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16 mai 2015 6 16 /05 /mai /2015 09:22

Les militaires sont-ils comme les livres d'une bibliothèque ? Plus ils sont hauts placés, moins ils sont utiles...

Irwin R. BLACKER : Du rif à l'échelon

Responsable de l'Opégé, service concurrent de la CIA, le général LeGrand rêve de retourner sur le terrain afin d'obtenir une troisième étoile, au Viêt-Nam par exemple.

Suite à une réduction des subsides, son service se réduit à peau de chagrin pour disparaître peu à peu, ce qui n'a pas l'air de le contrarier. Mais la CIA au lieu de se voir attribuer la moitié de l'effectif de l'Opégé, préférerait obtenir une augmentation de crédits.

LeGrand doit cependant continuer à s'intéresser aux affaires courantes avec son adjoint Harry Fuller et sa secrétaire-maîtresse Janet Garner. Janet n'accepte pas cette démission morale et claque la porte du bureau et de son appartement.

Parmi les dépêches, l'annonce de convois de wagons-citernes en provenance de la Tchécoslovaquie et franchissant la frontière allemande le fait tiquer, ainsi que celle de mouvements de troupes soviétiques en direction de la Tchécoslovaquie. Une femme s'est même présentée à Berlin-Ouest au péril de sa vie pour fournir comme preuves des pattes d'épaule provenant d'uniformes de l'armée soviétique.

Les réunions avec les pontes de la CIA et les chefs d'état-major se multiplient mais il n'en ressort pas grand chose. Personne n'est capable de définir si ces événements sont réels ou de l'intoxication. Tout semble corroborer l'exactitude des informations mais quelque chose chagrine LeGrand. Une intuition. Un indicateur sis à Berlin-Est se propose de vendre des renseignements au prix fort. Il s'agit de Tubérian, soixante six ans, qui a travaillé durant la guerre dans la résistance comme chef du service des renseignements dans l'équipe de Bénès. Depuis il n'a fourni que des bricoles. Les informateurs disparaissent mystérieusement ou décèdent.

Les documents ou informations ont pu être falsifiés selon LeGrand, mais des repérages et des photos aériennes démontrent que les Soviétiques ont disposé leur flotte aérienne au combat. Les Etats-Unis ne sont pas en reste et partout en Europe l'alerte est donnée. Le personnel américain en poste en Europe est prévenu de la tension qui règne. Ce n'est plus qu'une question d'heures que LeGrand doit gérer au mieux. Le Département d'Etat statue sur l'avenir de l'Opégé, reportant à sine die sa suppression.

A Francfort il rencontre Iliya, la fille de Tubérian, afin d'obtenir un rendez-vous avec le principal informateur de cette affaire. Ce rendez-vous est lancé par radio sous forme de message particulier. Elle réclame en échange un visa pour les Etats-Unis, un billet d'avion, de l'argent et un contrat à Hollywood. Dans l'avion qui les emmène de Francfort à Berlin, LeGrand subtilise dans le sac à main de la jeune femme un étui à cigarettes sur lequel est gravé le nom de Tubérian.

 

Lent, trop lent à démarrer, ce roman ne prend sa véritable dimension qu'au dernier quart, lorsque l'histoire se décante et prend son envol dans l'action et sa signification profonde.

Irwin R. Blacker se contente d'exprimer une vérité, sans faire l'apologie d'un système ou d'un autre, sans dénigrer, sans juger. Il constate. Les Américains ont été menés en bateau, les Russes aussi, et seule la sagesse de deux vieux routiers de Renseignement permet de prolonger une paix fragile. Les décisions sont difficiles à prendre, aussi bien sur le terrain que dans les bureaux des états-majors, et seuls la réflexion et le bon sens peuvent dénouer des situations inextricables.

Un homme seul, par cupidité et nostalgie de son ancienne influence, est capable de pousser deux nations à s'affronter. Que penser des décisions prises dans un moment de panique si l'analyse des éléments n'a été faite que superficiellement par des arrivistes ?

 

Ils faisaient partie de cette élite de sémillants blanc-bec que l'on avait fait venir à Washington pour enseigner aux vieux routiers l'art et la manière d'opérer.

 

Curiosité :

L'histoire est entrecoupée par la narration des différents incidents incitant à prendre en considération les renseignements fournis, tant à Vienne qu'à Usküdar, ce qui hache un peu le récit.

Irwin R. BLACKER : Du rif à l'échelon (Chain of command - 1965. Traduction de Philippe Marnhac). Série Noire n°1032. Parution mai 1966. 192 pages.

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14 mai 2015 4 14 /05 /mai /2015 12:14
Thierry JONQUET : La bête et la belle.

Le numéro 2000 de la Série Noire : un numéro... impérissable !

Thierry JONQUET : La bête et la belle.

Dans un petit cimetière de Normandie le commissaire Gabelou surveille l'exhumation du cercueil du Gamin. Le médecin légiste qui l'accompagne ne peut déterminer avec certitude si la mort a été accidentelle ou le fait du Coupable. De loin l'Emmerdeur, agent d'une compagnie d'assurances, assiste à cette étrange cérémonie. Une énigme qui s'ajoute à celles du Commis Boucher et de la Vieille.

De retour à Paris Gabelou s'enferme dans son bureau avec Léon, le Clodo, l'ami du Coupable. Etrange affaire que celle du Coupable et que doit démêler Gabelou. Le Coupable était instituteur à Altay, ville champignon de la banlieue. Malgré sa jeunesse, c'est un homme effacé, maniaque, propre, prônant les vieux principes de la scolarité. Irène, sa femme, ne lui accorde ses faveurs qu'une fois par an, étant beaucoup plus sensible aux charmes de ses collègues de l'Education nationale. Le Coupable possède une passion : les maquettes de train.

Un jour la coupe déborde. Irène se moque une fois de plus du Coupable qui a encore loupé le concours d'Inspecteur, alors qu'il n'avait pas le temps de le préparer, obligé de faire des heures supplémentaires en garderies, en cours particuliers, afin de satisfaire ses goûts dispendieux. Il tue Irène et cache son corps dans le congélateur. Puis il entasse les sacs poubelle dessus. Bientôt tout l'appartement est envahi de sacs de détritus. Seul le vestibule est épargné. Le Coupable et Léon sont obligés de ramper sous une sorte de tunnel, des planches supportant les sacs qui s'amoncellent dans toutes les pièces.

Tout cela Gabelou l'apprend par des cassettes que le Coupable enregistrait, un journal parlé, ce qui lui laissait les mains libres pour monter les maquettes. Léon pense qu'il sait tout mais il s'enferme dans son mutisme. Dans ses enregistrements le Coupable avoue être le meurtrier de la Vieille, une voisine, et avoir mis en scène un suicide au gaz. Mais pour Gabelou il ne s'agit pas d'une preuve tangible, concrète. Il écoute les cassettes, les réécoute. La deuxième victime est le Commis Boucher qui se rend à l'appartement du Coupable. Peu de temps après, alors qu'il roulait à vélo, il est victime d'un accident de voiture. Le Coupable se vante d'en être à l'origine, mais les premiers rapports démontrent qu'il n'a pu provoquer l'accident avec son véhicule. L'Emmerdeur parvient à prouver que c'était possible. Ensuite le Gamin qui voulait rendre des outils empruntés au Coupable se faufile sur le balcon. Il décède en tombant d'un wagon alors qu'il rejoignait Paris. Le Coupable se vante d'avoir éliminé ces intrus car ils pouvaient raconter ce qu'ils étaient sensés avoir vu. Les mauvaises odeurs envahissent l'appartement, les sacs éclatent et un jus noirâtre s'en échappe.

 

Si dans Mygale (cf SN1949) Thierry Jonquet mettait en scène une vengeance que l'on pourrait qualifier d'extérieure, dans La bête et la belle il nous livre une histoire tout aussi intimiste et dont le thème est toujours la vengeance, intérieure cette fois.

C'est une histoire de misérables dans le sens de Victor Hugo, ce n'est pas une histoire de misérabilisme. De même que dans les Misérables, il y a une miséricorde. (Robert Soulat).

Avec Didier Daeninckx, Joseph Bialot, Jean-Paul Demure, Marie et Joseph, Thierry Jonquet fait partie de la relève de la Série Noire. Robert Soulat à l'occasion de la sortie du numéro 2000 avouait qu'il avait le vertige devant cette prolifération d'auteurs français de talent et se demandait si un jour il n'y aurait pas plus d'auteurs français à la Série Noire que de lecteurs.

Thierry JONQUET : La bête et la belle.

Rester propre, c'est ne pas avoir besoin des autres, ne rien quémander, subvenir soi-même à ses besoins.

Thierry JONQUET : La bête et la belle.

 

Curiosité :

Thierry Jonquet déclare, toujours à l'occasion de la parution de ce livre et des quarante ans de la Série Noire, que cette histoire est issue d'un fait divers. Il a travaillé dans ce genre de collège et de ville de banlieue sordide. De nombreux cas de rétention d'ordures existent, et leurs auteurs en général sont des gens d'apparence respectable.

Thierry JONQUET : La bête et la belle. Série Noire N°2000. Parution 1985. 160 pages. Réédition mai 1995. Nombreuses autres rééditions disponibles que le site de la Série Noire.

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13 mai 2015 3 13 /05 /mai /2015 08:14
Malcolm BRALY : La neige était noire

Alors que la poudre est blanche ?

Malcolm BRALY : La neige était noire

Carver, lieutenant de police à la Brigade des Stups, voue une profonde aversion pour les musiciens de jazz et les drogués.

Et son point de fixation, c'est Gabiness, saxophoniste qui, avec quelques comparses musiciens, prône le jazz avant-gardiste. Carver s'est juré de faire tomber Gabiness, et pour cela tous les moyens sont bons.

Il exerce un chantage sur Sullivan, une cloche qu'il alimente en poudre, et il le charge de fourguer de l'herbe, des sachets ou des comprimés à Gabiness et ses amis. Gabiness ne tâte que modérément aux paradis artificiels, contrairement à Furg le tromboniste ou Kovin le trompettiste.

Un soir, lors d'une rafle organisée par Carver, Gabiness sauve la mise à Claire Hubler, riche héritière à la recherche de sensations fortes et frigide. Il vit plus ou moins à la colle avec Jean, hôtesse de bar, cependant Claire l'attire. Et puis elle a de l'argent, ce qui n'est pas négligeable pour un fauché perpétuel.

Carver a raté son entreprise mais il ne s'avoue pas vaincu et il relance Sullivan, afin qu'il continue son opération intoxication, aux deux sens du terme. Sullivan surprend fortuitement Carver en train de se piquer, et le policier a beau avancer l'hypothèse du diabète, le fourgue reste sceptique. Gabiness s'installe chez Claire tandis que Jean est draguée par John Randozza, espèce de playboy. Le rêve de Gabiness, pouvoir monter une petite formation de jazz avec Kovin, Furg et un batteur. Mais il est alpagué par Carver pour une peccadille et Claire le fait libérer de prison en versant la caution. Il devra passer devant un tribunal mais pour le moment il est libre.

Le directeur d'un cabaret miteux accepte d'engager Gabiness et son équipe, mais Randozza est derrière et effectue quelques transformations afin de rendre la boite plus attractive. Jean devient plus distante envers le jazzman et évolue physiquement, plus provocante dans sa mise vestimentaire. Il ne réalise pas immédiatement qu'elle est devenue prostituée et que Randozza n'est qu'un souteneur. Claire dont les sautes d'humeur sont trop fréquentes et à la frigidité incurable n'intéresse plus Gabiness qui la plaque. Il retourne chez ses amis Kovin, Furg et Ann, professeur de littérature dans une école du soir pour adultes.

Un jour Furg décède d'une overdose, la came étant empoisonnée, contenant un mélange trop corsé de strychnine.

 

Musique, sexe et drogue. Trois thèmes du roman noir réunis pour cette histoire tranche de vie.

Le jazz y est omniprésent, avec des références à Charlie Parker, Miles Davis et autres innovateurs. Le sexe, pas encore débridé, annonce l'amour libre prôné peu de temps après par les beatniks et les babas cools. Quant à la drogue, c'est la poudre qui lie la sauce avec la présence de Carver, ce flic des stups lui-même drogué et qui essaie par tous les moyens de coffrer ceux à qui il voue une haine tenace et incompréhensible.

Un flic qui travaille en solitaire, espérant pouvoir profiter de ses confiscations et qui se bat contre une chimère. Pour une raison ou une autre, pas clairement définie, il ressent une haine viscérale envers Gabiness, mais contrairement à d'autres musiciens de son entourage, celui-ci n'est pas un dépendant à la drogue. Il en tâte en dilettante, la musique étant sa passion, quoique celle-ci passera après ses résolutions de s'établir comme employé et de fonder un foyer.

Les personnages qui gravitent dans cette histoire ne sont pas véritablement des paumés, à part Sullivan qui malgré tout veut briser l'emprise exercée par Carver et désire se racheter, mais des marginaux. Et plus que les musiciens, toujours à la recherche d'un son - et d'un engagement - de la fameuse note bleue, ce sont les femmes qui acceptent volontiers de descendre la pente tout en prodiguant conseils et une relative honorabilité : Claire, frigide et vaguement lesbienne, en quête d'orgasme, alliant frénésie et répulsion; Ann, professeur de littérature amoureuse de Kovin et qui copule allègrement avec Furg, faisant plaisir à l'un parce que cela ne dérange pas l'autre; Jean qui se prostitue par dépit, par jalousie, ce que ne peut comprendre Gabiness puisque selon lui il n'a fauté qu'avec une seule femme.

L'alcool, autre thème porteur, est absent du débat. Les musiciens boivent, comme tout le monde, mais ils se contentent d'ingurgiter du vin rouge.

C'était duraille de secouer le public de North Beach. Les gens prenaient soin de surveiller leurs réactions. Personne ne tenait à applaudir de la vacherie, et on ne savait pas toujours très bien faire la différence.

 

Curiosité :

A noter que le titre français rappelle étrangement un roman de Georges Simenon : La neige était sale.

Ce roman a reçu le Prix 813 de la meilleure réédition 1983.

Malcolm BRALY : La neige était noire

Malcolm BRALY : La neige était noire (Shake Him till the Ratlles - 1963. Traduction de France-Marie Watkins) Série Noire N°937. Parution mai 1965. 192 pages. 4,90€. Disponible sur le site de la Série Noire

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12 mai 2015 2 12 /05 /mai /2015 08:21
Thierry JONQUET : Mygale.

Une araignée au plafond !

Thierry JONQUET : Mygale.

Chirurgien plasticien réputé, Richard Lafargue est un homme pervers. Il cloître dans sa maison de la banlieue parisienne une jeune femme, Eve, la soumettant au caprice d'hommes dépravés pour son seul plaisir si cela l'incommode parfois. Lorsqu'ils se rendent dans des restaurants, dans des réceptions, ils se conduisent comme un couple normal.

Alex est une petite frappe qui, après avoir réussi un braquage de banque au cours duquel un flic a été tué, s'est réfugié en Provence dans un mas prêté par un copain. Il n'a pas de nouvelles depuis quatre ans de son ami Vincent lequel lui aurait surement évité les bavures survenues au cours de son hold-up.

Vincent Moreau a été kidnappé sur une route de campagne par un homme qui le séquestre dans une cave. Après avoir l'avoir privé de nourritures liquides et solides son tortionnaire lui fournit peu à peu le minimum. Vincent devient sinon amoureux tout du moins reconnaissant envers cet homme qui lui apporte des vêtements, meuble son réduit, lui propose des divertissements sous forme de peinture et un piano. Puis tous les jours son kidnappeur, qu'il a surnommé Mygale, lui injecte un produit.

Obligé de quitter sa planque Alex remonte à Paris et se réfugie dans une villa. En regardant une émission à la télévision sur la chirurgie plastique, l'idée lui vient de changer de visage et d'identité et de quitter le pays. Il suit dans ses déplacement l'un des invités, le professeur Lafargue. C'est ainsi qu'il découvre que l'homme de l'art possède une fille enfermée dans un asile psychiatrique en Normandie.

La folie de sa fille Viviane est l'un des sujets de préoccupation de Lafargue. Et lorsqu'elle est en crise, il passe sa douleur en soumettant Eve à une séance de flagellation avec un des clients de sa compagne, prostituée sur rendez-vous.

Alec enlève Eve, sans que celle-ci voit son visage et l'enferme dans la cave de son pavillon. La jeune femme en se réveillant pense à une brimade de la part de son protecteur tortionnaire. Elle se revoit quatre ans plus tôt, lorsqu'elle était encore Vincent Moreau, avant que Lafargue lui injecte des produits destinés à développer ses tissus mammaires et l'opère pour le transmuer en femme. Ensuite Alec pose ses conditions au chirurgien plasticien et lui demande de lui modifier le visage. Le toubib l'anesthésie et le voyou est enfermé à la cave, là où a vécu durant des mois Vincent/Eve. Une nouvelle injection lui délie la langue et il donne les coordonnées du pavillon où il a enfermé Eve. Lafargue délivre la jeune femme qui ne comprend rien, croyant à un nouveau jeu sadique de Lafargue, pensant que l'histoire du truand kidnappeur n'est qu'un mensonge. Lorsqu'elle aperçoit Alec, Eve suppose que Lafargue vient de peaufiner sa vengeance. Vincent et Alec avaient quatre ans auparavant violé Viviane, ce qui avait fait perdre la raison à la jeune fille.

 

Tout est ambigüité dans ce roman : ambigüité des situations, des personnages, des sentiments. En peu de pages, ce qui démontre que point n'est besoin d'écrire un gros pavé pour construire une histoire, Thierry Jonquet nous entraîne dans un monde de folie et de vengeance. Il tisse sa trame avec une maestria digne d'un auteur aguerri, alors qu'il n'en est qu'à son cinquième roman. Ce qui lui vaudra d'être choisi pour porter les couleurs de la Série Noire avec le numéro 2000.

Thierry JONQUET : Mygale.

Thierry JONQUET : Mygale. Série Noire N° 1949. Parution avril 1984. 192 pages. Nombreuses rééditions dont Folio Policier N°52. Janvier 1999. 6,40€. Disponible sur le site Série Noire.

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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 08:15
William MARSHALL: Hong-Kong Blues.

Hong-Kong star
T'es pas né là où tu voulais
T'as pas la peau qu'il te faudrait
Celle du vrai pays du dollar

William MARSHALL: Hong-Kong Blues.

Un mystérieux personnage, qui se surnomme l'Exécuteur, tue dans les salles de cinéma de la Baie de Hong d'inoffensifs spectateurs.

Pour l'inspecteur principal Feiffer, son adjoint O'Yee, les inspecteurs Spencer et Auden et tout le commissariat de Yellowsthread, c'est la bouteille à l'encre. Le laboratoire de balistique parvient à la conclusion que le tueur se sert d'une arme à quatre canons, un Sharps derringer, modèle en principe introuvable sur le territoire de Hong-Kong mais dont l'armurerie de la police possède un exemplaire. Feiffer pensant que l'individu ne s'arrêtera pas en si bon chemin, et ayant commis ses meurtres dans trois salles de cinéma, il décide de faire surveiller les deux autres.

Tandis qu'il observe dans la salle les spectateurs, O'Yee, chargé de filtrer les sorties, parle avec le directeur. Alors qu'un jeune l'apostrophe, dévoilant l'identité d'O'Yee, un homme qui prenait son billet à la caisse, braque un pistolet à quatre canons et s'enfuit. Il ne reste plus à O'Yee qu'à fournir un signalement passe-partout de l'Exécuteur.

Une quatrième victime, un Allemand, est à déplorer dans l'enceinte d'une salle des ventes. La réflexion d'un collègue permet à O'Yee de compléter le portrait de celui qu'ils recherchent. L'homme se balade les poches pleines de pièces de dix cents. Une cinquième victime est découverte dans le train traversant l'ile de Hong-Kong : l'agent chargé de pointer les billets.

Le commissaire de police de Kowloon a pu recueillir une déposition du fonctionnaire avant son décès. Un témoignage décousu, haché, confirmant simplement que le tueur se promène avec plein de pièces dans ses poches. Seule une remarque selon laquelle la victime et son meurtrier auraient un point commun plonge la brigade dans l'expectative.

Madame Mortimer, une vieille dame qui se croit à Shanghai au temps de la révolution et prend l'inspecteur Spencer pour le Consul Britannique, lui demandant aide et assistance contre les Chinois qui lui ont kidnappé son fils - mort depuis longtemps - se fait écraser par un tramway. A l'agent de police présent sur les lieux il se plaint que le contrôleur de billets s'est enfui et ne peut donc pas lui servir de témoin.

L'Exécuteur téléphone pour se disculper de cet accident, et malgré tous leurs efforts, les inspecteurs ne peuvent localiser l'appel. Toutefois cela donne l'idée à Feiffer d'éplucher le rapport de l'accident et d'établir une corrélation entre l'Exécuteur et le contrôleur parti si précipitamment.

 

 

William Marshall tout en relatant les difficultés rencontrées par la brigade de police pour découvrir l'identité du tueur nous fait côtoyer celui-ci et assister à ses différents meurtres. Mais surtout il dévoile peu à peu les motifs du dérèglement de l'esprit de ce Sérial Killer et ce qui l'a amené à supprimer ainsi des innocents. C'est la fin de la colonisation, les inspecteurs sont nés à Hong-Kong et recèlent en eux une dose de sang asiatique. Cela n'évite pas cependant les bavures et William Marshall à sa façon raconte la vie dans un commissariat façon Ed McBain.

 

Inspecteur, chez les antiquaires, personne n'a l'air de ce qu'il est. Les riches essayent de prendre l'air pauvre, les pauvres se donnent l'air riche pour que les gens croient qu'ils ont de l'argent, ou bien ils ont l'air pauvre pour qu'on croit que ce sont des riches qui se font passer pour pauvres alors qu'en fait ils peuvent être ou riches ou pauvres. On n'est jamais sûr.

William MARSHALL: Hong-Kong Blues. (The Hatchet man - 1976. Traduction de S. Hilling). Super Noire N°95. Parution avril 1978. 256 pages. 2,80€. Disponible sur le site de la Série Noire.

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10 mai 2015 7 10 /05 /mai /2015 14:42
Tony KENRICK : Trois petits soldats.

A la guerre comme à la guerre...

Tony KENRICK : Trois petits soldats.

Sa carte de crédit ayant été refusée au restaurant où il déjeune régulièrement, Barney Rivers décide de se renflouer financièrement par un moyen expéditif mais malhonnête.

Pour cela il lui faut l'aide de son voisin et ami, Tom Loder, qui lui aussi se trouve confronté au même problème du panier percé. Barney lui soumet son idée : prélever sur le compte bancaire suisse numéroté d'un inconnu une certaine somme d'argent. Tom après une réticence bien compréhensible accepte de jouer le jeu et trouve le nom de J.B. Madison, avocat d'affaires et ex-ambassadeur.

Il leur faut pour réaliser leur plan un exemplaire de la signature de Madison et après un essai infructueux au bureau de celui-ci, Barney décide mettre dans la confidence un autre de leur voisin, George Dourian, directeur d'un magasin de vêtement. Dourian, divorcé deux fois et qui lui aussi a besoin d'argent liquide, leur déniche Amanda Atwill, une jeune femme qu'il a surpris la main dans le sac en train de barboter des fringues. Amanda leur procure sans difficulté un papier portant la signature de Madison et la supercherie marche à merveille.

Ayant réussi une première fois, ils tentent leur chance une seconde fois, mais ils se montrent un peu trop gloutons et s'affolent lorsqu'ils s'aperçoivent qu'ils viennent de spolier Luis Ripoll, l'ancien dictateur d'une petite ile antillaise du nom de Cabrera.

Madison n'était que le prête-nom et le dépositaire d'une fortune détournée. Gage, un homme qui a un compte à régler avec Ripoll fournit à Barney des renseignements sur le dictateur déchu. Ripoll est protégé par deux douzaines de gardes du corps et un maniaque du couteau qui jettent la terreur dans le quartier de New-York où il s'est réfugié. Amanda mise en sécurité ainsi que les familles de Barney et de Tom, les trois hommes embauchent Cambell, un sergent recruteur en rupture de ban avec l'armée.

Cambell les forme, non sans mal, dans une cabane perdue au fond des bois dans les Adirondacks. Au bout d'une semaine d'un stage intensif avec au programme préparation physique, maniement d'armes, conditionnement militaire, Barney téléphone à Ripoll pour lui proposer de lui rendre l'argent par versements annuels. Son correspondant semble accepter ses conditions mais alors que Cambell est sur le point de quitter les trois hommes, Ripoll investit les bois en compagnie de sa petite armée.

Aidés par Cambell qui aime cette atmosphère de guérilla, Barney et ses compagnons éliminent peu à peu tous les membres du commando et capturent Ripoll. Ils ne sont pas bout de leur peine et de leurs surprises. Ripoll a récupéré son argent en utilisant la même astuce que Barney et Manolo, le tueur au couteau est chargé d'éliminer les femmes et enfants des trois soldats d'occasion.

 

Construit comme une énorme farce mais toutefois avec rigueur, Trois petits soldats met en scène trois Américains moyens victimes de la société de consommation, aidés en cela par l'aide non négligeable des cartes de crédit dont ils font collection et qui leur permet de dépenser plus qu'ils gagnent.

Cette facilité de pouvoir dilapider avec inconscience leurs payes bientôt se transforme en cauchemar et pour se renflouer ils n'ont d'autres moyens que d'étudier des parades malhonnêtes et d'essayer de les mener à bien.

La seule chose dans la pièce qui avait moins de cinquante ans d'âge, c'était la réceptionniste qui, encore que jeune, était comme il se doit terne et réservée.

 

Curiosité :

Alors que page 37 l'auteur, ou le traducteur, nous présente Dourian comme le directeur d'un grand magasin, page 43 le dit magasin n'est plus qu'une petite boutique.

 

Tony KENRICK : Trois petits soldats.

Tony KENRICK : Trois petits soldats. ( The seven days soldiers - 1975. Traduction de Janine Hérisson). Super Noire N°35. Parution mars 1976. 256 pages. Réédition Carré Noir N°544. Parution mai 1985. 4,50€. Disponible sur le site de la Série Noire.

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9 mai 2015 6 09 /05 /mai /2015 09:14
Robert B. PARKER : Ramdam-dame

Am-stram-gram radam-drame

Robert B. PARKER : Ramdam-dame

Féministe, lesbienne, Rachel Wallace dérange et la sortie de son prochain livre lui vaut des menaces prises au sérieux par son éditeur qui engage Spencer, un détective privé macho.

Les relations entre Rachel et Spencer tournent rapidement à l'aigre-doux, mais Susan, la petite amie du détective sauve la situation avec diplomatie lors du repas qui leur permet de prendre véritablement contact. En raccompagnant Rachel à sa chambre d'hôtel, Spencer évite de justesse un accrochage avec deux automobiles. Le lendemain une conférence est programmée à la bibliothèque municipale mais des manifestants tentent de les empêcher d'accéder à l'édifice public. Spencer passe outre grâce à sa force de frappe, sous les yeux de policiers qui ne mouftent pas. Ensuite, dans une librairie, Rachel est victime d'une tarte à la crème. Spencer en véritable garde du corps fait montre de rapidité d'esprit et de bons poings. Ce que déplore Rachel, adepte de la non-violence.

Le soir Spencer est prié de rentrer chez lui tandis que Rachel passe des heures agréables en compagnie d'une amie, Julie Wells. Rachel est invitée à parler de son livre auprès des employées d'une compagnie d'assurances mais la réunion est perturbée par le directeur du personnel et le service de sécurité. Spencer se montre une fois de plus trop violent au goût de l'auteur qui lui signifie son renvoi.

Quelque temps plus tard Rachel est enlevée et le kidnapping est revendiqué par une mystérieuse Ligue pour le Renouveau de la Morale Américaine. Pas de rançon mais des menaces concernant la vie de Rachel. Spencer contacte ses amis les flics Benson et Quirk, leur demande quelques renseignements tels que les noms des propriétaires du véhicule ayant voulu attenter à leur vie, et autres bricoles.

Il se renseigne également auprès d'un journaliste mais surtout il tire les vers du nez à Manfred, un adepte de la poupée gonflable reconverti dans le KU KLUX KLAN. Il rend visite également à Lawrence T. English, le responsable de la manifestation à la bibliothèque municipale. Mais toutes ses visites ne lui apportent pas grand chose, sauf un passage à tabac de la part de personnages qui n'apprécient pas ses investigations.

 

Si l'enquête et l'épilogue se révèlent faibles dans leur ensemble, il conviendra de retenir le propos même de la trame de ce roman.

L'exclusion dans une société dite civilisée de personnes qui pensent et agissent différemment que leurs concitoyens. La loi du plus fort étant la meilleure comme l'aimait à dire La Fontaine.

L'humour et la décontraction guident la première partie de l'ouvrage et il est dommage que Parker n'ait pas continué dans cette voie tout au long de l'enquête, ce qui ne l'aurait pas pour autant empêché de fustiger les donneurs de leçons imbus d'une morale de façade et les machos.

 

Les gens qui font appel aux services des gars dans mon genre ne savent jamais par quel bout s'y prendre et, presque invariablement, ils commencent par tourner autour du pot.

Robert B. PARKER : Ramdam-dame (Looking for Rachel Wallace- 1980. Traduction de Michel Deutsch). Série Noire N°1818. Parution avril 1981. 256 pages. 4,00€. Disponible sur le site de la Série Noire.

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8 mai 2015 5 08 /05 /mai /2015 14:46

Bon anniversaire à André-Paul Duchateau, né le 8 mai 1925.

André-Paul DUCHATEAU : Mourir à Angoulême.

Un fan de BD qui ose s'attaquer aux scénaristes et dessinateurs de la maison d'édition L'Audace, voilà de quoi surprendre et inquiéter tout à la fois.

Max Ruiter, le privé dont on a fait la connaissance dans de précédentes aventures (Knockke sur mort, La clé sur la porte, La petite fille à gauche sur la photo), est contacté par un certain Bernard qui lui signifie qu'il a un contrat à remplir. Quoique cette conversation ne se déroule pas à Marseille, Ruiter pense à une galéjade. N'empêche, les accidents et tentatives d'assassinats se multiplient.

La saison de la bande dessinée bat son plein. Ce mois à Bruxelles, le mois prochain à Angoulême. Tout le monde est sur les dents. Particulièrement à L'Audace dont les vedettes sont plus spécialement visées. Il y a ceux qui montent, Markos et Elmer par exemple, ceux qui stagnent ou sont en baisse, tels Claude Martel ou Marinal, ou encore ceux dont la popularité s'effrite d'album en album, comme Bastian. Et Géo Lamentin, le directeur des publications, se lamente et aligne sur sa calculette les chiffres, envisageant de virer ceux qui ne font plus recette.

Alors cet amateur de BD qui perpètre ces petits meurtres, qui tous heureusement ne réussissent pas, est-il l'un des scénaristes ou dessinateurs, jaloux pour une quelconque raison de ses confrères ? Ou tout simplement celui qui se surnomme le Fan de BD, Juan Dupont, un Belge, le véritable maniaque, écumant les festivals, quémandant dessins et autographes, ne lésinant pas sur les critiques élogieuses ou acerbes ? A moins qu'il s'agisse tout simplement de Luc Ludovic qui faisait partie de la bande et qui depuis son séjour carcéral à cause d'une histoire de cœur, ne retrouve plus d'éditeur. Il aurait plus d'un motif de se venger de ses confrères.

 

Après avoir joyeusement brocardé le monde de la littérature policière dans Palmarès pour cinq crimes, paru au Masque, André-Paul Duchateau récidive plaçant son intrigue dans un milieu qu'il connait bien. Lui-même est scénariste de BD, papa de Ric Hochet avec son complice Tibet.

D'ailleurs l'une des aventures de Ric Hochet avait eu pour cadre Reims et le festival international des littératures policières dans La maison de la vengeance.

Quant à Mourir à Angoulême certaines analogies font penser justement à Palmarès pour cinq crimes dont le chapitre intitulé Coloriage.

D'ailleurs chaque titre de chapitre possède un rapport avec la bande dessinée et est suivi d'une citation extraite d'albums célèbres.

Un bon roman d'André-Paul Duchateau, amusant et satyrique. Peut-être pas assez mordant, pas assez percutant, pas assez acerbe. Mais Duchateau ne veut-il pas se fâcher ou faire de la peine à certains de ses confrères.

A noter un très beau passage sur les relations des duettistes scénaristes-dessinateurs, dans la réalisation d'un album et dans leur vie de couple, professionnellement parlant bien entendu.

André-Paul DUCHATEAU : Mourir à Angoulême. Collection Les Maîtres de la Littérature Policière. Editions du Rocher. Parution janvier 1991. 204 pages.

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8 mai 2015 5 08 /05 /mai /2015 12:21
Nicholas LUARD : Piège pour un frimant.

Un frimant n'est pas un frimeur, qu'on se le dise...

Nicholas LUARD : Piège pour un frimant.

L'armée et les services secrets britannique recrutent parfois des volontaires d'office. Des hommes qui pour une raison ou une autre sont mis sur la touche et leur passé sous l'éteignoir à condition de rendre service lorsqu'ils sont appelés.

Alors qu'il était officier, Steele a commis une bavure lors de manœuvres de l'Otan. Quelques années plus tard, il est convoqué pour effectuer une mission à Tanger. Il doit prendre l'identité d'un certain Ross Callum, bien connu dans la zone du détroit de Gibraltar, dite "Zone de crasse". Ce Callum, aventurier et héros local n'existe pas, ce n'est qu'un personnage mythique inventé de toutes pièces par les Services Secrets Britanniques.

Steele doit mettre à la raison Velatti, lequel accuse Callum d'avoir brisé sa carrière. Au cas où Callum ne lui serait pas livré, Velatti menace de révéler l'identité des agents en place et leurs missions. Dès son arrivée à Tanger Steele, dont le nom de Callum agit sur ses interlocuteurs tel un sésame, échappe de peu à un attentat. Il se rend chez Donovan, un Américain ivrogne qui garde le bateau de Callum dans l'éventualité d'un retour de celui-ci, et chez Wedderburn sensé être le responsable de sa sécurité lors de son séjour.

Seulement Steele ne lui fait pas confiance, l'homme n'étant pas franc du collier. Mary Beth, la fille de Donovan, lui propose de remettre la vedette en état, lui trouve un chauffeur matelot homme à tout faire, un Arabe du nom de Marcel, lui déniche un appartement dans la vieille ville et lui demande d'aider un de ses vieux amis, Gonsalves, un Portugais. Après un aller retour à Gibraltar où il fait la connaissance de Louise, la maîtresse supposée de Callum, qui lui fournit des indications précieuses concernant un prêteur, il rencontre Gonsalves, un vieux socialiste qui a fui les dictatures de Salazar et Caetano et redoute le retour de la droite.

Gonsalves veut acheter des armes et Steele accepte de lui en procurer pensant que Velatti mène les ficelles pour le retrouver. Après un voyage à Algésiras où il a négocié l'achat des armes qu'il doit aller chercher dans le désert marocain, il est attaqué par cinq individus dans les rues de Tanger et apprend par Wedderburn que Velatti serait à Lisbonne. Il s'envole pour la capitale portugaise, s'entretient avec Béni à qui il doit livrer les armes, se rend à Gibraltar chez le prêteur puis chez Louise où il est à nouveau agressé par des inconnus. Il s'en débarrasse sans trop de bobo et prévient Wedderburn de ce nouvel incident qu'il impute à Velatti.

La transaction dans le désert d'effectue sans encombre mais lorsqu'il revient à Tanger à bord du bateau remis en état, c'est pour mettre en fuite deux hommes qui ont attaqué Mary Beth. C'est le moment que choisit Velatti pour faire son apparition. Velatti ne veut aucun mal à Steele, seulement le rencontrer et l'informer qu'il voulait empêcher une négociation conclue entre Wedderburn dont il désire se venger et un Libanais : contre la libération de Lorenz, un terroriste détenu en Allemagne, le commandement militaire palestino-libanais détruit la récolte d'opium d'une année dans la vallée de la Bekaa.

 

Mi roman d'espionnage, mi roman d'aventure, Piège pour un frimant n'est pas sans rappeler, comme le fait remarquer J. M. Le Sidaner dans Polar N°14, (première série) que l'atmosphère générale fait penser au film Casablanca. D'ailleurs Nicholas Luard ne s'en cache pas, puisque l'un de ses protagonistes avoue avoir vu le film 9 fois et s'en être inspiré pour créer le personnage mythique de Callum.

Un roman qui joue à fond sur la manipulation, avec en prime l'élévation d'un quidam, né pour perdre, en aventurier qui sait se sortir avec brio de toutes les embûches.

 

Dès le départ j'ai compris que si nous pouvions donner à Callum ce qu'avait Bogart, il ne pouvait pas perdre. Les filles, le champagne, l'argent, mais surtout le style. Le style de Bogart...

Nicholas LUARD : Piège pour un frimant. (The dirty area - 1979. Traduction de Madeleine Charvet). Série Noire N°1781. Parution juin 1980. 288 pages.

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7 mai 2015 4 07 /05 /mai /2015 07:57
Tim SULLIVAN : La ballade des diamants perdus

Roi de la drague et de la rigolade
Rouleur flambeur ou gentil petit vieux
On vient te chanter la ballade
La ballade des diamants perdus...

Tim SULLIVAN : La ballade des diamants perdus

La 47ème Rue Ouest est le haut lieu des diamantaires juifs new-yorkais.

Alors que Sean O'Keefe, ex-policier reconverti comme journaliste TV, effectue un reportage dans ce quartier qu'il connait bien, la rue est envahie par un groupuscule armé. Il est pris en otage de même que son équipe et les habitants du quartier. Déguisés en Arabes, les terroristes, qui n'hésitent pas à tirer et abattre les récalcitrants, organisent une immense rafle de pierres précieuses.

Les policiers, le FBI et les Bérets Noirs sont sur le pied de guerre et tentent de prendre en étau les cambrioleurs haut de gamme qu'ils identifient bientôt comme des Noirs et des Irlandais. McBride, du FBI, rencontre le sénateur O'Leary qui pense qu'à la tête des terroristes se trouvent entre autres Michael Duggan et son propre fils Kévin. Duggan et ses hommes forcent l'un des coffres-forts puis, le partage effectué et la verroterie jetée en pâture à la foule qui suit les évènements, ils se dispersent selon un plan bien établi. Seuls deux hommes échappent aux policiers et aux hommes du FBI qui contrôlent la situation : Duggan et Stone, l'un de ses complices.

O'Keefe, déjà à la une des journaux à cause d'une photo prise par Miranda, une photographe de talent, démontre une fois de plus son courage. Enfermé avec les autres otages dans une cage, il parvient à éteindre la mèche de la dynamite qui devait le faire sauter lui et ses compagnons d'infortune. Epris de revanche, O'Keefe et McBride se lancent aux trousses de Duggan, aidés par un inspecteur de Scotland-Yard, Smythe-Houghton, qui n'est autre que la mère de Miranda.

Harriet Smythe-Houghton issue de la noblesse britannique, épouse d'un auteur de romans policiers, est une forte femme dans tous les sens du terme. O'Keefe est attiré par Miranda et réciproquement mais l'enquête prime. Chacun de leur côté le trio d'enquêteurs cherche une piste afin de localiser Duggan qui avec l'argent dérobé peut acheter des armes pour l'Ira. Des bribes d'informations recueillies par ci par là permettent de remonter la piste mais c'est le sergent Gallagher, ambitieux et observateur, qui apporte l'élément le plus intéressant.

Duggan a confié une partie de sa part de diamants à quelques vieilles dames dont Miss Osborne, une adepte du Loto, qui doit s'envoler la semaine suivante pour l'Irlande. Pendant ce temps Stone coule des jours tranquilles en compagnie de Lonnie, sa maîtresse, avant de partir pour le Brésil. Mais le petit ami de Lonnie le dénonce aux flics et il est arrêté. Duggan, déguisé en petit vieux, participe à une partie de Loto dans une église mais O'Keefe, McBride et Gallagher sont au rendez-vous pour le coincer, tandis qu'Harriet est grimée en Grand Mère Duggan.

 

Tim Sullivan met en scène des personnages étonnants, cupides ou naïfs, parfois caricaturaux comme celui d'Harriet Smythe-Houghton. Malheureusement il force un peu trop sur l'aspect négatif de l'action terroriste de l'Ira à travers le portrait de Duggan, et le passage dans lequel il met en scène des prostitués homosexuels manque de la plus totale élégance. Un roman dans lequel on assiste à deux moments forts, durs et violents : de l'entrée en scène des terroristes jusqu'à leur fuite au début du livre et l'épisode final, lorsque Duggan est démasqué et son arrestation.

Entre deux temps menés à un rythme rapide, un long passage, parfois humoristique, qui se rapproche de la procédure policière.

 

Les Américains sont assez provinciaux lorsqu'il s'agit de mettre des capitaux en sûreté pour les mauvais jours, sans doute parce qu'ils n'en ont pas connu autant que les Européens.

Curiosité:

Parmi les nombreux pseudonymes utilisés par Duggan figure celui de Sullivan.

On peut se demander si la traductrice n'est pas trompée en orthographiant dans le titre : ballade, qui veut dire chanson, au lieu de balade, promenade.

 

Tim SULLIVAN : La ballade des diamants perdus (Glitter street - 1979. Traduction Simone Hilling). Série Noire N°1798. Parution novembre 1980. 288 pages.

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