble fortement au premier chapitre du roman de Day Keene Le Canard en fer-blanc (voir ma chronique ici). Alors qu'il se morfond en prison, un homme est avisé qu'une jeune fille qui se prétend être de sa famille désire avoir un entretien avec lui. Or le prisonnier ne connait la visiteuse ni d'Adam ni d'Eve. Elle lui indique le moyen de pouvoir s'évader. La ressemblance s'arrête là ? Non, le prisonnier et la jeune femme tomberont amoureux l'un de l'autre, c'est le côté rose du roman noir.

Albert CONROY : Coups de gomme. (The Mobs says murder - 1959. Traduction de G. Sollacaro). Série Noire N°479. Parution février 1959. 256 pages.

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