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27 février 2019 3 27 /02 /février /2019 05:53

Un message écologique ?

Jean-Louis PESCH : La mystérieuse invention.

Créée par Maurice Cuvillier en 1941, cette série, en apparence naïve, destinée à l’édification de la jeunesse, fut pour beaucoup de nous dans le début des années 1950 le début de l’incursion dans la lecture de la bande dessinée aux côtés des magazines Tintin et Spirou. Dans les patronages de bons curés nous flattaient la tête et nous prêtaient ces ouvrages dans un but de communier avec la nature ou nous offraient des séances de cinéma gratuites.

Les aventures de ces deux gamins vivant dans une chaumière située dans les bois, aux costumes surannés empruntés au monde agricole français du début du XXe siècle, doit peut-être beaucoup à Benjamin Rabier, mais elle comporte des messages parfois cachés, sur le respect de la nature et la protection des animaux, même si les compères s’ingénient à contrecarrer les efforts des deux enfants pour initier la paix entre humains et animaux. Et les compères, Renard, Loup, Ours et Sanglier ont beau se démener, ils n’arrivent jamais à leur fin.

D’ailleurs c’est Renard qui le plus souvent a une idée. Il la propose à ses compères. Loup est souvent plus réticent, Ours ne sait qu’approuver, en répétant à satiété ça c’est vrai tandis que Sanglier prend tout à la rigolade. Le dernier méfait en date, au début du volume, est provoqué par Renard qui voyant Mignonnet l’agneau décidé de partir à la découverte, essaie de le capturer.

Heureusement pour Mignonnet, monsieur Tartalo arrive sur les entrefaites et réduit à néant les velléités de Renard. Monsieur Tartalo est un vieil inventeur et il recherche un endroit calme avec un point d’eau. Justement, non loin, un vieux moulin à eau est désaffecté et Sylvain lui indique le chemin. Monsieur Tartalo est ravi et explique pourquoi il a besoin de cet endroit.

Il vient d’inventer à un moteur à eau révolutionnaire : il n’y aura plus besoin de mettre du carburant polluant pour se déplacer. Plus d’émanations nocives ! Mais les compères veillent, attirés par cette invention extraordinaire.

 

Le côté écologique, surtout de nos jours n’échappera à personne, mais cette idée ne date pas d’hier. En effet, cet album a été publié aux environs de l’année 1958. Et déjà un substitut au pétrole était envisagé.

Mais cet aspect écologique n’est pas le seul message placé dans cette histoire.

En effet Jean-Louis Pesch démontre les absurdités de la langue française, dans une scène hilarante située au début de cette histoire. Ainsi lorsque la tortue demande aux animaux de la ferme comment s’appelle le petit de l’oie, tout le monde sèche. Le petit de l’oie est un oison, explique-t-elle. Puis elle demande comment se nomme le petit de la cane. Souriceau réplique alors, fier de lui : un canon. Logique, non ? La réponse exacte est évidemment un caneton. Aussi lorsque la tortue demande le nom du petit de l’âne, Mignonnet l’agneau s’exclame Moi je sais ! L’aneton ! Toujours logique sauf que la bonne réponse est l’ânon. Comment voulez-vous que les enfants s’y retrouvent ?

Le dessin est précis tout en étant fouillé, proche de la ligne claire. C’est frais, cocasse, humoristique, divertissant et rafraîchissant.

Ce volume est le dernier de Jean-Louis Pesch seul avant la collaboration de Claude Dubois à partir du N°37. Et le succès de Sylvain et Sylvette ne se dément pas puisque les éditions P’tit Louis, publient des inédits signés Belom ou Bruno Bertin et des rééditions.

Jean-Louis PESCH : La mystérieuse invention.

Jean-Louis PESCH : La mystérieuse invention. Sylvain et Sylvette n°36. Editions Le Lombard. Parution le 7 juin 1996. 48 pages. Nombreuses éditions et rééditions.

ISBN : 978-2803610358

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26 février 2019 2 26 /02 /février /2019 05:32

Quand Jean Ray écrivait de petites farces…

John FLANDERS : Les joyeux contes d’lngoldsby.

C'est impensable comme il peut se passer d'évènements dans une petite commune tout au long de l’année. De petits faits divers sordides, bizarres, farfelus, tristes ou joyeux, consciencieusement relevés et relatés par le pasteur du village. Les habitants de Tappington, petite cité du Shropshire, en Angleterre, ne diffèrent des autres communautés rurales que par leurs excès de crédulité, de naïveté, de roublardise.

Dès qu’un incident, un malheur, une catastrophe, s’abattent sur tout ou partie du village, aussitôt la cause et l’origine en sont trouvés. Ce ne peul être que le fait d’une vengeance ou de la jalousie de leurs vieux ennemis du village voisin d'Oldham, à moins que toutes les misères qui leurs tombent sur la tête ne soient générées par les farfadets, homoncules, génies et autres lutins qui vivent dans la campagne environnante.

Les Tappingtonnais sont excessivement superstitieux et entretiennent, les légendes, ce qui permet à certains de leurs concitoyens plus délurés ou madrés de se permettre quelques farces ou privautés à leur encontre. Des déboires qui entrainent bonne humeur de tout ou partie de la population, car vous en conviendrez avec moi, en général ce sont les malheurs des autres qui font rire, et qui sont gommés au fil des saisons et des mois.

 

Construit comme un almanach en soixante-neuf historiettes qui s’égrènent du 1er de l’An à la Saint Sylvestre, les Joyeux contes d’lngoldsby nous offrent une savoureuse incursion dans un petit village avec ses personnages et ses situations typiques à la Dickens, revus et corrigés par Maupassant.

Moi non plus je ne peux m’empêcher d’établir des comparaisons ou de rechercher des ressemblances avec tel ou tel texte ancien.

John Flanders, alias Jean Ray, aurait puisé, parait-il dans l’œuvre d’un certain Richard Harry Barham, auteur des légendes d’lngoldsby pour écrire ces petits contes drôlatiques et ruraux. Et alors ?

Comme le fait si bien remarquer Henri Vernes dans sa préface, Molière et Lesage se sont également inspirés d’œuvres antérieures. Et je pourrais citer aussi La Fontaine et ses fables adaptées de celles d’Esope.

Et dans un domaine différent, que serait Walt Disney sans les histoires de Charles Perrault et confrères. Les polémiques concernant tel emprunt ou telle similitude ne sont le fruit que de jaloux.

Quant à nous, contentons-nous de lire avec ravissement ces petits contes parfois joyeusement macabres, ou en forme de règlements de contes, qu'avec simplicité et talent a écrit et légué John Flanders, plus connu sous le nom de Jean Ray.

 

Vous pouvez retrouver le sommaire complet de ce recueil en cliquant sur le lien ci-dessous :

John FLANDERS : Les joyeux contes d’lngoldsby. Collection Attitudes. Claude Lefrancq Editeur. Parution novembre 1991. 256 pages. Illustration de René Follet.

ISBN : 2-87153-072-6

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22 février 2019 5 22 /02 /février /2019 05:11

Quand Dean R. Koontz, sous l’alias de Leigh Nichols, dénonçait le sectarisme et le fanatisme.

Leigh NICHOLS : L’heure des chauves-souris

Ce roman ne veut pas être un uniquement un réquisitoire des sectes quelles qu’elles soient, mais surtout dénoncer un état de fait : démontrer que le fanatisme religieux d’une personne et de son pouvoir de persuasion, sa croyance, ses convictions auprès de personnes facilement impressionnables, malléables spirituellement, peuvent engendrer une situation de quasi hystérie collective allant jusqu’à la traque et le massacre d’innocents.

Mais aussi prouver que l’amour d’une jeune mère pour son enfant peut lui révéler des forces et des ressources insoupçonnées, aussi bien physiques que morales.

 

Christine et son fils Joey sont abordés, un dimanche ensoleillé, par une vieille femme sur le parking d’un centre commercial.

Cette vieille femme, tout de vert vêtue, aux cheveux gris enchevêtrés, au visage blafard, aux yeux gris couleur d’eau sale gelée, profère à l’encontre du jeune Joey des menaces de mort. Bientôt les événements se bousculent, le chien de l’enfant est massacré, et Christine et son enfant échappent de peu à un attentat.

Aidés par un détective, qui prend sous sa coupe l’enfant et tombe amoureux de la mère, ils vont fuir devant la meute lancée à leurs trousses. Cette cavale les mènera de la douceur de la Californie du Sud jusque dans le cadre glacial et grandiose des montagnes du Nevada.

 

Autant roman policier que roman d’épouvante, L’heure des chauves-souris est prenant et tient en haleine le lecteur de bout en bout. Comme quasiment tous les romans de Dean R. Koontz et cette histoire est intemporelle, du moins son thème.

 

Réédition sous le nom de Dean R. Koontz. Collection Terreur N°9189. Editions Pocket. Parution octobre 1998. 478 pages.

Réédition sous le nom de Dean R. Koontz. Collection Terreur N°9189. Editions Pocket. Parution octobre 1998. 478 pages.

Leigh NICHOLS : L’heure des chauves-souris (Twilight / The Servants of Twilight - 1984. Traduction d’Alain Dorémieux). Collection J’ai Lu épouvante N°2263. Editions J’ai lu. Parution septembre 1987. 480 pages.

Réédition sous le nom de Dean R. Koontz. Collection Terreur N°9189. Editions Pocket. Parution octobre 1998. 478 pages.

ISBN : 2-277-22263-1

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21 février 2019 4 21 /02 /février /2019 05:31

Ah, les joies d’une sieste, non crapuleuse… !

Jean-Pierre ANDREVON : Ce qu’il y avait derrière l’horizon…

Lorsque Jo se réveille de sa sieste vespérale en cette fin d’après-midi d’un dimanche tranquille, auprès d’une rivière, alors que sa canne à pêche et surtout l’hameçon accroché au bout de la ligne attendent un poisson suicidaire, il pense avoir passé un après-midi calme et paisible, comme bien d’autres.

Pourtant le retour vers la grande ville ne se déroule pas exactement comme d’habitude. Aucun bruit ne trouble la sérénité du paysage. Il ne rencontre aucune âme qui vive, aucune voiture.

Silence et solitude semblent s’être donné la main. Cela ne l’inquiète guère, juste un certain trouble l’habite. Quelques trous de mémoire également. Comme des absences.

Mais chez lui, l’horreur l’attend. D’abord son fils qui inexplicablement tente de l’électrocuter, puis sa jeune fille, encore un bébé, qui le mord cruellement, puis sa femme qui elle aussi veut attenter à sa vie.

Mais la terreur ne fait que commencer et tout bascule comme s’il était entré dans un monde parallèle.

Le héros se débat contre des entités qu’il ne peut maîtriser. Il ne doit son salut que dans la fuite. C’est l’incompréhension la plus totale qui le guide.

 

Débutant de façon fort bucolique, l’angoisse s’installe très vite dans ce roman de Jean-Pierre Andrevon.

Malheureusement, l’épilogue ne concrétise pas tous les espoirs, toutes les promesses du début et le lecteur ressort légèrement frustré de cette histoire.

 

Réédition : Collection Anticipation N°1836. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1991. 192 pages.

Réédition : Collection Anticipation N°1836. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1991. 192 pages.

Réédition L’Atelier de Presse. L’Atelier du Futur. Parution 2008.

Réédition L’Atelier de Presse. L’Atelier du Futur. Parution 2008.

Jean-Pierre ANDREVON : Ce qu’il y avait derrière l’horizon… Collection Science Fiction n°2. Editions Patrick Siry. Parution septembre 1988. 160 pages.

Réédition : Collection Anticipation N°1836. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1991. 192 pages.

Réédition L’Atelier de Presse. L’Atelier du Futur. Parution 2008.

ISBN : 2-7391-0001-9

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20 février 2019 3 20 /02 /février /2019 05:16

Il n’y a pas d’âge pour devenir détective,

même pour de faux…

Romain SLOCOMBE : Le faux détective.

Assister en direct à une tentative d’étranglement dans une voiture, recueillir le numéro minéralogique de la voiture dans laquelle une femme se fait tabasser par un homme, voilà de quoi déclencher une vocation.

Un écrivain de romans policiers intervient dans la classe de Jo Bical, mais l’attention des élèves est perturbée par un cri poussé par leur enseignante. Elle aperçoit dans le parking face à l’école un homme en train d’essayer d’étrangler une femme puis de la bourrer de coups. Ce n’est pas une façon de s’attirer les bonnes grâces de celle qui est au volant. Pourtant, elle démarre le véhicule précipitamment. Jo, qui n’a pas les yeux dans ses poches, relève le numéro du véhicule. On ne sait jamais. C’est comme ça que sa vocation est née.

Il recherche un endroit calme et tranquille afin d’installer son bureau. L’endroit idéal, il le découvre dans l’ancienne usine Métallunic, désaffectée depuis des années et à l’abandon. Il s’introduit dans le bâtiment et s’installe dans une pièce, où justement le mobilier semble l’attendre. Il va apporter des livres, des romans policiers, genre littéraire qu’il préfère, et à lui le calme et la sérénité.

Seulement, en ressortant, il croit percevoir des regards l’observant. Le début de sa formation peut-être. Peu après il revient avec les romans qu’il va dévorer et s’aperçoit que la chaîne et le cadenas fermant la grille d’entrée ne sont pas replacés tels qu’il les avait mis en repartant la fois précédente.

Des inscriptions lui signifiant qu’il n’est qu’un intrus, qu’il n’a rien à faire dans le bâtiment, dépareillent la pancarte qu’il avait accrochée à la porte du bureau qu’il s’était annexé, puis une adolescente, un peu plus vieille que lui, accompagnée d’un chien, un Doberman, le genre de canidé qui ne pose pas de questions en général, lui intime de dégager.

Et c’est comme ça que débutent ses ennuis. Non seulement il se fait manipuler par Vesna, d’origine Yougoslave, mais il découvre le véhicule qui porte la même plaque minéralogique que celle de l’agression, stationnée dans le parking. Et il se retrouve enfermé dans une cave.

 

Nous ne sommes pas loin des aventures pour juvéniles écrites par nombre de romanciers dans les années 1950 ou 1960, dans le fond mais pas dans la forme. Les gamins s’expriment avec des mots de tous les jours, employant sans vergogne les grossièretés qui sont le lot quotidien des petits voyous, ou des mal embouchés comme aurait dit ma grand-mère.

Pour le reste, il s’agit d’une histoire convenue, avec toutefois un regard sur la société, cette fameuse usine Métallunic fermée par son propriétaire pour la transplanter ailleurs, dans un pays où la main-d’œuvre est nettement moins préjudiciable aux portefeuilles des patrons.

Il me semble que ce roman a été écrit bien des années avant sa parution, à moins que l’auteur ait voulu ne pas le dater, car le numéro minéralogique du véhicule, 488 PR… nous ramène au début des années 1970, selon les départements.

Quant à l’illustration, signée Christophe Merlin, je ne la trouve guère attirante et incitative pour découvrir le contenu. Mais ce n’est qu’une appréciation tout à fait personnelle qui n’engage que moi.

Romain SLOCOMBE : Le faux détective. Collection Souris Noire. Editions Syros. Parution le 20 janvier 2011. 94 pages.

ISBN : 978-2748510379

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17 février 2019 7 17 /02 /février /2019 05:14

C’est ce que l’on appelle le ruissellement ?

P.G. WODEHOUSE : Une pluie de dollars

Pour avoir un jour aidé un joueur de golf à corriger un défaut, William Fitz-William Delamere Chalmers, lord Dawlish, que dorénavant nous appellerons Chalmers tout court (tout court n’étant pas inclus dans le patronyme), se voit à la tête d’un héritage fabuleux.

Malgré son titre nobiliaire, Chalmers ne roule pas sur l’or, aussi il a trouvé un emploi de secrétaire dans son club de golf, ce qui lui laisse quand même du temps libre pour baguenauder et prodiguer ses conseils. Il a une petite amie, Claire, mais sa situation ne convient guère aux deux jeunes gens. Jusqu’au jour où il mandé par un notaire qui lui signifie qu’il vient d’hériter d’une forte somme d’argent, don de son obligé. Pour cela l’homme a déshérité ses neveux.

Bon prince, et estimant qu’il ne peut moralement toucher, du moins en totalité, cet héritage, il décide d’aller retrouver les neveux qu’il a spolié involontairement à l’insu de son propre gré et de leur rendre une partie de l’argent. Les deux neveux, qui sont frères et sœurs, résident à Long Island, la presqu’il new-yorkaise. Alors direction l’Amérique, afin de faire leur connaissance et de leur restituer leur dû. Une partie, car il espère bien en garder une portion non négligeable.

Un de ses amis qui habite dans la grande métropole américaine lui propose de s’installer chez lui durant un certain temps, puisque lui-même sera absent. C’est ainsi qu’il fait d’abord la connaissance de Nutcombe Boyd, le neveu, qui s’introduit dans l’appartement où s’est installé Chalmers. Il pensait retrouver un ami commun. Les deux hommes sympathisent, et ils partent pour Long Island retrouver Elizabeth, la nièce qui vit dans une petite ferme et soigne ses abeilles.

Mais Chalmers est gêné, n’osant pas proposer à Elizabeth sa part d’héritage, car tant le neveu que la nièce sont fort remonté contre ce lord Dawlish qui a accaparé leur succession. Comme il s’est présenté sous le nom de Chalmers, il préfère attendre un moment favorable.

Débute alors une succession de situations cocasses, d’imbroglios apparemment insolubles, aux nombreux quiproquos, surtout qu’en présence d’Elizabeth il ne se montre pas aussi snob ou incapable que sa condition pourrait le laisser supposer. Et entre les deux jeunes gens, une amitié s’établit, amitié qui se transforme rapidement en un sentiment plus profond. Et comme si cela ne suffisait pas, Claire, son amie Claire, est elle aussi à New-York, invitée par une amie. Elle s’est entichée d’un des passagers du paquebot sur lequel elle a voyagé, ce qui n’aplanit pas les différents qui se sont élevés entre eux.

 

Une histoire burlesque dans laquelle se trouvent confrontés les différents protagonistes, transformant ce récit en une sorte de vaudeville aux situations absurdes. Les dialogues sont souvent très amusants, et le lecteur ne peut s’empêcher de sourire aux bons mots, aux dialogues parfois farfelus, ou aux situations compliquées à l’excès.

P.G. Wodehouse porte au pinacle l’humour anglais, la dérision dans la description des situations, dans les dialogues, dans ce fameux nonsense, sans jouer sur la vulgarité, les jeux de mots laids comme disent les cyclistes.

Et sans vouloir abonder dans le sens d’Eric Neuhoff, qui écrivit dans Madame Figaro en 1985 : Une invention perpétuelle un sens inouï du rebondissement, des dialogues à se rouler par terre…, car il me semble que cette analyse est excessive, on ne peut que se réjouir à la lecture de ces romans qui délassent, qui détendent, qui relativisent, qui offre des moments d’ineffables bonheur dans des circonstances déprimantes et pourtant qui nous montrent la réalité portée à des sommets d’intenses boutades. On peut rire de tout mais pas avec tout le monde disait Pierre Desproges, avec juste raison. Il suffit de savoir se moquer mais avec tact de ses compatriotes et de mettre sous la loupe leurs défauts, leurs dérives, leurs contradictions. Des imperfections dont nous sommes également les représentants, et c’est un peu comme si l’on se regardait dans une glace.

Jeeves a éclipsé bon nombre de romans de P.G. Wodehouse, et c’est dommage car il y a de petits bijoux à découvrir ou redécouvrir.

 

-Vous êtes bien tranquille, Claire, dit Polly.

-Je réfléchis.

-Très bonne chose, dit-on. Je n’ai jamais essayé.

 

 

Cela fait partie de l’ironie générale des choses que, dans les misères de la vie, les qualités d’un homme sont souvent celles qui lui servent le moins, si même elle ne le desservent pas traîtreusement.

 

P.G. WODEHOUSE : Une pluie de dollars (Uneasy Money – 1917. Traduction de Marion Gilbert & Madeleine Duvivier). Collection Domaine étranger N°1702. Editions 10/18. Parution le 1er juin1995. 256 pages

ISBN : 9782264021342.

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16 février 2019 6 16 /02 /février /2019 05:57

Assassiner un diplomate n’est jamais bon pour des relations sereines !

John Maddox ROBERTS  : Crime à Tarsis

Les ouvrages publiés dans les collections Lance Dragon et Royaumes Oubliés du Fleuve Noir, collections inspirées aux Etats-Unis de jeux de rôle, sont des romans d’Héroïc Fantasy signés par des maîtres du genre.

Certains avouons-le sont de qualité moyenne, littérairement parlant, mais parfois l’on trouve de petites perles. Ainsi Crime à Tarsis, de John Maddox Roberts, ne se contente pas de plonger dans un univers fantastique médiéval où la sorcellerie et les dragons ne font pas bon ménage.

Tarsis fut jadis une cité prospère située au bord de la mer, mais un Cataclysme a chamboulé les donnes et si elle reste une plaque tournante marchande, la zone portuaire n’est plus.

Dirigée par un marchand qui s’est arrogé le titre de seigneur, Tarsis est assiégée par les armées de Kyaga, un barbare qui a su fédérer les diverses tribus du désert. Le diplomate qu’il a envoyé négocier auprès du Seigneur de Tarsis est retrouvé mort, assassiné et un ultimatum de cinq jours est donné pour trouver le coupable.

Un mercenaire qui ne trouve plus d’emploi, un assassin poète à ses heures et une voleuse, tous désireux de ne pas croupir en prison, se proposent d’enquêter, mais la tâche est ardue et ils risquent de laisser leur peau dans l’affaire.

 

Outre les combats épiques qui parsèment ce roman, les rencontres inopinées entre personnages hors du commun, des dialogues percutants, des situations cocasses, des réflexions pleines de bon sens émises par des philosophes qui s’ignorent (mais après tout ce ne sont pas le poids des bagages qui fait l’intelligence du voyageur) et la révélation surprenante du nom du coupable font de ce roman une véritable réussite prouvant que le mélange des genres est l’avenir de la littérature, et tant pis pour ceux qui préfèrent une classification discriminatoire.

John Maddox Roberts est également l’auteur de quelques suites de la saga de Conan le Barbare mais pas seulement.

En effet il a écrit des romans policiers et historiques dont certains ont été publiés dans la collection Grands Détectives aux éditions 10/18.

John Maddox ROBERTS  : Crime à Tarsis (Murder in Tarsis – 1996. Traduction d’Isabelle Troin). Collection Lance Dragon N° 41. Editions Fleuve Noir. Parution novembre 2001. 256 pages.

ISBN : 2-265-07097-1

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14 février 2019 4 14 /02 /février /2019 05:34

Mais un ange diabolique !

RICH Frank : L'ange de la vengeance.

Jake Strait est un privé spécial qui officie aux Etats-Unis dans les années 2030. Enquêteur exterminateur il est payé pour tuer, avec l'aval des FSP, Forces de Sécurité et de Protection. Il ne roule pas pour autant sur l'or et vit dans un quartier minable.

Dashmiel et Barbara Chamberlain lui demandent, papiers officiels en main, de tuer Crawley, dangereux récidiviste du crime, proxénète et dealer. Le contrat rempli il transfère le pécule du défunt sur son compte.

Il est abordé dans un bar par une jeune femme, Britt, qui affirme débuter dans le plus vieux métier du monde. Après une nuit agitée, elle tente de le rayer du nombre des vivants. Elle l'accuse de détenir son argent, celui qu'il a pris à feu Crawley. L'inspecteur Blake l'informe que Crawley n'était qu'un minable poète en butte contre le pouvoir et que les papiers signifiant son exécution sont des faux. Les Chamberlain sont des membres du Parti, le parti officiel et unique qui règne sur le pays. Ils vivent chez les rupins sur la Colline.

Grâce à Joe, un de ses copains spécialiste en faux papiers, il se rend sur la Colline. Il se fait passer pour un spécialiste es-peinture, assiste à un vernissage et en profite pour rendre visite aux Chamberlain. Ils avouent que Britt est leur fille disparue depuis quelques semaines.

Un tatouage sur le bras de Dash inquiète Strait. Tout en étant un pontife du Parti l'homme serait proche des néo-nazis. Strait sent qu'il est mené en bateau. Au vernissage il joue les trouble-fête et part en catastrophe. Au poste de garde des vigiles tentent de l'arrêter. Il échappe au barrage avec l'aval du chef de corps, un capitaine des FSP, qui lui rappelle un souvenir désagréable. Des années auparavant, alors qu'il faisait partie des Rangers, Strait avait été l'unique rescapé d'une embuscade.

Des propos confirmés par Joe sous l'emprise de l'alcool et si Strait s'en est sorti ce n'est que pur hasard. Blake au courant des derniers évènements confisque la plaque de détective de Strait tout en parlant de suicide collectif. Il rencontre Moïse Perry, sorte de prédicateur illuminé qui doit mener une croisade d'alcoolos, puis retrouve Britt alors qu'elle sort d'une maison. D'un côté les FSP et de l'autre une bande de punks attendent la jeune femme. Strait lui sauve la vie et c'est le début de la cavale.

 

Une fois de plus c'est la résurgence nazie, l'avidité d'un homme assoiffé de pouvoir et le combat du solitaire qui régissent ce roman dans lequel l'esprit roman noir prime sur la S.F.

De placer l'action dans quelques décennies permet à l'auteur de pouvoir dénoncer les agissements politiques sans contrainte et sans retenue. Mais ce roman pourrait tout aussi bien se dérouler à notre époque, qu’en 2030, à certains détails près. L'écart entre les riches et les pauvres est accentué, seuls quelque Robin des Bois moderne tel que Strait peut se lancer dans la bagarre.

Quant à la télé, selon Rich, ce n'est qu'une boîte à propagande, mais il ne nous apprend rien.

RICH Frank : L'ange de la vengeance. (Avenging Angel – 1993.Traduction de Grégoire Dannereau). Collection SF polar N°6. Editions Fleuve Noir. Parution 17 Avril 1997. 288 pages.

ISBN : 2-265-05737-1

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13 février 2019 3 13 /02 /février /2019 05:47

Hommage à Georges Simenon né officiellement le 12 février 1903 à cause d’une mère superstitieuse !

Georges SIMENON : Le château des Sables Rouges.

Dans les environs de Delfzijl, en Hollande, s’érige une sorte de château, un manoir mystérieux entouré de canaux qui servent de douves.

Deux savants, l’un britannique, l’autre français, ont disparu dans des conditions énigmatiques. L’inspecteur Sancette, qui doit son nom à son numéro de poste téléphonique à la Préfecture de Police de Paris où il est employé au Deuxième bureau, est envoyé dans le hameau de Roodezand (les sables rouges) afin d’enquêter et dénouer l’affaire.

Dans l’auberge, l’une des trois maisons du hameau, où il prend pension, Sancette retrouve Mower de l’Intelligence Service, lui aussi dépêché sur place.

Nous sommes en janvier 1929 et la neige recouvre tout, gelant les eaux des canaux. Sancette possède sa méthode d’investigation qui diffère de celle de Mower. Peu importe pourvu que le résultat soit au bout du compte.

Le soir, alors qu’il se promène près des canaux afin de s’imprégner des lieux et de l’atmosphère, Sancette aperçoit une jeune fille arrivant en voiture et dérapant dans un trou d’eau. Il lui sauve la vie et elle l’invite à entrer dans le manoir. Elle pense que Sancette est venu donner une conférence, comme ses prédécesseurs.

Son père, le comte Van Dijkstra, est installé dans le salon. C’est un homme mutique, comparable à une statue de cire lisant un ouvrage ancien. Il ne possède qu’un vieux serviteur pour assurer le service. Sancette est tout étonné, mais il ne peut refuser, lorsque proposition lui est faite de s’installer au manoir.

Il va passer une drôle de nuit. Enfin, drôle n’est pas le qualificatif exact car Sancette va surtout vivre une nuit éprouvante. Il aperçoit des hommes arrivant au manoir, puis il décide de visiter les lieux. Dans une salle située dans les caves, il assiste à une réunion de ces individus chantant des psaumes et lisant l’Apocalypse. Mais il n’en sait pas plus car il est assommé.

 

Ce roman, écrit juste avant Pietr le Letton, ne sera publié qu’en 1933, pourtant Georges Simenon tenait beaucoup à cette histoire, au point qu’il pensait l’éditer sous son patronyme. Mais le succès de Pietr le Letton, et par voie de conséquence de Maigret, ont fait que l’inspecteur Sancette n’aura pas connu la renommée littéraire auquel l’auteur pouvait prétendre.

Mais il existe de nombreuses analogies entre Sancette et Simenon. L’ambiance, l’atmosphère qui sont décrits dans cet ouvrage font penser à un seul et même personnage. De même que les réactions des deux hommes, qui sous l’emprise de la boisson mais sans vouloir se l’avouer, ruminent dans un brouillard enfiévré, les sens perturbés et les pensées évanescentes.

Il traversa une fois de plus le canal gelé, et il glissa, s’étala sur le dos, les jambes en l’air, ce qui le mortifia d’autant plus qu’il ne voulut pas s’avouer que l’alcool était cause de sa maladresse.

Il règne sur cette intrigue une aura de mystère proche du fantastique.

Il n’y a que le premier pas dans le domaine de l’invraisemblance qui coûte. Ce pas fait, il n’existe plus de frontières nettes entre le réel et l’irréel.

Confiné durant des décennies dans une petite collection populaire, Le Château des sables rouges ne connut pas de rééditions avant l’exhumation suggérée par Georges Simenon à Francis Lacassin qui désirait rééditer les premiers Maigret, avant la naissance officielle de celui-ci. Et c’est ainsi que les lecteurs purent redécouvrir outre ce roman, Train de nuit, La jeune fille aux perles, La femme rousse et La maison de l’inquiétude.

Francis Lacassin, dans sa préface, explique mieux que je pourrais le faire, les avatars de ce roman et ses à-côtés.

Première édition : Publié sous le pseudonyme de Georges Sim. Collection Criminels et Policiers. Nouvelle série. N°6. Editions Tallandier. Parution juillet 1933.

Première édition : Publié sous le pseudonyme de Georges Sim. Collection Criminels et Policiers. Nouvelle série. N°6. Editions Tallandier. Parution juillet 1933.

Georges SIMENON : Le château des Sables Rouges. Collection La Seconde Chance. Editions Julliard. Parution avril 1991. 178 pages.

ISBN : 978-2260008071

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11 février 2019 1 11 /02 /février /2019 08:33

Des Esquimaux et des mots exquis !

Maurice de MOULINS : Les rescapés de l’Albatros.

Balloté par les intempéries, un vent violent et une tempête de neige, l’Albatros, petit avion de tourisme type Travelair, est en perdition au dessus du Groenland.

Il est parti de Fort Hudson, au Labrador, destination Bergen, et transporte à son bord cinq personnes. Frédéric Boileau, le pilote français, Warthon, l’observateur et météorologiste, Nicolas Farwell, le roi de la fourrure, Germaine, sa fille, et Jeremiah, son serviteur noir.

Ce n’est pas parce que Nicolas Farwell demande à Jeremiah un cocktail que l’avion est givré, mais bien à cause des éléments météorologiques perturbateurs. L’appareil ne répond plus, la radio est aphone, et la terre s’approche dangereusement. Enfin le petit appareil s’écrase mollement dans la neige.

Ils sont seuls dans la nature hostile. Jeremiah croit apercevoir par un hublot une bête immense et il entend des bruits suspects. Il est affolé mais cela ne le change guère. Toutefois, Nicolas Farwell et ses compagnons décident d’aller voir ailleurs s’ils ne trouveraient pas du secours, laissant Germaine à la garde de Jeremiah qui tremble de plus en plus. Pas de froid, pas encore, mais de peur.

Germaine prend la direction opposée suivie par son père et ses compagnons, et telle le Petit Chaperon rouge, elle rencontre en cours de route, un… ours. Malgré son courage inné, Germaine se retrouve en difficulté contre l’ursidé. Heureusement, un coup de feu retentit et la voilà sauve mais blessée. L’inconnu la soigne rapidement puis s’éloigne.

Pendant ce temps Nicolas Farwell et compagnie sont revenus à l’avion et mis au courant de l’initiative malheureuse de Germaine, se lancent à sa recherche. Ils la découvrent évanouie mais vivante.

Nicolas Farwell, le roi de la fourrure, se demande bien comment ils vont pouvoir s’en sortir, et comme un malheur n’arrive jamais seul, le voilà la cible d’un groupe d’Esquimaux vindicatifs.

 

 

Maurice de MOULINS : Les rescapés de l’Albatros.

Sous cet alias de Maurice de Moulins se cachait Albert Bonneau, le créateur de Catamount, et auteur de très nombreux récits publiés en fascicules, sous divers pseudonymes.

Des romans d’aventures principalement que devaient dévorer à cette époque les adolescents friands d’action dépaysant situés dans des pays exotiques.

Au menu de ces histoires, surtout de nombreuses péripéties subies par des personnages du quotidien, placés dans des situations dramatiques et endurant de nombreux démêlés, comme il était de coutume dans ces narrations qui permettaient au lecteur de se mettre à la place des protagonistes, et de ressentir bien installé dans son lit, sur une chaise, sous un arbre, dans un endroit calme, de délicieux frissons et de vivre par procuration de fabuleuses aventures.

Beaucoup d’action, un peu de psychologie, un peu d’humour aussi, quelques personnages qui créent par leurs réparties ou leurs gestes des moments en complète opposition avec les drames en gestation, et le tour était joué. La sauce était prise et le lecteur appâté.

 

Et pour en savoir plus sur ce romancier populaire :

Maurice de MOULINS : Les rescapés de l’Albatros. Collection Voyages et Aventures N°326. Editions J. Ferenczi & fils. Parution le 31 juillet 1939. 64 pages.

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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