Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 juillet 2018 3 11 /07 /juillet /2018 08:57

A ne pas confondre avec Les Vamps !

Jean ROLLIN : Les deux orphelines vampires.

Comme elles sont charmantes, Louisette et Henriette, les deux orphelines aveugles de la pension des Glycines. Si mignonnes que le bon docteur Dennery les prend en charge, les emmène chez lui à Paris et les adopte.

Seulement ce qu'il ne sait pas le brave homme, c'est que les deux gamines ne sont privées de vue que le jour. La nuit c'est tout autre chose. La nuit, fini l'handicap de la cécité diurne. Elles sont nées comme ça, elles n'y peuvent rien.

Aussi, lorsque tout le monde est couché, à elles la découverte du monde et de ses mystères. Il faut qu'elles goûtent à tout, même au chien errant qui se promène confiant dans le cimetière dans lequel elles s'amusent. Savourer le liquide fade et chaud bu avec délectation de la gorge du canin leur procure de si intenses émotions qu'elles aspirent à d'autres mets plus délicats, comme de déchiqueter le tendre chair de jeunes enfants, par exemple.

Commence alors un jeu qui s'avère mortel pour quelques innocentes victimes.

Ce roman de Jean Rollin reprend le thème si cher aux Fantastiqueurs, le vampirisme, assaisonné à la sauce Comtesse de Ségur. Sans oublier Adolphe D’Ennery, auteur de Les Deux orphelines, et il n’est donc pas étonnant que le personnage du bon docteur soit ainsi nommé.

Il ne règne pas dans ce roman l'angoisse étouffante à laquelle on pourrait s'attendre dans ce genre de roman, de par la nature même des protagonistes. Elles nous sont montrées sous un jour si aimable, si gracieux, que leurs victimes en fin de compte n'ont que ce qu'elles méritent.

Le nom de Jean Rollin réveillera sûrement la mémoire des amateurs de films fantastiques puisqu'on lui doit entre autres, La Rose de fer en 1972, Lèvres de sang en 1974, Les raisins de la mort en 1978 et Fascination en 1979. A déguster sans modération, une serviette autour du cou pour éviter les éclaboussures d'hémoglobine.

 

Ce roman a fait l’objet d’une adaptation au cinéma en 1997, film réalisé par Jean Rollin, avec dans les rôles principaux :

Alexandra Pic : Louise

Isabelle Teboul : Henriette

Bernard Charnacé : le docteur Dennery

Anne Duguël : la mère supérieure

Natalie Perrey : Sœur Marthe

Catherine Day

Brigitte Lahaie : la femme au fouet

Nathalie Karsenti : la femme-louve

Jean ROLLIN : Les deux orphelines vampires. Collection Angoisses N°6. Editions Fleuve Noir. Parution 2 novembre 1993. 192 pages.

ISBN : 978-2265001114

Partager cet article
Repost0
4 juillet 2018 3 04 /07 /juillet /2018 08:45

N’ayons pas peur des mots : ce livre, c’est le Pérou !

Michel AMELIN : La colère du Puma Inca.

Ayant perdu ses parents trois ans auparavant dans un accident d’avion, Nina Santamaria se retrouve orpheline, n’ayant plus que son grand-père pour seule famille.

Depuis elle est trimballé de pension en pension, accompagnée d’une gouvernante qui assure sa protection et son éducation, son riche aïeul, qui vit dans un palais à Cuzco au Pérou, n’hésitant pas à débourser une petite partie de sa fortune pour son bien-être.

Elle n’a que quatorze ans, mais aller dans un parc d’attractions à Miami, elle juge que ce n’est plus de son âge. Pourtant, Janet Paxton, sa nouvelle gouvernante depuis un an environ, tient à l’emmener dans cette usine à plaisirs préfabriqués. Et les voilà toutes deux à bord d’une Cadillac, Janet surveillant ses rétroviseurs tout en conduisant. Elle est persuadée qu’elles sont suivies, prémonition qui se vérifie lorsqu’un véhicule les talonne puis les percute. Coincée par l’airbag et sa ceinture, Janet ne peut rien faire et lorsqu’elle parvient à s’emparer de son arme à feu, c’est trop tard. Un homme leur projette des giclées de gaz paralysant.

Nina est enlevée sans ménagement et enfermée dans une minuscule pièce aux murs bétonnés. Elle perçoit de l’autre côté de la porte des bruits de voix, le mot Puma revenant à plusieurs reprises. Alors qu’elle se pose la question de savoir si une rançon a été demandée à son grand-mère qui vit à Cuzco, trois individus entrent dans la pièce dont un affublé d’un masque de…Puma.

Le problème réside dans le fait qu’elle a vu le visage de deux de ses kidnappeurs. Le troisième, masqué, abat froidement ses deux compagnons, puis la délivre, annonçant qu’elle ne lui sert plus à rien dorénavant. Nina peut sortir de ce piège et se retrouve en plein désert. Elle était prisonnière dans une station-essence abandonnée. A ce moment Janet Paxton arrive en compagnie d’agents du FBI. Elle apprend alors que son grand-père vient d’être assassiné à Cuzco, un poignard inca planté dans le cœur.

Raimondo Loza, le secrétaire, est maintenant le seul à gérer la demeure familiale et les affaires de l’aïeul. Alors direction Cuzco, la capitale des Incas, une ville en tout point remarquable pour ses vestiges archéologiques et ses musées. Le grand-père Santamaria et la municipalité s’opposaient à l’agrandissement de certains édifices, dont l’hôtel Atahualpa, dont les propriétaires souhaitaient noyer les environs sous une chape de béton, détruisant par là-même de nombreuses ruines ancestrales.

C’est dans une atmosphère enfiévrée que Nina arrive sur les lieux, car la population fête le solstice d’hiver, la fin de l’été et l’entrée dans l’hiver. Les rues pavoisent, les habitants revêtent les vêtements traditionnels, des orchestres jouent dans les artères et sur les places, des acteurs sont déguisés et l’un d’eux est affublé d’un masque grimaçant, ses compagnons déclarant que le Puma va dévorer le soleil.

Ce qui plonge Nina dans l’anxiété, d’autant que par téléphone Loza lui a intimé de se méfier de tous, même de sa gouvernante.

 

Dans une région propice aux légendes, chargée d’histoire, dont les traditions Quechua se mélangent aux rites imposés par les envahisseurs catholiques Espagnols, l’angoisse rôde. La mort aussi. Nina devra se garder à gauche, à droite, se défier de tous, car nul doute que sa présence dérange, étant la seule héritière de Santamaria.

Elle devra affronter de nombreux dangers, ne sachant pas si ceux qui veulent la protéger ne sont pas en réalité ses ennemis. Et au dessus de sa tête plane l’ombre du Puma, ombre qui va l’accompagner jusque dans des tunnels à la découverte d’une statuette. Mais, est-ce que tout ce qui brille est or ?

 

Un roman plaisant, bourré de rebondissements, avec un épilogue cataclysmique, destiné aux jeunes à partir de dix ans. Mais comme chantait Alain Souchon, J’ai dix ans, Je sais que c'est pas vrai Mais j'ai dix ans Laissez-moi rêver Que j'ai dix ans…

Action, suspense, angoisse sont indéniablement les maîtres mots de ce court roman, pourtant il est également empreint d’une réflexion sur l’antagonisme entre modernisme et traditions, sans oublier le côté historique et légendaire du Pérou.

 

Ce roman a bénéficié d'une réédition en version numérique sous le titre Dans les griffes de mon ennemi.

Pour le commander, voir le lien ci-dessous :

Michel AMELIN : La colère du Puma Inca. Collection Polar gothique N°407. Editions Bayar Poche. Parution le 12 février 1998. 144 pages.

ISBN : 978-2227738126

Partager cet article
Repost0
3 juillet 2018 2 03 /07 /juillet /2018 07:28

Souvent, les vieilles demeures possèdent plus

d’esprit que leurs habitants…

Pierre BRULHET : Le manoir aux esprits.

Hériter d’un manoir en Normandie est bien la dernière chose à laquelle pouvait s’attendre Armand Lombre, architecte d’état.

Il vivote et est resté célibataire. Pourtant il possède une amie, Elisabeth, bibliothécaire dans la ville voisine. Une femme à la page.

Sa vie bascule le jour où un individu toque à sa porte, se présentant comme un notaire londonien. Maître Mac Gothum lui signifie que lui, Armand, hérite d’un manoir. Un vrai manoir, et non pas un mas noir. Il a eu du mal à retrouver sa trace, d’Armand pas du manoir, mais enfin au bout de deux ans, ça y est il peut lui annoncer la bonne nouvelle.

Au vu de la photo Armand est quelque peu déconfit. Il s’agit d’une ruine, mais un héritage ne se refuse pas. En principe, sauf s’il s’agit de dettes. De plus l’ancien propriétaire, le donateur, se nomme Don Gurt. Inconnu dans la famille d’Armand. Pas grave déclare Mac Gothum, il s’agit d’un parent très éloigné, un aventurier, un explorateur, un commerçant, dont le dernier lieu de résidence fut la Côte d’Ivoire. Le notaire lui remet un dossier qu’il compulse sans tarder.

Alors Armand aménage dans sa nouvelle demeure, mais des événements étranges se produisent. De nombreux portraits ornent l’entrée et les pièces, une profusion de tableaux qui donnent l’impression au nouveau propriétaire de ne pas être seul. Dans une penderie, il découvre d’anciens vêtements. Il enfile une redingote et deux personnages, un homme et une femme, entrent et se mettent à danser. Une illusion d’optique probablement.

Le problème, lorsqu’il pleut, est qu’il reçoit sur le visage des gouttes d’eau. La toiture est en piteux état et il va falloir penser à la réparer. Le lendemain matin, une paire de chaussures l’attend sur le seuil de sa chambre. Il enfile ces souliers qui l’emmènent dans une pièce dont la toiture est effondrée, ayant laissé passer la pluie malgré la bâche qui était disposée. Les lattes du plancher sont à moitié pourries et Armand découvre dans un trou de vieux albums photos, du charbon et surtout un coffret contenant des pièces d’or, des émeraudes, des rubis, des diamants. Un trésor inestimable qui va l’aider, en premier lieu, à payer les réparations urgentes.

Comme c’est dimanche et que d’habitude il rend visite à sa mère, il décide de lui écrire, seulement sa main tenant une plume n’en fait qu’à sa tête. C’est une image. Mais Armand ne revient pas de ce que sa main écrit. Ce n’est pas son écriture, il est bien placé pour la connaître quand même, et de plus, il s’agit d’une bafouille qui lui est adressée !

D’après cette missive qui lui signifie quelques recommandations et dispositions à prendre, il doit se lancer sur la trace de ses ancêtres, six exactement, et ramener six reliques. Et pour cela il devra voyager ! Nonobstant son incompréhension de certaines demandes, il va donc partir à l’aventure. Mais il ne sera pas seul, car Elisabeth va l’accompagner. Se pourrait-il qu’il y ait anguille sous roche ?

 

Tout autant destiné aux juniors qu’aux seniors, sans oublier les vétérans dont je fais partie, ce roman est un petit régal qui vous permettra de voyager durant quelques heures sans vous fatiguer et en ramenant de votre périple en compagnie d’Armand et d’Elisabeth des images fortes.

Des catacombes de la capitale, jusqu’en Côte d’Ivoire, en passant par les 8 000 momies de Palerme, ou encore Istanbul, le lecteur n’aura pas le temps de souffler jusqu’à l’épilogue assez surprenant.

Alors roman fantastique, oui, mais pas que car Le manoir aux esprits comporte de multiples intrigues qui le rattachent à une histoire policière, avec en incrustation les propos, confessions ou narrations des six ancêtres supposés ou réels d’Armand. Un roman dans lequel Pierre Brulhet s’investit puisqu’il a vécu en Afrique et en Normandie, dans la région de Coutances. Au moins, il peut décrire ce qu’il connait.

Une lecture agréable suivie par une nouvelle intitulée Mac Gothum, le notaire de l’étrange, dans laquelle on retrouve le personnage du notaire du roman.

 

Les rêves, c’est comme les nuages, si on ne les saisit pas lorsqu’ils passent au-dessus de notre tête, ils s’éloignent et peu à peu nous perdons leur image.

Pierre BRULHET : Le manoir aux esprits. Editions Juste Pour Lire. Parution 25 janvier 2012. 232 pages. Existe en version numérique : 5,99€.

ISBN : 978-2361510305

Partager cet article
Repost0
26 juin 2018 2 26 /06 /juin /2018 08:34

Retour sur la coupe du monde 1998.

Gérardo LAMBERTONI : Place des trépassés.

Match numéro 6

Gérardo LAMBERTONI : Place des trépassés.

A Marrakech, dans l’atmosphère survoltée de la coupe du monde de 1998, alors que le Maroc est éliminé par un penalty contesté, trois jeunes étudiants éméchés et camés se défoulent en mettant le feu à un tas de chiffons sous lequel gît un vieillard, qui ne demande plus rien à la société, après s’en être amusé le prenant pour un ballon.

A dix ans Younes quitte son village perdu du Haouz pour Marrakech. Il est né le même jour que Pelé, avec quarante ans de différence quand même et possède le football dans la peau. C’est une image.

A Marrakech un entraîneur de foot, dont ce n’est pas la seule occupation, le remarque et le prend sous sa coupe, le confortant dans sa passion à l’aide de conseils, de cassettes-vidéo. Mais Younes vise plus grand, plus haut, et n’a qu’un seul but : devenir, pourquoi pas, professionnel, et surtout rejoindre son père qui travaille à Montpellier et ne revient voir la famille qu’une fois par an.

 

Le parcours de ce jeune amoureux du ballon rond est… rondement mené par un nouvel auteur découvert par Atout éditions.

De nombreuses ressemblances existent entre le héros et l’auteur ne serait-ce que par le Maroc où il est né, et Montpellier où il vit. Quant à l’intrigue ou plutôt la trame policière, elle sert de liant aux chapitres déclinés comme autant de nouvelles pathétiques, parfois drôles, sensibles, poétiques.

Et si le football en est le support, c’est aussi pour démontrer qu’il pourrait y avoir une égalité dans le monde grâce au sport, mais que l’argent est toujours là pour briser le rêve. Ou la bêtise humaine, qui elle aussi est internationale.

 

Gérardo LAMBERTONI : Place des trépassés. Collection Pique rouge. Atout éditions. Parution le 25 novembre 2001. 176 pages.

ISBN : 978-2912742216.

Partager cet article
Repost0
25 juin 2018 1 25 /06 /juin /2018 08:05

Une préfiguration de ce qui nous attend dans nos assiettes ?

Isaac ASIMOV : Les poisons de Mars.

L’œuvre d’Isaac Asimov, malgré quelques puristes et exégètes, ne se limite pas au cycle de Fondation.

Quoi que de formation scientifique, Asimov n’a jamais renié l’intérêt qu’il portait pour la littérature policière. En témoignent ses romans tels que Les cavernes d’acier ou la compilation de nouvelles extrêmement jubilatoires et chestertonniennes que sont le Clan des Veufs.

Mais chez tout écrivain existent la face encensée et la face cachée. La face encensée pour des raisons parfois inconnues et souvent arbitraires connaît les honneurs des éditions, des rééditions et du souffle élogieux du bouche à oreille.

La face cachée consistant en ces œuvres jugées mineures mais qui, au fil des années et grâce à la pugnacité de certains éditeurs refusent de jongler dans la facilité et les sortent des tiroirs dans lesquelles elles étaient rangées, tenues secrètes, comme recelant en elles des tares invisibles.

Cette aventure de David Starr, écrite en 1951 par Asimov, retravaillée par celui-ci en 1980, a retrouvé en 1991 une nouvelle espérance de vie, en changeant de titre et en retrouvant le patronyme de son auteur, puisqu’elle avait déjà été publiée en 1954 sous l’alias de Paul French au Fleuve Noir.

Car malgré la préface et les mises en garde scientifiques de son auteur, David Starr est plus crédible que, par exemple, John Carter du talentueux et imprévisible Edgar Rice Burroughs.

En imaginant David Starr, Isaac Asimov extrapole, sans le savoir, sans oser imaginer jusqu’où cela pourra conduire l’humanité, sur la pénurie et le problème écologique de nos années 90 et les suivantes. Ce qui dénote de la part de l’auteur une prise de conscience et non pas une extrapolation romanesque ou fictionnesque.

Sur Terre, en l’an 5000 après J.C. environ, David Starr, jeune enquêteur au Conseil Scientifique, assiste dans un restaurant au décès par empoisonnement d’un client, dégustateur des produits de Mars. David Starr va, en se faisant passer pour un ouvrier agricole, enquêter sur la planète Rouge, une enquête où la science-fiction et la littérature policière font bon ménage, l’un n’excluant pas forcément l’autre.

Le suspense étant allié au problème de l’intoxication alimentaire d’une façon rationnelle et scientifique.

 

Autres éditions :

Sous le titre Sur la planète rouge. Collection Anticipation N°44. Editions Fleuve Noir 1954. Traduction par Amélie AUDIBERTI

Sous le titre Sur la planète rouge. Collection Anticipation N°44. Editions Fleuve Noir 1954. Traduction par Amélie AUDIBERTI

Sous le titre Jim Spark, le chasseur d'étoiles. Bibliothèque Verte Senior. Hachette Jeunesse, 1977 Traduction de Guy ABADIA

Sous le titre Jim Spark, le chasseur d'étoiles. Bibliothèque Verte Senior. Hachette Jeunesse, 1977 Traduction de Guy ABADIA

Isaac ASIMOV : Les poisons de Mars. Une aventure de David Starr (David Starr space ranger – 1952. Traduction de Paul Couturiau). Collection Aventures N°1. Claude Lefrancq Editeur. Parution avril 1991. 160 pages.

ISBN : 2-87153-052-1

Partager cet article
Repost0
23 juin 2018 6 23 /06 /juin /2018 06:45

Attention à ne pas crever le ballon quand même !

G. MORRIS-DUMOULIN : La gâchette facile.

Match numéro 5

G. MORRIS-DUMOULIN : La gâchette facile.

Lors d’une vérification surprise d’identité dans le métro, Peter Warren, détective privé franco-américain, est intrigué par le comportement d’un adolescent qui tient un sac plastique dans une main, comme s’il transportait toute sa fortune dedans. Ce gamin, il est sûr de l’avoir déjà vu.

Il le suit jusqu’en proche banlieue et reconnaît enfin Roland, un des mômes qui participent de temps à autre aux matchs de foot organisés sous la houlette de Jean-Marc, éducateur social. Roland qui a été surnommé la Feignasse pour son peu d’empressement à taper dans la balle. Warren le hèle et Roland prend la poudre d’escampette alors qu’il allait jeter son sac dans une poubelle. Il le rattrape enfin mais le sac est vide. Devant l’insistance de Warren, Roland avoue qu’il trimbalait un flingue. Il l’a balancé par dessus le mur de l’enceinte mais les recherches effectuées n’aboutissent à rien.

Même quand Jean-Marc et ses footeux sont appelés à la rescousse. Warren est persuadé que l’arme ne s’est pas volatilisée pour tout le monde. Un qui est embêté c’est Roland, qui va devoir rendre des comptes à son employeur, car il sert régulièrement d’intermédiaire. Et un 357 Magnum, ce n’est pas du petit calibre. Warren ne désarme pas et en vadrouillant le soir dans la cité il empêche un des gamins, qui a récupéré l’arme, de s’approprier la recette d’une supérette. Mais ce n’est qu’un épisode car le gamin disparaît, tandis que Roland va devoir rétrocéder, par cas de force majeure, l’appartement trois pièces qu’il habitait au grand dam de ses voisins qui le convoitait. Quant à Warren il tombe sur des cadavres qu’il aurait préféré rencontrer vivants.

G. Morris-Dumoulin, qui a fait les beaux jours de la collection Un Mystère aux Presses de la Cité, puis celle de Spécial Police au Fleuve Noir, était un écrivain éminemment populaire, possédant plusieurs flèches à son arc littéraire, puisqu’il a aussi bien écrit des romans noirs, policiers, d’espionnage et de science fiction, qu’il a débuté comme traducteur, qu’il a rédigé un livre de souvenirs, Le Forçat de l’Underwood chez Manya, l’auteur nous prouvait si besoin en était que le talent ne s’effrite pas avec l’âge. Devant l’agression, sympathique mais hargneuse des jeunes auteurs actuels, il démontrait qu’il avait encore quelque chose à dire, à écrire, et que sa vision du monde n’était pas forcément celle d’un rétrograde. Un roman qui fleure bon les années 60, mais dans lequel G. Morris-Dumoulin s’intègre à notre époque, époque qu’il analyse parfois avec causticité.

Mais G. Morris-Dumoulin est décédé le 10 juin 2016.

G. MORRIS-DUMOULIN : La gâchette facile. Collection Dur à cuire. Editions L’Arganier. Parution 18 septembre 2008. 232 pages.

ISBN : 978-2912728739

Partager cet article
Repost0
21 juin 2018 4 21 /06 /juin /2018 09:33

Si vous allez au Stade de France, munissez-vous d’un parapluie ! On ne sait jamais !

Alexandre DUMAL: La coupe immonde.

Match numéro 4 :

Alexandre DUMAL: La coupe immonde.

Contacté par Isabelle Moineau, non loin du lieu de l’édification du Stade de France, Alias supprime un tueur de la Mafia qui a eu le tort de s’exercer sur une amie.

L’endroit lui donnant des idées, quelques mois plus tard il déverse avec un Canadair des tonnes de matières fécales sur le stade de France, lors du match d’ouverture. Un ancien condisciple de La Morve en biochimie a fabriqué des rats à ventouses. Alias perturbe le lunch organisé par le C.F.O., comité français d’organisation, en lâchant les bestioles lors de la dégustation de petits fours.

Il intercepte un camion transportant le repas des policiers de la Préfecture de police et remplace le déjeuner prévu par des omelettes aux champignons hallucinogènes. Il dépose des casiers de bouteilles de vin vides dans la cour et alerte les journalistes qui surprennent le Préfet Broutard en plein délire.

Alias et ses acolytes enchaînent les méfaits : décapitation d’un directeur de supermarché, viol de la créatrice de l’affiche de la coupe du monde de football par les membres d’un club de supporters, saccage et incendie de la demeure de Margaret Amos, son ennemie, affrontement entre les forces du GIGN et du RAID lors de la finale entre la France et le Brésil (la France perd), enfin un lâcher d’armes dissimulées dans un dirigeable au dessus de la cour de la prison de la Santé, et l’incendie du siège social de la Banque de France.

 

Sous les patronymes de Marcel Bigles, Fred Blatteur, Marcel Platano, Bernard Daisastre, les lecteurs reconnaîtront quelques figures célèbres du milieu footballistique, de même qu’ils entonneront la Marseille et autres airs connus, revus et corrigés par Alias.

Avec en toile de fond la coupe du monde, Alexandre Dumal ne se lasse pas de tirer à boulets rouges sur les hommes politiques, et/ou médiatiques. Le football lui-même, et tout ce qui gravite autour, est décrit avec impertinence, parfois non sans raison. Mais dans l’ensemble, tout cela ne vole pas très haut, et Alias tacle sans élégance.

Les résultats précédents :

 

Alexandre DUMAL: La coupe immonde. Collection Alias N°5. Editions Fleuve Noir. Parution 11 juin 1998. 222 pages.

ISBN : 978-2265065093

Partager cet article
Repost0
19 juin 2018 2 19 /06 /juin /2018 08:07

Il criait Allez les Bleus !

Il est revenu couvert d’hématomes…

John CREASEY : Football pour l’inspecteur West

Match numéro 3.

John CREASEY : Football pour l’inspecteur West

Journée faste pour Guy Randall, qui n’est pas le frère de Josh, le chasseur de prime, puisqu’il vient d’obtenir une promotion dans la boîte de façonnage d’emballages en tous genres qui l’emploie.

Et ce n’est pas tout ! Il est persuadé emporter un contrat juteux au détriment de son confère Jeremiah Scott, commercial lui aussi mais qui travaille dans une entreprise concurrente. Enfin, il va déjeuner avec Sybil, sa promise, dans un restaurant chic.

Et ce n’est pas tout car à la fin de la journée il est abattu par un tueur à un coin de rue. Le sergent Goodwin, aussitôt arrivé sur les lieux, n’en revient pas. Son chef à terre, atteint d’une balle ! Erreur, il s’agit d’un autre. Ouf ! Autre chose, Randall se promenait toujours avec sa marmotte, un cartable dans lequel il enfouissait ses contrats et devis. Elle lui aurait été barbotée lorsqu’il a été abattu.

Et West, le patron et ami de Goodwin, prend immédiatement en charge cette affaire qui va connaître de nombreux rebondissements, comme un ballon de football sur un terrain mal entretenu. Il enquête auprès des employeurs de Randal, auprès de Sybil, auprès du chasseur du restaurant où Randall avait rendez-vous avec Sybil, et auprès de quelques autres dont son concurrent, Jeremiah Scott.

D’après Louis, le chasseur du restaurant sélect, Sybil, lorsqu’elle est arrivée, semblait angoissée et suivie par un inconnu. Ce qu’elle dément formellement, mais elle est toutefois troublée par la ressemblance affichée entre le policier et son fiancé.

L’enquête de West provoque des remous et Goodwin se choppe une balle qui n’était pas perdue. Quant à West il va se trouver en maintes occasions, lors de rencontres inopinées avec des chauffeurs de taxi, dans des entrepôts sur les docks londoniens, et autres avatars, dans des situations plus que délicates, préjudiciables à sa santé.

Toutefois il se rend compte que quelque chose lie toutes ces affaires : des billets de football du club de Fulham ainsi que la circulation de faux programmes. Et le lecteur est invité à participer justement à un match de football, entre le club londonien et celui de West Bromwich Albion, match qui se révélera assez épique, et pas à cause des joueurs.

 

Cette enquête assez longue, dans le temps et non pour le lecteur, serait intéressante si parfois les actions arrivaient inopinément comme un ballon de football dans la soupe. En effet, mais est-ce dû à la traduction, certains événements se déroulent sans qu’ils soient programmés, et West surgit toujours par surprise lors de certains épisodes. De même, alors qu’il est mis en difficulté par les bandits, il est sauvé in extremis sans que tout soit clairement expliqué.

Le rôle joué par Sybil est assez ambigu. West la découvre dans une maison (comment est-il arrivé là ?) la sauvant de justesse d’un empoisonnement destiné à l’occire. Pourtant, par la suite, Sybil ne semble pas tenir rancune à ceux qui voulaient la mettre hors circuit. Elle joue un double-jeu, parfois en contradiction avec les protagonistes qui évoluent auprès d’elle.

Le lecteur ressent donc des manques, des ellipses, dans la narration, ce qui génère une certaine frustration. Mais, tout n’est peut-être pas à mettre sur le compte du traducteur, car John Creasey a beaucoup écrit, et peut-être parfois dans l’urgence.

 

Polygraphe très prolifique, John Creasey est surtout connu en France pour sa série Le Baron, signée Anthony Morton, mais également sous les pseudonymes de J.J. Marric, Jeremy York, Michael Halliday, sous son patronyme pour les séries de l’inspecteur West et du Prince, en tout sous une vingtaine d’alias en Grande-Bretagne, sa patrie d’origine. Certains de ces pseudonymes ont été modifiés lors de la traduction de ses romans en France, afin de les publier sous des noms déjà connus des lecteurs.

Match d'ouverture

Match Numéro 2

John CREASEY : Football pour l’inspecteur West (Inspector West Kicks Off ou Sport for Inspector West - 1949). Traduction de Michael Eichelberger). Le Masque jaune N°1013. Editions Librairie des Champs Elysées. Parution mai 1968. 192 pages.

Partager cet article
Repost0
16 juin 2018 6 16 /06 /juin /2018 08:01

A sec ? Mais faut mouiller le maillot les p’tits gars !

Jean-Bernard POUY : A sec !

Match N°2 !

Jean-Bernard POUY : A sec !

Le football, c’est un jeu pratiqué par Vingt deux abrutis, sélectionnés qui plus est, suffisamment si peu sûrs d'eux-mêmes qu'ils s'entourent de remplaçants pour pallier leurs béances, et d'arbitres pour éviter les fautes.

Ce n'est pas moi qui le dis, c'est J.-B. Pouy.

Surenchère : Ils n'étaient pas loin de penser que ce sport de dégénérés du bulbe était le pire marigot dans lequel le corps social pouvait être plongé.

Afin de mieux enfoncer le crampon, Pouy fait appel à certaines connaissances, philosophes émérites dont l'opinion ne peut être mise en doute et ayant pour nom Keelt, Malebranche, Wittgenstein et consorts. D'accord, c'est pour la bonne cause.

Spinoza, alias Julius Puech, se repose sur ses lauriers à Bombay. Mais lorsqu'il apprend qu'Hegel est de retour, il ne tergiverse pas et reprend du service. Là-bas à Paris et province, la baston règne, surtout autour des stades. Commandos primaires fanatiques.

On ne fera pas de dessins. Bottes mauves en lézard contre chaussures de foot. Balle au centre.

Pouy se fait plaisir ou plutôt fait plaisir à ses fans qui attendaient la confrontation bis entre spinozistes et hégéliens.

Plus qu'une histoire, mi-polar déglingué mi-SF allumée, avec le foot comme tête de Turc, ce roman joue finement le tacle, échappe au carton jaune et propose les prolongations.

Une récréation pour Jean-Bernard Pouy entre deux romans plus épais, et qui se lit le temps d’un match de football.

 

Première édition : Canaille/Revolver N°111. Editions Baleine. Parution le 31 janvier 1998.

Première édition : Canaille/Revolver N°111. Editions Baleine. Parution le 31 janvier 1998.

Jean-Bernard POUY : A sec ! Première édition : Canaille/Revolver N°111. Editions Baleine. Parution le 31 janvier 1998.

ISBN : 978-2842191252

Réédition : Collection Folio Policier N°149. Parution 22 février 2000. 160 pages.

ISBN : 978-2070409617.

Partager cet article
Repost0
14 juin 2018 4 14 /06 /juin /2018 11:10

Ils sont foot, ces auteurs !

Spécial coupe du monde de foot, vu à travers la

littérature !

Match d’ouverture !

Jean-Michel RIOU : Le Mille-pattes.

Qui ne se souvient de "A mort l'arbitre" d'Alfred Draper, paru en Série Noire (N°1560) et adapté au cinéma en 1983 par Jean-Pierre Mocky sous le titre éponyme avec Michel Serrault, Eddy Mitchell et Carole Laure dans les principaux rôles. Ou encore de Kop de Dominique Manotti chez Rivages en 1999. Moins connu peut-être "Un tueur dans la foule" de George Lafountaine qui fut également adapté par Larry Peerce en 1977 avec Charlton Heston et John Cassavetes.

En cette période où le ballon rond est promu hostie du supporter, où les stades sont les nouvelles chapelles édifiées en l'honneur du football, où les matchs seront les messes largement retransmises par la télévision entièrement vouée à ce culte, il fallait bien que quelques iconoclastes sacrifient à la mode tout en s'en gaussant.

 

En lever de rideau Jean-Michel Riou avec Le mille-pattes.

Jean-Michel RIOU : Le Mille-pattes.

César National, l'avant-centre de l'équipe de France reconverti dans le journalisme pour cause de blessure grave à la jambe, doit commenter le match inaugural en compagnie de son ami Thierry Zachs, le grand prêtre des ondes de Channel A.

C'est en rendant visite à ses ex-coéquipiers qu'il apprend que la France doit perdre ce match qui l'oppose à une sélection mondiale. Un chantage exercé à l'encontre de certains de ses amis, ce qui le révolte et le pousse à enquêter.

En compagnie de Bill Rey, un jeune journaliste aux dents longues et à la caméra fouineuse, il se lance dans une course contre la montre car si les supporters apprennent cette défection, obligée, des joueurs français, cela risque d'entraîner une émeute susceptible de tourner en carnage.

 

Ce n'est pas le ballon rond qui est au centre de ce roman telle l'hostie présentée en offrande mais les agissements nébuleux des officiants, hommes politiques, responsables de clubs de supporters créés à l'occasion de cette manifestation et course à l'audimat, qui sont la cible de Jean-Michel Riou. Mais l’on sait bien que ceci n’est qu’une fiction. Dans la vie réelle, cela n’arrive jamais. Si ? oh, si peu…

A propos, le mille-pattes évoqué par le titre n'est autre que les onze joueurs piétinant avant d'entrer sur le terrain. Vingt deux joueurs si l'on additionne les deux équipes. Plus les arbitres.

Jean-Michel RIOU : Le Mille-pattes. Collection Sueurs froides. Editions Denoël. Parution le 6 janvier 1998. 240 pages.

ISBN : 978-2207247006

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
  • Contact

Recherche

Sites et bons coins remarquables